L'édito de Jules Torres: «Quand la mort du pape rallume l'espoir de la paix»

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27/04/2025

Dans son édito du 27/04/2025, Jules Torres revient sur l'échange entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky en marge des funérailles du pape François.

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00:00Eh bien qu'au Vatican, la cérémonie des morts a laissé la place au théâtre des vivants.

00:04La scène était irréaliste, surréaliste sous la coupole de Saint-Pierre.

00:09Dans la lumière vacillante des cierges et l'ombre des fresques du Bernin,

00:12tout devait être silence, recueillement à Dieu.

00:15À la place, une autre scène a surgi.

00:17Autour du cercueil du pape François, en quelques minutes,

00:20les chefs d'État les plus puissants du monde se sont improvisés à un sommet.

00:24Donald Trump et Volodymyr Zelensky, deux hommes que tout oppose,

00:27se sont retrouvés face à face, assis sur des chaises brinque-ballantes,

00:30loin des images du clash brutal de la maison ovale en février dernier.

00:34Ici, ce devait être une messe funèbre.

00:36Ce fut un huis clos diplomatique à l'ombre des voûtes de Saint-Pierre.

00:40Le contraste était saisissant.

00:41À quelques mètres de la dépouille pontificale, on négociait déjà l'avenir du monde.

00:46Pas dans des salles de conférences aseptisées, pas dans des palaces feutrées,

00:49mais sur des dalles froides du plus grand sanctuaire catholique.

00:52Comme si, face à la mort d'un pape, la vie reprenait ses droits,

00:55brutalement, avec ses calculs, ses manœuvres, ses jeux d'ombre et de lumière.

00:59Hier au Vatican, la religion a laissé place à la géopolitique,

01:02l'éternité à l'urgence, la paix du Christ à la diplomatie des vivants.

01:06Comme si le dernier miracle du pape François avait été d'arracher

01:09au pied de son cercueil, quelques bribes d'espérance pour un monde en guerre.

01:14C'est vrai que ces images sont à peine croyables.

01:16Il y a des deux chaises qui se font face dans l'immensité du lieu.

01:19Que se sont-ils vraiment dit, Jules, puisqu'il n'y avait pas de micro ?

01:22Bon, sur les dalles du Vatican, il n'y a pas eu de grandes déclarations

01:25ni d'accords signés, mais il y a eu l'essentiel.

01:27Il y a eu des regards, des frémissements, des gestes lourds de sens.

01:30Dans ce théâtre improvisé, chacun a avancé ses pions,

01:33sans protocole, sans traducteur officiel,

01:35mais avec la conscience aiguë que tout pouvait basculer.

01:39Donald Trump, d'abord, lui qui depuis des mois cultivait l'ambiguïté

01:42avec Moscou, a écouté Volodymyr Zelensky.

01:44Et c'est peut-être ça le premier renseignement.

01:47Volodymyr Zelensky a compris qu'il fallait saisir cet instant unique

01:50pour ouvrir le dialogue.

01:51Alors, il n'a pas fait de grandes phrases, pas de grandes promesses,

01:53mais un message qu'Yves est prêt à un cessez-le-feu

01:56s'il trouve des alliés capables d'imposer la paix.

01:59Et puis, il y a eu cette phrase lâchée par Donald Trump

02:03dans l'avion du retour qui a surpris tout le monde.

02:05« Peut-être que Poutine ne veut pas arrêter la guerre et qu'il me balade. »

02:08Paris gagnant, donc, pour Volodymyr Zelensky.

02:10Et puis, autour d'eux, il y avait Emmanuel Macron, évidemment,

02:12qui a cherché à relancer le rôle de l'Europe

02:14en multipliant les apartés et les poignées de miens.

02:17Il y avait également Keir Starmer, le discret Premier ministre britannique,

02:20qui a pesé chacun de ces mots.

02:22Ce n'était donc pas un sommet officiel,

02:24mais parfois, les vrais tournants ne naissent pas autour d'une table de négociation.

02:27Ils surgissent dans le flou à la faveur d'un hasard,

02:30d'une fatigue ou d'un recueillement brisé.

02:32Hier, donc, sous les fresques de Saint-Pierre,

02:33la diplomatie a été brute, directe et presque humaine.

02:36Alors, justement, ce sommet improvisé,

02:38est-ce qu'il peut faire partie de ces tournants qui peuvent changer le cours de la guerre ?

02:42C'est la question essentielle.

02:43Est-ce que tout cela peut vraiment changer quelque chose ?

02:45Peut-on croire qu'une poignée de mains est changée au pied d'un cercueil ?

02:48Quelques mots murmurés dans l'ombre d'une basilique

02:51suffiront à infléchir la trajectoire d'une guerre

02:53qui, depuis deux ans, broie tout sur son passage.

02:56La tentation est grande de s'enthousiasmer

02:57après des mois d'enlisement, des mois d'atermoiement

02:59et des dizaines de milliers de morts.

03:02Voir les protagonistes reparler de paix,

03:04même à voix basse, même dans le désordre,

03:06à quelque chose de saisissant.

03:08Sur le papier, c'était un début d'ouverture,

03:10mais dans les faits, la prudence s'impose.

03:12Parce que l'espoir est mince,

03:14la guerre, parfois, peut basculer,

03:16des offensives éclatantes que par des mouvements de plaques souterrains.

03:20Hier, sous la coupole de Saint-Pierre,

03:21quelque chose a peut-être bougé.

03:23Pas encore assez pour arrêter les combats,

03:25mais assez peut-être pour rouvrir une brèche.

03:27Et dans les conflits, les brèches, si minuscules soient-elles,

03:29finissent parfois par remporter des murailles.

03:32À Rome, hier, la peine n'a pas été signée,

03:34mais elle a peut-être recommencé à être pensée.

03:38Sous-titrage Société Radio-Canada

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