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  • 26/05/2025
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Et bienvenue dans les informés, tous les matins jusqu'à 9h30 sur France Info, on est en direct avec Renaud Delis.
00:12Bonjour Renaud.
00:12Bonjour Salia.
00:13Et bonjour à nos informés, bonjour à Stéphanie Despierre, journaliste politique à LCP.
00:18Bonjour.
00:18Bonjour Stéphanie, bonjour à Sylvain Courage aussi.
00:20Bonjour.
00:20Directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Ops.
00:23Renaud Delis, on commence tout de suite par la mobilisation des agriculteurs.
00:26Avec aujourd'hui à l'Assemblée nationale l'examen d'une proposition de loi, une initiative sénatoriale, un texte qui vise à lever des contraintes dans l'agriculture en allégeant certaines normes environnementales.
00:37Un texte qui est contesté par une organisation agricole qui est la Confédération Paysanne, mais en revanche soutenue par d'autres, notamment les deux principales, la FNSEA, les jeunes agriculteurs,
00:50mais aussi d'ailleurs la coordination rurale et d'ailleurs des agriculteurs qui convergent en ce moment même à Paris du côté de l'Assemblée nationale pour faire pression en quelque sorte sur les députés qui doivent examiner ce texte.
01:00Le pourront-ils d'ailleurs ? Il y a plus de 3500 amendements qui ont été déposés, dont une grande majorité par les écologistes et les insoumis,
01:08qui dénoncent un recul en arrière sur le plan environnemental parce que ce texte vise notamment à réintroduire un pesticide qui avait été interdit en France depuis 2018.
01:18Alors s'agit-il d'une nouvelle manche, d'un affrontement entre écologistes et agriculture d'autre part ?
01:24La réponse, il y a quelques minutes sur ce plateau, d'Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.
01:29Notre bataille, c'est celle de la souveraineté, de la capacité à produire dans notre pays à un moment où on perd cette capacité.
01:37Et je le redis, nous n'opposons pas, nous agriculteurs, l'écologie et la production.
01:42Ce sont nos territoires, ce sont nos fermes, ce sont nos champs, ce sont nos animaux.
01:45Donc on essaie d'être responsable.
01:47En revanche, donnons le temps à la recherche et l'innovation de nous donner des solutions.
01:51Nous sommes dans un certain nombre de cas dans l'impasse.
01:53Il faut qu'on puisse, pour un temps donné, avoir ces dérogations pour continuer à progresser.
01:58Pour un temps donné, dans le cas dérogatoire, dit Arnaud Rousseau, en attendant une solution alternative,
02:03ce pesticide qui serait donc réintroduit en France si jamais cette proposition de loi est votée,
02:08alors qu'il est toujours homologué d'ailleurs dans le reste de l'Union Européenne jusqu'en 2033,
02:12ce qui explique la position des agriculteurs français, reste qu'il s'agit donc de fait d'un retour en arrière
02:19par rapport à la décision qui avait été prise en France.
02:22Est-ce que c'est un mauvais signe, justement, ou est-ce que c'est une nécessité au regard de la situation du monde agricole
02:27dont on connaît la crise et on a vu un certain nombre de mouvements depuis deux ans,
02:32notamment sur la question des revenus des agriculteurs ?
02:34Alors, il y a la question du texte, globalement, les agriculteurs veulent à tout prix que les députés le votent
02:42parce qu'il y a trop de contraintes encore pour eux ?
02:45Oui, ils attendent, en fait, souvenez-vous, il y avait eu un grand mouvement de mobilisation des agriculteurs à l'hiver 2024,
02:50donc les agriculteurs ont l'impression d'attendre depuis la mise en œuvre des promesses,
02:54il y a eu la dissolution, il y a eu la censure du gouvernement Barnier,
02:57donc ils s'impatientent et ils estiment que ce texte est indispensable pour leur permettre de mieux travailler,
03:02pour faire face à la concurrence, on entend beaucoup parler de souveraineté alimentaire,
03:06en effet, ils ne comprennent pas pourquoi un produit qui serait interdit en France alors qu'il est autorisé ailleurs en Europe,
03:12et puis de l'autre côté, vous avez les défenseurs de l'environnement qui disent que c'est dangereux,
03:16qu'on fait un pas en arrière, qu'il ne faut pas revenir sur ces avancées-là pour l'environnement,
03:21et les agriculteurs remettent la pression, ils sont à l'Assemblée ce matin pour manifester,
03:25depuis des semaines, il y a un lobbying sur le gouvernement, sur les députés, voire même des menaces à certains moments,
03:30donc le débat, s'il a lieu cet après-midi, va être très tendu.
