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  • il y a 3 jours
Le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins Yannick Neuder annonce ce vendredi sur France Inter que des mesures seront prises pour lutter contre les déserts médicaux. Elles seront annoncées "le 25 avril par le Premier ministre". Le ministre assure vouloir améliorer les conditions de travail à l'hôpital.

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end

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Transcription
00:00France Inter, Alibadou, le 6-9.
00:07Grand entretien ce matin en compagnie du ministre chargé de la Santé et de l'accès aux soins.
00:13Chers auditeurs, vos questions, vos réactions au 01 45 24 7000 ou sur l'application Radio France.
00:20Bonjour Yannick Noder.
00:22Bonjour.
00:22Et bienvenue de très nombreux sujets à évoquer avec vous ce matin dans l'actualité.
00:26Mais il y a aussi les préoccupations des citoyens, de ceux qui un jour ou l'autre ont affaire pour eux ou pour leurs proches à l'hôpital public, à des questions de santé.
00:35Vous êtes le ministre de la République qui reçoit le plus de courriers.
00:40Oui, ça témoigne que...
00:42C'est pas anecdotique.
00:42C'est pas anecdotique, effectivement.
00:45C'est un nombre extrêmement important de courriers.
00:49Essentiellement, beaucoup par les parlementaires qui ont beaucoup de questions dans leur circonscription, dans leur territoire.
00:55Donc, beaucoup de questions d'élus locaux, mais aussi beaucoup de patients.
00:59Voilà.
01:00Oui.
01:00Alors, on va rentrer dans le fond du sujet, puisqu'il y a de l'inquiétude et beaucoup de préoccupations autour du système de santé français.
01:08Hier, l'ensemble des chefs de file des syndicats représentatifs des médecins libéraux,
01:12appelés à une grève nationale illimitée de la permanence des soins à partir du 28 avril,
01:18à une mobilisation partout dans le pays, le 29.
01:22Un appel en réponse à l'adoption au début du mois d'un article d'une proposition de loi
01:26qui vise à réguler l'installation des médecins sur le territoire.
01:31C'est une vieille histoire, mais en clair, c'est un droit d'installation qui serait conditionné par l'Agence régionale de santé.
01:40Est-ce que vous comprenez leur colère ?
01:42Oui, je comprends la colère, notamment les plus jeunes, puisque les études de médecine restent quand même des études sélectives,
01:50restent des études longues, c'est un sacré engagement, c'est dix ans de sa vie,
01:55donc on ne peut pas forcément modifier les règles du jeu en cours.
02:00Mais d'un autre côté, il faut aussi entendre la grande détresse, le grand désarroi de notre population,
02:07d'une façon générale, ville ou campagne, qui a beaucoup de difficultés à se faire soigner.
02:13Mais alors, comment tenir en même temps la proposition de loi adoptée, et c'est assez rare, elle est transpartisane,
02:19plus de 250 députés co-signataires qui vont des Républicains à la France Insoumise,
02:24consensus relatif chez les parlementaires, mais vous, vous y opposez ?
02:28C'est-à-dire que, moi, ce que je souhaite, c'est surtout apporter une bonne solution
02:32pour pouvoir améliorer la prise en charge de la santé des Français.
02:36Alors, quelle régulation, justement, puisque c'est le mot qui est en vigueur ?
02:39Alors, c'est une bonne solution, c'est certainement pas de fracturer la communauté médicale.
02:45Je pense que la richesse, la principale richesse de notre système de santé,
02:48c'est justement sa communauté médicale, paramédicale, c'est ce qui permet de tenir,
02:52notamment, on l'a encore vu pendant la grippe, qui tient, de tenir face aux épidémies, face aux situations.
02:58Donc, l'idée, c'était tout le sens de la mission qui m'a été donnée par le gouvernement, par le Premier ministre,
03:03c'est un peu normal, je suis ministre de la Santé, de l'accès aux soins.
03:06C'est de pouvoir concerter, mais de façon très différente,
03:09avec, naturellement, les professionnels de santé, les élus locaux, les patients, les associations.
03:14C'est l'objet de toute cette concertation, avec des propositions qui seront faites le 25 avril par le Premier ministre.
03:20Concertation pour agir.
03:21Vous êtes le ministre de l'accès aux soins, et ça n'est pas anecdotique.
03:25Plus de 6 millions de Français sont 100 médecins traitants.
