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Ancien membre du GIGN, il faisait partie de la colonne d’assaut qui est entrée dans l’Airbus A300, détourné par des terroristes islamistes, le 26 décembre 1994 sur le tarmac de l’aéroport de Marignane. Touché par sept balles, épargné de peu par l’explosion d’une grenade, il a réussi à survivre et, avec ses hommes, à sauver les otages. Un récit bouleversant.
Son livre sur le génocide au Rwanda, co-écrit avec Laure de Vulpian : https://www.fnac.com/a4203140/Thierry-Prungnaud-Silence-Turquoise
Son livre sur le génocide au Rwanda, co-écrit avec Laure de Vulpian : https://www.fnac.com/a4203140/Thierry-Prungnaud-Silence-Turquoise
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00:00:00On a fait un truc extraordinaire, on a sauvé 173 passagers et il n'y a pas un qui est blessé.
00:00:06J'en prends quatre dans le bras, j'en prends deux dans mon gilet pare-balles,
00:00:10et puis la dernière que je prends, je la prends dans la joue.
00:00:13Là, c'est de grenade, c'est de grenade, roulé à côté de moi.
00:00:17Pour moi, c'était plutôt la tour Eiffel, c'est ce qui a été dit en plus après.
00:00:20Ils voulaient faire exploser l'avion sur Paris.
00:00:24Bonjour, je m'appelle Thierry Pragnot, je suis un ancien du GIGN
00:00:28et je vais vous raconter une partie de mon histoire.
00:00:39Bonjour, je suis Christophe Bale-Lecrève pour la chaîne YouTube du Nouveau Détective.
00:00:43Aujourd'hui, je suis avec Thierry Pragnot, ex-membre du GIGN,
00:00:46qui a notamment participé à l'assaut de la prise d'otage de Marine Yann en 1994.
00:00:52Bonjour Thierry Pragnot, merci d'avoir accepté cette interview.
00:00:55Merci à vous.
00:00:55Bon, alors pour commencer, est-ce que déjà, vous pouvez nous faire un petit récapitulatif
00:01:00pour comprendre votre parcours ?
00:01:02Est-ce que vous pouvez revenir sur votre passé ?
00:01:04D'où venez-vous ? Avez-vous fait des études ?
00:01:07Étiez-vous même sportif étant jeune ?
00:01:10Alors moi, je n'étais pas du tout sportif.
00:01:12Je n'étais pas du tout prévu à rentrer en gendarmerie.
00:01:15J'étais à l'origine un jeune mécanicien qui avait les mains dans le cambouis à 14 ans.
00:01:20Et à l'issue de mes trois ans d'apprentissage, je me suis rendu compte que ce n'était pas du tout ce qui me correspondait.
00:01:28Et mon papa, qui était très, très, très midi, sans être midi, m'a dit, mais pourquoi tu ne rentrerais pas en gendarmerie ?
00:01:34J'étais motard. Je me suis dit, oui, pourquoi pas ?
00:01:36Donc j'ai fait des tests gendarmerie qui étaient un peu plus faciles que maintenant à l'époque,
00:01:41que j'ai réussis à l'école de Charenton à Maison-Alfort.
00:01:45Et puis c'est parti, voeux de la galère, pour trois ans à la garde républicaine,
00:01:50et puis ensuite, 19 ans au GIGN.
00:01:53Alors, vous, vous venez de Poitiers, donc ça veut dire que les tests sont à Maison-Alfort.
00:01:58Vous faites le déplacement, ça a duré une journée, ces tests ?
00:02:01Comment ça se passe ? Vous vous installez en région parisienne ?
00:02:05Alors, les tests gendarmerie, à l'époque, c'était très, très simple.
00:02:07On allait à la brigade du coin, ils nous faisaient faire une rédaction,
00:02:09une dissertation sur un sujet qu'ils choisissaient.
00:02:12Ils corrigeaient pour voir un petit peu où on en était au niveau scolaire.
00:02:16Et puis c'était beaucoup plus simple qu'à maintenant,
00:02:17quand il n'y avait pas besoin du bac, il n'y avait pas besoin de tout ça.
00:02:20Donc, une fois que j'ai réussi les tests à la brigade locale,
00:02:25j'ai été envoyé à l'école de gendarmerie, qui n'existe plus d'ailleurs,
00:02:28à Maison-Alfort, c'est le fort de Charenton.
00:02:31Il y avait une compagnie d'élèves gendarmes là-bas.
00:02:34Et à l'issue de cette formation d'élèves gendarmes,
00:02:37il y avait 30% de l'effectif de l'école des jeunes gendarmes
00:02:42qui était reversé directement à la garde républicaine.
00:02:45Ce qui fait qu'en rentrant, moi, à l'école, on m'a dit,
00:02:47« Toi, t'es grand, t'iras la garde. »
00:02:49Alors, je savais que, même avant d'avoir commencé l'école de gendarmerie,
00:02:53je savais que j'irais à la garde républicaine.
00:02:55C'était pas mal d'ailleurs, parce que j'ai passé d'excellents moments pendant trois ans.
00:03:00Alors, juste par curiosité, vous faites un mètre combien ?
00:03:03Un mètre 85, donc le premier régiment présidentiel à l'époque du gisque indestin.
00:03:09C'était minimum un 80, donc j'étais de base à chaque fois.
00:03:12Ok, d'office, ouais.
00:03:14Et alors, comme on va beaucoup en parler, de cette section militaire,
00:03:18ça veut dire quoi, GIGN, mot pour mot, quoi ?
00:03:22GIGN, groupe d'intervention de la gendarmerie nationale.
00:03:25D'accord.
00:03:26Et vous dites que c'était pas une vocation de rejoindre,
00:03:29de rejoindre déjà, enfin, de devenir militaire.
00:03:32Qu'est-ce qui vous a donné envie d'intégrer le GIGN ?
00:03:36Alors, le GIGN n'existait pas à l'époque.
00:03:39Pour moi, il a existé, bon, c'était 1974,
00:03:41mais le vrai, quand on a fait remonter l'équipe de Mont-de-Marsan
00:03:44et l'équipe, on a fait un conjoint avec les deux équipes,
00:03:49c'était 1976.
00:03:50Et moi, j'ai fait mon école gendarmerie à ce moment-là.
00:03:52Et l'école gendarmerie de Charenton, c'était à Maison-Alfort,
00:03:55dans l'escadron, où était le GIGN, qui venait juste d'exister, quoi.
00:03:58Donc, pendant les cours, on voyait des gars qui descendaient
00:04:02en hélicoptère, comme des araignées.
00:04:04Qu'est-ce que c'est que ce truc ?
00:04:05C'était pas connu.
00:04:06GIGN, il n'avait même pas quelques mois d'existence.
00:04:09Puis là, j'ai eu le déclic, je me suis dit,
00:04:11attends, c'est ça, je me suis renseigné.
00:04:13Forcément, on m'a dit, bah si, c'est une nouvelle équipe
00:04:15qui a été créée à un journal mori pour les prises d'otages,
00:04:17les arrestations, les transferments de détenus dangereux.
00:04:21J'ai dit, c'est ça, c'est ça, voilà, c'est ça que je veux faire, quoi.
00:04:23OK. Pour rentrer au GIGN, il y a des examens tous les ans ?
00:04:30Ou alors, est-ce que c'est des postes qui se libèrent ?
00:04:33Il y a des postes qui se libèrent, c'est pour ça que tous les ans,
00:04:36il y a des promotions de jeunes gendarmes.
00:04:40Il y en a qui, on va dire, la moyenne d'âge,
00:04:4310, 12, 13 ans au GIGN, c'est 8 ans.
00:04:46Et tous les ans, il y a un renouvellement de personnel.
00:04:50Donc, il y a beaucoup de candidats et très peu de reçus.
00:04:52Parce que les tests sont quand même assez hard.
00:04:55Les carrières, elles sont très courtes, en fait ?
00:04:58Ouais, c'est des carrières très courtes.
00:04:59Moi, j'ai eu la chance de faire 18 ans.
00:05:03C'est hyper usant, quoi.
00:05:05C'est usant.
00:05:06C'est usant en termes de sommeil, en termes de train de vie ?
00:05:08Physiquement, déjà, c'est de l'entraînement de sportifs de haut niveau.
00:05:12Il faut savoir que les sportifs de haut niveau,
00:05:13ils arrêtent à 25 ans.
00:05:15Nous, c'est là où on commence.
00:05:16Et on fait toute une carrière après.
00:05:18Donc, physiquement, c'est usant.
00:05:19Et psychologiquement, on trouve quand même des missions
00:05:22qui sont quand même un petit peu hard, quelquefois,
00:05:25comme Marignane, comme des arrestations,
00:05:27ou de forçonnés qui ont tué des gens, ou quoi.
00:05:30Ça marque un petit peu.
00:05:32J'étais marqué sur le 94,
00:05:34à l'opération turquoise au génocide rwandais.
00:05:37C'était la même année qu'Marignane.
00:05:39Là, on a vu des choses qui étaient dégueulasses, quoi.
00:05:42C'était...
00:05:43Ça vous marque.
00:05:44Ça marque beaucoup, quoi.
00:05:46C'est usant.
00:05:47Donc, 18 ans, c'est déjà pas mal, quoi.
00:05:50La moyenne, c'est 13, 14 ans maximum, quoi.
00:05:53Il y en a qui partent avant, hein.
00:05:55Alors, je vais vous poser cette question maintenant,
00:05:57comme ça, au moins, je suis sûr de ne pas l'oublier.
00:06:00Sans Marignane, parce qu'on y reviendra plus tard dans cette interview,
00:06:04justement, de cette prise d'otage de Marignane en 1994,
00:06:08est-ce que sans Marignane, vous aurez continué cette carrière au GIGN ?
00:06:11De toute façon, c'était psychologiquement la fin pour vous ?
00:06:14Alors, à l'époque, la limite d'âge pour rester au GIGN, c'était pour les grader,
00:06:22parce que j'étais gradé à l'époque, c'était 42 ans.
00:06:26Donc, j'avais 42 ans.
00:06:27OK.
00:06:27À 42 ans, je devais partir.
00:06:29Et j'avais pas trop de choix, et l'année d'après, c'est passé à 48.
00:06:32Pas de chance, j'aurais dû attendre un peu et rester un peu plus longtemps.
00:06:36Aujourd'hui, ils restent un peu plus longtemps, les gens.
00:06:37Ils sont opérationnels pendant un certain nombre d'années.
00:06:40Ensuite, ils vont dans d'autres cellules, ils sont plus opérationnels,
00:06:42mais ils restent au GIGN, ils sont en TAP, troupe aéroportée,
00:06:45ils sont en parachute, donc ils peuvent rester à l'unité,
00:06:47mais dans d'autres cellules, en fait.
00:06:49Ils sont plus sur l'intervention, ils sont sur peut-être la formation ou autre chose, quoi.
00:06:53Ils ont une carrière beaucoup plus importante que la mienne.
00:06:57Il y a un espèce, pas de fantasme, mais on s'imagine un examen très difficile
00:07:01pour entrer au GIGN dans ce corps armé.
00:07:04Il y a combien de participants ?
00:07:06Quelles sont les épreuves, finalement ?
00:07:09Alors, aujourd'hui, je vais parler d'aujourd'hui,
00:07:11mais aujourd'hui, je ne suis plus long coup.
00:07:12Moi, je suis parti il y a 25 ans.
00:07:13C'est des promotions avec beaucoup de candidats,
00:07:17parce que c'est un pôle où ils réunissent toutes les forces
00:07:22et toutes les différentes forces forment et testent des gens
00:07:26pour forces d'intervention, pour l'observation-recherche,
00:07:30pour toutes les différentes forces.
00:07:31C'est un gros pôle.
00:07:33Alors, c'est beaucoup de candidats.
00:07:34Nous, à l'époque, je me souviens, c'était 60-70 candidats
00:07:38et ils en prenaient 3, 4, 5 maximum, quoi, à l'époque.
00:07:42Déjà, dès la première année de sa création, ils étaient déjà très sélectifs.
00:07:46Ah oui, c'était sélectif.
00:07:48Les tests sont sur une semaine et c'est de l'intensif du début à la fin.
00:07:52Et pour voir un petit peu ce que les gens ont dans les tripes, quoi.
00:07:56Et c'est vraiment, vraiment très, très dur, quoi.
00:07:59C'est quoi comme épreuve concrètement ?
00:08:00Il y a des épreuves psychologiques, déjà.
00:08:02Bon, il y a des entretiens pour voir ce que les gens ont un petit peu dans la tête.
00:08:06Ce n'est pas forcément ceux qui sont les plus costauds
00:08:08qui sont le mieux dans leur tête, donc avec les gradés.
00:08:12Et ensuite, il y a des tests physiques.
00:08:15Alors, ça va de la natation, pieds, mains attachées.
00:08:18Ça va tester avec les chiens, le tir, les sports de combat, les agrès, les pompes, les abdos, les grimpés de cordes.
00:08:28Sur une semaine, c'est intensif, intensif.
00:08:30Alors, il y a un tri déjà le premier jour.
00:08:32Des tractions, le mec qui n'arrive pas à faire un minimum, on va y rentrer chez lui, déjà.
00:08:36C'est quoi, le minimum ?
00:08:38Le minimum, c'est une quinzaine minimum, quoi.
00:08:40Il y a des gens qui vont jusqu'à 40, 50 tractions.
00:08:43Ah oui ?
00:08:43Il y a des sportifs de haut niveau qui prétendent à rejoindre le GIGN ?
00:08:47Il y a des gens dont la vocation, c'est d'être sportif, mais qui se reconvertissent en...
00:08:50Les gendarmes qui ont...
00:08:52Il faut dire que maintenant, les gendarmes qui veulent aller au GIGN,
00:08:55ils rentrent en gendarmerie pour rentrer au GIGN.
00:08:57C'est-à-dire qu'ils vont s'entraîner pendant au minimum trois ans,
00:09:00parce qu'il faut être de carrière.
00:09:01Donc, après l'école, c'est minimum trois ans.
00:09:05Après, ils font un ou deux ans d'unité.
00:09:07Et ils prétendent après à rentrer au GIGN.
00:09:09Donc, ils ont au moins trois ou quatre ans pour se préparer physiquement.
00:09:12Donc, il y a des gars qui arrivent, c'est vraiment des sportifs de haut niveau.
00:09:17OK.
00:09:18Ah oui, oui.
00:09:18C'est quoi l'épreuve pour vous qui a été la plus difficile,
00:09:24justement dans cet examen au GIGN ?
00:09:27Il y a eu plein d'épreuves les plus difficiles.
00:09:30Il y en a eu qui m'a marqué le plus, c'est celle des sports de combat,
00:09:33puisque à l'époque, on tirait contre les anciens du groupe.
00:09:37C'est-à-dire qu'on boxait avec les anciens du groupe.
00:09:40Et il y en avait un chez nous qui s'appelait Michel, je vais le citer,
00:09:43parce que c'est un grand monsieur qui était boxeur de haut niveau.
00:09:47Et je n'avais qu'une appréhension, c'était de tomber sur lui.
00:09:51Parce que j'attendais, j'attendais, un tel contre un tel, un tel contre un tel.
00:09:55Puis on arrive à la fin de la liste, je n'étais toujours pas passé.
00:09:57Et le capitaine Barry, qui était le patron, enfin le deuxième, le numéro deux à l'époque,
00:10:03il m'avait eu en stage quelques mois avant, où j'avais bien terminé, dans les premiers,
00:10:08dans les stages de moniteur self et compagnie, et il m'avait repéré.
00:10:11Il a dit celui-là, il faut le mettre avec Camus, parce qu'il est méchant.
00:10:14Et puis, dernier combat, Prignot, Camus, Michel, le fameux Michel.
00:10:20Et puis là, ça a duré deux minutes, où j'ai essayé de lui en mettre une,
00:10:24mais je n'ai pas réussi, c'est un boxeur.
00:10:26Et j'ai fait un mouvement de caractère, un coup de poing retourné,
00:10:31il a esquivé une fois, une méditation, s'il va me toucher.
00:10:34Et puis une deuxième fois, je n'ai pas fait gaffe.
00:10:35Et là, bim, il m'a mis un uppercut, il m'a mis KO pendant une heure.
00:10:39Une heure KO.
00:10:40Mais KO complet, il m'a dit, tu as été le plus beau KO de ma vie.
00:10:43Même encore aujourd'hui, il le dit, ça reste un bon moment.
00:10:47Mais ce n'est pas éliminatoire, alors, justement.
00:10:49Ah non, ballon, ballon, ballon.
00:10:50Parce qu'on pourrait croire.
00:10:52Non, non, il faut rentrer dedans, après on s'y retrouve.
00:10:54Plus fort que soi, tant pis, ça fait partie du jeu.
00:10:57Au contraire, c'est motivant de taper contre un gars,
00:11:01on se dit, c'est un champion, le jeu est tiré contre un champion.
00:11:04Et c'est un champion.
00:11:06Il y a des gens qui...
00:11:07Je suis sûr d'avoir été mis KO par un champion.
00:11:10Il y a des gens qui craquent, qui abandonnent ou qui se blessent.
00:11:14Oui, oui.
00:11:15C'est régulier, même à la fin, comme au début.
00:11:18Au milieu, pendant le prestage, parce qu'il y a une semaine de test.
