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Shakira - “Waka Waka” : Afrique folklorique ou nouvelle pop globalisée ? Rétropop, Camille Diao
France Inter
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14/03/2025
Retrouvez « Retroppop de Camille Diao » dans Zoom zoom zen sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/retropop
Catégorie
😹
Amusant
Transcription
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Pour parler musique, on accueille comme chaque vendredi Camille Diaw, bonjour Camille.
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Bonjour Mathieu, bonjour tout le monde.
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Camille, cette semaine dans Rétropop, une chanson qui n'était pas seulement l'hymne
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officiel de la Marianoche en soirée en 2010, mais aussi l'hymne officiel de la Coupe du
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Monde en 2010.
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Et bah oui, souvenez-vous, pendant que les Bleus faisaient grève à Naïssa, le monde
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entier se trémoussait sur un son de Shakira.
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Naïsna, ok.
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Et bah oui, souvenez-vous, pendant que les Bleus faisaient grève à Naïsna, le monde
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entier se trémoussait sur un son de Shakira.
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Cette fois, c'est pour l'Afrique, et sur ce titre justement, Shakira collabore avec
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un groupe sud-africain, Freshly Ground, Waka Waka est un tube mondial numéro 1 dans une
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quarantaine de pays, plus de 4 milliards de vues sur Youtube à ce jour, c'est assez
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énorme.
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Ecoutez les paroles, elles sont taillées pour la compète.
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C'est ton tour de briller, n'attends pas, vas-y à fond, Shakira encourage les joueurs
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et elle file même la métaphore guerrière, les joueurs sont des soldats, alignés en
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première ligne et prêts pour la bataille.
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Ça peut paraître un peu étrange, mais en fait, c'est très fidèle aux origines de
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la chanson qui est tirée d'un chant militaire.
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Ça, c'est l'original, donc ça s'appelle Zangalewa, c'est un air qu'on doit au tirailleur
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camerounais de la seconde guerre mondiale.
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C'est une chanson de marche, vous pouvez l'entendre, qui est destinée à motiver les
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troupes et qui se popularise en 1986 lorsqu'elle est enregistrée par des membres de la garde
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présidentielle camerounaise avec leur groupe Golden Sounds.
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En fait, dans la chanson, ils insufflent un zeste de satire politique, de critique des
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anciennes puissances coloniales et le morceau va faire un carton dans toute l'Afrique avant
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de devenir, un quart de siècle plus tard, rebaptisé Waka Waka, l'hymne de cette toute
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première Coupe du Monde sur le continent africain.
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Si je résume, une chanson camerounaise chantée par une Colombienne pour une Coupe du Monde
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sud-africaine.
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Exactement, on n'est pas très loin du Camoulox et ça a fait grincer quelques dents en Afrique
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du Sud.
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Pourquoi ne pas avoir choisi un artiste local pour interpréter cet hymne ? Et aussi pourquoi
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avoir programmé si peu d'artistes africains pour la cérémonie d'ouverture ?
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Un boycott qui s'organise en Afrique du Sud, la FIFA corrige le tir à la dernière
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minute en ce qui concerne la cérémonie, mais l'affaire Shakira n'arrange rien.
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Parce que même si elle a dédommagé en urgence le groupe Golden Sounds pour son emprunt musical,
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en interview, elle feint d'avoir composé et trouvé cette chanson toute seule.
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Donc là, elle vient d'expliquer comment la chanson lui est venue d'un seul coup comme
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ça, pendant une petite balade, boum ! Ou bien sur Shakira.
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Elle a même l'idée du setting, là où elle était, au moment où ça s'est passé.
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Exactement, en Uruguay, dans sa maison de campagne.
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Une grosse menteuse !
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C'est vrai que ça la fout un peu mal pour une première Coupe du Monde africaine, parce
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que derrière cette volonté de célébrer l'Afrique, on retrouve les vieux travers
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habituels.
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On reproche à Shakira de s'approprier le patrimoine cameronais, de le popiser pour
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le rendre plus acceptable aux oreilles occidentales, et puis de déployer dans son clip une imagerie
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africaine un peu folklorique et caricaturale.
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Il y a du vrai dans tous ces reproches, mais il me semble que ce constat mérite quand même
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une nuance.
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Parce qu'il ne faut pas oublier d'où elle vient, Shakira.
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Elle est colombienne, et plus précisément de Barranquilla, une petite ville située
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sur la côte caribéenne.
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Et ça, ce détail, il a son importance.
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Parce que dans la région, on aime beaucoup les musiques africaines.
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Depuis les années 60-70, les marins colombiens ramènent de leur voyage en Afrique des vinyles
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qui font le bonheur des DJs locaux et de la population.
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Et cette affinité musicale, elle a une explication historique qui tient en un seul mot l'esclavage.
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En fait, dans toutes les Caraïbes, les esclaves venus d'Afrique ont continué à faire vivre
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leurs musiques qui se sont hybridées, qui ont été transmises de génération en génération.
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Ça donne par exemple la champeta colombienne.
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Ou encore la rumba cubaine.
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Les racines africaines sont évidentes dans ces rythmes-là.
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D'ailleurs, on parle de musique afro-caribéenne.
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Donc, ce que vous nous dites, Camille, c'est qu'avec Waka Waka, Shakira, elle s'inscrit
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dans cette tradition-là ?
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En tout cas, on peut le voir comme ça.
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J'ai envie de le voir comme ça.
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Et d'ailleurs, je suis prête à parier que le morceau qui l'a inspiré, en fait, ce
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n'est pas le chant camerounais qu'on a entendu tout à l'heure.
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C'est plutôt cette version-là.
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Ça, c'est une reprise dominicaine du groupe La Chichicaz del Can, qui sort en 1988.
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Shakira, elle avait 11 ans, elle l'a forcément entendue quelque part.
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Et oui, et pas dans sa maison de campagne.
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Quand on se dit ça, on réalise que Waka Waka, finalement, c'est moins une histoire
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d'appropriation que de mondialisation de la musique.
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Un signe avant-coureur de ce qu'allait bientôt devenir la pop mondiale.
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Aujourd'hui, en 2025, la coréenne Lisa, le portoriquain Bad Bunny, que j'adore, ou
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le nigérian Berna Boyd, sont des stars internationales, au même titre que Beyoncé et Taylor Swift.
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La musique n'a jamais autant circulé, et Shakira, colombienne d'origine libanaise
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qui chante en espagnol, en anglais et même parfois en français pour notre plus grand
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plaisir, a contribué, dès les années 2000, à dessiner les contours de cette nouvelle
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pop globalisée.
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Du coup, on écoute quelle version, Camille ?
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Si ça vous va, on écoute l'originale, non ?
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Non, ça ne me va pas.
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