- 20/05/2025
Charlie Hebdo, Bataclan : l'époux de Catherine Salinas, policier à la BRI, est intervenu sur les pires théâtres d'attentats. Elle se livre au micro de Détective 📽️
🎙 Dans cette série d’interviews, nos journalistes plongent au cœur des enquêtes criminelles en donnant la parole à ceux qui les mènent : enquêteurs, experts judiciaires, et professionnels de la scène de crime.
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NewsTranscription
00:00Pour l'hypercachère, si vous n'y attendez pas, on n'a rien prévu comme personne.
00:04Ni la deuxième fois. Sauf que la deuxième fois, notre fille, elle lui a dit.
00:07Elle lui a dit « Mais pourquoi tu y vas ? Pourquoi tu y retournes ? »
00:10Et puis après, on attend. On attend que de toute façon, bien ou mal,
00:14ou il va nous appeler parce que ça s'est bien fini,
00:16ou quelqu'un nous appellera parce que ça s'est moins bien fini.
00:18Bonjour à tous, je suis Christobal Lecrèf, reporter pour Le Nouveau Détective,
00:32le magazine numéro 1 de Faits divers.
00:34Aujourd'hui, je suis avec Catherine Salinas, qui est la femme de Georges Salinas,
00:38qui a été numéro 2 de la BRI pendant les attentats de 2015.
00:41Bonjour Catherine Salinas, comment allez-vous ?
00:43Très bien, merci.
00:43Ça va ? Très bien.
00:45Et donc, vous sortez le livre « Femmes de policiers d'élite »
00:48paru chez Mareuil Éditions en 2019.
00:51Comment ça se passe ? Pourquoi vous écrivez ce livre ?
00:53Qui vient vous démarcher ? Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
00:56Mes parents avaient une brasserie qu'ils avaient achetée en 73.
01:01Donc, j'étais très jeune.
01:03Enfin, j'étais très jeune, j'avais presque 10 ans.
01:05Et en fait, j'ai été élevée avec que des policiers comme clients.
01:10Voilà, on arrivait du 7e, où c'était un peu plus bourgeois.
01:13Et là, c'était un peu plus rock'n'roll, parce que c'était les policiers de la PJ.
01:17Parce qu'avant, toute la PJ était quai des Orfèvres, à l'inverse de maintenant.
01:20Maintenant, il ne reste que la BRI.
01:22Mais avant, on avait les stups, la crime, la BRI.
01:26Bon, celle qui me faisait le plus rêver, c'était la BRI,
01:28parce qu'ils étaient un peu cow-boys à l'époque, plus maintenant du tout.
01:32Et donc, j'ai été élevée avec des gens qui venaient au soleil d'or,
01:37comme Broussard, donc toute l'affaire Mesquine, etc.
01:40Tout ça, je l'ai vécu en direct, on va dire.
01:43Et en fait, c'est quoi la BRI, d'ailleurs, dans votre livre,
01:45que vous appelez BRI-PP, qu'est-ce que ça veut dire, en fait ?
01:48C'est la BRI Préfecture de Police de Paris, parce qu'il y a une BRI nationale.
01:52Et en l'occurrence, la BRI nationale, c'est une BRI,
01:55mais la première, à mon cœur en tout cas, et à mes yeux,
02:00et la plus efficace, c'est pour moi la BRI-PP.
02:03Voilà, et c'est la première.
02:04OK, et vous nous parlez du commissaire Broussard, etc.
02:07En fait, on a une image un petit peu comme dans le film 36,
02:1236 quai des Orfèvres, avec les mecs qui tirent sur les bouteilles dans le bar.
02:15Alors ça, c'était l'image d'avant.
02:16Maintenant, peut-être que le service, il a un peu évolué.
02:18Oui, alors déjà, l'image dont vous parlez dans 36,
02:23il l'a pris de chez mes parents.
02:25C'est arrivé en réalité, en vrai, comme on dit, un soir.
02:31Et donc, il s'en est servi, et très bien, il a eu le droit pour faire un film,
02:34mais ce n'était pas un film, en fait.
02:36Et oui, à l'époque, ils étaient un peu plus détendus après les affaires,
02:42on va dire, mais dans le boulot, ils étaient plus que sérieux.
02:46Ils étaient hyper efficaces.
02:47D'ailleurs, on le voit, parce qu'avant, c'était l'anti-gang,
02:50ce n'était pas la BRI, on parlait de l'anti-gang,
02:52et ils ont fait des très grosses affaires qui étaient...
02:55Donc, ce n'est pas parce qu'on peut se détendre le soir
02:57qu'on ne travaille pas la journée, ce n'est aucun rapport.
03:00Maintenant, c'est un autre...
03:01Aujourd'hui, c'est autre chose, ils font du sport,
03:03ils sont sérieux, ils ne boivent pas.
03:05Et heureusement, et c'est impossible pour eux, de toute façon,
03:08dès qu'ils feraient un écart, ils seraient directement recadrés
03:12par la hiérarchie et surtout la population.
03:16Non, non, non, ça n'arrivera plus.
03:18Et votre père, il l'a vécu comment, d'ailleurs ?
03:20Des hommes qui tirent dans les bouteilles, ça se passe comment ?
03:22Ça se passe, on se dit, comment on fait ?
03:24Est-ce qu'on appelle la police secours ?
03:25Non, ça ne sert à rien, donc on n'appelle pas la police secours.
03:28Et on attend, et puis après, ça devient des...
03:29Ça, c'était au début où on était là.
03:31Après, ça ne devient pas des amis parce que c'est quand même des clients,
03:36mais il y a une relation intime quand même un peu qui se crée.
03:40Et après, ils ont l'impression, tous maintenant, même ceux que l'on revoit
03:44et que je vois encore de temps en temps grâce à mon mari,
03:47et le solidaire, ça fait partie de leur vie.
03:50C'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas parler de leur carrière sans parler du solidaire.
03:53Et alors, vous rencontrez votre mari de là-bas, j'imagine.
03:55Comment ça se passe ?
03:56Un coup de foudre, c'est un truc qui se fait sur le long terme ?
03:59Le long terme, non.
04:00En fait, en réalité, ce que j'ai déjà raconté, donc je peux le faire.
04:03Avant, j'étais avec un autre policier de la BRI qui est maintenant décédé.
04:09Donc, on peut en parler librement parce que ça fait très longtemps.
04:12Et en fait, voilà, j'ai rencontré, oui, au bar.
04:15Enfin, il venait comme les autres, mon mari.
04:18Long terme, non, parce que moi, je ne suis pas très dans la longueur des choses.
04:22Donc, en fait, après, quand on s'est rencontrés, hop,
04:24on s'est carrément mis ensemble rapidement et on s'est mariés un an après.
04:28C'était une évidence ?
04:29Oui, oui, c'était une évidence.
04:30Et d'ailleurs, vous parlez de mariage.
04:31Il y a un truc un peu fou sur votre mariage quand même.
04:33Vous êtes mariée à Notre-Dame-de-Paris, c'est pas comment ?
04:35Bah, c'est-à-dire que nous, en habitant dans l'île de la Cité,
04:40c'était ma mère et moi.
04:42J'ai été élevée là puisque le soleil d'or était là.
04:44Et donc, c'était notre paroisse, quoi.
04:49Donc, en fait, on avait...
04:50Alors, il fallait faire une demande quand même.
04:52Mais ça s'est très bien passé à l'époque.
04:54Aujourd'hui, évidemment, ce ne serait pas du tout pareil.
04:55On n'aurait pas... On ne pourrait pas y aller.
04:57Donc, je pense que, comme dit souvent mon mari,
04:59on doit être sur plein de photos de Japonais parce que, franchement,
05:02on s'est fait mitrailler de flash quand on est rentrés.
05:07Mais c'était sympa.
05:08Mais surtout un samedi.
05:10C'était en quelle année, ça ?
05:11Eh bien, c'était en 90.
05:13OK.
05:14Dans votre livre, vous dites que vous méfiez davantage des terroristes que des voyous
05:17parce que les voyous, ils veulent de l'argent et les terroristes, ils veulent mourir.
05:21Le 9 janvier 2015, votre mari, il est dans la colonne d'assaut de l'île Berkacher.
05:24Est-ce que vous pouvez nous raconter cette journée ?
