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  • 24/05/2025
Elle avait huit ans quand sa vie s’est brisée. Une nuit, un cri, puis plus rien. Son père a tué sa mère. D’un geste, il a arraché l’amour, le foyer, les repères. Pendant longtemps, Billie a vécu avec cette colère sourde, ce vide qu’aucune parole ne comble, ce poids que même le temps ne soulage.

Mais un jour, elle a choisi. Non pas d’oublier — car on n’oublie pas. Mais de ne plus laisser cet acte gouverner sa vie. Elle a regardé son passé en face, affronté l’indicible, et là où beaucoup auraient haï jusqu’au dernier souffle, Billie a trouvé la force de pardonner.

Pas pour lui. Pour elle.
Pour ne pas rester prisonnière de la douleur. Pour pouvoir respirer à nouveau.
Son pardon n’est pas un effacement — c’est une renaissance.

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Transcription
00:00Il a envoyé un coup de bâton sur la tête à ma mère
00:02et elle est tombée au sol.
00:04Ensuite, il l'a étranglée avec un sac plastique
00:08et ensuite il l'a conservée dans le congélateur de notre maison
00:11pendant 20 jours.
00:13Il nous nourrissait avec la nourriture qui venait du même congélateur.
00:16Jusqu'à mes 5 ans, on a habité en Suisse
00:19et il y avait des problèmes d'infidélité entre mes parents.
00:22Du coup, ils ont décidé de partir recommencer notre vie à l'île de la Réunion.
00:27C'est un peu compliqué, la Réunion, ça coûte cher.
00:30Du coup, les rentrées d'argent, elles étaient assez minimes.
00:33Il s'est retrouvé apparemment avec le compte vide,
00:36avec 4 enfants à nourrir.
00:38Et en fait, un jour, ma mère aurait recommencé à être infidèle
00:42en discutant avec un homme sur Internet.
00:44Il est tombé sur des énormes heures de discussions
00:47entre ma mère et un autre homme.
00:49Je pense qu'elle n'en pouvait plus et qu'elle voulait rentrer.
00:51Et du coup, elle voulait rejoindre cet homme en Suisse,
00:54donc nos rapatriés en Suisse.
00:56Et un jour, ils se sont disputés, je pense, par rapport à ces discussions
00:59et le manque d'argent.
01:00Du coup, il a envoyé un coup de bâton sur la tête à ma mère
01:04et elle est tombée au sol.
01:06Ensuite, il l'a étranglée avec un sac plastique.
01:10Et ensuite, il l'a conservée dans le congélateur de notre maison.
01:13Du coup, pendant 20 jours, elle est restée dans le congélateur de notre maison.
01:17Donc, il est venu nous récupérer à l'école.
01:18À l'école, il aurait dit que notre mère était partie en Suisse
01:23parce que notre grand-mère était morte.
01:25Alors que ce n'était pas vrai.
01:26Et à nous, il nous aurait dit qu'elle avait aussi des problèmes aux oreilles,
01:29qu'elle était hospitalisée.
01:31Du coup, nous, pendant des jours et des jours,
01:34on lui faisait des dessins à la maison.
01:35Et on continuait d'aller à l'école au début.
01:37Et en fait, nous, on demandait à voir notre mère.
01:39Donc, il nous amenait devant l'hôpital.
01:41Et quand il sortait, dès 10 minutes,
01:43il revenait en nous disant que les visites étaient interdites, etc.
01:46Alors qu'en fait, elle n'était juste pas à l'hôpital.
01:49Elle était dans la même maison que nous.
01:50Donc, nous, on lui faisait des dessins et on espérait la voir.
01:53Et il nous disait, faites des dessins pour votre maman
01:55pour quand elle rentrera à la maison.
01:58Alors qu'elle était dans le congélateur d'à côté
01:59et qu'il nous nourrissait avec la nourriture
02:01qui venait du même congélateur.
02:03Il faut vraiment être psychopathe pour dire à tes enfants
02:05de faire des dessins et les regarder faire des dessins.
02:08Et les regarder enrouler les dessins et mettre un petit nœud dessus
02:11en disant, si pour maman, on va aller la voir à l'hôpital.
02:13Et pour savoir qu'on marche dans le corridor
02:16et qu'on joue dans la pièce de jeu à côté de cette cuisine
02:18où en fait, elle est là, je pense qu'il faut vraiment avoir un gros problème.