00:11:21Et puis, à l'issue, ceux qui sont pris pour le prestage de deux mois et demi.
00:11:26Il y en a très peu.
00:11:27Et puis là, tous les jours, ça s'en va, ça s'en va, ça s'en va.
00:11:31Parce qu'on pousse les gens à bout pour voir un petit peu ce qu'ils ont dans les tripes.
00:11:35C'est un examen d'une semaine qui donne lieu à un prestage de deux mois.
00:11:38Voilà, c'est ça.
00:11:39C'est bien ça.
00:11:40Deux mois et demi, oui.
00:11:40OK.
00:11:41Et le prestage de deux mois et demi, il est plus compliqué que cet examen d'une semaine ?
00:11:45C'est complètement différent.
00:11:46C'est du stage bourrin.
00:11:47On réveille la nuit, vous ne dormez pas, vous allez dans l'eau froide.
00:11:50C'est des trucs...
00:11:52C'est avec les chiens, le gaz.
00:11:54C'est un stage de deux mois et demi bien musclé.
00:11:58Est-ce qu'on vous prépare à ne pas craquer ?
00:12:01Non.
00:12:02Si vous êtes capturé, par exemple, on vous met la tête sous l'eau.
00:12:06Oui, c'est ça.
00:12:06On vous prépare à ça ?
00:12:07Oui, c'est ça.
00:12:08Et puis les chiens, on vous met dans un truc noir avec du gaz, sans masque, sans rien.
00:12:13Il y a les chiens qui viennent nous attaquer.
00:12:14Ils sont muselés.
00:12:15Ils ne vont pas nous faire mal, mais c'est hyper stressant.
00:12:20Psychologiquement, c'est...
00:12:21Vous vous êtes dit à un moment, bon là, il y a peut-être un monde où je craque.
00:12:27Il y a un moment, on se dit, c'est trop dur, je ne vais pas y arriver.
00:12:30Et puis après, on se dit, bon, ils ne sont pas là pour nous faire mourir.
00:12:33Ils sont là pour nous tester, pour voir ce qu'on a dans les boyaux.
00:12:36Il faut y aller, quoi.
00:12:36Il faut y aller.
00:12:37Il faut se taper dans le derche et puis il faut y aller, quoi.
00:12:41Vous êtes fait des amis, là-bas ?
00:12:42C'est beaucoup là-dedans.
00:12:44C'est plus mental que physique ?
00:12:46C'est très, très mental.
00:12:48Physique aussi, parce que quand on ne dort pas et qu'on fait des marches avec des saccadodes,
00:12:51je ne sais pas combien de kilos sur le dos, c'est fatigant, quoi.
00:12:55Mais psychologiquement, oui.
00:12:56Celui qui est faible là-dedans, il ne va pas au bout.
00:13:00Parce que le passage, c'est quand même balèze.
00:13:02Vous avez vu des vraies blessures pendant les camps d'entraînement, des choses comme ça ?
00:13:06Des vraies blessures ?
00:13:06Oui.
00:13:07Non, des petites blessures, des tendinides, des petites blessures.
00:13:12Et au final, du coup, vous êtes pris au GIGN.
00:13:15Déjà, il n'y a que 3-4 personnes sur 80 participants qui sont pris.
00:13:19À notre époque, oui, ça a augmenté.
00:13:20Notre promotion, on était 7, dont 2 qui avaient été agréées et classées de l'année d'avant.
00:13:24Donc, ce qui fait qu'on était 5, quoi.
00:13:265 pris sur, on était combien ? 70 candidats, je crois, à peu près.
00:13:30Il y a une question qui me tarot de l'esprit, c'est comment on vous l'annonce, en fait ?
00:13:35C'est un coup de téléphone, un mail ?
00:13:37C'est un courrier qu'on vous envoie ?
00:13:39Qu'on ait reçu ?
00:13:40Oui, vous l'avez reçu.
00:13:41On le sait à la fin du prestage.
00:13:44On nous dit, c'est bon ou ce n'est pas bon ?
00:13:46Ah, c'est direct.
00:13:46Parce que régulièrement, il y a des retests.
00:13:49Tout au long du stage, on vous reteste.
00:13:54Les tests que vous avez fait à l'entrée, vous les refaites à la fin du stage.
00:13:57Donc, moi, pour un exemple, j'ai eu très peu de temps pour m'entraîner, pour préparer les tests.
00:14:02J'ai fini 3e au premier test.
00:14:06Et à la fin du stage, on refait les tests.
00:14:08Et là, j'ai fini premier.
00:14:09J'ai eu le temps de m'entraîner pendant le stage.
00:14:13C'est quoi votre réaction quand vous apprenez que vous êtes pris ?
00:14:16C'est que du bonheur.
00:14:18Je dis, ça y est, je suis dans la grande maison.
00:14:20Après, il faut faire ses preuves.
00:14:22Ce n'est pas que je suis arrivé, c'est bon.
00:14:24Après, il faut montrer à nos anciens ce qu'on a dans les boyaux, sur le terrain.
00:14:30Au début, ils nous mettent à l'arrière.
00:14:31Puis, petit à petit, on arrive en tête de colonne.
00:14:34Et là, il faut montrer ce qu'on sait faire.
00:14:36C'est un peu un graal d'être en tête de colonne.
00:14:38Pour un civil, ça peut faire peur.
00:14:40On se dit, on nous envoie au casse-pipe.
00:14:41Pour un membre du GIGN, c'est plus un graal, en fait.
00:14:43Oui, c'est ce qu'on veut tous, être devant.
00:14:45C'est un petit peu normal, quoi.
00:14:48Oui, le civil moyen, il se dit, mais il est fou.
00:14:50Non, non, c'est très bien ce qu'on fait.
00:14:52On est équipé, on est entraîné.
00:14:55Oui, le but, c'est d'être devant.
00:14:56Il y a une soirée d'accueil au GIGN ?
00:14:59Pour les remises de brevets, oui.
00:15:02Bon, ça a un petit peu changé maintenant, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de monde.
00:15:05À l'époque, oui, c'était fêté au champagne, comme il se doit, ou le brevet.
00:15:09Et dans le champagne, où il est remis par le patron à l'époque, ou nos anciens, parce que le brevet était remis par les anciens.
00:15:16Et puis, au champagne.
00:15:19Il y a peut-être des bisutages ?
00:15:22Non, non, ce n'est pas un bisutage.
00:15:24Une soirée où le stage est fini, c'est terminé, on est opérationnel, on rentre dans nos différents groupes.
00:15:30Et puis là, on se lâche.
00:15:30Alors, c'est une soirée un peu olé-olé, quoi.
00:15:34C'est du lâchage complet, quoi.
00:15:36Alors, c'est tous les membres du GIGN qui font la fête ?
00:15:42Tous.
00:15:42Et alors, ce n'est jamais arrivé qu'il y ait eu une prise d'otage le jour de la fête, ou le soir de la fête ?
00:15:47Pas que je me souvienne, moi, pendant les 18 ans où j'étais au GIGN, mais ça n'aurait plus rien.
00:15:52Non, c'est pareil.
00:15:53Ça serait surtout en fin de soirée, après le champagne.
00:15:56Mais non, mais il faut dire qu'il y a quand même, il y a toujours une équipe.
00:15:59À l'époque, il y avait toujours une équipe d'alerte première.
00:16:01C'est-à-dire que celle-là, elle ne boit pas, elle ne fait rien, elle doit être prête dans le quart d'heure qui suit.
00:16:05Elle est prête à partir.
00:16:07Il y a une deuxième équipe qui doit être là dans la demi-heure qui suit.
00:16:11Ceux-là, c'est pareil, ils ne boivent pas.
00:16:12Puis les autres, ils se lèvent.
00:16:14OK.
00:16:15Non, il y a toujours quelqu'un au cas où.
00:16:17Non, il y a toujours une équipe qui est prête, ouais.
00:16:19Et concrètement, maintenant que vous êtes au GIGN, en fait, c'est quoi les missions qu'on peut vous demander de faire ?
00:16:26Alors, il y a les prises d'otages, bien sûr, mais il y a d'autres choses également.
00:16:28Alors, pour la partie intervention, parce que maintenant, il y a des forces, des forces GIGN, il y a des forces, force intervention, force observation, recherche, et ainsi de suite.
00:16:38Il y a cinq ou six forces différentes.
00:16:40La force intervention, c'est ce qu'on faisait nous à l'époque, c'était toujours ça, c'est les prises d'otages, c'est les transmets de détenus dangereux, les arrestations domiciliaires, les forcenés, les prises d'otages, et ainsi de suite.
00:16:54Ça n'a pas changé.
00:16:56Alors, le troisième, c'est quoi, les arrestations de ?
00:16:58Domiciliaires.
00:16:59À six heures du matin, on va casser la porte.
00:17:02Ah, domiciliaires, ok.
00:17:03On nous appelle, nous, parce que souvent, c'est des gens que le gendarme moyen ne peut pas arrêter.
00:17:09Ils n'ont pas les moyens, ils n'ont pas l'entraînement, ils n'ont pas, voilà.
00:17:12Donc, on appelle le GIGN.
00:17:14Vous partez rapidement en mission ?
00:17:16Ou il y a quand même un temps d'observation ?
00:17:18600 arrestations domiciliaires, on s'est préparés à l'avance avec les sections de recherche, souvent, ou les briottes de recherche.
00:17:26Il y a des briefings avec les opérateurs locaux qui nous montrent des diapositives.
00:17:33Il y a des reconnaissances, des plans, des machins.
00:17:35Il y a un schéma tactique qui est mis en place.
00:17:39Et puis, c'est l'heure légale, six heures du matin.
00:17:41Six heures, neuf heures, six heures, on casse la porte.
00:17:44On explose avec les vérins ou le bélier en fonction, parce qu'il y a des reconnaissances pour voir un petit peu comment la porte se trouve,
00:17:52s'il y a des points d'attache, s'il y a des blindés ou pas.
00:17:56Et puis là, on casse, on rentre, et là, ça va vite et ça fait peur.
00:18:00Vous pouvez dire, je ne sais pas si vous êtes autorisé à le dire, mais le plus gros, le plus grand trafiquant ou criminel que vous avez arrêté comme ça en arrestation domiciliaire ?
00:18:12Il n'y a peut-être pas de grand nombre.
00:18:13Ce qu'on a arrêté, c'était tous des gros bonnets.
00:18:17Après, le plus gros, le patron de la French Connection en Ardèche peut-être, mais encore, il n'était pas trop méchant.
00:18:26En général, ce qu'on arrête, ce n'est pas des petits.
00:18:28Si on nous appelle, c'est que ce n'est pas des petits.
00:18:32C'est quoi la journée type d'un gendarme du GIGN ?
00:18:35Parce qu'il n'y a pas des prises d'otages tous les jours, fort heureusement.
00:18:38Le GIGN bouge de plus en plus, parce qu'on voit aujourd'hui avec l'actualité que ça bouge énormément.
00:18:46En général, il y a, comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a trois équipes.
00:18:49Il y a la première alerte, deuxième alerte, troisième alerte.
00:18:52La première alerte doit être prête tout de suite, dans le quart d'heure qui suit, chargée, matériel chargé dans les véhicules.
00:18:57Dans la foulée, elle prend la suite de la première alerte.
00:19:00La deuxième alerte, elle est là dans la demi-heure qui suit.
00:19:04Pareil, la même chose, chargée, véhicule chargé, matériel chargé.
00:19:08Et la troisième équipe qui est disponible, on appelle, c'est-à-dire qu'elle fait son entraînement perso,
00:19:12elle fait ses petits soins en parachute, elle fait, voilà, celle-là est disponible.
00:19:16Mais on peut la rappeler également s'il y a besoin, comme un marinien, de rappeler beaucoup de personnel.
00:19:20Donc, la troisième alerte, on la récupère aussi.
00:19:24Donc, quand on est en alerte, on n'est pas à l'entraînement, on est prêt à intervenir ?
00:19:27Ah si, on est à l'entraînement, dans la caserne.
00:19:29Ah ok, d'accord.
00:19:30Avec le bip, maintenant c'est son téléphone.
00:19:32Avant, c'était des bips.
00:19:33Et puis, les gens restaient dans un rayon très court, parce qu'il fallait être prêt dans les 10, 15 minutes, quoi.
00:19:38Maxime.
00:19:39Tout prêt, matériel, équipement, tout prêt dans 10 minutes.
00:19:42Pas à partir.
00:19:43Combien de kilos, l'équipement ?
00:19:44Ça dépend de ce qu'on emmène, ça dépend de la place dans le dispositif, ça dépend de la place dans la colonne d'assaut.
00:19:52Ça peut être, à minimum déjà, le gilet pare-balles, le casque, plus le matériel, 15, 20 kilos.
00:20:00Déjà.
00:20:01Et vous avez votre...
00:20:03Sans oublier, sans...
00:20:04Ouais.
00:20:05Vous avez votre gilet pare-balles personnalisé.
00:20:09Oui.
00:20:09Qui est, enfin, à votre nom, quoi.
00:20:11À notre époque, on n'avait pas un casque pour tout le monde.
00:20:16On était des dinosaures.
00:20:18On fabriquait le GIGN.
00:20:20Il est plus ancien que moi.
00:20:21Moi, j'ai le brevet 60.
00:20:22Ceux d'avant, on tracait le chemin.
00:20:24Puis nous, on l'a suivi derrière.
00:20:26Il n'y avait pas un casque pour tout le monde.
00:20:27Il n'y avait pas un gilet pare-balles pour tout le monde.
00:20:28C'est-à-dire qu'il y avait une caisse d'alerte.
00:20:29Il y avait un gilet.
00:20:30Tiens, toi, tu prends le gilet.
00:20:31Souvent, on le refusait, quoi.
00:20:32Alors, on se faisait nageller par le patron, forcément.
00:20:34Un casque, des casques avec des pauvres visières tout rayés.
00:20:41Il en prend soin.
00:20:41Il a son casque, son gilet, sa chaise hume, le gilet pare-balles.
00:20:45Enfin, il a son équipement propre.
00:20:48Son armement propre qu'il a, lui, pendant toute sa carrière.
00:20:52Vous vous souvenez de votre première mission au roli ?
00:20:55Oui, on ne peut pas l'oublier.
00:20:57Ah oui ?
00:20:57Oui.
00:20:58C'était des Villers dans les Vosges.
00:21:02C'était un vieux archi qui était tout seul chez lui
00:21:05et qui avait refusé de payer une facture d'électricité.
00:21:12Il y en avait pour 500 balles.
00:21:13À l'époque, c'était franc.
00:21:15Et il ne voulait pas payer.
00:21:16Et puis, il voulait faire sa petite guéguerre et puis en finir.
00:21:20Il n'avait pas de copains, pas d'amis.
00:21:22Alors, il a commencé à tuer son voisin qui cléait les pommes dans le jardin.
00:21:26Après, il a tué une autre personne qui se promenait.
00:21:28Après, il a tiré sur les employés des DF, GDF qui venaient lui couper l'électricité.
00:21:33Donc là, ça partait très, très mal.
00:21:35Et puis, cette histoire a duré.
00:21:38Alors, moi, j'ai été désigné comme tireur
00:21:40parce que dans l'avion qui nous emmenait sur place,
00:21:43c'était le capitaine Barry à l'époque qui commandait le dispositif
00:21:46et qui avait demandé dans l'avion.
00:21:49C'était un vieux 262, un vieil avion de l'époque.
00:21:55Et qui avait dit, bon, qui a fait le meilleur tir aujourd'hui au fusil ?
00:21:58Et puis, tous les copains m'ont désigné
00:22:00parce que j'étais très bon tireur au fusil.
00:22:03Puis, je me suis retrouvé malgré moi.
00:22:05Tireur, tireur au fusil pour neutraliser le type, quoi.
00:22:10Puis, ça a duré, ça a duré.
00:22:12Moi, je suis resté 17 heures derrière ma lunette.
00:22:15Bon, je fais court.
00:22:17Le gars, on l'a gazé.
00:22:18Ça ne lui a rien fait du tout.
00:22:19Les poumons étaient saturés à 75%.
00:22:22On l'a su après avec l'Institut Médico-Légal.
00:22:25Il n'a pas toussé.
00:22:26Il s'était fabriqué un gilet pare-balles.
00:22:28Il y avait trois, quatre par-dessus sur lui.
00:22:30Enfin, bon, c'était un tout petit bonhomme.
00:22:32Il voulait en finir.
00:22:33Il voulait faire sa guerre.
00:22:36Et puis, au petit matin, je me souviens, à l'époque, on avait des radios, des MX-330.
00:22:42C'était Motorola qui n'avaient pas de discréteur.
00:22:45C'est-à-dire que, quand on parlait, celui à qui on parlait, tout le monde entendait
00:22:51ce qu'on racontait, quoi.
00:22:52OK.
00:22:53Donc, à un moment, il y a Baril qui dit à deux potes à moi, de mon groupe, Michel
00:23:00et puis Jean-François, qui avaient réussi à rentrer dans une partie de la maison.
00:23:04Moi, j'étais juste en face en tir fichant à 90 mètres, noir complet.
00:23:08Et j'avais une fenêtre de tir de quelques millimètres au-dessus de la porte et de la voiture
00:23:12qui était dans le garage.
00:23:13Et Baril dit, Jean-François et Michel, vous rentrez dans la pièce suivante.
