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  • 02/06/2025

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Transcription
00:00Et alors c'est toujours un bonheur, un bonheur de recevoir l'homme qui vieillit moins vite que nous.
00:04Un jour on va le rattraper, c'est sûr, c'est forcé.
00:07L'animateur, réalisateur, acteur, auteur, Antoine Decaune.
00:10Bonjour Antoine !
00:11Bonjour mes enfants !
00:13Est-ce que c'est justement pas parce que vous faites 50 trucs à la fois,
00:1650 trucs différents dans votre carrière, que vous avez cette éternelle jeunesse ?
00:19Je sais jamais quoi répondre à cette question, éternelle jeunesse, non.
00:24ADN favorable, gène favorable, un soupçon d'entretien,
00:29mais pas trop non plus, et des vérifications techniques régulières, bien sûr, bien sûr.
00:34Non, non, ça tient la route.
00:35Mais c'est vrai que la piste génétique est intéressante également,
00:38parce que ce matin on va s'intéresser à votre père, Georges Decaune,
00:42qui avait l'air d'être une personne vraiment étonnante,
00:45dans une BD intitulée « Il déserte », le « il » étant écrit « il »,
00:51vous racontez une page assez incroyable de sa vie.
00:54On est en 1962, vous avez 8 ans, Antoine Decaune,
00:57votre père est un journaliste reconnu de la télévision,
00:59il présente le journal, c'est ça ?
01:01Il présente le 20h, il commente le sport,
01:04il fait l'ouverture du festival de cadres,
01:06enfin il fait plein de choses différentes lui aussi.
01:08Et il décide de partir pendant un an,
01:10pour aller vivre seul sur une île déserte,
01:13l'île d'Eyao, île inhabité des marquises.
01:17Il avait envie de vivre comme Robinson Crusoe, en fait.
01:19C'était ça son idée.
01:19Oui, c'était un fantasme enfantin.
01:22Robinson était vraiment un de ses livres de chevet,
01:24il parlait tout le temps de Robinson.
01:26D'abord, je pense qu'il avait besoin d'aller prouver une vraie solitude,
01:31de se confronter à une véritable solitude.
01:33Après, il ne faut pas oublier que c'est une génération d'hommes
01:35qui ont traversé la guerre.
01:36Il a 20 ans quand la guerre éclate.
01:38Il a eu une enfance un peu compliquée,
01:40il a perdu son père très tôt.
01:41Et donc, à un moment, il a besoin de se confronter
01:42à des expériences radicales.
01:45Donc, plus tôt, il est parti au Groenland avec Paul-Émile Victor,
01:49ensuite, il a traversé l'Amazonie avec Beaufray,
01:52qui est un explorateur à la recherche de son fils.
01:54Et puis, finalement, cette idée d'île déserte,
01:56la solitude absolue,
01:58comment un homme civilisé peut, du jour au lendemain,
02:01survivre en se retrouvant dans des conditions d'un naufrage.
02:04Il voulait tester ça.
02:05Et alors, vous, forcément, vous le vivez comme un abandon,
02:08comme un naufrage, oui.
02:09C'est ça.
02:10Vous écrivez, à l'âge de 8 ans,
02:12j'ai perdu mon père.
02:13Quand on a 8 ans, 1 an,
02:15c'est vrai que ça paraît une éternité.
02:16C'est très long, oui.
02:17C'est très long.
02:17C'est le huitième de votre vie,
02:18donc c'est sans fin.
02:20Même si vous allez quand même avoir des nouvelles quotidiennes ?
02:23Oui, alors ce qui était étrange,
02:24c'est qu'il disparaît de la circulation,
02:26littéralement, du jour au lendemain,
02:27après m'avoir averti qu'il partait,
02:29pour un certain temps,
02:30à l'autre bout du monde,
02:31sur une île déserte.
02:32Et en même temps,
02:33je l'entends quelques semaines plus tard,
02:35dès qu'il prend l'antenne,
02:36sur son île,
02:37parce que tous les soirs,
02:37il les mettait pendant quelques minutes
02:39pour raconter sa journée,
02:40sur ce qui était l'équivalent d'un terre à l'origine.
02:43Et donc, je l'entends sur son île
02:45raconter son expérience.
02:46Donc, c'est très troublant,
02:47parce que j'ai à la fois un père qui a disparu,
02:49puis un père qui est présent quand même.
02:51Mais un père qui parle aux autres,
02:52un père qui parle public,
02:53qui ne vous parle pas à vous,
02:55et qui oublie même de vous souhaiter votre anniversaire.
02:57Oui, c'est ça,
02:57parce qu'il est dans son métier de journaliste,
03:00et qu'il cloisonne bien les choses.
03:02Là, il est là sur son île
03:04pour vivre une expérience.
03:05Et cette expérience,
03:06il la relate tous les jours aux auditeurs.
03:09Il s'estime missionné par eux,
03:11pour faire ça.
03:12Et du coup, sa vie personnelle, privée,
03:15elle est totalement à part,
03:17mise de côté, oui.
03:18Sauf que vous découvrirez bien plus tard
03:20qu'il n'avait pas, en fait,
03:21oublié votre anniversaire,
03:22ce 1er décembre-là,
03:24parce que votre père,
03:25il écrivait aussi,
03:26il tenait un journal de bord
03:27pendant cette aventure.
03:28Ce journal,
03:29vous avez mis la main dessus,
03:30donc, après sa mort,
03:31mais vous avez mis du temps à le lire.
03:33J'ai mis du temps à le lire,
03:34parce que mon père avait une écriture
03:35totalement illisible.
03:36On aurait dit,
03:36un congrès de médecins,
03:37en un seul individu.