02:22Et je pense que du coup, que ma sœur et mon frère,
02:24ils ont remarqué qu'il y avait un truc qui clochait.
02:26Et ils ont décidé d'arrêter d'aller à l'école.
02:29À l'école, ils se sont inquiétés.
02:30Et en plus de ça, qu'on ne payait plus de loyer,
02:32il y a la police qui est arrivée,
02:33le jour de l'anniversaire de mon grand frère et moi.
02:36Et en fait, ça a toqué à la porte.
02:37Et on vivait les stores fermés,
02:39vu qu'on devait faire croire qu'on n'était plus là.
02:40Il nous a demandé d'aller se réfugier,
02:42enfin, se cacher dans nos chambres.
02:44Et ensuite, c'était la dernière fois qu'on l'avait vue avec nous.
02:48Et ils l'ont menottée, ils l'ont amenée en prison.
02:50Ensuite, il y a les policiers qui sont venus nous chercher
02:52et puis ils ont fait nos affaires
02:53et ils nous ont amenés en foyer.
02:55Je me souviens vraiment de ce moment
02:57où on était dans le bureau du foyer
02:58et que les éducateurs devaient nous expliquer
03:01ce qui s'était passé.
03:02Et que j'étais sur le sol en train de jouer avec mon petit frère
03:04et puis que mon grand frère et ma sœur,
03:06ils ont commencé à pleurer.
03:08Ça nous a touchés parce qu'on avait nos frères et soeurs pleuraient,
03:10on ne comprenait pas.
03:11On leur a demandé pourquoi ils pleuraient.
03:13Je me souviens que cette éducatrice
03:14utilisait des mots que je ne comprenais pas.
03:16Du coup, ma sœur, elle m'a dit simplement
03:18qu'elle m'a dit cette phrase de
03:20« Papa a tué maman ».
03:21Et en fait, c'est là qu'on a plus ou moins compris
03:23comme un enfant de 8 ans et de 7 ans,
03:26enfin 6 ans qu'il avait mon frère.
03:28Je me disais qu'il avait juste fait cet acte.
03:31Et ensuite, quand j'ai commencé à ouvrir les yeux
03:32sur la personne qu'il était,
03:33j'ai commencé à me dire qu'en fait,
03:35il l'a tué mais il l'a aussi soulevé,
03:37il l'a aussi mis dans le congé,
03:38il nous a menti,
03:40il a aussi dormi dans la chambre du haut,
03:42dans le lit conjugal.
03:43Il a réussi à dormir,
03:44il a réussi à manger pendant 20 jours,
03:46il a réussi à vivre sa vie comme si...
03:48Et en fait, c'est après que tu te dis
03:49qu'il n'y a pas seulement eu l'acte
03:51de tuer la personne,
03:52il y a eu tout ce qui s'est suivi,
03:53tous les mensonges,
03:54tout ce qu'il a mis en place,
03:55toutes les personnes qu'il a contactées.
03:56Enfin, il y a eu une réflexion derrière.
03:58Il n'a pas juste fait une connerie
03:59et ensuite il s'est dit
04:00« J'ai fait une connerie »
04:02et ensuite il a réglé le problème.
04:04Non, il a vraiment fait tout un enchaînement
04:06pour enterrer le problème.
04:08Et il a réussi à nous mentir pendant 20 jours.
04:11Et du coup, ma grand-mère,
04:12elle a pris le premier vol
04:14et elle est venue nous chercher
04:16à l'île de la Réunion
04:16et elle nous a adoptés les quatre.
04:18En fait, c'était compliqué
04:20parce que peu importe où on allait,
04:21on était les enfants de l'assassin
04:23ou eux, leur mère s'est fait tuer.
04:26Enfin, c'était un peu compliqué.
04:28Et il y a même eu des médias menteurs
04:30qui ont exagéré le truc.
04:32Il y a eu un média qui a dit
04:33« Comme quoi, mon père avait découpé ma mère »
04:35et ça a fait des polémiques
04:37dans les écoles où j'étais.
04:38Donc automatiquement,
04:39en plus, j'ai un prénom qui se reconnaît.
04:42Donc à peine on prononçait mon prénom,
04:44j'étais direct reliée à cette histoire-là.