00:23:20Un grand couloir, c'était la première pièce.
00:23:21Il devait passer à la deuxième pièce.
00:23:23Le tireur, il était en face.
00:23:24Et moi, personne ne le voyait.
00:23:26À chaque fois qu'il tirait, on voyait des gerbes de feu, mais on n'arrivait pas à
00:23:31voir où il était.
00:23:32Alors, on envoie les chiens.
00:23:33Ils envoient les chiens.
00:23:34Ils nous tuent nos deux chiens.
00:23:37Ils sont venus mourir au pied de leur maître chien.
00:23:39Et au moment où Baril dit, Jean-François, Michel, vous passez à la pièce suivante, le gars
00:23:46a forcément entendu ce que Baril a dit, parce qu'il n'y avait pas de discréteur.
00:23:50Et j'ai vu le gars sortir d'où il était pour tirer sur mes potes.
00:23:55Et puis là, je l'avais en face ma lunette.
00:23:56Et là, je n'ai pas fait un tir de neutralisation.
00:23:59Une neutralisation définitive.
00:24:00C'était lui ou mes potes, donc je n'ai pas eu le choix.
00:24:03Voilà, première intervention.
00:24:05Ça vous marque un petit peu.
00:24:08Elle va se traduire dans celle-là.
00:24:10Première intervention, vous...
00:24:1117h derrière la lunette.
00:24:13Alors, pardon, mais vous n'avez pas envie d'aller aux toilettes pendant 17h ?
00:24:17Comment ça se passe ?
00:24:18Non, là, on pisse sur le côté.
00:24:21Moi, je me souviens, j'étais dans un poulailler, dans un tir fichant.
00:24:25C'était en plein hiver.
00:24:27C'était folklorique.
00:24:28Vous ne dormez pas pendant 17h ?
00:24:30Ah bon, non, on n'a pas sommeil, là.
00:24:31Ah oui ?
00:24:32Alors, on n'a pas sommeil du tout.
00:24:34Non, non.
00:24:34Puis en plein hiver, on avait juste la vieille...
00:24:37Enfin, c'était pas une combine à l'époque, c'était un bouson.
00:24:39Sans rien de sou et on n'a pas froid non plus.
00:24:42On n'a pas sommeil, on n'a pas envie de faire pipi.
00:24:45Voilà, on n'a pas froid.
00:24:46On est concentré sur ce qu'on doit faire, quoi.
00:24:49Puis à première interne, il ne faut pas la louper, quoi.
00:24:51Il faut montrer aux anciens qu'on est là et qu'on sait faire.
00:24:55Il y a un truc qui m'a interpellé tout à l'heure dans une de vos phrases.
00:24:59C'est que vous avez dit qu'il allait tirer sur mes deux potes.
00:25:02Au GIGN, on ne parle pas de collègues.
00:25:05C'est une relation amicale, en fait, que vous entretenez avec...
00:25:09Oui, c'est des frères d'armes.
00:25:12On va dire un collègue que c'est un collègue, c'est un gendarme.
00:25:15Un gendarme mobile ou un gendarme départemental.
00:25:19Au groupe, c'est plus des frangins, quoi.
00:25:21Là, on est quand même des trucs un peu chaud, quoi.
00:25:25Donc, ça crée des liens.
00:25:27On sauve la vie des potes.
00:25:29J'ai mon pote, mon chef de groupe, qu'on revoit tous les jours avec ma femme,
00:25:33qu'on voit régulièrement.
00:25:35Et voilà, je vais sauver la vie.
00:25:38Il le reconnaît, il en parle tout le temps.
00:25:40Voilà, tu m'as sauvé la vie, quoi.
00:25:42C'est un truc, tu gardes sa vie, quoi.
00:25:44Il le comprend à ce moment-là que vous venez de lui sauver la vie ?
00:25:47Non, pas tout de suite, parce qu'on a attendu un petit peu pour donner l'assaut,
00:25:53parce que j'ai tiré, puis on n'entendait plus rien.
00:25:56Alors, pour être sûr, il n'y avait plus de chien, il n'y avait plus rien.
00:25:58Donc, on a attendu, attendu, attendu.
00:26:00Et puis là, le capitale a dit, bon, allez, top action.
00:26:02Alors, il y en a qui sont passés par l'échelle au premier étage.
00:26:05Là, ils ont retrouvé une liasse de billets de 500 francs, à moitié brûlée.
00:26:09Donc, là, ils avaient décidé qu'ils ne voulaient pas payer.
00:26:11Donc, ils avaient brûlé, ils avaient de quoi payer, mais ils ne voulaient pas.
00:26:13Ils voulaient faire sa guerre, finir en beauté, quoi.
00:26:18Et puis, nous, on est arrivés, après, moi, je suis sorti de mon dispositif.
00:26:22J'ai rejoint tous les autres, puis on l'a trouvé, il était là à manger.
00:26:27Vous avez déjà regretté de tirer sur quelqu'un, peut-être même mal visé.
00:26:33Et voilà, c'est quand même, on note l'avis d'un être humain.
00:26:38Non, je ne regrette pas du tout, parce que je l'ai fait pour sauver la vie de quelqu'un d'autre.
00:26:42Là, en l'occurrence, c'est l'avis de mes collègues.
00:26:44J'ai été amené à tirer plusieurs fois dans ma carrière, oui.
00:26:48Et en général, c'était pour sauver les gens, sauver mes collègues, principalement.
00:26:53Donc, je n'ai aucun regret, j'ai fait mon travail.
00:26:56Si j'avais pu le faire, la devise chez nous, c'est d'essayer de blesser la personne et la remettre à la justice.
00:27:04Mais il y a des moments où on ne peut pas faire autrement.
00:27:07C'est ou votre vie, ou la sienne, ou la vie des potes, et ainsi de suite.
00:27:10Donc, voilà.
00:27:11Non, non, j'ai fait mon travail.
00:27:14Il y a une mission que j'ai énormément appréciée que vous avez faite, parce qu'elle est digne d'un film d'action.
00:27:24C'est à Pontoise.
00:27:27Les gens du voyage de Pontoise.
00:27:29Cette mission, elle est incroyable.
00:27:31Et j'aimerais beaucoup que vous nous la racontiez.
00:27:33C'est un petit peu en racontant, mais là, c'était quand on passe de chasseurs à gibier, ça fait vraiment drôle.
00:27:43Moi, on m'appelle le chat noir.
00:27:45À chaque fois qu'il y a un truc un peu pourri, j'étais dedans.
00:27:48Et là, on était partis sur des gens du voyage, des manouches qui voulaient faire la loi vers Sergis Pontoise.
00:27:55Et ils tiraient sur tout ce qu'il y avait à Képi à l'époque.
00:27:58C'était les fighteurs, les gendarmes, les pompiers.
00:28:01C'était en quel année ça ?
00:28:03C'était les années 89, 90, je ne sais plus exactement.
00:28:07Et on était partis, on était 30 équipages, avec deux gars du groupe et un gars derrière.
00:28:16C'était un gendarme départemental qui était censé connaître la circonscription.
00:28:20Censé, parce qu'après, on va voir qu'on a failli se faire avoir.
00:28:26Et on fait le briefing avec le commandant de groupement, commandant de compagnie, enfin le gros, gros.
00:28:31Et on part, on est désigné avec nos différents collègues de l'AGD pour aller reconnaître chacun un dispositif.
00:28:40Et nous, on devait, alors, heureusement, il n'y avait pas beaucoup de circulation sur quatre voies.
00:28:43Je ne me souviens plus qu'il y avait un Sergi Pontoise, deux fois deux voies.
00:28:46Et puis, on part tranquillement.
00:28:48On avait la description des gugus, là.
00:28:52Alors, c'était quatre par bagnole, des grosses bagnole, cagoule remontée sur la tête, et ainsi de suite.
00:28:57On part tranquillou, on fait notre coup.
00:29:02Voiture banalisée, nous en civil, banalisée.
00:29:05Et d'un seul coup, qu'est-ce que je vois ?
00:29:07Sur le côté, une Renault 30 TX, enfin le gros truc V6, grosse bagnole.
00:29:14Et quatre mecs dedans avec la cagoule retournée jusque là.
00:29:18Je dis aux gars, attention les gars, je crois que c'est eux.
00:29:21Tu crois, tu crois ?
00:29:22Là, je dis, regarde, discrètement, j'ai regardé, mais ils sont là, quoi.
00:29:26Et effectivement, les gars nous ont repéré.
00:29:28Je ne sais pas comment ils ont fait.
00:29:29En 1309, GTI, grise.
00:29:32On était en civil.
00:29:34Et les gars nous ont testés.
00:29:36Ils nous ont doublés.
00:29:38Ils se sont mis devant nous.
00:29:40Alors là, on a essayé de choper les plaques, mais je faisais nuit.
00:29:42Alors, on a essayé de ne pas...
00:29:44C'est moi qui conduisais.
00:29:45J'ai essayé de ne pas trop m'approcher pour ne pas me faire repérer, quoi.
00:29:49Pour essayer de prendre la plaque, puis passer ça à la radio, aux collègues.
00:29:52Et on n'avait pas de valise relais à l'époque.
00:29:55Et les radios ne s'étaient pas perfectionnées comme maintenant.
00:29:57Et ça ne passait pas.
00:29:58Et à un moment, il double.
00:29:59Mais le problème, c'est qu'il a doublé par la droite, la voiture qui était devant nous.
00:30:03Donc, on s'est dit, hop là, il y a un loup quelque part.
00:30:07Et effectivement, à un moment, la voiture prend une bretelle.
00:30:12Et en bas de cette bretelle, il y avait un rond-point.
00:30:14Alors, moi, je suis à distance quand même, pour ne pas nous faire repérer.
00:30:17On fait le tour et là, la voiture a disparu.
00:30:19Donc, on repart.
00:30:21Et en repartant, en reprenant la bretelle, j'ai doublé un smirmorque.
00:30:25Et dans mon rétroviseur, je voyais deux phares blancs.
00:30:29Oh, putain, ils sont derrière nous.
00:30:30On reprend la bretelle, deux fois deux voies.
00:30:35Et là, je vois que la bagnole accélère.
00:30:37J'accélère.
00:30:38Et là, je ne pouvais pas lâcher le vent.
00:30:40J'étais à 200 km heure.
00:30:41Et là, j'anquille à 200 à l'heure.
00:30:43Je ne pouvais pas bouger.
00:30:43Je roulais comme un fada.
00:30:46Et la grosse bagnole, le V6, s'est pointée à ma hauteur, là, à côté de moi.
00:30:51Et à l'arrière, le gars avait baissé la vitre de son monsieur.
00:30:54Et il a sorti le fusil à pompe.
00:30:56Il me l'a mis sur la tempe.
00:30:57En roulant à 200 à l'heure, sur la vitre de mon côté.
00:31:00Alors là, le réflexe, un grand coup de patin.
00:31:02C'est là qu'il y a eu 80 mètres de freinage.
00:31:05On l'a mesuré le lendemain.
00:31:06Et là, le coup part, juste devant.
00:31:09La bagnole nous double.
00:31:10Et puis, il se met dans une bretelle qui redescend.
00:31:14Et là, on s'arrête tous.
00:31:15On sort les...
00:31:18Moi, j'avais un HK.
00:31:21J'avais un pistolet mitrailleur.
00:31:23Et puis, mon pistolet automatique.
00:31:27Et là, on s'arrête.
00:31:28Eux, ils étaient arrêtés à 80 mètres de nous.
00:31:30Et ils nous tiraient dessus.
00:31:31Mais on riposte, forcément.
00:31:33Là, j'ai dû toucher une ou deux fois.
00:31:36Parce que le lendemain, on a retrouvé le pare-brise explosé à l'arrière.
00:31:39Enfin, la glace arrière, pardon.
00:31:40Et puis, on a trouvé du sang.
00:31:44La bagnole s'en va.
00:31:45Nous, on continue.
00:31:45On essaie de choper les copains à la radio.
00:31:48Impossible, ça ne passait pas.
00:31:50Et quelques centaines d'un mètre plus loin.
00:31:51Ou quelques kilomètres, je ne me souviens plus.
00:31:54De nouveau, on entend tirer.
00:31:57Puis, on regarde.
00:31:58Les mecs, ils étaient au-dessus de nous.
00:31:59C'est-à-dire que la deux fois deux voiles était dans une cuvette, comme ça.
00:32:02Alors, ils connaissaient bien la circonscription.
00:32:04Parce qu'il y avait une route qui passait juste au-dessus de ces quatre voiles.
00:32:07Et ils étaient là-haut.
00:32:08Et puis, là, bim, bam, bam.
00:32:10Ils ont allumé pendant tout le temps qu'on passe, quoi.
00:32:12Et alors, on continue.
00:32:16Et cinq minutes après, dans le rétro, je revois encore les phares blancs.
00:32:19Je dis, putain, ils sont encore derrière nous.
00:32:21On ne va jamais s'en sortir.
00:32:23Alors, rebolote.
00:32:25Le gars, ben, accélère.
00:32:27Avec son, moi, ma pauvre 309 et même GTI.
00:32:29J'étais tout petit, quoi.
00:32:30Avec la Renault 30TX.
00:32:32Le gars se pointe.
00:32:32Je remets à côté de moi.
00:32:34On ressort le tube.
00:32:35Et bim, il m'en fout encore un coup.
00:32:37Là, je fais un coup de froid encore.
00:32:38Ça me repasse devant le nez.
00:32:39On a retrouvé du plomb plein à la bagnole.
00:32:41Dans les joints.
00:32:43Il tirait la brunette.
00:32:44Il tire au petit plomb.
00:32:44Il y avait tout.
00:32:45C'était un coup.
00:32:45Un espèce de mélange de fou.
00:32:48Et puis, là, je dis aux gendarmes départementales qui étaient derrière nous.
00:32:51Il faut absolument que tu nous trouves un endroit où on puisse se planquer.
00:32:55Et essayer d'appeler les potes qui viennent nous aider.
00:32:58Parce que là, on ne va jamais s'en sortir, quoi.
00:32:59Lui, il doit être terrorisé, là, ce gendarme.
00:33:01Non, mais le gendarme qui était derrière, il était derrière.
00:33:04Je ne le voyais pas dans le rétro.
00:33:06Il n'a même pas tiré une seule fois.
00:33:08Il est resté caché.
00:33:09Et puis, il a demandé sa mutation dans la foulée.
00:33:12Il devait être mort de trop, là.
00:33:14C'était chaud, quand même.
00:33:16Il me dit, oui, oui, là, plus loin.
00:33:18Il y a un Leroy Merlin, machin.
00:33:19Il nous emmène dans un truc tout pourri.
00:33:21Une bretelle qui descend.
00:33:23Un magasin Leroy Merlin.
00:33:24Et une sortie.
00:33:25Et l'entrée, une sortie.
00:33:26Il ne pouvait pas aller ailleurs.
00:33:27Et puis, nous, on se met là-dedans.
00:33:29Alors, il y avait, je me souviens, une ou deux bagnoles qui étaient garées.
00:33:32C'était de nuit.
00:33:33Il y avait un camion Ben, je me souviens.
00:33:34Et puis, on s'arrête là, le long des véhicules qui étaient là.
00:33:40Il n'y avait personne, c'était de nuit.
00:33:41Alors, je lui ai dit au criquet, je le prends, je le jette sous le camion.
00:33:44Je lui dis, toi, tu te mets là, tu ne bouges pas de là.
00:33:46Et puis, je regraille mes âmes.
00:33:48On regraille nos âmes.
00:33:49Puis, j'avais un pressentiment.
00:33:51J'ai dit, attends, le mec, là, ils ne vont pas nous laisser comme ça.
00:33:54Ils nous ont tirés dessus.
00:33:56On l'a tiré dessus.
00:33:57Ils ne vont pas nous laisser.
00:33:58Je connais les manouches.
00:33:59Effectivement, je regarde machinément sur la gauche.
00:34:02Et là, qu'est-ce que je vois ?
00:34:03La Renault 30, tout phare éteint, sur la bande d'arrêt d'urgence, qui roulait ou pas, avec le mec sorti toujours à l'arrière droit, avec son fusil.
00:34:12Puis, il nous cherchait.
00:34:13Puis, à un moment, ils ont repéré la 309 grise.
00:34:15Puis là, bim au-dessus de nous, c'était reparti.
00:34:18Alors, moi, je tire sur le gars qui me tirait dessus au coup par coup.
00:34:24Et j'entendais un bruit métallique à chaque coup que je tirais.
00:34:27Je tirais une dizaine de cartouches au coup par coup.
00:34:30Et je me suis rendu compte que le lendemain, les impacts étaient groupés comme ça, à la hauteur de la portière du gars qui me tirait dessus.
00:34:37Mais dans les trucs métalliques qu'il y a le long des barrières en ferraille, sur les autoroutes.
00:34:46Et puis, ça avait tapé là-dedans.
00:34:49Donc, le gars, il me tirait dessus.
00:34:50Je me disais, mais il ne tombe pas.
00:34:51J'ai dit, comment ça se fait, quoi ?
00:34:53Et puis, le gars commence à partir.
00:34:55Là, je leur en ai mis une ou deux autres, quand ils foutaient le camp.
00:34:59Et là, on réussit quand même à rejoindre nos potes par radio.
00:35:02Puis là-bas, les gars, ils s'étaient barrés.
