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  • 26/05/2025
Pierre Brillaxis, médecin spécialiste des soins palliatifs au Centre hospitalier de la côte basque

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Transcription
00:00Bon début de journée, il est 8h16. Ce matin nous parlons de la loi sur la fin de vie qui va être soumise au vote demain à l'Assemblée Nationale.
00:08Un texte qui prévoit une aide active à mourir. Notre invité ce matin, Pierre Briaxis, spécialiste des soins palliatifs au centre hospitalier de la Côte-Basque.
00:15Il est votre invité, Ouyen Alarsabal.
00:16Egunon Pierre Briaxis.
00:18Egunon Daneli.
00:19Vous faites partie de l'équipe des soins palliatifs de l'hôpital de Bayonne depuis 1998, ça fait 25 ans que vous accompagnez les patients en fin de vie.
00:28Cette loi, qu'est-ce qu'elle va changer ?
00:31Alors, il est question d'une aide à mourir, mais plus précisément, il s'agit d'un nouveau droit au suicide assisté ou à l'euthanasie.
00:40C'est-à-dire l'administration de substances létales, soit par la personne malade, soit par un tiers professionnel de santé.
00:46Dans des conditions très spécifiques, il faut que la personne soit résidente en France, qu'elle soit majeure.
00:53Il faut qu'elle soit atteinte d'une affection grave et incurable en phase avancée ou terminale.
00:58Oui, effectivement.
01:01Il n'est pas réservé aux personnes dont le pronostic serait limité à court terme,
01:08comme par exemple le dernier droit à la sédation profonde et continue qui est réservé au pronostic à court terme.
01:15On parle maintenant d'un pronostic à moyen terme ou de cette notion de maladie grave, incurable en phase avancée ou terminale.
01:22C'est déjà finalement une situation, qu'on pourrait appeler un pronostic à moyen terme, par rapport au risque thérapeutique d'abréger la vie,
01:32qui était déjà l'article 2 dans la loi Leonetti de 2005,
01:36et par rapport à la possibilité d'une sédation qu'on appelle proportionnée,
01:41par rapport au risque thérapeutique ou à des recommandations aussi qui existent.
01:47Cette proposition de loi dit aussi qu'il faut que le patient soit en capacité de manifester sa volonté de façon libre et éclairée.
01:56Ça exclut, par exemple, les personnes atteintes d'Alzheimer ?
02:00Effectivement, ça exclut aussi les mineurs, tout le secteur de la néonatologie.
02:06Alors, pour que le consentement soit libre et éclairé, pour qu'il soit libre, il faut qu'il y ait du choix aussi.
02:12Ça, c'est important. Il y a des personnes qui nous disent qu'elles ont l'impression de ne pas avoir le choix.
02:17Mais c'est important aussi, quand on prend une décision, d'avoir cette perception d'avoir un libre choix.
02:22Pour qu'elle soit éclairée, il faut être bien informé de ses droits en tant que personne malade.
02:28Et ils le sont ?
02:29Probablement qu'il y a encore beaucoup de méconnaissances.
02:34Et là, vous voyez, l'intitulé de la loi, c'est vers une aide à mourir, comme s'il n'y avait déjà aucune aide.
02:39Alors qu'on peut considérer qu'il y a une certaine façon de l'aide passive à mourir quand on refuse des traitements de maintien en vie.
02:47Ça peut être la personne malade, mais ça peut être après une procédure collégiale qu'on décide de ne pas prolonger la vie de façon artificielle.
02:54Mais l'aide active à mourir, c'est une demande des patients ?
02:57C'est un sujet qui existe.
03:00Ça peut être exprimé comme vraiment une demande d'aide à mourir.
03:06Ça peut être aussi une forme d'expression par rapport à des souffrances qui deviennent insupportables.
03:12Les expressions sont assez variées.
03:15On ne peut pas dire que ce soit des demandes exceptionnelles.
03:19C'est une réalité.
03:20Alors nous, on a un peu un filtre, on a un biais, puisqu'on est des professionnels de santé qui nous occupons de personnes en situation palliative
03:26et qu'on nous sollicite aussi assez facilement quand il y a une demande ou une volonté de mourir.
03:32Ce qui n'est pas toujours associé à une demande d'aide à mourir, mais qui peut aussi être associé à une demande d'aide à mourir.
03:38Donc, c'est une réalité pour nous, professionnels.
03:42Vous accompagnez, entre autres, Igor, ce patient de 59 ans atteint de la maladie de Charcot,
03:47qui témoigne ce matin sur votre radio ici à Ouskaleri.
