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Le 16 avril 2010 à Strasbourg, Ahlam Sehili entrait dans un commissariat pour dénoncer son mari violent, mais un policier refusait d’enregistrer sa plainte. Le lendemain, elle mourrait sous les coups de son bourreau, victime d’un insupportable féminicide. Hager Sehili, sa soeur, s’est battue pendant 11 ans pour faire condamner l’État. Et elle a réussi !
Hager Sehili est la marraine de l’association « Les mamans du Ciel », qui aide les enfants devenus orphelins suite à un féminicide, un attentat ou toute mort tragique :
https://www.helloasso.com/associations/les-mamans-du-ciel
https://www.facebook.com/profile.php?id=100068799678413
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NewsTranscription
00:00Ma sœur est morte de trois causes différentes.
00:02Hémorragie interne, strangulation et noyade.
00:05Je suis restée avec ma mère pour son audition.
00:09Et c'est là que j'apprends tout.
00:10Il lui a coupé la parole et lui a dit
00:12« Si vous arrivez quelque chose, vous direz que c'est la faute de la police ».
00:16Elle a enlevé, elle a rentré sa main dans l'eau et elle a touché le corps de ma sœur.
00:19Bonjour, je m'appelle la Gère Seili.
00:22Je viens vous raconter mon combat judiciaire qui a duré pratiquement 11 ans
00:26suite au féminicide de ma sœur Alam Seili.
00:30Bonjour à Gère, bonjour à tous.
00:39Bienvenue sur la chaîne YouTube du Nouveau Détective.
00:42Aujourd'hui, vous l'avez dit, vous venez nous parler de votre combat.
00:45Vous êtes la première personne en France à avoir fait condamner l'État
00:48pour dysfonctionnement du service public de la justice et pour faute lourde.
00:53Et donc votre histoire commence en 2010 avec le meurtre de votre sœur Alam.
00:59Donc elle a été tuée sous les coups de son mari dans leur appartement de Strasbourg.
01:03C'est ça.
01:04Et la veille, elle avait tenté de porter plainte pour les violences qu'elle subissait
01:07et le policier qui l'avait reçu avait refusé de prendre sa plainte.
01:11Donc depuis, vous vous êtes toujours battue, sans relâche, pour obtenir justice pour votre sœur.
01:15Et voilà, aujourd'hui, vous nous racontez ce qui s'est passé, tout ce que vous avez mis en place
01:20et comment vous avez réussi à vous reconstruire malgré ces épreuves.
01:23Pour commencer, est-ce que vous pouvez me parler un petit peu d'Alam, de votre sœur ?
01:27Alors Alam, c'était un ange.
01:31Tout le monde la qualifie encore aujourd'hui.
01:34Tous ceux qui l'ont connue disent d'elle que c'était un ange.
01:37C'est une femme timide, réservée, très empathique, qui était capable de pleurer devant un film.
01:52Voilà, c'était ma moitié.
01:54Est-ce que vous pouvez me raconter comment elle a rencontré son mari ?
01:56C'est une amie de la famille qui a présenté Alam à son assassin.
02:07Ma sœur est tombée amoureuse.
02:10Ils se sont mariés au bout d'un an, en Tunisie.
02:13Et elle a eu son fils un an et demi après leur mariage, qui s'est passé en Tunisie.
02:25Et lui est venu un mois après la naissance du petit en France, suite à un regroupement familial.
02:31Et ils sont décédés un mois après.
02:35Et vous, vous n'avez pas pu vous rendre au mariage d'Alam ?
02:39Non.
02:40Vous étiez enceinte à ce moment-là ?
02:41Oui.
02:42Quelle était votre opinion sur son mari, quand vous l'avez rencontré, vous l'avez rencontré après le mariage ?
02:49Alors, son mari, je l'ai rencontré deux fois.
02:52D'accord.
02:53Une fois, la toute première fois, c'était un an après leur mariage.
02:57Mes parents avaient organisé un barbecue chez eux, en Tunisie.
03:04Et à part bonjour, je ne lui ai pas adressé la parole.
03:09Je ne le sentais pas.
03:09Vous n'aviez pas un bon feeling avec lui ?
03:12Non, c'était un ressenti, je n'avais pas envie de lui parler.
03:15Je dis bonjour par politesse, bien sûr, c'est mon beau-frère.
03:18Mais j'ai passé toute ma soirée à rigoler avec mon frère, ma belle-sœur, mes parents, mes enfants, mes neveux.
03:29À l'âme, bien sûr, et lui, ben non, je n'arrivais pas.
03:33Oui.
03:34Et à l'âme, comment elle se comportait en sa présence ?
03:37Elle avait l'air heureuse.
03:38Oui.
03:38Il n'y avait rien du tout qui aurait pu vous laisser penser que c'était en une relation abusive ?
03:45Ah ben non.
03:46Et qu'est-ce qu'elle vous disait de lui ? Elle vous parlait de lui, je suppose ?
03:51Elle ne m'a jamais mal parlé de lui.
03:53D'accord.
03:53Pour moi, tout allait bien.
03:55Elle était amoureuse.
03:58Elle était enceinte.
03:59J'ai suivi sa grossesse de près, puisqu'on s'appelait tous les jours.
04:05Même quand elle a perdu les os, je lui ai dit, vite, il faut que tu ailles à l'hôpital.
04:10C'est vous qui l'a appelée en premier ?
04:11Oui, parce que mes parents étaient sur place à Strasbourg et moi, je suis à Nice.
04:16Donc, je lui ai dit, vite, il faut que tu ailles à l'hôpital, tu vas perdre le bouchon.
04:23Comment se passent les premiers temps ? Rien de suspect selon vous ?
04:29Non. En fait, elle s'est mariée en Tunisie, donc elle faisait les allers-retours à Strasbourg-Tunis,
04:33puisque son mari était en Tunisie.
04:37Elle faisait les démarches pour le regroupement familial.
04:40Et quand il a pu... Enfin, elle a accouché en février 2010.
04:45Lui est venu le 5 mars 2010, en France.
04:49Et ils sont morts le 17 avril 2010.
04:54Oui, donc en fait, tout s'est fait dans un...
04:56Un laps de temps.
04:57Un laps de temps très réduit.
04:59Et quand est-ce que vous avez parlé à l'âme pour la dernière fois ?
05:03La veille.
05:04La veille de son décès.
05:05On avait pour habitude de s'appeler tous les soirs à 19h.
05:08D'accord.
05:08Après qu'elle ait fait manger le petit, qu'elle ait couché, etc.
05:12On avait pour habitude de s'appeler.
05:14Et la veille, à 19h, donc je l'avais eue au téléphone.
05:18Je ne savais pas que c'était la dernière fois.
05:20Et j'avais compris qu'ils étaient en dispute.
05:23Parce que je posais des questions.
05:25Elle me disait oui, non.
05:27Oui, elle n'était pas libre de parler.
05:29Non.
05:29D'accord.
05:30Et j'avais compris.
05:31J'avais compris surtout qu'il était à côté.
05:33D'accord.
05:34Et du coup, je lui ai demandé de me le passer.
05:37Hum-hum.
05:38Pour avoir...
05:39Enfin, pour détendre un peu l'atmosphère qui se disparaît.
05:41Elle est en train de lui monter la tête.
05:43Parce que je n'avais pas plus d'affinités que ça avec lui.
05:45Oui.
05:45Et du coup, je lui ai demandé des nouvelles de son père, de sa mère, de sa famille.
05:51Et après, je lui ai demandé de me repasser ma soeur.
05:55Et ce qu'il a fait, je lui ai dit à demain.
05:59Il n'y a pas eu de à demain.
06:02Parce que...
06:03Donc, est-ce que vous pouvez me raconter finalement cette journée du...
06:06C'était le 17 avril 2010.
06:07Oui.
06:08Est-ce que vous pouvez me la raconter de vous, de votre point de vue ?
06:10Parce que donc, votre soeur vivait à Strasbourg, prête de vos parents.