00:35:04Et puis, on ne les a pas retrouvés.
00:35:05Le lendemain, le colonel qui rigolait, quand il a vu la bagnole, il rigolait beaucoup moins.
00:35:10Parce qu'on était truffé de plomb.
00:35:12Puis le lendemain, reconstitution.
00:35:13Là, il a bien vu que, voilà, 80 mètres de freinage, les glaces explosaient, du sang par terre.
00:35:19Et la dernière fois qu'on les a vus où je leur ai tiré dessus, qu'ils étaient au-dessus de nous,
00:35:24il n'y avait plus que deux personnes dans la bagnole.
00:35:26Le chauffeur et le mec à l'arrière avec son fusil.
00:35:29Donc, il y a un gars qui était…
00:35:30On ne sait pas…
00:35:32Il n'y a pas eu de corps retrouvés.
00:35:34Ces mecs-là, ils n'ont pas été retrouvés.
00:35:36Non, ils font brûler les voitures.
00:35:37Ils brûlent les corps.
00:35:38Ils les enterrent.
00:35:39On a su que, par la suite, pour se venger, ils avaient tiré sur un couple de personnes âgées
00:35:48qui avaient la même voiture que nous.
00:35:51La 309 GTI grise, avec les petites bandes sur le côté et tout.
00:35:54Et ils ont tiré sur les personnes âgées.
00:35:56Il n'aurait rien arrivé ?
00:35:58Je crois qu'ils ont tué en plus.
00:36:01Enfin bon, c'est notre…
00:36:02Alors après, dans le camp, on trouve des blessés.
00:36:06Oui, oui, mais non, je me suis blessé.
00:36:07Machin, ils racontent des commis.
00:36:12Aujourd'hui encore, j'en rêve parce qu'on n'a pas pu les arrêter.
00:36:17Quand on fait l'inter et qu'on arrête, c'est bon, on arrête, on met la justice.
00:36:20Là, on s'est fait tirer dessus comme des lapins.
00:36:23Et on l'a riposté.
00:36:24Mais il n'y a rien au bout.
00:36:26Il n'y a pas d'arrestation.
00:36:27Il n'y a que d'autre.
00:36:28Donc, c'est un petit peu là depuis des années déjà.
00:36:32Mais j'y pense toujours.
00:36:34Et à l'époque, ça a été médiatisé, cette affaire ?
00:36:37Je ne crois pas, non.
00:36:38Parce qu'aujourd'hui, il se passe un truc comme ça.
00:36:40On tire sur des membres du GIGN.
00:36:42On les chasse.
00:36:43C'est ça qui est hallucinant.
00:36:44On a riposté.
00:36:46Mais les mecs, ils avaient des grosses bagnoles.
00:36:48Ils étaient plus forts que nous.
00:36:50Nous, on avait nos armes de service.
00:36:52Mais eux, ils avaient leur yacht gun, la grosse bagnole.
00:36:55Ça fait bizarre de passer de chasseur.
00:36:57J'y vais.
00:36:58Ça fait bizarre, quoi.
00:37:00Enfin bon, c'est une expérience et un souvenir que je garderai jusqu'au bout.
00:37:06Bon, mais finalement, quand même, l'affaire de votre carrière, c'est bien la prise d'otage de Marignane du 24 au…
00:37:14Enfin, je ne sais pas, est-ce qu'on peut…
00:37:16En tout cas, c'est la plus impactante.
00:37:18La plus médiatisée, la plus importante.
00:37:20La prise d'otage de Marignane, elle commence à Alger le 24 décembre 1994 et elle va se finir à l'aéroport de Marignane le 26 décembre.
00:37:28C'est quatre membres du GIA qui prennent en otage le vol AF89-69, justement, en aéroport d'Alger.
00:37:37Moi, il y a une question, quand j'ai écouté cette histoire, que je ne connaissais pas vu que ce n'est pas vraiment ma génération.
00:37:42C'est comment quatre terroristes, armées de kalachnikov et d'explosifs, ont réussi à rentrer dans un vol d'Air France pour prendre 220 personnes en otage.
00:37:56C'est impensable aujourd'hui.
00:37:58C'est trop facile.
00:37:59À l'époque, ils avaient des complices qui leur avaient filé les sacs avec les armes dedans, qui étaient déjà dans l'avion, qui avaient été déposées par des complices.
00:38:08Non, il y a plein de complices, c'est obligé.
00:38:10Ils sont montés, ils avaient déjà l'armement dedans, ils avaient l'équipement, ils étaient habillés en steward, certains en chemise, d'autres en veste.
00:38:19C'était tout prévu, quand même.
00:38:21Et alors, les quatre terroristes, ils se sont fait passer pour des policiers en civile, c'est bien ça ?
00:38:27Oui, qui voulaient contrôler les passagers.
00:38:30OK, mais il y a ce truc dingue, justement, où il y avait un membre des forces de l'ordre algérienne ou française.
00:38:37Il y a un policier dans l'eau qui a dit « si vous voulez, je peux vous aider ».
00:38:40Voilà, exactement.
00:38:40Plus le pauvre, il s'est fait tuer.
00:38:43Il signe son arrêt de mort, justement, voulant aider ses confrères.
00:38:46Plus le diplomate chinois, plus le pauvre cuisinier de l'ambassade de France, le dernier qui a été tué.
00:38:54C'était chaud à Alger, oui.
00:38:56Pendant deux jours, le vol Air France, pardon, il va rester à Alger.
00:39:02Vous, vous êtes sollicité en tant que gendarme français ou ce n'est pas encore une histoire d'État pour la France ?
00:39:08Comment ça se passe ?
00:39:09Il y a le raid qui avait été prévenu et qui ne voulait pas faire le truc parce que c'était trop pointu pour eux.
00:39:15Donc, c'est nous qui avons été requis.
00:39:18Il y a l'équipe, la première équipe d'Alert, tout ça, qui a été mis en route et qui est partie sur Palma de Mallorque en attendant pour intervenir sur Alger.
00:39:26Là, c'était hors de question d'intervenir sur Alger.
00:39:29Le président n'a pas voulu.
00:39:31Il voulait faire intervenir ces forces spéciales, les ninjas, les forces spéciales algériennes.
00:39:37Heureusement qu'ils n'ont pas fait d'ailleurs.
00:39:38Ils sont bien formés ou pas, les ninjas ? Pardon.
00:39:41À l'époque, les ninjas, c'est l'équivalent du GIGN algérien ?
00:39:43Oui, GIGN algérien.
00:39:46Et du coup, vous êtes mobilisé à Palma de Mallorque.
00:39:49Alors, non, il y a une partie, la première alerte, deuxième alerte qui sont sur Palma de Mallorque.
00:39:54Et il rappelle tous les autres, comme je l'ai dit tout à l'heure, les troisièmes alertes,
00:39:58ceux qui sont en congé, qui vont faire leur soin parachute, qui vont chez le médecin, machin, tout ça.
00:40:05Tout le monde est récupéré.
00:40:06Moi, j'étais en vacances.
00:40:08J'étais en Suisse.
00:40:09Et j'ai entendu à la radio, prise d'otage, machin.
00:40:12Bon, je me suis dit, comme d'habitude, avec la négo, ça va le faire, quoi.
00:40:18Et puis, non, première mort, deuxième mort, troisième mort.
00:40:22J'ai dit, là, non, là, c'est pas bon du tout.
00:40:24Alors, je suis rentré.
00:40:26Et puis, en arrivant à Satori, là-haut, je suis à la caserne.
00:40:30Et je vois le gars qui était de permanence, là, Michel.
00:40:32Et j'ai dit, bon, alors, il a dit, c'est chaud.
00:40:35Prépare tes gars, prépare ton matos.
00:40:37Ça risque de partir.
00:40:38Donc, j'ai récupéré huit gars qui étaient, non, sept, parce que le commandant qui était déjà surplacé, avec le matériel.
00:40:46Et à minuit, on m'appelle, on me dit, bon, allez, tu prends ton matos et vous allez à Ville à coubler.
00:40:52Le Transal, direction Marseille-Marignan.
00:40:56Donc, on est arrivés tous à Marignan.
00:41:00Il devait être vers les deux heures du matin, à peu près.
00:41:02En même temps que le 89-69 a eu l'autorisation de décoller.
00:41:08Alors, ça, c'est un truc de dingue.
00:41:10Oui.
00:41:11C'est Bernardur qui a réussi à menacer le président Zerwald de le rendre responsable s'il y avait encore un mort.
00:41:21Et il a laissé l'avion décoller, en faisant croire que le pilote avait fait croire qu'il n'y avait pas assez de pétrole lent,
00:41:27parce qu'ils avaient fait marcher tout l'avion le temps qu'il était sur le tarmac.
00:41:31Il n'y avait plus de ravitaillement, il fallait refaire du pétrole, il fallait machin et tout.
00:41:34Donc, ils ont laissé décoller pour les s'emmarser, pour refaire le plein.
00:41:38Donc, ils avaient assez de pétrole pour rejoindre Paris, parce qu'ils voulaient rejoindre Paris.
00:41:42C'est ça, oui.
00:41:42Ils voulaient faire la conférence de presse à Paris, officiellement, officiellement.
00:41:47Après, la conférence de presse, ils voulaient la faire à Marseille.
00:41:50Puis, c'est là qu'on a donné la soupe après.
00:41:52Mais bon, au départ, oui.
00:41:53Alors, ils voulaient rejoindre Paris.
00:41:54Pourquoi faire avec un plein d'essence du carosane ?
00:41:59C'était pour faire en septembre.
00:42:03C'était soit la défense, soit Montparnasse.
00:42:09Pour moi, c'était plutôt la tour Eiffel.
00:42:10C'est ce qui a été dit, en plus, après.
00:42:12Ils voulaient faire exploser l'avion sur Paris.
00:42:14Donc, ils sont arrivés à Marseille.
00:42:18Nous, on venait juste d'arriver.
00:42:20On nous a dit, planquez-vous.
00:42:21L'avion arrive.
00:42:22Et le 89-69, on l'a vu se poser.
00:42:25Et on s'est planqués.
00:42:26Et ils sont venus se mettre en bout de tarmac, là, à l'endroit où il y a un endroit prévu pour les prises d'otages, justement.
00:42:32On ne peut pas bouger de là, quoi.
00:42:33Ils sont là, ils sont bloqués et tout.
00:42:36Et puis là, c'était négociation, négo, négo, pour avoir du pétrole, pour avoir machin.
00:42:41Ils disent, ben non, ils ne peuvent pas.
00:42:42Il y a un ravitaillement.
00:42:43Donc, il y a des gens de chez nous qui se sont déguisés, qui avaient été formés déjà, comme les gens de piste, quoi.
00:42:51Les pilotes d'engin et puis tout le personnel qui promène les trollets pour le ravitaillement et tout ça.
00:42:56Qui sont montés, qui ont été fouillés.
00:42:58Ils n'avaient pas d'armes et tout pour voir un petit peu ce qui se passait.
00:43:01Puis, ils venaient nous rendre compte, nous, après, les chefs de groupe, de ce qui se passait, où ils étaient.
00:43:05Comment ils étaient habillés, ce qu'ils avaient comme armement, les peu qu'ils avaient vus, quoi.
00:43:10Ça, c'est des renseignements qui nous servaient bien, quoi.
00:43:12Il y a des gars à vous déguisés en agent de piste qui montent dans l'avion des terroristes.
00:43:17Oui.
00:43:17Et mais à quel titre ?
00:43:19Pour ravitailler l'avion.
00:43:21D'accord.
00:43:21Pour donner à manger, à boire aux gens parce qu'il faisait chaud et les gens avaient faim.
00:43:25Et ça faisait un petit moment qu'ils étaient là-dedans, dans l'avion.
00:43:28Donc, ravitailleront.
00:43:30Donc, ils sont rentrés, ils ont été fouillés.
00:43:31Ils ont donné les bouteilles, les trollets, à manger, machin.
00:43:34Et puis, ils sont repartis.
00:43:35L'avion, il arrive très tôt au matin, à 3 heures.
00:43:392 heures, 2, 3 heures.
00:43:41Oui, 2, 3 heures.
00:43:42Et vous, vous vous entraînez.
00:43:43Et alors, je crois qu'il y a même un avion d'Air France qui est mis à votre disposition
00:43:48pour faire des répétitions, c'est ça ?
00:43:49Oui, exact.
00:43:50Le même, exactement le même.
00:43:51Un A300D qui est mis à notre disposition.
00:43:54Et on fait du drill toute la matinée.
00:43:55Moi, je désigne chaque personnel parce que c'est moi qui commande ma passerelle.
00:44:02Malgré que le commandant Favier, qui lui a donné le top action, était dans mon groupe.
00:44:06Mais je ne pouvais pas le mettre devant parce qu'il était tout jeune.
00:44:08Puis, un patron n'était pas devant.
00:44:10Et puis, comme c'était moi le plus ancien, on dit que la fonction prime sur le grade.
00:44:16Et c'était moi le plus ancien.
00:44:18Donc, c'est moi qui ai désigné qui serait le premier.
00:44:19Et jusqu'à la fin, le commandant, je l'ai mis en numéro 6, on s'entraînait pendant une ou deux heures sur le même avion.
00:44:29Donc, chacun savait ce qu'il allait faire.
00:44:31Mais ça, c'est un entraînement théorique.
00:44:34Après, la pratique, ça ne se passe jamais comme là.
00:44:36Ça ne s'est pas passé exactement comme on avait prévu.
00:44:39Juste avant l'assaut, ils avaient libéré un couple de personnes âgées qu'on avait reçues, nous, au PC Crise.
00:44:45Parce qu'il y avait deux, il y avait le PC Crise et la cellule de Crise qui était en atout de contrôle avec les autorités.
00:44:51Et nous, le PC Crise, c'était un vieux bus qu'on avait dans un hangar où on avait nos secrétaires avec des tableaux Velleda
00:44:56qui prenaient tous les renseignements que nous envoyaient les tireurs qui étaient sur le tarmac à travers les hublots.
00:45:01Ils disaient, il y en a un, il est comme ça, on va l'appeler le dégarni.
00:45:05Ils ont à peu près telle arme, un machin, ils se déplacent, tel endroit, puis ils marquaient tout.
00:45:09Et quand les personnes âgées ont été libérées quelques temps avant, on les a reçues dans ce PC Crise.
00:45:19On leur a montré des planches photos avec des larmements.
00:45:23Ils nous ont dit, ils ont ça, ils ont ça, ils ont ça.
00:45:26Puis on leur a demandé où étaient les terroristes dans l'avion.
00:45:28Alors, il y en a toujours deux à l'avant dans le cockpit et deux à l'arrière.
00:45:32Puis de temps en temps, ils font un roulement et ils se reposent comme ça.
00:45:35Donc, le schéma théorique, tactique de départ, c'était moi, je vais en trouver deux devant.
00:45:43Et les autres sont à l'arrière.
00:45:44En fait, ce n'est pas du tout ce qui s'est passé.
00:45:46Juste avant qu'on donne l'assaut, parce qu'ils avaient demandé à faire une conférence de presse,
00:45:51le commandant Fayet avait demandé à ce que le premier galet où il y avait les passagers soit reculé à l'arrière de l'avion.
00:45:58Pour faire la conférence de presse.
00:45:59Pour faire la conférence de presse.
00:46:02Il voulait réellement faire une conférence de presse.
00:46:04Oui, oui, oui.
00:46:06Et justement, il y a quelque chose qui m'intéresse.
00:46:08C'est quoi leur revendication ?
00:46:10Qu'est-ce qu'ils veulent ?
00:46:11Libérer des gens du GIA qui étaient en taule.
00:46:14Ils veulent un échange de prisonniers.
00:46:15Oui, c'est ça.
00:46:16Donc, c'était le truc tout con.
00:46:18Voilà, quoi.
00:46:19Et ces deux personnes âgées qui sont relâchées.
00:46:21Alors, ceux-là, ils ont été relâchés.
00:46:23Voilà.
00:46:24Et ils vous disent…
00:46:24Ils nous disent, il y en a toujours deux devant, deux derrière.
00:46:27Ils ont ça comme armement.
00:46:28Bon, on leur a montré ce qu'ils avaient.
00:46:30Ils avaient ce qu'il fallait.
00:46:31Ils avaient quoi, justement ?
00:46:32Ils avaient Kalashnikov.
00:46:33Ils avaient usi israélien.
00:46:35Il y avait HK, pistolet HK, pistolet Makarov.
00:46:39Les explosifs avec mises de feu électriques pyrotechniques.
00:46:42Les grenades soviétiques, dont une que j'ai prise juste avant qu'on m'évacue.
00:46:47Ils avaient quoi faire exploser l'avion.
00:46:49Ils l'avaient piégé, l'avion, de toute façon.
00:46:51C'est là, justement, où ils avaient piégé.
00:46:54Quand ils ont su qu'ils ne pourraient pas redécoller,
00:46:57parce que personne ne voulait remettre du kérosène dans l'avion,
00:47:00ils ont dit, on va faire péter l'avion.
00:47:02Alors, ils ont déplacé l'avion d'initiative.
00:47:05Ils sont venus se mettre sous la tour de contrôle.
00:47:08Alors, nous, on a entendu nos tireurs.
00:47:09On était dans notre guerre.
00:47:11On entend un réacteur en route, deux réacteurs en route.
00:47:13L'avion bouge.