04:46Et effectivement, c'était très compliqué
04:48parce que c'était toujours relié à ça.
04:50En fait, tu es la fille d'eux.
04:51Donc les gens, ils avaient peur de moi
04:54parce que je ne sais pas,
04:54quand on m'embêtait,
04:55je m'étais déraclée aux gens
04:56et finalement, j'étais la fille
04:58qui avait un père assassin
05:00et automatiquement, ça faisait peur.
05:01Du coup, j'étais plutôt extravertie.
05:03C'est comme ça que je gérais un peu ma souffrance.
05:06Et j'étais dans cette phase
05:07où j'avais besoin vraiment
05:08de comprendre ce qui s'était passé.
05:10Et une fois, je lui ai écrit une lettre
05:12en lui disant que j'avais besoin
05:14de connaître vraiment toute la situation,
05:16de tout ce qui s'était passé en détail.
05:17Du coup, j'ai pris un parloir avec lui
05:19et il m'a tout expliqué en détail.
05:22Du coup, lui, il m'a expliqué son côté
05:24qu'il était perdu,
05:25qu'il avait pété les plombs,
05:27qu'il regrettait, qu'il l'aimait.
05:29Du coup, j'ai commencé à fouiller
05:30les affaires de ma grand-mère
05:32et je suis tombée sur les autopsies de ma mère,
05:34sur le procès de mon père.
05:35Et ça, ça a été une période super compliquée
05:37parce que j'avais tout sous les yeux, en fait.
05:39Et je ne savais plus à qui en vouloir
05:41parce qu'à un moment,
05:42j'en ai voulu à ma mère,
05:43d'avoir été infidèle.
05:44Après, j'en ai voulu à mon père.
05:45Après, j'en suis voulu à moi-même, aux deux.
05:48Ensuite, j'ai vu dans les autopsies
05:49que ma mère avait des traces de THC dans le sang.
05:53Du coup, j'en ai voulu au THC, en fait, à la drogue.
05:57Plus tard, quand j'ai eu 12 ans,
05:58je suis partie en foyer.
05:59C'était un peu plus compliqué
06:00pour ma grand-mère de s'occuper de nous.
06:02J'avais un éducateur qui était musulman
06:04et qui voulait un peu me faire devenir...
06:07Enfin, m'imposer ses croyances, en fait.
06:09Du coup, il m'a vite interdit de sortir.
06:11Il m'a vite interdit qu'on me parle.
06:12Il m'a interdit de ma propre chambre.
06:15Il ne me laissait pas dormir dans ma chambre.
06:16Il me faisait faire ma lessive dans la baignoire.
06:18Il me faisait manger dans la buanderie.
06:19Il interdisaient aux autres jeunes de me parler
06:21parce que j'étais aussi une enfant perturbée, en fait.
06:24J'avais commencé à voler.
06:26Je voulais qu'on me remarque, en fait.
06:27Je voulais qu'on remarque ma souffrance.
06:29Et en fait, il m'a enlevé toute vie sociale.
06:30Il m'a enlevé tout ce que j'avais
06:32en dehors de ma souffrance,
06:33tout ce qui me faisait du bien.
06:34Du coup, j'en étais arrivée à un point
06:36où je n'avais même plus envie de vivre.
06:38La seule chose, le seul moment où je pouvais parler
06:40avec d'autres jeunes, c'était pendant mes cours.
06:43Donc, je ne suivais même plus l'école
06:45parce que c'était le seul moment
06:46où je pouvais avoir une interaction sociale.
06:48Alors, du coup, je préférais parler avec mes copains
06:50et j'avais des mauvaises notes.
06:51Il n'y a plus rien à caler à ce moment-là dans ma vie.
06:53Et oui, je n'avais plus envie.
06:54Je devais ouvrir la fenêtre
06:56pour entendre le violon d'en face
06:57parce que je n'avais même pas de radio.
07:00Du coup, j'en pouvais vraiment plus.
07:02J'avais déjà écrit des lettres au directeur
07:03pour qu'on m'enlève de cet endroit-là
07:05parce que je ne supportais plus cet homme.
07:06Et moi, la violence, j'en ai vécu toute ma vie, en fait.
07:09Et j'en avais marre.
07:10Du coup, je commençais à me scarifier les bras,
07:12à me faire du mal
07:13parce que c'était le seul moyen de montrer ma souffrance.
