Immigration de travail : oui mais pas n’importe laquelle

Europe 1

19/03/2025

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00:00Et à 7h19 sur Europe 1, place à l'édito éco, Dimitri Pavlenko.

00:04Bonjour Olivier Babaud.

00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:07Ce matin vous nous parlez d'immigration de travail, Olivier.

00:10Certains estiment qu'il faut l'intensifier pour combler nos pénuries de main-d'oeuvre.

00:14Vous n'êtes pas convaincu, Olivier ?

00:16Disons Dimitri que c'est plus complexe que ça.

00:18Alors l'idée paraît simple, face au vieillissement de la population, aux difficultés de recrutement,

00:22pour faire venir des travailleurs étrangers, ça semble une solution évidente.

00:26Ce n'est pas nouveau, on a autrefois accueilli des Italiens, des Polonais, des Espagnols

00:30pour faire tourner nos usines, nos chantiers.

00:32Mais aujourd'hui, cette logique se heurte quand même à des réalités qu'il faut prendre en compte.

00:35Alors le premier argument en faveur de l'immigration de travail, Olivier,

00:39ce sont les besoins non pourvus de l'économie.

00:42Oui, alors il est exact que certains secteurs comme la restauration, le bâtiment, peinent à recruter.

00:47Les immigrés représentent une part importante de la main-d'oeuvre, c'est 28% dans la restauration,

00:5123% dans les services à la personne.

00:54Mais compte tenu des près de 3 millions de personnes inscrites au chômage en France,

00:57ça pose au moins deux questions.

00:58D'abord, celle de la qualité des emplois proposés,

01:01qui ne parviennent pas à attirer beaucoup de Français inscrits au chômage.

01:04Et d'autre part, la question du degré d'incitation à l'activité du système,

01:08l'inactivité pouvant dans certains cas être plus tentante compte tenu du niveau des aides.

01:13En important des travailleurs plutôt qu'en se posant ces questions,

01:15on entretient un problème plutôt qu'on ne les résout.

01:17Alors il y a un premier sujet qui est celui des problèmes de correspondance,

01:21qu'on a des compétences avec nos besoins,

01:23des compétences des immigrés qui viennent en France et des besoins de l'économie française.

01:27Ces compétences d'ailleurs vont beaucoup évoluer ?

01:31Alors ça, c'est la certitude qu'on peut avoir avec les progrès technologiques en cours,

01:34notamment avec l'intelligence artificielle et la robotisation.

01:38Les besoins en main-d'oeuvre vont être bouleversés.

01:39Selon le Forum économique mondial, 44% des compétences actuelles deviendront obsolètes d'ici 2027.

01:45De façon générale, on peut dire que le mouvement d'augmentation des besoins à compétences pointus va augmenter.

01:50Or, il faut dire que ce n'est pas d'abord ce que nous importons.

01:53Une étude danoise de l'Amsterdam School of Economics a montré que l'immigration n'est bénéfique en moyenne

01:58que si les migrants ont au moins un niveau licence.

02:01Sinon, leur contribution fiscale nette sur leur vie,

02:03leur contribution fiscale nette au pays, compte tenu des aides, elle sera négative.

02:08Et d'autres pays gèrent-ils mieux cette immigration de travail que la France, Olivier ?

02:12Alors, les Etats-Unis par exemple ont la chance d'attirer des talents mondiaux.

02:15C'est le mondio, c'est le fameux brain drain, l'attirance des cerveaux,

02:19ou la fuite des cerveaux, ça dépend de quel côté on se place.

02:2170% de leurs doctorants aux Etats-Unis en sciences, en ingénierie, sont étrangers.

02:2670%, c'est quand même énorme.

02:27En France, seuls 5% des immigrés sont diplômés de l'enseignement supérieur.

02:31C'est 20% en Allemagne, 30% au Canada.

02:34Nous restons dans un modèle où l'immigration est perçue comme un réservoir de main d'oeuvre peu qualifié,

02:38alors qu'elle pourrait et devrait être un levier d'innovation et de compétitivité.

02:42Donc selon vous, l'immigration de travail doit être mieux ciblée ?

02:46Clairement, il ne suffit pas d'ouvrir les frontières à ceux qui veulent travailler.

02:49Il faut anticiper les besoins futurs, attirer les compétences utiles.

02:53L'immigration de travail doit être choisie avec soin,

02:55sinon nous risquons de créer un chômage importé plutôt que de renforcer notre économie.

02:59Signature Europe 1, Olivier Babaud. Merci beaucoup Olivier.

03:02Merci, bonne journée.

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