05:26Alors, oui, je me méfie plus, évidemment, des terroristes que des voyous,
05:30comme je l'ai expliqué, parce que le voyou, en fait, son objectif,
05:35c'est de prendre de l'argent pour finir à Tahiti ou ailleurs.
05:40Et il faut vraiment qu'il soit acculé pour
05:44pour qu'il se serve, pour se servir d'une arme.
05:47Alors, en l'occurrence, quand c'était la BRI et que mon mari y était,
05:51maintenant, pareil sûrement, ils savent avec qui ils ont affaire,
05:54quel policier vient, etc.
05:56Donc, il y a des moments où ils posent l'arme et disent bon, c'est bon, ils partent.
05:59Alors qu'on sait très bien que les terroristes sont là pour mourir en martyre
06:03et qu'on sait que ça va de toute façon mal finir.
06:07Donc, ce jour-là, on travaille puisque moi, mon fils travaille avec moi
06:10à l'époque dans cette brasserie.
06:13Ma fille, elle est un peu plus jeune, elle ne travaille pas là, donc elle n'est pas là.
06:16Et on voit en fait,
06:19on voit toute la journée ce qui se passe, comment ça se passe,
06:22parce qu'on est au soleil d'or et que
06:24on a toute la police de la PJ qui est là.
06:27Donc, on a la BRB qui s'occupe de certains trucs.
06:30On a les gens de la préfecture qui ont d'autres infos.
06:33Et surtout, nous, quand on voit partir la BRI,
06:36on sait parce qu'on la connaît, d'abord parce qu'elle est en face.
06:38Donc, on la voit partir s'ils sont chargés lourds,
06:41s'ils vont à l'entraînement.
06:42Donc, là, on sait que ça ne sent pas bon, quoi.
06:45En plus, ça fait déjà deux jours qu'ils sont...
06:48Ça, quand on les voit partir, ils vont en fait
06:51dans la campagne, comme je dis, pour traquer un des terroristes.
06:57Et du coup, ça fait trois jours qu'ils sont quand même dehors.
07:00Et puis, ça finit du coup à l'hypercachère.
07:03Et là, nous, on est à la Brasquille et là,
07:07mon fils commence à regarder sur l'écran géant et il voit
07:11la colonne de la BRI s'installer, remonter sur du périph'.
07:17Et du coup, ils voyaient leur père.
07:18Évidemment, ils le reconnaissent, même habillé en noir, même casqué.
07:21Il y a des marches.
07:22Et puis, ce que je dis souvent, à la BRI, en fait, il y en a deux grands.
07:24Enfin, il y en avait deux grands, mon mari et Julien, qui s'étaient fait blessés,
07:28mais pas à l'hypercachère.
07:30Et du coup, voilà, on vit ça, on regarde, quoi.
07:35Et puis après, on rentre chez nous.
07:37Enfin, ma fille habite encore chez nous, mais mon fils a déjà son appartement.
07:41Donc, lui, on échange en texto.
07:43Et puis, bon, je vous raccourcis l'histoire quand même.
07:46Et puis après, il y a le moment, il va donner l'assaut.
07:48Donc, il m'envoie un texto
07:50qui m'interpelle parce qu'il ne l'a jamais fait de sa vie.
07:54Avec des cœurs et tout.
07:55Donc, je me dis, ce n'est pas possible.
07:57Il a décidé de mourir.
07:58Ça, il le fait souvent ou pas ?
07:59Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais.
08:01Donc, en fait, là, je me dis que c'est vraiment...
08:03Puis, il y a surtout notre fille qui, à l'époque, a 21 ans et qui me dit Papa va mourir.
08:07Alors, les gens, c'est vrai qu'à chaque fois qu'il y a des choses comme ça,
08:11c'est terrible pour les victimes, terrible pour les gens qui ont été pris en otage, etc.
08:15Mais personne ne pense aux familles de policiers.
08:17Mais en fait, ce n'est pas un film.
08:19Et à 21 ans ou 24 ans, comme notre fils,
08:21vous êtes capable de comprendre que votre père, il va rentrer dans l'enfer
08:24et que peut-être il va mourir.
08:26Et qu'on ne pourra pas faire stop sur l'image pour ne pas que ça se passe
08:30ou revenir en arrière et que c'est la vérité.
08:33Donc, c'est vrai que comme souvent, on laisse un peu la vie des femmes,
08:39de policiers et de familles et d'enfants à l'écart.
08:43Ce n'est pas grave, ils ont choisi ce métier.
08:44Donc, bon, ce n'est pas grave.
08:45Vous leur dites quoi, vos enfants, dans ces moments-là ?
08:47Vous les rassurez ? Vous essayez de relativiser ?
08:50Mon fils, je ne dis rien parce qu'il a 24 ans et qu'il est loin et qu'on texte d'autres.
08:54Mais ma fille, en revanche, elle me regarde, elle me dit Papa va mourir.
08:57Elle a des larmes qui coulent.
08:58Et moi, je me dis mais en fait, mon taf, c'est qu'elle soit toujours bien,
09:02qu'il n'arrive rien.
09:03Donc, j'essaye de lui dire mais non, ça ne va pas arriver.
09:05Et en même temps, je me dis et si ça pète, qu'est-ce que je vais dire ?
09:10Moi qui lui dis depuis...
09:11Alors, ce n'est pas long, ce n'est pas long et c'est long.
09:13C'est très, très long.
09:14Mais en même temps, ce n'est pas long, une minute trente ou une minute quarante.
09:17Et en même temps, je me dis si ça arrive.
09:19Et donc, pendant toute cette minute,
09:20je réfléchis à ce que je vais pouvoir lui dire si ça explose.
09:24Votre mari, à ce moment-là, c'est-à-dire qu'il va rentrer dans l'hypercacher,
09:27il est dans la colonne ou il donne les instructions ?
09:30Comment ça se passe chez toi ?
09:31Mon mari, il est toujours dans la colonne.
09:33Il y a certains patrons qui ne le font pas,
09:36mais lui et son numéro un à l'époque puisqu'il n'était pas tout seul.
09:39Il y avait Christophe Molmy qui, lui aussi, a toujours été dans la colonne.
09:43Et justement, ça se passe comme...
09:44Enfin, pour les enfants, ça fait quoi d'avoir un papa qui est numéro deux de la BRI ?
09:48Est-ce qu'on a envie qu'il arrête ? Est-ce qu'on l'encourage ?
09:51Comment on se sent vis-à-vis de ça ? Vous avez le ressenti ou pas ?
09:53Alors, petit, c'était...
09:56Je pense que petit, pour Mathieu, enfin pour notre fils surtout, c'était...
10:03Il le voyait comme un héros.
10:05Et ce n'est pas facile à porter quand on est petit et d'avoir un papa
10:09physiquement qui est grand.
10:11Et en plus, qui arrive habillé certains soirs tout en noir, etc.
10:15Et puis, quelquefois, ils ont vite compris ce que leur père faisait.
10:19Pour une fille, c'est plus son idole à jamais,
10:22même si lui aussi, c'est son idole.
10:24Mais je veux dire, ce n'est pas le même rapport, une fille et un garçon.
10:28Et du coup, à vivre au quotidien,
10:31petit, non, ça se passe très bien.
10:32En revanche, pour la deuxième fois, alors pour l'hyper cachère,
10:37de toute façon, s'y attendait pas, on n'a rien prévu comme personne.
10:40Ni la deuxième fois, sauf que la deuxième fois, notre fille, elle lui a dit.
10:43Elle lui a dit mais pourquoi tu y vas ? Pourquoi tu y retournes ?
10:46Parce que finalement, il n'est pas au mauvais endroit, au mauvais moment,
10:49comme malheureusement certaines personnes.
10:51Mais sciemment, il va au mauvais endroit, au bon moment, finalement.
10:56C'est un choix délibéré.
10:57Donc pour des enfants, c'est quand même difficile à accepter,
11:00surtout qu'on se dit la première fois, il s'en est bien sorti.
11:04Peut-être que la deuxième fois ne sera pas pareil.
11:06On ne sait pas comment ça va finir.
11:07Et justement, en parlant de l'ambiance à la maison,
11:09je suis obligé de me poser la question de comment c'est quoi ?
11:14C'est quoi l'atmosphère à la maison ?
