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  • 22/05/2025
Avec Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, président d’honneur des Leaders pour la Paix

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##L_INVITE_POLITIQUE-2025-05-22##

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News
Transcription
00:00– Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07– Notre invité ce matin, Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier Ministre.
00:11Jean-Pierre Raffarin, bonjour. – Bonjour, bonjour à tous.
00:13– Merci d'être avec nous. Et président d'honneur, président d'honneur des leaders pour la paix.
00:18Et ça c'est très important, la paix.
00:21Je vais beaucoup vous parler d'international et on va commencer avec l'actualité.
00:25fusillade devant le musée juif de Washington, un homme attiré sur deux membres de l'ambassade israélienne
00:31qui ont été tués.
00:35Premier commentaire, Jean-Pierre Raffarin, c'est quoi ?
00:38C'est cette guerre qui n'en finit pas entre Israël et le monde palestinien
00:43qui s'exporte, qui enflamme le monde, c'est quoi ?
00:48– Au fond, l'antisémitisme à ce degré-là, c'est une forme de terrorisme.
00:54C'est une forme de guerre.
00:57Ce que nous ont appris quand même les événements du passé, c'est que la guerre n'élimine pas la guerre.
01:03Et ce n'est pas parce qu'on veut aller à l'extermination qu'on réussit à y aller.
01:08On l'a vu dans beaucoup de nombreux pays.
01:11C'est toute la problématique aujourd'hui qui est posée à Israël.
01:15Israël a un objectif d'extermination, ce qui, d'un point de vue humain, est assez inacceptable.
01:20– Israël a un objectif d'extermination, selon vous ?
01:24– En tout cas, Netanyahou, pas forcément Israël.
01:26– Oui, mais Netanyahou.
01:27– Netanyahou.
01:28– Je rappelle que l'armée israélienne va prendre le contrôle intégral de toute la bande de Gaza.
01:32– Voilà, donc, si vous voulez, nous, pour être très clair,
01:36il est évident qu'après les horreurs du 7 octobre, Israël a le droit de se défendre.
01:42– Oui, et la légitime défense fait partie du droit international.
01:46Et donc, elles ont le droit de se défendre.
01:48Mais le droit de se défendre, ça n'oblige pas à affamer les gens,
01:53à tuer les positions civiles et s'en prendre aux enfants.
01:56Il est clair aujourd'hui qu'il y a là un sentiment d'horreur
02:01qui se développe un peu partout dans le monde
02:02et que tout ça génère un nouveau terrorisme.
02:05C'est les souffrances qui génèrent aussi le terrorisme.
02:08Et d'entraîner des souffrances, ça fait qu'on n'extermine pas le terrorisme par la violence.
02:13On extermine le terrorisme par les tentatives d'intégration,
02:18en tout cas d'apaisement qu'il faut essayer de trouver.
02:19– D'apaisement.
02:20Est-ce qu'Israël risque de devenir un État paria dans le monde ?
02:25– Je pense que tout le monde a une grande proximité affective avec Israël
02:31compte tenu de ses malheurs de l'histoire.
02:34Et donc, il y a quand même une proximité réelle partout dans le monde avec Israël.
02:39Mais c'est vrai que Netanyahou, de mon point de vue aujourd'hui,
02:42ne sert pas à la cause d'Israël, cette cause mondiale.
02:45Parce qu'en allant dans ces horreurs, en rompant les règles du droit de la guerre,
02:50naturellement on sait bien que dans la guerre,
02:51le droit est toujours quelque chose de très fluctuant.
02:55Mais globalement, on voit bien qu'il y a aujourd'hui des horreurs
02:59qui choquent le monde entier.
03:00Et tout ça ne sert pas ce grand peuple, le peuple d'Israël.
03:02– Vous employez, pour terminer avec cette situation,
03:05vous employez le mot génocide,
03:07ou vous préférez le mot épuration ethnique à Gaza ?
03:10– Je ne sais pas tout ça.
03:12Et tout ça, ce sont des débats théoriques.
03:14Je crois qu'il y a une volonté d'extermination,
03:17il y a une volonté vraiment de raser Gaza.
03:21Et donc, il y a là, je crois, quelque chose qui est assez choquant
03:24parce qu'on n'extermine pas comme ça.
03:26De toute façon, c'est des choses qui sont inacceptables
03:29et qui créent de la violence.
03:31Et au fond, on veut, Israël et Netanyahu, son gouvernement,
03:35veulent tuer la violence, mais ils la créent.
