00:00Allez, il est d'heure de retrouver Alexandre Devecchio du Figaro pour son édito.
00:06Bonjour Alexandre.
00:06Bonjour Lénaïque, bonjour à tous.
00:08On part outre-manche, alors pas pour parler du prince Harry qui vous aura biboché avec papa,
00:12mais parce que le parti populiste Réforme UK a remporté des élections partielles dans le nord-ouest de l'Angleterre
00:17et en plus de cette victoire, les premiers résultats des municipales annoncent que Réforme UK a remporté une dizaine déjà de sièges d'élus locaux.
00:25C'est une victoire pour le chef de file Nigel Farage.
00:28On va peut-être rappeler qui il est d'ailleurs, Alexandre Devecchio d'abord ?
00:31Oui, rappelons aux Français qu'ils connaissent mal, qui est Nigel Farage ?
00:34Le fondateur du parti euroceptique UKIP a bâti sa légende en sillonnant les pubs, cigarettes au bec et pintes à la main,
00:41mais aussi avec ses coups de gueule tonitruants au Parlement européen.
00:44Le plus célèbre d'entre eux, qui continue de circuler sur Internet,
00:48est celui qu'il a poussé contre l'ancien président de l'UE, Hermann von Rompuy.
00:52Je ne veux pas être impoli, mais vraiment vous avez le charisme d'une serpillière humide
00:56et l'apparence d'un petit employé de banque lui lance-t-il en pleine session à Bruxelles.
01:01Sans le parler vrai de Nigel Farage, il n'y aurait sans doute jamais eu de Brexit.
01:06Plus encore que Boris Johnson, il a été la grande figure de la campagne référendaire.
01:10Mais lorsque l'ancien maire de Londres est apparu en passe de gagner les législatives,
01:13Farage s'est retiré en sa faveur.
01:16Aujourd'hui, alors que plus personne ne représente le camp souverainiste au sein du parti conservateur,
01:21Farage fait un comeback fracassant, au point d'être en passe de bousculer le traditionnel bipartisme
01:27qui a pourtant dominé la vie politique britannique depuis un siècle.
01:30On peut donc effectivement parler de victoire de Farage,
01:33mais aussi de défaite historique pour le camp travailliste comme pour le camp conservateur.
01:37Qu'est-ce qui vous pousse à dire ça Alexandre ?
01:39Parce qu'un an seulement après sa victoire aux élections générales,
01:42le Labour semble déjà très affaibli.
01:44Si la gauche a gagné par défaut il y a un an,
01:46elle apparaît toujours incapable de s'adresser aux classes moyennes et populaires.
01:50Mais la défaite la plus cinglante concerne peut-être le parti conservateur
01:54qui est le plus menacé par la percée de réformes UK.
01:58Beaucoup de commentateurs ont affirmé que les Britanniques regrettaient leur vote en faveur du Brexit
02:02et que c'était ce qui expliquait la défaite des conservateurs.
02:05Le retour de Farage montre tout le contraire.
02:07C'est parce qu'ils n'ont pas tenu les promesses du Brexit,
02:09notamment en matière de réduction des flux migratoires et de protectionnisme économique,
02:13que les conservateurs ont été balayés.
02:16Farage a d'ailleurs réussi à réunir autour de lui la coalition électorale
02:20qui avait fait gagner le Brexit, puis Boris Johnson,
02:22c'est-à-dire l'alliance entre la bourgeoisie patriote et les classes populaires.
02:26Alors Alexandre, est-ce que la situation de la Grande-Bretagne est comparable à celle d'autres pays occidentaux ?
02:30Oui, elle témoigne de l'affaiblissement des partis traditionnels au profit de nouveaux mouvements dits populistes portés par les perdants de la mondialisation.
02:38Pour les partis classiques de gauche comme de droite, il est désormais difficile de survivre,
02:42sans nouer d'alliances avec des partis plus radicaux ou sans se réformer en profondeur.
02:47Un rapport récent du Tony Blair Institute ne disait pas autre chose.
02:51Les partis traditionnels sont placés devant un choix crucial,
02:55perturber ou être perturbé.
02:57Autrement dit, opérer des changements radicaux pour répondre aux attentes des électeurs ou disparaître.