03:33Il faut expliquer aussi, Sylvain, ce qui joue au niveau du gouvernement,
03:36la ministre de l'Agriculture, elle soutient le texte,
03:38la ministre de la Transition écologique, Agnès Pagny-Renaché,
03:41elle, sur l'introduction, la réintroduction de l'insecticide,
03:44elle dit non, elle l'a dit hier sur ce plateau.
03:46Oui, on voit bien, les rôles sont répartis, mais ça crée une certaine cacophonie gouvernementale,
03:51ce qu'il faut expliquer surtout, c'est que c'est un texte complémentaire,
03:53c'est une proposition de loi d'un sénateur de Haute-Loire qui est lui-même agriculteur,
03:57et dans le texte, c'est la liste de tout ce qui embête les agriculteurs.
04:02Alors, ils ont fait vraiment leur liste de courses,
04:06ils font pression, effectivement, ils menacent des députés,
04:10ils veulent aboutir, donc la ministre de l'Agriculture,
04:12elle est prise dans ce travail de lobbying,
04:15et elle défend sa filière.
04:17Maintenant, est-ce que c'est l'intérêt général ? C'est autre chose.
04:20Ce qui est un peu détestable là-dedans, c'est quand même que la représentation nationale
04:23est mise sous pression, des menaces, donc...
04:27Il y a eu effectivement des permanences de députés qui ont été dégradées.
04:30Voilà, et on voit que la droite, avec le soutien de l'extrême droite,
04:35est prête à faire une manœuvre parlementaire pour faire passer le texte à tout prix,
04:38c'est-à-dire pour contourner les amendements de la gauche et du centre, d'ailleurs,
04:42parce qu'il y a des amendements aussi des centristes, du Modem notamment,
04:45ils vont faire un rejet préalable, comme ça le texte sera directement envoyé en commission mixte paritaire,
04:50puisqu'il a été adopté au Sénat, et en commission mixte paritaire, la droite peut plus facilement
04:54essayer d'aboutir, donc on a vraiment un passage en force.
04:58Renaud ?
04:59D'un point de vue démocratique, on est visiblement à la veille d'un ratage,
05:03c'est-à-dire qu'avec des responsabilités partagées, d'un côté, il y a plus de 3000 amendements
05:09sur un texte qui ne comporte que 8 articles, avec un certain nombre d'amendements
05:11qui sont quand même, et un grand nombre qui sont quand même extrêmement farfelus et purement sémantiques.
05:15Oui, c'est transformé 30 jours en un mois, par exemple.
05:17Par exemple, donc une grande partie de ces amendements sont totalement inutiles
05:21et portés pour l'essentiel par les écologistes ou par les insoumis,
05:24et ils contribuent à faire ce qu'on appelle de l'obstruction,
05:26ce n'est pas les premiers à le faire, tous les groupes le font à certains moments, bien entendu.
05:29C'est une technique classique.
05:29C'est une technique classique, mais qui n'est pas d'un point de vue démocratique extrêmement productive, on va dire.
05:33Et de l'autre côté, il y a en réponse justement ce passage en force
05:36que vient de décrire un instant Sylvain Courage,
05:38avec une initiative qui, elle, serait moins classique,
05:42mais qui participe de ce mauvais climat,
05:43qui consisterait en quelque sorte à ce que ceux qui défendent ce texte
05:47contribuent à adopter cette motion de rejet de façon à ce que le débat n'ait pas lieu
05:51pour que tout ça se conclue rapidement en CMP.
05:54Donc en gros, je te tiens, tu me tiens par la barbichette,
05:57c'est à celui qui sera le plus malin pour tuer ce débat en quelque sorte,
06:01le tout dans ce contexte que vous évoquiez, de pression, de mobilisation.
06:04Ce n'est pas nouveau aussi de la part d'une frange agriculteur,
06:07des permanences saccagées, attaquées.
