«Le Prix» : Pierre Arditi est l'invité de Culture médias

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00:00Et alors c'est un bonheur et un honneur de rencontrer pour la première fois l'un de nos plus grands comédiens de

00:05Molière à Florian Zeller. Il a absolument tout joué sur scène et pourtant il en redemande encore. Bonjour Pierre Arditi.

00:13Merci beaucoup d'être avec nous ce matin et d'être venu accompagné d'une comédienne de la comédie française.

00:20Anciennement de la comédie française.

00:23C'est vrai qu'on peut toujours le citer.

00:25Je crois que vous gardez la petite du l'avis comme aministre.

00:27En fait je suis sociétaire honoraire, c'est pour ça.

00:29Donc j'ai le droit d'y retourner si tout d'un coup l'envie m'en prenait, mais pour une pièce ou deux.

00:35Et alors vous Pierre Arditi, je disais, vous êtes insatiable, c'est vrai ça ?

00:39Insatiable.

00:41C'est agréable.

00:43Insatiable de la scène, mais c'est vrai, vous y retournez, vous y retournez.

00:46Oui c'est ma vie.

00:48C'est comme si on disait écoutez faites plus de radio ou pas de télé, c'est pas la peine.

00:52Non, non, c'est ma vie, j'ai choisi ça, donc il est hors de question que je m'arrête.

00:57Je vais avoir toute la mort pour m'arrêter, donc c'est pas la peine.

01:00Mais ce qui ne m'épate chez vous, c'est que vous pourriez vous contenter de refaire une pièce que vous avez déjà jouée.

01:04Eh bien non, vous revenez sur scène le 22 janvier avec Le Prisque, une création de Cyril Jelly,

01:11l'auteur notamment de l'excellent Diplomatie, joué à l'époque par Niels Arestrup et André Dussolier.

01:17J'imagine que vous l'aviez vu tous les deux cette pièce ?

01:19Oui, j'avais vu et aussi le film.

01:21Et ça a été adapté en film derrière.

01:23C'était magnifique.

01:25C'était exceptionnel, c'est très prometteur.

01:28Une fois de plus, sa technique c'est qu'il prend une page réelle d'histoire autour de laquelle il imagine un dialogue.

01:35Et alors vous jouez Pierre Arditi, le rôle d'Otto Hahn, c'est un très grand chimiste allemand,

01:41qui est considéré comme celui qui a découvert la fission nucléaire.

01:45Et justement, ce 10 décembre 1946, on est à Stockholm.

01:49Il s'apprête à recevoir le prix Nobel de chimie.

01:51Et pendant qu'il se prépare, débarque à son hôtel son ancienne partenaire de recherche que vous jouez l'une mille ans.

01:58Elle s'appelle Liz Meitner.

02:00Et elle aussi, elle a vraiment existé ?

02:02Complètement.

02:03Ils ont passé 30 ans à travailler ensemble à Berlin, dans un des plus grands instituts, le Kaiser Institut.

02:09Effectivement, elle est physicienne et elle a dû fuir Berlin.

02:13D'ailleurs Otto Hahn l'a aidée à partir parce qu'elle était juive.

02:17Mais ça fait 8 ans qu'ils ne se sont pas vus.

02:20Donc c'est plutôt une bonne surprise au départ.

02:22Quand vous la voyez arriver, vous êtes plutôt content de la retrouver.

02:25Oui, il est content.

02:27Il sent bien qu'il y a quand même quelque chose qui est un peu étrange.

02:31Puisqu'en réalité, bien sûr, ils ont travaillé pendant plus de 30 ans ensemble.

02:36D'ailleurs c'est vrai, d'une certaine manière, il l'a aidée à fuir quand ça a commencé à se sentir pas bon avec les nazis.

02:43En 1938.

02:44Mais par la même occasion, il l'a un peu mise de côté.

02:51Et donc, il s'apprête à recevoir seul le prix Nobel et elle vient d'une certaine manière régler son compte.

02:59Elle vient régler ses comptes avec son ancien partenaire.

03:02C'est une pièce de couple où ça s'affronte.

03:09Ce n'est pas une comédie, mais c'est passionnant.

03:12Absolument passionnant.

03:13Parce qu'on est dans l'équilibre justement.

03:15On s'interroge nous en tant que spectateur.

03:18On ne sait pas vraiment qui a tort, qui a raison dans cette histoire.

03:22Je ne sais pas d'ailleurs s'il faut absolument trancher à l'arrivée.

03:25Je pense que les deux.

