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Ce jouet français a ringardisé les écrans
Les Echos
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13/03/2025
SECRET SAUCE – En une dizaine d’années, ce projet d’étudiants en design est devenu un véritable succès commercial pour les plus petits. Et continue d’innover aujourd’hui dans le marché dynamique des conteuses à histoires.
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00:00
Si vous avez des enfants, d'abord, bravo à vous.
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Non !
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Mais surtout, ça veut dire que vous connaissez certainement cet objet.
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Cette conteuse pour enfants, qu'on a fait tester à toute la rédaction,
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histoire de les détendre entre deux notifications sur Donald Trump.
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Quand Yacine se réveille, il est surpris.
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Il n'y a pas un seul bruit dehors.
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C'est pour le travail !
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Elle a été vendue à plus de 2 millions d'exemplaires
00:25
depuis sa création il y a une dizaine d'années.
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L'origine de son histoire, elle est assez improbable.
00:31
Mes trois associés sont des amis que je vois beaucoup en soirée.
00:34
Un soir, je faisais une soirée chez moi, ils ont débarqué.
00:36
Je leur ai dit, vous ne voulez pas qu'on monte une boîte ensemble ?
00:38
Ils m'ont dit, on vient d'en parler dans le métro.
00:40
L'histoire a commencé exactement comme ça.
00:42
Et en plus de ça, elle est française.
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Bienvenue dans ce nouveau secret de sauce sur Luni.
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Bizarre, bizarre, se dit Yacine.
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Les fabriques à histoire de Luni, c'est elle qui les a inventées.
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Bonjour, je m'appelle Maëlle et je suis cofondatrice de Luni.
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Alors qu'elle termine ses études de design,
01:00
Maëlle et trois de ses potes de promotion ont une envie.
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Créer du divertissement pour les plus petits.
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Et ils ont une conviction.
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Surtout, éviter les écrans.
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J'ai écrit un mémoire sur les imaginaires collectifs et individuels.
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Et pendant l'écriture de ce mémoire, j'ai observé
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que l'arrivée des écrans dans nos vies, des smartphones, des tablettes
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pouvait menacer la créativité, notamment chez les enfants.
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Et donc du coup, j'ai voulu imaginer un objet qui soit une alternative aux écrans.
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Mes trois associés sont des amis que je vois beaucoup en soirée.
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Un soir, je faisais une soirée chez moi.
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Ils ont débarqué et je leur ai dit, vous voulez pas qu'on monte une boîte ensemble ?
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Ils m'ont dit, on vient d'en parler dans le métro.
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L'histoire a commencé exactement comme ça.
01:37
Au début, comme dans chaque startup, c'est la galère.
01:40
Et il faut dire que Luni ne sait pas faciliter la tâche.
01:43
Et ça, c'est pas moi qui le dit.
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C'est notre expert startup maison, Adrien Le Lièvre.
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Et Luni, dès le départ, a décidé de faire du hardware.
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Ce qui est plus compliqué, ce qui demande plus de cash.
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Premier obstacle, fabriquer un prototype.
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Les coûts sont énormes.
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Minimum 200 000 euros pour entamer un projet.
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Enfin, c'est même beaucoup plus parce qu'il faut investir dans des machines.
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Et nous, bien sûr, on est sortis d'école, on n'a pas ces fonds-là.
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Deuxième problème, les contenus des conteuses.
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En gros, les histoires à raconter aux enfants.
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Pour les produire, il a fallu trouver des ingénieurs du son, des comédiens, des auteurs.
02:17
Et lors des premiers rendez-vous, ça ne s'est pas passé comme prévu.
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Dans le milieu jeunesse, on était un ovni.
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Personne n'a compris quand on a débarqué.
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Troisième impasse, la vente.
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Parce qu'une fois le prototype en poche, les auteurs et les comédiens trouvés,
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il a fallu convaincre des commerçants de vendre des Lunis.
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On se rend à un Nature & Découverte à côté de chez moi.
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Et on va voir une vendeuse en lui disant « Coucou, on a cet objet.
02:42
On adorerait le vendre chez vous. Comment on fait ? »
02:45
Très, très naïf dans la démarche.
02:47
Mais ça a payé puisque la vendeuse nous a donné le contact du directeur des achats de Nature & Découverte,
02:52
qui a répondu à notre mail dans les 10 minutes pour nous donner rendez-vous au siège social.
02:57
Et à partir de ce moment-là, Nature & Découverte a eu un vrai coup de cœur pour le projet
03:02
et nous a attendu pendant un an et demi avant que le projet soit pré-industriellement parlant.
03:06
C'est le premier ingrédient de la secrète sauce de Maëlle et de ses potes.
03:09
Trouver un revendeur de renom.
03:11
Et on ne va pas se mentir, ils ont eu un gros coup de bol.
03:14
Parce que normalement, ça n'arrive pas aussi rapidement.
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Et en 4 mois de commercialisation, rupture de stock,
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première vente chez Nature & Découverte, c'était de la folie.
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Mais évidemment, le succès a créé un nouveau problème.
03:27
Comment produire en masse ?
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En allant en Chine, mon pote.
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Et c'est ce qu'ont décidé de faire Maëlle et son équipe, malgré leurs idéaux écologiques.
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Moi, au début, forcément, je suis extrêmement déçue parce que l'Uni a une identité engagée depuis le début.
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En tant que designer, c'est vraiment ma formation, c'est de faire des choses qui ont du sens
03:43
et le plus respectueux possible de l'humain, du vivant en général, de la planète.
03:47
Donc j'ai eu un petit deuil à faire, mais le plus important était que le projet voit le jour.
03:53
Mais la Chine est 2020. Vous voyez où je veux en venir ?
