00:00Europe 1, Pascal Praud et vous, 11h17 sur Europe 1, vous êtes bien avec Pascal Praud et les boulangeries.
00:05Certaines boulangeries resteront fermées aujourd'hui en ce 1er mai Pascal et on en parle.
00:08Nous sommes d'accord, on va être avec Frédéric Roi, Frédéric Roi qui est boulanger à Nice,
00:14cofondateur du collectif pour la survie des boulangeries et l'artisanat,
00:18deux employés travaillés avec lui et sa femme aujourd'hui.
00:20Avant cela, je voudrais d'abord remercier vraiment Olivier Guenet qui est venu avec du muguet pour vous ce matin.
00:25Je l'attendais, je n'ai pas vu ce muguet.
00:27On n'en a pas trouvé ce matin, bien sûr, il y en a partout dans la rue.
00:30Vous en avez vu partout dans la rue.
00:32Vous êtes un goujat.
00:33Quoi ?
00:34Non mais vous en avez vu dans un goujat ?
00:36Vous avez croisé des vendeurs ?
00:37On apporte des...
00:38Mais Pascal, quand vous avez pris le métro ce matin, vous avez croisé par exemple des vendeurs dans la rue, etc.
00:43Je n'ai pas pris le métro ce matin, cher ami.
00:46Mais en revanche, à l'heure à laquelle je suis arrivé, moi j'ai une excuse.
00:50Parce qu'il n'y avait pas de vendeur et pourtant j'ai fait tout Paris.
00:54Mais il n'était pas encore installé.
00:56Mais quel monde !
00:57Parce que je me suis levé tôt.
00:59Et à 5h du matin, ce matin, je suis allé un peu partout, à Notre-Dame, à Montmartre, partout.
01:04Et il n'y avait pas de vendeur à la sauvette.
01:07Bon bah je vous en prends demain, promis, avec plaisir.
01:09Demain, oui mais demain, c'est pas...
01:10C'est aujourd'hui le muguet !
01:12Ça va, ça va, pardonnez-moi !
01:14Des boulangeries resteront fermées car les patrons peuvent travailler mais pas les employer.
01:19Sinon, les propriétaires risquent une amende de 750 euros par salarié, 1500 euros par apprenti mineur.
01:26Et c'est parfaitement absurde.
01:30Une proposition de loi de sénateur a été déposée pour adapter le droit en réalité des Français.
01:35Êtes-vous heureux au travail ? D'ailleurs, c'est une question qu'on pose.
01:387 Français sur 10 sont plutôt satisfaits de leur vie professionnelle.
01:41Et 1 Français sur 3 considèrent qu'ils travaillent trop.
01:45Je vous propose d'écouter Nicolas Sarkozy et François Bayrou.
01:49C'était à quelques années de distance mais c'est toujours finalement la même entienne.
01:55On ne travaille pas assez.
01:56Le problème français, mesdames et messieurs, est très simple.
02:00On ne travaille pas assez.
02:02On ne travaille pas assez dans la semaine.
02:04On ne travaille pas assez dans la vie.
02:06On ne travaille pas assez dans le service public.
02:07Et comme dans le privé, on a vu les 35 heures et le télétravail,
02:12qui est de la télé et pas du travail.
02:13Le taux d'emploi des jeunes Français est beaucoup plus faible que chez nos voisins européens.
02:19Et le taux d'emploi des seniors est aussi plus faible que chez nos voisins européens.
02:23Nous ne produisons pas assez et nous ne travaillons pas assez.
02:27Bon, c'est les mêmes mots mais manifestement les Français là-dessus, ils ne veulent rien entendre.
02:31Écoutez, Marie-Lise Léon qui est secrétaire générale de la CFDT,
02:35elle était ce matin sur TF1.
02:37Le 1er mai, c'est la fête des travailleurs et des travailleuses
02:40et que ça doit être un moment de pause dans l'année.
02:44Un des rares jours où, pour tout le monde, ça doit être le cas.
02:48Et moi, ce qui m'agace en fait avec cette proposition de loi,
02:52c'est que personne n'est allé voir les travailleuses, les travailleuses.
02:55On voit beaucoup de reportages où on voit des patrons fleuristes
02:57qui vont...
02:58Mais justement, ces salariés, que leur dites-vous à ceux qui ont un pouvoir d'achat limité ?
03:01Quand on va à leur rencontre, ils disent oui, pouvoir d'achat,
03:04sauf que c'est un jour particulier et qu'ils nous disent,
03:06nous, on aimerait bien qu'on parle de beaucoup d'autres choses en fait.
03:08Sauf que Marie-Lise Léon, elle était ce matin sur un plateau de télévision
03:14où précisément des gens travaillaient pour qu'elle puisse dire ce qu'elle dit.
03:18Et de la même manière, nous, nous travaillons.
03:20Donc tout ça, en fait, c'est toujours la même discussion.
