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  • 20/05/2025
Avec Bruno CLAVIER

Retrouvez Brigitte Lahaie du lundi au vendredi à partir de 14h sur Sud Radio.
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##BRIGITTE_LAHAIE-2025-05-20##
Transcription
00:00:0016h, Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:00:03Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio et il m'arrive de faire un rêve.
00:00:10Alors, je sais bien que c'est un rêve, mais j'adorerais ne plus avoir à aborder le thème que nous allons aborder aujourd'hui avec mon invité Bruno Clavier.
00:00:18Malheureusement, l'affaire Betaram nous l'a encore prouvé, l'abus sur les enfants, c'est une réalité quotidienne.
00:00:26Les chiffres sont d'ailleurs terribles puisque chaque année, environ 160 000 enfants vont subir des abus sexuels d'adultes,
00:00:33le plus souvent par des adultes de leur propre famille ou des adultes proches d'eux.
00:00:39Eh bien, avec Bruno Clavier, nous allons aborder ce sujet et il pourra vous aider à aller mieux parce que c'est tout de même la bonne nouvelle, on peut s'en remettre.
00:00:48Évidemment, il n'y a pas de règle, chaque individu va suivre son chemin.
00:00:52Parfois, des personnes gravement blessées vont s'en sortir mieux que d'autres, c'est la spécificité de la nature humaine.
00:00:59Alors, on ne va pas partir dans des raisonnements figés et j'ai envie surtout déjà de remercier ceux et celles qui vont venir témoigner aujourd'hui
00:01:07parce que ce sont vos témoignages, la force de vos témoignages qui aident ceux et celles qui sont peut-être encore trop blessés.
00:01:15Votre numéro, vous le connaissez, c'est le 0 826 300 300. Bonjour Bruno Clavier.
00:01:21Bonjour.
00:01:22Eh oui, ça m'arrive de temps en temps de faire un rêve que peut-être grâce à ces émissions qu'on fait ensemble, une fois par mois à peu près, un jour on n'aura plus besoin de les faire.
00:01:33Je sais que c'est un rêve.
00:01:35C'est un rêve mais on espérait que ça va aller de mieux en mieux, au moins il y a de l'information.
00:01:40On vient d'une époque où on n'en parlait même pas.
00:01:42Et on vient même d'une époque où c'était presque normal. Il faut se souvenir qu'il y a une époque où on mariait les jeunes filles à 12 ans pour qu'elles soient enceintes très vite et avec des vieux de 50 ans.
00:01:53C'était il y a quelques siècles certes mais c'était comme ça.
00:01:58Les choses commencent à changer mais c'est dur.
00:02:02Oui, mais moi je trouve qu'il y a quand même une accélération et c'est ça peut-être qui m'a donné envie de commencer mon émission avec cette note d'espoir.
00:02:11Je trouve que ça doit faire 15 ans à peu près que j'aborde ce sujet dans cette émission et je trouve que depuis 2-3 ans ça s'accélère un peu.
00:02:20Oui, c'est-à-dire que la parole se libère. On parle beaucoup de l'effet Me Too.
00:02:25Donc c'est vraiment la suite et c'est-à-dire que maintenant les gens en parlent et les gens n'ont plus honte.
00:02:30On en parle suffisamment pour que plus personne, enfin plus personne en espère, n'ait honte de dire ça.
00:02:36C'est un peu plus compliqué encore pour les hommes je trouve.
00:02:38Oui, toujours. C'est toujours plus compliqué pour les hommes. On nous a éduqués à être durs, à prendre sur nous, à pas pleurer et tout ça.
00:02:46Et puis je pense quand même qu'un abus sur un homme c'est souvent une sodomie et c'est quand même un acte beaucoup plus anti-naturel si je puis dire.
00:02:56Même si c'est pas naturel de faire l'amour avec une petite fille de 5-6 ans mais la sodomie ça reste encore quelque chose de tabou.
00:03:06Oui et puis de très très difficile à envisager pour un homme puisque du coup il est féminisé.
00:03:12Alors ça peut être très bien d'être féminisé mais pas de cette façon-là.
00:03:16Surtout quand on n'en a pas envie.
00:03:17Voilà, c'est ça, quand on n'a rien voulu.
00:03:20Exactement. Et alors je crois aussi à force d'écouter les témoignages qui sont importants et essentiels, je pense que c'est aussi ce qui fait avancer les choses,
00:03:32j'ai vraiment remarqué qu'il n'y a pas de règles, c'est-à-dire que certaines personnes vont mettre des années et vont même pas arriver à s'en sortir,
00:03:40d'autres s'en sortent beaucoup mieux, c'est ça aussi la spécificité de l'être humain.
00:03:46Alors notamment quand les traumatismes ont lieu dans l'enfance, c'est-à-dire que dans l'enfance il y a des systèmes.
00:03:51Alors tout le monde, on est tous comme ça, on a tous des systèmes de défense.
00:03:55Et plus on est jeune, moins le système de défense va être adapté, puisque ce qui va se passer va être trop fort.
00:04:03C'est trop fort pour un enfant, tout ce qui arrive à ce moment-là.
00:04:06Et donc, et malgré tout, il va mettre en place un système de défense, et ce système de défense va faire les particularités.
00:04:12Il y en a qui vont se mettre en retrait, il y en a qui vont se mettre en avant, il y en a qui vont prendre de la drogue,
00:04:18il y en a toutes les possibilités, mais qui sont toujours des systèmes de défense.
00:04:23Comment j'échappe à ce qui m'est arrivé et qui est toujours là ?
00:04:26Et qui est toujours là, ça j'y tiens.
00:04:28C'est-à-dire, à force, je me rends compte qu'on ne peut pas, il y a des personnes qui disent,
00:04:32il faut aller de l'avant, il faut oublier, mais on ne peut pas oublier.
00:04:35Non, et d'ailleurs le corps n'oublie pas, le corps et le touchisme, l'intention, ça reste marqué dans la mémoire.
00:04:43C'est intéressant vraiment de voir en ce moment les actualités.
00:04:46Là, il y a deux choses que je suis, c'est Betaram et puis le procès, le Squarnec.
00:04:51Et c'est vraiment dans ces actualités, on voit vraiment comment les personnes ont des mémoires qui les poursuivent,
00:04:56et notamment avec le Squarnec, puisqu'il y avait de l'amnésie pour la plupart.
00:05:01Et pourtant, ce sont des gens qui vont faire des symptômes.
00:05:05C'est le médecin qui a abusé de ses patients ?
00:05:07C'est le chirurgien qui a abusé de plus de 300 enfants, enfin personnes, enfants,
00:05:13et avec beaucoup d'amnésie dedans, beaucoup de personnes qu'on a retrouvées après,
00:05:19et dont d'ailleurs la nouvelle de savoir qu'ils ont été abusés les a aussi traumatisés, ce qui est encore une autre affaire.
00:05:25Oui, bien sûr, parce qu'on met en place un système de défense qui fait que bon an, mal an, on tient debout.
00:05:31Puis tout d'un coup, on nous envoie un SCUD qui nous déstabilise totalement.
00:05:35Il faut le temps de retravailler tout son psychisme, ce qui est normal.
00:05:40Il y avait des traumatismes à répétition, et puis des personnes qui avaient justement des comportements,
00:05:45des symptômes, qui ne comprenaient pas pourquoi.
00:05:47Donc comme on en est toujours là, c'est-à-dire de repérer les symptômes, de repérer des comportements.
00:05:53Mais ce qui est compliqué en même temps, c'est que là on pourrait décrire tous les symptômes,
00:05:58moi je commence à les connaître par cœur, mais ce serait contre-productif,
00:06:04parce qu'on peut avoir quelqu'un qui nous écoute, qui a par exemple un symptôme de thyroïde,
00:06:09et qui pourtant n'a pas subi d'abus sexuels.
00:06:11Oui, mais c'est pour ça que c'est comme en médecine, il en faut plusieurs.
00:06:13Mais quand vous en avez plusieurs, quand vous avez, je vois sur Betaram par exemple,
00:06:18il y a des enfants qui se plaignaient aux parents, qui ne voulaient pas entendre.
00:06:21Et ces enfants, il y en a un qui décrit, il est allé chez le médecin,
00:06:24puis chez le médecin, le médecin il disait, mais qu'est-ce que c'est que ces hémorroïdes ?
00:06:27Qu'est-ce que c'est que ces... et il était sodomisé.
00:06:31Il y a des symptômes qui vont avec.
00:06:33Évidemment, les hémorroïdes toutes seules, ça ne veut rien dire.
00:06:36Mais ça, plus des comportements sexuels bizarres, des inhibitions,
00:06:41ou de la boulimie, ou de l'anorexie, ou des scarifications, et ainsi de suite,
00:06:45et des maladies, des fois vous n'avez personne qui a 4-5 symptômes en même temps,
00:06:49et bien il faut s'alarmer, que s'est-il passé ?
00:06:51Et on devrait aujourd'hui, sachant le coût à la société d'ailleurs,
00:06:57parce que ce sont des personnes qui ont souvent beaucoup de problèmes de maladies,
00:07:01et qui donc coûtent cher à la société.
00:07:03Il y a des prises de risques aussi, c'est des personnes qui souvent prennent des risques.
00:07:09Donc ce serait déjà rien que sur un plan financier, puisqu'on cherche à faire des économies.
00:07:14Ça serait intéressant, parce que plus on peut tôt permettre à un enfant de se réparer,
00:07:25mieux c'est, mieux il va se réparer évidemment.
00:07:28Bien sûr, et puis ce qu'il se passe, c'est qu'il y a une méconnaissance actuelle de tout ça,
00:07:34et donc moi je milite pour qu'il y ait une connaissance.
00:07:38Au moins chez les médecins, chez les psychologues,
00:07:41chez les gens qui sont en rapport avec les enfants déjà.
00:07:45Oui, les pédopsychiatres, tout ça.
00:07:47Vraiment tous les professionnels de santé devraient être alertés,
00:07:52et je pense que ce n'est pas le cas encore.
00:07:54Au loin de là, je vous le confirme.
00:07:56Et en tout cas, les parents qui nous écoutent,
00:07:58si votre enfant tout d'un coup ne va pas bien, c'est une question qu'il faut se poser.
00:08:03Oui, mais il ne faut pas alarmer trop les parents,
00:08:06mais il faut qu'il y ait plusieurs choses.
00:08:09C'est pour ça qu'il faut une connaissance par rapport à ça,
00:08:11et des comportements qui sont, surtout tous les comportements chez les enfants,
00:08:16tous les comportements, comment dire, brutaux, tout d'un coup,
00:08:20avec des choses extrêmement bizarres et tout ça, il faut toujours se poser des questions.
00:08:24Et ce n'est pas forcément uniquement physique,
00:08:26parce que dans ce cas-là, on va aller chez le généraliste,
00:08:28qui va dire, voilà, il a ça, ça, ça,
00:08:30sans malheureusement repérer forcément quelque chose qui a eu lieu à ce moment-là.
00:08:36C'était le cas dans cette personne qui a témoigné à Bétarame,
00:08:40et qui allait voir le médecin,
00:08:42et que le médecin constatait des choses,
00:08:44mais il ne faisait pas de rapport avec ce qui aurait pu lui arriver dans le pensionnat.
00:08:49Évidemment, parce qu'il n'était pas au courant.
00:08:51Pendant les quelques années d'études de médecine, on ne prévient pas tout ça.
00:08:56Alors que ce serait quand même pas mal de prendre 2-3 heures pour...
00:09:00Pas plus d'heures même, pour vraiment savoir exactement,
00:09:04c'est quoi les symptômes ?
00:09:06Et puis toujours pareil, comme en médecine,
00:09:08il faut qu'il soit, vous en trouvez 3-4,
00:09:10on ne va pas en prendre un tout seul,
00:09:12on en prend 3-4, et quand il y en a 3-4,
00:09:14comme en médecine, on se dit, tiens,
00:09:16ça vaut le coup d'aller voir,
00:09:18est-ce qu'il n'y aurait pas eu quelque chose ?
00:09:20C'est ce qu'on va écouter pendant ces 2 heures, grâce à vous.
00:09:24Merci de prendre la parole au 0826-300-300, à tout de suite.
00:09:28Vous voulez parler à Brigitte Lahaie ? 0826-300-300
00:09:33Sur Sud Radio, le matin, c'est Bourdin.
00:09:3714h-16h, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:09:41Bruno Clavier est avec nous,
00:09:44et je rappelle que vous êtes également l'auteur de ce livre
00:09:47« Devenir un bon ancêtre » aux éditions Payot,
00:09:50où vous parlez à la fois de votre âge, osons le dire,
00:09:54et puis aussi de votre vécu,
00:09:57et de tout ce que vous savez dire si bien tous les jours,
00:10:01à chaque fois que vous venez à l'antenne.
00:10:03Iris, bonjour.
00:10:05Oui, bonjour à vous deux.
00:10:07Merci de cette possibilité d'échange.
00:10:11Merci à vous, surtout.
00:10:14Alors, racontez-nous, je crois que vous avez été violée
00:10:17quand vous aviez 13 ans, c'est ça ?
00:10:19Tout à fait, sauf que je n'ai pas du tout pris conscience de ça tout de suite.
