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  • 27/05/2025

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00:0013h, 14h, la suite d'Europe 1 13h à 13h31, c'est Europe 1 avec vous Cédine Zéro et aujourd'hui Gabrielle Cluzel et Paul Melun.
00:09Et revenons donc sur ce projet de loi sur la fin de vie, deux semaines de débat à l'Assemblée Nationale,
00:15un texte consensuel qui concerne les soins palliatifs et l'autre plus sensible qui porte sur la création d'une aide à mourir.
00:22Et si cette loi sur l'aide à mourir était votée, et bien Jeanne-François Zutin, fondatrice de la Maison de l'Europe,
00:28assure qu'elle rendrait sa légion d'honneur. Elle a lancé ce matin sur Europe 1 au micro de Dimitri Pavlenko un appel aux députés à privilégier la vie.
00:36Ça me heurte profondément et je suis triste que l'Assemblée Nationale, que j'aime et que je respecte,
00:44s'engage sur ce chemin qui, à mon avis, ce chemin de donner la mort à des personnes qui la réclament,
00:52alors que ce sont des personnes qui sont tristes, en grande fragilité, douloureuses.
00:56Est-on bien sûr que lorsque quelqu'un demande à mourir, c'est parce qu'il a une tristesse profonde à laquelle on n'a pas su répondre ?
01:05Et je crois que c'est très important d'écouter ces derniers mots,
01:09parce que c'est peut-être dans ces derniers moments de la vie,
01:12quand tout d'un coup, quand on réalise qu'on va partir, que des choses se dévoilent et se disent,
01:17des pardons se donnent.
01:19Et je crois qu'il faut donner le temps.
01:21Mais je dirais que c'est un effort de toute la société.
01:24Voilà, l'appel de Jeanne-Françoise Hutin ce matin sur Europe 1.
01:28Gabrielle Cluzel, c'est un vote solennel, mais c'est surtout un vote historique.
01:32Oui, moi je suis frappée de la relative indifférence dans laquelle cette loi est votée.
01:36Ah bon ?
01:37Oui, je trouve, dans l'opinion publique d'une certaine façon, même dans l'hémicycle,
01:42il y a eu beaucoup de renclairsemés, il y a eu plus de débats sur la retraite,
01:46alors que là, c'est vraiment une bascule presque civilisationnelle, pas presque d'ailleurs.
01:53Et moi, je suis très frappée de voir que finalement, tout était, et tout est comme acté,
01:58alors que non, ça ne devrait pas être acté.
02:01Alors, le volet soins palliatifs, la loi sur les soins palliatifs,
02:04parce que c'est deux choses différentes, heureusement,
02:07parce que sinon, voter pour l'un aurait impliqué de voter pour l'autre.
02:09C'est une des choses qu'a sauvé, je crois, Béroud, d'une certaine façon,
02:13ou en tout cas, il a exprimé l'idée qu'il ne fallait pas faire ça.
02:16Alors, évidemment, elle est consensuelle,
02:18mais si vous voulez, elle est, d'une certaine façon, contradictoire
02:20avec le vote conquis-comitant de la loi sur l'euthanasie,
02:24parce que ça a été très bien expliqué par l'extrait que vous avez passé,
02:29c'est-à-dire que les soins palliatifs sont une réponse à la grande souffrance,
02:34à la grande tristesse qu'il faut évidemment ne pas laisser sans réponse.
02:36Et aussitôt, on dit, puisqu'on n'a pas de réponse, on va donner la mort.
02:42Mais attendez, on n'a pas proposé ces soins palliatifs à tous.
02:46Et tous ceux qui parlent des soins palliatifs disent
02:49qu'il aurait fallu attendre que les soins palliatifs,
02:53s'il y avait une forme d'honnêteté des partisans de l'euthanasie,
02:56attendent que ces soins palliatifs soient là un droit opposable,
02:59ça c'est vrai, par tous les Français,
03:02avant de se poser la question de faire disparaître.
03:03Reconnaissons que, comment dire, résoudre la souffrance de son prochain en le tuant,
03:08c'est quand même une solution que même l'homme de Néandertal aurait pu imaginer.
03:11C'est quand même assez particulier.
03:13Paul Melun, une rupture ?
03:14C'est une rupture ?
03:15Pour moi, c'est plus qu'une rupture, c'est un basculement anthropologique.
03:19Donc, je m'étonne, moi aussi,
03:22que les rangs de l'Assemblée aient été clairsemés.
03:25Je m'étonne qu'il n'y ait pas plus,
03:26déjà il y en a, mais il faudrait qu'il y ait encore plus de débats sur ce sujet-là.