03:30470 000 malades chroniques, ce sont les chiffres de l'assurance maladie.
03:34C'est en moyenne 146 médecins généralistes qui prennent en charge 100 000 habitants.
03:39146 généralistes pour 100 000 habitants, avec des inégalités considérables sur l'ensemble du territoire.
03:47Il y a donc un vrai problème d'accès aux soins.
03:48Comment le résoudre, si ce n'est pas en obligeant, en contraignant les médecins à s'installer dans ce qu'on appelle les déserts médicaux ?
03:55Non, je ne souris pas. Je ne souris parce que je vais vous répondre.
03:59Non, non, la question est simple, mais la réponse est complexe.
04:03Parce qu'en fait, on ne règle pas, on ne gère pas une pénurie en régulant une pénurie.
04:08Régulez une pénurie, vous avez toujours une pénurie.
04:10En fait, on forme globalement actuellement le même nombre de médecins.
04:13C'est le Premier ministre lui-même qui emploie le mot de régulation.
04:16On forme actuellement le même nombre de médecins qu'en 1970.
04:20Nous étions 15 millions d'habitants en moins.
04:23La population a vieilli et surtout, il y a un facteur important que personne ne remet en cause.
04:28C'est le rapport au travail.
04:29Le rapport au travail a frappé tous les milieux professionnels.
04:32Le milieu de la santé aussi.
04:34Une fois qu'on a fait ce constat, pourquoi je ne suis pas favorable à la proposition de loi de régulation ?
04:41C'est que je pense que le remède est pire que le mal.
04:43Moi, l'objectif, ce n'est pas non plus de mettre une médecine à trois vitesses.
04:46C'est-à-dire que si un médecin ne veut pas s'installer dans telle zone,
04:49eh bien, ça pourra enclencher le fait qu'il arrête de pratiquer la médecine,
04:53qu'il arrête des honoraires conventionnés, qu'il fasse des honoraires libres, qu'il parte à l'étranger.
04:58Il y a vraiment une concurrence qui est européenne, internationale.
05:02Donc, ce qu'il faut surtout, c'est travailler à former davantage de médecins, former plus, former mieux.
05:07Ça prendra un peu de temps.
05:08On a aussi 5000 jeunes Français qui font leurs études en Espagne, en Roumanie, au Portugal.
05:15Donc, ils viennent effectivement finir leur cycle d'études en santé.
05:19Après, il y a des dispositifs.
05:20C'est l'objet de la concertation et ça sera précisé lors des annonces du Premier ministre.
05:25On peut aussi engager une solidarité au niveau d'un territoire avec des médecins qui peuvent s'organiser,
05:32notamment dans des zones particulièrement désertiques.
05:35Donc, j'ai réuni l'ensemble des préfets, l'ensemble des ARS,
05:39pour identifier, territoire par territoire, les zones particulièrement rouges,
05:44pour qu'on puisse mettre en place cette espèce d'aller vers des consultations spécialisées,
05:49par exemple, comme on fait dans certains hôpitaux, comme on le fait dans le mien, vers des territoires,
05:53des consultations de médecine générale qui puissent se délocaliser par rapport à un cabinet principal.
06:00Il faut co-construire ces solutions, notamment aussi avec les élus locaux,
06:04qui sont très preneurs, puisque c'est aussi un enjeu d'accès aux soins,
06:08mais c'est aussi un enjeu d'aménagement du territoire.
06:11Un médecin ne s'installe pas là où il n'est pas passé,
06:13comme une population, une attractivité, ne se fait pas sur un territoire,
06:17si vous ne pouvez pas vous faire soigner non plus.
06:18En attendant, donc, les propositions du Premier ministre,
06:21la crise de l'hôpital public, elle se manifeste également.
06:24Éric Noder, à travers cette information qui a été révélée cette semaine par France Inter et le journal Le Monde,
06:28une plainte a été déposée devant la Cour de justice de la République pour, je cite,
06:33harcèlement moral, homicides involontaires, violences volontaires ayant entraîné la mort
06:38sans l'intention de la donner et mise en danger de la personne.
06:43Elle vous vise personnellement, ainsi que les ministres Catherine Vautrin et Elisabeth Borne,
06:48et elle vous accuse d'être responsable de conditions de travail dégradées dans les établissements publics
06:53qui ont conduit à plusieurs cas de suicides.
