Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 19/05/2025
Au menu ce samedi : un reportage sur la voiture-logiciel, un portrait de l'héritier Eric Trump, un focus sur l'IA qui s'infiltre dans nos entretiens de recrutement... Mais aussi un débat et un entretien autour d'une question-clé : quelle méthode adopter pour conserver une industrie forte en Europe ? Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-n-arrete-pas-l-eco/on-n-arrete-pas-l-eco-du-samedi-17-mai-2025-3773550

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Et c'est l'un des acteurs mondiaux de cette course à l'innovation, le directeur général de l'équipementier Valeo.
00:06Bonjour et bienvenue Christophe Péria.
00:08Bonjour, merci.
00:09Alors Valeo, groupe français centenaire.
00:11Plus de 21 milliards de chiffres d'affaires, vous avez des usines dans 40 pays, 12 000 salariés en France.
00:19Donc vous, avec l'ESDV, vous participez à cette course.
00:22On comprend dans le reportage que le conducteur va pouvoir s'abonner à des services d'aide à la conduite, de vidéos pour faire des zooms.
00:30Mais il y a le défi.
00:32D'habitude, auparavant, on achetait une voiture, c'était une fois pour toutes.
00:35Et là, les constructeurs vont devoir convaincre le client de payer un petit peu chaque mois.
00:42Combien ?
00:43La voiture, elle devient logicielle.
00:45Après, vous en faites l'usage que vous voulez.
00:48Si vous voulez vous abonner à l'ESAV, vous le faites.
00:49Si vous ne voulez pas, vous ne le faites pas.
00:51Ce qui est surtout important, c'est que la voiture, elle va être mise à jour.
00:53Elle va être mise à jour pendant les 15 ans de vie, avec des apps supplémentaires ou sans apps supplémentaires.
00:58Donc la voiture, elle devient logicielle.
00:59C'est une des trois grandes tendances qui révolutionnent l'industrie automobile de main.
01:04La voiture, elle devient électrique.
01:05Elle devient autonome.
01:07On est sur le chemin de l'autonomie.
01:08Et elle devient logicielle.
01:10Nous, on a fait ce virage depuis longtemps.
01:12On a 20 000 ingénieurs dans le groupe.
01:149 000 sont des ingénieurs logiciels.
01:16Donc on écrit beaucoup de logiciels.
01:17Les ordinateurs qui sont...
01:20Vous avez dit, c'est un smartphone sur roue.
01:22Donc ce smartphone, cet ordinateur, c'est nous qui le concevons.
01:24C'est nous qui le fabriquons dans nos usines.
01:26Et est-ce que c'est vous qui allez gagner la course ?
01:28Parce qu'on a beaucoup insisté dans le reportage là aussi.
01:30Il y a vraiment de la compétition là.
01:31Pour cette révolution.
01:33On a des grands clients qui nous ont fait confiance.
01:35C'est une partie très importante de nos commandes.
01:37Donc oui, oui.
01:38On est très très bien placés d'un point de vue technologique.
01:40Les grands clients, c'est qui ?
01:41On a annoncé des partenariats avec Renault.
01:44On est derrière le SDV de Renault.
01:45On est derrière le SDV de BNBV.
01:47Puis il y a beaucoup d'autres contrats dont on ne peut pas parler.
01:50Qu'on a eu la chance et l'honneur d'avoir.
01:54Mais vous n'avez quand même pas répondu à ma question, Christophe Périer.
01:56On se demande quand même combien ça va coûter.
01:58On se demande combien...
02:00Parce que vous vous concevez, vous êtes ingénieur.
02:02Enfin, vous êtes des ingénieurs.
02:03Mais il y a bien le sujet de...
02:05C'est déjà cher une voiture ?
02:07Combien de gens vont réussir à convaincre avec ces services ?
02:10Le SDV, c'est une baisse de prix.
02:12C'est une baisse de coût.
02:13Ce n'est pas ce qu'on a entendu dans le reportage.
02:14Mais c'est ce que je pense, c'est la réalité.
02:17Quand vous remplacez 100...