07:15Du coup, c'est là que j'ai aussi eu...
07:17J'ai repris contact avec une psychologue.
07:20Et c'est la psychologue qui m'a un peu sortie de là
07:23où elle a écrit aux éducateurs et directeurs.
07:26Ça les a réveillés, en fait,
07:27de se dire que je souffrais vraiment
07:29et que ce n'était plus possible, cette situation-là.
07:31Et c'est là où j'ai essayé de me gaver de médicaments
07:33et que je me faisais souffrir
07:35et que je pensais à la mort
07:36parce que c'était la seule solution pour moi.
07:38Et aussi que, ben voilà, ma relation avec mes frères et sœurs
07:40a fait que c'était quelque chose que je ne voulais pas.
07:42Mon petit frère, il habitait deux étages au-dessus de moi
07:44et en fait, je pensais à lui directement.
07:47Que, en fait, je pense qu'une mort en plus
07:50ou la souffrance d'un de nos frères et sœurs,
07:52ça aurait pu tout changer, en fait,
07:54dans la vie des trois autres.
07:55Donc, on m'a déplacée dans une villa au foyer
07:58ou avec d'autres éducateurs qui ne me connaissaient pas
08:00et qui m'ont fait confiance.
08:03Et du coup, du jour au lendemain, ben, j'avais un travail,
08:05j'avais un salaire et j'avais la confiance des éducateurs.
08:09Et j'étais dans un endroit où je me sentais en sécurité
08:11comparé à l'autre endroit avec l'éducateur qui me maltraitait.
08:14Et j'ai fini, du coup, cet apprentissage-là à mes 18 ans
08:17avec la mention de meilleur apprenti du Valais.
08:20Ça m'a montré que j'étais capable.
08:21Au moment où j'ai eu ces diplômes-là,
08:23j'ai tout de suite pris mon envol
08:24où j'ai fait mon permis de conduire
08:26et j'ai pris mon appartement.
08:27Et c'est là que j'ai rencontré, du coup, mon ex.
08:29Et j'ai habité avec lui.
08:30Et en fait, j'ai subi des violences conjugales
08:33avec cet homme.
08:35Et j'ai vécu pendant deux ans avec lui.
08:39Il était dépressif et un peu manipulateur aussi.
08:42Et au moment où je l'ai quitté,
08:45il m'a vraiment tabassée, en fait.
08:46Et il a fait exactement ce que mon père a fait
08:48et ce que mon grand-père a fait.
08:50Et c'est là que j'ai remarqué que je grandissais vraiment
08:52dans des ambiances violentes.
08:54Et au moment où je l'ai quitté,
08:57il m'a étranglée, il m'a mis face au miroir
08:59et il m'a dit exactement ce que mon grand-père a dit.
09:01Que je méritais de mourir,
09:03que je méritais de finir dans un frigo.
09:05Des phrases horribles comme ça.
09:07Et même quand j'allais chez la police,
09:09tu passes vraiment comme si c'était toi le problème
09:11quand tu es une femme et que tu te fais battre.
09:13Du coup, je me sens encore une fois salie et utilisée.
09:17On utilise encore une fois mon histoire
09:19pour me faire souffrir.
09:21Mais c'était un gros déclencheur dans ma vie.
09:23Et s'il ne m'était pas arrivé ça avec cet homme,
09:26je n'en serais pas là.
09:27Parce que ça m'a vraiment ouvert les yeux
09:29sur la vie, sur le voyage, sur la spiritualité.
09:32J'ai quitté mon travail.
09:33J'ai mis mon appartement à louer.
09:35Et j'ai vendu toutes mes affaires.
09:37Et puis je suis partie en sac à dos.
09:38Et j'ai fait du stop presque partout dans le monde
09:41pendant deux ans et demi.
09:42J'ai atterri aux Etats-Unis.
09:44J'ai fait un bout des Etats-Unis, l'Amérique latine.
09:47Je suis revenue en Europe et je suis repartie en Asie
09:50où j'ai fait du stop et de la moto.
09:52Ce qui était beau, c'est que tu rencontrais des personnes
09:54qui ne te connaissaient pas du tout.
09:56Ils te connaissaient comme tu te présentais.