06:57C'est la première fois que vous prenez la parole sur le sujet et il est grave.
07:00Quelle est votre réaction ce matin ?
07:02Tout d'abord, c'est une réaction, c'est un milieu que je connais,
07:06puisque avant d'être le 24 décembre ministre de la Santé,
07:10j'étais soigné en moi-même et j'ai fait toute ma carrière dans l'hôpital public.
07:14Donc je vous disais d'ailleurs en aparté que la régulation que vous évoquiez
07:18était une contrainte supplémentaire sur la communauté médicale, paramédicale,
07:22et je vous disais aussi, et je le redis,
07:25c'est que la principale richesse de notre système de santé, c'est ses soignants.
07:30Donc il faut naturellement en prendre soin.
07:31Oui, mais est-ce qu'on peut compter seulement sur l'héroïsme des soignants ?
07:34Bien sûr que non.
07:35Ceux qui sont en première ligne ceux à qui on rend régulièrement hommage,
07:39parce qu'ils permettent de tenir debout un système qui autrement est profondément en crise.
07:46La plainte, elle regroupe 19 requérants,
07:48et ce sont 19 récits de souffrances terribles qui mettent en cause, pour le coup,
07:53le fonctionnement de l'institution de l'hôpital public,
07:56des gardes interminables, manque de personnel, une épidémie de suicide.
08:02L'expression, elle est extrêmement forte.
08:04Comment expliquer que ces soignants, le personnel de l'hôpital public dont vous parliez à l'instant,
08:09puissent se retrouver dans une telle situation de détresse aujourd'hui en France ?
08:14Alors, par rapport à la plainte, tout d'abord, c'est aussi un message vis-à-vis de ces familles
08:21qui ont été particulièrement meurtries, endeuillées, qui ont souffert de cette situation.
08:26Et naturellement, le ministre de la Santé que je suis a une pensée pour toutes ces familles.
08:32Mais j'ai une pensée aussi globale, vu l'ensemble du personnel,
08:36ces conditions de travail, je les connais.
08:39Tout l'engagement de mon ministère, c'est de pouvoir les améliorer.
08:43Mais vous le disiez vous-même, on ne peut pas avoir applaudi du personnel soignant
08:48pendant la période Covid et maintenant leur mettre des contraintes.
08:53Donc je pense qu'il faut améliorer.
08:55Ça passe par la réouverture de lits, puisque nous avons trop de tensions aux urgences.
08:59On l'a bien vu quand nous avions la crise de la grippe.
09:03Si ça a tenu, c'est grâce à leur engagement.
09:05Mais on ne peut pas se satisfaire, vous avez raison, de uniquement cet engagement.
09:09Il faut ouvrir des lits.
09:10Maintenant, il n'y a aucun lit qui ne sont pas ouverts pour des contingences financières.
09:14C'est parce qu'il manque du personnel.
09:16Il manque de la formation de personnel.
09:18Non mais laissez-moi finir.
09:18Peut-être qu'il y a deux ans, le président de la République présentait un plan santé
09:22pour sortir, je le cite à l'époque, de la crise sans fin
09:25dans laquelle est enfoncé le système de santé français.
09:29On y est toujours.
09:29Et l'avocate des Plaignants dit avoir saisi la Cour de justice de la République
09:34après vous avoir alerté en vain depuis un an sur le risque suicidaire à l'hôpital.
09:40Que répondre à ceux qui disent que finalement...
09:42Moi, j'ai pris mes fonctions le 24 décembre, donc je n'ai pas pu répondre à...
09:45Mais c'est la raison pour laquelle Elisabeth Borne, par exemple, est mise en cause.
09:48Après, je le redis, le problème, c'est que si on veut soigner mieux
09:52et pouvoir diminuer la souffrance au travail à l'hôpital, que je comprends encore une fois
09:58complètement, il faut pouvoir mettre des moyens, mais des moyens humains.
10:02Et ces professionnels de santé, il faut les former.
10:05C'est pour ça qu'avec les régions qui sont en charge de la formation des professionnels de santé,
10:10il va y avoir une augmentation des professionnels de santé formés.
10:15Il va y avoir une réouverture de lits une fois que nous aurons ces professionnels.
10:19Et c'est aussi pour ça qu'il n'y a pas eu de coupe budgétaire dans le budget de la sécurité sociale
10:25concernant le fonctionnement.