06:14Oui.
06:15Et vous, vous étiez à Nice à ce moment-là.
06:17Oui.
06:17Et vous y êtes toujours d'ailleurs.
06:18Oui.
06:18Voilà.
06:19Donc, est-ce que vous pouvez me raconter ?
06:21Alors...
06:22J'étais en train de regarder...
06:25Je vous ai parlé des trous de mémoire.
06:27Sauf que cette journée-là, je ne peux pas l'oublier.
06:30Je sais exactement ce que je faisais.
06:34Donc, à l'ordre...
06:35Bien sûr.
06:36J'ai des souvenirs très exacts du avant.
06:41D'accord.
06:42J'étais en train de regarder un match de hand de l'équipe nationale tunisienne.
06:48On attendait...
06:49Enfin, moi, je finissais le match.
06:51J'avais les enfants avec moi.
06:53Ma fille qui était âgée de 7 ans et mon fils de 18 mois.
06:57Et on devait les emmener manger dehors, puis signer avec mon mari.
07:03J'ai été mariée à l'époque.
07:06Et comme on était garés loin, je veux dire mon ex-mari.
07:11Mon ex-mari est parti rapprocher la voiture.
07:15Mais comme je tardais, il a sonné au parlophone.
07:20Mais en fait, j'ai tardé parce qu'entre la fin du match et le moment où il sonne au parlophone,
07:29je reçois un appel de cette fameuse dame, amie de la famille qui a présenté ma sœur à son assassin
07:35et qui était voisine avec ma sœur.
07:37D'accord.
07:37Donc, elle habitait le bâtiment collé à ma sœur.
07:40D'accord.
07:40Elle était au travail et elle me dit, est-ce que tu as des nouvelles de ton père, de ta mère et de ta sœur ?
07:47Je lui ai dit, non, tata, pourquoi ?
07:49Je lui ai dit, c'est toi qui habites à Strasbourg ?
07:51Elle me dit, non, rien.
07:53Je lui ai dit, si, tu n'as pas l'habitude de m'appeler et encore moins pour me demander des nouvelles de papa, maman et à l'âme.
08:02Donc, qu'est-ce qui se passe ?
08:03Ils sont juste à côté.
08:04Oui.
08:05Qu'est-ce qui se passe ?
08:06Elle me dit, en insistant, elle me dit, ma voisine, donc je comprends que c'est la voisine de ma sœur aussi,
08:14ma voisine m'a appelée pour me dire qu'un Tunisien a tué sa femme, son fils, et s'est jeté par la fenêtre.
08:25Et on dit que la victime est de la famille Seili.
08:29Donc là ?
08:30Là, mon téléphone tombe, moi je tombe, je me jette par terre, c'est même pas je tombe, je me jette par terre.
08:37Je me suis tapée la tête par terre, j'ai hurlé tout ce que je pouvais hurler.
08:40J'étais seule avec les enfants, mon ex-mari était parti chercher la voiture, donc il s'impatiente, il sonne au parlophone,
08:48ma fille qui lui dit, papa monte, maman elle est par terre.
08:51Donc il laisse la voiture en warning, en double fil, il monte, il me trouve en train de me jeter par terre,
08:57à me taper la tête, à hurler, et j'avais qu'une seule phrase, j'ai buggé, vraiment.
09:03À l'âme est morte, il l'a tué, à l'âme est morte, il l'a tué.
09:06Je ne savais dire que ça.
09:07Oui, vraiment, tout de suite, vous avez eu ce...
09:11J'ai pété les peurs.
09:11Oui, vous avez vraiment eu ce réflexe de croire immédiatement ça, et de se dire, c'est lui qui l'a tué,
09:19comme si votre inconscient avait assimilé le fait qu'il pouvait être violent avec votre sœur, finalement.
09:24Oui, mais de toute façon, c'est ce qu'elle m'avait dit.
09:27Elle m'a dit que sa voisine lui a dit, un homme a tué sa femme, son fils, et s'est suicidé.
09:35Et on dit que la victime est de la famille Seili.
09:37Oui, ça pouvait être...
09:38C'est plus clair que ça.
09:40Moi, j'ai pété les plombs.
09:45Et donc, à partir de ce moment-là, qu'est-ce qui se passe ?
09:50Là, votre monde, il y a tout qui s'arrête.
09:57Mais tout est sur stop.
10:01Il n'y a plus de fond.
10:02Il n'y a plus... Vous tombez tellement bas que le fond est le fond du fond.
10:09Vous êtes dans le fond du fond.
10:10Et je pète les plombs.
10:14Je saute sur mon téléphone.
10:17C'est moi qui annonce le décès de ma sœur.
10:19Ah non, avant ça.
10:21Pardon.
10:22Avant ça, j'appelle la meilleure amie de ma mère, qui est voisine avec ma mère.
10:26D'accord.
10:26Qui habite dans le même quartier de votre...
10:29Oui. En fait, ma sœur et ma mère habitent à deux minutes l'une de l'autre, à pied.
10:33D'accord.
10:33Ok.
10:33Ma mère habite dans une maison et ma sœur dans un appartement.
10:37Et à la sortie du quartier de maison.
10:39D'accord.
10:39La meilleure amie de ma mère habite dans le quartier de maison.
10:44C'est ma maman de cœur.
10:45Je l'appelle.
10:47Elle voit que je suis dans une hystérie la plus totale.
10:50Et je lui dis, tata, je ne vais pas la citer, mais l'amie de la famille m'a appelée pour me demander des nouvelles d'alarmes de papa et de maman.
11:00Elle m'a dit ça.
11:01Qu'est-ce qui se passe ?
11:02Elle m'a dit, non, ne t'inquiète pas.
11:04Parce qu'elle a vu que j'étais en pétage de plomb total.
11:06Elle m'a dit, non, ne t'inquiète pas, Alam est avec ma fille.
11:11Elles sont en train de faire du shopping au centre-ville.
11:14Dès qu'elles rentrent, je te la passe.
11:16Donc là ?
11:17Pour me calmer.
11:20Parce qu'elle a vu que je...
11:23Oui.
11:23En plus, j'étais loin.
11:26Donc, en fait, j'avais tellement envie d'y croire.
11:31Que j'ai essayé de me convaincre que ce n'était pas Alam.
11:35D'accord.
11:35Mais il y avait une partie de mon cerveau qui me disait, en fait, si c'est Alam.
11:40Oui.
11:41Peut-être votre instinct ou...
11:42Oui.
11:44Et j'ai cet appel de la meilleure amie de ma mère.
11:51Peut-être une heure après, je vois le numéro de la meilleure amie de ma mère.
11:59Donc, je décroche et c'est ma mère au téléphone.
12:01D'accord.
12:01Qui hurle et qui me dit, ta sœur est partie, il l'a tué.
12:06Et là, deuxième...
12:09Deuxième rideau noir.
12:12Ah, j'ai hurlé à la mort, je sais ce que c'est.
12:15Oui.
12:15Je l'ai fait.
12:16J'ai hurlé tout ce que j'ai pu.
12:19Et je suppose qu'à ce moment-là, vous...
12:21Enfin...
12:22Donc, cette crise a fini par, je suppose, par passer.
12:26Et quel a été votre premier...
12:28Votre premier réflexe à ce moment-là ?
12:32Alors, j'ai réussi à me calmer vers 2h du matin.
12:35D'accord.
12:36Il était...
12:38Vers les 19h.
12:42On a pris la route.
12:44D'accord.
12:44Directement pour Strasbourg ?
12:45Oui.
12:46Avec mon ex-mari.
12:48On a pris la route.
12:50On est arrivés le lendemain.
12:53En début d'après-midi.
12:55C'est vers les 13h, quelque chose comme ça.
12:58Sur la route.
13:00Je sens qu'on me cache des choses.
13:02Je voulais savoir ce qu'on me cachait.
13:06Que votre ex-mari, il savait des choses que vous ne saviez pas ?
13:08Exactement.
13:09Il avait eu votre mère ou son ami au téléphone ?