00:10:23C'est il y a très peu de temps, en fait.
00:10:25C'est en entendant l'actualité,
00:10:27les différentes femmes qui sont en train de parler,
00:10:29que j'ai pris conscience qu'effectivement,
00:10:31il y avait quelque chose qui ne collait pas dans mon histoire.
00:10:35Et surtout, sur des surréactions
00:10:40par rapport à des événements qui n'ont rien à voir, en fait.
00:10:45Vous vous souveniez de ce qui s'est passé quand vous aviez 13 ans ?
00:10:50Oui, mais j'ai eu un blackout,
00:10:53et surtout, je n'ai pas mis ce mot-là, en fait.
00:10:56Pour vous, vous aviez été...
00:10:58C'était une mauvaise expérience,
00:11:00pas au bon moment, pas au bon...
00:11:02Mais en tout cas, je n'avais pas réalisé à quel point c'était ça, en fait.
00:11:07Alors, c'est très intéressant, votre témoignage,
00:11:09parce que ça montre bien ce qui se passe
00:11:12par rapport au fait qu'on lève un peu ce tabou.
00:11:14C'est-à-dire que si ça arrive à une femme aujourd'hui,
00:11:18enfin, à une jeune fille, parce qu'à 13 ans, on est encore une fille,
00:11:22aujourd'hui, sans doute que tout de suite,
00:11:25elle peut être apte à considérer que ce n'est pas normal, ce qui lui arrive.
00:11:31Comme Iris, c'est-à-dire parce qu'on parle différemment.
00:11:35Donc maintenant, comme dans l'ensemble de la communauté,
00:11:38on parle différemment, on peut l'entendre différemment.
00:11:42Je pense à Iris, quand elle avait 13 ans, on n'en parlait pas, j'imagine.
00:11:47C'est ça, Iris ?
00:11:50Oui, tout à fait.
00:11:51Donc, à ce moment-là, vous ne pouviez pas prendre en conscience.
00:11:56Et puis, de toute façon, vu l'environnement, vu ce qui s'était passé,
00:11:59je ne pouvais en aucun cas parler, en fait.
00:12:01Parce que quand j'ai parlé, ça ne se passait pas bien.
00:12:03Donc, c'est dans un contexte familial, en fait.
00:12:06Mes parents étant les plus jeunes, moi, j'étais la plus jeune fille de la famille.
00:12:13Donc, mes cousins, mes cousines étaient tous plus âgées.
00:12:16Donc, moi, j'avais 13 ans, eux, ils avaient tous minimum 18 ans.
00:12:20Du coup, je suis allée, lors d'un anniversaire d'une cousine,
00:12:24je logeais pour un anniversaire, pour fêter cet anniversaire-là.
00:12:28Et puis, il y avait des plus grands, minimum 18, 20, 25 ans.
00:12:35Et moi, j'ai pris de l'alcool, j'ai fait comme tout le monde, en fait.
00:12:40Comme les grands, bien sûr.
00:12:41Voilà, comme les grands.
00:12:42Et puis, j'avais ma cousine qui était à côté.
00:12:44Donc, tout se passait bien.
00:12:45Elle me protégeait sans que l'on me rencontre vraiment, en fait.
00:12:48Et puis, tout d'un coup, ma cousine est partie, elle, de son côté,
00:12:51dans la soirée, puisque la soirée se déroulant.
00:12:54Elle est partie de son côté avec, sans doute, un petit copain.
00:12:57Et puis, moi, je me suis retrouvée seule et je me suis retrouvée avec un garçon
00:13:00où il y avait beaucoup de pression, ce garçon.
00:13:02Puisque c'était le seul qui n'avait pas eu de relation sexuelle, en fait.
00:13:06Et donc, du coup, il y a quelque chose qu'à un moment,
00:13:10moi, j'ai commencé un peu à prendre des choses,
00:13:12de la vodka, il y avait des choses.
00:13:15Donc, c'était un peu moins...
00:13:17Oui, moins lucide, bien sûr.
00:13:19Oui, tout à fait.
00:13:20Et puis, en fait, ce qui s'est passé, c'est qu'il y avait un garçon
00:13:25qui était vraiment, vraiment très embêté par ses copains
00:13:28qui avait, justement, qui poussait de dire
00:13:32bah tiens, t'as pas eu de relation, écoute, c'est peut-être ce soir ou jamais, quoi.
00:13:36Et du coup, me désignant, en fait.
00:13:38Et donc, je n'ai pas très bien compris.
00:13:41C'est le groupe, donc, qui vous désigne.
00:13:43C'est ça, tout à fait.
00:13:45C'est important, ça.
00:13:46Ça me fait penser au film...
00:13:47Que je ne connaissais pas.
00:13:48Ça me fait penser au film que j'avais vu avec Judy Foster
00:13:51où, justement, il y a tout le groupe qui insiste.
00:13:55Et donc, cet homme, ce jeune homme, vous prend pour se dépuceler, en quelque sorte.
00:14:01C'est ça, tout à fait.
00:14:03Il avait quel âge ?
00:14:05Je pense qu'il avait 20 ou 22 ans.
00:14:08Oui, c'est ça.
00:14:10Et donc, du coup, on était à la campagne.
00:14:13Donc, j'étais chez mes cousins.
00:14:15Je dormais chez mes cousins, quand même.
00:14:17Mon oncle et ma tante.
00:14:18Du coup, on est à la campagne.
00:14:20Donc, on se promène.
00:14:24On discute.
00:14:25Enfin, je ne sais pas.
00:14:26Je n'ai très peu de souvenirs.
00:14:27Donc, on va, en tout cas, dans une grange.
00:14:29Je me souviens de la matière.
00:14:30En tout cas, matière et odeur.
00:14:32C'était dans de la paille.
00:14:33Et, en fait, black-out.
00:14:36Oui.
00:14:37Et quand je prends conscience, il fait jour.
00:14:41Et j'essaie de me rhabiller.
00:14:43Et il me manque quelque chose.
00:14:45Il me manque ma culotte.
00:14:47Et donc, du coup, je cherche partout.
00:14:49Je ne trouve pas.
00:14:50Je descends au petit-déjeuner.
00:14:51Donc, il y avait mon oncle, ma tante, tout le monde.
00:14:53C'est fou.
00:14:54Ils étaient là.
00:14:55Et mon oncle avait sur la table la fameuse culotte.
00:14:58Ah oui.
00:15:00Et il l'exhibe à tout le monde.
00:15:02C'est incroyable, oui.
00:15:04Donc, moi, je rentre dans une colère.
00:15:06Je détestais cette personne, déjà.
00:15:08Parce qu'il s'était déjà passé plusieurs choses avec mes parents.
00:15:11Dans d'autres événements de famille, aussi.
00:15:13Et du coup, mon cousin se moque aussi de moi.
00:15:18Il était de mon âge, lui.
00:15:20Mais bizarrement, il n'était pas à la soirée.
00:15:22Et en fait, du coup, je récupère mon bien.
00:15:26Et donc, je pars.
00:15:28Je rentre chez moi.
00:15:30Et je dis ça à ma mère.
00:15:32Et ma mère me mène aller-retour.
00:15:34Oui.
00:15:36C'est là où on voit ce double traumatisme.
00:15:39Il y en a partout.
00:15:41Ça continue.
00:15:42Parce que le lendemain, lui, je lui avais dit que j'étais à une fête de famille.
00:15:45Et donc, lui se permet de venir à cette fête de famille.
00:15:49Qui n'est pas du côté de ma maman.
00:15:51Il fait ses 50 kilomètres en mobilette.
00:15:53Et il arrive dans le groupe.
00:15:55Et moi, quand je le vois arriver, je l'insulte de tous les noms.
00:15:58Je lui dis de dégager.
00:16:00J'étais très en colère.
00:16:02Et toutes mes cousines me disent, attends, il vient de faire 50 kilomètres.
00:16:04Il vient de voir. Il a l'air charmant, comme tout.
00:16:06Et je suis excédée.
00:16:09Du coup, je me dégage de ça.
00:16:15Et ce qui est fou, c'est que c'était un ami de mes parents.
00:16:20C'était un ami de ma maman.
00:16:22Les parents.
00:16:24On a eu l'occasion de se revoir après.
00:16:26Et ma maman est venue me voir en me disant,
00:16:29écoute, c'est quelqu'un que tu comptais beaucoup pour notre fils.
00:16:33Il a refait sa vie aujourd'hui.
00:16:35Il a des enfants.
00:16:36Je suis toujours très importante pour lui.
00:16:38Et lui, entre temps, malheureusement, avant d'avoir un bébé et de faire sa vie,
00:16:42il a été entraîné par cette bande qui était vraiment une bande pas bien du tout.
00:16:47Et qui l'avait fait occasionner de la prison.
00:16:50Il avait fait de la prison parce qu'il avait fait des bêtises sur des voitures.
00:16:54Je ne sais pas quoi.
00:16:55Il a été vraiment pris dans une bande qui n'était pas du tout...
00:17:00Voilà.
00:17:03Ce qu'il fout aujourd'hui, c'est que je m'aperçois qu'il se répète des choses.
00:17:07Je réagis très mal quand on me vole une idée,
00:17:10quand on me vole mon job,
00:17:12ou quand on me vole un événement même pour ma fille.
00:17:16Il lui est arrivé des choses aussi comme ça.
00:17:19Je me suis dit, ce n'est pas possible, il faut que je fasse quelque chose
00:17:24qui me permette de faire un rituel,
00:17:27quelque chose qui me permette de prendre soin de ça pour que les choses s'arrêtent.
00:17:31Je ne fais plus cette transmission et que ça s'arrête.
00:17:34Parce que ma fille a vécu des choses aussi comme ça.
00:17:36Harcèlement à l'école, bref, je vous passe les détails.
00:17:39Je suis complètement désarçonnée.
00:17:42Je dirais, le premier rituel, je pense que vous l'avez fait, c'est une thérapie.
00:17:49A ce propos, vous n'avez pas fait spécialement de thérapie sur cet événement ?
00:17:54Pas du tout, parce que c'est en entendant le procès de Pardieu la semaine dernière
00:17:59avec les femmes qui parlaient et je me suis dit, mais il y a un truc qui ne colle pas là.
00:18:04Et puis les réactions qui se sont accélérées la semaine dernière
00:18:11avec mon compagnon sur des choses où je lui donne des idées
00:18:16qui puissent être réutilisées pour autre chose et de me sentir complètement dépossédée.
00:18:21On va dire même violée.
00:18:23Oui, c'est ça. Et ça m'arrive dans plein de choses.
00:18:29Par rapport au matériel, par rapport à tout ça, c'est quelque chose qui se répète.
00:18:34C'est-à-dire que ce qui se passe, c'est pour ça que je vous dis,
00:18:37le premier rituel, c'est quand même une thérapie, mais je le précise,
00:18:41une thérapie adaptée, c'est-à-dire avec un thérapeute qui connaît le sujet,
00:18:45parce que le sujet est complexe et les thérapeutes ne le connaissent pas forcément.
00:18:49Et que vous puissiez suivre cette thérapie pour, on va dire, enlever les effets d'un immense traumatisme
00:18:54que vous dites, vous avez parlé de blackout, mais c'est un vrai blackout généralisé
00:18:58et qui va avoir des effets sur la vie entière, comme vous le dites,
00:19:02et sur plein de détails. On oublie ça, on oublie que des gens vont devenir timides,
00:19:06qu'ils ne pourront pas parler en public, qu'ils auront honte d'eux, et ainsi de suite.
00:19:10Moi, je dis que c'est une brome à fragmentation.
00:19:13Une fois quelque chose comme ça est arrivé, il y a des effets dans toute notre vie sur plein d'aspects.
00:19:18Donc le premier rituel, ce que je vous conseillerais, ce serait une thérapie adaptée.
00:19:22Et le deuxième, par rapport à votre question, de parler à votre fille.
00:19:26Alors ça, que vous parliez entre vous, parce que pour la prémunir,
00:19:29il faut vraiment que vous puissiez parler de ça, qu'elle soit au courant.
00:19:33Elle a été au courant parce que je lui en ai parlé,
00:19:36parce que je lui ai dit, moi je voulais absolument que quand elle rencontre un garçon,
00:19:40qu'elle s'assoit à la maison, qu'elle ne soit pas dans une situation comme ça.
00:19:45Moi, j'ai fait une thérapie, mais je n'ai pas abordé ce sujet précis, en fait.
00:19:49C'était collatéral, et la discussion que j'ai eue avec elle,
00:19:52c'était effectivement sur le fait de la prévenir des contextes de ce qui pouvait se passer.
00:20:01Et c'est là où on voit, puisqu'aujourd'hui aussi, on a envie de prévenir les parents,
00:20:05on voit bien là pourquoi on laisse une gamine de 13 ans
00:20:11dans une soirée où tous les jeunes picolent,
00:20:14avec des jeunes qui sont dans des âges aptes à être agressifs.
00:20:20C'est là où on voit, encore une fois, et puis je ne parlerai même pas de votre oncle,
00:20:25qui brandit votre culotte comme un trophée.
00:20:28On est déjà dans quelque chose de l'ordre de l'inceste.
00:20:30Quand l'oncle ose faire ce qu'il vous a fait,
00:20:34c'est pour ça qu'il faudrait vraiment pouvoir aborder tout ça.