03:30Et enfin, je fais partie de ceux qui étaient plutôt favorables
03:33au principe de l'aide active à mourir,
03:35mais je trouve ce projet de loi, in fine, déséquilibré,
03:39et les garde-fous qu'on nous promettait,
03:41et auxquels, moi personnellement, j'étais très attaché,
03:44ne figurent pas dans la dernière rupture.
03:46Alors, je rappelle pour nos auditeurs que le texte ira ensuite au Sénat,
03:50un navet parlementaire, et qu'il reviendra dans plusieurs mois,
03:53peut-être d'ici 2027, mais peut-être qu'il ne reviendra pas.
03:56Précisément, c'est pour ça que je ne veux pas non plus me prononcer
03:58sur l'aboutissement du texte, puisque par définition, il n'est pas encore abouti,
04:01et que peut-être les sénateurs, qui est une chambre
04:04qui aura peut-être plus de sagesse que l'Assemblée nationale,
04:07aura le bon sens de mettre un certain nombre de garde-fous.
04:11L'aide active à mourir, lorsque dans les témoignages,
04:14vous entendez des gens qui vous disent qu'ils ont accompagné une personne en souffrance
04:17à laquelle il restait 2-3 semaines à vivre,
04:19parce que les médecins avaient annoncé ce pronostic vital,
04:21parce qu'il y avait un cancer généralisé, quelque chose d'incurable,
04:24et que la personne dit, je ne peux même plus, je souffre aussi psychiquement,
04:28parce que je ne vois pas commencer deux semaines,
04:30aller dire au revoir aux gens, c'est très douloureux, je veux partir maintenant.
04:34Moi, je pense qu'on doit pouvoir écouter cette parole-là.
04:36Maintenant, une fois que ça est dit, ça ne veut pas dire qu'il faut ouvrir un droit à l'euthanasie,
04:40similaire aux dérives qu'on peut observer en Belgique ou en Suisse,
04:44ou quelqu'un qui vous dit, bon, moi j'ai 30 ans, je suis en bonne santé,
04:47mais à 65 ans, je veux mourir, allez-y, et là c'est le film Soleil Vert,
04:52et vous allez vous faire tuer à 65 ans.
04:54Là, à ce moment-là, autant tout de suite légaliser le suicide.
04:57Donc, il faut vraiment savoir raison garder,
04:59et je crois que sur un débat d'une gravité pareille,
05:01il ne faut pas avoir de raisonnement binaire,
05:03il ne faut pas avoir de raisonnement radicaux,
05:04il faut avoir de la nuance et de la modération,
05:06et que ce projet de loi tel que je le lis aujourd'hui,
05:09ne me semble pas faire preuve de cette nuance et de cette modération que j'appelle de mes voeux.
05:13Mais vous avez raison de rappeler que c'est anthropologique,
05:15c'est à la fois intime, médical, philosophique,
05:19il y a tout ça, et c'est vrai que les députés sont très partagés,
05:21et là, ça va au-delà des convictions politiques.
05:24Convictions personnelles.
05:25Enfin, moi je ne suis pas tout à fait d'accord avec Paul,
05:27parce que je considère qu'il y a précisément,
05:29alors nous le disions dans un tout autre domaine, infiniment moins grave,
05:31il y a le principe et le curseur.
05:33Et le problème, c'est que le principe, une fois qu'il est acté,
05:36c'est la boîte de Pandore.
05:37C'est-à-dire, et on l'a vu dans les autres pays,
05:39qui sont du reste, qui étaient sur une ligne de départ bien plus prudente à la base.
05:43C'est-à-dire que nous, on a commencé par enlever les garde-fous tout de suite.
05:48Quand même, c'est cette affaire de délit d'entrave,
05:51qui est reconnue alors que le délit d'incitation n'existerait pas.
05:54C'est avoir lu aucun bouquin dans sa vie,
05:56ne connaître aucune situation humaine.
05:59Imaginez qu'il n'y ait aucun enfant, ami, proche, intéressé,
06:02qui pourrait dire, si, si, mais vas-y,
06:04vraiment, ta vie ne mérite pas d'être vécue,
06:06d'être vécue pour imaginer qu'il ne puisse pas y avoir d'incitation.
06:08Donc moi, je crois que le principe,
06:10c'est vraiment celui de ne pas accepter,
06:14de se résoudre à aider, à pousser à la mort.
06:18Parce qu'on parle d'aide à mourir.
06:19Moi, je trouve ça très ambiguë comme expression,
06:21et je n'aime pas qu'on joue avec les mots.
06:22L'aide à mourir, les soins palliatifs,
06:24ils aident aussi à mourir.
06:25C'est pour ça qu'appeler cette loi sur l'euthanasie,
06:29l'aide à mourir,
06:30non, appelons-le l'euthanasie,
06:32et ce sera la vérité.
06:34Déjà, commençons par poser les bons mots.

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