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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe à 9h31h avec Thomas Hill et votre invité ce matin Thomas.
00:05Et je reçois ce matin Miss France 2019, Vaille Malama Chavez, Vaille pour les intimes,
00:10et ce livre sur votre terre natale Tahiti, vous l'avez intitulé Ovaille, ça signifie l'eau, c'est ça ?
00:18Alors Vaille tout seul ça veut dire de l'eau, mais Ovaille c'est qui ?
00:20C'est pour présenter qui nous sommes dans notre globalité, quelle est notre histoire,
00:25quelles sont nos origines, pourquoi est-ce qu'on est comme ça ?
00:27Et c'est exactement ce que vous faites dans ce livre, donc autobiographique,
00:30vous vouliez présenter votre berceau Tahiti, un coin de France qu'on connaît peu finalement,
00:35et auquel on devrait s'intéresser un petit peu plus, c'est ce que vous nous dites aussi dans ce livre.
00:38Moi je pense que tous les territoires sont intéressants,
00:40et ce serait bien de se cultiver un petit peu plus quant au fait de comment on est devenu français par exemple.
00:45Et c'est vrai qu'on aurait beaucoup à apprendre de la culture, de l'histoire polynésienne,
00:49et vous écrivez dans ce livre avec beaucoup de franchise,
00:52j'ai trouvé votre écriture assez incisive même parfois,
00:55il y a des passages qui font un peu penser comme à un livre intime,
00:59d'ailleurs vous nous tutoyez par moments.
01:01Après en Polynésie c'est vrai qu'on a la culture du tutoiement,
01:04c'est mal poli de vous voyer,
01:06donc c'est beaucoup plus facile pour moi de m'adresser aux gens en disant
01:08tu que vous.
01:10Et après à moins qu'ils soient schizophrènes,
01:12c'est difficile de vous voyer quelqu'un pour moi.
01:15Il a été difficile à écrire pour vous ce livre ?
01:17Pas vraiment, parce que j'ai toujours été très bavarde,
01:19d'ailleurs mes maîtresses m'ont toujours dit que ça allait être un problème plus tard,
01:22mais il faut croire que non,
01:22puisque c'est grâce à ça que j'ai pu écrire un livre.
01:25Et puis je l'ai écrit je pense en 7 mois,
01:27et je l'ai terminé quand j'étais en voyage en Colombie.
01:29Il y avait un moment de battement où j'avais dû rester pendant 2 jours à Medellin,
01:34et je me suis dit bon bah vas-y, fais toutes tes corrections,
01:36on termine, et puis envoie et c'est fini, c'est fait.
01:39Et c'est vrai que vous avez voulu raconter aussi votre histoire,
01:41en commençant justement par l'enfance,
01:43par les premiers souvenirs,
01:45vos parents qui se séparent alors que vous n'avez que 2 ans.
01:48Même pas.
01:48Et puis après quelques mots sur cette prof de maternelle qui vous a mis du scotch sur la bouche
01:53pour vous empêcher de parler justement,
01:55parce que vous parliez trop,
01:57et bien vous nous confiez le premier souvenir terrible
01:59qui va marquer finalement un peu toute votre vie,
02:02Vaïma Lama,
02:03puisqu'à 5 ans vous allez subir ce qu'un enfant sur 10 subit en France,
02:07l'inceste.
02:08Qu'est-ce qui vous a décidé à raconter ça aujourd'hui ?
02:11Quand on m'a demandé d'écrire un livre qui parlait de la Polynésie,
02:14je n'étais pas la personne la plus à même,
02:16enfin je ne suis pas spécialiste.
02:17J'aurais pu guider les éditions first vers quelqu'un qui aurait pu le faire,
02:20mais de manière très spécifique,
02:21et ils m'ont dit,
02:22non c'est toi qu'on veut,
02:23c'est toi qu'on veut qui raconte Tahiti.
02:25J'ai dit, ok, mais si je dois raconter Tahiti,
02:27je peux le faire au travers de ma vie.
02:28Et ma vie n'aurait pas été complète
02:30si je n'avais pas raconté ce pan de mon histoire.
02:32Ça fait partie des choses qui m'ont forgée,
02:34même si ça fait partie des drames qui ont fait que je suis une femme
02:36qui est peut-être aussi incisive aujourd'hui.
02:38Ça relève d'une expérience traumatique
02:41qui a résulté d'une dissociation un peu de cet événement.
02:46Mais on est nombreux à vivre ça,
02:48et je n'ai pas envie de garder pour moi
02:51la façon que j'ai eu de guérir de cette expérience.
02:54Et c'était le moment de partager,
02:55comme la culture polynésienne est dans le partage,
02:57alors partager la façon que j'ai eu moi de guérir de ce traumatisme-là
03:01m'avait semblé pertinent.
03:02Est-ce que ça vous aide justement d'en parler publiquement comme ça ?
03:05Alors ça ne m'aide pas moi,
03:06parce que j'ai fait tout le travail chez le psy,
03:08et j'ai vraiment...