11:15Est-ce qu'il y a des armes qui sont apparentes, des gilets pare-balles ?
11:18Je ne sais pas, des munitions ?
11:19Est-ce que ça, ça fait partie de votre univers familial ?
11:22Ou alors votre mari, quand il rentre, vous êtes une famille comme les autres ?
11:25Alors, on est une famille comme les autres.
11:28Quand il était à l'abbé Harry, ça pouvait arriver quelquefois.
11:31Mais comme nous, on a toujours finalement par chance habité à côté du 36.
11:35Il n'avait pas besoin de revenir avec toute son armurerie, on va dire.
11:42Mais ça pouvait arriver quand il rentrait.
11:44Et de toute façon, comme tout policier,
11:49il y a un coffre pour ranger l'arme.
11:51Donc, l'arme ne traîne jamais.
11:53Donc, ce n'est pas un film de Jean-Paul Belmondo où il arrive,
11:56où il pose le flingue sur la table.
11:58Et ce n'est pas comme ça, la vie.
11:59La vie, c'est qu'il arrive, il va ranger son arme là où il faut qu'elle soit rangée.
12:03Et voilà, donc personne ne voit rien.
12:05Mais il peut arriver, effectivement, qu'il ait besoin,
12:08parce qu'il part le lendemain matin très tôt
12:10et qu'ils n'ont pas besoin de repasser nécessairement au bureau.
12:14À l'époque, ils viennent avec un gros sac, etc.
12:18où il y aurait sa combinaison.
12:22Mais non, on n'est pas dans un film.
12:25Dans une interview, vous dites une expression qui m'a fait sourire.
12:28C'est les flics, en fait, ils sont mariés avec leur métier.
12:30Ça veut dire qu'au moindre appel, et vous parliez de Bipper aussi.
12:33Ça, c'était une autre époque.
12:35Au moindre appel, il doit décamper.
12:37C'est ce qui s'est passé justement le 13 novembre.
12:40Est-ce que vous pouvez me raconter cette journée ?
12:42Comment ça se passe ? Où vous étiez ?
12:44Alors là, bon, ce n'est plus un Bipper puisqu'on est le 13 novembre 2015.
12:47Donc, on a un téléphone, ce qui change tout.
12:50Voilà, ce qui change tout, en tout cas, pour le rapport.
12:52Ça change, en fait, pour le rapport.
12:54Parce que comme vous savez peut-être pas, mais un Bipper, on ne peut pas répondre.
12:58En fait, c'est juste, on envoie un truc
13:00et moi, je recevais quelque chose, mais je ne pouvais pas.
13:02En tout cas, moi, le mien, il ne marchait pas comme ça.
13:05Je ne sais pas si ça existait, mais je ne pouvais pas répondre.
13:07Il n'y avait pas d'échange.
13:08On a des informations, point.
13:10Et on n'a surtout personne à l'écoute
13:13ou personne au téléphone qui peut nous rassurer
13:17en disant ça va, etc.
13:18Là, maintenant, ce n'est plus pareil.
13:20Alors, est-ce que c'est mieux ? Est-ce que c'est moins bien ?
13:22Je ne sais pas parce que là, il y a plus de proximité.
13:25Donc, finalement, par exemple, moi, j'avais eu cet échange avec un général
13:30de l'armée qui disait nous, en OP, en fait, on interdit
13:36aux soldats de communiquer pendant tant de jours avec leurs femmes
13:39ou parce que ça les perturbe.
13:42Donc, en fait, je ne sais pas si c'est mieux ou pas mieux.
13:43Pour les familles, c'est mieux parce qu'on se dit que si on a une cata,
13:46on peut les joindre, même si on peut toujours les joindre
13:48en passant par l'état-major, etc.
13:50Ça rassure un peu d'avoir cette proximité,
13:51mais je ne sais pas si c'est mieux, finalement.
13:53Et vous, dans ce genre d'opération, vous avez quelqu'un,
13:56vous avez un indique, quelqu'un pour avoir des nouvelles en cas d'extrême urgence ?
13:58Non, parce que je ne suis pas un voyou, en fait, donc je n'ai pas d'indique,
14:02mais je peux avoir quelqu'un si vraiment je suis perturbée.
14:05Je ne le ferai jamais, évidemment, parce que ce n'est pas le jour à dire
14:09je me fais du souci pour mon mari.
14:11Je fais comme tout le monde, par chance encore ou malchance.
14:14On a les médias qu'il n'y avait pas avant quand on était jeune.
14:18Et puis après, on attend, on attend que de toute façon, bien ou mal,
14:21ou il va nous appeler parce que ça s'est bien fini ou quelqu'un nous appellera
14:24parce que ça s'est moins bien fini.
14:26Donc voilà, après cette journée, nous, on est parti à la campagne.
14:30On est parti à la campagne
14:32en milieu d'après-midi.
14:34Voilà, c'est cool.
14:35On passe une soirée, lui devant le foot, comme j'ai dit,
14:38parce que je suis très, très sympa comme nana, donc je lui laisse regarder le foot.
14:42Et du coup, et puis bon, voilà, ça commence à sonner.
14:48Son portable et je sens qu'il est stressé.
14:50Il sort parce qu'il ne passe pas tous les coups de fil avec moi.
14:55Quand même un peu.
14:56Donc il sort et revient.
14:58Et puis tout à coup, il me dit c'est la guerre, il faut rentrer.
15:01T'as trois minutes pour fermer la maison.
15:03Et son premier objectif, c'est de savoir où sont nos enfants.
15:07Donc c'est facile.
15:08L'aîné, le garçon, comme beaucoup de mecs, il est devant le foot.
15:13Donc là, on est réglé.
15:14Et puis, comme je dis, notre fille, Pénélope Jolicoeur, elle,
15:18elle est tout le temps en vadrouille.
15:20Et donc là, c'est compliqué.
15:22Bon, finalement, même si elle pleure un peu parce qu'on lui a utilisé
15:26un ton un peu un peu sec parce qu'il fallait bien lui faire comprendre
15:31qu'il vaut mieux qu'elle reste là où elle est et qu'elle ne bouge pas.
15:34Et puis, finalement, on s'aperçoit qu'elle est quand même rentrée en scooter,
15:37alors qu'on lui avait dit de ne pas rentrer.
15:38Enfin bon, bref, les gosses, quoi.
15:40Et voilà. Et finalement, après, moi, je...
15:44Donc elle a, depuis les Père Cachère, un appartement.
15:49Donc l'aîné est dans son appartement.
15:51Elle est dans son appartement.
15:52Et moi, je suis donc seule dans le mien, enfin dans le nôtre.
15:54Et donc j'attends.
15:56Donc il me dépose
15:59rapidement devant notre adresse.
16:01Et puis, puis après, il n'y a plus qu'à attendre.
16:04Il n'y a plus qu'à attendre que...
16:06Alors là encore, les médias, on est devant la télé, on échange en texto.
16:09Alors ma fille, c'est plus au téléphone.
16:11Mon fils, toujours pareil.
16:12Lui, il sent que c'est vraiment compliqué.
16:14Il me dit j'ai vu plein de voitures, de police, etc.
16:18Ma fille, elle dit mais pourquoi il y retourne? Mais ce n'est pas possible.
16:22C'est une gestion qui n'est pas la même, évidemment,
16:25que les gens qui sont pris en otage, enfin des familles, je veux dire des gens
16:29parce qu'eux pensent à la vie.
16:33Mais en fait, c'est un peu la même chose.
16:35Nous, on se dit, ils sont au même endroit.
16:40Ils sont au même endroit.
16:41Ils ne l'ont pas décidé de la même façon, mais en tout cas, au moment précis,
16:45ils sont dans la même galère.
16:46Et les familles, même si on n'en parle jamais des familles des policiers,
16:49ils ressentent la même chose que quelqu'un qui aura été au concert
16:52et dont la mère s'inquiéterait.
16:54C'est exactement la même chose.
16:55Ils sont dans la même galère.
16:56Ils sont quand même surentraînés et suréquipés pour affronter ce genre d'épreuve.
17:00Et justement, votre mari, il rentre dans le Bataclan ce soir-là?
17:04Oui, il rentre dans le Bataclan comme son chef, Christophe Molmy.