06:09On en avait vu même au moment de la chute du gouvernement Barnier,
06:14y compris d'ailleurs des élus ARN,
06:15avaient vu leur permanence dégradée parce qu'ils avaient voté
06:19la chute du gouvernement Barnier à la motion de censure,
06:21qui avait contribué à retarder justement toutes les mesures
06:24attendues par le monde agricole.
06:25Donc tout ça, d'un point de vue démocratique, est assez désolant.
06:28Et sur le fond, il me semble que le vrai problème,
06:30il y a cette tension permanente, ce conflit entre les impératifs environnementaux
06:36et les impératifs notamment en matière de revenus
06:39et simplement de production ou de concurrence
06:42auxquels sont soumis les agriculteurs.
06:43Mais le véritable angle mort, en me semble-t-il, c'est l'Europe.
06:46Pourquoi est-ce que c'est très bien que la France ait pris les devants en 2018
06:49en interdisant cet insecticide ?
06:51Mais pourquoi est-ce que le reste de l'Europe n'a pas suivi ?
06:54Ce qui fait qu'on se retrouve aujourd'hui dans cette situation
06:56où effectivement, parce qu'un grand nombre d'agriculteurs se retrouvent
06:59confrontés à une concurrence déloyale,
07:02eh bien il faut envisager, en tout cas d'après eux,
07:04de réintroduire ce produit pour un certain temps.
07:08C'est ça, j'ai posé la question à Arnaud Rousseau.
07:10Pourquoi ne pas faire l'inverse au lieu de demander effectivement
07:11la réintroduction de l'insecticide ?
07:14Pourquoi ne pas essayer de négocier au niveau européen
07:16pour que tout le monde interdise ce néonicotinoïde ?
07:20Et la réponse a été « mais c'est trop compliqué, on n'a pas le temps ».
07:23C'est pas à lui de le faire, c'est pas à la FNCR.
07:25Pourquoi les plus en moins ?
07:26Parce que les procédures au niveau européen sont très longues.
07:28On voit aussi que sur les questions d'agriculture,
07:30il y a des divergences profondes entre, par exemple,
07:32sur le Mercosur, entre la France qui n'en veut pas
07:34et l'Europe qui pousse pour ce traité de libre-échange
07:37avec l'Amérique latine.
07:38Donc les procédures sont assez longues.
07:39Et les agriculteurs ont l'impression que de toute façon,
07:41tout prend beaucoup de temps.
07:43On voit aussi qu'il y a des tensions permanentes entre,
07:47tout à l'heure, Arnaud Rousseau parlait des poulets produits
07:49en Ukraine ou dans d'autres pays qui, eux, sont dans l'Union européenne.
07:53Voilà, ça prend du temps.
07:54Mais c'est vrai que la logique voudrait que l'Europe,
07:55au moins, soit unie sur ces sujets-là pour être plus forte
07:58en termes de concurrence
07:59et que sa souveraineté agricole soit affirmée.
08:02– Sylvain ?
08:03– Oui, alors il y a l'Europe, c'est très compliqué,
08:05comme ça vient d'être rappelé.
08:06Puis il y a le marché mondial.
08:07On parle d'un produit qui est utilisé par les betteraviers,
08:10notamment.
08:10Et ça, c'est une filière industrielle qui est mondialisée.
08:12C'est-à-dire qu'on voit bien que,
08:14c'est d'ailleurs ce qu'a rappelé Arnaud Rousseau,
08:16il veut une mesure transitoire
08:17parce que c'est pour préserver les revenus des années qui viennent.
08:19Là, il y a un risque de faillite pour la filière betteravière en France,
08:25donc il ne faut pas le négliger non plus, ce risque,
08:27parce qu'elle est exposée non seulement à la concurrence intra-européenne,
08:29mais aussi à la concurrence mondiale au-delà.
08:31Donc bref, il y a un énorme problème d'équité, en fait,
08:35dans les échanges internationaux en matière agricole.
08:37– Et la question de l'alternative à cet insecticide,
08:40il faut le rappeler,
08:40donc insecticide interdit en France depuis 2018,
08:43donc depuis 7 ans,
08:44et depuis 7 ans, on n'a pas trouvé d'alternative.