00:20:38Et c'est pour ça que vous avez raison quand vous dites, dans les thérapies,
00:20:40que ça peut être collatéral.
00:20:42Pour moi, quand quelqu'un subit ça, ce n'est pas collatéral, c'est central.
00:20:46Et il faut bien comprendre, pour tous ceux qui nous écoutent,
00:20:50qu'à ce moment-là, Eris, vous avez 13 ans,
00:20:53et vous n'êtes pas dans un milieu où on vous sécurise.
00:20:58Et c'est ça qui est terrible.
00:21:00C'est-à-dire que comment peut-on, dans la vie ensuite, faire confiance à la vie, aux autres,
00:21:05quand on a vécu un tel traumatisme ?
00:21:08Ça crée en effet des failles de partout dans le corps.
00:21:14Et je crois que c'est en effet ce que vous dit Bruno Clavier.
00:21:17Vraiment, écoutez-le et allez faire ce chemin de rituel pour aller mieux.
00:21:24Et merci. Merci beaucoup de ce témoignage.
00:21:26Merci.
00:21:28Comment se reconstruire après un abus sexuel ou un viol ?
00:21:32On en parle aujourd'hui avec Bruno Clavier.
00:21:34Si vous souhaitez apporter votre témoignage, 0826 300 300.
00:21:47Eh bien, Bruno Clavier, on va parler de nos blessures d'enfants.
00:21:51Et c'est vrai que c'est important de les comprendre.
00:21:54Elles sont au nombre de sept principalement.
00:21:57Je les resitue toutes.
00:21:59La trahison, l'humiliation, le sentiment d'injustice ou d'impuissance,
00:22:03de honte, d'abandon, de rejet.
00:22:06Alors on peut en rajouter d'autres.
00:22:08Mais en fait, ce sont un peu à ce moment-là des sous-blessures.
00:22:11Alors ces blessures, elles peuvent être réactualisées lors d'une rupture, d'un licenciement.
00:22:16En fait, c'est des moments qui sont difficiles à vivre.
00:22:19Et ça peut en effet faire remonter cette blessure ancienne.
00:22:23Et on pourra mieux surmonter l'épreuve.
00:22:26Et on pourra mieux sortir de ce sentiment de victime qui nous empêche toujours de rebondir.
00:22:30Donc c'est important de bien les comprendre et les connaître, nos blessures d'enfance.
00:22:34On évitera aussi la somatisation.
00:22:36Parce qu'il y a souvent des problèmes physiques ou de santé
00:22:40qui sont dus à l'incapacité de comprendre en profondeur
00:22:43pourquoi on a cet événement certes douloureux, mais toujours pas digéré.
00:22:48Et c'est vrai que le corps prend ce que l'esprit n'a pas pu élaborer.
00:22:53Et c'est ça qui est intéressant.
00:22:55Et évidemment, comme on parle aujourd'hui des abus,
00:22:57on voit aussi comment le corps prend ce que l'esprit n'a pas pu élaborer.
00:23:02Oui, toujours. Le corps met tout.
00:23:04Parce qu'on peut dire qu'il y a plusieurs domaines.
00:23:06Il y a le comportement qui prend aussi.
00:23:08Il y a le caractère qui prend tout ça.
00:23:10C'est quelque chose de général.
00:23:13Alors, on ne va pas faire une émission sur les blessures d'enfant,
00:23:16mais toujours est-il que quand on a une réaction trop forte
00:23:20par rapport à un événement qui a priori n'est pas aussi important que ça,
00:23:24c'est généralement parce que ça réactive une blessure d'enfant.
00:23:27Bien sûr. Et en général, aussi malheureusement dans le couple,
00:23:30on a tendance à faire porter à l'autre nos blessures d'enfant.
00:23:33C'est pour ça qu'on conseille les thérapies pour ne pas trop faire porter à l'autre.
00:23:37Absolument. Parce que l'autre ne nous blesse pas pour le plaisir de nous blesser.
00:23:40Il nous blesse parce qu'il touche notre point fragile.
00:23:44Voilà. Et puis quand, par exemple, on parlait du sentiment d'abandon,
00:23:48c'est très fréquent.
00:23:50L'abandon, c'est vrai que c'est l'abandon de notre enfance qui revient tout le temps.
00:23:53Ou le rejet, ou ainsi de suite.
00:23:55C'est ce vieux dossier qui revient et qui ne concerne pas forcément le partenaire.
00:24:02Non, absolument.
00:24:04Voilà pourquoi c'est important de se comprendre avant d'accuser les autres.
00:24:09Angela, bonjour.
00:24:11Oui, bonjour.
00:24:13Bonjour, merci d'être avec nous.
00:24:15C'était quand vous aviez 8 ans, je crois ?
00:24:19Alors, oui. En fait, moi je ne me rappelais pas.
00:24:23C'était de l'amnésie.
00:24:25Je me suis rappelée seulement à la naissance de ma fille,
00:24:28dans les années qui ont suivi.
00:24:31Ce qui est assez fréquent.
00:24:33Ah oui, très très fréquent.
00:24:35Autant chez les hommes que chez les femmes.
00:24:38C'est à la naissance d'un enfant que la mémoire revient.
00:24:42Ou quand l'enfant a l'âge du moment où vous avez vécu le traumatisme.
00:24:47Oui, ça s'était sur plusieurs années.
00:24:49Le retour de souvenirs s'était sur plusieurs années.
00:24:52Je me suis rappelée en premier lieu, de manière totale,
00:24:57à un inceste par mon grand-père paternel.
00:25:01Et ensuite j'ai eu des souvenirs partiels plus flous,
00:25:07d'un abus de mon père, qui était un espéiste.
00:25:13Et ma mère m'a examinée, j'étais gynéco, quand j'avais 14-15 ans.
00:25:17Voilà pour faire court.
00:25:27Je ne sais pas si on appelle ça un abus.
00:25:29Elle m'a examinée, je ne voulais pas, parce que j'avais mal au ventre.
00:25:32Et c'est elle qui a pris l'initiative de m'examiner,
00:25:35même si je ne le souhaitais pas forcément,
00:25:37mais elle m'a fait peur, donc j'ai accepté.
00:25:40Je pense qu'à ce moment-là, on peut parler d'abus, effectivement.
00:25:43Oui, parce que vous êtes à un âge où vous avez votre intimité.
00:25:49On sait très bien qu'à partir de 12-13 ans,
00:25:53parfois même un peu avant, l'enfant a envie de garder sa nudité pour lui.
00:25:58Et là, j'imagine bien que c'est un objet qui vous abuse,
00:26:03mais c'est quand même un objet.
00:26:05Oui, c'est des souvenirs très flous.
00:26:07Il n'y a que le grand-père, ça tourne.
00:26:09C'est totalement limpide.
00:26:11C'est revenu comme un film.
00:26:13Un mauvais film.
00:26:15Et là, j'ai tous les souvenirs d'avant, pendant, après.
00:26:19C'était très violent.
00:26:21Et après, c'est beaucoup plus partiel, beaucoup plus flou.
00:26:25Mais j'ai pleuré pendant des années quand je me suis rappelé mon père, par exemple.
00:26:30Je ne peux plus m'examiner, ni au niveau gynécologique,
00:26:34ni au niveau des médecins.
00:26:35C'est très compliqué.
00:26:36Je ne peux plus me mettre toute nue, ou en culotte.
00:26:39J'ai eu beaucoup de harcèlement quand je me suis rappelé aussi,
00:26:42pendant une longue période.
00:26:43Donc là, j'ai eu un arrêt maladie,
00:26:45et je suis en train de me reconvertir.
00:26:46Maintenant, ça commence à aller mieux.
00:26:48Mais ça a été très compliqué.
00:26:52Vous avez fait une thérapie ?
00:26:55Vous avez essayé d'avancer là-dessus ?
00:26:58Oui, parce que je souhaite être art thérapeute.
00:27:01J'ai maintenant fini ma formation de trois années d'art thérapie.
00:27:04Et je fais d'autres thérapies en parallèle, du coaching, de l'hypnose.
00:27:08J'ai fait des thérapies par le corps,
00:27:10de la méditation, énormément, énormément, énormément de choses.
00:27:14Et je pense que je n'en ai pas tout à fait fini,
00:27:17mais je pense avoir quand même avancé déjà beaucoup, beaucoup.
00:27:21Sans doute, oui.
00:27:23Oui, bien sûr.
00:27:24Comment vous vous sentez dans votre corps, justement, aujourd'hui ?
00:27:29Alors, c'est le corps où je commence tout juste à avoir en thérapie
00:27:33des choses qui ressortent au niveau du corps.
00:27:35Où je revis des symptômes.
00:27:38Donc j'ai l'impression que c'est la dernière chose qui me reste, en fait.
00:27:41J'ai l'impression d'être assez au clair sur beaucoup de choses,
00:27:44mais que le corps n'est pas encore totalement, entre guillemets, nettoyé.
00:27:48Oui, c'est ça.
00:27:49Vous avez une bonne expression.
00:27:51Il faut que le corps soit nettoyé de ses mémoires,
00:27:53parce qu'elles sont traumatiques et elles sont dangereuses, presque.
00:27:57Elles peuvent nous amener des maladies, quand même.
00:28:00Oui, j'ai des soucis, je ne sais pas comment on appelle ça,
00:28:06de l'intestin irritable, par exemple, et encore quelques phobies, effectivement.
00:28:13Oui, c'est un marqueur, celui-là.
00:28:15Il y a eu une étude sur l'intestin irritable aux Etats-Unis.
00:28:19Il n'y en a pas eu en France, mais il y a une étude qui montrait
00:28:21que 80% des personnes qui ont ce syndrome,
00:28:26ont été abusées.
00:28:28C'est des études, et c'est un gastroenterologue qui l'a présenté
00:28:31dans un colloque auquel je participais.
00:28:34Donc, vous pouvez le mettre comme un marqueur
00:28:38et un des résultats très fréquents.
00:28:41Il y en a eu beaucoup d'autres, mais je les ai déjà soignées.
00:28:44J'avais de l'insomnie, mais ça, ça a été soigné au fil des années.
00:28:48Je n'arrivais plus à dormir du tout.
00:28:50La naissance de ma fille, si je dormais une heure, j'étais heureuse déjà.
00:28:53Mais tout ça, c'est du passé, j'arrive à peu près à terminer maintenant.
00:28:58Ce qui est évidemment facile à comprendre,
00:29:01c'est que quand on a du mal à s'endormir,
00:29:04c'est parce que quand on s'endort, on est plus vulnérable.
00:29:07Et donc, on reste avec la tour de contrôle toujours allumée, si je puis dire.
00:29:11Oui, c'est ça. En vigilance totale.
00:29:13C'est à l'hyper-vigilance, c'est comme ça.
00:29:15Oui, parce que ce n'est pas la nuit pour le grand-père.
00:29:18C'est ça, oui.
00:29:20C'est pour ça que je vous disais comment vous vous sentez dans votre corps.
00:29:23Parce qu'encore une fois, je parlais de sécurité avec Iris.
00:29:27Puisqu'on voyait bien comment elle n'a pas été sécurisée par sa famille.
00:29:33Et vous, c'est pareil.
00:29:35Quand le grand-père se permet de rentrer dans votre chambre
00:29:40et de profiter de vous,
00:29:43on voit bien qu'il n'y a pas de limite.
00:29:46Il n'y a pas de respect de l'enfant.
00:29:49Non, ça a été très médité.
00:29:51Et je n'aurais pas dû dormir toute seule.
00:29:53Et en plus, je me suis évanouie.
00:29:55Il était déjà sur moi.
00:29:56Je lui ai dit que j'avais mal. Il a continué.
00:29:59Vous avez bien parlé du grand-père maternel.
00:30:02Ou c'est le paternel.
00:30:04Oui.
00:30:05Le paternel, c'est ça.
00:30:07Ce qui implique quelque chose qui serait possible justement par rapport à votre père,
00:30:11c'est qu'en général, on apprend beaucoup avec les faits divers en ce moment.
00:30:15Quand on parle du chirurgien, quand il y a 300 victimes,
00:30:18c'est que dans ces familles-là, quand il y a un inceste, il y en a plusieurs.
00:30:21Donc ça veut dire que tout le monde peut être concerné.
00:30:23Votre père aussi, par lui, et ainsi de suite.
00:30:26Des tantes, s'il y en a.
00:30:28Oui, je pense. C'était que des garçons.
00:30:31Mais je pense que mon père a des façons de faire très spéciales.
00:30:35Et après, malheureusement, il y a reproduction sur ses propres enfants par certaines personnes.
00:30:40Il y en a qui ne passent pas à l'acte, et puis il y en a qui passent à l'acte.
00:30:43Oui. A priori, ils seraient passés à l'acte.
00:30:46Il y a eu de l'incestuel, dont par contre, je me rappelle extrêmement bien,
00:30:50en plein, beaucoup de détails, et qui a été validé par ma sœur,
00:30:54qui était présente par contre, par l'incestuel.
00:30:56Par rapport à votre père ?
00:30:58Oui, l'incestuel, ma sœur était présente,
00:31:00donc elle a pu valider avec des années de recul.
00:31:03Il a fallu plus de temps, mais elle a pu valider ce que j'avais dit.