17:08Comme à chaque fois, il rentre parce que quand on est un bon chef,
17:12c'est comme partout, on ne laisse pas les soldats y aller seuls.
17:14Parce que sinon, c'est un peu facile quand même.
17:17Et donc, du coup, ils y vont et oui, ils sont entraînés.
17:22C'est vrai, vous avez raison, ils sont entraînés, mais ils sont à la BRI.
17:25Jusqu'à maintenant, ils sont quand même plus entraînés
17:28aux gros bandits, au banditisme qu'au terrorisme.
17:31Alors, évidemment, ils se sont quand même entraînés pour ça
17:35parce qu'ils ne sont pas, ils voyaient bien ce qui se passe ailleurs.
17:39Donc, c'était vraiment quand même une possibilité que ça arrive.
17:43Mais c'est quand même la première fois où ils sont confrontés à ça.
17:46Alors que le gros banditisme, etc., où ils sont entraînés à faire des filoches,
17:52à arrêter des gens, etc., bon, ça, ils l'ont vécu plein de fois.
17:56Alors que là, c'est quand même, même si on est entraîné, c'est la première fois.
17:59Et la première fois, comme tout le monde le sait, c'est toujours compliqué.
18:02Les terroristes, avant qu'ils tapent, ils sont déjà connus des services de...
18:05Je ne sais pas si vous êtes au courant parce que vous êtes...
18:07Non, moi, je ne rentre pas là-dedans.
18:08Je n'en sais rien du tout.
18:10Je ne sais pas. Alors là, franchement, je n'ai pas fait d'études sur...
18:12En fait, les terroristes,
18:13j'ai l'impression qu'ils sont beaucoup plus imprévisibles que les voyous.
18:16C'est ce que vous disiez tout à l'heure.
18:18C'est-à-dire qu'ils n'ont pas le même motivation.
18:20Déjà, ils sont touchés, soi-disant, par la grâce, enfin, en tout cas, par une...
18:25Comment? Ils sont habités
18:30par leur conviction religieuse.
18:34Donc, en fait, c'est là où ça devient
18:37compliqué parce que raisonner quelqu'un comme ça, ce n'est pas possible.
18:41Donc, en fait, ce n'est pas du tout la même chose que des...
18:45Et dans le Bataclan, il y a des échanges de coups de feu qui se font?
18:49Très peu, très peu, très peu, parce que je crois qu'aucun...
18:53Oui, mais ça, c'est parce qu'en fait,
18:56il y a... Ils sont obligés.
18:58Je crois qu'il y en a un qui se fait exploser.
19:01Et là, par chance, en fait,
19:04en fait, ils ne sont pas assez prêts.
19:08Par chance, ils ne sont pas prêts.
19:10Et du coup, ils ne sont pas touchés.
19:13Et l'autre...
19:15Parce qu'en fait, il y a un de la BRI qui tire et qui fait exploser un des terroristes.
19:20Et après, il y en a un qui cherche à lui se faire exploser.
19:24Mais finalement, son gilet a tourné avec le blast de l'explosion d'avant.
19:28Et il ne trouve jamais.
19:29Et donc, lui, après, lui aussi, c'est fini.
19:31Donc, finalement, malgré l'horreur, l'intervention, elle se passe plutôt bien.
19:35Ah bah super, on ne peut pas rêver mieux.
19:37Je pense qu'on... Ah mais ce n'est pas bien gérée.
19:39Elle est exceptionnellement gérée.
19:42C'est-à-dire qu'on ne peut pas rêver mieux
19:43pour une intervention aussi catastrophique et meurtrière.
19:48Et franchement, c'est...
19:50Je ne sais pas qui pourrait remettre ça en question.
19:52Enfin, en tout cas, pas moi avec mes yeux de femme.
19:55Et c'est impossible.
19:57Et votre mari, après, il rentre chez lui.
19:59Vous êtes encore éveillé. J'imagine que vous l'attendez.
20:02Oh bah, c'est long.
20:03Puis après, ils ont un travail quand même, parce que c'est pas juste...
20:05Ah oui, c'est pas terminé après l'opération.
20:06Bah non, après, il faut qu'ils aillent arrêter d'autres gens, etc.
20:09Donc, là, la nuit est plus que courte.
20:13Et après l'épisode Bataclan, on va dire, il rentre chez lui.
20:17Comment il est ? Comment vous l'accueillez ?
20:19Est-ce qu'il a le droit même de vous raconter ce qui s'est passé ?
20:22Est-ce qu'il en a envie ?
20:23C'est-à-dire que quand vous êtes mariés depuis aussi longtemps que nous,
20:25vous savez s'il faut parler ou pas.
20:27Ouais.
20:27Donc, en fait, déjà, de nature, il est un peu taiseux.
20:31Mais bon, là, on va dire que non, on ne va pas parler.
20:34Enfin, moi, en tout cas, je ne m'autorise pas
20:36le droit de lui poser des questions ni de lui dire si j'ai eu peur ou pas peur.
20:42L'important, c'était moi, mon boulot.
20:44Lui, son boulot, c'était de gérer les terroristes.
20:46Et moi, c'était de gérer les enfants.
20:48Ce qu'on a fait à peu près.
20:50Enfin, lui, parfaitement. Moi, je ne sais pas.
20:53Et après, les enfants, c'est presque des adultes.
20:58Donc, eux, ils sont le lendemain.
21:00En revanche, ils sont tous les deux très tôt
21:03dans la brasserie pour voir leur père qui, lui, est déjà très tôt au travail.
21:08Et notre fille, elle a vraiment un besoin de le prendre dans ses bras.
21:11Alors qu'elle sait très bien qu'il va bien.
21:13Mais en fait, pas sûr.
21:16Enfin, c'est peut être pour elle qui a fait ça aussi.
21:19Oui, c'est pour elle.
21:20Mais c'est surtout, il faut que je touche pour être sûr que ce soit vrai.
21:22Vous voyez, c'est comme c'est dingue.
21:24Bah oui, mais c'est obligé.
21:26Il a déjà été blessé, votre mari?
21:28Non, non, non, non, non.
21:29Je touche du bois, donc je ne sais pas quoi.
21:31Vous n'avez pas de bois ici, c'est la galère.
21:33Ça m'a l'air bien, non.
21:34Malheureusement, non.
21:35Mais bon, là, il y en a plein.
21:36OK. Non, non, jamais.
21:38Des collègues à lui.
21:40Bien sûr, des collègues à lui, j'imagine.
21:42Vous me parliez même de quelqu'un qui est décédé.
21:44Non, non.
21:45Ah non, non, mais là, c'était une maladie.
21:47Ah oui, rien à voir.
21:48Non, non.
21:49Pendant le Bataclan, il y a un collègue qui a été blessé.
21:52Oui, oui.
21:53Donc ça, oui, ça arrive.
21:55Bien sûr que ça arrive.
21:56C'est, c'est même.
22:00Et finalement, ça arrive presque moins.
22:02Enfin, pas presque.
22:03Définitivement moins dans des brigades d'élites que dans
22:07que dans les policiers qui sont au contact de la population tous les jours.
22:10Là, il y a beaucoup plus de.
22:12Là, on a parlé de toute la dimension de vous en tant que femme policier,
22:14mais il y a aussi être la maman.
22:17Aussi, comment ça se passe avec les enfants?
22:19Ça doit demander une organisation dingue avec ce truc, en fait,
22:22de devoir partir à tout moment sans prévenir d'un coup et dans la précipitation.
22:26On s'organise comment quand on est la femme et aussi la mère d'un genre de famille?
22:32Tant qu'il n'y a pas d'enfants, ce n'est pas grave.
22:35Donc, tant qu'il n'y avait pas d'enfants, moi, finalement, je travaillais.
22:37Puis après, j'ai arrêté de travailler quand et ça tombait bien,
22:41puisque finalement, sinon, ça aurait été quand même hyper compliqué à gérer.
22:45Bon, après, il y a des, il y a d'autres métiers qui demandent de l'organisation.
22:48Si vous avez épousé un pilote de ligne et que vous êtes hôtesse de l'air,
22:51ça la galère aussi.
22:52Mais bon, en tout cas, nous, il y avait la différence.
22:57C'est ce que je dis toujours entre ces métiers là et le métier de policier,
22:59c'est que quand vous êtes, par exemple, pilote de ligne,
23:02vous avez des vrais horaires.