10:26Donc, il faut naturellement maintenir un niveau d'investissement important,
10:30former davantage de professionnels de santé pour ouvrir des lits, améliorer les conditions d'accueil.
10:36C'est vraiment le sens de mon engagement à l'hôpital public comme médecin pendant 25 ans.
10:40Et c'est bien l'engagement que je souhaite mettre maintenant dans ce ministère-là,
10:44avec toutes les propositions que je vais soutenir, notamment au mois d'avril,
10:48sur les déserts médicaux, mais aussi au mois de mai pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes
10:52qui sont faites aux soignants et puis les agressions aux soignants.
10:55On n'en parle pas non plus suffisamment, mais il y aura une proposition de loi début mai
11:02qui permettra de renforcer les peines pénales vis-à-vis des agresseurs de soignants,
11:07de rendre obligatoire la déclaration de plainte et d'agression pour les soignants
11:13et puis surtout de rendre anonyme parce qu'il ne faut pas qu'un soignant qui s'est fait agresser
11:17et subisse ensuite les représailles.
11:19Donc c'est tolérance aussi zéro vis-à-vis des violences sexuelles et sexistes à l'hôpital
11:24et vis-à-vis des agressions des soignants.
11:26Encore une fois, les soignants sont vraiment la principale richesse du système de santé.
11:31Loin de moi l'idée de dire qu'il n'y a pas de conditions extrêmement difficiles à l'hôpital,
11:36mais tout est mis en place pour justement améliorer les choses.
11:41Mais ça, je veux le faire avec la communauté médicale et ce n'est pas en la fracturant
11:46qu'on va pouvoir améliorer la prise en charge de nos patients et surtout la qualité de vie au travail.
11:52Parce que je pense que quand un soignant vient avec le sourire, il soigne aussi mieux les patients.
11:56Oui, même si on a l'impression malgré tout que c'est une communauté fracturée
12:00avec les patients, les médecins et puis l'ensemble des personnels soignants.
12:06On va tout de suite rejoindre Gilbert au Standard Inter qui nous appelle de Châteauroux.
12:10Bonjour Gilbert.
12:12Bonjour.
12:13Vous avez une question pour le ministre de la Santé ?
12:16Oui, alors j'ai fait l'expérience des services d'urgence la semaine dernière.
12:20Bon, normalement j'ai attendu 6 à 7 heures, mais ça je le savais.
12:24Sauf que lorsque le diagnostic a été posé, le médecin urgentiste n'a pas réussi à identifier l'origine de la douleur
12:32et a indiqué qu'il fallait prendre un scanner, passer un scanner.
12:36J'ai donc demandé un scanner et on m'a donné un rendez-vous pour un mois plus tard.
12:43Ça veut dire que le diagnostic devait attendre un mois pour être formulé.
12:47Ce qui m'a contraint à téléphoner dans un service d'imagerie médicale en région parisienne
12:52pour obtenir un rendez-vous le lendemain à 23 heures.
12:55Donc j'ai été un peu surpris de devoir attendre pour un diagnostic en urgence un mois,
13:00un mois pour obtenir cet examen d'imagerie.
13:04Merci pour votre témoignage Gilbert.
13:06Que répondre à ces cas qui sont nombreux, Gilbert étant représentatif d'un grand nombre de nos auditeurs
13:11qui vivent des situations différentes où le temps est long, beaucoup trop long ?
13:16Alors déjà, merci monsieur pour votre témoignage.
13:22Naturellement, on ne peut pas se satisfaire de ce délai.
13:25Donc ce qu'il faut essayer de faire, et c'est tout le sens des mesures que je prendrai dans les prochaines semaines,
13:31dans les prochains mois, c'est de pouvoir favoriser un diagnostic le plus rapidement possible.
13:35Et on sait très bien qu'au-delà de la présence médicale, l'accès à l'imagerie, l'accès à la biologie sont fondamentaux.
13:45Donc c'est pour ça que je libère aussi toutes les installations d'imagerie que l'on peut sur le territoire.
13:51On a un niveau encore de densité, de maillage du territoire en imagerie qui est trop faible,
13:56ce qui entraîne des délais beaucoup trop longs.
13:59Donc il faut pouvoir aussi mieux organiser la biologie en ville, sur le territoire, la radiologie.