00:31:06Qu'est-ce que vous appelez incestuel ?
00:31:07C'est quand votre mère vous ausculte, c'est ça ?
00:31:11Non, non, c'est quand il y avait des jeux.
00:31:13Je me rappelle deux bannes, et là on était vraiment très petites,
00:31:15mais je pense qu'il y avait déjà des choses un peu spéciales.
00:31:17Mais après, je me rappelle, strip-tease pour s'amuser, soi-disant,
00:31:21et des photos de nous toutes nues, soi-disant, pour faire des photos de bébés.
00:31:27Sauf qu'on était grandes, on n'était pas...
00:31:30C'est ce que je veux dire par rapport à l'incestuel,
00:31:32parce qu'il y a un gros problème avec ça maintenant,
00:31:34c'est un mot qui est un peu galvaudé,
00:31:36et les personnes n'ont pas compris.
00:31:38C'est un mot qui a été inventé par un psychanalyste français,
00:31:43l'incestuel, et c'est vraiment une forme symbolique d'inceste.
00:31:47Ça veut dire, dès qu'il y a un seul élément sexuel,
00:31:51ce n'est plus de l'incestuel, c'est de l'inceste.
00:31:54Par exemple, ce que vous dites là, le strip-tease,
00:31:56c'est voyeurisme-exhibitionnisme.
00:31:58Donc c'est une catégorie pénale,
00:32:00donc ce n'est plus de l'incestuel, c'est déjà de l'inceste.
00:32:04Vous voyez des photos nues quand vous êtes grand, tout ça,
00:32:09parfois dans certaines familles sous couvert artistique,
00:32:12et bien non, c'est une catégorie pénale.
00:32:15On appelle ça voyeurisme-exhibitionnisme,
00:32:17et donc ce n'est déjà plus de l'incestuel.
00:32:19L'incestuel, il faut que ça soit symbolique,
00:32:21il ne faut pas qu'il y ait de sexuel.
00:32:23Donc pas d'intimité de corps nu, par exemple.
00:32:28La frontière, en fait, elle est très très très faible,
00:32:32et puis ça va dépendre, encore une fois, du contexte.
00:32:34Si on est en club naturiste, il n'y a pas de problème.
00:32:38Bien sûr, mais il y a un contexte.
00:32:40Mais ça, c'est toujours dans les familles, dans l'intimité, c'est tout à fait autre chose.
00:32:43Quand on est un homme et qu'on prend sa douche avec une fille de 10 ans,
00:32:49on est dans quelque chose qui est déjà de l'inceste.
00:32:52Oui, c'est ça.
00:32:53Et même si beaucoup y mettraient le mot incestuel,
00:32:56mais voilà, incestuel, finalement, c'est un mot.
00:33:01C'est Racamier, je crois, d'ailleurs.
00:33:03Oui, c'est Paul Claude Racamier,
00:33:08qui a défini ça comme étant vraiment une forme symbolique,
00:33:10et il était très très précis là-dessus.
00:33:12Oui, son livre est très intéressant.
00:33:14C'est d'ailleurs lui qui a le premier parlé des pervers narcissiques.
00:33:17C'est ça, il a fait un gros travail dans les années 70-80.
00:33:23Je crois que c'est un mot qu'on ne devrait utiliser que quand on est entre psy,
00:33:28parce que sinon, c'est très confus pour les gens.
00:33:31Oui, c'est ça.
00:33:32Ça va donner la confusion et ça va justifier presque le fait qu'il ne s'est rien passé.
00:33:36Or, à ce moment-là, il s'est passé quelque chose.
00:33:38Exactement, exactement.
00:33:40Écoutez, merci de votre témoignage, Angela,
00:33:43et puis bon courage parce que je sens bien que vous êtes en train de nettoyer tout ça.
00:33:48Et encore une fois, oui, revenez à votre corps,
00:33:51et c'est lui qui va vous guider.
00:33:54On fait une petite pause, on se retrouve dans un instant.
00:33:57Vous voulez parler à Brigitte Lahaye, 0826-300-300,
00:34:0214h-16h, Brigitte Lahaye, Sud Radio.
00:34:06Bruno Clavier est avec nous, psychanalyste, psychologue clinicien,
00:34:10auteur de nombreux ouvrages justement sur l'inceste,
00:34:14et on en parle avec vous.
00:34:16Merci d'être là et de témoigner.
00:34:18Bonjour, Suzy.
00:34:20Bonjour Brigitte, bonjour Bruno.
00:34:22Merci de me recevoir à l'antenne.
00:34:24Je vous en prie.
00:34:25On vous écoute, allez-y.
00:34:27Déjà, j'ai commencé par tomber sur votre émission,
00:34:31et ça m'a peut-être un peu mis la puce à l'oreille,
00:34:35dans la mesure où déjà, moi je souffre d'une maladie
00:34:39dont je cherche toujours les origines,
00:34:41et les traitements qui sont adaptés par exemple à une maladie de la thyroïde ne fonctionnent pas,
00:34:46donc c'est compliqué,
00:34:48mais bien sûr je ne vous aurais pas appelé que pour ça.
00:34:50Je vous ai appelé parce que
00:34:53je me souviens dans mon enfance d'avoir été souvent en contact
00:34:58lors des vacances par exemple, avec un oncle.
00:35:01C'était avant 9 ans,
00:35:03donc je n'ai pas trop trop de souvenirs,
00:35:05mis à part qu'après j'ai grandi
00:35:07et que j'ai vu qu'on appelait ça un gros vicieux,
00:35:11quelqu'un qui avait les mains baladeuses,
00:35:13qui avait toujours un humour extrêmement porté sur la chose,
00:35:17avec son chat,
00:35:19qui la caressait aussi de manière presque obscène,
00:35:23et moi je faisais attention par exemple avec mes enfants.
00:35:26Et il se trouve que quand j'étais enfant avant 9 ans...
00:35:29C'est-à-dire que vous ne vouliez pas que vos enfants restent trop proches de lui ?
00:35:34Tout à fait, surtout pas les genoux et tout ça.
00:35:37Même mon mari, il veillait avec bienveillance on va dire,
00:35:42il faisait attention à ça,
00:35:44et du coup moi dans mon enfance avant 9 ans,
00:35:47après mes parents se sont séparés,
00:35:49donc avant 9 ans il m'est arrivé d'aller chez eux en vacances,
00:35:53et je me souviens parfois dans ces vieilles maisons
00:35:56où les lits étaient assez hauts, vous savez,
00:35:59où je revois ma tante arriver et dire en criant un peu
00:36:04« Mais qu'est-ce que tu fais là ?
00:36:06Tu sais bien que tu as interdiction de t'occuper de celui-là.
00:36:13Si sa mère le sait, tu sais ce qu'il va se passer. »
00:36:19Bref, ça me revient de plus en plus.
00:36:22Plus tard, quand je parlais à cet homme,
00:36:25mon oncle se mordiait les lèvres toujours,
00:36:29il passait sa langue sur ses lèvres.
00:36:32Moi ça me gênait dans la discussion,
00:36:35je n'aimais pas ça, il n'y a que lui qui faisait ça par exemple.
00:36:38Et puis aujourd'hui par exemple à ma sexualité,
00:36:40je rencontre quand même des problèmes,
00:36:42parce que je n'arrive jamais à atteindre l'orgasme par exemple.
00:36:45Et je sais que j'ai une amie qui, son psy, a dit
00:36:49que ça pouvait révéler d'avoir subi par exemple
00:36:53des attouchements ou des choses comme ça dans sa enfance.
00:36:59Ça je reste très très mesurée sur ce genre d'arguments.
00:37:05C'est toujours le problème,
00:37:07on fait parfois des raccourcis.
00:37:10Ce n'est pas parce qu'une femme n'atteint pas l'orgasme
00:37:13qu'elle a forcément subi des abus.
00:37:15Malheureusement, beaucoup de femmes ont du mal à atteindre l'orgasme.
00:37:18Mais vous dites plusieurs choses qui sont troublantes évidemment.
00:37:23Et surtout quand vous parlez avant-neuvent,
00:37:25est-ce que vous êtes amnésique de la période d'avant-neuvent ?
00:37:29Est-ce que vous avez très peu de souvenirs ?
00:37:31Non.
00:37:33Je trouve que j'ai plutôt une bonne mémoire,
00:37:36c'est pour ça que je ne veux pas qu'il y ait confusion
00:37:38et que dans ma tête ça s'embrouille.
00:37:41Parce que non, avant-neuvent, moi je n'ai pas de souvenirs.
00:37:44Mais jusqu'à quel âge vous vous souvenez ?
00:37:47Quel est le plus mointain dont vous vous souvenez ?
00:37:51Il y a des personnes qui ne savent pas avant 6 ans, avant 5 ans ?
00:37:56Ah non, non, non, moi avant.
00:37:58Avant parce que j'ai l'impression que je me souviens de mon petit frère
00:38:01encore dans le berceau.
00:38:03Dans ce cas-là, j'aurais 3 ans et demi.
00:38:06D'accord.
00:38:07C'est-à-dire qu'il y a quand même parfois des amnésies sélectives.
00:38:10Ça existe aussi, donc je l'ai rencontré.
00:38:13C'est-à-dire des personnes qui pensent se souvenir à peu près de tout
00:38:16et qui ne se souviennent pas d'un événement ou deux ou trois.
00:38:19Parce que l'épisode que vous racontez avec l'oncle
00:38:22est quand même trouble.
00:38:25C'est quand même trouble,
00:38:27c'est ce que vous n'avez pas inventé cette scène.
00:38:29Et quand sa femme lui dit
00:38:30tu sais que tu n'as pas le droit d'être là avec Suzy,
00:38:32c'est qu'il y a quelque chose.
00:38:33C'est ce que j'allais dire, c'est surtout ces phrases
00:38:35dont vous vous souvenez très clairement
00:38:37qui laisse à penser qu'il y a peut-être quelque chose.
00:38:39Et puis de toute façon,
00:38:41ce que j'ai presque envie de vous dire,
00:38:43Suzy, c'est que cet oncle
00:38:45obscène, comme vous l'avez justement dit,
00:38:48de toute façon,
00:38:50quand on laisse une gamine avec un être comme ça aussi obscène,
00:38:55forcément, il y a quelque chose qui...
00:38:58Un dérapage, un moment ou un autre...
00:39:00On n'est pas en train de dire qu'il vous a violé,
00:39:03on n'en sait rien.
00:39:04Il y a que vous qui pourrez peut-être un jour trouver la réponse.
00:39:07Mais il a certainement eu les mains baladeuses,
00:39:09comme vous avez très justement dit.
00:39:11Et déjà ça, c'est de l'inceste.
00:39:15Et c'est pour un enfant, c'est du viol.
00:39:18Une main baladeuse, c'est comme du viol, c'est pareil.
00:39:20C'est pas parce qu'il y a de la peau
00:39:22et qu'il ne rentre pas à l'intérieur du corps
00:39:24que ce n'est pas un viol,
00:39:25même si la définition du viol, c'est la pénétration.
00:39:27Mais là, c'est un viol quand même.
00:39:29Puisque les attouchements,
00:39:31ce qu'on appelle les attouchements,
00:39:33ont des conséquences incroyables.
00:39:35Donc voilà, c'est possible.
00:39:38Et c'est vrai que, comme dit Brigitte,
00:39:39vous allez le savoir un moment ou un autre
00:39:41si ça vous intéresse.
00:39:42Alors, en fait, si je vous appelle forcément
00:39:44c'est un peu pour ça.
00:39:45C'est parce que, comme je suis en errence médicale,
00:39:47je me dis, est-ce que j'arrête avec la médecine anormale
00:39:51et je me dirige vers un très bon psychologue,
00:39:54voire psychiatre, je ne sais pas du tout,
00:39:57pour être soutenue et être sur la meilleure piste
00:40:02de cet état de santé
00:40:04qui est quand même assez compliqué chez moi.
00:40:06Excusez-moi, la première des choses,
00:40:08je ne vous conseillerais pas d'arrêter
00:40:09la médecine normale que vous avez commencé.
00:40:11Mais ce n'est pas impossible
00:40:13de continuer à voir votre médecin,
00:40:15mais d'aller voir un psychologue.
00:40:16L'un n'empêche pas l'autre, comme on dit.
00:40:18Vous voyez, Suzy, c'est-à-dire que
00:40:20les problèmes de santé que vous avez,
00:40:24c'est la médecine qui va pouvoir les régler.
00:40:26Mais ils se régleront d'autant mieux
00:40:28quand vous mettrez du sens sur ce qui vous est arrivé.
00:40:32Vous comprenez ?
00:40:33Et quand vous saurez mieux
00:40:35ce que vous avez vécu,
00:40:37ce que votre corps a subi,
00:40:40curieusement, votre santé ira plus vite mieux.
00:40:44Mais pour l'instant, de toute façon,
00:40:46vous avez besoin de la médecine,
00:40:47puisque ça ne va pas bien.
00:40:48Vous comprenez ?
00:40:50Par contre, je vous conseillerais quand même,
00:40:52quand vous allez voir un psychologue,
00:40:54de lui bien lui demander
00:40:56est-ce qu'il travaille là-dessus.
00:40:58Parce que beaucoup ne travaillent pas là-dessus.