03:08Le travail est fait.
03:09Oui, le travail est fait.
03:11Je me suis pardonnée, j'ai ressenti la culpabilité,
03:14c'était un secret familial qu'il fallait taire,
03:16parce qu'il fallait garder l'honneur de machin-machin et tout.
03:18Et en fait, non.
03:19Non, parce que je n'ai pas à subir toute cette culpabilité,
03:23toute cette colère,
03:24et parfois même le sentiment d'impuissance
03:26que je pouvais subir en tant qu'enfant,
03:28qui ne m'appartenait pas,
03:30parce que ce n'est pas de ma faute.
03:31Et on est nombreux à s'être dit,
03:33c'est de ma faute.
03:33J'ai dit quelque chose qui a fait que quelqu'un,
03:36aujourd'hui, à sa vie,
03:37qui fout sur l'herbe, en fait.
03:38En fait, c'est un résultat, c'est une conséquence.
03:40Alors, il faut se cibler sur la cause,
03:42je pense se concentrer sur la cause,
03:43qui est,
03:44quelqu'un fait quelque chose de pas bien,
03:45et la victime n'a pas à se sentir coupable.
03:48Et vous décrivez, justement,
03:49comment l'agresseur a réussi à vous piéger,
03:51à faire comme si c'était un jeu,
03:53à vous faire taire,
03:54sauf qu'un jour,
03:55et ça, c'est une leçon pour tous les parents,
03:56je pense, qui vont vous lire,
03:58un jour, votre mère,
03:58elle a voulu vous mettre en garde
03:59contre ce qu'elle appelait
04:00les méchants,
04:02qui peuvent faire des choses bizarres,
04:03comme te toucher,
04:07et finalement, elle vous a permis de parler.
04:10Oui, alors, c'est vrai que,
04:11d'abord, comment est-ce que ça s'est passé ?
04:12Elle m'a dit, il ne faut pas que tu le dises,
04:14sinon ça va créer des problèmes.
04:15Je déteste les problèmes,
04:16je déteste que les gens aient des problèmes à cause de moi,
04:18je déteste blesser les gens et tout.
04:19Sauf que là,
04:20elle l'a amenée sur un terrain,
04:21mais en mode, pas c'était un problème,
04:22c'était, vas-y, viens, on discute,
04:24on ouvre la conversation,
04:25peut-être qu'il y a des sujets intéressants
04:27qu'on pourrait aborder ensemble.
04:28Et là, je lui fais part de,
04:30ben voilà, ça, ça m'arrive,
04:31et vraiment, elle était au bout de sa vie,
04:37la situation n'est pas,
04:37j'ai dit quelque chose qui a énervé ma mère,
04:39c'est, enfin, en mode,
04:41c'est ce que j'ai dit qui a énervé ma mère,
04:42c'est que moi, j'ai dit quelque chose,
04:43et donc elle est énervée.
04:44Vous dites, je ne suis pas une gentille fille.
04:46Oui, parce qu'elle est fâchée,
04:48parce que j'ai dit quelque chose,
04:49que si je n'avais pas dit,
04:50elle ne serait pas fâchée.
04:51D'où la culpabilité, ensuite.
04:52Voilà.
04:53Mais alors, c'est important aussi de dire
04:54que vous avez pu vivre avec Vaïma Lama,
04:57que vous avez pu être heureuse,
04:58vous racontez aussi
04:59comment vous avez rencontré
05:01votre premier amoureux
05:02sur une pirogue.
05:07qui est de rencontrer son mec
05:07sur une pirogue.
05:08Anissa, c'est au Stade Bonnet,
05:09à la Sochaux, c'est autre chose.
05:10Absolument.
05:11J'en ferai un livre un jour.
05:13Comme vous.
05:14D'autres, c'est sur une pirogue.
05:15Bon, chacun sa route.
05:16Et puis, vous revenez évidemment
05:18sur votre parcours de Miss
05:19à 21 ans.
05:2124.
05:22Alors d'abord,
05:23ah oui, moi j'avais ça à 21 ans,
05:24vous voyez une annonce
05:24pour le concours Miss Haiti.
05:26D'accord.
05:26Quand j'ai essayé,
05:26mais qu'après, ils m'ont dit non.
05:28Voilà, c'est ça.
05:29Ils vous ont dit non à vous ?
05:30Ils m'ont dit non à vous.
05:31C'est assez incroyable.
05:32Alors ça, c'est dingue.
05:33C'est-à-dire que vous avez échoué
05:33une première fois Miss Haiti.
05:34J'ai échoué, oui.
05:35Enfin, j'ai même pas passé
05:36l'étape de la sélection.
05:38J'ai pas été prise en tant
05:39que candidate.
05:40On m'a dit bah non, bah non.
05:42Et vous vous êtes fait en plus
05:43engueuler en rentrant à la maison.
05:44Ouais, parce que j'avais pas dit
05:45à mes parents que j'y allais.