14:06Parce que si toute cette prise en charge peut être faite aussi, entre guillemets, en ville,
14:10et bien ça évite un recours systématique à l'hôpital.
14:13Mais comment faire dans un contexte de restrictions budgétaires,
14:16puisque vous connaissez la situation du budget ?
14:20La Cour des comptes a publié cette semaine une note qui dénonçait une situation qui n'est plus soutenable.
14:25Mais ne confondons pas restrictions budgétaires, difficultés budgétaires,
14:31et restrictions sur la santé des Français.
14:33Moi je ne suis pas le ministre de la Santé qui veut qu'on fasse de l'économie sur le dos de la santé des Français.
14:37Et pourtant la Cour des comptes est là pour formuler des préconisations
14:40qui permettraient de réaliser une vingtaine de milliards d'euros d'économie d'ici 2029.
14:45Non mais là on parle d'efficience, c'est pas plus vous dépensez plus, plus vous soignez.
14:48Non, par contre il y a parfois de l'argent qui peut être mal utilisé,
14:51donc je crois que c'est l'argent des Français.
14:52Il faut mieux améliorer, il faut améliorer la pertinence des prescriptions par exemple ?
14:56Par exemple, oui.
14:57Il faut réduire les écarts de dépense entre départements ?
15:00Non mais ce qu'il faut c'est soigner mieux, pas forcément avec plus d'argent.
15:05Il y a un certain nombre d'examens qui sont répétés, qui sont inutiles.
15:10Tout ça, il y a de la fraude, il y a 13,5 milliards de fraude sociale dans le pays.
15:15Donc moi ce que je souhaite c'est pouvoir rendre du temps des soignants,
15:18leur libérant du temps, qu'ils fassent moins de paperasse pour plus s'occuper des malades.
15:24C'est quand même ça aussi la première vérité.
15:27Ensuite c'est que chaque euro soit bien utilisé.
15:29Donc un euro fraudé, un euro qui est utilisé dans une redondance de prescriptions,
15:34d'examens, de médicaments.
15:36Et bien tout ça, on peut aussi faire des économies,
15:39mais pas sur le dos de la santé.
15:40Ça ne veut pas dire qu'on ne va pas soigner les Français.
15:42Mais comment faire quand on entend le Premier ministre tenir une conférence accablante
15:48sur l'état des finances publiques avec l'objectif de réaliser 40 milliards d'économies en 2026,
15:53de ramener le déficit de la France à 4,6% du PIB ?
15:57Comment pensez-vous échapper, passer entre les clous, monsieur le ministre ?
16:02Mais attention, dans ces chiffres-là, déjà dans le budget de la sécurité sociale,
16:04il y a la santé, mais il n'y a pas que la santé.
16:06Et notamment, il y a tout ce qui est arrêt de travail.
16:08Alors justement, il y a une très grande dérive des arrêts maladie,
16:13comme l'affirmait la ministre des Comptes Publics, Amélie de Montchalin ?
16:15Il y en a beaucoup plus qu'avant, effectivement.
16:19C'est à juger au cas par cas, mais on peut s'interroger pourquoi,
16:23dans notre pays, il y a beaucoup aussi plus d'arrêts de travail.
16:26Alors naturellement, ces arrêts de travail, ils sont prescrits,
16:29mais il faut aussi peut-être repenser le travail.
16:35Il faut peut-être travailler plus, travailler mieux,
16:37mais aussi dans de meilleures conditions.
16:39Donc je pense qu'il y a un double discours à avoir.
16:41Il y a un discours de responsabilisation vis-à-vis.
16:43On ne peut pas non plus systématiquement s'arrêter.
16:47On le connaît dans le milieu du travail,
16:49en disant « je vais m'arrêter » et tout ça.
16:51On doit s'arrêter en cas de problème médical.
16:54Donc il faut faire attention.
16:56On ne s'arrête pas quand on veut.
16:58On s'arrête finalement sur prescription médicale,
17:00quand son état de santé ne le permet pas.
17:03Ça paraît un peu fou de le redire ce matin,
17:05mais je crois qu'on a aussi besoin de responsabiliser aussi l'ensemble des Français.
17:09Ce système social dont on fêtera les 80 ans cette année,
17:12il est fragile, on le voit bien.
17:15Donc il faut que chacun en prenne soin.
17:16Si jamais on consomme des soins,
17:19beaucoup de gens aussi consomment parfois des soins de façon itérative,
17:24pour consulter plusieurs...