23:04Oui, c'est ça. Alors que là, il y a zéro horaire.
23:07Donc, en fait, évidemment que les gens disent oui, mais non, il n'est pas souvent là.
23:10Oui, mais en fait, tu sais quand il va être là ou pas.
23:12Moi, je ne savais jamais quand.
23:14C'est là la différence.
23:16Donc, en fait, moi, j'ai arrêté de travailler.
23:19Ça tombait plutôt bien.
23:20Puis moi, j'avais très envie de m'occuper de mes enfants
23:22parce que je dis toujours que c'est mon métier.
23:24Je pense que ça a été la découverte de ma vie d'être maman.
23:27Et du coup,
23:31on s'organise un peu comme si on vivait
23:34seul parce qu'en fait, ce que je dis, il compte un peu pour du beurre,
23:38même quand il était à la maison.
23:40Et si moi, je voulais sortir avec mes copines l'après-midi ou aller chez le coiffeur,
23:44j'en sais un peu importe.
23:44Il fallait que j'ai une baby-sitter en doublette.
23:47C'est-à-dire ?
23:48C'est-à-dire qu'on avait une baby-sitter,
23:50comme souvent les gens, si on veut sortir le soir, etc.
23:52Parce que nous, on n'avait pas de grands-parents
23:55dispo pour faire une baby-sitter.
23:57Et donc, du coup, en fait,
24:00la baby-sitter, je lui disais bon,
24:01parce que lui, il voulait quand même jouer son rôle de père.
24:04Donc, quand il était à la maison,
24:06je n'allais pas lui dire, tiens, la baby-sitter va venir.
24:08Tu peux aller faire du sport ou je ne sais pas quoi.
24:10Il fallait aussi qu'il joue son rôle de père
24:12quand il avait la possibilité de le faire et des horaires adaptés à ça.
24:16En l'occurrence, il sautait dessus.
24:18Sauf que ce beeper pouvait sonner à tout moment.
24:21Et là où moi, je sortais, si j'étais...
24:23Bon, bref, il fallait quelqu'un soit à 5 minutes ou 10 minutes.
24:26Donc, on avait une jeune fille au père
24:28qu'on logeait pas très loin et qui,
24:30quand c'est lui qui s'en occupait, je lui disais bon, bah, vous restez là.
24:33Si vous appelez, vous êtes là dans 10 minutes.
24:34Et OK, voilà, t'as aimé.
24:36OK, donc elle, elle devait être tout le temps à disposition.
24:38C'est peut-être même déjà arrivé que elle et sa vie,
24:41peut-être qu'elle était avec des copines qu'elle n'allait pas prévenir.
24:43Ah non, là, son boulot, c'était là.
24:45Et si je lui disais pendant trois heures, c'est lui qui est de garde.
24:48Et vous, vous êtes là.
24:49Vous n'êtes pas à l'autre bout de Paris, sinon elle se fait virer direct.
24:52Sinon, moi, j'arrive plus vite.
24:53Quoi, ça n'a pas de sens.
24:54Oui, sinon, oui, d'accord.
24:54Non, non, ça ne marche pas, ça.
24:55Je comprends.
24:57En fin de compte, avec du recul sur ce, sur cette période-là de votre vie.
25:02Qu'est-ce que vous avez apporté à votre mari?
25:04Qu'est-ce que lui vous a apporté?
25:05Comment ça s'équilibre?
25:07Ce que je lui ai apporté, je n'en sais rien.
25:08Ça, il faudra lui demander.
25:09À part le fait, ce que je, je, j'ai déjà dit
25:13d'avoir pour ces vieux le fait de pouvoir faire son métier comme il l'entendait.
25:17Ouais, sans souci de savoir si
25:21ses enfants allaient bien ou mal, bien sûr qu'ils s'en souciaient.
25:26Je veux dire, sans dire il faut que je rentre pour si il faut que j'aille plus vite.
25:30Voilà, il savait qu'à la maison, c'était carré, qu'il y avait quelqu'un
25:34et que ça se passait bien.
25:35Donc, je lui dis souvent je t'ai quand même permis d'avoir un peu une vie
25:38de célibataire et puis finalement, quand tu seras vieux, t'auras une vie
25:42comme si tu avais une famille.
25:43Tu pourras profiter de tes enfants et tes petits-enfants largement.
25:47Et voilà, moi, ce qui m'a.
25:49Et donc, je pense que quand on a une famille comme nous, je pense que c'était
25:55peut être que ça l'a facilité quand même un peu.
25:57En tout cas, ça lui a enlevé une charge
26:00dans la tête de qui n'avait pas besoin d'avoir en plus,
26:04parce que déjà, quand ils font quand on fait un métier comme ça,
26:06c'est pas la peine de se surcharger avec d'autres problèmes.
26:09Et c'est peut être un peu naïf,
26:10mais des fois, il y a des moments où il l'a pu, où il peut dire non.
26:14Là, c'est un moment important que je passe en famille.
26:15Bon, alors pas forcément un moment ordinaire,
26:18mais un moment où il se doit d'être là.
26:19Et est-ce qu'il peut répondre et dire non, je ne pourrais pas être présent
26:23quand il était à la Bairie.
26:25En fait, c'est oui, bien sûr, on peut toujours dire non.
26:29Sauf que eux, ils n'ont pas envie de dire non,
26:31parce que c'est comme un joueur qui s'entraîne pendant toute l'année.
26:37Et puis le match, on lui dit non, aujourd'hui, il faut que tu ailles à la Bairie.
26:41Il dit non, en fait, non, ça ne se passe pas comme ça.
26:43On ne va pas, eux, ils se sont entraînés ou ils suivent des mecs depuis des mois, etc.
26:47Et puis si, parce que les voyous, ils décident,
26:50ils s'en foutent des communions, des baptêmes et des repas de mamie.
26:55Et de Noël aussi.
26:55Et de Noël et de tout.
26:57Et eux, s'ils ont décidé de taper ce jour-là, ils y vont.
27:00Et donc, c'est comme un sportif d'haut niveau.
27:03On ne va pas lui dire tu t'es entraîné, bah non, aujourd'hui, tu n'y vas pas.
27:06C'est non, ça, c'est le jeu.
27:08Mais il y a des anecdotes, par exemple, pendant un anniversaire, pendant Noël.
27:11Oui, non, pendant Noël, souvent, c'est ce que je disais, on gère, on le sait.
27:17Alors moi, c'est ce que je dis.
27:18Par contre, lui, il a épousé quand même une enfant.
27:21Moi, à l'époque, j'étais jeune, j'étais une enfant de commerçant.
27:25Et en fait, les commerçants, ils n'ont déjà pas d'horaire.
27:27Moi, mes parents, je les ai toujours travaillés, vu travailler le week-end,
27:30le dimanche, pas de vacances.
27:32Moi, mon père, il se levait à 5 heures.
27:33Ma mère, elle rentrait à 3 heures du mat.
27:35Donc, le schéma de tout le monde est à la table à 19 heures,
27:38ce n'était pas le mien.
27:39Donc, ça, c'est déjà un avantage.
27:41Puis, à l'époque, les femmes, même à mon époque,
27:45on était quand même moins à cheval.
27:46Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il faut tout que ce soit partagé.
27:50Je ne sais pas comment ils font aujourd'hui à la B1, je ne veux même pas savoir.
27:54Peut-être qu'ils n'ont plus de femmes.
27:55Oui, peut-être qu'ils n'ont plus de femmes, ou elles sont toutes flics.
28:00OK. Et donc, vous sortez le livre Femmes de policiers d'élite,
28:03paru chez Mareuil Éditions en 2019.
28:06Comment ça se passe ?
28:07Pourquoi vous écrivez ce livre ?
28:08Qui vient vous démarcher ?
28:09Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
28:11En fait, elle, elle avait écrit déjà un livre avec Jean-Michel Fauvert,
28:14qui était pendant les attentats le patron du RAID.
28:18Et puis, je ne sais pas, tous les deux en parlant,
28:21elle va chez lui, effectivement.
28:23Elle va chez lui, donc, où elle rencontre sa femme.
28:26Et puis, lui, en parlant, dit
28:27« Ah, mais ce serait peut-être sympa qu'on fasse un livre sur les femmes,
28:31sur ma femme. »
28:32Je crois que c'est comme ça que ça part au début.