00:47:15Effectivement, l'avion d'initiative est venu se mettre sous la tour de contrôle.
00:47:18On n'a pas trop compris pourquoi.
00:47:19En fait, c'était pour faire péter l'avion sous la tour de contrôle.
00:47:22Là, ils avaient piégé l'avion.
00:47:25Alors, nous, on avait le commandant qui est arrivé de la cellule de crise
00:47:30qui nous a dit, le commandant Fabier,
00:47:32aux prochaines exactions, on donne l'assaut.
00:47:33Donc, tout le monde s'est équipé, équipez-vous.
00:47:35Chaque passerelle, les trois passerelles,
00:47:36tout le monde était sur les passerelles et attendait.
00:47:41Et puis, à un moment, on entend tirer.
00:47:43Mais nous, on était, on ne voyait pas.
00:47:45En fait, ils avaient ouvert la porte à gauche,
00:47:47à l'opposé de ma porte à moi.
00:47:48Et ils ont tiré sur la tour de contrôle.
00:47:51Ils ont ouvert l'autre porte.
00:47:52Ils ont fait la même chose.
00:47:53Ils ont fait le tour, comme ça, de l'avion.
00:47:54Ils ont ouvert toutes les portes.
00:47:55Et il en fallait, ils ont refermé les portes.
00:47:57Et nous, on a eu le top action à ce moment-là.
00:47:58On arrive avec nos passerelles et les mecs nous voient,
00:48:01mais ils ne nous voient pas.
00:48:02Ils voient les passerelles.
00:48:04Mais c'est les passerelles qui sont borgnes.
00:48:05Donc, ils voient des passerelles,
00:48:06mais ils ne voient pas les mecs qui sont dessus,
00:48:08parce qu'on était camouflés et ils ne nous voyaient pas.
00:48:10Mais on avait des impacts sur la passerelle.
00:48:13Et ils referment les portes.
00:48:14Et nous, on arrive forcément là.
00:48:17C'est là où il y a eu un problème d'ouverture de porte.
00:48:20Où on voit dans le reportage, je ne sais pas si vous avez vu.
00:48:23Oui, oui, cette célèbre photo.
00:48:24Oui.
00:48:26Donc, moi, je pensais que c'était de ma faute à moi,
00:48:28puisque le matin, on s'était entraîné sur un avion vide.
00:48:33Et le soir, l'avion, il y avait 173 passagers dedans.
00:48:36Il y a une histoire de poids.
00:48:38Et j'avais demandé à l'hôpital, au commandant de bord,
00:48:40Bernard Delemme.
00:48:42Et il m'a dit, non, ça n'a rien à voir, l'assiette,
00:48:44passager ou pas, elle reste telle qu'elle.
00:48:47Et j'y suis, des années après,
00:48:48parce que mon chauffeur en dessous, Jeff, m'a dit,
00:48:50écoute, j'ai un truc à te dire,
00:48:51ça me travaille depuis quelques temps.
00:48:54Il me dit, je ne vais pas citer son nom,
00:48:56il y a un officier,
00:48:58alors que les passerelles étaient dans le hangar,
00:49:00qui a dit à mon chauffeur,
00:49:02tu remontes ta passerelle à la même hauteur que l'autre,
00:49:05que les autres, pardon.
00:49:06Alors, on sait bien que quand on regarde un Airbus,
00:49:11l'arrière de l'avion est beaucoup plus haut que l'avant.
00:49:14Et nous, on avait mesuré l'avant.
00:49:16C'est-à-dire qu'en remontant notre passerelle,
00:49:18eh bien, on bloquait la porte.
00:49:20Et c'est ça, justement, le mec du GIGN essaie de l'ouvrir.
00:49:24Oui, voilà, ils essaient de l'ouvrir, ça passe pas.
00:49:26Et puis moi, pour moi, j'étais persuadé
00:49:27que c'était des terroristes qui étaient derrière
00:49:29et qu'on allait se faire rafaler à travers.
00:49:32Donc, j'ai dit à Eric qui était à côté de moi
00:49:33et à ceux qui allaient ouvrir la porte,
00:49:34attention, faites gaffe, il y a du monde derrière.
00:49:37Et alors, nous, ça nous a parlé extrêmement long,
00:49:40alors qu'en fait, quand on regarde la vidéo,
00:49:42c'est très, très court.
00:49:42Le GF en dessous, il m'a dit tout le long du trajet
00:49:45entre les hangars et l'avion,
00:49:46je me suis dit, ça passera pas, ça passera pas, ça passera pas.
00:49:49Effectivement, il arrive, il voit que ça passe pas.
00:49:50Et là, bouf, il donne un petit coup de marche arrière.
00:49:53Et puis là, moi, je me retrouve premier.
00:49:55Il y a une marche comme ça à passer,
00:49:57ce qui m'a permis de rentrer dans l'avion.
00:49:58Alors, il n'y avait personne derrière, heureusement.
00:50:00Et ils s'étaient tous regroupés dans le cockpit.
00:50:04Donc, c'était plus deux à l'arrière, deux à l'avant.
00:50:06C'était quatre à l'avant.
00:50:06Donc, à l'avant, dans le petit cockpit de la 300D,
00:50:11il y avait sept personnes.
00:50:13Le pilote, le copilote, le mécané chez un navigateur
00:50:16et les quatre terroristes.
00:50:18Ça fait un grand comme ça, là.
00:50:19Il y a sept personnes dans la nuit noire.
00:50:22Là, il faut faire le tri.
00:50:23On est le 26 décembre 1994.
00:50:28L'assaut, il est à 17h12.
00:50:30Avant l'assaut, est-ce que vous vous dites,
00:50:32je veux dire, les minutes qui précèdent l'assaut,
00:50:34est-ce que vous vous dites,
00:50:35c'est peut-être mon dernier jour parmi les vivants ?
00:50:39Avant l'assaut, on se dit, ça va partir, c'est sûr,
00:50:43parce que là, on savait que ça allait partir.
00:50:46On se dit, bon, là, c'est chaud.
00:50:48C'est chaud et on risque de laisser des plumes
00:50:51et de laisser peut-être des gens sur le tarmac.
00:50:55Il y a une image qui me restera tout le temps.
00:50:58C'est marrant parce qu'on était trois passerelles,
00:51:02une à l'avant, la mienne, celle qu'on voit,
00:51:04et les deux autres qui étaient à l'arrière-gauche,
00:51:06à l'arrière-droite.
00:51:07Et on a fait exactement la même chose tous,
00:51:09sans se concerter.
00:51:10C'est-à-dire que quand on est parti,
00:51:12au moment du Top Action,
00:51:14on sort des hangars pour rejoindre l'avion.
00:51:18Moi, je me souviens, je me suis retourné,
00:51:19parce que j'étais en tête,
00:51:21j'ai regardé les gars,
00:51:22et on était divides.
00:51:24On disait, on y va, quoi.
00:51:25On ne sait pas ce qu'on a trouvé là-bas,
00:51:27et ça va être chaud, quoi.
00:51:29Et on s'est tous serrés la main,
00:51:31du haut jusqu'en bas.
00:51:33Et j'ai su, des années après,
00:51:34que les autres équipes,
00:51:36à l'arrière-gauche et droite,
00:51:37avaient fait exactement la même chose.
00:51:39C'était une façon de se saluer les uns les autres,
00:51:42entre faire l'arbre,
00:51:43en disant, bon, on y va les gars.
00:51:45Et on verra ce que ça m'a donné, quoi.
00:51:48Dieu seul, je vois,
00:51:51qui doit rester, qui ne doit pas rester.
00:51:53Et on y est tous restés.
00:51:55Tout le monde y va.
00:51:57Les otages, les gendarmes, blessés, mais vivants.
00:52:00Non, c'est la plus belle intervention du GIGN.
00:52:03Quand vous êtes sur la passerelle,
00:52:05vous l'avez dit à l'instant,
00:52:07vous serrez la main à vos frères d'armes.
00:52:11C'est peut-être aussi une forme de façon de dire
00:52:14presque adieu au cas où, si ça se passe mal.
00:52:17Comment on gère la peur de la mort,
00:52:20qui est totalement naturelle,
00:52:22quand on doit faire preuve d'un sang-froid ?
00:52:25Comment ça se passe ?
00:52:26On tremble ?
00:52:27Ça s'y avance.
00:52:29On a, comment on dit,
00:52:32le courage,
00:52:33c'est le juste milieu
00:52:35entre la peur et l'audace.
00:52:38On sait qu'on peut y rester.
00:52:40Ça fait partie du truc.
00:52:42Mais on a entraîné pour,
00:52:43on a équipé pour.
00:52:45Et ça, c'est avant, ça.
00:52:46C'est juste avant l'assaut.
00:52:48Et au moment où on a le top action,
00:52:49tout ça, plouc, c'est fini.
00:52:51Après, c'est l'effet tunnel.
00:52:52On y va et on sait ce qu'on a à faire.
00:52:55On y va.
00:52:56Voilà.
00:52:56Ça, c'est l'avant-assaut.
00:52:59Oui.
00:53:00Pendant l'assaut, on ne pense plus à rien.
00:53:01On pense à ce qu'on doit faire
00:53:03et ce qu'on va trouver dans l'avion
00:53:05et comment on va réagir.
00:53:06Parce qu'il y a une action tactique préliminaire.
00:53:12Mais ça ne se passe jamais comme on prévoit.
00:53:14La preuve, c'est que moi,
00:53:15je pensais en trouver deux devant.
00:53:17Et en fait, j'en trouve quatre.
00:53:19Et comme ils avaient évacué
00:53:20tous les passagers de l'avant vers l'arrière,
00:53:21à l'avant, il n'y avait plus personne.
00:53:23Il n'y avait que moi.
00:53:24Et puis mon équipe.
00:53:25Enfin, mon équipe et moi.
00:53:27Et ils ont évacué dans les premières secondes.
00:53:29Toutes les deux équipes arrières
00:53:30ont évacué, ont percuté les toboggans
00:53:32et évacué les otages dans la foulée.
00:53:35C'était très rapide.
00:53:36On le voit d'ailleurs sur les vidéos.
00:53:38Les gens qui sautent sous la toboggan
00:53:39et puis les gars de l'escadron de parachutistes en dessous,
00:53:42nos collègues,
00:53:43qui récupèrent les gens,
00:53:44qui les fouillent,
00:53:45qui les sécurisent
00:53:46et qui les mettent plus loin,
00:53:48en dessous de l'avion.
00:53:49Et moi, je me mets dans la tête d'un terroriste.
00:53:52À ce moment-là, je me dis,
00:53:54c'est là, ils arrivent.
00:53:55C'est la fin pour nous.
00:53:57Ils sont en train de monter le dispositif
00:53:58pour lancer l'assaut.
00:54:00Il faut aller tuer des otages.
00:54:02Ils n'ont pas eu le temps.
00:54:04Ça a été trop rapide.
00:54:04C'était trop rapide.
00:54:05Oui, c'était trop rapide.
00:54:06Le temps qu'ils ouvrent les portes,
00:54:08qu'ils rafalent.
00:54:09Dès qu'ils ont rafalé,
00:54:10nous, on a le top action.
00:54:11Donc, on est déjà sur les passerelles.
00:54:13On commence à partir.
00:54:14Eux, ils sont toujours dans l'avion.
00:54:15C'est là où ils commencent à piéger l'avion.
00:54:17Ils remontaient après avoir fait la prière de la mort.
00:54:20Donc, nous, nos passerelles,
00:54:22elles arrivent à ce moment-là.
00:54:23Donc, ils n'ont pas eu le temps de nous voir.
00:54:26Ça a été trop rapide.
00:54:27C'est trop rapide.
00:54:27Et vous en avez parlé tout à l'heure.
00:54:30Donc, vous êtes sur votre passerelle.
00:54:31Il est 17h12.
00:54:32C'est le début de l'assaut.
00:54:33Il y a ce couac légendaire,
00:54:36justement, avec la photo
00:54:37où il y a un membre du GGN
00:54:39qui est déséquilibré
00:54:40entre la porte de l'avion et sa passerelle.
00:54:43Est-ce que ça, c'est...
00:54:45Je ne vais pas dire prévu dans le plan,
00:54:46mais est-ce que ça déstabilise ?
00:54:47Est-ce que ça fait sortir un petit peu
00:54:50de l'état d'esprit top action ?
00:54:51Il y a un schéma tactique qui est établi.
00:54:54Et puis après, c'est en fonction de ce qu'on va trouver.
00:54:56Il faut réagir en fonction de ce qu'on va trouver.
00:54:58Il y a l'effet tunnel qu'il ne faut pas oublier non plus.
00:55:01Là, celui qu'on voit pendu, Pascal,
00:55:03il était chargé d'ouvrir avec Olivier la porte.
00:55:08Quand la passerelle a reculé,
00:55:11lui s'est retrouvé déstabilisé.
00:55:13La porte s'est ouverte
00:55:14et il s'est retrouvé pendu.
00:55:17Et c'est au moment où le copilote,
00:55:21Jean-Paul, saute par la fenêtre.
00:55:23Et quand il saute, il s'écrase.
00:55:25Il se fait mal, d'ailleurs,
00:55:26parce que c'est quand même assez haut,
00:55:27il y a 7 mètres.
00:55:28Et le copain qui est pendu
00:55:30saute à son tour de la passerelle
00:55:32pour récupérer Jean-Paul
00:55:33et le sécuriser.
00:55:36Voilà.
00:55:36Donc, lui, normalement,
00:55:38il devait rentrer dans l'avion,
00:55:39mais c'était une autre option.
00:55:41Il a choisi d'aller chercher
00:55:42le copilote qui avait sauté
00:55:44parce qu'on ne savait pas qui c'était.
00:55:45Comme ils étaient tous habillés pareil.
00:55:47Ah oui, oui, oui.
00:55:48Eh bien, oui, il s'est habillé.
00:55:49Moi, le premier, je tire,
00:55:50il est en chemise blanche de Stuart.
00:55:53Le deuxième, il est avec une veste
00:55:56de Stuart bleue, avec des lunettes.
00:55:58Je me souviens, des lunettes de soleil.
00:56:00Et le troisième, il était également
00:56:01en chemise blanche de Stuart.
00:56:04Ils étaient tous habillés pareil en Stuart.
00:56:05Comment vous faites la distinction ?
00:56:07Ça va très vite.
00:56:07C'est l'entraînement, le drill,
00:56:09c'est...
00:56:10Là, on rentre, on photographie,
00:56:11puis on regarde.
00:56:11Moi, le premier que je rentre,
00:56:13le copilote, j'avoue,
00:56:14le pilote, j'avoue, je ne l'ai pas vu.
00:56:16Quand je suis rentré, je ne l'ai pas vu.
00:56:16Et pourtant, c'est tout petit.
00:56:18Et le gars, il fait une tête de plus que moi.
00:56:19Bernard Delemmes, c'est un grand bonhomme, quoi.
00:56:23Et je rentre, et quand je rentre,
00:56:25je vois le premier avec une usine devant moi.
00:56:27Donc là, dégarni, en plus,
00:56:28j'ai la description du gars.
00:56:30Bon, ben, lui, il ramasse tout de suite.
00:56:32J'entends tirer, je ne vois pas.
00:56:33Et l'autre, il est en bleu,
00:56:34mais il faisait noir dans l'avion,
00:56:36le 26 décembre.
00:56:37Il a tout éteint.
00:56:38C'est juste éclairé par les verrières
00:56:39de la tour de contrôle.
00:56:41Donc, il y a une lumière,
00:56:42ce n'est pas top, quoi.
00:56:43Le deuxième, qui est en veste Stuart,
00:56:46avait un pistolet.
00:56:48C'était un Makarov.
00:56:49Je ne l'ai pas vu, mais j'entendais le bruit.
00:56:51Bon, il ramasse en deuxième.
00:56:52Et le troisième, il a un pistolet.
00:56:55Enfin, un pistolet.
00:56:56On ne va pas détailler le pistolet que c'était.
00:56:58Qui était juste en face de moi.
00:57:00Donc, si on écoute les sons,
00:57:02on l'avait fait avec le commandant Proutot à l'époque,
00:57:06en baissant, en ralentis et tout,
00:57:08on entend les différents sons.
00:57:10Mais c'est hyper rapide, quoi.
00:57:13En quatre secondes.
00:57:15En quatre secondes, c'est réglé, quoi.
00:57:17Et après, il reste le dernier,
00:57:19que je n'ai pas vu,
00:57:21qui était caché,
00:57:21mais je l'ai suivi des années après,
00:57:22par le copilote qui m'a emmené
00:57:24dans un Airbus,
00:57:26un zoo à M15, si tu veux.
00:57:27Je t'emmène,
00:57:28parce que je lui ai raconté
00:57:29que ça me traumatisait.
00:57:30La nuit, j'arrivais mal à dormir
00:57:31parce que je ne me souviens pas
00:57:33avoir vu le quatrième.
00:57:34Je n'ai pas vu celui qui m'a tiré dessus.
00:57:37Et il m'a dit,
00:57:37écoute, je te rappelle demain.
00:57:39Il m'appelle le lendemain.
00:57:40Il me dit, écoute, Thierry,
00:57:40je te propose un vol
00:57:41Paris-Milan,
00:57:43Milan-Paris,
00:57:43dans un A300D,
00:57:45le même, exactement le même.