02:18L'architecture d'une voiture aujourd'hui, c'est à peu près 100 calculateurs.
02:22Demain, c'est quelques ordinateurs plus gros ou un ordinateur.
02:26Donc vous avez moins de composants électroniques.
02:29Vous avez moins de câblage pour les relier.
02:31Donc je rentre un petit peu dans la technologie.
02:33Mais donc, le SDV, c'est mieux et c'est moins cher.
02:36Alors vous me dites que j'achèterai moins cher, mais peut-être que je vais dépenser 10 euros par mois pour mettre mes appes à jour.
02:40C'est ça ?
02:41Est-ce que c'est...
02:41Là, j'ai une image juste.
02:42Exactement.
02:44C'est donc une perspective positive pour vous les équipementiers.
02:47Dans un paysage qui est plutôt mouvant, avec un horizon qui est encore assez flou.
02:52Là, je veux parler de la guerre commerciale.
02:55Racontez-nous, si vous voulez bien, comment chez Valeo, vous vivez les droits de douane américains au quotidien ?
02:59Vous avez des usines, je le précise, au Canada et au Mexique.
03:02On a des usines au Canada, au Mexique, aux Etats-Unis.
03:05D'abord, la première chose, c'est qu'on a une stratégie industrielle qui est celle de l'industrie automobile, qui est locale.
03:09On est local pour local.
03:11Ça veut dire qu'on produit en Amérique du Nord pour l'Amérique du Nord.
03:14On produit en Europe pour l'Europe.
03:16Donc il n'y a pas de produits finis de Valeo qui sont sur des bateaux.
03:19Donc ça veut dire que quand on investit aux Etats-Unis, quand on investit en Amérique du Nord,
03:23c'est parce qu'on gagne des marchés en Amérique du Nord.
03:26Après, il y a un certain nombre de droits de douane qui sont appliqués.
03:29Vous avez quand même des produits qui traversent les frontières ?
03:32Non.
03:32Des cadres du Canada, du Mexique ?
03:34Les frontières, mais d'un point de vue continental, on travaille dans des zones géographiques continentales.
03:41Donc l'Amérique du Nord, c'est pour nous une zone à partir de laquelle on sert les Etats-Unis, le Mexique ou le Canada,
03:47où sont les usines de nos clients.
03:49Nous, on s'exprime en disant qu'on n'est pas pour les droits de douane.
03:52Les droits de douane, ça crée de l'instabilité.
03:54Les droits de douane, ça crée des mesures de rétorsion.
03:57Tous les jours, on les recalcule.
03:58C'est compliqué.
03:59C'est ça le quotidien ?
04:00C'est ça le quotidien aujourd'hui.
04:02Mais justement, il ne faut pas être trop dans le quotidien.
04:05Si vous voulez, pourquoi les droits de douane ne sont pas une bonne réponse ?
04:08Ils ne sont pas une bonne réponse, mais la question, elle est fondamentale.
04:11Je voudrais prendre une période de temps qui est longue.
04:13On fait rarement ça.
04:15Je prends 25 ans.
04:16Les Etats-Unis ont un problème fondamental.
04:18Ils représentaient 24% de l'industrie du monde en 2000.
04:21Aujourd'hui, c'est 12%.
04:23Divisé par deux.
04:23Le Japon, c'est divisé par deux.
04:26L'Europe, c'est divisé par deux.
04:28Au bénéfice de qui ?
04:29Au bénéfice de la Chine.
04:30La Chine, en 2000, c'était 8% de l'industrie mondiale.
04:33Aujourd'hui, c'est 35%.
04:34La Chine gagne une part de marché mondial dans l'industrie de 1% par an.
04:42Tous les ans.
04:43Plus 1%.
04:44Plus 1%.
04:45Plus 1%.
04:46Si vous prolongez le trait, dans 15 ans, donc en 2040, la Chine représentera 50% de l'industrie mondiale.
04:54C'est effrayant.
04:55C'est effrayant de l'appareil social, c'est effrayant du point de vue de la souveraineté.
05:00Donc, il y a un vrai sujet.
05:01Il y a un vrai sujet qu'il faut traiter.