03:26Je pense que le public, par moment, donnera raison à Lise.

03:29Et après, finalement, écoutera les arguments d'Otto et qu'il y aura une sorte de balance.

03:34C'est ça qui est passionnant.

03:35C'est là où l'écriture est très fine.

03:37Et où c'est, j'imagine, intéressant à jouer aussi Pierre Ardity.

03:40Oui, bien sûr.

03:41C'est un virtuose de l'âme humaine.

03:46Ces deux personnages ont existé.

03:50Une partie de l'histoire est une histoire vraie.

03:54C'est-à-dire qu'il a effectivement mis de côté cette camarade physicienne

03:58avec laquelle il a travaillé pendant plus de 30 ans.

04:01Après, je suppose qu'il a inventé en partie à partir de cette donnée-là.

04:07Le dialogue.

04:08Oui, le dialogue qui est brillant.

04:10Après, on ne sait plus ce qu'il y a de...

04:15Il rentre dans un détail qui n'est pas forcément le véritable détail.

04:19Il n'était pas là pour...

04:20Bien sûr.

04:21Mais la rencontre a eu lieu en fait, Pierre.

04:23Oui, elle a lieu.

04:25Elle a vraiment lieu à Stockholm.

04:26Maintenant, ça ne s'est pas forcément passé comme ça.

04:28Le jour où il est allé se voir.

04:30Absolument, parce qu'elle a fui Berlin et est arrivée à Stockholm.

04:33Ça fait 8 ans qu'elle est là.

04:34Évidemment, le jour du prix Nobel, ça fait une semaine qu'elle entend justement les Europains.

04:40Toutes les radios suédoises.

04:43On ne cesse de vanter Otto Hahn.

04:46Et soudain, elle vient, elle toque à la porte.

04:48Ce qui est très drôle, je trouve, quand on compare cette histoire et la vôtre,

04:52c'est qu'eux deux ont travaillé ensemble pendant 30 ans.

04:55Et vous, Ludmilla Mikhaël et Pierre Arditi, c'est la première fois que vous êtes sur scène ensemble.

05:00C'est très étonnant.

05:02Sur scène, oui.

05:03Mais on a tourné ensemble déjà.

05:04Mais c'est la première fois.

05:06On avait envie de jouer ensemble.

05:11C'est étonnant que deux grands noms du théâtre comme ça ne soient jamais montés sur les planches avant.

05:17Vous vous êtes croisés, ça c'est sûr.

05:20Pierre, souvent, très régulièrement, on s'appelait.

05:23On disait, tiens, j'ai une idée.

05:24Il faut qu'on fasse quelque chose.

05:26On trouvait un titre.

05:27Non, mais un titre.

05:28Et on se disait, non, finalement non.

05:29Et puis c'est court.

05:30Et ce qui est souvent des reprises aussi.

05:33Ce qui est merveilleux, c'est que là, c'est vraiment à l'initiative de Pierre,

05:36puisque c'est Pierre qui a eu le texte en premier.

05:38Il a dit, je crois que ça y est.

05:40On a enfin trouvé le texte pour nous.

05:42Et c'était il y a quelques années.

05:44Et il a tenu parole.

05:47C'est quand même une chose.

05:48J'ai fait le contraire de ce qu'a fait Auto-Homme.

05:51C'était pour me rattraper.

05:53Et la pièce, elle démarre mercredi prochain au Théâtre Héberthaud.

05:57Est-ce que vous l'avez testée en public ou pas du tout encore ?

05:59Pas encore.

06:00Pas à part l'équipe, mais bon.

06:03Vous avez découvert les réactions.

06:05Au bout d'un moment, c'est bon.

06:07Vous connaissez Parker ?

06:09Oui, j'avais vécu ça quand je jouais Tailleur pour dames de Fedot.

06:13Il riait comme ça au début de la pression.

06:15Et puis à la fin, il ne riait plus du tout.

06:18C'est infernal.

06:19On va prendre un cadin.

06:20C'est épouvantable.

06:21Et puis après, bon, ça a été...

06:23Après, il y avait le public, heureusement.

06:25Bien sûr.

06:26Et qui, lui, va être enchanté la semaine prochaine.

06:28Le prix, pièce de Cyril Géli avec Pierre Arditi,

06:32Ludmilla Mikael.

06:34C'est au Théâtre Héberthaud à partir du 22 janvier.

06:37Et dans un instant, on va en apprendre un petit peu plus sur vous

06:40grâce à votre portrait sonore.

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