03:38Et c'est ça qu'il faut voir clairement,
03:39c'est que toute cette violence-là crée de la violence.
03:42La violence ne conduit nulle part.
03:44La violence, elle est en train aujourd'hui de se développer
03:47dans nos sociétés, à l'intérieur et entre nos sociétés.
03:49C'est la guerre.
03:50La guerre et la violence sont des sœurs jumelles.
03:53C'est la destruction de l'autre.
03:54Et tout ça, ça ne conduit à rien.
03:56La violence ne conduit nulle part.
03:57Et la violence ne peut que créer, que de la violence.
04:00Et donc, cette lutte-là, elle ne créera que du terrorisme à venir.
04:03Tant qu'il n'y aura pas une Palestine organisée,
04:05tant qu'il n'y aura pas une capacité d'un dialogue entre deux États,
04:08il y aura cette violence qui créera de la violence.
04:10Jean-Pierre Raffarin,
04:12Sergei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères,
04:15s'est exprimé une nouvelle fois hier.
04:18Il a parlé d'Emmanuel Macron.
04:20Il a dit qu'Emmanuel Macron n'arrêtait pas d'exprimer sa haine.
04:23contre la Russie.
04:27Je pense que ses propos sont toujours un provocateur.
04:31Il est clair que nous sommes très engagés contre la Russie.
04:34Moi qui connais bien Poutine,
04:36puisqu'avec Jacques Chirac, nous avons beaucoup travaillé avec lui.
04:39Aujourd'hui, nous sommes dans une situation de résistance.
04:43Quelle est la différence aujourd'hui entre le résistant et celui qui coopère ?
04:48C'est quand on est attaqué dans notre intégrité,
04:50dans notre territoire, dans notre dignité, dans notre culture.
04:53Or, aujourd'hui, la Russie attaque l'idée européenne.
04:57Elle attaque le peuple ukrainien.
04:58Et donc, nous sommes aujourd'hui des résistants.
05:01Et je trouve qu'Emmanuel Macron est courageux d'exprimer cette logique aujourd'hui,
05:06qui est qu'on ne peut pas accepter l'attitude de Poutine.
05:10Nous sommes des résistants.
05:11De Gaulle nous l'a montré.
05:12De Gaulle dit, on parle avec tout le monde.
05:14Mais dès qu'on est attaqué, c'est la résistance qui nous doit le conduire.
05:18Nous sommes aujourd'hui des résistants face à la Russie.
05:20Oui, des résistants, mais ne comptez pas trop sur l'aide des États-Unis à l'Ukraine.
05:25C'est ce que, vous les résistants, nous les résistants, c'est ce qu'a dit hier Donald Trump.
05:30Oui, mais ça, je pense que Donald Trump a une position extraordinairement ambiguë.
05:36En rien, il a l'air intéressé, motivé par la souffrance du peuple ukrainien.
05:41Une seule chose l'intéresse, c'est les intérêts de l'Amérique.
05:45Et là, il a des intérêts contradictoires.
05:48Il cherche quelquefois la paix parce qu'il veut les métaux rangs, parce qu'il veut les matières premières, parce qu'il veut les richesses de l'Ukraine.
05:55Mais par ailleurs, il organise un dialogue avec Poutine.
05:58Quel est leur point commun ?
06:00C'est la volonté d'affaiblir l'Europe.
06:02Quand ils se parlent tous les deux au téléphone, ils parlent de l'Europe pour affaiblir l'Europe.
06:06Parce que Poutine est ravi de voir l'Europe affaiblie et quelquefois divisée sur ces questions-là.
06:12Et Poutine se sert des propos souvent de Trump, de Trump qui a qualifié l'Europe d'ennemi, d'adversaire.
06:20Et donc, alors que nous sommes des alliés, aujourd'hui...
06:23Encore ?
06:24Encore des alliés ?
06:25Bien sûr, bien sûr, parce qu'on est allié avec le peuple américain et pas avec M. Trump.
06:29Et donc, M. Trump, il passera.
06:31Et donc, il faut être attentif.
06:33Mais aujourd'hui, évidemment, on ne peut pas compter sur les États-Unis.
06:37Trump dit la vérité quand il dit ça.
06:38Oui, Trump vous inquiète.
06:41Est-ce qu'il vous inquiète, Donald Trump ?
06:42Franchement, Jean-Pierre Raffarin, vous connaissez bien le monde, vous connaissez bien la diplomatie.
06:47Vous avez été Premier ministre.