00:41:01Donc il faut lui demander avant,
00:41:02qu'il vous dise, oui, oui, je travaille là-dessus
00:41:04et j'ai un savoir-faire là-dessus.
00:41:08Il doit vous le dire.
00:41:09Si il ne vous le dit pas,
00:41:10ce n'est peut-être pas forcément bien.
00:41:12Est-ce que je peux vous poser...
00:41:14Allez-y, Suzy, bien sûr.
00:41:16Alors, ma question, c'est que
00:41:19vous avez pris les ministères en cours,
00:41:21je ne sais pas si vous avez donné la liste
00:41:25de ces symptômes.
00:41:26Moi, j'ai pris à partir du moment
00:41:28où ça parlait de la thyroïde.
00:41:31Et je pense qu'il y a une liste de symptômes.
00:41:33Je ne sais pas si vous l'avez donnée
00:41:34ou si vous comptez la donner dans l'émission.
00:41:37On ne l'a pas donnée, mais on peut la donner.
00:41:39Je n'ai pas de problème avec ça.
00:41:41Allez-y.
00:41:42Moi, je peux dire,
00:41:43il y a des maladies caractéristiques.
00:41:46La fibromie LG,
00:41:48ça c'est la fibromie LG,
00:41:49c'est un gros marqueur.
00:41:51La sclérose en plaques ?
00:41:52La sclérose en plaques,
00:41:53c'est moins sûr,
00:41:55mais la fibromie LG, oui, vraiment.
00:41:57Et beaucoup de maladies comme ça,
00:41:58un peu semblables à la fibromie LG.
00:42:01Et toujours pareil, comme on disait,
00:42:02comme vous avez pris l'émission en cours,
00:42:04il faut que ça soit couplé.
00:42:05Enfin, couplé ou même trois,
00:42:07si vous avez trois marqueurs.
00:42:08Alors, la thyroïde, c'est sûr.
00:42:09La thyroïde, si vous avez...
00:42:10Par exemple, moi, j'ai rencontré des personnes
00:42:12où vous avez en plus des marqueurs de comportement.
00:42:14Par exemple, quelqu'un dit
00:42:15j'ai fait des scarifications adolescentes,
00:42:17j'ai de la thyroïde.
00:42:19La boulimie ou l'anorexie.
00:42:21L'anorexie, tout ça.
00:42:23Le surpoids, quand il n'y a pas de raison
00:42:27qu'on soit grosse et qu'on est pourtant grosse,
00:42:30qu'est-ce qu'on pourrait...
00:42:31Et toujours avec aussi des problèmes de comportement,
00:42:35des problèmes sexuels et des problèmes...
00:42:38Les insomnies.
00:42:39J'essaye de citer tout ce qu'on peut citer.
00:42:42Bien sûr.
00:42:43Et il y a, après, beaucoup de maladies.
00:42:45Alors là, c'est plus complexe
00:42:47parce que, ça serait très long à dire,
00:42:49mais disons que ce que moi, j'ai travaillé là-dessus,
00:42:52c'est suivant la zone.
00:42:53Alors, c'est assez terrible,
00:42:54mais suivant la zone où on a été attaqué enfant,
00:42:57les maladies vont se développer à cet endroit-là.
00:43:00C'est-à-dire...
00:43:01Et alors, il peut y avoir aussi des eczémas,
00:43:03des tas de choses comme ça.
00:43:04Mais c'est pareil.
00:43:05Il faut que ça soit en relation avec d'autres choses
00:43:09qu'il y en ait beaucoup, plus un climat d'enfance,
00:43:12qui est souvent, on le sait, dans le climat...
00:43:14Là, vous en avez un.
00:43:15Vous avez un climat.
00:43:16Vous avez quelqu'un.
00:43:17Cet oncle-là, il a l'air redoutable.
00:43:20Donc voilà, c'est...
00:43:22Il y a comme ça un certain nombre de maladies.
00:43:24Et je répète, isolées,
00:43:25ça ne veut pas forcément dire quelque chose.
00:43:27Mais quand vous en trouvez 3-4 au même endroit,
00:43:29on peut se poser des questions.
00:43:31Ça vous convient, Suzy,
00:43:33ou vous voulez poser d'autres questions ?
00:43:36Ah non, ça me parle.
00:43:37Je pensais aussi aux troubles de l'hyperactivité.
00:43:40Ben oui.
00:43:41Je pense que ça peut gêner aussi,
00:43:43et développer...
00:43:44Ou le bégayement, vous voyez...
00:43:46Le bégayement, lui,
00:43:48il témoigne d'un traumatisme
00:43:50qui n'est pas forcément sexuel.
00:43:52C'est ce que j'ai vu avec les enfants, par exemple.
00:43:55Les bégayements ne viennent pas forcément...
00:43:58C'est souvent de l'hypersensibilité qui a été...
00:44:00Souvent, c'est à la suite d'un traumatisme,
00:44:02surtout quand le bégayement vient d'un coup.
00:44:04Moi, je bégayais quand j'étais petit.
00:44:06J'en sais quelque chose.
00:44:07Mais moi, c'était beaucoup lié au traumatisme sexuel.
00:44:09Mais là, c'est pas forcé non plus.
00:44:11Mais vous voyez, vous le mettez bout à bout,
00:44:13et puis quand vous en trouvez beaucoup,
00:44:15vous vous dites, aïe aïe aïe,
00:44:16ça fait quand même un peu beaucoup
00:44:17qu'ils vont dans le même sens.
00:44:19Voilà, Suzy.
00:44:21Écoutez, je crois qu'il faut que
00:44:23vous preniez votre chemin.
00:44:25Et puis, on vous souhaite bon courage.
00:44:28On va faire une petite pause.
00:44:30On se retrouve après les infos.
00:44:32Comment se reconstruire après un abus sexuel ?
00:44:34On en parle aujourd'hui avec Bruno Clavier.
00:44:36Vous souhaitez participer à l'émission
00:44:390826 300 300.
00:44:42Sud Radio, votre attention
00:44:44est notre plus belle récompense.
00:44:46Merci de nous donner toujours la parole
00:44:48dans ces temps difficiles.
00:44:49Pour ça, Sud Radio, champion.
00:44:51Sud Radio, parlons vrai.
00:44:53Ça, c'est Sud Radio.
00:44:55Bruno Clavier est avec nous,
00:44:57psychologue clinicien.
00:44:58Et je rappelle le titre de votre dernier livre,
00:45:00« Devenir un bon ancêtre ».
00:45:02C'est aux éditions Payot,
00:45:04mais tous vos livres sont formidables.
00:45:06Même si certains, malheureusement,
00:45:08n'ont pas été pris à leur juste valeur.
00:45:10Comme « Pourquoi la psy a négligé
00:45:12les violences sexuelles ? »
00:45:14C'est aux éditions Payot également.
00:45:16Et c'est vrai que ce livre est intéressant
00:45:18parce que ça montre bien pourquoi il a fallu
00:45:20autant de temps pour qu'on puisse
00:45:22un peu lever le tabou.
00:45:24Oui, c'est-à-dire qu'on a levé le tabou
00:45:26au niveau de la parole publique,
00:45:28avec Mito, tout ça, tous les témoignages.
00:45:30Mais on a oublié qu'il y a eu
00:45:32une négation des violences sexuelles
00:45:34dans le milieu
00:45:36de la psy en général.
00:45:38J'ai fait un livre là-dessus.
00:45:40Ça n'a pas été tellement entendu. Pourquoi ?
00:45:42Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve qu'il y a un déficit.
00:45:44On n'entend pas ce qu'on n'a pas envie d'entendre.
00:45:46C'est-à-dire qu'on a oublié
00:45:48que, puisqu'on disait que les violences sexuelles
00:45:50n'existaient pas,
00:45:52les psys n'étaient pas prêts
00:45:54à traiter quelque chose qui n'existait pas.
00:45:56Donc j'ai dit que les psys
00:45:58n'étaient pas prêts.
00:46:00Vous savez, Bruno Clavier,
00:46:02je crois qu'il y a beaucoup de psys qui deviennent
00:46:04psy parce qu'ils ont eux-mêmes des tas de problèmes
00:46:06qu'ils n'ont pas réglés.
00:46:08Oui, et puis ça vient des formations.
00:46:10Je l'ai dit dans le livre,
00:46:12j'ai fait 5 ans d'études,
00:46:14on ne m'a jamais parlé de violences sexuelles à la fac.
00:46:16C'est quand même incroyable en tant que psy.
00:46:18Voilà, c'est ça.
00:46:20J'essaie de témoigner, mais bon.
00:46:22J'espère que c'est mieux maintenant.
00:46:24Moi, je travaille
00:46:26depuis tant d'années pour libérer
00:46:28la sexualité, et quand on veut libérer
00:46:30la sexualité, il faut parler aussi
00:46:32de tout le côté noir de la sexualité.
00:46:34Sinon, on n'avance pas,
00:46:36et c'est pour ça que
00:46:38vous êtes là, et merci de nous
00:46:40tenir compagnie de temps en temps,
00:46:42parce qu'on a besoin de vous. Eric, bonjour.
00:46:44Bonjour, Bruno.
00:46:46Merci.
00:46:48Merci de témoigner, Eric.
00:46:50Je sais que c'est peut-être encore plus difficile pour un homme,
00:46:52et donc je vous en remercie doublement.
00:46:54Merci.
00:46:56Donc, je vais vous raconter
00:46:58un peu ce qui m'est arrivé.
00:47:00Donc, j'ai été victime
00:47:02d'un ceste avec ma mère quand j'étais,
00:47:04je pense que j'étais tout petit,
00:47:06mais je suis victime d'amnésie traumatique.
00:47:08En fait, je ne me souviens pas vraiment ce qui s'est passé.
00:47:10Mais je sais que
00:47:12le souvenir que j'ai
00:47:14de ma petite enfance, c'est d'avoir été
00:47:16totalement rejeté, et d'avoir
00:47:18le sentiment d'être complètement anormal.
00:47:20Mes premiers jours à l'école
00:47:22maternelle, je ne parlais à aucun enfant.
00:47:24J'observais
00:47:26la scène, les enfants qui jouent, tout ça.
00:47:28Je me sentais vraiment...
00:47:30Enfin, j'étais réellement
00:47:32rejeté, en fait. J'étais dans une maltraitance aussi
00:47:34psychologique de la part de toute ma famille,
00:47:36surtout ma grande sœur.
00:47:38Et ensuite, à l'adolescence, vers l'âge
00:47:40de 15-16 ans, j'ai commencé à comprendre qu'il y avait des choses
00:47:42qui n'allaient pas.
00:47:44Parce que j'avais une
00:47:46détestation vraiment très violente de ma mère.
00:47:48J'avais envie de la tuer, en fait.
00:47:50Et je ne pouvais plus la supporter,
00:47:52sa présence physique, sa voix,
00:47:54son regard, surtout son regard,
00:47:56m'était insupportable. Je me mettais à hurler.
00:47:58Je me pétais les plombs, totalement.
00:48:00Vraiment, sa présence
00:48:02me mettait hors de moi.
00:48:04Et j'étais obligé de me retenir
00:48:06pour ne pas la mettre en morceau,
00:48:08vraiment, physiquement.
00:48:10Et puis, ensuite,
00:48:12j'ai eu une vie assez chaotique.
00:48:14Je n'ai pas eu vraiment de vie
00:48:16sans qu'il me... J'ai été amoureux
00:48:18comme tout le monde, mais...
00:48:20Oui ?
00:48:22D'où vous partiez, c'est un peu logique
00:48:24que ce n'était pas simple pour vous d'avoir
00:48:26une vie tranquille.
00:48:28Vous ne parliez pas de votre père ?
00:48:30Alors, mon père, il était assez absent
00:48:32parce qu'il était chauffeur routier.
00:48:34Il était peu présent.
00:48:36Il était assez méprisant avec moi.
00:48:38Sauf quand j'étais tout petit, je pense que ça allait.
00:48:40Mais très rapidement, je pense qu'il a
00:48:42dû prendre conscience qu'il y avait
00:48:44quelque chose qui n'allait pas dans ma relation
00:48:46avec ma mère.
00:48:48Et il m'a méprisé pour ça.
00:48:50J'ai vécu quasiment toute sa vie.
00:48:52Mes deux parents sont décédés.
00:48:54J'ai senti un grand changement
00:48:56chez lui trois mois avant sa mort.
00:48:58Il a dû sentir qu'il allait mourir.
00:49:00Et là, il s'est mis à m'aimer.
00:49:02Jusqu'à cet âge, jusqu'à sa mort,
00:49:04il m'a tellement méprisé.
00:49:06Je pense qu'il considérait que je n'étais pas un homme.
00:49:08J'étais un sous-homme.
00:49:10Ensuite,
00:49:12à l'âge de 25 ans,
00:49:1426 ans, j'ai décidé de faire
00:49:16une thérapie.
00:49:18J'étais psychologue, psychanalyste.
00:49:20C'est exactement ce qu'en raconte Bruno.
00:49:22Pendant à peu près un an et demi,
00:49:24j'ai parlé. Elle m'a surtout écouté.