00:57:47OK, on monte.
00:57:48Et au palier,
00:57:48il m'a dit, tiens, viens voir.
00:57:50Puis il m'a dit,
00:57:50tu vois, alors,
00:57:51les anciens Airbus,
00:57:52avec les gros manches à balai,
00:57:53il y avait le pilote,
00:57:54le copilote,
00:57:55derrière, il y avait deux sièges.
00:57:57Et sur le côté,
00:57:57il y avait la planche
00:57:58du mécanicien-navigateur
00:57:59et tous ses instruments.
00:58:00Il y a un autre siège derrière.
00:58:02Et le quatrième terroriste,
00:58:05il m'a dit,
00:58:06il était caché là-dessous,
00:58:07sous la tablette
00:58:08du mécanicien-navigateur.
00:58:09Tu ne pouvais pas le voir.
00:58:10Impossible.
00:58:11C'est pour ça que je ne l'ai pas vu.
00:58:12Et puis c'est lui
00:58:13qui m'a tiré dessus.
00:58:14Mais pour vous tirer dessus,
00:58:15vous, ça veut dire
00:58:16que vous êtes rentré
00:58:17dans le cockpit ?
00:58:18Ou vous tiriez de l'extérieur ?
00:58:20Le cockpit, c'est grand comme ça.
00:58:21Donc moi, je suis là,
00:58:22à l'entrée du cockpit,
00:58:23et puis j'ai tous les gars
00:58:24qui sont autour de moi.
00:58:25Donc là,
00:58:26on ne peut pas rentrer
00:58:26dans le cockpit complètement.
00:58:27Il y a tous les engins,
00:58:28il y a des sièges
00:58:29de tous les côtés.
00:58:30C'est tout petit,
00:58:30c'est minuscule,
00:58:31c'est gros comme ça, là.
00:58:32C'est tout petit.
00:58:34Vous tuez trois terroristes ?
00:58:35J'en tue pas trois,
00:58:36j'en tue deux,
00:58:37et j'en blesse un troisième
00:58:38qu'un collègue de l'arrière
00:58:40m'a dit,
00:58:41en arrivant,
00:58:42j'ai vu un mec qui rampait,
00:58:43qui était blessé dans le dos,
00:58:45il a une tâche de sang
00:58:46sur sa chemise,
00:58:47et puis je l'ai terminé.
00:58:49Par contre,
00:58:49après, vous ramassez ?
00:58:51Après, je ramasse la foudre.
00:58:53Alors là,
00:58:55moi, j'en prends sept en tout.
00:58:57J'en prends quatre dans le bras,
00:58:59j'en prends deux
00:59:01dans mon gilet pare-balles,
00:59:03et puis la dernière que je prends,
00:59:04je la prends dans la joue,
00:59:07et c'est ma visière pare-balles
00:59:08qui va me sauver la vie,
00:59:10et cette balle m'a éjecté du cockpit.
00:59:12En fait, elle m'a sauvé la vie, quoi.
00:59:14Et je me suis retrouvé
00:59:15en basculant à l'arrière
00:59:16dans le petit couloir,
00:59:18sur le dos,
00:59:19et puis là,
00:59:20je me suis caché
00:59:21sur le côté gauche
00:59:22pour pas que le terroriste continue,
00:59:24parce qu'il continuait à me tirer dessus,
00:59:26pendant que j'étais dans le couloir,
00:59:28en train d'essayer de me cacher
00:59:29sur la porte à gauche,
00:59:30et je voyais dans le strapontin
00:59:33des stewards en face de moi
00:59:34des trous
00:59:35des gars qui continuaient
00:59:37à me tirer dessus.
00:59:38Vos collègues,
00:59:39là, j'ai cru que ma dernière heure
00:59:40était arrivée.
00:59:41Quand je voyais les trous
00:59:42qui me passaient là,
00:59:43au-dessus de la tête,
00:59:43à ça, là,
00:59:44dans le siège devant moi,
00:59:46je me suis dit,
00:59:46oh putain, c'est pas bon, là.
00:59:48Et les copains,
00:59:48à l'arrière,
00:59:49n'étaient toujours pas arrivés,
00:59:50parce qu'eux,
00:59:50ils ont mis 15 secondes
00:59:51de plus que nous.
00:59:53Nous, on est arrivés,
00:59:53eux, il fallait qu'ils fassent
00:59:54le tour de l'avion
00:59:55pour se mettre en place.
00:59:57Donc, on a calculé,
00:59:58les premiers tirs de nos gars,
01:00:00c'est 15 secondes
01:00:00après que moi,
01:00:01je suis rentré.
01:00:02Et les tirs fusils en face,
01:00:04c'est 2 minutes 30,
01:00:06parce qu'ils étaient
01:00:07sur le tarmac,
01:00:08nos collègues tireurs.
01:00:09Et au moment
01:00:10où l'avion s'est déplacé,
01:00:12il a fallu que les tireurs
01:00:13se déplacent.
01:00:14Donc, il a fallu
01:00:15aller les chercher
01:00:15sur le tarmac.
01:00:16Ils étaient à 200,
01:00:17300 mètres dans la verte.
01:00:19Après, ils se sont mis
01:00:19en place sur les hangars.
01:00:20Il a fallu casser des cadenas
01:00:21pour qu'ils puissent
01:00:22se mettre sur les hangars
01:00:23en tir fichant 2 minutes 30
01:00:26au moment où je suis rentré,
01:00:28moi, juste après.
01:00:29Vous reprenez des balles
01:00:30quand vous êtes à terre ?
01:00:31À terre, non,
01:00:31mais je prends une grenade,
01:00:32oui.
01:00:33Il y a un collègue
01:00:34qui crie à un moment
01:00:35« grenade »,
01:00:36c'est juste avant
01:00:37les 12 minutes
01:00:37parce que je suis resté
01:00:3812 minutes
01:00:38avant qu'il y ait
01:00:39un collègue
01:00:39qui vienne me chercher.
01:00:41J'entends « grenade »,
01:00:42comme on fait tous
01:00:43les militaires
01:00:43quand on jette une grenade
01:00:44ou quand on entend
01:00:45une grenade,
01:00:46on gueule « grenade »
01:00:46pour prévenir
01:00:47les collègues à côté.
01:00:49Et puis, j'entends
01:00:49cette grenade,
01:00:50cette fameuse grenade,
01:00:52rouler à côté de moi.
01:00:53Et en fait,
01:00:54on l'a vue après,
01:00:55elle m'a pété
01:00:56à 80 cm.
01:00:57Il y avait un trou
01:00:58de 20 cm dans l'avion.
01:00:59C'est une grenade soviétique
01:01:01avec des micro-éclats.
01:01:02Donc moi,
01:01:02je me retourne
01:01:03comme je peux
01:01:04parce que j'entends
01:01:04cette grenade.
01:01:05Je dis « ah, c'est pas bon ».
01:01:06Et en me retournant,
01:01:07bam, la grenade,
01:01:08elle pète.
01:01:09Et puis, je prends
01:01:10des...
01:01:11Alors, c'est des micro-éclats,
01:01:12c'est une grenade soviétique,
01:01:13c'est des tout-quilles,
01:01:14des morceaux de métal.
01:01:15C'est mortel à 100 mètres.
01:01:17Et puis là,
01:01:17je suis protégé
01:01:18par mon gilet pare-balles
01:01:19au niveau du dos.
01:01:20J'ai dû tomber en l'épame
01:01:21un petit moment.
01:01:22Ça m'a fait tellement mal.
01:01:24Et à un moment,
01:01:25je sens quelqu'un
01:01:26qui arrive
01:01:27et qui me chope
01:01:27par le cou,
01:01:28derrière,
01:01:28par ma combinaison.
01:01:29Je serai des années après,
01:01:31qui sait ?
01:01:32Pierrot,
01:01:32un pote,
01:01:33que je remercie encore.
01:01:35Et il me tire.
01:01:36Alors, je l'aide
01:01:37comme je peux
01:01:37en poussant.
01:01:38Je ne sentais plus
01:01:38mes jambes
01:01:39avec les éclats de grenade.
01:01:40Et il m'emmène
01:01:41jusqu'au toboggan
01:01:42à l'arrière de l'avion.
01:01:43Et là,
01:01:45à deux,
01:01:45avec Eric,
01:01:46un copain aussi,
01:01:47Jarkey,
01:01:48ils me prennent
01:01:49tous les deux
01:01:49et ils me mettent
01:01:50sur le toboggan.
01:01:52Et puis là,
01:01:52je descends
01:01:53dans la fraîcheur du matin
01:01:55et puis les médecins
01:01:56m'attendent à moi.
01:01:56Quand ils ont eu
01:01:57les dégâts,
01:01:58ils m'ont shooté
01:01:59tout de suite.
01:02:00Et puis,
01:02:01je me suis réveillé.
01:02:03Je suis quand même malade.
01:02:05J'avais pas mal.
01:02:06Peut-être allait bien.
01:02:06Morphine,
01:02:07certainement.
01:02:07Je ne sais pas.
01:02:09Et puis,
01:02:09ils m'ont dit
01:02:09que je ne sentais plus
01:02:11mon bras droit.
01:02:12J'ai dit,
01:02:12putain,
01:02:13pourvu.
01:02:13qu'ils ne me coupent pas
01:02:14le bras.
01:02:15Et quand je me suis réveillé,
01:02:17j'ai eu un gros pansement
01:02:18à droite,
01:02:18un gros pansement
01:02:19comme une méo-ouest jaune.
01:02:21Puis,
01:02:21je voulais le bout
01:02:22de mes doigts.
01:02:22J'ai dit,
01:02:22si il y a des bouts de doigts,
01:02:23c'est que le bras,
01:02:24il est là.
01:02:25Non,
01:02:26ils voulaient m'amputer.
01:02:26C'est dans l'état
01:02:27où c'était à l'époque.
01:02:28Normalement,
01:02:28ils m'amputaient.
01:02:29Ils vous ont fait combien
01:02:30un point de suture ?
01:02:31Ce n'est pas
01:02:32des points de suture.
01:02:33Là,
01:02:33j'ai pris une balle là.
01:02:34Ça m'a enlevé
01:02:36à peu près
01:02:3710 centimètres
01:02:37de radius.
01:02:39Et puis là,
01:02:39j'avais un trou.
01:02:40On pouvait mettre
01:02:41le point dedans.
01:02:42Donc,
01:02:42ils m'ont fait
01:02:42une graisse de chair,
01:02:43pas de la peau.
01:02:44Ils m'ont fait
01:02:44un bout de bidoche
01:02:45qu'ils ont greffé
01:02:46ici et ici.
01:02:49Et puis,
01:02:49le reste,
01:02:50c'est resté comme ça.
01:02:51Ils ont mis en tension
01:02:51tous les petits bouts
01:02:52qu'on va sur les photos.
01:02:54C'est un puzzle.
01:02:57Et puis,
01:02:57c'est resté comme ça
01:02:59pendant des mois.
01:02:59Ça se reconsolide.
01:03:0119 interventions,
01:03:0219 salesthésie générale.
01:03:04une maladie nosocomiale,
01:03:07un arrêt cardiaque.
01:03:08Enfin,
01:03:09la totale,
01:03:09quoi.
01:03:10Mais bon,
01:03:11je suis encore là.
01:03:12C'est une question
01:03:13un peu délicate,
01:03:13mais comme ça
01:03:15ne m'est jamais arrivé,
01:03:16je me permets
01:03:17de vous la demander.
01:03:18Ça fait quoi
01:03:19de se prendre une balle ?
01:03:19Vous vous en souvenez
01:03:20ou pas ?
01:03:20Ça fait très mal.
01:03:21C'est quoi
01:03:22comme type de douleur ?
01:03:22C'est pas comme
01:03:23dans les films
01:03:24où ils en prennent une,
01:03:26ils en prennent deux,
01:03:26ils courent toujours.
01:03:27Et puis,
01:03:27il y a des chargeurs
01:03:30de 5000 cartouches.
01:03:31Non,
01:03:31ça,
01:03:32c'est pas un film.
01:03:32Ça fait très mal.
01:03:33La première,
01:03:34je la prends,
01:03:35c'est comme si
01:03:36on prend un camion
01:03:37en pleine poire,
01:03:38quoi.
01:03:39On a les oreilles
01:03:39qui sifflent
01:03:40et puis on ne peut plus bouger,
01:03:41quoi.
01:03:41On est anesthésié complet.
01:03:44Et alors,
01:03:45la douleur s'en va
01:03:46parce que le corps
01:03:47se crête,
01:03:47il est bien fait.
01:03:48Il se crête
01:03:48une hormone antidouleur.
01:03:50Mais ça ne dure
01:03:51qu'à un moment,
01:03:51quoi.
01:03:52Et là,
01:03:52je sentais
01:03:53des balles arriver,
01:03:55mais elles ne me faisaient
01:03:56plus mal.
01:03:56L'adrénaline aussi,
01:03:57de savoir nourrir.
01:03:58C'est une hormone,
01:03:59je ne sais plus laquelle,
01:04:00c'est un antidouleur,
01:04:01en fait.
01:04:02Le corps,
01:04:02il se met en sécurité.
01:04:04Donc,
01:04:05il n'y a plus de douleur.
01:04:06Par contre,
01:04:06ça ne dure pas longtemps,
01:04:07parce que quand la grenade
01:04:08a pété,
01:04:09quelques secondes après,
01:04:09quelques minutes après,
01:04:11là,
01:04:12je l'ai senti.
01:04:13Tous les éclats de grenade,
01:04:14je l'ai senti.
01:04:15Ça m'a fait un mal terrible,
01:04:16c'est des bouts de métal
01:04:18comme ça,
01:04:18il y a partout,
01:04:19quoi.
01:04:20Là,
01:04:20ça fait mal.
01:04:21Ça m'a fait très,
01:04:22très mal,
01:04:22oui.
01:04:23Ce moment-là
01:04:24où vous êtes à terre,
01:04:26vous voyez mourir,
01:04:28vous vous dites
01:04:28c'est fini pour moi.
01:04:30Qu'est-ce qui se passe ?
01:04:31Déjà,
01:04:32oui,
01:04:33quand j'ai pris les balles,
01:04:34je me suis retrouvé
01:04:34sur le dos,
01:04:36puis que je voyais
01:04:36les impacts
01:04:37sur le siège devant,
01:04:38je me suis dit
01:04:39putain,
01:04:39c'est pas bon,
01:04:39c'est pas bon.
01:04:40Puis les collègues
01:04:41qui n'arrivaient pas,
01:04:42je me suis dit
01:04:42quand est-ce qu'ils vont arriver ?
01:04:43Ça me paraissait long,
01:04:4415 secondes,
01:04:45c'est pas long.
01:04:45Mais pour moi,
01:04:45c'était très,
01:04:46très long.
01:04:46Après cette grenade
01:04:48qui m'explose
01:04:49dans les fesses,
01:04:51ça va s'arrêter quand ?
01:04:53Puis quand j'ai senti
01:04:55quelqu'un qui me tirait,
01:04:56il ne pouvait pas approcher,
01:04:57le quatrième,
01:04:58il continuait,
01:04:59au coup par coup,
01:04:59toujours.
01:05:00Il économisait ses cartouches.
01:05:02C'est mis l'impact,
01:05:03en tout.
01:05:04Oui,
01:05:05il y a des impacts
01:05:05de notre part
01:05:07et de leur part à eux,
01:05:08enfin de celui qui est resté,
01:05:09parce que l'usine
01:05:11n'a pas tiré,
01:05:12le Makarov,
01:05:12il est tombé en panne,
01:05:13il y a une cartouche
01:05:16qui était bloquée
01:05:16dans la...
01:05:17Il n'y a que huit cartouches dedans.
01:05:19Il en a tiré trois sur moi
01:05:20et il m'a loupé.
01:05:21Et il y a une cartouche
01:05:23qui s'est bloquée
01:05:23dans la chambre,
01:05:24donc il ne tirait plus.
01:05:27Le pistolet HK
01:05:28qui avait le troisième,
01:05:29il n'a pas tiré non plus
01:05:30parce que j'ai le rapport
01:05:32des artificiers
01:05:33qui dit qu'il n'y a aucun étui
01:05:35de 9 par 19,
01:05:36c'est du 9 par bellum
01:05:39et l'étui,
01:05:40c'est du 9 mm par 19 de hauteur
01:05:42et il n'y a aucun
01:05:43de ces étuis-là
01:05:44dans le cockpit.
01:05:45Donc le pistolet HK
01:05:46n'a pas tiré,
01:05:48le Makarov,
01:05:49il a tiré trois cartouches,
01:05:50il est tombé en rade,
01:05:52l'usine,
01:05:52les chargeurs étaient pleins,
01:05:53il n'a pas tiré,
01:05:54la seule qui a tiré,
01:05:55c'est la Kalachnikov
01:05:57qui tirait au coup par coup.
01:05:59Donc le gars,
01:05:59il a dû tirer
01:06:00peut-être maximum
01:06:01depuis Alger
01:06:02une cinquantaine de cartouches.
01:06:05Pas tout le reste,
01:06:06c'est les tirs de chez nous,
01:06:07de l'arrière,
01:06:08de l'avant,
01:06:09des tireurs à fusils.