06:48Est-ce qu'il vous inquiète ?
06:51Et enfin, oui, il m'inquiète dans la mesure où...
06:54Je ne le prends pas pour un fou.
06:56Je le vois très stratégique.
06:57Vous savez, quand on le voit avoir des relations assez de proximité avec Poutine,
07:01on se souvient que Kissinger disait toujours,
07:04donc c'était la doctrine de l'État aux États-Unis,
07:09ne mettez pas les intérêts de la Russie et de la Chine dans le même pot.
07:13Et donc, qu'est-ce qu'il est en train de faire, Poutine ?
07:14Pardon, Trump face à Poutine.
07:16Il est en train d'essayer d'avoir une relation avec la Russie,
07:20différente de celle qu'il a avec la Chine,
07:22parce qu'il a désigné un adversaire, c'est la Chine.
07:24Et donc, dans ce contexte-là, il essaie de faire en sorte
07:28que la Russie puisse être un peu de son côté sur ce débat-là.
07:33Et donc, il y a une stratégie.
07:35Donc, je combats cette stratégie.
07:37Je vois qu'elle est quand même assez préoccupante.
07:40Et je suis assez étonné, globalement, du manque de réaction
07:43du peuple américain, des démocrates et des républicains, quand même.
07:47On a toujours vu dans le passé, dans les démocraties,
07:51il y a toujours une partie de gens, à l'intérieur même,
07:54des majorités gouvernementales, il y a toujours une partie de gens
07:56qui résistent, qui s'opposent.
07:58Là, je vois cet alignement des républicains,
08:01qui est un alignement de type mécanique, dangereux.
08:03Et puis, le silence des démocrates, ça commence un peu à s'éveiller.
08:07Mais on n'est quand même pas, là, dans cette belle et grande démocratie,
08:11y compris les médias, qu'est les États-Unis.
08:14Alors, vous êtes le représentant spécial du gouvernement français pour la Chine.
08:17Vous parliez de la Chine et des États-Unis.
08:19L'ennemi numéro un des États-Unis, c'est la Chine.
08:21Absolument.
08:22Il y a, entre les États-Unis et la Chine, cette guerre commerciale,
08:26bon, ça s'est un peu calmé.
08:27Suspension de ces droits de douane punitifs,
08:3130% de droits de douane pour entrer aux États-Unis,
08:3410% pour entrer en Chine, les produits, ça s'est un peu calmé.
08:38Mais tout de même, dites-moi, il y a débat en France
08:42dans l'Union européenne sur les produits que nous envoient les Chinois.
08:47Et notamment, Chine, Tému,
08:52frais de 2 euros sur chaque petit colis entrant en Europe.
08:57C'est ce que l'Union européenne a décidé.
09:00Vous en pensez quoi ?
09:01– Je pense que c'est d'abord un sujet très difficile,
09:03parce qu'il ne faut pas oublier que tous ces produits-là
09:05sont des produits pas chers.
09:06et que tout ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire monter des prix.
09:09Donc, on est dans un pays aussi où il faut protéger
09:11ce que les gens qui achètent ces produits,
09:13ils sont intéressés par le prix.
09:15Un rapport qualité-prix qui leur convient.
09:17Et donc, dès qu'un État lance des mesures pour augmenter les prix,
09:21c'est toujours fragiliser les plus fragiles.
09:24Donc, il faut prendre ça avec mesure.
09:26Je pense que toute cette approche-là
09:29de commande par les voies numériques maintenant,
09:33sans les réseaux de distribution,
09:34ça conduit naturellement à ce qu'on fragilise complètement
09:37notre industrie.
09:38Et c'est vrai que notre industrie d'excel, notamment,
09:40est très fragilisée par ça.
09:41– Dites-moi, les Chinois nous envoient 9000 tonnes de fret
09:44chaque jour ?
09:46– Oui, mais pourquoi ils le font ?
09:48Parce qu'il y a une demande dans notre pays.
09:50Et pourquoi c'est comme ça ?
09:51C'est parce qu'on a un système, un écosystème global,
09:54qui n'est pas capable de produire à leur prix.
09:56Et donc, tout notre essai, c'est de faire en sorte
09:59qu'ils viennent produire chez nous.
10:01Mais naturellement, ils vont produire chez nous,
10:03mais avec notre système social,
10:05ça va coûter plus cher que quand c'est produit en Chine.
10:07Donc, il faut bien comprendre qu'on est derrière le tla
10:09avec une augmentation des prix.
