Dominique Lamort

ici Normandie (Calvados - Orne)

Clap de fin pour la pêche à la coquille Saint Jacques. La saison se termine officiellement ce soir à minuit. Au moment de dresser un bilan, le sentiment est contrasté : les quantités de coquilles disponibles ont atteint des records mais les prix payés aux pêcheurs restent trop bas.

Transcript

00:00Actu locale, musique et bonne humeur.

00:037h45, Didier Charpin, bonjour.

00:05Bonjour François, bonjour à tous.

00:07Notre invité ce matin, Dominique Lamort, chargé de Mission Qualité Durabilité à Normandie-Fraîcheur-Mère.

00:12Bonjour Dominique Lamort.

00:14Bonjour.

00:15Alors c'est aujourd'hui la fin de la pêche à la coquille Saint-Jacques.

00:18La bête de Seine a été fermée depuis quelques semaines, on parle de la pêche au large.

00:22Globalement, cette saison, comment on peut la qualifier ? Elle a été bonne, moyenne ?

00:26Oui, alors c'est vrai que la pêche ferme ce soir, partout en France et notamment en Normandie, à minuit.

00:32Une saison, comment dire, un peu contrastée.

00:36C'est-à-dire qu'en termes de ressources, la coquille Saint-Jacques est là, c'est clair et net.

00:39En quantité, on va des records ?

00:41Alors, on n'a pas encore tous les chiffres, évidemment.

00:43Mais on est certain qu'on est quand même sur une superbe année encore en termes de quantité.

00:49En termes de valorisation, c'est-à-dire en termes de prix moyen, là c'est un peu plus problématique.

00:54Donc, depuis 2-3 années, ça baisse un peu et notamment en deuxième partie de saison, c'est-à-dire après les fêtes.

00:59La consommation est importante avant les fêtes, donc avec des prix qui sont soutenus.

01:03Mais pour les pêcheurs, c'est un peu plus compliqué dans cette deuxième partie de saison.

01:06Ça donne quoi au final, au moment de dresser le bilan ? Le prix moyen au kilo ?

01:12Alors, quand on parle de prix moyen, c'est toujours compliqué.

01:14C'est la ménagère de moins de 50 ans qui est à Caen ou celle qui est à Nice, ouvre le prix vendu au pêcheur.

01:21Ce n'est pas la même chose.

01:22Il faut bien considérer que le prix payé au pêcheur, ce n'est pas ce que vous, vous allez payer.

01:27Mais il est clair et net que par rapport à l'année dernière, on va sans doute perdre 10-15%

01:31et on va être en dessous des 3 euros de prix moyen.

01:333 euros le kilo payé au pêcheur.

01:37Sur 30 ans, est-ce que le tarif, quand on fait une conversion avec le prix de retrait en francs,

01:42ça paraît vieux, on était à quoi ? Même pas 20 francs à l'époque ?

01:463 euros, c'est quasi identique.

01:48La coquille ne rapporte pas plus aujourd'hui qu'il y a 30 ans.

01:50Oui, tout à fait.

01:51Pour les moins de 20 ans, ça ne leur parlera peut-être pas vraiment.

01:54Mais pour nous qui sommes légèrement plus âgés, il est clair et net que le franc, ça nous parle.

01:58Et moi, quand je suis arrivé à Port-en-Bessin, maintenant en 2000,

02:02le prix moyen de la coquille Saint-Jacques à Port-en-Bessin, c'était pas loin de 24 francs.

02:06C'est-à-dire que ça fait quelques euros quand même.

02:08Cette année, je vous dis, on sera en dessous des 3 euros.

02:11Mais alors, est-ce que les pêcheurs peuvent vivre ?

02:12Est-ce que c'est rentable pour eux de sortir d'aller pêcher la coquille ?

02:15Alors, pêcher la coquille, oui, ça reste rentable.

02:17Parce que la ressource est là.

02:18Et parce qu'on va la chercher moins loin, on pêche moins longtemps.

02:21Toutes les mesures de gestion qui ont été mises en place depuis des années

02:24font que la coquille est là.

02:26Le prix n'est peut-être pas là, mais le chiffre d'affaires est là.

02:27Par contre, la problématique, ce sont les autres espèces.

02:30Et là, pour certaines espèces importantes pour la Normandie,

02:32comme la sole ou le macro,

02:35on se rend compte qu'il y a des problèmes de ressources sur la sole.

02:38Et pour le macro, c'est les problèmes de quotas.