09:58Du coup, c'était vraiment chouette
09:59de pouvoir juste être la personne que tu es
10:02sans le bagage qu'il y a derrière.
10:04Et si ensuite tu voulais le raconter, tu pouvais.
10:06Mais c'est vrai que c'était cool
10:08parce que tu vivais vraiment pleinement la personne que tu étais
10:10et non pas le pourquoi tu es la personne que tu es.
10:13Et ça m'avait fait vraiment beaucoup de bien.
10:14Je me suis sentie vraiment libérée
10:16de tout ce qui m'était arrivé.
10:18Et en fait, ça m'a aussi montré que finalement,
10:20les limites que tu as, c'est celles que tu t'imposes.
10:23Je me disais surtout que j'ai vécu tellement des trucs horribles
10:26que finalement, il n'y aurait pas beaucoup plus pire
10:29que ce que j'ai vécu.
10:30Et que quitte à mourir, autant mourir
10:31en faisant quelque chose que j'aime.
10:32Pendant ce voyage, je garde contact avec ma famille.
10:34Je les appelle souvent, on s'écrit.
10:36Avec mon père, je garde contact.
10:37D'ailleurs, il devait me rejoindre en Thaïlande pour deux semaines.
10:41On devait faire un petit voyage ensemble,
10:43mais il y a eu le Covid.
10:44Et du coup, Dieu merci, il n'a pas pu venir.
10:46Il est sorti vers 2018, comme ça, il y a quatre ans.
10:49C'est nous qui l'avons réinséré.
10:51Surtout ma grande sœur, qui l'a aidée à trouver du travail,
10:54qui l'a aidée à refaire ses papiers
10:55parce qu'il n'avait plus aucune carte d'identité ou quoi qui était bonne.
10:58Du coup, il a vite trouvé du travail
10:59parce qu'il avait beaucoup de papiers.
11:02Il a juste dû refaire quelques trucs pour les mettre à jour.
11:04Mais il avait beaucoup de papiers.
11:05Une belle chance que la Suisse, ça ne fait pas partie de l'Europe.
11:08Donc, il est arrivé en Suisse sans casier judiciaire.
11:10Donc, en fait, il se présentait au travail.
11:13C'était un homme qui était juste parti dix ans en voyage
11:14et qui était revenu.
11:16Il a juste dix ans de vie dans son CV.
11:17Mais un CV, tu peux aussi le falsifier.
11:19Mais en fait, c'est dingue
11:20parce que tu peux être un violeur
11:21et venir travailler en crèche
11:23parce qu'on ne te demande pas ton casier judiciaire international.
11:26Donc, voilà.
11:27Donc, il a vite trouvé du travail.
11:28C'est quand même un homme qui est très chaleureux,
11:30très souriant, très sympa.
11:32Et t'as vite envie de l'engager.
11:34Et je suis allée habiter chez lui pendant quelques mois.
11:38Puis ça s'est passé très bien.
11:40Il prend beaucoup de place parce qu'il parle beaucoup de lui.
11:42Il est très auto-centré, comme je l'ai dit.
11:44Même quand je parlais avec lui,
11:45même si je lui avais pardonné,
11:46quand je voyais ses mains,
11:48j'imaginais ce qu'il avait fait.
11:49En fait, il parlait de ma mère
11:50comme si elle était encore là
11:51et qu'ils étaient encore mariés.
11:52Ça me dérangeait pas mal.
11:54Comme s'il ne lui avait jamais rien fait.
11:55Des fois, il me disait « Ah, ta mère, elle faisait ci, elle faisait ça. »
11:58Mais en fait, on ne parle pas d'elle.
12:01Et au fil du temps, il a commencé à être distant.
12:04Donc, il a été là pendant un an,
12:05le temps qu'il se réinsère bien.
12:07Et ensuite, il a arrêté de nous parler du jour au lendemain
12:09dès que je ne sais pas trop ce qui s'est passé.
12:12Et en fait, l'homme qui se disait,
12:13soi-disant, préserver la réputation de ma mère,
12:16il s'est mis à raconter des trucs sur elle
12:18pour pouvoir aborder des femmes.
12:21En fait, il leur disait
12:22qu'il nous avait sauvés de notre mère,
12:24qu'elle nous séquestrait, et une femme.
12:26Et ça, je l'ai appris il n'y a pas longtemps
12:28quand j'ai partagé sur les réseaux sociaux
12:29ce qui était mon père.