08:46– Non, c'est très compliqué de trouver des substances
08:49qui à la fois éliminent les ravageurs
08:52et ne fassent pas de mal aux autres espèces qui sont là.
08:56– Oui, parce que le but de l'alternative, c'est d'utiliser les insecticides.
08:57– De toute façon, la difficulté sera toujours là
09:00de trouver un produit qui est un spectre vraiment étroit
09:06et qui vise uniquement les espèces qui ravagent.
09:09La solution technique, elle n'est pas encore en vue.
09:12– Eh bien, on va voir ce que vont faire les députés,
09:14puisque la présidente de l'Assemblée nationale
09:16pourrait décider de déterminer un temps
09:19pour examiner ce débat
09:21et imposer qu'il y ait un vote à la fin.
09:23C'est ce qu'il a annoncé à Arnaud Rousseau,
09:25ça fait partie des idées sur la table.
09:27– Oui, mais le premier saut de haie, si je puis dire,
09:30du débat, c'est cet après-midi vers 18h30.
09:33Si la motion de rejet est votée,
09:35le texte part en commission mixte paritaire
09:37et il n'y a pas de débat.
09:38Après, si le débat commence,
09:39le temps prévu, de toute façon, ne suffira pas.
09:41Donc, il va falloir utiliser d'autres choses
09:44si on veut mener le débat à la fin.
09:46– 9h15 sur France Info,
09:47les informés continuent après le fil.
09:49L'info de Marine Klet.
09:49– Le gouvernement souhaite que les médecins généralistes
09:53puissent prescrire deux médicaments anti-obésité.
09:56Il s'agit du Ouigovi et du Mounjarro.
09:59Objectif, faciliter leur accès.
10:01C'est une bonne nouvelle, a réagi ce matin.
10:03Anne-Sophie Joly, la présidente du collectif national
10:06des associations d'obèses.
10:07Un périmètre de sécurité mis en place
10:09autour du tribunal pour enfants de Châteauroux.
10:12C'est le début ce matin du procès à huis clos
10:14du jeune adolescent qui a mortellement poignardé Matisse,
10:1715 ans.
10:17C'était en avril l'année dernière.
10:19La mère du suspect, présente au moment des faits,
10:21sera jugée plus tard en correctionnel.
10:23Alors que le président Emmanuel Macron est arrivé à Hanoi,
10:26ce matin, la compagnie vietnamienne Vietjet Air
10:29passe commande pour 20 avions gros porteurs
10:31au prix d'Airbus.
10:33Après un appel avec la présidente de la Commission européenne,
10:35le président américain Donald Trump
10:37ne met finalement pas à exécution sa menace
10:40de 50% de droits de douane à l'encontre des 27.
10:43Prochaine négociation prévue le 9 juillet.
10:45Enfin, le footballeur français Kylian Mbappé,
10:47élu meilleur buteur européen de la saison,
10:50il décroche là son tout premier soulier d'or,
10:5231 buts en 34 matchs disputés sous le maillot du Real Madrid.
10:59France Info
11:00On revient avec les informés Stéphanie Despierre,
11:10journaliste politique à LCP,
11:13avec Sylvain Courage,
11:14directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Ops.
11:16Et notre micro d'or à nous, Renaud Deli.
11:18Vous en faites beaucoup trop, Salia.
11:20Renaud Deli, il y a du rififi dans le bloc central.
11:22Ah oui, les macronistes sont-ils en train de trahir
11:25ou ont-ils trahi d'ailleurs la promesse initiale de 2017 ?
11:28C'est en tout cas l'accusation portée par un fidèle de François Bayrou,
11:31le patron des députés Modem, Marc Fénaud,
11:34ancien ministre,
11:35qui explique que sur les sujets régaliens,
11:37les sujets qui touchent à l'insécurité,
11:39à l'immigration,
11:39ou aussi les sujets identitaires qui touchent à l'islam,
11:42eh bien, il y aurait une forme de trahison de l'esprit macroniste de 2017
11:45qui conduirait, selon lui aujourd'hui,
11:48les ténors du bloc central à porter les discours,
11:50les propositions de la droite, voire de l'extrême droite,
11:53dans son viseur plus particulièrement.
11:55Une proposition émise par Gabriel Attal,
11:58le patron de Renaissance,
11:59il entend interdire le port du voile dans l'espace public
12:02aux filles mineures de moins de 15 ans.