00:49:26Et quand elle s'est mise à parler,
00:49:28c'était pour me dire que tout ça, c'était des fantasmes,
00:49:30qu'il n'y avait rien de réel dans tout ça,
00:49:32que je n'avais pas résolu mon complexe d'Oedipe.
00:49:34C'est une grande gifle.
00:49:36Je me suis mis à douter.
00:49:38Peut-être qu'elle a raison.
00:49:40Et maintenant, je sais très bien
00:49:42qu'elle n'avait pas raison,
00:49:44parce que j'ai eu des flashs.
00:49:46En avançant,
00:49:48pendant à peu près 25-30 ans,
00:49:50j'étais conscient que j'avais été abusé,
00:49:52mais je n'avais pas l'impression que c'était grave.
00:49:54Je n'avais même pas l'impression que ça m'était arrivé à moi.
00:49:56J'étais dissocié, en fait.
00:49:58C'est bien le mot.
00:50:00C'est exactement le mot.
00:50:02Vous aviez quel âge
00:50:04quand vous avez le premier
00:50:06souvenir
00:50:08pas confus ?
00:50:10C'est pas vieux, en fait.
00:50:12À l'âge de 49 ans,
00:50:14il y a ma soeur aînée aussi.
00:50:16J'ai eu un rapport assez bizarre avec elle.
00:50:18Quand j'étais petit,
00:50:20jusqu'à l'adolescence,
00:50:22elle me détestait profondément.
00:50:24Elle avait envie de me tuer.
00:50:26Je l'ai compris il n'y a pas longtemps.
00:50:28Après, on a été très soudés.
00:50:30J'étais comme son objet.
00:50:32J'ai envie de dire son esclave.
00:50:34Quand elle avait besoin de moi,
00:50:36elle m'appelait, je la courais tout de suite.
00:50:38Je mettais ma vie entre parenthèses pour m'occuper d'elle.
00:50:40Quand elle n'avait plus besoin de moi,
00:50:42j'avais un copain, un compagnon.
00:50:44Elle me dégageait de sa vie brutalement.
00:50:46C'était assez violent.
00:50:48À l'âge de 49 ans,
00:50:50je ne sais pas.
00:50:52D'un seul coup,
00:50:54tout ça a basculé.
00:50:56J'ai eu un gros problème
00:50:58de santé. J'ai eu une ernie discale
00:51:00qui m'a fait énormément souffrir.
00:51:02Je ne pouvais plus bouger.
00:51:04Les médecins ne comprenaient pas
00:51:06parce que sur les IRM,
00:51:08il n'y avait quasiment rien.
00:51:10Ils ne pouvaient pas m'opérer.
00:51:12Par contre, je ne pouvais plus bouger.
00:51:14J'étais complètement coincé sur un lit.
00:51:16Ça a duré plusieurs années.
00:51:18C'est mon corps qui m'a obligé à m'arrêter.
00:51:20Il fallait que je règle des choses,
00:51:22que je me pose des questions.
00:51:24J'ai fait de la méditation.
00:51:26J'ai des flashs qui me sont apparus.
00:51:28C'est fabuleux parce que c'est votre corps
00:51:30qui vous oblige à faire fonctionner
00:51:32l'esprit pour que ça puisse
00:51:34apparaître.
00:51:36Et après,
00:51:38vous avez fait une thérapie spécialement là-dessus ?
00:51:40J'ai essayé
00:51:42à l'époque. J'ai bien compris que
00:51:44cette ernie discale était là pour que je
00:51:46travaille sur moi.
00:51:48J'ai été voir une psychologue.
00:51:50À l'âge de 49 ans,
00:51:54depuis toujours,
00:51:56j'ai eu des grosses phases de déprime
00:51:58très violentes et d'envie de suicide.
00:52:00J'ai failli
00:52:02passer à l'acte plusieurs fois.
00:52:04Un jour, j'en pouvais plus.
00:52:06J'ai trouvé un groupe
00:52:08de paroles, une association
00:52:10sur Facebook
00:52:12de femmes qui ont été
00:52:14victimes d'inceste. On a sympathisé.
00:52:16J'ai commencé à parler
00:52:18à ce moment-là sur ce groupe de paroles.
00:52:20Je n'ai pas toujours été bien reçu
00:52:22parce qu'il y a des femmes victimes.
00:52:26Mais j'ai quand même malgré tout
00:52:28pu parler. Ça m'a beaucoup aidé.
00:52:30J'ai décidé de
00:52:32aller voir une psychologue spécialisée
00:52:34en EMDR.
00:52:36Je suis à l'âge de 51,
00:52:3852 ans.
00:52:40J'y suis allé 2-3 fois.
00:52:42J'avais de tels problèmes physiques
00:52:44avec ma sciatique.
00:52:46Je n'ai pas pu continuer.
00:52:48Je n'ai pas trouvé ça très...
00:52:50On n'a pas pu commencer. J'ai commencé à raconter.
00:52:52Elle m'a dit qu'avant de pouvoir
00:52:54réellement pratiquer l'EMDR, on va devoir
00:52:56pas mal se voir pour que vous puissiez
00:52:58vider votre sac parce que ça m'a l'air très compliqué
00:53:00et très douloureux.
00:53:02Je la trouvais très froide.
00:53:04Très froide.
00:53:06J'avais le sentiment d'être jugé.
00:53:08J'ai toujours eu ce sentiment.
00:53:10J'ai toujours eu le sentiment d'être quelqu'un
00:53:12de malsain.
00:53:14Peut-être qu'il faudrait voir un homme.
00:53:16Dans votre cas, j'ai rarement
00:53:18tendance à dire
00:53:20qu'il faut aller voir un homme ou une femme.
00:53:22Il me semble quand même que
00:53:24pour vous,
00:53:26ça peut être assez vite
00:53:28difficile face à une femme.
00:53:30C'est très possible.
00:53:32Oui, c'est vrai. Il y a des choses
00:53:34que j'ai du mal à dire à une femme.
00:53:36Très franchement,
00:53:38maintenant, mes deux parents
00:53:40sont décédés. Ma mère, après, j'ai appris
00:53:42après la décès de mes deux parents
00:53:44qu'elle-même avait été victime
00:53:46par son oncle et très probablement
00:53:48par son père.
00:53:50J'en ai voulu
00:53:52pendant des années. Mon père aussi.
00:53:54Maintenant, je ne leur en veux plus.
00:53:56Par contre,
00:53:58quelque part, j'ai de la colère contre la société.
00:54:00Je trouve qu'effectivement,
00:54:02la société, on dit
00:54:04qu'on peut parler, mais qu'il n'y a personne qui nous écoute.
00:54:06Surtout nous, les hommes. Absolument personne.
00:54:08Et même, on se moque de nous.
00:54:10J'ai rien même jusqu'à dire.
00:54:12Dans mes rapports avec les femmes,
00:54:14c'est compliqué. Parfois, je fais
00:54:16des boulettes. Je suis maladroit.
00:54:18Plus j'aime une femme,
00:54:20plus je...
00:54:22Je vais d'échec en échec.
00:54:24Je crois, Eric,
00:54:26ce qu'il faut que vous compreniez,
00:54:28c'est qu'il y a certainement une très grande ambivalence
00:54:30dans votre relation aux femmes.
00:54:32A la fois, un besoin d'amour qu'on a tous
00:54:34et puis en même temps,
00:54:36vous l'avez dit, vous avez...
00:54:38C'est ça, peut-être déjà,
00:54:40que vous pourriez travailler.
00:54:42Parce que,
00:54:44forcément, il y a
00:54:46des moments où vous pouvez même avoir envie
00:54:48de la tuer.
00:54:50Ce que je voulais vous dire, Eric, aussi,
00:54:52sur la question des flashs, étant donné que
00:54:54moi-même, j'ai eu
00:54:56beaucoup d'amnésie traumatique sur les violences qui m'étaient
00:54:58arrivées enfant. Donc, je connais pas mal le sujet.
00:55:00Et je dis,
00:55:02le problème, c'est de reconstruire
00:55:04le plus possible, parce que
00:55:06c'est très difficile quand il y a de l'amnésie,
00:55:08mais de reconstruire. Qu'est-ce qui s'est passé
00:55:10en vrai ? Et il y a tout un travail
00:55:12qu'on peut faire, et notamment à partir
00:55:14des flashs, parce que parfois, malheureusement,
00:55:16les flashs sont des flashs déformants.
00:55:18C'est-à-dire qu'on va mettre, par exemple,
00:55:20un visage à la place d'un autre.
00:55:22Ça arrive.
00:55:24Donc, il faut bien vérifier. On va voir par
00:55:26le nombre de flashs, par les rêves.
00:55:28Je sais pas si vous rêvez.
00:55:30Pas beaucoup. C'est rare.
00:55:32Je retiens pas mes rêves.
00:55:34Et c'est ça qui serait intéressant, c'est d'avoir une thérapie
00:55:36ou quelqu'un qui travaille vraiment sur les violences
00:55:38sexuelles, sur l'inceste, et
00:55:40de regarder un peu dans les rêves et tout ça, parce que
00:55:42parfois, un dossier en cache un autre.
00:55:44Là, vous dites qu'il y a beaucoup d'incestes
00:55:46dans la famille, et parfois, même,
00:55:48des personnes, comme il y a deux ou trois
00:55:50abus sur un enfant. On a eu
00:55:52un cas tout à l'heure qui l'a dit.
00:55:54Le pire, c'est qu'on
00:55:56en trouve un, et des fois, il y en a un autre
00:55:58dont on était totalement amnésique.
00:56:00Et donc, ça serait bien de faire tout un travail
00:56:02là-dessus. Parce que, vous dites, c'est votre
00:56:04mère, mais ça peut être aussi
00:56:06votre grande sœur.
00:56:08Oui, oui.
00:56:10C'est à ça que je pensais.
00:56:12C'est-à-dire que...
00:56:14Effectivement, c'est très très
00:56:16possible. Et je...
00:56:18Alors, au niveau des...
00:56:20C'est pas vraiment une thérapie,
00:56:22mais il y a une personne qui est une énergéticienne
00:56:24magnétiseuse, en qui j'ai
00:56:26toute confiance, qui m'a beaucoup beaucoup aidé
00:56:28au moment de ma sciatique. Et
00:56:30la dernière fois qu'on s'est vu, elle m'a dit
00:56:32« Moi, j'ai senti que t'avais été abusé entre l'âge de 8 et 12 ans. »
00:56:34Et je lui ai dit « Tiens, ça colle pas avec ce que je ressens
00:56:36vis-à-vis de ma mère. Et là, par contre, ça collerait
00:56:38beaucoup plus avec ma sœur. »
00:56:40Et elle-même
00:56:42est probablement
00:56:44concernée par ça. Parce que quand vous dites qu'il y a
00:56:46un grand-père, un oncle qui traînent et qu'ils sont
00:56:48comme ça... Et ce que je disais tout à l'heure, c'est que
00:56:50quand il y a un prédateur dans une famille, il fait
00:56:52jamais qu'une victime. C'est rare.
00:56:54Et il y a de grandes chances, effectivement.
00:56:56Donc il y a tout ça que vous pourriez travailler pour être sûr.
00:56:58Ça veut pas dire que votre sœur a fait quoi que ce soit.
00:57:00Mais ça veut dire qu'il faut, à ce moment-là,
00:57:02essayer de bien...
00:57:44Abonnez-vous !
01:07:26Le sexe au conseil
01:07:28On va prendre les auditeurs puisqu'on a beaucoup de monde
01:07:31et on fera le sexe au conseil demain, évidemment.
01:07:34Sylvaine, bonjour.
01:07:36Oui, bonjour Brigitte, bonjour Bruno.
01:07:39Merci d'avoir reçu mon appel.
01:07:42Ça fait plusieurs reprises que j'ai eu envie d'intervenir
01:07:45mais jusqu'à maintenant je n'ai jamais trop réussi à passer le cap.
01:07:48Et là, j'ai réussi.
01:07:51C'est bien, bravo.
01:07:54Je vais vous raconter un peu mon histoire qui est un petit peu compliquée.
01:07:57Alors, étant jeune, j'ai eu des attouchements
01:08:00à plusieurs reprises par des personnes différentes.
01:08:03à plusieurs reprises par des personnes différentes.
01:08:06Ma première relation sexuelle, c'était un viol.
01:08:09Voilà pour mon parcours de vie.
01:08:12Quel âge quand vous êtes violée ?
01:08:15Je crois que je dois avoir 11 ou 12 ans.
01:08:18Je crois que je suis en sixième, donc c'est 11 ou 12 ans.
01:08:22C'est très très très jeune.
01:08:25Et vous aviez déjà avant cet âge-là subi des attouchements.
01:08:28Ce qui est malheureusement souvent le cas.
01:08:31Comme si le violeur sent que l'enfant est déjà bien abîmé.
01:08:34Comme si le violeur sent que l'enfant est déjà bien abîmé.
01:08:37Et la difficulté à mettre des limites,
01:08:40c'est quelque chose qui m'a poursuivie.
01:08:43Je t'ai mariée pendant des années avec un pervers narcissique.
01:08:46Ce n'est pas là-dessus que je vais intervenir.
01:08:49Et en 2016, je suis infirmière de métier,
01:08:52je fais un burn-out.
01:08:55J'avais 51 ans.
01:08:58C'est de là que tout démarre.