28:34Et puis, elle, elle dit « Ouais... »
28:37Oui, sur sa femme, c'est Véronique Fauvert, c'est co-écrit avec...
28:40Ouais, voilà.
28:40Et en fait, finalement, la journaliste dit
28:43« Mais il vaudrait mieux mettre deux femmes
28:46pour que ce soit...
28:47Enfin, pour voir la différence, quoi, de chacune de... »
28:50Du coup, elle m'appelle en me disant...
28:52Moi, sur le moment, je me dis « Bon, ça n'a aucun intérêt,
28:54ma vie n'a aucun intérêt. » Voilà.
28:56Et puis, je pense finalement à mes enfants.
29:00Et je me dis en fait que si moi, je ne fais pas ce livre,
29:07personne ne saura et ne comprendra ce qu'ils ont vécu.
29:11Donc, je le fais par choix pour eux.
29:15Et justement, maintenant, c'est au tour de votre fils d'être policier.
29:17Alors, sans rentrer dans les détails de quel service, etc.
29:20Mais attendez, je finis sur le livre.
29:21Moi, j'ai écrit ce livre-là, mais mon mari, en revanche, il a écrit.
29:25Lui aussi, parce qu'il a vécu toute sa vie comme policier.
29:29Il a fait trois romans.
29:31C'est ça.
29:32Alors le premier, bon, là, je vous ai apporté le dernier.
29:35Mais c'est une trilogie parce qu'en fait, son père était
29:39dans la police à Oran, en Algérie.
29:43Et en fait, il était dans l'antiterrorisme.
29:45Et en fait, quand il était jeune,
29:47il entendait son père parler de ce qu'il avait vécu.
29:49Et quand lui, en 2015, a vécu ce qu'il a vécu à la BRI,
29:53il s'est dit « Mais en fait, ça ressemble étrangement. »
29:56Il a eu ce besoin d'écrire.
29:57Donc, il a écrit cette trilogie des trois livres.
30:02Donc, c'est « Le chat d'Oran », « Le murmure des âmes perdues »
30:04et le dernier, « Par le verbe et par le glaive »,
30:07qui est la devise de la BRI.
30:10Et celui-là se passe au Bataclan.
30:13Enfin, aussi, c'est la fin de cette trilogie qui finit là.
30:16Et il raconte donc son intervention au Bataclan.
30:18Eh bien, vous verrez si vous le lisez.
30:20Eh bien, je vous invite à le lire.
30:21Eh bien, moi aussi, je vous invite à le lire.
30:22Et je vous invite même à lire les deux d'avant, puisque c'est une trilogie.
30:25D'accord.
30:27Donc, du coup, moi, j'aimerais bien revenir à votre fils,
30:29qui maintenant fait partie de la police.
30:30En fait, ça se suit.
30:32Son grand-père était policier.
30:33Son père est policier.
30:34Lui, maintenant, est policier.
30:36Alors, sans rentrer dans les détails de son service, etc.
30:39Vous, en tant que femme d'un ancien membre de la BRI,
30:43est-ce que vous étiez favorable à ce que votre fils fasse partie de la police ?
30:46Est-ce que ça ne fait pas peur de vivre ça en tant que maman ?
30:49Plus qu'en tant que femme, en plus.
30:50En fait, alors là, oui.
30:52Trois milliards de fois de plus.
30:54Oui, son fils, c'est sa chair.
30:56Enfin, c'est un truc, c'est horrible.
30:59Mais en fait, au début, moi, mon fils, il l'a fait vraiment par choix
31:02et par conviction, parce qu'il a eu une autre carrière avant.
31:04D'accord.
31:05Parce qu'il a l'âge d'avoir déjà travaillé pendant dix ans.
31:08Et en fait, il a eu une autre carrière avant qui était la même que la mienne.
31:11Et on travaillait tous les deux.
31:13Comme je vous l'ai raconté à la brasserie.
31:15Et puis, en fait, ces attentats, ils ont marqué nos enfants, les deux.
31:21Notre fille a décidé d'être infirmière.
31:24Alors que voilà, il fallait qu'elle sauve des vies, un peu comme son père.
31:28Et lui, elle, la police, ce n'était pas son truc.
31:30Et c'est après ça, parce qu'elle avait déjà l'âge où elle avait déjà fait des études.
31:36Pas fait d'études, mais elle avait commencé à étudier le droit,
31:38mais ça ne lui plaisait pas.
31:39Donc, bon, elle se cherchait jusqu'au moment où ça marque les enfants.
31:45Et nous, les nôtres, ça les a marqués dans le bon sens
31:48parce qu'elle, elle a décidé de faire infirmière alors que ça faisait cinq ans.
31:53Elle avait eu son bac à 17 ans et elle avait 24 ans.
31:56Donc, ce n'était pas du tout le droit.
31:59Bref, elle a réussi du premier coup.
32:01Super. Elle est dans un service d'urgence,
32:03enfin d'urgence, elle est en neuro, en soins intensifs.
32:07Donc, en fait, il faut qu'il y ait ce truc d'adrénaline, un peu comme son père.
32:11Elle a besoin, comme son père, d'adrénaline.
32:13Je pense que personne n'a été habitué à une vie un peu monotone.
32:17Non, non, tout se passe dans les...
32:18Non, non, c'est sûr.
32:20Moi, je l'ai dit, quand on a un problème, nous, chez nous,
32:22quand on avait un problème de serrerie, qu'on avait oublié les clés,
32:27il descendait en rappel pour ouvrir.
32:30Bon, voilà, c'est une vie comme ça.
32:32Et moi, c'est une vie que j'ai adorée parce que c'est une vie qui n'est pas
32:35monotone, qui est quelquefois anxiogène.
32:37Mais enfin, il y en a d'autres sûrement et qui n'était surtout pas la vie
32:40qui m'était réservée, on va dire.
32:43Pourquoi vous dites ça ?
32:44Parce que moi, comme j'étais à Véronèse
32:47et mes parents avaient un bistrot, en fait, à l'époque,
32:51j'aurais dû épouser un auvergné à bistrot et j'ai épousé un flic pied noir.
32:55Donc, en fait, c'était mort.
32:56Et ça s'est passé comment ? Très mal.
32:58Personne ne m'a plus jamais parlé et c'est pas grave.
33:00Après, ils ont essayé de revenir quand il a commencé à faire des trucs incroyables.
33:04Mais moi, j'ai dit c'est trop tard, c'est trop tard.
33:07Et donc, bon, peu importe.
33:08En tout cas, moi, je ne regrette rien.
33:10Après, donc, pour en revenir à notre fils, lui, il a fait une première carrière
33:15et puis après, il s'est décidé à dire finalement,
33:18je crois que ça me plairait bien de faire ça.
33:19Donc, il a passé le concours.
33:21Moi, j'étais, je ne peux pas être réticente.
33:23Moi, ce que je veux, c'est que mes enfants, ils soient heureux.
33:25Et moi, mon mari, il a toujours dit et je le souhaite à tout le monde
33:30et à vous en premier.
33:31Tous les matins, il a toujours, il est toujours parti la banane
33:34et il est revenu tous les soirs pareil.
33:36Fatigué quelques fois, stressé d'autres fois,
33:38mais jamais je l'ai entendu partir en disant, je n'ai pas envie d'y aller.
33:42Toujours heureux.
33:43Donc, moi, moi, mes enfants, s'ils décident d'un métier
33:46qui va les rendre heureux, tant mieux.
33:47Ma fille, c'est sûr, c'est gagné.
33:49Elle est heureuse.
33:50C'est compliqué.
33:51Bon, comme tous les métiers.
33:53Lui, il commence, je ne sais pas comment ça va se passer.
33:56Moi, en tant que mère, en revanche, c'est hyper dur.
33:59C'est hyper dur parce qu'aujourd'hui, le rapport à la police
34:02a quand même bien évolué et que je me dis le matin, il s'en va.
34:06Mais est-ce que ce soir, il va rentrer ?
34:08Parce que pour l'instant, sans quitter son service,
34:11il n'est pas dans un service d'élite qui connaît parfaitement les gens qui suivent.
34:15Donc là, ce n'est pas du tout le même cinéma.
34:17Donc, il est confronté pour l'instant à la population, je veux dire.