13:11Non, il avait eu...
13:13En fait, il a eu plusieurs personnes au téléphone.
13:15D'accord.
13:15Moi, je ne m'en souviens pas, mais j'ai appelé...
13:17J'ai appelé tout mon répertoire.
13:20D'accord.
13:21Je ne m'en souviens pas.
13:22Dans votre crise, vous avez appelé...
13:24En fait, je sautais sur mon téléphone.
13:26J'appelais.
13:26C'est moi qui ai annoncé le décès de ma soeur à mon frère.
13:30C'est moi qui l'ai annoncé à mes oncles.
13:31C'est moi qui l'ai...
13:32À mes copines.
13:33J'ai appelé, mais je crois une trentaine, quarantaine, cinquantaine de personnes.
13:38Et vous n'avez pas de souvenirs ?
13:39Non.
13:40D'accord.
13:41Et je leur disais toujours la même phrase.
13:43À la même horte, il a tué.
13:44Et à chaque fois que je sautais sur le téléphone, mon ex-mari prenait, m'arrachait le téléphone
13:50des mains pour avoir la personne au téléphone.
13:53Quand il était au téléphone sur mon portable, je sautais sur le fixe.
13:58Donc, j'appelais sur le fixe.
14:00Je ne sais pas.
14:01Il fallait que j'appelle.
14:03D'accord.
14:03C'est pas ce qu'il m'a pris.
14:06Et donc, sur la route ?
14:08Donc, je prétexte de vouloir aller aux toilettes, à la dernière aire de repos.
14:12J'achète...
14:14Non, je faisais la queue pour le relis.
14:17Et je vois, sur le présentoir, le DNA, dernière nouvelle d'Alsace, je vois une photo du Samu
14:27et avec un grand titre, il tue sa femme, puis se défenestre.
14:33Donc là, vous avez immédiatement su que c'était de votre sœur qu'il s'agissait ?
14:38Et qu'est-ce que vous lisez dans cet article ?
14:40En fait, j'ai dû lire, je crois, une dizaine de fois, les mêmes phrases.
14:45Je lisais, mais je n'imprimais pas, je ne comprenais pas ce que j'étais en train de lire.
14:50J'avais tellement pleuré toute la nuit, toute la route, qu'il y avait comme un voile
14:53qui était sur mes yeux.
14:56Et quand je lisais, j'ai ce souvenir-là, je lisais la sexagénaire.
15:02Il parlait de ma mère.
15:04Je ne comprenais pas qu'il parlait de ma mère.
15:06Oui, à ce moment-là, pour vous, votre mère, elle n'était pas du tout impliquée dans les faits.
15:10Non, parce que je pars de Nice, en fait, pour moi, les informations, c'est
15:15qu'il a tué ma sœur, leur fils, et il s'est suicidé.
15:20Leur fils, qui à ce moment-là, était âgé de deux mois.
15:23Donc pour moi, les trois sont morts.
15:27Je ne savais même pas que dans l'équation, il y avait ma mère.
15:31Quand je lis la sexagénaire, je ne comprends pas.
15:35Je me dis, mais de qui il parle ?
15:37Pourquoi il y a une sexagénaire dans l'histoire ?
15:41Et je vois mon ex-mari qui sait et qui ne dit rien.
15:47Et je lis et je relis.
15:49Et je relis la même phrase, peut-être dix fois.
15:52Et après, je me dis, mais il parle de ma mère.
15:55J'ai dit, mais ma mère, elle a été agressée.
15:57Et il dit, mon ex-mari, il dit, oui, mais je ne voulais pas te le dire.
16:04Il a voulu vous protéger.
16:05Oui, j'étais en pétage de plan total.
16:08Oui.
16:09Et arrivé à Strasbourg, qu'est-ce qui se passe ?
16:14Comment, finalement, vous apprenez l'entière vérité ?
16:18Alors, quand on arrive à Strasbourg, le quartier de là où ils habitent mes parents
16:24est bondé de monde, noir de monde.
16:28Tous les voisins, les amis, tout le monde s'est déplacé.
16:33Mon père venait de sortir des urgences.
16:35Ma mère était toujours aux urgences.
16:38Et donc, on arrive.
16:41Dans l'après-midi, je fais sortir ma mère des urgences.
16:44Quand je vois ma mère, pareil.
16:45Oui, parce que votre mère a été violemment agressée.
16:49On va revenir sur tout le déroulé des faits.
16:52Mais votre mère a aussi été très, très violemment agressée par l'assassin de votre soeur.
16:57Oui.
16:59En fait, mon père sortait des urgences parce que quand il s'est rendu au domicile de ma soeur,
17:07il a vu les pompiers, le SAMU, la police qui l'ont empêché de monter.
17:12Et il s'est écroulé.
17:14Lui aussi, il a tout de suite compris.
17:15Oui.
17:16Il s'est écroulé.
17:18Donc, il a été hospitalisé dans un hôpital.
17:23Ma mère était hospitalisée dans un autre hôpital.
17:26Mon neveu était dans une pouponnière.
17:30Ma soeur et son mari à la morgue.
17:34Et vous êtes entendue par la police à Strasbourg ?
17:39Avec votre mère ?
17:40Le lendemain.
17:41Ma mère n'a pas pu être auditionnée suite à son agression.
17:45Donc, quand je suis allée la sortir, le lendemain, on avait rendez-vous à la police criminelle pour audition.
17:53Donc, ils ont décidé de m'auditionner, au passage.
17:57Oui, et puis vous, vous ne saviez rien.
17:59Vous tombiez complètement des nues à ce moment-là.
18:00Ah non, mais de toute façon, dans ma déposition, il y a « je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas, je ne suis pas au courant ».
18:06Voilà, donc ça, c'est le contenu de mon audition.
18:09Et par contre, je suis restée avec ma mère pour son audition.
18:16Et c'est là que j'apprends tout.
18:18Oui, parce que votre mère, elle était, pour le coup, au courant d'absolument tout ce qui se passait.
18:22Est-ce que vous pouvez nous raconter tout ce qui s'est passé depuis ?
18:27Alors, la veille de ce drame, ma mère avait accompagné ma sœur à la préfecture pour arrêter la régularisation de papier de son mari,
18:39puisqu'elle l'a fait venir suite à un regroupement familial.
18:42Et il était venu en France le 5 mars 2010.
18:45Donc, on était le 16 avril 2010, donc un mois et onze jours après.
18:53Donc, elle se rende à la préfecture.
18:54Ma sœur explique à la dame du service des étrangers tout ce qu'elle subit,
19:01les menaces de mort, les coups, la pression psychologique, les menaces d'enlèvement d'enfants.
19:08La dame du service des étrangers a pris ça tellement au sérieux et a trouvé ça tellement grave
19:13qu'elle lui a fait rédiger un courrier.
19:16Elle lui a fait la photocopie avec tampon de la préfecture, datée bien sûr.
19:20Et elle lui a demandé de se rendre immédiatement au commissariat central de Strasbourg
19:24pour déposer plainte.
19:26Ma sœur accompagnée de ma mère se sont rendues au commissariat avec cette fameuse lettre.
19:32Et elles ont été reçues.
19:36La carte d'identité de ma sœur a été scannée à l'accueil.
19:40Donc, on sait exactement à quelle heure elle était au commissariat central.
19:43Elles ont été reçues par un OPJ.
19:45Mais l'OPJ a lu la lettre.
19:49Elle disait qu'elle était menacée de mort, qu'elle était battue.
19:54Mais il n'y avait pas de suite.
19:57Et heureusement que ma mère avait accompagné ma sœur parce que sinon, on n'aurait pas su.
20:02En fait, l'OPJ, au lieu de prendre la plainte de ma sœur,
20:06l'a renvoyée au commissariat de quartier qui était en travaux à ce moment-là.
20:10Donc, ma sœur n'aurait jamais pu déposer plainte.
20:13Et quand ma sœur...
20:15Déjà, je trouve qu'elle a eu un courage extrême.