01:09:01Quand on dit qu'un dossier en cache un autre, c'est ce qui s'est passé.
01:09:04Je fais un burn-out.
01:09:07Au départ on me soigne pour une bipolarité, pour un trouble de l'humeur.
01:09:10Moi je ne me reconnais pas du tout là-dedans.
01:09:13Et j'ai l'occasion,
01:09:16des fois ça n'arrive pas par hasard,
01:09:19je rencontre quelqu'un qui me dirige vers une équipe
01:09:22qui soigne les traumas.
01:09:25On fait un diagnostic et là on remarque
01:09:28que j'ai un trouble de stress post-traumatique.
01:09:31Pour lequel j'ai été soignée,
01:09:34et prise en charge par toute une équipe spécialisée
01:09:37dans ce genre de trauma.
01:09:40Parce que j'avais fait des traumas au travail.
01:09:43C'est pour d'autres raisons.
01:09:46Je commençais à travailler et à soigner
01:09:49ces traumas du travail avec l'équipe,
01:09:52avec une psychologue et un psychiatre.
01:09:55Quand on a un peu tout nettoyé, sont arrivées mon enfance.
01:09:58L'enfance, le mariage,
01:10:01la vie de mariée.
01:10:04Tout m'est arrivé en pleine figure.
01:10:07Un dossier cache un autre, oui c'est ça.
01:10:10Il y avait un fil conducteur avec mes traumas au travail.
01:10:13C'est-à-dire que ressortait l'impuissance et l'injustice.
01:10:16Et ça c'est quelque chose
01:10:19qui me fait sortir de mes gonds.
01:10:22Parce que ça me ramène systématiquement
01:10:25quand j'étais enceinte dans cette impuissance.
01:10:28Et quand je me revois ou on me touche,
01:10:31ça aussi je me rends compte
01:10:34que je fais des dissociations traumatiques.
01:10:37J'en fais régulièrement, dès que j'ai très peur.
01:10:40J'ai accouché, j'ai eu un enfant, une fille.
01:10:43Alors qu'il n'y avait pas du tout
01:10:46de soucis médicalement,
01:10:49j'ai fait une dissociation traumatique.
01:10:52Parce que c'était mon premier enfant, j'avais 20 ans.
01:10:55Il y a 40 ans, j'étais assistée de personne
01:10:58et c'était très très dur.
01:11:01Et donc j'ai retravaillé petit à petit toutes les scènes.
01:11:05Pour en revenir à ce qui m'a posé soucis,
01:11:08il y a la dissociation traumatique, c'est sûr.
01:11:11J'ai eu des problèmes de sommeil.
01:11:14Ça, ça va un petit peu mieux.
01:11:17Mes soucis se trouvent surtout au niveau de la mâchoire.
01:11:20J'ai des problèmes de crispation de mâchoire
01:11:23qui sont à avoir des maux de tête régulièrement,
01:11:26presque en continu.
01:11:29J'ai jamais aimé mon corps.
01:11:32C'est pas que je le déteste, mais pas loin.
01:11:35J'ai des problèmes de relations avec les hommes.
01:11:38C'est-à-dire que c'est compliqué
01:11:41parce qu'entre-temps j'ai divorcé, évidemment.
01:11:44Mais pour ceux que j'ai rencontrés après,
01:11:47j'ai une espèce de peur que j'ai du mal à passer.
01:11:50Voilà.
01:11:53Et après, avec ma fille, forcément,
01:11:56quand je l'ai eue, j'avais qu'une peur.
01:11:59C'est que ça se reproduise.
01:12:02Donc je pense que j'ai été assez pénible avec elle là-dessus
01:12:05à lui rappeler toujours ton corps, c'est ton corps.
01:12:08Oui, en même temps, c'est pas plus mal.
01:12:11Au mieux trop le dire que pas du tout.
01:12:14Peut-être trop, je sais pas.
01:12:17Mais en tout cas, ce que je voulais dire par là,
01:12:20c'est que ce souci en 2016 que j'ai eu au travail
01:12:23m'a ramené à tout ce qui m'était arrivé,
01:12:26mais en tout cas, ça m'a revenu.
01:12:29Oui, mais on dit souvent, Sylvaine, que quand il nous arrive une très grosse dépression
01:12:32ou un très gros burn-out,
01:12:35ce qui est un petit peu la même chose,
01:12:38c'est qu'il y a des antécédents qui ont fragilisé.
01:12:41Donc tout ça, tout ça.
01:12:44Mais un viol à 11-12 ans, c'est très très jeune.
01:12:47C'était un viol violent,
01:12:50enfin je veux dire agressif.
01:12:53Moi, j'étais complètement naïve.
01:12:56J'avais pas du tout compris.
01:12:59Après, vous savez, je viens d'une cité ouvrière
01:13:02où les parents, ils surveillaient pas les enfants.
01:13:05J'étais avec ma sœur.
01:13:08Et donc l'homme, il avait plus de 18 ans.
01:13:11C'est sûr parce qu'il avait le permis.
01:13:14Et donc on se promenait, mais moi, j'avais pas imaginé
01:13:17que ça pouvait être chose. Et on était dans la nature.
01:13:20Très vite, il m'a allongée.
01:13:23Très vite, il a été insistant.
01:13:26Là, je crois que j'ai vécu aussi...
01:13:29J'étais pas dans mon corps, en fait.
01:13:32À part la douleur, la douleur m'a ramenée
01:13:35à ce que j'ai pu vivre.
01:13:38Ce que je rajoute, c'est pas simplement un viol.
01:13:41C'est un viol pédocriminel.
01:13:44C'est pareil, c'est ce que je disais tout à l'heure.
01:13:47C'est un viol pédocriminel.
01:13:50C'est extrêmement important.
01:13:53Et en fait, très longtemps, je m'auto-accusais.
01:13:56C'était moi qui étais en faute.
01:13:59Oui, parce que vous étiez à la campagne.
01:14:02J'ai l'impression que vous avez des parts d'amnésie quand même
01:14:05sur votre enfance.
01:14:08Oui, j'ai l'impression.
01:14:11En fait, c'est là où ça arrive.
01:14:15J'ai travaillé pour que ce soit plus normal.
01:14:18C'est une partie de moi que j'ai encore.
01:14:21Mais qu'ils ne reviennent plus à la conscience.
01:14:24J'ai travaillé tout ce qui revenait à la conscience.
01:14:27Là, pour l'instant, je n'ai plus rien à travailler.
01:14:30En dehors de ça,
01:14:33mon père n'était pas mon père.
01:14:36Je l'ai appris très tôt à un âge
01:14:39où on commence à tisser le lien avec son papa.
01:14:42Et vous voyez, petite, je me souviens que j'essayais de plaire à mon père,
01:14:48et bien comme je n'avais pas de résonance en lui, j'ai cessé de m'aimer moi.
01:14:53C'était moi qui n'étais plus aimable.
01:14:55Mais oui, mais c'est un fonctionnement d'enfant, c'est normal tout ça ?
01:15:00C'est ce que vous avez traversé ?
01:15:02Alors tout ça, je l'ai travaillé, j'ai beaucoup avancé,
01:15:06ce qui me permet un peu d'arriver à en parler maintenant,
01:15:09parce que ce n'était pas possible avant, tellement c'était violent dans ma tête.
01:15:15Mais par rapport à votre questionnement, je pense quand même qu'il y a encore des dossiers sous les dossiers.
01:15:19Oui.
01:15:20Vous êtes d'accord, c'est ça.
01:15:22Oui, mais en fait là, je suis en errance psychologique,
01:15:27et je ne sais plus trop vers quoi me tourner.
01:15:30Alors je continue à avoir la psychologue du groupe de TSTP,
01:15:35du post-traumatique syndrome, je continue à l'avoir.
01:15:39Mais comme on échange beaucoup, effectivement je n'arrive pas.
01:15:44Mais par exemple les contractures à l'intérieur que j'ai dans mon corps,
01:15:47elles ne sont pas normales.
01:15:49Je suis fatiguée des fois d'avoir des contractures involontaires.
01:15:52C'est caractéristique des personnes abusées ça,
01:15:55c'est des douleurs vraiment fantômes,
01:15:57on appelle ça des douleurs fantômes,
01:15:59on ne comprend pas, ça se promène partout,
01:16:01c'est pas pris au sérieux,
01:16:03toujours parce qu'on dit c'est psychosomatique,
01:16:06vous imaginez tout ça,
01:16:08et on ne comprend pas que les personnes ont réellement mal
01:16:11avec des douleurs énigmatiques, fantômes.
01:16:14Sylvaine, parlez-vous,
01:16:17je veux dire, parlez à vos douleurs,
01:16:19et laissez-les parler,
01:16:21et ça vous redonnera des pistes.
01:16:23Je crois que de toute façon,
01:16:25c'est ce que je disais tout à l'heure,
01:16:27c'est le corps et les émotions qui nous permettent
01:16:30de trouver les bonnes réponses.
01:16:33Donc, écrivez vos rêves,
01:16:37faites tout ce que vous pouvez faire,
01:16:41et puis, moi j'aime bien,
01:16:43tout à l'heure Eric parlait de la méditation,
01:16:45c'est vrai que c'est quelque chose qui est assez exceptionnel,
01:16:48parce que ça nous remet vraiment dans le corps,
01:16:51et puis, j'aime bien aussi la nature,
01:16:54je trouve que la nature, parfois,
01:16:56nous permet de nous relier à quelque chose
01:17:00qui va parler de nous.
01:17:02Alors, je jardine,
01:17:04j'ai mis plein de choses en place.
01:17:06C'est un très bel art-thérapie, le jardinage,
01:17:10absolument, absolument.
01:17:12Et parlez aux plantes, parlez-leur,
01:17:15parce que ce que vous allez leur dire,
01:17:17c'est ce que vous allez dire à votre enfant intérieur.
01:17:21D'ailleurs, les enfants,
01:17:23quand on dessine dans les dessins d'enfants,
01:17:26les fleurs sont toujours des enfants.
01:17:28C'est les enfants.
01:17:30Soit les filles, soit les enfants.
01:17:32Moi, c'est les papillons, vous voyez, qui m'attirent beaucoup.
01:17:35Allez-y, parlez-leur, parlez aux papillons.
01:17:38Voilà, c'était pour apporter mon témoignage,
01:17:43parce que, parfois, on attend très longtemps,
01:17:46parce qu'on ne se rappelle pas,
01:17:48et puis, parfois, on a un problème qui n'a rien à voir
01:17:50avec le problème de base,
01:17:52et puis, on retire les couches,
01:17:54et derrière...
01:17:56C'est comme des oignons.
01:17:58Et je n'aurais pas pu le travailler à 30 ans, vous voyez.
01:18:01Ça n'aurait pas été possible.
01:18:03Il faut laisser du temps au temps.
01:18:05En tout cas, merci vraiment de votre témoignage, Sylvaine.
01:18:07On a notre gagnante, c'est Nathalie.
01:18:09Bonjour, Nathalie.
01:18:10Oui, bonjour à tous les deux.
01:18:12Bonjour, Brigitte.
01:18:13Alors, bravo, Nathalie, vous êtes notre gagnante.
01:18:15Vous allez recevoir ce bracelet personnalisé
01:18:17de la collection lettres
01:18:19de leventalafrancaise.com
01:18:21et donc, vous pourrez choisir la lettre initiale
01:18:23de votre choix, la vôtre,
01:18:25ou peut-être celle de votre maman,
01:18:27pour la fête des mères.
01:18:29Très bien, je vous remercie.
01:18:31Merci à Sud Radio.
01:18:32Je suis émue, parce que c'est la première fois
01:18:34que je passe à la radio, c'est super.
01:18:36Merci beaucoup.
01:18:37Merci à vous, en tout cas.
01:18:38On fait une petite pause,
01:18:40et on va conclure avec Pascal, un homme.
01:18:50Toujours en compagnie de Bruno Clavier,
01:18:52psychologue clinicien,
01:18:54et je rappelle que vous êtes également
01:18:56auteur de nombreux livres qu'on peut lire
01:18:58pour mieux comprendre l'inceste.
01:19:00Notamment,
01:19:02L'inceste ne fait pas de bruit, aux éditions
01:19:04Payot.
01:19:06Vous êtes avec nous, Pascal.
01:19:08Bonjour.
01:19:10Oui, bonjour.
01:19:12Je n'ai pas suivi l'émission complètement,
01:19:14parce que malheureusement, j'avais d'autres choses à faire
01:19:16en même temps, mais je ne sais pas si vous en avez parlé.
01:19:18Moi, j'ai vécu un viol
01:19:20quand j'avais 6 ans, 7 ans,
01:19:22je n'arrive pas à me rappeler exactement,
01:19:24mais j'avais 6, 7 ans,
01:19:26et le violeur était
01:19:28un jeune homme de 18 ans.
01:19:30Et,
01:19:32si vous voulez, comme beaucoup de gens,
01:19:34d'après ce que j'ai entendu,
01:19:36j'ai occulté pendant des années.
01:19:38C'est-à-dire que j'ai complètement oublié
01:19:40ce qui s'était passé.
01:19:42Et puis, forcément, un jour ou l'autre, c'est ressorti,
01:19:44et je me suis rendu compte que ça m'avait
01:19:46finalement inconsciemment suivi toute ma vie.