05:46Mais comme il y avait des journalistes
05:47qui étaient là
05:48et donc ils m'ont vu à la télé
05:49et je disais t'as pas quelque chose
05:50à nous dire ?
05:50Bah non, je comprends pas.
05:53Mais même si ça leur plaisait pas,
05:54vous avez voulu retenter le concours
05:55donc deux ans plus tard.
05:57Et alors là, ce que j'ai adoré,
05:58c'est que vous vous êtes préparée
05:59mais alors comme une sportive
06:00de haut niveau.
06:01Vraiment, c'est là qu'on voit
06:02tout votre caractère.
06:03C'est-à-dire que vous étiez capable
06:03de vous lever à 3h30 du matin
06:06pour faire du sport.
06:07Ouais.
06:08C'était intense.
06:09Mais alors, je me levais à 3h30
06:10parce qu'en fait,
06:11je commençais à travailler
06:12à 5h du matin.
06:13Donc je devais ouvrir une salle de sport
06:15à 5h du matin
06:15puisque je devais gérer l'ouverture et tout.
06:17Donc j'allais au sport avant.
06:19Et de 4h à 4h50,
06:21j'étais à la salle de sport
06:22et comme j'étais vraiment
06:22à 10 minutes douche incluse
06:24de ma salle de sport
06:25que je devais ouvrir,
06:26j'allais ouvrir la salle de sport
06:28et puis après,
06:28je travaillais jusqu'à 13h.
06:29Et après, j'allais manger
06:30pendant 30 minutes,
06:31faire la sieste
06:32de 13h30 à 14h30,
06:35faire du sport
06:35de 15h à 17h
06:36et après,
06:37enchaîner de 18h à 20h
06:38les répétitions du Miss Tahiti
06:39et recommencer le lendemain matin.
06:41Vous imaginez ce qu'il faut
06:42pour être élu Miss Tahiti.
06:43C'est du boulot.
06:43Et vous avez été élue
06:44Miss Tahiti.
06:47D'un coup,
06:47tous les regards se tournent vers vous.
06:50Vous êtes scruté en permanence.
06:52Vous avez même un peu l'impression
06:53de devenir un objet.
06:54Vous le dites,
06:55c'est un moment dans le livre.
06:56Oui, mais plus
06:56quand je suis devenue Miss France
06:58et que je suis retournée
06:58à Tahiti.
07:00Mais oui,
07:01parce que les gens,
07:01ils vont voir davantage
07:02l'écharpe et la couronne
07:03au détriment de la personne
07:04qui la porte.
07:06Et donc,
07:06ils vont considérer
07:07avec beaucoup de déférences
07:08cette personne
07:09qu'ils idéalisent beaucoup.
07:11Et ils ne vont plus
07:12avoir le même échange
07:13qu'avant.
07:14Avant, c'était simple.
07:15Avant, on tutoyait.
07:17C'était cool.
07:18On se sentait tous
07:19normaux,
07:21humains.
07:21Et puis là,
07:21d'un coup,
07:22je deviens quelqu'un.
07:23Je dis,
07:23non,
07:23je continue à me mettre
07:25des caisses de temps en temps,
07:26les gars !
07:27Vous devez tout le temps
07:28sourire,
07:29vous devez tout le temps
07:29être contente d'être là,
07:30d'être aimable avec tout le monde.
07:32Jamais donner votre avis
07:33sur quoi que ce soit.
07:34N'est-ce pas ?
07:34Ça aussi,
07:35ça a été très dur pour vous.
07:37Bref,
07:37vous avez raconté aussi
07:38tout votre parcours Miss France.
07:39On va revenir sur ce parcours
07:40dans un instant
07:41parce que c'est passionnant
07:42aussi de voir
07:43ne serait-ce que
07:43votre première arrivée à Paris.
07:45Comment vous avez vécu
07:46cette découverte
07:48des Français
07:49de la métropole ?
07:51C'était un petit choc
07:52pour vous,
07:52on peut vous comprendre.
07:53Ça fait partie de ce livre
07:54Auvaille,
07:55livre de Vaille Malama Chavez.
07:57On va continuer à en parler
07:58dans un instant
07:59après le journal des médias.
08:00Oui,
08:00le journal des médias
08:01de Julien Pichnet
08:02qui arrive dans un instant.
08:03Alors,
08:03je ne sais pas
08:04si vous avez regardé
08:04le JT d'Anne-Sophie Lapix
08:06hier soir,
08:0720h sur France 2.
08:08Vous l'avez regardé
08:09Vaille Malama ?
08:09Bon,
08:10on va vous faire
08:11une petite séance
08:11de rattrapage ce matin
08:12parce que Julien Pichnet,
08:13lui,
08:13il l'a regardé.
08:14Je peux vous dire
08:15que ce n'était pas banal.
08:16Elle a donné de la voix
08:17à Sophie Lapix.
08:18On va vous expliquer
08:19tout ça dans un instant.
08:19A tout de suite sur Europe 1.
08:20Europe 1.
08:21Bonjour.