10:10– Mais les Chinois vont produire des voitures en Europe,
10:13de plus en plus.
10:15Pourquoi ne pas produire du textile ?
10:18– Mais bien sûr, je pense que la solution,
10:21elle est de venir produire en Europe.
10:25C'est ça la solution.
10:27C'est ce sur quoi le gouvernement français se bat.
10:29Vous avez vu le Choose France avec cette mobilisation.
10:33On est à 15-20 milliards par an d'investissements étrangers,
10:36justement pour qu'ils viennent produire en France.
10:38Donc ça, c'est la solution.
10:40Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut faire très attention
10:42quand on intervient, quand on réglemente.
10:44Moi, je suis quand même un peu de culture libérale.
10:46– Vous êtes contre, vous êtes opposé à cette taxe de 2 euros ?
10:48– Non, non, non.
10:48Je pense qu'aujourd'hui, il faut donner un signal,
10:51clairement, pour maîtriser les choses.
10:52– Il faut donner un signal aux Chinois.
10:54– Il faut donner un signal aux Chinois.
10:55Donc je suis d'accord et j'approuve les décisions qui ont été prises.
10:58Et donc je vois bien qu'on a des difficultés majeures.
11:02Mais ce que je souhaite, c'est que l'Europe soit unie sur ce sujet.
11:04Si je prends l'exemple de l'automobile.
11:06Sur l'automobile, nous avons levé les taux.
11:09Mais d'un côté, les Français ont voté pour,
11:12de l'autre côté, les Allemands ont voté contre.
11:14Alors je vais vous dire, faire un rapport de force
11:15avec un pays plus fort que soi, c'est déjà difficile.
11:17Mais si en plus on est divisé, ce n'est pas convenable.
11:20Ce n'est pas quelque chose qui nous donne des chances de succès.
11:22Il nous faut l'unité européenne.
11:24– Est-ce qu'il faut continuer à taxer les véhicules venus de Chine ?
11:27– Moi je dis, il faut que les Français et les Allemands
11:29soient d'accord sur la politique.
11:30Parce que les rapports de force, ça se fait dans l'Union.
11:32Ça ne se fait pas dans la division.
11:34Et donc ce qui compte aujourd'hui,
11:36c'est qu'on ait une position claire sur les rapports de force.
11:39– Mais la position claire doit être la taxation des véhicules chinois ?
11:44– Je pense que ce qu'il faut, c'est imposer,
11:47ce que dit la profession d'ailleurs en France,
11:50c'est imposer un quota de production locale.
11:53C'est-à-dire qu'une voiture qui est vendue, qui vient de Chine,
11:56elle doit être vendue en France,
11:58avec une production française qui est à négocier entre les pays.
12:02– Ce que fait Toyota par exemple ?
12:04– Ce que fait Toyota dans le Nord,
12:06ce qu'on a développé.
12:08Alors Toyota s'est installé là.
12:10On peut imaginer qu'une grande partie de la voiture soit produite ailleurs,
12:16mais on doit exiger 30, 40, 25, je ne sais pas,
12:19c'est à discuter de pourcentage de la voiture qui est fabriquée chez nous.
12:23Mais tout ça, ça doit être fait par une position franco-allemande.
12:26Voyons bien que ces rapports de force,
12:28aujourd'hui, le droit international, l'OMC est bloqué,
12:32le droit international recule, c'est la force qui avance.
12:35Et si la France et l'Allemagne ne sont pas ensemble,
12:38nous serons fragiles.
12:39Je vous dirais franchement,
12:40que l'augmente, l'augmente pas.
12:42Ce qui compte, c'est qu'on fasse la même chose que les Allemands.
12:44Parce que dans les deux cas, on aura le rapport de force
12:45pour faire en sorte de tirer la situation à notre profit.
12:49Si nous sommes divisés, nous sommes vraiment très fragiles.
12:52Et dans cette circonstance-là, j'espère,
12:54il y a la seule lueur,
12:55parce que la situation internationale aujourd'hui est très préoccupante,
12:57très inquiétante,
12:58la seule lueur positive,
13:01c'est des relations franco-allemandes
13:02qui peuvent changer avec le nouveau chancelier.
13:03Et si, avec la protection nucléaire,
13:06avec un certain nombre de sujets,
13:07on arrivait à avoir des positions communes,
13:10ensemble on fait continent,
13:12ensemble on peut parler avec la Chine,
13:13mais quand la Chine nous voit divisés,
13:15au coin de la bouche, on voit un petit sourire.