12:05Il organise d'ailleurs aujourd'hui une convention sur les sujets régaliens,
12:08le patron de Renaissance.
12:10Est-ce que, alors pourquoi est-ce que cette mesure,
12:12donc avancée, cette proposition de Gabriel Attal,
12:16fâche Marc Fénaud ?
12:17La réponse de l'intéressé, président du groupe Modem,
12:19c'était ce matin chez nos confrins de TF1.
12:21C'est simplement inconstitutionnel, manifestement,
12:25parce que ça réouvre la boîte des signes religieux pour les moins de 15 ans,
12:29mais d'autres religions.
12:30Et par ailleurs, et enfin, l'applicabilité d'une telle mesure,
12:34c'est-à-dire qu'on va mettre des policiers à surveiller l'âge
12:36et à vérifier l'âge d'enfants,
12:38pour vérifier qu'ils sont à plus ou moins de 15 ans.
12:40Enfin, tout ça ne me paraît pas répondre aux enjeux du moment,
12:43parce que là, on est en train de mettre dans la machine à polémique et à démagogie
12:47plein de projets, plein d'idées, dont on sait pour 90% ou 95% des cas
12:52qu'ils n'aboutiront pas.
12:54Alors, il y a la question juridique,
12:56le caractère constitutionnel ou non de cette proposition.
12:58Il y a la mise en œuvre, l'application,
13:01extrêmement complexe, en tout cas, au regard de ce que vient de dire Marc Fénaud.
13:04Et puis, sur le fond, sur le plan politique et idéologique,
13:07pourquoi Gabriel Attal et une bonne partie des macronistes
13:11empruntent cette voie ?
13:12Et est-ce qu'ils ne risquent pas, finalement, de tout y perdre,
13:15comme le dit d'ailleurs Marc Fénaud ?
13:17C'est-à-dire, d'un côté, d'ouvrir la voie, en quelque sorte,
13:19une brèche au Rassemblement national,
13:22qui pourra dire qu'on avait raison d'envisager,
13:25rappelons-le, Marine Le Pen souhaite-elle interdire le port du voile
13:28à toutes les femmes, quel que soit leur âge,
13:30dans l'espace public, sur le territoire national.
13:33Et puis, de l'autre côté, donner raison aussi aux opposants,
13:37aux macronistes qui disent, regardez,
13:39c'est les mêmes que le Rassemblement national.
13:41Démagogie ambiante toxique, c'est ce que dit Marc Fénaud.
13:44Il parle, effectivement, de cette ambiance particulière
13:47et Gabriel Attal s'y engouffre.
13:49Gabriel Attal explique que, lui, il est dans la droite ligne
13:51de ce qu'il a toujours dit.
13:52Vous vous rappelez de l'interdiction de la Baya
13:54quand il était ministre.
13:57Mais c'est vrai qu'on a senti, avec l'élection de Bruno Retailleau,
14:00on a senti des crispations.
14:01Il y a beaucoup de monde sur la ligne de départ
14:03à droite ou au centre-droit pour 2025.
14:05Donc, du coup, Gabriel Attal essaie de se frayer un chemin.
14:08En plus, le groupe des députés macronistes à l'Assemblée,
14:12on a longtemps parlé de l'aile gauche,
14:14mais là, l'aile gauche, elle existe quasiment plus.
14:15Soit les députés ont perdu, soit ils sont partis du groupe.
14:18Donc, Gabriel Attal se dit que le groupe est plus à droite
14:20qu'il n'était il y a encore deux ans.
14:22Donc, il fait ces propositions-là.
14:25Il a été accusé par le Rassemblement national
14:28de revirement d'idées.
14:29Gabriel Attal explique...
14:30Oui, parce qu'en 2023, ce n'est pas ce qu'il disait,
14:31effectivement, sur le voile.
14:32Voilà, sauf que Gabriel Attal dit
14:34« Moi, je parle du voile pour les moins de 15 ans. »
14:36Il avance l'argument de la protection de l'enfance,
14:39de la contrainte sur les enfants,
14:40sur les petites filles de 5-6 ans.
14:42Et il explique que la différence avec le Rassemblement national,
14:44c'est que le Rassemblement national veut interdire le voile
14:46dans tout l'espace public et pour toutes les femmes,
14:48quel que soit l'âge.