20:18Parce que discrète comme elle était.
20:22Elle était tellement timide, discrète, réservée.
20:28Elle ne voulait pas faire de vente.
20:28Même quand j'ai appris qu'elle était allée à la préfecture et au commissariat,
20:33je me suis dit, ah ouais, quand même, ça devrait...
20:35Elle a dû vraiment se prendre sur elle et sortir de sa zone de confort
20:41et vraiment se faire violence pour aller au commissariat et à la préfecture.
20:45Et ce qu'elle a fait...
20:49Et j'ai appris que le policier en question,
20:53quand ma sœur lui a dit, mais monsieur, s'il m'arrive quelque chose...
20:56Parce qu'elle voyait très bien qu'il ne la prenait pas au sérieux.
20:59Il lui a coupé la parole et lui a dit,
21:01si vous arrive quelque chose, vous direz que c'est la faute de la police.
21:05Et là, elle est repartie chez elle sans aucune protection ?
21:08Non.
21:10Parce qu'il savait très bien, ses policiers,
21:12que le commissariat de quartier était en travaux
21:14et qu'elle ne pouvait pas déposer plainte.
21:16Je ne sais pas s'il savait, mais il était dans l'obligation de prendre sa plainte.
21:19De toute façon.
21:20Ça, je le sais.
21:21Et surtout que ma sœur portait un handicap visible.
21:26Oui.
21:26Elle était hémiplégique.
21:28Donc, personne vulnérable.
21:31Donc, je ne comprends pas.
21:33Oui.
21:33Et est-ce que vous, dans la lettre que écrit votre sœur,
21:38vous savez à partir de quand ont commencé les violences ?
21:41Non.
21:41Elle ne le spécifiait pas.
21:45Elle disait qu'elle était victime de violences physiques,
21:48qu'il avait menacé de la brûler vive si elle le faisait repartir en Tunisie,
21:53qu'il avait menacé de prendre le petit
21:57et de passer par l'Allemagne, la Suisse, etc.
22:02Elle disait dans son courrier que, lors d'une dispute,
22:05il lui avait dit qu'il s'était marié avec elle pour les papiers,
22:08qu'il n'aimait pas.
22:09Je n'ose même pas imaginer la douleur interne qu'a dû subir ma sœur.
22:16Il y a les mots et les mots.
22:20Oui.
22:21Voilà.
22:21M-O-T-S et M-A-U-X.
22:23Et je pense que ma sœur a été victime des deux.
22:26Et en plus, elle disait dans son courrier qu'il lui volait son traitement contre l'épilepsie.
22:34Elle avait des médicaments en cas de crise,
22:38entre autres du Valium.
22:40Et il lui prenait.
22:42Pour se droguer ?
22:43Avec ?
22:44Oui.
22:44Ou pour lui confisquer ?
22:46Ah non, non.
22:46Il l'utilisait.
22:47Ah oui, d'accord.
22:48Oui, oui.
22:49Et d'ailleurs, j'ai même...
22:51Après, j'ai demandé le rapport d'autopsie de mon beau-frère
22:57et il s'est avéré qu'il y avait du Valium dans son sang.
23:00Ah oui, donc ça a été attesté.
23:01Ah oui, bien sûr.
23:01Il lui a été attesté.
23:03J'ai payé pour avoir son rapport d'autopsie
23:06parce que ce n'était pas dans la procédure.
23:08C'était hors procédure.
23:09C'était en plus...
23:11Je me suis dit, ce n'est pas grave.
23:12Là, ma soeur ne racontait pas n'importe quoi.
23:16C'est prouvé scientifiquement.
23:18Exact.
23:19Votre mère, lors de sa déposition,
23:22raconte ce qu'il s'est passé le jour des faits.
23:26Donc, vous, qu'est-ce que vous apprenez à ce moment-là ?
23:29J'apprends tout.
23:30Je ne savais pas qu'elle était partie à la préfecture.
23:32Je ne savais pas qu'elle avait essayé de déposer plainte.
23:35Donc, je demande aux policiers de conserver les caméras.
23:38Je voulais retrouver ce policier.
23:41On m'assure que oui, les caméras seront gardées.
23:44J'apprends que plus tard, les caméras ne fonctionnaient pas.
23:49Évidemment.
23:49J'apprends qu'elle était victime de violences physiques, psychologiques,
24:00de menaces de mort.
24:02J'apprends tout.
24:03J'apprends tout.
24:05Et le lendemain aussi.
24:07Le lendemain du dépôt de sa plainte.
24:09Ah oui.
24:09Le jour des faits, en fait.
24:11Oui.
24:11Mais moi, je tombe des nuages.
24:14Pour moi, ma sœur était heureuse.
24:19C'est comme si vous aviez deux films.
24:24Oui.
24:24Deux films, mais opposés.
24:26Oui.
24:27Moi, je regardais un film.
24:29Et dans la vraie vie, c'était l'autre film.
24:30Et donc, c'est votre mère qui a découvert votre sœur ?
24:37Oui.
24:38Alors, ma mère avait accompagné ma sœur la veille.
24:43Donc, elles étaient toujours en contact.
24:47Ils sont partis en course avec mon père.
24:51Mon père a dit à ma mère, va voir Alam.
24:55Je décharge la voiture et je te rejoins.
24:58Donc, ma mère va chez Alam.
24:59Comme elle n'arrivait pas à la joindre au téléphone.
25:02Donc, elle va chez Alam.
25:04Elle sonne.
25:05Il lui ouvre.
25:06Son mari lui ouvre ?
25:08Oui.
25:08D'accord.
25:09Le mari d'Alam lui ouvre.
25:10Donc, elle monte à l'ascenseur les six étages.
25:15Il lui ouvre la porte.
25:17Et referme les quatre verrous derrière elle.
25:20Et elle lui dit, mais elle est où ma fille ?
25:21Il lui dit, là-bas dans la chambre.
25:23Donc, vous passez par un petit couloir.
25:25Et vous avez la chambre sur la gauche.
25:27Et elle voit mon neveu embaudit sur le lit.
25:35Et toute l'armoire par terre.
25:37Sachant que ma soeur était maniaque.
25:40Et elle se retourne.
25:41Elle lui dit, mais elle est où ma fille ?
25:43Et en se retournant, elle se prend le premier coup de marteau sur la tête.
25:47Et s'en est suivie des dizaines.
25:49Donc, elle réussit, je ne sais pas par quel miracle, elle réussit à lui arracher le marteau des mains, à le jeter.
25:58Il a sorti un couteau de la taille.
26:00Donc, c'était plus que prémédité à ce niveau-là.
26:02Oui, mais quand j'ai vu, le policier m'a montré des photos du couteau.
26:10Voilà, c'était vingt et quelques centimètres la lame.
26:13C'était un gros couteau de cuisine qu'il avait préparé dans sa taille.
26:17Et il a commencé à planter ma mère.
26:22Ma mère hurlait tellement fort qu'elle a muté les voisins.
26:29Ils essayaient de défoncer la porte.
26:30Ils n'ont pas réussi.
26:32Porte blindée avec quatre verrous fermés.
26:33Ce n'est pas possible.
26:35Elle a réussi à le pousser.
26:36Il est tombé au sol.
26:38Elle a couru vers la porte.
26:39Elle déverrouillait les quatre verrous.
26:41Pendant ce temps, il a réussi à se relever, attraper le couteau.
26:45Il a continué à la planter.
26:46Et quand elle a réussi à ouvrir la porte,
26:49la voisine du dessus s'est avancée dans l'appartement.
26:52Elle n'a pas réfléchi.
26:53Et d'après ce qu'elle dit,
26:55déjà, elle a dit,
26:57quand ma mère lui a ouvert la porte,
26:58c'était une boule de sang qui lui a ouvert la porte.
27:02Elle s'était prise tellement de coups de couteau
27:03et de coups de marteau qu'elle était en sang.
27:06Et mon beau-frère,
27:13il s'est retrouvé coincé
27:15entre la voisine qui a trop avancé.