13:17– Mais évidemment, évidemment.
13:19Jean-Pierre Raffarin,
13:20ce rapport sur les frères musulmans,
13:22vous étiez Premier ministre,
13:24il y a 20 ans, je crois,
13:25lorsque vous avez reçu un rapport...
13:27– Quelle mémoire !
13:28– Qui s'appelait le rapport Aubin.
13:30Vous vous souvenez de ce rapport ?
13:32Que nous disait...
13:33Il nous disait ce que nous dit le rapport rendu hier.
13:37Un peu moins, mais un peu moins complet.
13:39Mais tout de même !
13:40– Oui, oui, il y avait en effet un diagnostic
13:44qui était un diagnostic stratégique.
13:46– Ça veut dire que depuis 20 ans,
13:47on n'a rien fait ?
13:48Jean-Pierre Raffarin ?
13:49– Non, on a fait beaucoup de choses.
13:50Je pense que depuis 20 ans,
13:52on a organisé la lutte contre le terrorisme.
13:54On s'est donné des moyens qu'on n'avait pas.
13:56Des moyens de justice.
13:57On a changé les lois.
13:58Je me souviens de Valls, sur les écoutes,
14:00sur un certain nombre de sujets.
14:01Le Premier ministre avait engagé beaucoup de textes
14:03pour se donner des lois.
14:05Donc on a fait de la lutte du terrorisme.
14:06D'ailleurs, aujourd'hui, Retailleau dit
14:08qu'il faut appliquer aux narcotrafiquants
14:09ce qu'on a fait sur le terrorisme.
14:11Parce qu'on s'est donné un arsenal,
14:12y compris judiciaire,
14:13pour lutter contre le terrorisme.
14:14Donc on a fait beaucoup de choses.
14:17Mais ce que je ne trouve pas très bien
14:19aujourd'hui dans cette situation,
14:21c'est que nous avons une guerre
14:23contre la radicalisation,
14:25contre le terrorisme.
14:25Mais ce n'est pas contre tous les musulmans.
14:28Et je trouve qu'on ne fait pas la guerre
14:30avec les guerriers sur la place publique.
14:34On ne doit pas téléphoner nos stratégies
14:36à nos adversaires.
14:37C'est-à-dire ?
14:38On n'aurait pas dû rendre public ce rapport ?
14:41Je pense que la guerre contre le radicalisme
14:44doit être quelque chose qui est stratégique.
14:47On n'aurait pas dû rendre public ce rapport ?
14:49Je pense que ce n'est pas bien
14:50de se mettre dans cette situation publique
14:53parce que deux conséquences.
14:56D'une part, on fait un amalgame
14:59entre des musulmans qui veulent être des républicains
15:01et ceux qui sont des radicaux.
15:03Et puis d'autre part, on téléphone à nos adversaires
15:05nos stratégies.
15:07Donc c'est absurde.
15:08La guerre contre les adversaires,
15:11ce n'est pas un coup de communication.
15:12La guerre, c'est un coup d'appareils,
15:14de police, de renseignements,
15:16d'un certain nombre de sujets
15:17qui sont des sujets sur lesquels
15:18cette guerre, ce n'est pas un acte de communication.
15:22Donc je pense qu'on ne doit pas,
15:24en matière guerrière, communiquer.
15:26C'est pour ça qu'il y a un secret défense.
15:28Le secret défense, c'est que notre stratégie de guerre,
15:31notamment notre guerre contre les guerriers,
15:33c'est une guerre qui doit être...
15:34Mais ce rapport a fuité.
15:36Ça a mis en colère le président de la République,
15:38Jean-Pierre Raffarin.
15:39Je pense que, en faisant fuiter un rapport comme ça,
15:42je ne sais pas comment ça s'est fait,
15:43je ne sais pas ce que c'est,
15:44mais je pense que ça a une conséquence dangereuse,
15:45c'est que ça fait un amalgame.
15:46Est-ce que ça vient du ministère de l'Intérieur ?
15:49C'est ce que laissait entendre le président de la République.
15:51Peut-être, je ne sais pas.
15:52Je ne veux pas prendre position là-dessus.
15:53Je ne connais pas la situation.
15:55Mais ce que je veux dire,
15:57c'est que quand on fait la guerre à quelqu'un,
15:58on ne téléphone pas avant sa stratégie.
16:00Et donc on ne téléphone pas ses informations,
16:03on ne téléphone pas tout ça.