34:23Et là, c'est compliqué pour une mère de famille
34:25parce qu'on sait très bien qu'il peut arriver quelque chose.
34:28Donc, je me dis, est-ce qu'il va rentrer ce soir ?
34:30Est-ce qu'il va aller en prison aussi ?
34:31Parce que maintenant, on a la possibilité de la prison pour les policiers.
34:34Oui, justement, là, il y a un phénomène d'actualité.
34:37Justement, vous avez peut-être peur pour lui,
34:40mais est-ce que vous avez aussi peur qu'il soit impliqué dans une affaire
34:42comme celle de Naël ?
34:44On a appris que le policier allait sans doute être jugé pour meurtre.
34:47Bien sûr, c'est incroyable.
34:48Je veux dire, c'est le seul métier,
34:50c'est le seul métier qui existe où vous pouvez vous retrouver en prison le soir.
34:54C'est-à-dire que vous êtes chirurgien,
34:56quelqu'un décède sur votre table d'opération.
35:00Le soir, vous n'êtes pas en prison.
35:02Si vous êtes, par exemple, juge d'application des peines,
35:04que vous relâchez quelqu'un qui va partir et qui va faire,
35:09parce que ça arrive, ça aussi, qui va faire, qui va tuer quelqu'un ou quoi.
35:13C'est pareil.
35:14Personne ne remet en cause la décision que vous avez prise.
35:16Donc, dans ces deux métiers,
35:17il faut bien se mettre d'accord que le chirurgien ou ce juge,
35:21ils ont des mois pour lire le dossier.
35:23Quand vous allez vous faire opérer, il ne prend pas une minute.
35:28Il y a tellement de rendez-vous avant.
35:29Il lit votre dossier, il demande les antécédents, etc.
35:32Donc, il a quand même une idée de ce qui va se passer.
35:34Mais s'il arrive quelque chose sur la table d'opération, il ne va pas en prison.
35:38Le juge, c'est pareil.
35:39Il a un dossier, on lui donne.
35:41Il a fait ci, il a fait ça.
35:42Est-ce que vous pensez ?
35:44Le policier, on lui demande en un quart de seconde
35:48quelqu'un qui ne connaît pas, lui, à l'inverse des deux autres.
35:51Quelqu'un qui ne connaît pas.
35:52Il sait juste qu'avant, je ne parle pas spécialement de l'affaire de Naël.
35:57Je ne veux même pas en parler vraiment.
35:59Mais je...
36:00Sauf que je suis choquée, évidemment, plus que choquée.
36:02Je vous dirai pourquoi après.
36:03Mais je veux dire, dans n'importe quelle autre affaire,
36:05ils ne connaissent pas, en général, en tout cas
36:08dans ces brigades comme là, c'était les motos.
36:12Il voit juste quelqu'un qui fait,
36:14qui a un comportement dangereux et il veut essayer de l'arrêter.
36:18Donc, en fait, il ne connaît de ce tome là que ça.
36:22Voilà, c'est tout.
36:23Et donc, lui, tout à coup, on lui dit en un demi seconde.
36:26Vous devez savoir si là, si vous restez votre vie,
36:28si finalement, il a bien failli tuer quelqu'un avant.
36:33Est-ce qu'il va tuer quelqu'un après ?
36:34On parle d'une demi seconde.
36:35Oui, ça demande une capacité d'analyse.
36:37Essayez-vous en une demi seconde
36:39de penser à tout ça en même temps.
36:41Alors, peut-être qu'il y a des gens surhumains,
36:43mais moi, je ne sais pas.
36:45Donc là, il faut qu'on m'explique.
36:46Donc, je ne sais pas comment on peut demander à des policiers
36:49qui ont déjà suivi pendant un moment quelqu'un,
36:51qui ont essayé de le faire raisonnablement.
36:54En plus, qui, moi, vous, je ne sais pas,
36:56moi, quand la police me demande de m'arrêter, je m'arrête en fait.
37:00Parce que là, on est en train de se poser des questions métaphysiques
37:02sur le fait qu'il ait tiré, mais il a tiré ou pas.
37:07Pourquoi il a tiré ?
37:08Mais pourquoi il a tiré ?
37:10Et justement, ça, c'est une question...
37:11Qui ne s'arrête pas ?
37:13Quand vous êtes aux Etats-Unis, le pays, quand même, par excellence,
37:17c'est une démocratie, on est d'accord,
37:19où tout le monde rêve d'aller, en tout cas jusqu'à maintenant.
37:21Je ne vais pas rentrer dans l'actualité,
37:24mais jusqu'à maintenant, en tout cas, le rêve américain.
37:27Jusqu'à maintenant, d'accord ?
37:28Pourtant, si vous avez été aux Etats-Unis,
37:30vous savez très bien que dès que la rampe du policier qui vous suit s'allume,
37:34vous avez intérêt à vous arrêter, à mettre les mains sur le volant
37:37et à ne pas bouger.
37:39Parce que sinon, vous en prenez une directe.
37:41Et pourtant, ce pays-là, tout le monde accepte ça.
37:44Donc moi, aujourd'hui, il y a un vrai problème.
37:46Évidemment, peut-être que là-bas, c'est un peu trop, parce que c'est possible.
37:50Mais ici, en France, il n'y a plus aucun respect de la police.
37:54Je veux dire, vous, ça ne vous arrivera pas demain
37:57de vous prendre une balle par un policier,
38:00parce que de toute façon, vous allez vous arrêter.
38:02Vous pensez que la police, elle fait moins peur maintenant ?
38:04C'est pas, elle fait moins...
38:05La police, elle n'est pas là pour faire peur ou pas peur.
38:08La police, elle est là pour être...
38:10C'est pas, elle impose.
38:12La police, elle doit être respectée.
38:15C'est pas à elle d'imposer.
38:17C'est aux gens de respecter quelque chose.
38:20Vous, vous respectez vos parents.
38:21C'est pas à eux, à France, ça n'impose pas.
38:25Je veux dire, le respect, c'est une éducation
38:28et on doit respecter l'uniforme.
38:31C'est comme ça.
38:31Et si on respecte leur uniforme, il n'arrive pas ce genre de choses.
38:35Il ne faut pas prendre le problème à l'envers.
38:37Je veux dire, si ce gamin s'était arrêté.
38:40Eh bien, aujourd'hui, il serait toujours là.
38:42Et si ce gamin n'avait pas volé de voiture,
38:44parce que j'ai entendu des gens dire oui, mais qui ne connaît pas quelqu'un
38:46qui a volé une voiture à 15 ans ou 16 ans ?
38:49Ben moi, je connais personne qui a volé une voiture.
38:51Et je pense que 90% de la population ne connaît pas de personnes
38:54qui conduisent sans permis et qui...
38:58Donc, si vous voulez, on peut...
39:00On met toujours à tort sur la personne
39:03qui a fait la faute.
39:05C'est quand même incroyable.
39:07Le policier, on lui dit que son travail est de faire respecter la loi.
39:12Donc là, il essaye de la faire respecter pendant un certain temps.
39:14Il n'y arrive pas.
39:16Ils ont...
39:17Ou alors, peut-être qu'il faut que plein de gens meurent.
39:20C'est à dire qu'on ne fait plus respecter la loi et puis la voiture va s'en aller.
39:23Et puis, il y aura des gamins qui partiront à l'école,
39:25puis il va en faucher quatre.
39:27Peut-être qu'il vaut mieux que ce soit des gens comme ça qui meurent.
39:28Peut-être que c'est ça, le truc.
39:31Après, on peut s'interroger sur peut-être qu'il aurait dû tirer dans les pneus.
39:35Alors, je vous rassure, moi, je n'y connais rien en voiture,
39:38mais il paraît que maintenant, et je fais confiance,
39:41on peut toujours tirer dans les pneus.
39:43Et en fait, ça ne dégonfle pas les pneus.
39:44D'accord. Et moi, je vais vous dire, je pense vraiment.
39:48Et ça, c'est mon avis personnel que...
39:51D'ailleurs, je ne vais pas parler de cette affaire parce que je n'ai pas rentré là-dedans.
39:54Oui, c'est pas un débat, mais ça s'en fout.
39:58Non, je m'en fous.
39:59Je ne m'en fous pas de cette affaire.