01:06:10Il s'est aussi passé
01:06:12un truc rarissime,
01:06:13c'est qu'il y a un de vos gars
01:06:15sur la vidéo
01:06:16qui monte la passerelle
01:06:17et il y a son arme
01:06:18qui lui explose
01:06:19à la figure
01:06:20et en fait,
01:06:21il s'est pris une balle
01:06:22dans le canon de son...
01:06:24Je n'ai pas bien compris
01:06:24cette histoire,
01:06:25mais ouais.
01:06:26C'est un de mes détracteurs,
01:06:27je le cite.
01:06:28Par contre,
01:06:29je vais être impoli peut-être,
01:06:31mais il a eu les couilles.
01:06:32Il est monté,
01:06:33il est resté sur la passerelle,
01:06:34il est rentré,
01:06:35il est ressorti,
01:06:35il est resté tout le long
01:06:36de l'assaut
01:06:36sur la passerelle.
01:06:38Et à un moment,
01:06:39effectivement,
01:06:39il est avec son P228,
01:06:42un pistolet automatique,
01:06:43et le dernier terroriste sort
01:06:45et tire dans sa direction
01:06:47et le gars,
01:06:48c'est un truc extraordinaire
01:06:49qui ne peut pas arriver.
01:06:51La balle,
01:06:52elle est rentrée
01:06:53dans la tige guide
01:06:54de son arme,
01:06:55dans l'axe de son arme.
01:06:57Et il a fait exploser
01:06:58la cartouche
01:06:58qui était dans la chambre
01:06:59de son pistolet.
01:07:01Pour vulgariser...
01:07:02C'est ce boule de feu
01:07:03qu'on voit là.
01:07:04Souvent,
01:07:05les journalistes disent
01:07:05qu'il s'est fait exploser
01:07:06la main,
01:07:07machin.
01:07:07Non,
01:07:08il a eu juste
01:07:08un petit bobo
01:07:09sur le bout du doigt
01:07:10parce que le pontet
01:07:11a reculé.
01:07:12Ça lui a fait
01:07:12une petite coupure
01:07:13sur l'index.
01:07:15Et la balle
01:07:16qui était dans le canon
01:07:17a explosé.
01:07:18Donc,
01:07:18il est parti en arrière.
01:07:19Il a fait un roule
01:07:20déboulé.
01:07:21On voit dans la vidéo.
01:07:22Il entraîne
01:07:23les potes
01:07:23qui étaient
01:07:23sur la passerelle aussi.
01:07:25Et puis,
01:07:26quelques minutes plus tard,
01:07:27il remonte
01:07:28à l'assaut
01:07:28avec son manurin,
01:07:30son revolver.
01:07:31lui,
01:07:32il n'est pas rentré.
01:07:32Mais bon,
01:07:33il s'en prend une
01:07:34et il remonte.
01:07:35C'est bien.
01:07:38Alors juste,
01:07:38quand vous êtes à terre,
01:07:39vous cherchez une solution,
01:07:40vous cherchez à ramper,
01:07:41vous voyez trop,
01:07:43vous avez des acouphènes.
01:07:44Je ne pouvais plus.
01:07:45Oui,
01:07:45j'avais des oreilles
01:07:45qui sifflaient,
01:07:46que j'ai toujours d'ailleurs
01:07:47parce que la grenade
01:07:48m'a pété très près
01:07:49et j'ai des acouchènes
01:07:50à vie maintenant.
01:07:52Là,
01:07:52en ce moment,
01:07:53vous avez des acouphènes.
01:07:54Oui,
01:07:54tout le temps.
01:07:55Deux sont dans une oreille,
01:07:56un sont dans l'autre
01:07:56et puis,
01:07:57il n'y a rien à faire.
01:08:01Il n'y a rien à faire.
01:08:03Vous réveillez à l'hôpital
01:08:04donc pendant,
01:08:06j'imagine,
01:08:07le premier temps à l'hôpital,
01:08:09vous êtes shooté.
01:08:10J'imagine
01:08:10pour supporter la douleur.
01:08:11Je n'ai pas de douleur.
01:08:12Vous êtes soutenu ?
01:08:13Oui,
01:08:14au début,
01:08:15oui.
01:08:16Et après ?
01:08:16Après,
01:08:16je suis rapatrié,
01:08:17moi,
01:08:18déjà à Paris.
01:08:20Et là,
01:08:21pareil,
01:08:22on est venu
01:08:22avec tous les collègues
01:08:23blessés,
01:08:24mais qui sont partis
01:08:24petit à petit
01:08:25en bout d'une aile
01:08:26sécurisés
01:08:27par un escadron
01:08:29qui venait monter la garde
01:08:30et qui criait les gens
01:08:31à l'entrée
01:08:32qui venaient nous voir
01:08:33forcément.
01:08:34Donc,
01:08:34c'était un protocole.
01:08:36Les généraux,
01:08:37les autorités
01:08:37et même
01:08:39Madame Delon
01:08:39qui est venu nous voir,
01:08:40me voir.
01:08:43C'était du protocole.
01:08:44Donc,
01:08:45on est entouré,
01:08:46on se sent bien
01:08:46parce qu'il y a des gens
01:08:47derrière,
01:08:48tout va bien.
01:08:50Et puis,
01:08:50au bout de trois mois,
01:08:51il faut rentrer un jour
01:08:52à la maison.
01:08:52Et après,
01:08:54c'est quelques collègues
01:08:55qui viennent
01:08:55prendre des nouvelles
01:08:57à la maison.
01:08:58Et puis après,
01:08:59il n'y a plus rien.
01:09:01On se retrouve un petit peu
01:09:02tout seul.
01:09:04Sachant que,
01:09:05psychologiquement,
01:09:07que le gilet-gène,
01:09:07c'est fini.
01:09:08C'est une fin de carrière.
01:09:10C'est une carrière terminée.
01:09:13Alors,
01:09:14on n'est pas préparé à ça.
01:09:15On se dit,
01:09:15je vais faire quoi ?
01:09:17Je vais faire quoi ?
01:09:19Donc,
01:09:19ils ont eu la sympathie,
01:09:21Mitterrand a eu la sympathie
01:09:23de me garder
01:09:24quatre ans de plus
01:09:25pour mes 42 ans
01:09:28parce que j'en ai 38
01:09:29à l'époque de Marignane
01:09:30où là,
01:09:31j'ai formé les jeunes
01:09:32au tir
01:09:33parce que le tir,
01:09:34c'était ma spécialité.
01:09:34Donc,
01:09:35j'ai formé les jeunes recrues
01:09:36du groupe
01:09:37pendant leur stage
01:09:38au tir
01:09:39jusqu'à mes 42 ans
01:09:41où on me proposait
01:09:43un poste
01:09:45au quartier des Célestins
01:09:47à l'état-major
01:09:47de la guerre républicaine
01:09:48dans un bureau.
01:09:49J'ai décidé de partir.
01:09:51On m'a promis
01:09:51de partir outre-mer.
01:09:52Je ne suis pas parti
01:09:53de commerce.
01:09:54Je devais avoir
01:09:55mon grade de major.
01:09:56Aujourd'hui,
01:09:57je ne sais toujours pas
01:09:58pourquoi je ne l'ai pas eu.
01:09:59Alors,
01:09:59j'ai mes notations
01:10:01avec le commandant
01:10:02Fabier signé
01:10:03potentiel major
01:10:04qui n'a pas eu
01:10:05mon grade de major.
01:10:06Plein de petites misères
01:10:08comme ça
01:10:08qui ont provoqué
01:10:10mon départ.
01:10:11J'ai dit
01:10:11merci,
01:10:13j'ai fait mon travail.
01:10:14Je rentre chez moi
01:10:15et je me suis retrouvé
01:10:16dans le Poitou
01:10:17chez moi,
01:10:17là-bas,
01:10:18sur mes terres.
01:10:20Voilà.
01:10:21Vous faites quoi
01:10:22là-bas maintenant ?
01:10:23Alors là-bas,
01:10:24déjà,
01:10:25je ne pouvais pas travailler.
01:10:26J'ai une carte
01:10:26d'invalidité à 100%.
01:10:27Donc,
01:10:28comme je suis parti avant,
01:10:31je m'engageais
01:10:32à ne pas travailler
01:10:32dans la fonction publique.
01:10:33donc voilà.
01:10:35Qu'est-ce qu'il me restait ?
01:10:35Faire la sécurité
01:10:37à un casino
01:10:39ou à la Super U.
01:10:41Non.
01:10:43Donc,
01:10:43j'ai décidé
01:10:44de créer
01:10:45une association
01:10:46de remise en forme
01:10:47parce que c'était
01:10:48mon travail.
01:10:49Et puis,
01:10:50depuis 25 ans,
01:10:50j'ai cette association.
01:10:52Je suis président
01:10:53de cette association
01:10:54où j'ai
01:10:55beaucoup d'adhérents.
01:10:58Puis,
01:10:58ça provoque même
01:10:58des jeunes qui viennent
01:11:00que je préfère voir
01:11:01à la salle
01:11:01que de faire
01:11:02des couillons
01:11:02dans la rue
01:11:03qui apprennent
01:11:05qui je suis
01:11:05et qui me posent
01:11:06des questions.
01:11:07Et puis,
01:11:07il y en a plein
01:11:09qui rentrent
01:11:10soit à l'armée,
01:11:11soit aux gendarmeries.
01:11:12C'est bien.
01:11:15Ça provoque
01:11:16des carrières
01:11:16qui n'étaient
01:11:17même pas imaginables
01:11:19pour eux.
01:11:20Le fait de parler
01:11:21un petit peu avec eux,
01:11:22leur raconter un petit peu
01:11:23mon histoire
01:11:24qui,
01:11:25pour eux,
01:11:26c'est un dessin animé.
01:11:28Mais quand c'est
01:11:29la personne
01:11:29qui raconte vraiment,
01:11:31ce n'est pas un livre.
01:11:32C'est du vrai.
01:11:34Donc,
01:11:34si tu veux,
01:11:34ça les motive.
01:11:36Est-ce qu'il y a
01:11:36une notoriété
01:11:37qui s'acquiert après ?
01:11:39Oui.
01:11:40Est-ce qu'on...
01:11:40Peut-être
01:11:41dans les années
01:11:42qui ont suivi,
01:11:42on vous a reconnu ?
01:11:44En tout cas,
01:11:44est-ce qu'on accède
01:11:46à une certaine notoriété ?
01:11:48Directement,
01:11:49oui,
01:11:49parce qu'il y a eu
01:11:49pas mal
01:11:50d'émissions télé
01:11:52où j'étais interviewé.
01:11:54Bon,
01:11:54je suis toujours
01:11:55raconté un petit peu.
01:11:56Les gens,
01:11:56ils sont pleués,
01:11:56ça va un petit peu.
01:11:58Puis,
01:11:58on passe sur la télé,
01:11:59forcément,
01:11:59les gens vous reconnaissent.
01:12:00Dans la rue,
01:12:01souvent,
01:12:01ça arrive...
01:12:02Je ne sais pas le mieux.
01:12:04Bon,
01:12:05c'est sympa.
01:12:0730 ans après,
01:12:08c'est sympa.
01:12:10Les gens vous reconnaissent.
01:12:12Et vous gardez encore
01:12:13des contacts
01:12:13avec les gens
01:12:14que vous avez sauvés
01:12:14aujourd'hui ?
01:12:17Alors,
01:12:17oui,
01:12:17comme je disais tout à l'heure,
01:12:18avec 2-3 membres
01:12:20d'équipage.
01:12:21Jean-Paul,
01:12:22le copilote,
01:12:23que je n'ai pas vu
01:12:23depuis un petit moment,
01:12:24d'ailleurs.
01:12:25Le chef de cabine,
01:12:27J.U.,
01:12:27sa compagne,
01:12:29une hôteuse de verre
01:12:30qui était dans l'avion aussi.
01:12:32Et puis,
01:12:32à l'occasion,
01:12:33pour les 30 ans,
01:12:34il y avait beaucoup plus
01:12:35de membres
01:12:35parce qu'on avait
01:12:35une grosse partie
01:12:36des personnels
01:12:38naviguants,
01:12:39PNC,
01:12:39PNT,
01:12:39qui étaient là
01:12:40pour les 30 ans.
01:12:42Et puis,
01:12:42voilà,
01:12:43j'ai mangé
01:12:45avec un des otages,
01:12:49algérien,
01:12:49franco-algérien,
01:12:50non,
01:12:50algérien,
01:12:50qui travaille en France
01:12:51avec toute sa petite famille.
01:12:53Ils ont appris
01:12:53que j'étais dans le coin
01:12:54et un gendarme local
01:12:56m'a dit,
01:12:56tiens,
01:12:56j'ai rencontré monsieur,
01:12:57je ne sais plus son nom,
01:12:59qui m'a bien
01:13:00t'invité à manger.
01:13:01Donc,
01:13:01du coup,
01:13:02j'étais invité
01:13:02dans cette famille.
01:13:03C'était super sympa.
01:13:04Moi,
01:13:04j'ai couscous.
01:13:05On a passé
01:13:05un super après-midi.
01:13:07Lui,
01:13:07il nous a raconté,
01:13:08m'a raconté
01:13:08de sa vision de lui
01:13:11d'otage,
01:13:12ce qu'il a vu.
01:13:14Et puis,
01:13:14moi,
01:13:14je lui ai raconté
01:13:15ce que j'ai fait.
01:13:16Donc,
01:13:16ça a fait un petit dialogue
01:13:17qui était vachement sympa
01:13:18parce que,
01:13:19je ne sais pas
01:13:20ce qu'ont ressenti
01:13:20les passagers
01:13:21quand les gens
01:13:22sont intervenus.
01:13:23Même si tout le monde
01:13:24était sur l'arrière,
01:13:26ils ont vécu
01:13:27quand même des choses.
01:13:28Les gens qui rentrent,
01:13:29les coups de feu,
01:13:31les lasers,
01:13:34certainement,
01:13:35monsieur tout le monde,
01:13:36il ne voit pas ça
01:13:36tous les jours.
01:13:37Donc,
01:13:38il raconte,
01:13:39c'est prendre
01:13:40ce qu'il raconte
01:13:40parce que
01:13:41de savoir ce qu'eux
01:13:43ont ressenti
01:13:44au moment de l'assaut,
01:13:45moi,
01:13:47ça m'a impressionné.
01:13:49Les gens ont été touchés.
01:13:52C'est marrant.
01:13:53Ils racontent.
01:13:54Alors,
01:13:54il y en a,
01:13:55ils disent,
01:13:55c'est des baltraçons.
01:13:56Non,
01:13:56pas de baltraçons,
01:13:57déjà,
01:13:58c'était des lasers,
01:13:59des lasers visibles,
01:14:00rouges.
01:14:01Et ils racontent
01:14:02les bruits,
01:14:03les gens qui se montent
01:14:03les uns sur les autres,
01:14:05les ordres,
01:14:05couchez-vous,
01:14:06machin.
01:14:07Ils racontent
01:14:07ce qu'ils ont vécu,
01:14:08quoi,
01:14:09à leur position
01:14:10d'otage.
01:14:12C'est,
01:14:12ouais,
01:14:13c'est bien.
01:14:14Vous pouvez monter
01:14:15dans un avion,
01:14:16alors,
01:14:16aujourd'hui ?
01:14:18Ouais,
01:14:18je monte dans un avion,
01:14:19mais je regarde partout.
01:14:23Puis je m'imagine
01:14:25déjà encore
01:14:26dans cet Airbus.
01:14:28Comme l'autre fois,
01:14:29on est parti
01:14:29avec mon épouse
01:14:30en Tunisie
01:14:32et en montant
01:14:33dans l'avion,
01:14:33c'est un Airbus aussi,
01:14:34mais c'est plus le même
01:14:35et puis ça n'a plus rien
01:14:35à voir.
01:14:36À l'intérieur
01:14:36d'un cockpit,
01:14:37ça n'a plus rien à voir.
01:14:38Je regardais un petit peu
01:14:39pour voir un petit peu
01:14:40comment ça avait évolué,
01:14:42quoi.
01:14:43Puis ça me rend
01:14:44amour des choses.
01:14:45Je me dis,
01:14:45tiens,
01:14:46les trollets,
01:14:46ils n'étaient pas là,
01:14:47ils étaient là.
01:14:47Vous êtes allé voir
01:14:52un psychologue
01:14:53ou un psychiatre
01:14:53après avoir
01:14:55côtoyé la mort ?
01:14:57À l'époque,
01:14:58il n'y avait pas
01:14:59de cellules
01:14:59médico-psychologiques.
01:15:00Ça n'existait pas.
01:15:02Il y en a maintenant
01:15:02au GGN,
01:15:03il y a une cellule
01:15:04spécifique pour ça.
01:15:05À l'époque,
01:15:05il n'y avait pas.
01:15:06Moi,
01:15:06j'avais été voir
01:15:07un général
01:15:08qui est décédé
01:15:09maintenant,
01:15:10un grand monsieur
01:15:11qui était très sympathique,
01:15:13le général Crow,
01:15:14il s'appelait,
01:15:15qui m'avait reçu
01:15:15deux ou trois fois,
01:15:18qui m'avait pas mal aidé.
01:15:20Puis après,
01:15:20on se retrouve tout seul.
01:15:23C'est un nombre
01:15:24post-traumatique
01:15:25que ça implique.
01:15:25Il y en a,
01:15:25ils passent à travers
01:15:26parce qu'ils ont vécu
01:15:28des choses
01:15:28pas très importantes.