04:06
Heureusement, Maëlle et ses copains avaient pris en 2018 une décision stratégique qui va les sauver.
04:11
Rapatrier la production en Europe.
04:14
On s'est fait une promesse en disant que si le projet fonctionnait, on rapatrierait la production en France.
04:20
Et après un appel d'offres dans plusieurs pays, leur choix s'est porté sur…
04:24
Bayonne.
04:26
Sauf qu'en France, c'est loin d'être simple.
04:28
Quand on a un projet industriel, il faut…
04:31
Investir dans des machines.
04:33
C'est des lignes semi-automatisées ou automatisées.
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Une ligne de manufacture qui est dédiée à nous, centralisée, assemblée à carte mère.
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Voilà. Vous comprenez pourquoi je vous disais que c'était loin d'être simple ?
04:43
Quand on les interroge, les fondateurs ne cachent pas que ça a été compliqué.
04:47
Il y a eu parfois quelques couacs.
04:49
Il y a eu certains premiers modèles de petites boîtes à histoire qui n'étaient pas parfaitement montées, par exemple.
04:55
Donc ils ont un peu ramé, si j'ose dire.
04:58
Réindustrialiser, c'est compliqué.
05:00
Ça demande de l'argent, ça demande des compétences techniques.
05:02
Je pense que c'est très aligné avec la mission de la fondatrice,
05:06
qui veut vraiment créer un objet utile à la société
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et qui veut créer aussi une boîte pleinement enracinée en France
05:12
et qui ne soit pas dépendante non plus de fournisseurs à l'autre bout du monde.
05:16
Et c'est là qu'intervient le deuxième ingrédient de la secrète sauce de l'Uni.
05:19
La diversification.
05:21
En parallèle de ces compteuses, l'entreprise produit aussi des histoires pour enfants.
05:25
Déjà 4500 ont été créées depuis le lancement.
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Il y a carrément des making-of sur YouTube pour ceux que ça intéresse.
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J'interprète principalement le rôle de Ellie,
05:34
qui est une adolescente qui va aider le héros Alex dans sa quête.
05:39
J'ai une idée ! Suis-moi !
05:42
Aujourd'hui, l'Uni est rentable.
05:44
La boîte tire ses revenus à la fois de la distribution de ses contenus audio,
05:47
compter une quinzaine d'euros le livre qui contient de 40 minutes à 3 heures d'histoire,
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et de la vente de ses produits physiques, entre 70 et 100 euros la tablette.
05:57
Bah ouais, ça coûte un petit billet d'être tranquille pendant ses trajets de voiture.
06:01
Pour résumer, 50% du chiffre d'affaires vient des contenus,
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et 50% des appareils.
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Prochain défi pour Maël et son équipe, convaincre à l'international.
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D'autant plus que des concurrents directs ont déjà pris beaucoup d'avance.
06:15
On peut citer des acteurs comme Tony's, qui met en vente les petites Tony Box.
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Il y a aussi Merlin, ou alors Mon Petit Morphée.
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C'est un marché assez dynamique où on a vu pas mal de nouveaux entrants arriver.
06:27
Tony Box, c'est 300 millions d'euros de chiffre d'affaires,
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soit 10 fois plus que celui de l'Uni.
06:32
Et cette somme, elle est notamment portée par des partenariats avec des géants du divertissement,
06:37
comme Disney, Sony ou bien Universal.
06:40
En 2021, Tony's est entré en bourse à Francfort,
06:43
et on a profité pour lever plus de 100 millions d'euros.
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De quoi lui assurer une place de leader sur le marché des boîtes à histoire.
06:50
Et l'Uni dans tout ça ?
06:51
Ça pourrait aussi avoir du sens de voir ce type d'acteur être adossé par exemple à un grand groupe d'édition,
06:56
parce qu'en fait, il existe plein de grands groupes en France du type Bayard, etc.
07:01
Dans une logique de conceptualisation, dans une logique aussi de diversification des produits,
07:06
ça peut tout à fait avoir du sens pour un éditeur de jeunesse, par exemple,
07:10
de se dire on va avoir en plus une couche de hardware qu'on vendra en complément de nos livres,
07:15
de nos spectacles, de nos jouets, etc.
07:18
Bon, vous l'avez compris, pour entretenir sa secrète sauce,
07:21
l'Uni va devoir faire des choix stratégiques sur son développement à l'international.
07:25
Maëlle, de son côté, a déjà en tête un futur projet.
07:29
Là, je suis en train de co-écrire une fiction audio qui prend la forme d'une série en trois saisons,
07:33
qui s'appelle Numénia, qui sera cette fois-ci sous forme d'application sur smartphone.
07:38
Moi-même, je suis partisane de pas de smartphone avant 14 voire 16 ans,
07:41
pas de réseaux sociaux avant 18 ans, mais la réalité aujourd'hui est toute autre.
07:46
Et donc du coup, la position de l'Uni, c'est de dire
07:49
essayons de proposer du contenu sain sur smartphone pour que le temps passé dessus
07:54
apporte quelque chose à l'ado et aussi aller le chercher là où il est.
07:58
Conclusion de cette histoire.
07:59
N'ayez surtout pas peur d'avoir une bonne idée en soirée avec des potes.
08:03
Sur un malentendu, ça peut devenir votre gagne-pain.
08:06
Merci d'avoir regardé ce huitième épisode de Secrète Sauce.
08:09
Si vous voulez remporter cette fabrique à histoire, écrivez First en commentaire.
08:14
Non, je rigole.
08:16
Mais pensez à vous abonner quand même.
08:18
S'il vous plaît.
08:20
Pitié.
08:21
Merci.
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