03:42Très difficile à lire,
03:43donc je m'étais dit,
03:43je lirai ça plus tard,
03:44un jour, on verra.
03:45Et il était dans un tiroir
03:47de ma table de chevet,
03:49et je ne l'avais jamais ouvert.
03:51En fait, c'est parce que j'ai eu
03:52cette proposition de BD
03:53de la maison d'Argot,
03:55que ça a été l'occasion,
03:57évidemment, idéale,
03:57parce qu'il y avait donc,
03:59d'un côté,
03:59la version officielle des faits,
04:00ce qu'il racontait à la radio,
04:02et de l'autre,
04:03une version plus intime.
04:04Et on a les deux dans la BD.
04:05Et il y a un petit décalage,
04:08effectivement.
04:08Et il y a un vrai décalage,
04:09qui est très intéressant,
04:10et du coup,
04:11si on ajoute à ça,
04:11arrêtez de dire du coup de cône,
04:13c'est pas possible.
04:15Arrêtez de dire du coup.
04:16Je déteste les gens
04:17qui disent du coup.
04:17Oh là là,
04:18arrêtez du coup de cône.
04:20Et donc,
04:20si on ajoute à ces deux points de vue,
04:22celui public,
04:24donc de l'émission radio,
04:26le point de vue privé
04:27de son journal,
04:28si on ajoute à ça,
04:29mon ressenti à moi
04:31d'un homme de 8 ans
04:32qui va s'en faire partir,
04:33et puis celui du vieillard
04:35que je suis aujourd'hui,
04:36et qui regarde ça
04:36avec une certaine ironie,
04:38parce que j'ai 30 ans de plus
04:39que mon père
04:39quand il était sur son île,
04:40et évidemment,
04:41le point de vue du chien.
04:42Parce qu'il est quand même
04:42parti avec un chien.
04:43Qu'il ne quittait jamais.
04:44Voilà.
04:45Son chien.
04:45Son chien.
04:46Voilà.
04:47Et alors,
04:48c'est vrai qu'on se dit aussi,
04:49il est parti un peu
04:50la fleur au fusil
04:51quand on lit ça.
04:51Pourquoi est-ce que Linda
04:52se cache derrière le livre ?
04:54Je montre le livre
04:56aux auditeurs d'Europe.
04:57Il faut expliquer
04:58que c'est dessiné
04:58par Xavier Coste
04:59et que c'est très très beau.
05:01Il y a une qualité de dessin
05:03assez exceptionnelle.
05:05Parce qu'il y a un côté
05:05très poétique aussi
05:06dans sa manière de dessiner.
05:07Moi, je ne connaissais pas
05:08ce dessinateur
05:10et c'est magnifique.
05:11Et le petit Antoine,
05:12il est comment dessiné ?
05:15C'est intéressant.
05:15C'est le petit Nicolas,
05:16en fait.
05:17La référence au petit Nicolas.
05:19En rouge avec un débarque rouge.
05:20Je suis le petit Nicolas
05:21comme j'ai été
05:21Antoine Douanel
05:22un peu plus tard.
05:23J'ai grandi avec
05:24ses héros de fiction
05:25et le petit Nicolas,
05:27c'est moi.
05:27Donc, il est là
05:28avec ses petites culottes
05:29courtes,
05:29son pull rouge.
05:30Et c'est vraiment
05:31le petit Nicolas.
05:32Non, mais un mot
05:33quand même sur Xavier Coste
05:34parce que ce livre
05:34n'existe pas
05:35s'il n'y a pas Xavier Coste
05:36qui est un dessinateur
05:37admirable
05:38que moi,
05:39j'avais rencontré
05:40à l'époque de 1984.
05:42Il a fait l'adaptation
05:42graphique de 1984
05:44et après,
05:45il a même fait 85.
05:46Il a complété, oui.
05:47Il a complété,
05:48Jean-Jean Rouen.
05:50Non, non,
05:50c'est un garçon
05:50extrêmement talentueux
05:52et en fait,
05:53c'était une rencontre magique
05:55parce qu'il avait fait
05:56un très beau livre.
05:57Il avait illustré
05:58un livre d'Henri Bosco
05:59qui s'appelait
05:59L'Enfant et la Rivière
06:00il y a longtemps
06:01et sa manière
06:02de représenter la nature,
06:03ce côté très lumineux,
06:04très élégiaque
06:05était exactement
06:06ce qu'il fallait
06:06pour cette île.
06:07Et alors vous,
06:08plus de 60 ans
06:09après cette histoire,
06:10vous ne comprenez toujours pas
06:11comment un père
06:11de trois enfants
06:13a pu faire un truc pareil ?
06:14Si, je comprends
06:15un peu mieux.
06:16Je comprends un peu mieux,
06:17oui.
06:17Je comprends qu'il ne pouvait
06:18pas céder,
06:19il ne pouvait pas résister
06:20à l'appel des sirènes.
06:21Voilà.
06:22Il avait le besoin
06:23de partir
06:24pour mieux revenir.
06:25Son mantra,
06:25c'était l'important,
06:26ce n'est pas d'arriver
06:27que j'aimais de partir.
06:28Un mantra que j'ai fait mien.
06:30Et il avait besoin de ça,
06:31il avait besoin
06:32d'aller à la découverte
06:33du monde,
06:34de ne pas se contenter
06:35d'être un journaliste
06:35assis derrière son bureau.
06:37Donc je le comprends
06:37tout à fait.
06:38Ça s'appelle
06:38Il Déserte,
06:40on vous recommande vraiment
06:40cette BD d'Antoine Decaune
06:42chez Dargo.
06:43Dans un instant,
06:44on va aller se balader
06:45un petit peu dans votre carrière.
06:46J'ai appris des trucs
06:47sur vous, figurez-vous.

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