17:25Abusif ?
17:25Je n'aime pas dire le mot abusif,
17:27mais on doit pouvoir avoir une juste répartition de l'accès aux soins pour tous.
17:31Et je pense qu'il y a une question de responsabilisation qui passe par là.
17:35Mais je pondère ce sujet-là,
17:37parce que je pense que quand on a de la difficulté dans des délais de rendez-vous,
17:41dans des délais d'accès aux soins,
17:42il faut que ce discours soit bien compris.
17:44Il y a des endroits où, effectivement, on a beaucoup trop de délais,
17:47mais il y a aussi des endroits, par exemple des plateformes de téléconsultation.
17:50Moi, quand on me dit que certaines durées moyennes de téléconsultation
17:54durent moins de 5 minutes...
17:55Vous pouvez citer la plus connue d'autolive.
17:56Non, mais durent moins de 5 minutes.
17:58Je ne sais pas comment on améliore le problème de santé de quelqu'un
18:01en moins de 5 minutes en ligne,
18:03et la consultation coûte le même prix.
18:05Journée importante pour vous, Éric Neuder,
18:07puisque vous organisez tout à l'heure...
18:08C'est Yannick, moi.
18:09C'est Yannick.
18:10Yannick Neuder, vous organisez tout à l'heure au ministère
18:12un colloque sur la désinformation qui va réunir plusieurs acteurs.
18:16Et c'est un sujet majeur.
18:18L'assurance maladie, les instituts de recherche,
18:19chercheurs, médecins vont être réunis
18:23parce que c'est vrai que le domaine de la santé
18:25est particulièrement exposé aux fake news,
18:28aux informations mensongères.
18:30Difficile de trouver des informations fiables en matière de santé.
18:34Quand on va sur Internet
18:35et qu'on essaye de diagnostiquer soi-même
18:38les symptômes qu'on pense avoir,
18:42on se trompe souvent.
18:43Comment est-ce qu'on lutte contre la désinformation
18:45en matière médicale ?
18:47Toujours, déjà, en en parlant,
18:48en s'organisant, parce que finalement,
18:50en France, comme dans aucun pays d'Europe,
18:52je me suis rendu compte aussi de ça il y a trois semaines
18:54quand j'étais au Conseil européen des ministres de la Santé
18:57à Varsovie.
18:58On n'a pas d'organisation qui nous permet
19:00de lutter contre la désinformation médicale.
19:02Nous sommes au pays des Lumières,
19:04au pays de Pasteur.
19:05Et quand j'entends les messages,
19:06notamment du ministre de la Santé américain,
19:08Kennedy,
19:09qui, effectivement, met en doute l'intérêt de la vaccination,
19:12crée des liens entre vaccination et autisme,
19:15je pense qu'on ne peut pas continuer
19:17à faire envahir la pensée de nos concitoyens,
19:22et notamment des plus jeunes,
19:23par des images.
19:25Mais comment empêcher tout un chacun
19:27d'aller sur Internet,
19:29justement, les six culules,
19:31pour vérifier le moindre symptôme ?
19:34Laissez-moi répondre,
19:35c'est de créer un observatoire
19:36qui ne va pas être qu'une énième réunion.
19:38Mais moi, je souhaite mettre cet observatoire en route
19:41pour, très régulièrement,
19:42le ministère de la Santé,
19:44c'est mon rôle,
19:44d'indiquer toutes les fake news
19:46qui se sont propagées ces dernières semaines
19:49sur les réseaux sociaux.
19:50C'est une prise de conscience aussi
19:52de l'ensemble des médecins,
19:53des scientifiques de ce pays.
19:55Il y aura l'Institut Pasteur,
19:56il y aura l'Institut Curie,
19:57il y aura l'HAS,
19:58il y aura l'Inserm,
19:59pour que, collectivement,
20:00on puisse réagir,
20:01qu'on puisse aussi s'adresser
20:02aux plateformes, justement,
20:04de réseaux,
20:05pour leur dire,
20:06attention,
20:06ces informations sont fausses,
20:08vérifier vos sources,
20:10de pouvoir aussi saisir l'ARCOM.