12:31Il y a une fille qui est venue et qui m'a dit
12:32« Ah, mais c'est fou parce que moi,
12:33il est venu une fois avec une de mes copines
12:36et puis elle m'a dit qu'il avait sauvé ses enfants
12:39de sa mère, c'est pour ça. »
12:41Donc, en fait, il se met en position de héros
12:44pour pouvoir aborder des femmes, je ne sais pas.
12:47Et le problème, c'est que maintenant,
12:48on lui a fait confiance.
12:49Donc, je dis « on » parce que je nous mets tous
12:52dans le même panier, mais c'est une personne
12:53en particulier de notre famille qui lui a fait confiance
12:55et qui a accepté de signer pour lui son appartement.
12:58Et du coup, aujourd'hui, il nous a mis en poursuite
13:02de 6 000 francs parce qu'il ne paye pas ses loyers,
13:04mais il sait très bien que c'est à nous de les payer.
13:06Sauf qu'il gagne plus d'argent que nous quatre réunis.
13:08Et en fait, aujourd'hui, il continue à nous mentir
13:10et nous manipuler.
13:11Et en fait, il est en train de nous faire vivre
13:13ce qu'on avait vécu quand on était plus jeunes.
13:15Et du coup, en fait, c'est difficile pour nous
13:16parce qu'on l'a accueilli, on lui a pardonné,
13:19on l'a aidé.
13:20Et en fait, il refait exactement la même chose.
13:23Et c'est pour ça que je dis que finalement,
13:24il n'aurait jamais dû le laisser sortir de cette prison
13:26parce qu'il sort de prison et il recompense
13:28exactement ce qu'il a fait auparavant,
13:31de la manipulation, des mensonges.
13:32Et en fait, on se demande surtout
13:34pourquoi il est revenu vivre dans notre ville
13:35alors qu'il n'y a que nous dans cette ville-là.
13:38Autant, si tu veux nous faire souffrir
13:41comme on a déjà souffert auparavant,
13:43on va vivre ailleurs.
13:43On n'a plus envie qu'il soit là.
13:45Encore samedi, je l'ai croisé en décapotable
13:47avec une de ses copines.
13:48Et en fait, ça m'énerve de savoir qu'il vit sa vie
13:51comme si rien n'était de célibataire de 60 ans.
13:54Ça m'énerve.
13:55Je suis hyper en colère.
13:56Mais il me fait sortir beaucoup de colère en moi.
13:59Et le jour où il ne sera plus dans ma vie,
14:01je serai détachée de son emprise.
14:03Mais là, j'ai surtout envie de régler les choses
14:05pour la personne qui lui a fait confiance
14:06et qui s'est endettée pour lui
14:07parce que cette personne, elle ne mérite pas.
14:09Maintenant que je me suis rendue compte
14:12de tout ça, que je suis quand même finalement
14:14en paix avec mon histoire,
14:15dans le sens, je suis OK avec mon histoire.
14:18Après, il est revenu dans notre vie
14:19avec d'autres problèmes.
14:21Mais je suis vraiment fière d'avoir vécu ça
14:23et je suis fière de m'être construite de moi-même.
14:25d'avoir pu accomplir tout ce que j'ai accompli
14:28et de continuer à accomplir
14:29tout ce que j'ai accompli en ce moment.
14:31Je suis fière d'être partie de rien
14:33et je suis fière de raconter mon histoire
14:34parce que je pense que la vie offre
14:37ses combats les plus durs
14:39à ses soldats les plus forts.
14:41Et en fait, je suis vraiment fière
14:42parce que je ne serai pas la personne
14:43que je suis aujourd'hui
14:44et je ne ferai pas ce que je fais aujourd'hui.
14:46On a tous vécu des souffrances
14:48qu'on a vécues plus ou moins difficilement.
14:51Et moi, je sais que ça m'a beaucoup réconfortée
14:53de voir que d'autres personnes souffraient
14:55et que je n'étais pas seule.
14:56Et je pense que, déjà,
14:58ce que vous faites à travers le média,
14:59c'est super cool
15:00parce qu'on se rend compte
15:02qu'on n'est pas seule,
15:02qu'il y a d'autres combats
15:03et ça permet aussi d'échanger.
15:05Et voilà, l'espoir.

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