03:50C'est une maladie dégénérative incurable qui touche les muscles, mais pas le cerveau.
03:54Igor a toute sa tête, mais il ne peut pas bouger, il ne peut pas parler.
03:58Il communique avec une appli qu'il a lui-même créée.
04:01Et sa femme, Claire, nous disait que l'aide à mourir finalement, ça les aide à vivre.
04:06Comment expliquer ce paradoxe ?
04:08Oui, ça peut paraître effectivement un paradoxe ou de l'ambivalence.
04:13Mais c'est ça qui est intéressant dans leur témoignage, c'est qu'ils sont ancrés dans la vie,
04:18avec les difficultés du quotidien, et aussi à envisager des limites.
04:26Il est déjà finalement prolongé dans sa vie.
04:30Il a une ventilation non invasive il y a 20 ou 25 ans.
04:35Sans ce dispositif, il aurait eu déjà des conséquences avec de la somnolence, un coma.
04:40Et on peut dire qu'il ne serait plus en vie.
04:43Et donc, ils sont à la fois bien ancrés dans la vie et à définir des limites
04:48qu'il ne voudrait pas franchir.
04:50Par exemple, ne plus pouvoir communiquer.
04:52Il a écrit dans ses directives anticipées, qui s'imposent aujourd'hui, les directives anticipées,
04:59que le jour où il ne pourra plus manger ou boire, il refusera une pose de gastrostomie,
05:05d'assistance nutritionnelle hydrique, et il sera de ce fait en fin de vie,
05:09avec la possibilité de recours à une sédation proportionnée, voire profonde et continue,
05:15si son pronostic devient engagé à court terme.
05:18Ici Pays-Basquille, 8h21, demain, la loi sur la fin de vie sera soumise au vote à l'Assemblée nationale.
05:23Pour en discuter, Pierre Briaxy, spécialiste des soins palliatifs à l'hôpital de Bayonne.
05:27Cette proposition de loi crée donc l'aide active à mourir.
05:31Pour vous, soignant, ça veut dire aussi que vous pourrez exercer votre clause de conscience ?
05:36Effectivement, il est prévu cette clause de conscience,
05:39dans la mesure où c'est la reconnaissance vraiment d'une provocation délibérée du décès.
05:47Et dans beaucoup de structures de soins palliatifs,
05:50les professionnels de santé commencent à se questionner sur leur acceptation ou pas.
05:55Personnellement, pour le suicide assisté, qui est quand même priorisé,
06:01il y a eu des amendements, mais dans la première version,
06:04c'était quand même, et par rapport aussi à l'avis du comité consultatif d'éthique,
06:08c'était ça qui était priorisé,
06:10et l'euthanasie réservée que pour les personnes qui seraient en incapacité physique
06:15de mettre fin à leur vie.
06:18En fait, pour moi, le suicide assisté,
06:21ce n'est pas forcément pire,
06:23ce n'est pas plus disproportionné que, par exemple,
06:26faire une sédation profonde et continue à quelqu'un qui n'a rien demandé,
06:30simplement parce qu'on a décidé d'arrêter tout traitement de maintien en vie,
06:33puisque ça, c'est la loi Léonetti.
06:34C'est quoi la différence ?
06:36Pour moi, la principale différence, c'est que l'aide sera plus rapide,
06:42le décès surviendra en une vingtaine de minutes,
06:46versus quelques heures,
06:48et que ça sera plus clair.
06:50Je pense qu'il y a quand même beaucoup de déni
06:52et une certaine hypocrisie sur ces questions,
06:56mais même actuellement, dans cette loi,
06:58elle s'appelle une aide à mourir,
06:59finalement comme s'il n'y avait aucune aide à mourir,
07:02alors qu'elle devrait s'appeler la loi,
07:04ou alors sur de l'aide active rapide à mourir.
07:07Le terme suicide assisté et euthanasie n'existe pas dans le projet de loi.
07:11Ce sont des termes qui font peur.
07:13Mais peut-être, mais c'est de ça dont il s'agit.
07:16Et ça, c'est peut-être une particularité française.
07:19On parle de loi à la française,
07:21c'est qu'on a un peu de mal à utiliser les bons mots,
07:23quand même, sur ces questions de fin de vie.
07:26Merci, je rappelle que vous êtes spécialiste des soins palliatifs
07:35à l'hôpital de Bayonne
07:36et qu'on peut réécouter votre interview,
07:39comme toutes les interviews d'ici Pays-Basque,
07:41sur l'application ICI.
07:42Merci.

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