16:04Donc je pense qu'il faut faire la guerre au radicalisme.
16:06Je pense qu'il faut être sévère.
16:08Il faut mesurer qu'il y a une progression forte
16:10de l'implantation des idées radicales.
16:12Il faut en être conscient
16:14qu'il faut donc renforcer notre lutte
16:16contre ces guerriers que sont les radicaux.
16:19Et donc nous devons avoir cette force-là,
16:22mais nous ne devons pas faire d'amalgame.
16:23Et pour cela,
16:24nous devons adresser notre mobilisation
16:26à nos adversaires et pour nous.
16:28Oui, mais Jean-Pierre Raffarin,
16:29quand on voit l'exploitation
16:30de ce rapport politique,
16:33par exemple Gabriel Attal
16:34qui propose d'interdire le voile
16:36qui s'est précipité,
16:37le voile aux jeunes filles de moins de 15 ans,
16:39est-ce stupide ?
16:40Je pense que le texte que nous avons d'ailleurs,
16:43c'était mon gouvernement
16:44qui l'a fait sur le voile à l'école,
16:46ça suffit.
16:48Nous avons là des dispositifs
16:50qui sont aujourd'hui satisfaisants.
16:52Mais c'est opportuniste et stupide
16:53de tout à coup se précipiter
16:56pour faire ses propositions.
16:58Franchement, dites-moi franchement
16:59ce que vous en pensez.
17:00Franchement, je n'aime pas beaucoup
17:02quand on prend des problèmes de société
17:04qui sont très complexes
17:05comme des arguments politiques et politiciens.
17:07Donc je pense que sur ces sujets,
17:09il faudrait de la modération de toutes parts.
17:11Parce que les sujets sont humains,
17:14ils sont difficiles.
17:14Nous avons des adversaires.
17:16Ces adversaires ne doivent pas légitimer
17:19qu'on s'adresse à tout le monde
17:20avec un certain nombre d'objectifs politiciens.
17:24Ce qui est très important aujourd'hui,
17:26c'est de s'attaquer fortement aux radicalités.
17:29Je pense qu'on a réussi aujourd'hui
17:30à déjouer un grand nombre d'attentats.
17:34Vous savez que du temps
17:35où j'étais Premier ministre,
17:37dans toute cette période,
17:39on avait été frappés durement.
17:41Et donc je trouve qu'aujourd'hui,
17:42on a fait des progrès dans la lutte.
17:44Mais ces progrès n'ont pas à faire l'objet
17:46de grandes agitations politiques
17:49parce que ça effraie tout le monde
17:51et ça risque de stigmatiser une population.
17:53Donc ce n'est pas la peine.
17:55Et donc il faut faire la différence,
17:56évidemment, entre les citoyens
17:58qui veulent vivre normalement
17:59et puis les radicaux
18:00qui veulent déstabiliser notre société.
18:02Jean-Pierre Raffarin,
18:03pour la présidentielle 2027,
18:06est-ce que vous avez déjà choisi ?
18:08Je travaille avec Édouard Philippe.
18:10Je crois en ses capacités.
18:11Je crois en sa possibilité de rassembler.
18:13Nous verrons un peu les circonstances.
18:15Nous verrons comment tout ça va se passer.
18:16Édouard Philippe, pour vous,
18:17est le candidat
18:18qui vous paraît
18:19le mieux à même
18:21de devenir président de la République ?
18:22Je pense qu'il a toutes les qualités
18:24pour devenir président de la République.
18:26Je pense qu'il s'est mis au travail très tôt.
18:28Et je l'ai encouragé,
18:30je l'encourage toujours
18:30à faire ce travail
18:32parce qu'on a bien vu
18:33que l'improvisation
18:34n'était pas la solution
18:36pour gouverner le pays.
18:37Et donc, il faut préparer les choses.
18:38Et donc, il faut y travailler.
18:39Est-ce que Bruno Retailleau
18:40affaiblit la victoire de Bruno Retailleau,
18:43sa présence médiatique,
18:46son arrivée dans le monde sondagier ?
18:49Est-ce que cela affaiblit Édouard Philippe ?
18:52Pas du tout.
18:52Ça le renforce.
18:54Pourquoi ?
18:54Parce qu'il y a toujours eu
18:56deux droites dans France.
18:58On voit plusieurs,
18:58même René Raymond disait plusieurs,
18:59mais les bonapartistes et les orléanistes.
19:01Et donc, il y a une droite populaire.