27:21Apparemment, d'après ses dires,
27:23il voulait aller dans la chambre
27:24pour récupérer sûrement le petit
27:27et peut-être sauter
27:29ou peut-être l'utiliser.
27:31Je ne sais pas.
27:32Mais elle a trop avancé la voisine
27:35et du coup, il s'est jeté par la première fenêtre
27:37qui était derrière lui.
27:39C'était celle de la cuisine.
27:40Et c'est un sixième étage, c'est ça ?
27:43Sixième étage.
27:44Il est mort presque sur le coup.
27:46Et votre mère, là, je suppose qu'elle est...
27:48Qu'est-ce qu'il se passe ?
27:49Parce qu'elle est en sang ?
27:51Elle n'est pas inconsciente ?
27:52Elle n'est pas trop inconsciente à ce moment-là ?
27:53Non.
27:54Non, heureusement qu'elle n'a jamais perdu connaissance
27:56pendant tout le long de son agression
27:58parce que sinon, je n'aurais plus de maman.
28:00D'accord.
28:01Il me l'a dit, l'OPJ.
28:02Il m'a dit, votre maman, c'est une miraculée.
28:06Et comment on retrouve le corps d'Alam ?
28:09Parce qu'il est dans l'appartement à ce moment-là ?
28:11Oui.
28:12En fait, après qu'il se soit jeté,
28:15entre-temps, les voisins,
28:17ils avaient appelé la police, etc.,
28:20qui étaient en route.
28:22Et pour le coup, ils se sont déplacés.
28:25Bien sûr.
28:27Et en fait, ma mère ne savait toujours pas
28:30avec la voisine où était ma sœur.
28:32Donc, elles ont commencé à chercher.
28:34Sous le lit, derrière le canapé,
28:36dans les placards.
28:37Elles ont cherché partout.
28:41Et jusqu'à ce que ma mère rentre dans la salle de bain
28:43et voit un amas au-dessus de la baignoire.
28:47Et il y avait un transat.
28:50Elle a enlevé, une couverture.
28:52Elle a enlevé, elle a rentré sa main dans l'eau
28:54et elle a touché le corps de ma sœur.
28:56D'accord.
28:56Elle était immergée dans l'eau ?
28:58Oui.
28:58D'accord.
28:59Et vous avez vu les rapports d'autopsie,
29:02vous me disiez.
29:03Oui, je les ai épluchées.
29:04Vous savez de quoi est morte votre sœur ?
29:08Ma sœur est morte de trois causes différentes.
29:11Hémorragie interne, strangulation et noyade.
29:13D'accord.
29:14Donc il s'est véritablement...
29:17Il a noyé dans l'eau chaude en plus.
29:21Et je suppose que c'est compliqué de savoir,
29:24mais est-ce que vous avez une idée de ce qu'il y a pu aujourd'hui,
29:26ce jour-là, déclencher cette rage meurtrière de son mari ?
29:34Vous pensez qu'elle a essayé de le quitter ?
29:37De toute façon, sur la lettre qu'elle a écrite la veille,
29:40il avait déjà menacé de mort.
29:41Il lui a dit, si tu me fais repartir en Tunisie,
29:45je te brûle vive.
29:47Elle l'a écrit dans son courrier la veille.
29:49Donc il a juste mis à exécution ces menaces,
29:55pas de la façon dont il l'a dit à ma sœur,
29:57mais il a exécuté ces menaces de mort.
30:01Et donc là, vous, une fois que vous apprenez tout ça,
30:07alors je suppose que le choc est énorme,
30:08mais quel est votre premier réflexe ?
30:12À quoi vous pensez en premier ?
30:14Vous pensez à ce policier, je suppose,
30:15qui a refusé de prendre la plainte de votre sœur ?
30:18Ah oui, mais de toute façon,
30:19dès que j'ai assisté à l'audition de ma mère,
30:21j'ai demandé au policier de garder les caméras.
30:23Donc j'ai déposé plein de comptes Trix
30:26pour retrouver le policier.
30:28Donc normalement, ils étaient censés garder les caméras,
30:31on apprendra après qu'elles ne fonctionnaient pas.
30:36Je vous laisse juger, vous faire votre avis.
30:44Moi, ce n'était pas possible que ma sœur soit décédée,
30:48qu'elle ait eu ce courage d'aller à la préfecture,
30:52d'aller au commissariat, qu'on ne l'ait pas écoutée
30:55et qu'il ne se passe plus rien.
30:57Ce n'était pas possible.
30:58J'étais dans une telle rage qu'il me fallait
31:00en fait un coupable, un responsable,
31:06même si je savais que c'était mon beau-frère
31:07qui avait tué ma sœur.
31:09Je savais aussi que le policier n'avait pas cherché
31:11à protéger ma sœur.
31:12Oui, c'est surtout ça.
31:13Et ça, ce n'était pas possible.
31:15Et cette fameuse phrase,
31:17si vous arrivez quelque chose,
31:18vous direz que c'est la faute de la police.
31:19c'est gravé à vie.
31:22Je vous jure, je pense même à me la faire tatouer,
31:25pour de vrai.
31:26Je pense à me la faire tatouer.
31:29Et oui, il me fallait ce policier.
31:35Je voulais savoir qui était ce policier
31:37qui avait osé renvoyer ma sœur dans les bras de son meurtrier.
31:41Donc, vous lancez cette plainte,
31:45mais là, je suppose qu'il y a toutes les démarches administratives
31:47qu'il faut prendre en main.
31:50Est-ce que ce n'est pas extrêmement compliqué
31:53de se concentrer sur des choses...
31:55Je suppose qu'il y avait votre neveu
31:55dont il fallait s'occuper,
31:57et les obsèques de votre sœur organisés.
31:59Comment vous avez réussi à ce moment-là
32:01à vous organiser pour garder la tête hors de l'eau ?
32:04Parce qu'entre tout ce qui s'était passé,
32:07ça a dû être extrêmement douloureux.
32:09C'est simple.
32:09Votre cerveau se met en mode robot.
32:12Oui.
32:12Voilà.
32:13Ce n'est plus...
32:14Je n'étais plus un être humain,
32:15j'étais un robot.
32:17Je...
32:18J'ai eu un choc tellement grand
32:23que...
32:25Deux ans après...
32:28Non, un an et demi après,
32:28j'ai déclenché un cancer.
32:30Oui.
32:30Un premier cancer.
32:32Deux ans après,
32:33j'ai déclenché un deuxième cancer.
32:36En fait, il faut savoir que nous,
32:38familles de victimes de féminicides,
32:40le meurtrier ne tue pas qu'une seule personne.
32:43Il tue une famille entière.
32:46Moi, je...
32:47Ma moitié est morte.
32:49J'ai une moitié qui est morte le 17 avril 2010.
32:52On doit continuer à vivre avec une moitié de...
32:56Une moitié.
32:57On est en mode survie, en fait.
32:59Oui.
33:00Et ça, c'est toutes les familles de victimes de féminicides.
33:02Mais malgré tout ça,
33:06malgré la douleur,
33:07malgré vos deux cancers,
33:09vous refusez de lâcher, en fait.
33:11Vous voulez retrouver ce policier.
33:13Et donc, est-ce que vous pouvez m'expliquer
33:14comment vous procédez, en fait,
33:16pour engager cette procédure
33:19et que ce policier soit retrouvé ?
33:21Le policier n'a jamais été retrouvé.
33:23D'accord.
33:24Mais parce qu'il y a eu des...
33:27des choses un peu troublantes avec...
33:29Ben oui.
33:30En fait, les caméras ne fonctionnaient pas.
33:32Oui.
33:32Évidemment, ce jour-là,
33:33le jour où ma soeur était au commissariat,
33:35les caméras ne fonctionnaient pas.
33:37Et je m'aperçois,
33:40au bout de deux ans et demi,
33:41alors que toutes les semaines,
33:43j'ai appelé le bureau d'ordre pénal
33:44du tribunal de grande instance de Strasbourg
33:47pour avoir des nouvelles,
33:48pour que l'affaire ne tombe pas dans les oubliettes,
33:51pour que le dossier soit toujours remis au-dessus.