14:48Mais ce que disait Marc Fénaud, il l'a dit rapidement,
14:50mais ça pose la question pour toutes les autres religions.
14:53Dans ces cas-là, puisqu'on parle de signes
14:54aux centaines religieux,
14:56donc c'est la kippa aussi pour les Juifs,
14:59c'est la grosse croix pour les catholiques,
15:01si je veux caricaturer ?
15:02Oui, on a déjà connu ces débats
15:03et on sait qu'ils ne mènent nulle part.
15:05Donc la question, c'est de savoir
15:07pourquoi Gabriel Attal s'engage là-dedans.
15:09On sait aussi depuis plusieurs années
15:11que le macronisme penche à droite.
15:12Donc il y a clairement, effectivement,
15:14un terrain qui les entraîne plus vers la droite,
15:17avec l'idée de qui sera,
15:19qui récupérera l'héritage.
15:21Ce n'est pas forcément un héritage idéologique,
15:23mais au moins l'héritage politique d'Emmanuel Macron.
15:26Et donc Gabriel Attal,
15:27qui était le fils désigné,
15:30mais qui s'est un peu fâché
15:31avec son père spirituel,
15:33puisqu'il n'a pas du tout apprécié la dissolution
15:35et ils se sont brouillés à mort,
15:36enfin pour l'instant.
15:38Et du coup, il est tenté, pour exister,
15:41de rejoindre l'aile droite.
15:43Est-ce qu'il y a une dimension Retailleau ?
15:45Parce que Bruno Retailleau,
15:46bien ancré à droite,
15:50peut éventuellement essayer
15:51de capter une partie,
15:53toute ou partie du macronisme.
15:55Il y a aussi Édouard Philippe,
15:56qui est en position depuis des années
15:57pour essayer de récupérer l'héritage.
15:59Donc on voit qu'il y a une sacrée lutte.
16:02Et il y a aussi peut-être un effet de la base,
16:04parce que cette proposition,
16:05elle vient d'une convention des militants de Renaissance.
16:07Alors les militants de Renaissance ne sont pas nombreux,
16:09mais c'est peut-être aussi la base électorale
16:11du macronisme qui a dérivé.
16:14Ce n'est pas seulement les dirigeants.
16:15Le problème de cette proposition,
16:17il y a plusieurs problèmes qui se sédimentent.
16:20D'abord, au regard de la loi 1905
16:22et du respect de la laïcité dans notre pays,
16:25elle est contradictoire, a priori,
16:27elle heurte, puisque là, on évoque l'espace public,
16:30elle heurte les fondements même de cette loi.
16:32Ensuite, sur le plan juridique,
16:34il y a dans le même ordre d'idée des interrogations,
16:37sur la constitutionnalité ou pas.
16:38Et d'ailleurs, il faut voir que,
16:40si on regarde, par exemple,
16:42il y a eu des lois qui ont été utiles
16:43et qui sont toujours utiles,
16:45la loi de 2004 sur l'interdiction
16:47des signes religieux ostentatoires
16:48dans les établissements scolaires
16:50a été évidemment extrêmement utile
16:53et tous les rapports, aujourd'hui,
16:54tous les bilans le démontrent.
16:56L'interdiction de la burqa dans l'espace public,
16:58là, on est dans l'espace public,
17:00c'est-à-dire le voile intégral,
17:02n'a pas été prise pour des raisons
17:03de respect de la laïcité,
17:05mais pour le refus de la dissimulation du visage,
17:07pour des raisons, en quelque sorte, de sécurité.
17:10Donc, c'est là qu'il y a toujours...
17:11Il faut trouver une justification juridique
17:15qui permette, justement,
17:17de s'appliquer à tout le monde
17:18sans discrimination, selon les religions.
17:20Et donc, on voit bien le problème là,
17:22d'une part, c'est que, par exemple,
17:23une petite fille de moins de 15 ans
17:24portant la kippa, ça deviendrait de fait...
17:26Un petit garçon, oui.
17:28Un petit garçon, oui.
17:29Ça deviendrait de fait interdit par la loi,
17:33puisqu'il faudrait que cette loi
17:33puisse s'appliquer à tout le monde.