05:03Mais vous dites, Donald Trump, les droits de douane, ce n'est pas la souveraineté.
05:05Vous ne croyez pas concrètement.
05:07Il ne va pas réattirer des usines, comme on a parlé de Sanofi tout à l'heure, on pourrait parler d'Apple.
05:12Mais il ne va pas, croyez-vous, réattirer des usines sur le sol américain avec ses droits de douane.
05:17Vous, vous n'allez pas augmenter la taille de vos usines ou en créer de nouvelles ?
05:21Donc, d'abord, il y a un vrai problème.
05:23C'est-à-dire que si rien n'est fait, si personne ne prend de décision, dans 15 ans, la Chine, c'est la moitié de l'industrie mondiale.
05:30On va parler de la Chine, mais dites-moi sur les Etats-Unis.
05:32Si on veut ne pas désindustrialiser, si on veut réindustrialiser, il faut faire quelque chose.
05:37Est-ce que les droits de douane sont la meilleure solution ?
05:39Nous, nous pensons que non.
05:40Je pense que non.
05:40Parce que ça crée de l'instabilité, parce que ça change tous les jours.
05:43Vous l'avez dit, on ne peut pas prendre des décisions d'investissement sur la base d'un droit de douane qui est instable.
05:49Donc, il faut travailler sur quelque chose qui est un outil qui est plus performant.
05:53Et l'outil que je défends, l'outil que j'explique aux politiques, j'étais à la Commission européenne un certain nombre de fois, c'est le contenu régional.
06:00Ça veut dire que, je vais prendre l'exemple de l'Europe.
06:05L'Europe est très industrialisée aujourd'hui en termes d'automobiles.
06:08L'Europe exporte des voitures.
06:11Mais il y a un risque de désindustrialisation au profit de la Chine.
06:15Donc, pour défendre l'industrie automobile européenne, il faut qu'une voiture qui est vendue en Europe soit assemblée en Europe et un contenu européen minimum.
06:30Dites-nous, ça existe ailleurs ?
06:31Ça existe, justement, en Amérique du Nord.
06:34L'Amérique du Nord vient de le mettre en place.
06:36C'est une voiture qui est assemblée en Amérique du Nord.
06:38Elle doit avoir 75% de contenu régional.
06:42Et là, vous embarquez, bien sûr le constructeur, mais vous comprenez bien que vous embarquez tous les équipementiers.
06:46C'est votre souci, si on met des droits de douane.
06:48Les équipementiers, vous embarquez l'acier, vous embarquez l'aluminium.
06:51L'Inde est en train de le faire et est en train de décider que 80% d'une voiture qui sera vendue en Inde devra être indienne.
07:00Toutes les régions du monde sont en train de le faire.
07:03Parce que l'industrie automobile, c'est très important en termes d'emploi en Europe.
07:06C'est 13 millions d'emplois.
07:06Et là, vous êtes écouté.
07:07Alors, c'est votre plaidoyer.
07:09Est-ce que vous êtes écouté ?
07:10Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez d'autres équipementiers qui vous suivent ?
07:13Et vous n'avez toujours pas répondu à ma question.
07:14Est-ce que vous croyez que Trump va réattirer des usines avec sa politique ?
07:17C'est ce qu'on entend.
07:19Nous, nos usines, si vous voulez, ne sont pas sur roulette.
07:21Aujourd'hui, elles sont principalement au Mexique.
07:23Elles sont relativement peu nombreuses aux Etats-Unis, même si on en a.
07:26On va attendre de voir ce qui se passe dans les prochaines semaines.
07:31Quels vont être les droits douanes pérennes, stables.
07:34Donc oui, je pense qu'il attirera un certain nombre d'industriels
07:38pour réindustrialiser l'Amérique du Nord.
07:41Pour que la part de marché que les Etats-Unis ont perdue en 25 ans, qu'ils la regagnent.
07:46Mais c'est un combat que l'Europe doit mener.
07:48C'est un combat que le Japon va mener.