03:24Il faut laisser libre les uns et les autres.
03:28S'ils veulent travailler, ils travaillent.
03:29S'ils ne veulent pas travailler, ils ne travaillent pas.
03:31Madame Binet, de la CGT, elle était sur LCI dimanche.
03:35Que dit-elle ?
03:36Pas question.
03:36Il y a 364 autres jours pour ouvrir.
03:40Je rappelle que le 1er mai, les patrons peuvent travailler s'ils le souhaitent.
03:44Mais pour les travailleurs et les travailleuses, c'est férié, c'est chômé.
03:46On sait survivre un jour sans avoir sa baguette de pain le cas échéant.
03:51Mais il y a beaucoup de gens qui aimeraient travailler le 1er mai.
03:54Pour une raison simple, c'est que c'est payé double.
03:56Donc c'est aussi très attractif.
03:59Donc dans des boulangeries, je pense que des jeunes gens seraient bien contents d'être payés double.
04:04Dominique Enracht, c'est le président de la Confédération Nationale de la Boulangerie.
04:08Il était l'invité de Dimitri Pavlenko ce matin sur Europe.
04:12Écoutez-le.
04:12Ce n'est pas Madame Binet qui commande.
04:14Il y a des salariés qui veulent quand même travailler pour être payés double.
04:18C'est quand même dans le pouvoir d'achat, c'est important.
04:20Il se passera que 35 000 boulangeries fermeront le 1er mai.
04:23C'est quand même 70 à 80 millions d'euros de chiffre d'affaires.
04:26De la TVA, pareil pour les salariés qui eux n'auront pas une journée pays double.
04:31Et puis des fermetures, 200 fermetures de boulangeries par mois.
04:35Et 250 à peu près ouvertures.
04:37Il y a des chaînes mais pas que.
04:39Il y a aussi des artisans qui se réinstallent.
04:40Il y a 35 000 boulangeries en France, je vous l'avais dit.
04:43Il y en a 200 qui ferment chaque mois.
04:44Tout à fait.
04:45C'est un rythme d'extinction là.
04:47Pas un rythme d'extinction parce qu'il y a des créations.
04:50Ce qui est extraordinaire, c'est que vous avez des hommes politiques qui disent qu'on ne travaille pas assez mais qui ne changent pas la loi pour qu'on travaille plus.
04:57Donc c'est assez étrange.
05:00Et nous sommes avec Frédéric Roy qui est boulanger à Nice, qui est cofondateur du collectif pour la survie des boulangeries et artisanat.
05:09Et vous, vous êtes en train de travailler, M. Roy.
05:11Bonjour.
05:12Bonjour Pascal Praud.
05:14Absolument.
05:14On est en train de faire le nettoyage.
05:16On est en fin de journée.
05:17On a pris ce matin à 3 heures.
05:19La maison ouvrière est en train de se changer.
05:21Ça y est, il rentre à la maison.
05:23Oui, mais la boulangerie n'est pas fermée.
05:25Non, non, non, pas encore.
05:27Pas encore.
05:28On va fermer à 13 heures.
05:29Comme tous les jours fériés, on ferme à 13 heures.
05:32Ah, vous n'êtes pas ouvert cet après-midi ?
05:34Non, non, jamais les jours fériés.
05:35Le dimanche, les jours fériés, on ferme toujours à 13 heures.
05:38Le dimanche également.
05:38Alors, vous êtes, je crois, en train de travailler aujourd'hui avec deux employés.
05:46C'est-à-dire que vous contredisez à la loi.
05:49Je m'en fous.
05:50Royalement, quand une loi est vraiment débile à ce point de marcher sur la tête,
05:55il arrive un moment où il faut passer outre.
05:56Je vous explique pourquoi.
05:58Ça fait 38 ans que je fais ce métier.
06:00Ça fait 38 ans que je travaille le 1er mai.
06:02Je travaillais le 1er mai en tant qu'ouvrier.
06:03Je travaille le 1er mai en tant que patron.
06:06Juste depuis 1986, on a le droit de travailler parce que Martine Aubry a signé une pseudo-autorisation,
06:14une exception, on va dire, avec le syndicat des boulangers de l'époque.
06:17Et ce gouvernement a décidé que cette exception était devenue obsolète.
06:22Ce qui fait qu'en fait, depuis l'année dernière, on n'a plus le droit de travailler.
06:25Je ne le savais même pas, moi, puisque personne n'était au courant.
06:28Et c'est pour ça qu'ils ont allumé 5 boulangers de Vendée l'année dernière.
06:32Et donc, on ne demande pas à créer un jour de travail.
06:36En plus, on veut juste continuer à travailler comme on l'a toujours fait,
06:40dans les mêmes conditions, avec nos salariés sur le volontariat, qui sont payés double.
06:45Et puis, c'est tout.