19:03Cette droite populaire,
19:04elle n'était pas aujourd'hui
19:05ni un parti de gouvernement,
19:07ni n'avait un leader.
19:09Elle était dans l'opposition,
19:10elle était dans la protestation.
19:12C'était RN ?
19:12Non, le républicain,
19:14la droite républicaine.
19:15Pourquoi le RN,
19:16c'est pas républicain ?
19:17Je pense que nous avons un cordon
19:20avec les extrémistes.
19:21Moi, je fais partie de ceux
19:22qui mettent les extrêmes
19:23à l'extérieur
19:24de mes préoccupations républicaines.
19:26Et donc, je crois vraiment
19:28que la droite populaire,
19:29républicaine,
19:31qui a toujours existé dans ce pays,
19:33depuis quelque temps,
19:33elle était en dehors du gouvernement,
19:34elle était très protestataire,
19:36on ne la sentait pas avoir des solutions.
19:37Et avec Retailleau,
19:38elle est entrée au gouvernement,
19:39c'est une droite de gouvernement,
19:41c'est une droite qui est
19:42une droite populaire,
19:43qui a ses thématiques,
19:44et vous savez que pour gagner
19:45les élections,
19:46il faut que la droite centriste,
19:49la droite orléaniste,
19:50cette droite-là,
19:51ce soit forte,
19:53et il faut que la droite populaire
19:54soit aussi forte.
19:54Et qu'elle s'entende.
19:56Donc vous demandez à Bruno Retailleau
19:58et à Gérard Philippe,
19:59à Gérard Philippe,
20:00à Édouard Philippe,
20:01que se passe-t-il dans ma tête,
20:03à Édouard Philippe
20:04de se retrouver pour la présidentielle.
20:06Le moment venu,
20:07je pense que c'est très important.
20:08D'abord, Retailleau est quelqu'un de bien,
20:10c'est une bonne personne.
20:11Je le connais,
20:12il a été mon président de groupe au Sénat,
20:14je l'ai vu,
20:15il est un Vendéen,
20:16la Vendée c'est tout proche du Poitou,
20:17je l'ai vu,
20:19il est revu.
20:19Donc c'est quelqu'un de bien,
20:21d'honnête,
20:22de travailleur,
20:23qui aime la France.
20:24Donc ça,
20:24c'est quelque chose de positif.
20:26Tout comme Édouard Philippe.
20:27Donc je pense que tous les deux
20:28sont très utiles.
20:29Et donc ils ont intérêt,
20:31parce qu'aujourd'hui,
20:31il faut quand même créer,
20:33d'une part,
20:34les émergences politiques,
20:35le soutien populaire,
20:36parce que beaucoup de gens
20:36ont été écœurés par la politique
20:37et donc il faut les ramener
20:39à la politique.
20:40Et ensuite,
20:41il faudra construire
20:44l'ancien espace UMP,
20:45c'est-à-dire de la droite républicaine
20:47populaire
20:47et de la droite plus libérale,
20:49plus centriste.
20:50Et donc il faudra mobiliser tout ça.
20:52Qui sera le mieux
20:53pour rassembler le moment venu ?
20:54Nous verrons.
20:55Je crois en capacité
20:56d'Édouard Philippe,
20:57mais je ne suis pas un intégriste,
20:58je suis pour qu'il y ait un candidat.
21:00Vous savez,
21:01au deuxième tour,
21:02il n'y a que deux personnes.
21:03Probablement,
21:04si les choses continuent comme ça,
21:06probablement que le Rassemblement
21:07international est déjà
21:08au second tour.
21:08Donc il n'y a qu'une seule place.
21:10Donc il faut trouver le meilleur.
21:11Donc moi je ne suis pas
21:12pour qu'on fusille tout le monde
21:13dès maintenant.
21:14C'est pour ça que je suis
21:14contre les primaires.
21:16Parce que les primaires,
21:16ça décapite...
21:17J'allais vous en parler.
21:18Ça décapite tout le monde.
21:19En un dimanche,
21:21on a viré un ancien président
21:22et deux anciens premiers ministres.
21:23On a décupité l'UMP,
21:25on a tué l'UMP
21:25avec ce système.
21:27Donc je pense que
21:27la division dans un même camp,
21:29la violence,
21:30elle est encore pire
21:31quand elle est fraternelle.
21:32Et puis,
21:32c'est un anniversaire
21:34en cette fin mai
21:35les 20 ans du référendum
21:37sur la constitution européenne.
21:38Vous vous en souvenez ?