01:15:30Et puis,
01:15:30il y en a
01:15:31qui ne se déclarent pas
01:15:33chez eux.
01:15:33Et puis,
01:15:35il y en a,
01:15:35je suis dit,
01:15:35ça se déclare.
01:15:36Moi,
01:15:37ça m'est arrivé
01:15:37plusieurs fois
01:15:37où il y a quelque chose
01:15:39qui déclenche.
01:15:41On ne sait pas quoi.
01:15:42Et puis là,
01:15:42on se retrouve
01:15:43à descendre
01:15:44un petit peu
01:15:44entre eux.
01:15:46Si on n'a pas
01:15:47quelqu'un
01:15:47comme une épouse,
01:15:49par exemple,
01:15:51ça ressemble à quoi
01:15:54à un syndrome
01:15:54post-traumatique?
01:16:03j'ai toujours dit
01:16:05que dans une vie,
01:16:08quand on vit des choses
01:16:10un peu pointues
01:16:14qui vont vous risquer
01:16:16votre peau,
01:16:17le cerveau,
01:16:19moi,
01:16:20je compare ça
01:16:20à un casier
01:16:22avec des petits tiroirs.
01:16:24Puis,
01:16:24chaque chose importante
01:16:26de sa vie,
01:16:27on la met dans le tiroir
01:16:28puis on ferme le tiroir.
01:16:29Toute sa vie,
01:16:30comme ça.
01:16:30Et puis un jour,
01:16:32il y a un déclencheur,
01:16:33on ne sait pas
01:16:33ce que c'est,
01:16:35qui réouvre
01:16:35une de ses boîtes
01:16:37et puis là,
01:16:38boum,
01:16:38vous tombez dans le trou.
01:16:42Alors,
01:16:42il faut un petit moment
01:16:43pour se relever.
01:16:45Alors,
01:16:46le problème,
01:16:46c'est que
01:16:47quand on va voir
01:16:48les psys civils,
01:16:50j'ai été en voir plusieurs,
01:16:52et de nombreux
01:16:54psys m'ont dit
01:16:55nous,
01:16:56on ne peut rien faire
01:16:56pour vous.
01:16:58Alors,
01:16:59les psys militaires,
01:17:00ils sont un petit peu
01:17:00habitués comme les médecins
01:17:01pour les blessures de guerre,
01:17:04pour les syndromes
01:17:05post-somatiques,
01:17:06c'est exactement pareil.
01:17:07Les spécialistes,
01:17:09le médecin civil
01:17:10en province,
01:17:12là-bas où on habite,
01:17:14il ne sait pas
01:17:14ce que c'est ça.
01:17:15Le syndrome post-somatiques
01:17:16par blessure de guerre,
01:17:18il ne connaît pas.
01:17:19Il ne sait pas ce que c'est.
01:17:20Alors,
01:17:20il y en a qui m'ont dit
01:17:21« Monsieur,
01:17:21je ne peux rien faire pour vous ».
01:17:23Il y a un médecin
01:17:24qui m'a dit ça.
01:17:25Après,
01:17:25je comprends,
01:17:25ils ne sont pas amenés
01:17:28comme à Paris
01:17:29où il y a des militaires
01:17:30qui sont blessés
01:17:31dans les OPEX ou quoi.
01:17:33Mais en province,
01:17:34ils ne connaissent pas ça.
01:17:36Et vous n'y avez pas accès
01:17:37à ces psychologiques militaires ?
01:17:39Normalement,
01:17:39c'est un petit peu trop tard.
01:17:42Il aurait fallu,
01:17:42mais bon,
01:17:43après,
01:17:43il faut que les choses
01:17:44se fassent toutes seules.
01:17:45c'est un syndrome post-traumatique
01:17:51et ça se déclenche
01:17:52ou pas.
01:17:54Il y a des gens
01:17:55qui passent à travers.
01:17:57Moi,
01:17:57je considère
01:17:58que quelqu'un
01:17:58qui passe à travers,
01:17:59c'est qu'il n'a pas vécu
01:18:00quelque chose
01:18:00de particulier
01:18:02parce que
01:18:03quand on voit
01:18:05sa vie s'en aller,
01:18:06quand on est blessé,
01:18:08ça vous marque un bonhomme
01:18:09quand même.
01:18:10Moi,
01:18:10personnellement,
01:18:11ça m'a bien marqué.
01:18:12même encore actuellement.
01:18:15Il y a un moment
01:18:16où je repense
01:18:17à tout ça.
01:18:19Je me dis
01:18:20que j'ai eu chaud.
01:18:22Je suis encore là,
01:18:22mais on y pense.
01:18:24Les humains,
01:18:25on n'est pas des machines.
01:18:27Contrairement
01:18:27à ce que pensent
01:18:28les gens souvent.
01:18:29C'est gène.
01:18:30La combinaison,
01:18:31le casque,
01:18:31le machin,
01:18:31c'est des machines.
01:18:33Sur la machine,
01:18:34il y a un bonhomme
01:18:35dedans.
01:18:36Sur la combinaison.
01:18:38Vous êtes senti soutenu
01:18:39par votre hiérarchie
01:18:40après cet événement ?
01:18:42On va dire oui,
01:18:46mais comme je disais
01:18:46tout à l'heure,
01:18:47je m'attendais au moins
01:18:48à voir,
01:18:49en étant blessé en service,
01:18:51d'avoir mon grade de major.
01:18:52C'était le minimum.
01:18:55Je ne l'ai pas vu.
01:18:56Ce n'était pas pour le grade
01:18:58parce que j'en suis dit
01:18:58un grade de major.
01:18:59Ça ne m'apporte rien du tout.
01:19:01À l'époque,
01:19:02à titre exceptionnel,
01:19:03pour ma retraite,
01:19:04ça m'apportait un petit plus.
01:19:06Donc voilà.
01:19:08C'est bon.
01:19:09Si c'était à refaire,
01:19:10il y a des choses
01:19:11que vous auriez changé
01:19:12dans votre stratégie,
01:19:13dans votre manière
01:19:14d'aborder cette prise d'otage.
01:19:17Non.
01:19:18Je pense que j'ai fait
01:19:18ce que j'avais à faire
01:19:20du mieux que je pouvais.
01:19:22Pendant un moment,
01:19:23j'ai culpabilisé
01:19:24parce que je n'avais pas vu.
01:19:25Au départ,
01:19:26c'est cette auto de passerelle
01:19:27où j'ai dit
01:19:28tiens,
01:19:28c'est de ma faute.
01:19:29Le matin,
01:19:30l'avion était vide,
01:19:30le soir,
01:19:31il était plein.
01:19:32En fait,
01:19:32non.
01:19:33Il n'y a rien à voir.
01:19:34J'ai vu
01:19:34le commandant de bord
01:19:35qui m'a dit
01:19:36non,
01:19:36l'assiette,
01:19:37c'est la même,
01:19:38ça ne bouge pas.
01:19:39Et puis après,
01:19:40non,
01:19:40dans l'avion,
01:19:41au départ,
01:19:42oui,
01:19:42parce que j'ai culpabilisé
01:19:45de ne pas avoir vu
01:19:46ce quatrième terroriste
01:19:47qui m'a tiré dessus.
01:19:48J'ai dit
01:19:48mais l'avion est tout petit.
01:19:49Je ne l'ai pas vu.
01:19:51Où est-ce qu'il était ?
01:19:52Et heureusement
01:19:53qu'il y avait
01:19:53le copilote,
01:19:54Jean-Paul,
01:19:54qui m'a dit
01:19:56non,
01:19:57impossible,
01:19:58tu ne pouvais pas le voir.
01:19:59Où il était ?
01:19:59Voilà.
01:20:00Donc moi,
01:20:00ça m'a soulagé
01:20:04de savoir
01:20:04que j'ai fait
01:20:06pour le mieux
01:20:06et que je ne pouvais
01:20:07pas le voir.
01:20:09On doit faire
01:20:09des cauchemars
01:20:12de ne pas voir
01:20:13le mec
01:20:13qui essaie
01:20:14de nous ôter la vie.
01:20:16Je ne sais pas
01:20:17si le cerveau
01:20:18essaie de mettre
01:20:18un visage.
01:20:19Oui,
01:20:20j'y pensais souvent
01:20:21mais après
01:20:21avoir compris
01:20:23que de toute façon
01:20:24je n'aurais pas pu le voir,
01:20:26où il était,
01:20:26je ne pouvais pas le voir,
01:20:28pour moi,
01:20:29c'est bon.
01:20:29Ça y est,
01:20:30l'histoire est réglée.
01:20:32Je pense plus
01:20:33aux manouches,
01:20:34l'histoire des manouches
01:20:35dont on parlait tout à l'heure,
01:20:37qu'on n'a pas pu récupérer.
01:20:38Oui,
01:20:38parce qu'on aurait pu
01:20:39arrêter les mecs.
01:20:41Bon,
01:20:41voilà,
01:20:42l'histoire était terminée aussi,
01:20:43mais on avait arrêté les gars.
01:20:44Oui,
01:20:44ça c'est un truc.
01:20:45Alors que là,
01:20:45les gars,
01:20:45ils sont encore peut-être
01:20:46dans la nature.
01:20:47Bon,
01:20:48il y en a deux
01:20:48qui sont au moins
01:20:49six pieds sous terre,
01:20:50mais les autres,
01:20:50ils sont peut-être
01:20:51encore toujours là.
01:20:52et on a vécu un enfer
01:20:55pendant une heure et demie,
01:20:57deux heures.
01:21:00Oui,
01:21:00j'y pense souvent.
01:21:01Mais c'est vraiment
01:21:01un scénario de film,
01:21:02l'histoire des manouches.
01:21:03Carrément,
01:21:04c'était un truc de fou.
01:21:05J'y pense plus qu'à Marignane
01:21:10parce que Marignane,
01:21:11j'ai fait mon job.
01:21:13Les gens,
01:21:14tous étaient sauvés,
01:21:15c'était le principal,
01:21:16tous les passagers,
01:21:18et les PNC,
01:21:19les PNT,
01:21:20et puis voilà,
01:21:21le job,
01:21:22il est fait bien,
01:21:23on n'en parle plus,
01:21:24même si,
01:21:25il y a des séquelles
01:21:26tous les jours
01:21:27quand je me réveille.
01:21:28Je me réveille Marignane,
01:21:30je me lis,
01:21:30je me l'âge.
01:21:33J'ai failli y passer
01:21:34il y a quelques années
01:21:35parce que les éclats de grenade
01:21:36m'ont provoqué une flébite
01:21:3827 ans après.
01:21:41Et c'est ma série
01:21:42qui m'a sauvé la vie.
01:21:45Une fois de plus,
01:21:46deux fois.
01:21:49Vous n'êtes pas guéri,
01:21:50en vrai.
01:21:52Ce n'est pas derrière vous
01:21:54du tout, Marignane.
01:21:55Non.
01:21:56Même ça vit en vous.
01:21:58Oui,
01:21:58puis physiquement,
01:22:00je ne peux pas faire autrement.
01:22:03Les douleurs,
01:22:04les séquelles,
01:22:04ils sont là,
01:22:06puis je les aurais,
01:22:07ça ne va pas s'arranger.
01:22:08En vieillissant,
01:22:10c'est le contraire.
01:22:13Les douleurs s'accentuent
01:22:14et vos beaux s'accentuent.
01:22:16Voilà.
01:22:17C'est ça,
01:22:18de vieillir.
01:22:21C'est pas que du bon.
01:22:23Mais bon.
01:22:25Après,
01:22:25on se dit,
01:22:25c'est pour une bonne cause.
01:22:26vous voyez encore
01:22:29vos frères d'armes
01:22:31aujourd'hui ?
01:22:32Oui,
01:22:32je vais y aller demain,
01:22:33d'ailleurs.
01:22:35Ou tout à l'heure,
01:22:35je ne sais pas.
01:22:36Oui,
01:22:36je les revois.
01:22:38Avec grand plaisir,
01:22:39d'ailleurs.
01:22:39Puis eux aussi,
01:22:40parce qu'il y a plein de jeunes
01:22:42qui sont rentrés au GIGN,
01:22:44dont mon filleul,
01:22:45à Tonne,
01:22:45que vous avez vu
01:22:46il n'y a pas longtemps,
01:22:46d'ailleurs.
01:22:47Oui,
01:22:47qu'on a interviewé.
01:22:48C'est mon filleul,
01:22:49à qui j'ai remis son brevet,
01:22:51à l'époque,
01:22:51et à qui j'ai remis
01:22:52la Légion d'honneur,
01:22:53en plus.
01:22:55Et c'est toujours
01:22:57un grand plaisir
01:22:58de retrouver.
01:23:00Alors lui,
01:23:00il a dû raconter
01:23:01son histoire.
01:23:02Il est en travail
01:23:02aux GIGN,
01:23:03il avait 15 ans,
01:23:04à l'époque,
01:23:05de Marignane.
01:23:07Et il a vu en direct
01:23:08l'assaut,
01:23:09et il a dit,
01:23:11moi,
01:23:11je veux faire
01:23:11comme celui
01:23:12qui rentre en premier.
01:23:13C'était moi.
01:23:14Et puis,
01:23:15après son stage,
01:23:16il a demandé
01:23:16à son chef
01:23:18qui s'occupait de lui,
01:23:20est-ce que c'est possible
01:23:21que ça soit
01:23:22qui m'en remette
01:23:23mon brevet.
01:23:25Alors ils l'ont fait
01:23:26marronner un petit peu,
01:23:28et puis finalement,
01:23:29ils m'ont demandé,
01:23:29je me suis dit,
01:23:29ben ouais,
01:23:30au contraire,
01:23:30ouais.
01:23:31Alors j'ai remis
01:23:32son brevet,
01:23:33et puis depuis,
01:23:34on est devenus
01:23:35plus que des amis,
01:23:36quoi.
01:23:37C'est une relation,
01:23:39voilà,
01:23:39quoi.
01:23:40C'est une grosse relation
01:23:43de frère d'âme,
01:23:44c'est plus,
01:23:44il a l'âge
01:23:45de mon fils,
01:23:45en plus.
01:23:47Donc c'est,
01:23:48voilà,
01:23:48lui et moi,
01:23:50c'est vraiment
01:23:51très,
01:23:52très,
01:23:52c'est vrai.
01:23:56C'est une fierté
01:23:57d'inspirer les gens
01:23:58comme ça ?
01:23:58Ouais.
01:24:00Oui,
01:24:00beaucoup,
01:24:01quand beaucoup de gens
01:24:01me disent,
01:24:02ben moi j'ai vu,
01:24:03ah ben j'ai voulu faire
01:24:04comme vous,
01:24:05c'est une grande fierté,
01:24:06susciter,
01:24:08même si la gendarmerie
01:24:11a changé un petit peu,
01:24:13mais bon,
01:24:13ça,
01:24:13ouais,
01:24:13susciter l'engouement
01:24:15pour les jeunes
01:24:16de rentrer
01:24:16dans la grande boutique
01:24:18avec la gendarmerie,
01:24:19ouais,
01:24:20c'est,
01:24:20moi je suis fier,
01:24:21ouais.
01:24:22Je suis fier,
01:24:23ouais.
01:24:24Pour les petits jeunes
01:24:25là qui nous regardent,
01:24:26c'est quoi les trois qualités
01:24:27requises ou alors
01:24:28trois conseils
01:24:28que vous donneriez
01:24:29à quelqu'un
01:24:30qui souhaiterait
01:24:31justement rejoindre
01:24:32le GIGN ?
01:24:34Ben,
01:24:35essayer de vivre son rêve
01:24:36et puis aller de l'avant,
01:24:37se battre pour son idéal,
01:24:40c'est,
01:24:40voilà,
01:24:41c'est le principal.
01:24:42Il vaut mieux essayer
01:24:43et échouer
01:24:44que de regretter
01:24:45de ne pas avoir essayé,
01:24:46quoi,
01:24:46c'est ce que je conseille
01:24:49aux jeunes,
01:24:50battez-vous,
01:24:50allez-y,
01:24:51vous avez un idéal,
01:24:52un rêve,
01:24:53battez-vous.
01:24:55Merci d'avoir répondu
01:24:56à mes questions,
01:24:57Thierry Prignot,
01:24:58merci beaucoup.
01:24:59Est-ce que vous avez peut-être
01:25:00un mot de la fin,
01:25:00quelque chose
01:25:01que vous voulez ajouter ?
01:25:02Non,
01:25:03non,
01:25:03je pense que j'ai fait
01:25:05un petit peu
01:25:05la synthèse
01:25:06de ma modeste carrière
01:25:09de 18 ans
01:25:10pour vous.
01:25:13Je pense avoir fait
01:25:14le mieux que je pouvais,
01:25:16quoi.
01:25:17Merci à vous.
01:25:20Merci.
01:25:21Merci beaucoup
01:25:21d'avoir regardé
01:25:23cette vidéo
01:25:23ou peut-être même
01:25:24écouté
01:25:24pour ceux qui sont
01:25:25sous format podcast.
01:25:27Je vous invite
01:25:27à vous abonner,
01:25:28à mettre un like
01:25:29et activer la cloche
01:25:30et à nous suivre
01:25:31sur nos différents
01:25:32réseaux sociaux.
01:25:32et à mettre un like
01:25:33sur la cloche.
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