06:46On veut juste continuer ce qui existait déjà.
06:48On ne veut pas créer quelque chose de nouveau.
06:50Madame Binet, qui nous dit qu'on a 364 autres jours pour travailler,
06:55ça lui va bien de dire ça, elle, c'est les 364 où elle ne fait rien,
06:59puisqu'elle ne travaille que le 1er mai pour manifester.
07:02Donc, il faut arrêter la bêtise à un moment donné, quoi.
07:04Je veux dire, moi, j'en peux plus, je deviens faux.
07:06Vous savez, on a échangé ensemble, Pascal Pro, il y a un mois,
07:09sur la taxe sur les emballages.
07:12Je vous ai dit ce jour-là, Pascal Pro, en ce moment, tous les mois ou tous les deux mois,
07:18on nous sort une nouvelle connerie.
07:19Ça vous a fait rire ?
07:20Vous voyez, un mois après, on est au téléphone.
07:22Maintenant, c'est le 1er mai.
07:23C'est quoi la prochaine ?
07:24C'est le 15 août ?
07:25On était tout à l'heure avec Jean-François Bandet,
07:29qui est sur l'antenne de CNews,
07:30qui est le patron des boulangeries artisanales Beauhémy.
07:33Et lui, il avait été convoqué au commissariat
07:35après un contrôle de l'inspection du travail le 1er mai 2021,
07:39donc il y a 4 ans.
07:41Il y a une lettre de convocation qui lui a été envoyée
07:44le 23 avril de cette année,
07:46soit 4 ans après l'ouverture de la boulangerie,
07:49et on lui réclamait 80 000 euros.
07:5280 000 euros parce qu'il avait ouvert le 1er mai.
07:54C'était un inspecteur du travail.
07:58Et l'inspecteur proposait aussi 10 000 euros
08:02s'il payait tout de suite.
08:03Donc, il y a une sorte de marchandage comme ça
08:05qui était mis en place.
08:06Et il nous racontait ça tout à l'heure.
08:09C'est vrai qu'on est sidérés par cette administration française
08:17sur un sujet comme celui-là.
08:19D'autant que je crois qu'il y a des super-êtes
08:22qui sont ouvertes à côté de chez vous
08:25et qui vendent du pain.
08:26Bien sûr, même pire que ça,
08:28c'est que certaines chaînes de boulangerie ouvrent
08:30et elles ont le droit, vous savez pourquoi ?
08:32Il y a de très grosses boulangeries
08:33et de très nombreuses chaînes
08:35qui n'ont pas le même code APE.
08:37Ça, c'est notre code qu'on a d'enregistrer
08:39à la Chambre de commerce.
08:41Eux, ils s'inscrivent en tant que restauration rapide.
08:43À partir de là, ils ont le droit d'ouvrir
08:45puisque les restaurants ont le droit d'ouvrir.
08:47Mais ce sont des boulangeries,
08:48des chaînes de boulangerie.
08:49C'est là qu'on peut parler de concurrence déloyale
08:53et que ça me fait bouillir à l'intérieur.
08:55Vous n'imaginez pas à quel point
08:57les marchands de glace peuvent ouvrir,
09:00les restaurants peuvent ouvrir.
09:01Ça fait 3 000 ans qu'on mange du pain.
09:03On va nous dire non, non, vous les boulangers,
09:04vous n'êtes pas essentiels.
09:05Mais par contre, on risquait nos vies
09:07au contact des clients malades
09:08pendant le Covid.
09:09Ça ne dérangeait personne.
09:11Le président a même dit
09:11qu'on était des commerces essentiels.
09:13Mais le 1er mai, on n'est plus essentiels.
09:15Merci.
09:16Merci beaucoup, cher Frédéric Roy.
09:18Vous êtes boulanger à Nice.
09:19J'imagine qu'il fait beau à Nice aujourd'hui.
09:21Il fait très beau.
09:21Il fait super beau.
09:22Il fait très chaud.
09:23Il fait 28 degrés.
09:24Oui, mais bon, ne faites pas le malin
09:25parce qu'il fait plus beau à Paris aujourd'hui.
09:27Oui, mais sauf que vous,
09:29la semaine prochaine, il fera 15.
09:31Attendez, soyez aimable.
09:33Il ne fera pas 15 du tout.
09:35Si les températures vont baisser ce week-end.
09:37Mais non, mais...
09:38Tant mieux.
09:39Pourquoi tant mieux ?
09:39J'ai trop chaud, moi.
09:40Je n'aime pas la chaleur.
09:41La chaleur parisienne, oui.
09:42Ça me rend malade.
09:44Bon, écoutez,
09:45alors faites devenir un médecin.
09:46Excusez-moi.
09:47Faites devenir un médecin pour Géraldine.
09:49Elle est où votre fille, là, le 1er mai ?
09:51Alors là, elle est chez une copine pour travailler.