33:54J'ai appelé toutes les semaines
33:55pendant deux ans et demi.
33:57Pour savoir où en était votre plainte.
33:58Exactement.
33:59Pour retrouver le policier.
34:01Et j'ai déclenché une enquête de l'IGPN,
34:04une enquête du directeur de la Sûreté départementale du Barin,
34:07qui, un an après le décès de ma soeur,
34:10donc en 2011,
34:11m'envoie une lettre d'excuse
34:12reconnaissant le dysfonctionnement de ses services.
34:15Donc pour moi, c'était plié.
34:16Du moment où j'avais les excuses
34:18du directeur départemental du Barin
34:20reconnaissant le dysfonctionnement de ses services
34:24et s'en excusant,
34:25pour moi, je me suis dit, ça y est,
34:27c'est mon sésame.
34:29Tout va s'ouvrir et on va le retrouver.
34:31Oui, pour moi, ça devait aller vite.
34:33Oui.
34:34Sauf que deux ans et demi après,
34:37je n'en pouvais plus.
34:39En fait, je ne dormais plus,
34:42je ne mangeais plus,
34:42j'avais fait une grosse dépression
34:44qui m'a menée à une tentative de suicide,
34:47un premier cancer.
34:49J'étais épuisée.
34:51Sur tous les plans, j'étais épuisée.
34:53Et je me suis dit, il faut que ça s'arrête.
34:55Physiquement, je ne tiens plus.
34:56Psychologiquement, je ne tiens plus.
35:00Et j'ai demandé à mon avocate
35:01de se constituer partie civile
35:04devant le doyen des juges d'instruction.
35:06D'accord.
35:08Pour que ça aille plus vite.
35:09Oui.
35:11Sauf que je reçois un refus
35:12du doyen des juges d'instruction,
35:16motivé par l'absence de plainte initiale.
35:19Sachant que ça faisait deux ans et demi
35:20que j'appelais avec un numéro de plainte.
35:22Toutes les semaines,
35:24vous appeliez le bureau d'ordre pénal
35:26en leur demandant où en était l'affaire
35:28avec un numéro de plainte.
35:28L'affaire numéro de plainte.
35:30Voilà.
35:30Et que vous disiez toutes les semaines
35:32le bureau d'ordre pénal ?
35:33Alors, elle me disait,
35:35c'est une procédure longue,
35:36il faut attendre...
35:39Enfin, elle me faisait patienter
35:40pendant deux ans et demi,
35:41c'est une procédure longue.
35:42Voilà ce qu'elle me répétait.
35:43Au bout de deux ans et demi,
35:44sachant qu'à l'époque,
35:46la prescription était de trois ans.
35:48D'accord.
35:49Donc...
35:50En plus, oui,
35:51vous étiez tenue par ça.
35:53Je pense que c'était
35:53une pression supplémentaire.
35:55Oui.
35:56Sauf qu'au bout de deux ans et demi,
36:00j'ai stoppé.
36:01Et heureusement,
36:03parce que je me rends compte
36:05que la plainte numéro de temps
36:07que je donnais toutes les semaines
36:09au bureau d'ordre pénal,
36:10donc si je donne un numéro de plainte
36:13normalement à un tribunal
36:14qui tape,
36:16vous entendez le clavier,
36:20et qui vous disent...
36:21Normalement,
36:22s'ils vous répondent,
36:24ils vous disent,
36:24oui, ça va être traité,
36:26c'est une procédure longue.
36:27Oui, c'est ça.
36:27C'est qu'elle a quelque chose
36:28à l'écran.
36:29Tout à fait, oui.
36:30S'il n'y avait rien,
36:32elle m'aurait dit,
36:33madame, il y a une erreur
36:34sur le numéro,
36:35ou je ne sais pas.
36:35Oui, tout à fait.
36:36Là, pendant deux ans et demi,
36:37elle m'a dit,
36:37c'est une procédure longue,
36:38ça va se faire.
36:39Au bout de deux ans et demi,
36:41elle me dit,
36:42ça va bientôt être traité.
36:44Oui.
36:45Et là,
36:45on est proche des trois ans,
36:47effectivement.
36:48Et au bout de deux ans et demi,
36:49on vous dit
36:50qu'il n'y a pas de plainte.
36:51Le numéro de plainte
36:52n'existe pas.
36:53Mais alors,
36:53vous, aujourd'hui,
36:54avec le recul,
36:55comment vous arrivez
36:56à l'expliquer
36:56qu'est-ce qui s'est passé ?
36:58On a voulu protéger
36:58ce policier ?
37:00Ben, évidemment.
37:01Oui.
37:02Vous pensez que c'est ça
37:02parce que c'est un représentant
37:03de l'État ?
37:04On a voulu
37:05noyer le poisson dans l'eau.
37:09Mais c'était sans compter
37:10sur l'amour
37:11que je portais à ma sœur,
37:12qui est...
37:14Infinique.
37:15Oui.
37:15Et au-dessus de toute puissance,
37:18quel que soit leur statut.
37:21Donc là,
37:22quand vous apprenez
37:23que la plainte n'existe pas,
37:25vous prenez la décision
37:26de rappeler le bureau
37:27d'ordre pénal
37:28pour faire,
37:29comme toutes les semaines,
37:30en fait.
37:30Voilà.
37:31Et là...
37:31Je me suis dit
37:31que je vais faire
37:32comme si de rien n'était.
37:33Oui.
37:33Donc je l'appelle.
37:35Je dis bonjour.
37:36Comme d'habitude,
37:37comme toutes les semaines,
37:38je vous appelle
37:39pour la faire un numéro de temps.
37:41Elle me dit
37:41« Ça va bientôt être traité. »
37:44Je lui dis
37:44« Mais à quel moment
37:45vous allez arrêter
37:46de vous foutre de ma gueule ? »
37:48Elle me dit
37:48« Je vous demande pardon. »
37:50Je lui dis
37:50« Oui,
37:50à quel moment
37:51vous allez arrêter
37:51de vous foutre de ma gueule ? »
37:52Elle me dit
37:52« Mais pourquoi
37:52vous parlez comme ça ? »
37:54parce que j'ai déposé plainte
37:55avec constitution de partie civile
37:57devant le doyen
37:58des jeux d'instruction
37:58qui me dit
37:59que ce numéro de plainte
38:00n'existe pas.
38:01Donc à moins
38:02que vous ayez
38:02une autre information
38:03que le doyen
38:05des jeux d'instruction
38:05ou moi-même n'ayons pas,
38:07je vous écoute.
38:08Donc elle me met en attente.
38:10Elle me dit
38:11« C'est une erreur de frappe. »
38:14Je lui dis
38:15« Pardon ? »
38:15Je lui dis
38:15« En plus,
38:16vous continuez
38:17à vous foutre de ma gueule. »
38:18Je lui dis
38:18« Alors,
38:19écoutez-moi bien.
38:20Retenez bien mon nom.
38:21Parce qu'un jour ou l'autre,
38:22vous allez entendre parler de moi. »
38:25J'ai raccroché.
38:26J'ai rappelé mon avocate.
38:28Et je lui ai dit
38:29« On dépose plainte
38:30de suite
38:31avec constitution de partie civile
38:33contre l'État. »
38:35Contre l'État
38:36parce que pour vous
38:37c'était à ce moment-là
38:37l'État qui avait fauté ?
38:40Parce que je me suis dit
38:41que le policier
38:42il était trop protégé
38:43que je n'aurais jamais
38:44son identité
38:44et qu'un policier
38:47c'est un représentant de l'État
38:48et que voilà.
38:50C'était l'État
38:51qui allait trinquer
38:52pour ce policier.
38:53Le dysfonctionnement
38:54de ce policier.
38:56Et pour tous les policiers.