17:34Et on comprend bien
17:35que c'est un calcul politique, électoraliste,
17:39qui est lié au climat, en fait.
17:40Et ce qui est frappant,
17:42c'est que l'inflexion du macronisme
17:44sur ces sujets n'est pas nouvelle.
17:46C'est-à-dire que ça a commencé dès 2020,
17:48parce qu'il y a eu aussi un certain nombre
17:50de problèmes, de drames dans ce pays.
17:52Je pense notamment à l'assassinat de Samuel Paty.
17:54Et puis, il y avait eu le discours des Mureaux,
17:56à peu près à la même période,
17:57Emmanuel Macron, etc.
17:58Et donc, la loi séparatisme et autres.
18:00Mais le problème, c'est que l'autre jambe,
18:01comme le disait Stéphanie Depierre,
18:03l'autre jambe, c'est-à-dire la jambe,
18:05on va dire, plus progressiste du macronisme,
18:07a disparu, le macronisme claudique,
18:09sur ces sujets, parce qu'il avance sur une jambe.
18:12Et quand on relit, par exemple,
18:13le livre-programme d'Emmanuel Macron de 2017,
18:17un livre qui s'appelait Révolution,
18:19souvenez-vous,
18:19on est frappé,
18:21pas tant par, maintenant,
18:22la multiplication des propositions répressives,
18:26même si le ton est beaucoup plus répressif
18:28qu'il ne l'était dans le livre d'Emmanuel Macron,
18:29que par la disparition de tout le volet
18:32d'émancipation,
18:34d'intégration,
18:35de tous les citoyens,
18:38quelles que soient leurs origines,
18:39dans une communauté,
18:40justement, unie par les mêmes valeurs.
18:41Tout ça, ce sont des extraits du livre,
18:43avec des mesures, à l'époque,
18:44qui étaient portées extrêmement,
18:45de façon extrêmement vigoureuse.
18:46Et tout ça a disparu
18:47dans le discours actuel de Renaissance.
18:49C'est quoi ?
18:49Il a été dépassé par sa droite ?
18:51C'est que le Rassemblement National,
18:53la progression phénoménale du Rassemblement National
18:56a pris le dessus sur le débat public.
18:57Et donc, les macronistes se disent
18:59que le seul moyen de le contrer,
19:01c'est d'aller sur leur sujet.
19:02Il y a une partie de ça.
19:03On parlait de la concurrence avec Bruno Retailleau,
19:04mais il y a la concurrence aussi avec Edouard Philippe.
19:06Gabriel Attal et Edouard Philippe
19:07sont vraiment sur le même créneau.
19:09Donc, Gabriel Attal essaye de mordre
19:11un peu les mollets d'Edouard Philippe.
19:13Et puis, ce qu'il faut rappeler,
19:14c'est que chez les macronistes,
19:15la question régalienne a toujours été compliquée.
19:18Même dès le départ,
19:18les positions étaient très différentes
19:21au sein du groupe.
19:21En 2018, souvenez-vous,
19:23la loi Asile Immigration
19:23avait déchiré les macronistes.
19:25Donc, de toute façon,
19:26ces questions-là n'ont jamais vraiment été
19:28totalement tranchées,
19:29même s'il y a eu des lois votées.
19:31Et là, comme ça part à droite,
19:34Gabriel Attal suit son parti,
19:36enfin, les membres de son parti
19:38et les membres de son groupe parlementaire.
19:40Donc, il tire à droite.
19:41Sauf que c'est dangereux
19:41parce qu'il y a les centristes
19:43avec les macronistes depuis 2017.
19:44Oui, il y a les centristes
19:45qui peuvent se détacher,
19:46d'ailleurs qui le font.
19:47On voit bien, Marc Fénaud
19:48représente exactement cette position-là.
19:50Ce qui est un petit peu curieux
19:51quand on parle de Gabriel Attal,
19:53c'est qu'il s'était fait plutôt un nom
19:54en affrontant l'extrême droite,
19:56notamment Jordan Barbella
19:57dans un débat télévisé
19:58où il était resté sur des positions
20:00très libérales,
20:01c'est-à-dire de tolérance
20:02et qu'il n'allait pas du tout
20:04dans cette surenchère sécuritaire
20:06et du coup,
20:08et anti-musulmane,
20:10il faut quand même le dire,
20:12c'est curieux qu'il cherche
20:14ce positionnement-là
20:14parce que ce n'est pas son positionnement naturel.