07:49C'est un combat que toutes les zones géographiques doivent mener
07:53pour faire en sorte qu'on ne se retrouve pas avec une Chine qui représente aujourd'hui un tiers
07:57et demain la moitié de l'industrie mondiale.
08:00Ce n'est pas tenable.
08:02Est-ce que la proposition des patrons de Stellantis et de Renault,
08:05c'était dans le Financial Times encore cette semaine,
08:07de faire une réglementation européenne différente pour les petites voitures,
08:10c'est une piste intéressante ?
08:13Alors, est-ce que c'est une piste intéressante ?
08:16Il y a certainement des choses à faire sur les normes.
08:18Mais est-ce qu'on veut revenir à 1972 où il y avait 18 000 morts sur les routes en France ?
08:23C'est de ça qu'il s'agit ?
08:24C'est de ça qu'il s'agit en partie.
08:28Les normes, ce n'est pas du gadget.
08:30Les normes, c'est pour que la voiture soit moins polluante,
08:32c'est pour que la voiture soit plus sûre.
08:35L'industrie automobile a fait un progrès considérable
08:37sur une période longue pour diminuer la mortalité.
08:41On est passé 18 000 morts, c'était le pic en 1972.
08:43En France, on est à 3 000 morts aujourd'hui parce qu'il y a eu les ceintures de sécurité,
08:48il y a eu l'ABS, il y a eu les airbags.
08:50Et il y a eu ce que fait Valeo, c'est-à-dire le freinage d'urgence, l'évitement d'obstacles.
08:54Toutes ces technologies qui permettent de rendre la voiture plus sûre.
08:57Est-ce qu'il faut revenir en arrière ? Je ne crois pas.
08:59D'ailleurs, Renault et St-Anti se font se retrouver face à une compétition chinoise
09:03avec des voitures qui sont bourrées de technologies.
09:06Et Valeo, c'est un champion technologique.
09:08Donc, je ne vais pas du tout défendre, surtout dans ce studio,
09:13je ne vais pas défendre que l'avenir n'est pas la technologie.
09:16L'usine Valeo de la Suisse sur Sarthe, ça c'est le site que vous êtes en train de fermer.
09:19Vous avez une vingtaine de sites en France. Est-ce qu'il y en a d'autres en danger ?
09:23L'emploi, ce n'est pas une donnée. L'emploi, c'est la conséquence.
09:28C'est la conséquence de, est-ce que l'entreprise est suffisamment innovante ?
09:31Est-ce qu'elle prend sa part dans les produits de demain ?
09:34La réponse pour Valeo, c'est oui, on est innovant, vous le savez.
09:37C'est la conséquence du marché.
09:40Je rappelle que le marché automobile européen, c'est le seul marché mondial
09:43qui n'a pas retrouvé ses volumes d'avant.
09:45C'était 21 millions de voitures par an, c'est maintenant 16 millions de voitures.
09:50Donc, le marché mondial, il a baissé de...
09:52Le marché européen, il a baissé de 20%.
09:56Donc, c'est ça. Et de la compétitivité.
09:59Donc, d'autres sites en danger, c'est ma question, vous le dites.
10:03Aujourd'hui, non. Mais je ne peux rien garantir.
10:06Nous, on est...
10:08On ne fait pas Choose France demain, on fait Choose France tous les jours.
10:13Voilà. Ça fait 20 ans, 30 ans, 100 ans qu'on fait Choose France.
10:17On a 80% de notre innovation en France.
10:20Je vais vous donner un autre chiffre très important.
10:22Vous avez la production automobile en France, la production de voitures.
10:25Alors, en 20 ans, elle a baissé de 2.
10:28Il y avait 3,5 millions de voitures produites en France il y a 20 ans.
10:31Aujourd'hui, c'est 1,6 millions. C'est la moitié.
10:33Valeo a gardé ses usines.
10:36Valeo a gardé ses usines.
10:36Donc, il y a des solutions. Mais il faut être compétitif.
10:39Christophe Perilla, le directeur général de Valeo.
10:42Merci d'avoir accepté l'invitation dans N'arrête pas l'écho.
10:44Merci à vous.
10:44Merci à vous.

Recommandations