38:59Est-ce qu'il y a eu
38:59quand même
39:00une procédure
39:01enfin en tout cas
39:01un début de procédure
39:02pour le retrouver
39:04ce policier ?
39:06Oui.
39:06Alors moi
39:07j'ai...
39:08Mon frère
39:09m'a dit
39:11« Il n'y a que
39:12à Ban Ki-moon
39:12et Barack Obama
39:13que tu n'as pas écrit. »
39:15J'ai écrit
39:17à tout le monde.
39:19J'avais écrit
39:20à François Hollande.
39:21J'avais écrit
39:21à Claude Guéant,
39:27à Brice Hortefeux,
39:29Kouchner.
39:31J'ai énormément de courriers
39:33de différents présidents même,
39:37de différents secrétariats de présidents
39:39parce que je voulais
39:41faire changer les lois.
39:44Et...
39:44Et je...
39:45J'en voulais
39:47à la terre entière.
39:49Vraiment,
39:50je pense que c'est...
39:52Le choc plus
39:52la colère
39:53et la rage
39:54ont déclenché
39:56en moi un cancer.
39:57Et c'est
39:57quand j'ai eu mon cancer
39:58que j'ai compris
40:00qu'il ne fallait pas
40:01que je me batte par
40:01rage,
40:03mais par amour.
40:04et c'est là
40:07que j'ai pu
40:10bien mener ce combat-là,
40:13le mener à terme.
40:15Mais...
40:16De base,
40:17je voulais faire changer les lois.
40:19Je voulais que
40:19le sort de ma sœur
40:21ne se reproduise plus.
40:22Je voulais plus
40:23qu'il existe
40:24de sœurs
40:25qui souffrent
40:27comme moi,
40:27je souffrais.
40:28De maman
40:29qui souffre
40:29comme ma mère a souffert.
40:31De père
40:31comme mon père a souffert.
40:32que mon frère
40:34comme mon frère
40:35a souffert.
40:36Ça détruit
40:37des familles entières.
40:41Nous,
40:41on est
40:42condamnés
40:43à perpétuité.
40:44Oui.
40:46Et
40:46donc,
40:47cette procédure
40:48de vous déposer
40:49plainte contre l'État,
40:50elle dure
40:51combien de temps ?
40:53En tout et pour tout.
40:54Depuis le décès
40:55de ma sœur
40:56jusqu'à la condamnation
40:57de l'État,
40:58à un mois après,
41:0111 ans.
41:02D'accord.
41:03Ma sœur est décédée
41:04le 17 avril 2010.
41:06L'État a été condamné
41:08le 17 mars 2021.
41:10Comment vous apprenez
41:11que l'État
41:11a été condamné ?
41:13J'ai appelé.
41:16Je ne pouvais pas tenir
41:17deux jours de plus.
41:18J'ai appelé le tribunal
41:19et j'ai demandé
41:21à la greffière
41:22de me lire
41:24les conclusions.
41:25Elle m'a dit
41:25je ne peux pas.
41:26Oui,
41:27par téléphone.
41:27Par téléphone,
41:28on ne peut pas donner.
41:29Je lui ai dit
41:30s'il vous plaît,
41:30par pitié.
41:31Je lui ai dit
41:32ça fait 11 ans.
41:33Je pense qu'elle a dû voir
41:34que ça faisait 11 ans
41:35pour de vrai.
41:36Je lui ai dit
41:36s'il vous plaît,
41:37je ne tiens plus.
41:40Oui.
41:42Et elle m'a juste
41:42lu les conclusions.
41:43Je lui ai dit
41:43je veux juste
41:44les conclusions.
41:44et elle avait vraiment
41:46les sanglots dans la voix
41:48et elle m'a dit
41:49félicitations,
41:49vous avez gagné.
41:51Et donc,
41:52à ce moment-là,
41:53vous êtes la première,
41:54comme je disais
41:54en début d'émission.
41:55Vous le saviez
41:56que vous étiez
41:56la première
41:58à avoir fait condamner
41:58l'État
41:58pour dysfonctionnement
42:00du service public
42:02de la justice
42:03et pour faute lourde ?
42:04Faute lourde ?
42:05L'État avait déjà
42:06été condamné
42:07pour faute lourde
42:07suite à un féminicide
42:08et pour dysfonctionnement
42:11du service public
42:12de la justice,
42:12non.
42:13D'accord.
42:13Mais je ne savais pas
42:14que j'étais la première.
42:16Donc l'État a été condamné
42:18le 17 mars 2021.
42:20J'apprends que je suis
42:21la première
42:21parce qu'un journaliste
42:23de rue 89
42:24me contacte
42:26en janvier 2022
42:27pour me dire
42:30que je suis la première.
42:33Il m'a dit
42:33est-ce que vous savez
42:34que vous êtes la première ?
42:35Je lui ai dit non.
42:37Je vous informe
42:39que vous êtes
42:40la première personne
42:40en France
42:41à avoir fait condamner
42:42l'État
42:42pour dysfonctionnement
42:43du service public
42:44de la justice.
42:46Et ils ne comprenaient pas
42:47comment ça n'avait pas
42:47été relayé
42:48par les médias
42:50et que ça avait été étouffé.
42:54Et donc après cela
42:55vous avez décidé
42:56de monter une association ?
42:58Oui.
42:59Une association
43:00qui s'appelle
43:01Alam.
43:03Ma sœur s'appelait
43:04Alam
43:05A-H-L-A-M
43:06et j'ai appelé
43:07l'association
43:07Alam
43:08A plus loin
43:08L apostrophe
43:09A-M-E
43:10donc c'est un jeu de mots.
43:12et c'est une association
43:14d'aide aux victimes
43:15de violences conjugales
43:16et intrafamiliales.
43:18C'est justement
43:18pour éviter
43:20aux victimes
43:22d'avoir
43:23le sort
43:24de ma sœur.
43:25Et quelles actions
43:27vous menez
43:27par exemple
43:28avec votre association ?
43:31Je fais beaucoup
43:32d'écoutes
43:32de conseils.
43:34J'accompagne
43:34dans les commissariats
43:35aux tribunaux
43:37dans les expertises
43:38psy
43:39aux UMJ
43:40pour les médecins légaux.
43:44Vous êtes sur tous les fronts.
43:46Je fais de mon mieux.
43:47J'essaye de les aider
43:48comme j'aurais voulu
43:49qu'on aide ma sœur.
43:50Oui.
43:51Et aussi
43:52vous avez adopté
43:54votre neveu
43:55le fils d'Alam ?
43:56Il est sous tutelle.
43:57Oui.
43:58Je n'ai pas voulu
43:59l'adopter.
44:00D'accord.
44:00C'est moi qui l'élève
44:01depuis qu'il a 4 mois.
44:02Oui.
44:02Parce que tout de suite
44:03après le décès de ma sœur
44:04le soir même
44:05il est parti en pouponnière
44:06et je l'ai récupéré
44:08de la pouponnière
44:08à l'âge de 4 mois
44:09le temps des procédures.
44:11Oui.
44:11Et je n'ai jamais voulu
44:12l'adopter
44:13parce que je ne voulais pas
44:13qu'il perde son identité.
44:15Oui.
44:16Parce que
44:16j'ai pris contact
44:18avec la famille paternelle.
44:19D'accord.
44:20Et avec qui
44:21je m'entends très bien.
44:23Et il va
44:23enfin il connaît
44:24ses grands-parents
44:25il connaît ses ongles
44:26ses tantes.
44:27Je ne voulais pas
44:28lui changer son nom de famille.
44:30Oui.
44:30Je voulais lui laisser le choix.
44:33D'ailleurs il l'a toujours.
44:34Là il a 15 ans.
44:35Il vient de passer son brevet.
44:37Et je veux lui laisser le choix
44:39de garder son identité
44:41ou changer son nom de famille.
44:43C'est son choix à lui.
44:43Ce n'est pas à moi
44:44de lui imposer.
44:46Oui.