20:16Et en fait, c'est là qu'on comprend
20:18que lui, comme d'autres,
20:19comme Bruno Retailleau,
20:20Premier Chef,
20:21Edouard Philippe et d'autres,
20:22Gabriel Attal est déjà obsédé par 2027
20:24puisque vous notiez,
20:27ce qui est très important,
20:28c'est de voir que la réplique,
20:30elle vient de Marc Fénaud,
20:31patron du groupe Modem,
20:33très proche de François Bayrou,
20:34donc les centristes indispensables
20:36à la survie de ce bloc central,
20:38mais je vous rappelle
20:39que les centristes,
20:40ils sont à Matignon.
20:40Le Premier ministre,
20:41c'est François Bayrou, justement.
20:42Donc, cette remise en cause
20:43de la prise de position
20:45de Gabriel Attal,
20:45elle démontre bien
20:47que de toute façon,
20:48cette proposition
20:48ne viendra évidemment pas
20:50dans le débat
20:50sous forme d'un texte.
20:52Elle ne sera pas mise en œuvre
20:53d'ici 2027,
20:54bien sûr que non.
20:55Et après,
20:56ça pose toutes les questions
20:57qu'on a évoquées dans ce débat.
20:58Donc, le seul objectif
20:59de cette suggestion clivante,
21:02qui se veut clivante,
21:03de Gabriel Attal
21:03et qui le revendique comme tel,
21:04c'est de préparer déjà
21:05sa campagne,
21:06son hypothétique campagne 2027.
21:08Et en fait,
21:08on regarde aujourd'hui,
21:09la plupart des ténors,
21:11y compris issus du bloc central,
21:12sont déjà obsédés
21:14par cette échéance électorale
21:16encore lointaine,
21:17surtout au regard
21:18du blocage politique aujourd'hui.
21:19Et c'est pour ça
21:19qu'il rivalise,
21:21si j'ose dire,
21:21d'ingéniosité,
21:22d'imagination
21:23ou de radicalité
21:24sur tous ces sujets.
21:25C'est ça,
21:25de la radicalité
21:26pour exister en fait
21:27dans le débat public.
21:28Tout le monde a été très surpris,
21:29même au sein de son camp,
21:30par ces propositions-là.
21:32C'est vrai que ce n'était pas
21:32du tout la position historique
21:34de Gabriel Attal,
21:35même si lui,
21:35il explique qu'il y a
21:36une cohérence
21:36par rapport à ses actions
21:37les dernières années.
21:39Mais le macronisme,
21:41au départ,
21:41c'était aussi
21:42avoir une position
21:42modérée,
21:44mitigée sur ces sujets-là,
21:45même si parfois,
21:46justement,
21:46elle était compliquée
21:47à trouver cette position-là.
21:48Et là,
21:49on a senti
21:49une bascule assez claire
21:51et beaucoup ont été surpris
21:53au sein de son camp.
21:54Merci.
21:54Merci beaucoup
21:55à tous les trois.
21:56Stéphanie Despierre,
21:57journaliste politique
21:58et LCP.
21:58On en profite
21:59pour donner le nom
22:00de l'invité
22:00de l'émission de ce soir,
22:02l'Indicé politique.
22:02C'est l'émission
22:03en partenariat
22:03avec France Info
22:04à 19h30.
22:05Tout à fait.
22:05C'est la députée écologiste
22:06Sandrine Rousseau.
22:07Sandrine Rousseau,
22:08invitée ce soir
22:09à 19h30 sur LCP.
22:10Merci beaucoup.
22:11Sylvain Courage,
22:12directeur adjoint
22:12de la rédaction
22:13du Nouvelle Obs,
22:14votre magazine
22:15qui propose cette semaine
22:16un dossier
22:17sur les pilleurs d'héritage.
22:19Les abus de faiblesse
22:20sont en hausse en France.
22:21Donc,
22:21gros dossier à lire
22:22dans le Nouvelle Obs.
22:24Merci beaucoup, Renaud.
22:25Merci, c'est bien.
22:26A demain.
22:26Et les informés du soir,
22:28c'est à partir de 20h.

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