01:19:50Et ça m'a fait souffrir
01:19:52toute ma vie sans que
01:19:54je comprenne ce qui se passait à certains moments,
01:19:56à d'autres moments.
01:19:58Et quand j'ai décidé de regarder un petit peu
01:20:00cette expérience, puisque
01:20:02maintenant, je ne parle plus
01:20:04d'expérience, c'est plus
01:20:06un drame, c'est plus quelque chose.
01:20:08C'est plus qu'un drame,
01:20:10vous avez utilisé le mot crime
01:20:12tout à l'heure.
01:20:14Oui, mais c'est un crime.
01:20:16Si vous voulez,
01:20:18le regard que je portais dessus,
01:20:20c'est plus un drame qu'un crime.
01:20:22Parce que, bon,
01:20:24on n'est pas forcément sensibilisés
01:20:26à ce côté pénal qui accompagne
01:20:28ces pratiques-là.
01:20:30Je ne sais pas si vous en avez parlé,
01:20:32ou si quelqu'un en a parlé.
01:20:34Si vous voulez, j'ai cessé d'en souffrir.
01:20:36Oui, j'ai cessé d'en souffrir
01:20:38le jour où j'ai compris que
01:20:40ce n'était pas moi le coupable,
01:20:42c'était ce type-là le coupable.
01:20:44C'était à lui d'avoir honte,
01:20:46ce n'était pas à moi.
01:20:48Le regard que j'ai porté
01:20:50sur la situation
01:20:52quand j'avais 7 ans,
01:20:54et le regard que j'ai porté
01:20:56sur la situation
01:20:58quand j'en avais 45 ou 50
01:21:00à l'époque,
01:21:02ce n'était pas du tout le même regard.
01:21:04Je me suis dit au départ,
01:21:06oui, mais pourquoi je n'ai rien fait ?
01:21:08Pourquoi je ne me suis pas défendu ?
01:21:10Mais en fait,
01:21:12ça n'existait pas.
01:21:14Il n'y avait pas Internet,
01:21:16on était innocents.
01:21:18Mais Pascal,
01:21:20il y a encore aujourd'hui des enfants
01:21:22de 6-7 ans qui subissent ce genre de choses.
01:21:24Et même quand il y a Internet.
01:21:26Et même avec Internet.
01:21:28Ce que je veux dire, c'est qu'il y a aussi
01:21:30à l'école,
01:21:32il y a les gens,
01:21:34les enfants, je pense,
01:21:36même si je ne pensais pas
01:21:38forcément à Internet, mais simplement
01:21:40par les discussions, les enfants de 7-8 ans
01:21:42sont peut-être plus,
01:21:44comment dire...
01:21:46J'aimerais tellement que vous ayez raison.
01:21:48J'aimerais tellement. Sans doute un peu plus,
01:21:50Pascal, parce que les parents qui nous écoutent
01:21:52peuvent peut-être aider leurs
01:21:54enfants à savoir que leur corps leur appartient
01:21:56et qu'ils n'ont pas...
01:21:58Mais ce qui est embêtant
01:22:00dans ce que vous dites, me semble-t-il,
01:22:02c'est que vous l'avez subi, ce viol,
01:22:04et vous n'en avez parlé à personne, en fait.
01:22:06Ah mais si !
01:22:08J'en ai parlé à 45 ou 50 ans.
01:22:10Oui, oui, c'est ça. Mais je veux dire,
01:22:12vous n'avez pas pu en parler
01:22:14à personne. Non, non, mais
01:22:16on ne parlait pas de ça.
01:22:18Oui, c'est bien ce que j'entends.
01:22:20Et puis à 45-50 ans,
01:22:22j'en ai parlé, il y a 60 ans,
01:22:24j'en ai parlé, mais
01:22:26personne ne peut l'entendre.
01:22:28Excusez-moi, est-ce que c'était quelqu'un de l'entourage ?
01:22:30Non,
01:22:32non, non, non, pas de l'entourage immédiat
01:22:34en tout cas. Ce n'est pas quelqu'un de la famille,
01:22:36ce n'est pas quelqu'un... Et puis ce n'était pas
01:22:38quelqu'un que je voyais couramment.
01:22:40C'est quelqu'un qui s'est trouvé là
01:22:42en vacances,
01:22:44et qui a malheureusement,
01:22:46voilà, il a profité
01:22:48de cette innocence,
01:22:50il a profité
01:22:52du petit garçon que j'étais.
01:22:54Bon, moi,
01:22:56je ne me rappelle plus
01:22:58précisément, bien sûr, ce qui s'est
01:23:00passé, et puis je n'ai pas envie de m'en rappeler non plus.
01:23:02Bon, je l'arrive à vivre
01:23:04avec maintenant,
01:23:06et je n'en souffre plus,
01:23:08mais c'est
01:23:10abominable
01:23:12qu'on fasse du mal à un enfant
01:23:14comme ça, c'est abominable. Maintenant, je sais
01:23:16à quel point
01:23:18les
01:23:20gosses que
01:23:22ils sont, moi j'ai deux enfants,
01:23:24je sais à quel point c'est important
01:23:26toute la relation
01:23:28avec eux, de confiance qui doit s'établir
01:23:30pour que justement, s'il y a quoi que ce soit,
01:23:32les enfants n'aient pas peur
01:23:34de venir dire,
01:23:36et vous avez raison,
01:23:38parce que c'est encore une fois
01:23:40un double traumatisme, vous subissez ça,
01:23:42ce crime,
01:23:44ne ayons pas peur des mots,
01:23:46et puis vous ne pouvez pas en parler à personne,
01:23:48donc vous mettez ça dans un coin,
01:23:50et vous refermez
01:23:52tout ça,
01:23:54et puis ça fait des dégâts
01:23:56pendant des années, des années,
01:23:58dans votre corps,
01:24:00dans vos émotions,
01:24:02dans votre cœur,
01:24:04toutes les difficultés
01:24:06que ça a engendré
01:24:08dans ma vie.
01:24:10Amoureuse, bien sûr, bien sûr,
01:24:12mais évidemment, forcément.
01:24:14Pour que je sache, j'avais toujours une espèce de
01:24:16déséquilibre, je n'étais jamais
01:24:18totalement bien,
01:24:20ça m'arrivait rarement,
01:24:22et donc je pense
01:24:24qu'il y avait toujours
01:24:26ce crime, oui,
01:24:28c'est vrai, qui était là,
01:24:30et qui, sous-jacent,
01:24:32sans qu'il soit vraiment là non plus
01:24:34dans ma conscience
01:24:36de l'instant,
01:24:38mais tout ça, c'était là,
01:24:40et ça m'a
01:24:42construit,
01:24:44mais pas en moment, je pense,
01:24:46que ça m'a déconstruit,
01:24:48c'est-à-dire que ça a fait
01:24:50peut-être beaucoup de méfiance.
01:24:52Il faut être clair, Pascal,
01:24:54votre vie n'aurait pas été la même si vous n'aviez pas
01:24:56passé par ce drame,
01:24:58je veux dire,
01:25:00il faut être clair. Après,
01:25:02votre vie, elle est ce qu'elle est, et puis il vous reste,
01:25:04j'espère, encore de belles années à vivre,
01:25:06et je vous souhaite de les vivre
01:25:08le mieux possible. Mais on ne peut pas
01:25:10non plus nier que
01:25:12on vous a volé
01:25:14votre enfance, et donc
01:25:16on vous a volé une part
01:25:18de bonheur, tout simplement, osons le dire.
01:25:20C'est comme ça
01:25:22que je le vis,
01:25:24que je vois maintenant, oui.
01:25:26On m'a volé mon enfance, oui.
01:25:28Ben oui, et c'est
01:25:30en ça que, merci de votre témoignage,
01:25:32parce que ça arrive aussi à des hommes,
01:25:34et il faut arrêter de se monter
01:25:36les uns contre les autres, c'est pas d'un côté
01:25:38les hommes sont tous des salauds et les femmes sont toutes
01:25:40des victimes, non.
01:25:42Ça, ça fait du bien d'entendre.
01:25:44C'est vraiment
01:25:46pas le discours actuel, mais bon.
01:25:48Non, mais c'est
01:25:50en mettant les
01:25:52bons mots sur ce qui se passe,
01:25:54et on ne le dira jamais,
01:25:56c'est, moi je ne cesse de le répéter,
01:25:58c'est le jour où demain,
01:26:00enfin, c'est un rêve, évidemment,
01:26:02aucun enfant ne subira ce genre
01:26:04de traumatisme, ni de violence
01:26:06corporelle, parce qu'il y a aussi
01:26:08de la violence corporelle qui fait des dégâts,
01:26:10la société ira mieux, si un jour
01:26:12on veut qu'il n'y ait plus de guerre, il faut protéger les
01:26:14enfants, c'est tout, parce que c'est
01:26:16ce qui se passe
01:26:18dans les guerres,
01:26:20c'est toujours avec des gens qui ont été
01:26:22dramatiquement traumatisés.
01:26:24Je voudrais juste
01:26:26rajouter que c'est vrai qu'il y a
01:26:28des hommes victimes, mais il ne faut pas oublier que
01:26:30en majorité, les agresseurs sont quand même des hommes.
01:26:32Jusqu'à présent, les chiffres sont clairs.
01:26:34C'est vrai.
01:26:36C'est bien aussi de ne pas
01:26:38arrêter de le dire.
01:26:40Oui, bien sûr.
01:26:42Mais on doit dire les deux,
01:26:44il y a énormément de victimes masculines.
01:26:46Mais la mère d'Éric,
01:26:48me semble-t-il, était une femme.
01:26:50Donc on voit bien qu'il y a aussi...
01:26:52Ah oui, du cas d'Éric.
01:26:54On voit aussi qu'il y a des femmes qui sont horribles.
01:26:56Et puis il y a toutes ces mères qui ferment les yeux,
01:26:58qui n'accueillent
01:27:00pas la parole de leur enfant.
01:27:02Non, on n'est pas...
01:27:04Oui, comme une
01:27:06des filles tout à l'heure qui s'est fait retourner
01:27:08une claque, je crois, c'est ça qu'elle nous a raconté par sa mère.
01:27:10Exactement, donc vous voyez, on voit bien
01:27:12que c'est ensemble
01:27:14qu'on travaillera et qu'on avancera, et c'est grâce
01:27:16encore une fois à votre témoignage, Pascal.
01:27:18Mais
01:27:20je crois que ça vous offra du bien d'avoir parlé.
01:27:22Parce que vous avez été
01:27:24écouté.
01:27:26J'en parle assez facilement maintenant. J'en parle avec mes amis
01:27:28qui sont bienveillants et qui...
01:27:30J'en parle parfois quand c'est l'occasion.
01:27:32Je dis, moi j'ai vu tout ça,
01:27:34sans rentrer...
01:27:36J'ai quelqu'un dans mes proches
01:27:38actuellement qui a vécu aussi avec son grand-père
01:27:40quand elle était petite fille.
01:27:42Des choses comme ça, mais
01:27:44les gens refusent
01:27:46toujours
01:27:48d'admettre que ça n'est plus existé.
01:27:50Les gens de sa famille refusent
01:27:52de reconnaître que ça n'est plus existé.
01:27:54Donc elle n'est pas entendue.
01:28:00Elle ne veut plus en entendre parler.
01:28:02Les gens de sa famille
01:28:04ne veulent pas qu'elle en parle.
01:28:06Dans les familles, oui,
01:28:08comme si ça ne devait pas exister
01:28:10parce que ça mettrait toute la famille
01:28:12du monde en question.
01:28:14Mais pourtant, écoutez, au moins
01:28:16elle peut vous en parler
01:28:18et vous, vous la croyez.
01:28:20C'est comme ça qu'on va conclure
01:28:22cette émission. Merci Pascal,
01:28:24en tout cas. Bruno Clavier,
01:28:26le mot de la fin, je vous laisse...
01:28:28Le mot de la fin, je dirais très rapidement...
01:28:30J'ai vu une série qui s'appelle
01:28:3237 secondes et il parle des naufrages.
01:28:34Je dirais que l'inceste
01:28:36et l'abus sexuel sur un enfant, c'est comme
01:28:38un naufrage. Et on dit qu'en cas de naufrage,
01:28:40il faut retrouver qui, quoi,
01:28:42quand et où. Le bateau,
01:28:44il faut savoir où il est, qu'est-ce qui s'est passé.
01:28:46Et bien, là, c'est pareil.
01:28:48C'est-à-dire qu'en cas de naufrage,
01:28:50qui est l'inceste ou les violences sexuelles d'enfants,
01:28:52on voit dans les thérapies que c'est très important
01:28:54quand même de se rappeler un peu
01:28:56tout et de se rappeler quand et quoi
01:28:58et qui et où.
01:29:00Merci beaucoup Bruno Clavier. Tout de suite,
01:29:02vous retrouvez Alexandre Delovane pour
01:29:04votre avenir. Et puis demain, on sera avec
01:29:06Ugrène. Qu'est-ce qui se passe dans le corps
01:29:08des femmes lorsqu'elles sont enceintes ?
01:29:10Lorsqu'elles pratiquent
01:29:12une IVG ou une fausse couche,
01:29:14on parlera de tout ça demain.

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