44:47Et comment on apprend
44:50à un petit garçon
44:51que ses parents sont décédés
44:54à cause d'un féminicide
44:56suivi d'un suicide.
44:57Enfin je suppose
44:58que ça a dû être très dur.
45:00Depuis tout petit.
45:01Il sait que je suis
45:02sa deuxième maman
45:03et que mon ex-marie
45:03c'est son deuxième papa.
45:05D'accord.
45:05Depuis toujours.
45:07J'ai la photo de ma soeur
45:08dans le salon.
45:10Je disais
45:11ça c'est maman à l'âme.
45:12Moi je suis ta deuxième maman.
45:14Et voilà.
45:15Je lui ai expliqué
45:16mais c'était un accident.
45:18D'accord.
45:18Je ne pouvais pas
45:19lui dire
45:20ton père a tué ta mère
45:21et il s'est suicidé.
45:22Et au passage
45:23il a essayé
45:24de tuer ta grand-mère.
45:24Oui.
45:26Je ne peux pas.
45:27Donc vous lui avez dit
45:27que ses parents
45:28étaient décidés
45:28dans un accident.
45:29D'un accident.
45:30D'un accident.
45:31D'accord.
45:31Je n'ai pas précisé.
45:33Suite à la condamnation
45:34de l'État
45:35j'avais accordé
45:35une interview
45:36qui a fait plus
45:37de 10 millions de vues.
45:38Oui.
45:38Mon neveu était interne
45:40au collège.
45:42Et j'avais peur
45:42qu'il tombe
45:43parce que j'avais
45:44donné plusieurs interviews
45:46dont un plateau télé
45:48en live etc.
45:49j'avais peur
45:51qu'il connaisse
45:53la vraie vérité
45:54soit par les réseaux
45:55soit par la télé.
45:58J'avais trop peur
45:58de ça.
45:59Ou des camarades
45:59qui lui en parlent.
46:00Exactement.
46:01Et du coup
46:04j'ai pris rendez-vous
46:05en urgence
46:05avec la pédopsychiatre
46:06pour lui annoncer.
46:08J'avais demandé
46:08au collège
46:09de lui interdire
46:10l'accès au réseau
46:11et je lui ai appris
46:14la vraie vérité
46:15avec la pédopsychiatre
46:17parce que je ne me sentais
46:19pas de le faire
46:19toute seule.
46:21J'avais peur
46:21de le traumatiser
46:22ou de mal m'y prendre
46:23ou de ne pas trouver
46:25les mots
46:26ou je ne sais pas.
46:27Du coup...
46:28Il était tout jeune
46:29il avait 11 ans.
46:31Comment il réagit
46:31quand vous lui apprenez
46:32la vérité ?
46:33Alors à ma grande
46:35stupéfaction
46:35d'ailleurs je croyais
46:36qu'il était dans le déni
46:37très calme
46:40il a dit
46:41mon père est un psychopathe
46:42déjà je ne savais même pas
46:44qu'il connaissait ce mot
46:45et en fait
46:48la pédopsychiatre
46:50m'a expliqué
46:50qu'elle m'a dit
46:52parce que je lui ai dit
46:53mais il est dans
46:53le déni complet
46:54il n'a pas compris
46:55ce qu'on lui a dit
46:56elle m'a dit
46:56si si
46:57il a très bien compris
46:58sauf que
46:59vous l'avez entouré
47:00de tellement d'amour
47:00que pour lui
47:01ça ne le touche pas.
47:04Donc...
47:05Et aujourd'hui
47:06donc c'est un adolescent
47:07et puis
47:08il grandit
47:09il s'épanouit
47:10et il n'a pas été
47:12traumatisé
47:14par cette révélation
47:15en fait.
47:17D'accord.
47:18Et
47:18vous finalement
47:20comment vous vous portez
47:22parce qu'on parle
47:22de votre association
47:23on parle de votre neveu
47:24mais vous comment
47:24vous allez aujourd'hui ?
47:26Moi ça va
47:27fatiguée forcément
47:28entre le travail
47:30les enfants
47:30l'association
47:31la pièce de théâtre
47:33je ne m'arrête pas
47:35que à ça
47:35mais
47:36c'est
47:37voilà
47:38c'est une satisfaction
47:39quand j'arrive
47:41à aider une victime
47:42la fatigue
47:43elle s'oublie.
47:44Oui vous avez parlé
47:45d'une pièce de théâtre
47:46parce que
47:46en ce moment
47:47tourne
47:48une pièce de théâtre
47:49inspirée de votre histoire
47:51vous êtes
47:51co-auteur
47:52de la pièce
47:53est-ce que vous pouvez
47:54nous en parler
47:54un petit peu ?
47:56La pièce de théâtre
47:57s'appelle
47:57Elle ne m'a rien dit
47:58d'après le témoignage
47:59d'Ager Seili
48:00et ça
48:01ça retrace
48:03c'est en deux parties
48:04en fait
48:04la première partie
48:05c'est sur le féminicide
48:06de ma soeur
48:07et la deuxième
48:08sur mon combat judiciaire
48:10qui a duré 11 ans
48:11et
48:12c'est une pièce de théâtre
48:15qui a été très bien écrite
48:17par Hakim Jaziri
48:18qui est co-auteur
48:19et réalisateur
48:21et acteur
48:22et
48:22en fait
48:24c'est
48:24je suis
48:26contente
48:27de cette pièce
48:29malgré le drame
48:31qu'on y voit
48:32ça a permis
48:33à des victimes
48:34d'avoir des déclics
48:37et les victimes
48:37sont allées
48:38suite à la pièce de théâtre
48:40sont allées déposer plainte
48:41Ah oui ?
48:42Vous aviez ce retour-là ?
48:43Oui
48:43D'accord
48:44parce que j'ai
48:44des présidents d'associations
48:46qui ont ramené des victimes
48:47à la pièce de théâtre
48:48et qui m'ont fait des retours
48:50et d'ailleurs
48:51qui ont même accompagné
48:52les victimes
48:52au dépôt de plainte
48:53et j'en ai des frissons
48:56c'est une victoire
48:59bien sûr
48:59bien sûr
49:01il n'y a pas de petite victoire
49:03à chaque fois
49:04que j'arrive
49:06à aider
49:07une victime
49:09c'est
49:09une victoire de plus
49:12pour
49:13pour la totalité
49:15des victimes
49:16et des familles
49:17des victimes
49:18parce qu'il faut savoir
49:20que quand
49:20on est famille de victimes
49:21on est laissé
49:23à l'abandon
49:24Oui
49:25vous n'avez eu
49:25aucune prise en charge ?
49:27Non
49:28Moi j'ai décidé
49:29de consulter
49:30par moi-même
49:31Oui
49:31Suite à ma tentative
49:33de suicide
49:33j'ai décidé
49:34de consulter
49:36bien que
49:37j'emmenais
49:37même s'il était nourrisson
49:39j'emmenais mon neveu
49:40chez le pédopsychiatre
49:43alors qu'il était nourrisson
49:44ma mère n'a jamais
49:46eu de prise en charge
49:47psychologique
49:48malgré ce qu'elle a subi
49:50Oui
49:50donc on est
49:52lâché à l'abandon
49:53on
49:54on est les seuls
49:56à avoir pris
49:58la vraie perpétuité
49:59et
50:01on n'est pas que des numéros
50:03c'est ça que je veux faire passer
50:05à l'état
50:05on n'est pas que des numéros
50:08Merci beaucoup
50:10pour votre témoignage
50:12merci
50:12merci à ce que vous faites
50:13au travers de votre
50:14de votre association
50:15pour continuer à faire
50:16entendre cette voix-là
50:18et puis pour faire
50:19vivre à l'âme
50:20à travers cette association
50:21Merci à vous
50:22de nous avoir écoutés
50:23pour ne manquer
50:24aucune interview
50:25n'hésitez pas
50:26à vous abonner
50:26à la chaîne
50:26du Nouveau Détective
50:27Sous-titrage Société Radio-Canada
50:36Sous-titrage Société Radio-Canada
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