02:39Donc là, c'est compliqué de vivre d'autres choses que de la coquille Saint-Jacques.

02:447h48, notre invité, Dominique Lamor, chargé de mission qualité-durabilité à Normandie, fraîcheur-mer.

02:49Une question simple.

02:50Comment cette coquille pourrait rapporter davantage aux pêcheurs ?

02:53Quelles seraient les mesures qu'il faudrait envisager ?

02:56Alors, question simple, réponse simple.

02:59Eh bien, une consommation accrue.

03:00Il faut savoir que jusqu'aux fêtes, la consommation était importante.

03:03Après les fêtes, les gens oublient, peut-être un tant soit peu,

03:06que la coquille Saint-Jacques, elle est encore là, elle est encore présente.

03:09Et à mon avis, elle est encore très très bonne.

03:10Janvier-février, pour moi, c'est le moment où elle est la meilleure.

03:13Le souci, c'est qu'on empêche beaucoup,

03:15que la consommation a aussi augmenté,

03:17mais qu'on a quand même quelques margoulins,

03:20quelques commerçants,

03:21je n'ai pas de nom à citer, bien évidemment,

03:23mais qui vont préférer toujours travailler avec de la coquille écossaise,

03:27de la noix écossaise,

03:27plutôt qu'avec de la noix française.

03:29Et ça, ce n'est pas très bien.

03:31Je dirais qu'il vaut mieux une bonne normande congelée

03:34qu'une écossaise mal trempée.

03:35Faites-vous plaisir cet été,

03:37vous allez trouver encore de la coquille Saint-Jacques.

03:39Normande congelée, faites-vous plaisir avec celle-ci.

03:41Vous ne voulez pas donner de nom,

03:42mais est-ce que vous visez la grande distribution ?

03:44Oh, tout de suite les grands mots.

03:46J'ai rien dit.

03:46D'accord, mais en tout cas, vous n'affirmez pas.

03:50Est-ce qu'à cette coquille,

03:52on parvient à l'exporter au-delà de la Normandie,

03:54ailleurs en France et même ailleurs en Europe,

03:57voire au-delà ?

03:57Alors bien sûr, la coquille normande,

03:59il faut savoir que la coquille normande,

04:01la Normandie, c'est la zone de production

04:04la plus importante dans le monde

04:05en termes de coquilles Saint-Jacques.

04:07Mais on sait la vendre ailleurs ?

04:08Alors, on la vend partout en France.

04:10On la vend aussi dans les pays du Sud,

04:13c'est-à-dire Espagne et Italie.

04:15Oui, on arrive à en vendre un petit peu aussi à l'export,

04:19mais ce n'est pas suffisant

04:20pour écouler toute la coquille Saint-Jacques que l'on pêche,

04:23parce qu'il y en a vraiment beaucoup.

04:25Il y aurait des efforts à faire à l'export ?

04:27Sans doute, sans doute.

04:29Après, je ne sais pas, il faut demander à M. Trump,

04:31il a l'air d'être assez bon pour développer des marchés à droite à gauche.

04:34Bon, Trump ne dirige qu'un seul pays,

04:36même si les grands, les Etats-Unis,

04:37mais est-ce que des pays du Golfe, par exemple,

04:39qui aiment les produits de luxe,

04:41il y aurait moyen d'aller prendre des parts de marché là-bas ?

04:43Oui, sans doute,

04:44mais ça restera quand même des petits marchés de niche.

04:47Alors, peut-être aussi le marché asiatique,

04:48c'est clair et net.

04:49Je pense qu'il y a des solutions.

04:51Il faut les trouver, il faut les mettre en application,

04:54mais ça serait dommage de ne pas arriver à valoriser

04:55notre magnifique coquille Saint-Jacques de Normandie.

04:58Et donc, cette coquille,

04:59elle sera toujours disponible

05:01si on la met de côté au congélateur.

05:03Elle arrive en tout cas pour les dernières pêches aujourd'hui.

05:06C'est ce qu'on retient.

05:07Merci beaucoup Dominique Lamor,

05:09chargée de mission qualité et durabilité à Normandie.

05:12Fraîcheur-mer, invité ce matin, ici Normandie.

05:14Bonne journée.

05:15Merci.

05:15Bon vent, Balmer.

05:16Une bonne Normande congélée

05:18au lieu d'une cossesse bien trempée.

05:20Merci Dominique.

05:22Ici Normandie.

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