40:00Ce que je veux dire, c'est que je ne peux pas, moi, me permettre de dire des choses
40:06parce que de toute façon, moi, je ne vais pas avoir la même vie que la majorité des gens,
40:09puisque mon fils est policier et que mon mari est policier.
40:12Tout ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui,
40:15il faudrait plus éduquer les enfants
40:20au respect plutôt que de se demander comment.
40:24C'est quand même pas normal qu'un policier se retrouve en prison.
40:27C'est son métier.
40:28Je veux dire déjà, quel est le métier où le matin, quand tu pars travailler,
40:33tu te dis peut-être ce soir, je vais être en taule.
40:35À part voyou, en l'occurrence, c'est pas un voyou, c'est un policier, c'est l'inverse.
40:39Donc, qui peut se dire ça le matin ?
40:41Vous, vous ne le dites pas.
40:43Le chirurgien ne se le dit pas, l'avocat ne se le dit pas.
40:47Mais les policiers, le matin, ils partent en disant
40:50peut-être que ce soir, ou je vais être mort, ou je vais être au trou.
40:54Alors, par contre, je vais rentrer chez moi.
40:55Mais c'est une possibilité, sans compter le nombre de fois où ils se font insulter.
40:59Vous ne vous faites pas insulter quand vous travaillez.
41:01Eux, ils se font insulter toute la journée.
41:04Parce que ça ne va pas.
41:05Alors, évidemment, moi, je pense qu'en France,
41:08les Français, ils ont un rapport à la police comme un peu avec les parents.
41:13C'est-à-dire qu'au quotidien, comme vos parents, ça les embête.
41:18Ouais, c'est pénible, comme les parents, quand même,
41:21tu dois rentrer tôt, machin, etc.
41:23Mais quand il y a une grosse catastrophe, comme les attentats,
41:25ou quand il y a une grosse catastrophe, vous, par exemple, ou même n'importe qui,
41:29mes enfants, ils se retournent quand même vers nous.
41:31Sauf qu'après, on oublie.
41:33Et de nouveau, les parents sont des gens pénibles.
41:35Et de nouveau, la police est quelqu'un de pénible.
41:37Et on en oublie le respect qu'on doit à l'uniforme.
41:41Enfin, je veux dire, la base, c'est ça.
41:43S'il y avait du respect, il y aurait moins de problèmes.
41:45Après les attentats, est-ce que vous avez constaté un regain de reconnaissance ?
41:48Comme si, c'est ce que vous disiez, on vous a remercié.
41:51Enfin, les policiers ont été remerciés.
41:53Oui, oui, mais là, c'est ponctuel.
41:55Oui, c'est ponctuel.
41:56Ça a duré dans le temps ?
41:57Mais non, non, c'est ponctuel.
41:59Ça a duré le temps d'un déjeuner de printemps, comme disait ma mère.
42:03C'est très...
42:05Pour finir cette interview, c'est quoi les conseils que vous donneriez
42:10à une femme de policier de la BRI ou à une maman qui a son fils dans les services, etc. ?
42:16Alors, à une femme de policier de la BRI, c'est plutôt de les laisser...
42:20Alors, encore une fois, aujourd'hui, ce n'est pas comme avant.
42:22Mais de les laisser faire ce qu'ils veulent quand ils veulent.
42:27Parce qu'il faut aussi qu'ils se détendent, etc.
42:29Parce que sinon, il y a beaucoup de pression.
42:32Et puis, il faut qu'elle sache quand même que c'est un métier qui prend 90% de la vie de ces gens-là.
42:40Donc, il faut accepter ou pas.
42:41Mais il ne faut pas les laisser y aller si on pense qu'on ne va pas supporter.
42:47Ce n'est pas la peine.
42:48Ce n'est pas la peine parce que ça serait trop dur pour eux après.
42:51Et en même temps, refuser à son mari de faire ce qu'il a envie de faire, ça ne va pas.
42:56Ça ne sera pas une bonne idée non plus.
42:57Et après, une fois qu'ils sont dedans, il faut gérer le quotidien.
43:01Il ne faut surtout pas avoir...
43:04Je pense que c'est très dur si tous les deux veulent faire une vraie carrière.
43:08Il y a presque un choix là.
43:10Il y a presque un choix, il faut presque dire...
43:12Vous disiez dans une interview, avant j'étais la fille de mon père
43:15et quand je me suis mariée avec mon mari, j'étais la femme d'eux.
43:18Oui, voilà.
43:19Et bientôt, je serai peut-être la mère d'eux, en fait.
43:21Parce qu'on ne sait pas, on ne sait pas.
43:23Oui, oui.
43:24Donc, en fait, il faut être un peu une femme de l'ombre.
43:27Oui, non, pas nécessairement.
43:28Oui, non, ce n'est pas de l'ombre.
43:30C'est que moi, ça s'est passé comme ça
43:33parce que mon père, il était très connu dans son métier à l'époque.
43:38Donc, en fait, à l'époque, on appelait les enfants par le nom de la brasserie, du père, etc.
43:43Donc, ça s'est passé comme ça.
43:44Puis après, mon mari, il a été connu, mais tout le monde n'est pas...
43:47Mais moi, ça me va très bien.
43:49Mais en fait, ce que je dis, ils m'appellent Catherine quand même.
43:51Et à une maman de policier ?
43:53Là, les mamans, elles le savent.
43:55Il n'y a rien à leur dire.
43:56Elles savent que c'est l'enfer.
43:57Moi, tous les jours, j'écoute les infos dix fois plus qu'avant.
44:00Je lui demande toujours où il est.
44:03C'est l'inverse parce qu'en fait, c'est son enfant.
44:08Et ce n'est pas du tout la même source de stress qu'avec son mari.
44:10Alors, c'est une source de stress plus intense ?
44:12Non, et puis, vous voyez, pour en revenir au problème de comment la population...
44:17Enfin, ce n'est même pas la population, parce que je pense que la population adore la police.
44:20Je pense que c'est plutôt les politiques qui ont un problème, certains, pas tous.
44:25Je veux dire, quand nous, il y a des policiers qui se font tuer
44:28ou des gendarmes qui se font tuer, est-ce qu'on va manifester ?
44:31Est-ce que vous avez déjà vu des femmes ?
44:33On pourrait, et nous, on a le droit de manifester.
44:34On n'est pas policiers.
44:35Les policiers, ils n'ont pas le droit.
44:36Ils ont un devoir de réserve, etc.
44:38Mais nous, on a le droit.
44:39On pourrait y aller.
44:40Est-ce que vous avez déjà vu ça ?
44:42Non.
44:42Et en revanche, quand il y a quelqu'un qui se fait tuer,
44:47même, il y a des enfants de policiers qui se font tuer.
44:49Il n'y a pas que...
44:50Alors, évidemment, ils n'ont pas l'âge...
44:52Ils sont majeurs puisqu'ils sont policiers.
44:55Mais en fait, c'est des enfants.
44:56Il y en a, ils ont 20 ans, 22 ans.
44:58Est-ce que vous avez déjà vu des manifestations de parents de policiers ?
45:02Jamais, jamais.
45:03En revanche, quand ça se passe de l'autre côté,
45:05alors là, il y a des manifs, alors là, on a peur, etc.
45:08Donc là, il faut encore une fois se raisonner.
45:12Ça ne marchera pas si on continue comme ça.
45:16Ça ne marchera pas.
45:16Il faut respecter les forces de l'ordre.
45:19Et quand on est une maman, moi, je me battrais
45:22beaucoup plus que ce que j'ai fait pour mon mari.
45:24Si jamais il arrivait quelque chose à mon fils,
45:25je pense que ça va être un enfer pour tout le monde.
45:28Je vous préviens.
45:29Merci d'avoir répondu à mes questions, Catherine Salinas.
45:31Je le rappelle, vous avez sorti le livre
45:34« Femmes de policiers d'élite » et votre mari Georges Salinas,
45:37ancien membre de la BRI, une trilogie,
45:39dont son dernier roman, « Par le Verbe et par le Gleve ».
45:43Je vous remercie de nous avoir écoutés.
45:46Pour ceux qui suivent aussi cette discussion en podcast.
45:48Et puis, je vous dis à une prochaine fois pour d'autres interviews.
45:50Merci.
45:54Sous-titrage Société Radio-Canada
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