21:39Le peuple français
21:41qui a été
21:41qui avait dit non.
21:43Et puis,
21:45bon,
21:45on a un peu
21:45la classe politique
21:47un peu arrangé les choses
21:48avec le traité de Lisbonne.
21:50Enfin bon,
21:50etc.
21:51etc.
21:52Ça a été beaucoup reproché
21:54d'ailleurs
21:54à la classe politique
21:55dans son ensemble.
21:57Les référendums.
21:59Le président de la République
22:00a dit son intention
22:01mais pour l'instant
22:02il n'est pas allé plus loin
22:03d'organiser des référendums.
22:04Vous en pensez quoi ?
22:05Ça a été le dernier référendum.
22:07Enfin,
22:07il y a eu sur la Corse après.
22:09Oui, mais...
22:09Bon,
22:10d'abord,
22:10ce que je veux dire,
22:11c'est que les référendums
22:13c'est extrêmement difficile.
22:15On savait très bien
22:15que le président Chirac,
22:17au fond de lui,
22:18il était contre le référendum.
22:19C'est sa famille politique
22:20qui lui a imposé
22:22le référendum.
22:24À l'époque,
22:25vous aviez la question
22:25de la Turquie
22:26et tous les pensées
22:27qui allaient mobiliser
22:27contre la Turquie.
22:29Mais on voyait bien
22:30puisque au fond,
22:31Maastricht était passé
22:32quand même
22:33avec une très courte majorité
22:34et on avait
22:35toute la classe politique,
22:37disons,
22:37les partis de gouvernement
22:38et notamment le PS
22:39et l'UMP
22:39qui étaient pour.
22:40Là,
22:40le PS est divisé.
22:42Le PS s'est fragilé,
22:43je l'envoie,
22:43c'est quelques autres.
22:45Et même une partie
22:45de l'UMP.
22:46Philippe Seguin ?
22:47Oui,
22:47mais Philippe Seguin,
22:48il n'avait pas voté
22:49Maastricht déjà.
22:49Mais là,
22:51tout le PS
22:52qui était avec
22:53et nous sur Maastricht
22:54s'est séparé.
22:54Donc,
22:55on a eu une division
22:56et ce qui fait que,
22:57naturellement,
22:57quand on passait
22:58tous ensemble,
22:59on faisait 52,
23:01divisé,
23:02naturellement,
23:02on a fait moins.
23:03Donc,
23:04je ne suis pas d'accord
23:06pour dire que
23:07les gens disent
23:08qu'on a tourné le dos
23:12à la vie du peuple.
23:13Nicolas Sarkozy
23:14a dit dans sa campagne
23:16électorale
23:16qu'il modifierait le texte
23:19et qu'il le présenterait
23:20au Parlement.
23:21Il l'a dit,
23:22il a été élu.
23:23Donc,
23:24il n'a pas trahi.
23:25C'est quand même
23:26très important.
23:27Oui,
23:27bien sûr.
23:28Il l'a dit,
23:29donc je vois qu'on attaque
23:30beaucoup Nicolas Sarkozy
23:31sur beaucoup de sujets.
23:31Je trouve qu'il faut le défendre
23:34sur beaucoup de sujets
23:34parce que sur cette question-là,
23:37il a été d'une grande clarté.
23:39Il a modifié
23:39un certain nombre de textes
23:41pour faire un nouveau traité
23:41qui est Lisbonne
23:42et il l'a présenté
23:43au Parlement.
23:44Et je crois qu'il a raison
23:45parce que sur les sujets complexes,
23:47vaut mieux
23:48la représentation nationale
23:49que la radicalisation.
23:51Donc,
23:51vous n'êtes pas très favorable
23:52au référendum.
23:53Je ne suis pas très favorable
23:54au référendum.
23:55Surtout pas sur les sujets complexes.
23:57La représentation,
23:58c'est ça,
23:58c'est de charger des gens
23:59pour qu'ils travaillent le sujet,
24:01pour qu'ils le connaissent
24:02parce que c'est très compliqué.
24:03Vous savez,
24:04aujourd'hui,
24:04nos sujets sont de plus en plus complexes
24:06et les solutions apparaissent
24:07de plus en plus simples.
24:08C'est très difficile,
24:09c'est dangereux.
24:09Merci Jean-Pierre Raffarin
24:11d'être venu nous voir ce matin
24:12sur Antenne de Sud Radio.
24:13Il est 8h57.
24:14Sous-titrage Société Radio-Canada

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