20:12On respecte, naturellement,
20:13la liberté de la presse,
20:14mais quand des informations
20:16sont diffusées par des plateformes,
20:18par de la presse,
20:19que c'est des mauvaises informations
20:20qu'elles mettent en danger
20:21la santé des Français,
20:23quand des Français abandonnent
20:24leur traitement
20:25pour, effectivement,
20:26des médecines parallèles,
20:28eh bien, je crois que c'est aussi
20:29mon rôle de médecin,
20:30de médecin, pardon,
20:32de l'absus de ministre de la Santé,
20:33de prendre soin de la santé des Français
20:35et de pouvoir dénoncer
20:36ces sujets-là
20:37et de donner la bonne information
20:39en labellisant aussi des sites
20:41et aussi des ambassadeurs.
20:42Et je compte d'ailleurs sur vous,
20:44sur l'ensemble des radios,
20:45des médias,
20:46pour alerter sur les fausses informations
20:49et ne pas induire de faux comportements
20:51chez les patients,
20:53chez les Français.
20:53Alors, justement,
20:54vous écoutiez France Inter tout à l'heure
20:55et dans le journal,
20:56on entendait la pénurie de médicaments
20:59et concernant notamment
21:00la question de la santé mentale,
21:02il y a eu une tribune cette semaine
21:04avec des grandes voix de la psychiatrie
21:06qui se sont exprimées
21:07et qui dénonçaient une crise structurelle
21:08qui est doublée d'une crise aiguë
21:10d'approvisionnement
21:10en psychotropes essentielles.
21:13Comment l'expliquer ?
21:14La kétiapine qui est utilisée
21:15dans le traitement
21:16contre la schizophrénie
21:18et particulièrement en cause,
21:19on l'entendait tout à l'heure
21:20dans les journaux d'Inter,
21:22comment l'expliquer ?
21:23Comment y remédier ?
21:24Ce sera la dernière question.
21:25Alors, il y a deux niveaux.
21:26Déjà, les substances actives
21:28qui composent ce médicament,
21:29souvent...
21:29Très nombreux auditeurs
21:31qui appellent
21:31et qui écrivent
21:32au sujet de la santé mentale.
21:33Alors, la santé mentale
21:35comme l'ensemble des molécules,
21:37le problème,
21:37c'est une perte de souveraineté
21:39et ça, c'est un des grands enseignements
21:40de la crise Covid.
21:41On a perdu la souveraineté
21:42sur un certain nombre de sujets,
21:44mais sanitaires certainement.
21:4650 à 80% des principes actifs
21:48de nos médicaments
21:49sont détenus par l'Asie
21:51ou par les Etats-Unis.
21:53Et on voit bien
21:53qu'avec le contexte géopolitique actuel,
21:55nous avons intérêt
21:56à réindustrialiser
21:58notre industrie pharmaceutique.
21:59Donc, ça sera tout l'engagement
22:01que je porterai au mois de juin
22:02au Luxembourg
22:03lors d'une réunion
22:04des ministres de la Santé européens
22:06pour faire en sorte
22:07qu'en Europe particulièrement,
22:08mais en France surtout,
22:10eh bien, on puisse réindustrialiser.
22:12Je le fais dans ma circonscription
22:13avec le paracétamol.
22:14On va installer une entreprise
22:16qui va fournir 60%
22:18des besoins de paracétamol en France.
22:19Et d'un mot sur la santé mentale
22:20pour conclure ?
22:21Eh bien, la santé mentale,
22:22c'est une grande cause
22:23nationale,
22:24mais il ne faut pas
22:24que ça reste qu'une grande cause nationale.
22:26Il faut surtout permettre
22:27de déstigmatiser
22:28les problèmes de santé mentale,
22:30que ce soit par un certain nombre
22:32de prises de conscience
22:33dans les entreprises,
22:34dans les clubs sportifs,
22:35pour pouvoir apporter des solutions
22:37avec des soutiens psychologiques
22:39et puis des soutiens psychiatriques
22:41quand c'est nécessaire.
22:42Donc là aussi,
22:42il y a besoin aussi
22:43de former plus de soignants
22:44et notamment plus de psychiatres,
22:46plus d'infirmières
22:47en pratique avancée
22:48sur la psychiatrie.
22:49Yannick Noder,
22:50ministre de la Santé
22:51et de l'accès aux soins.
22:52Merci infiniment
22:53d'avoir été l'invité
22:54de France Inter
22:55et bonne journée,
22:56bon colloque.
22:56Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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