Guillaume Perrault : «Première fois depuis 1947 qu'un président US fait si peu de cas de ses alliés»

Guillaume Perrault : «C'est la première fois depuis le début de la Guerre froide qu'un président américain fait si peu de cas de ses alliés».

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00:00Oui, nous vivons un moment historique, c'est la première fois depuis des décennies,

00:03à ma connaissance même depuis le début de la guerre froide, c'est en 1947,

00:07qu'un président américain fait si peu de cas de ses alliés.

00:10La notion même d'allié semble être quelque chose de remis en cause pour lui, remise en cause.

00:15On a vu son agressivité à l'égard du Canada, on a vu la question du Groenland,

00:21comment il se conduisait envers le Danemark.

00:24Ça veut dire que Donald Trump va faire ce qu'il veut, finalement ?

00:26Ça veut dire qu'il instaure un dialogue direct avec les Russes,

00:31ce qui était le désir de Moscou depuis le début.

00:35Gordo Bontaigne et d'autres diplomates français l'avaient expliqué il y a trois ans.

00:39Le désir affiché des Russes, c'est d'être reconnus comme une sorte de superpuissance,

00:44même s'évidemment il n'y a pas une égalité de puissance,

00:47mais enfin comme l'interlocuteur légitime et direct de Washington

00:52pour régler ça entre deux grands.

00:54Ils sont à la recherche de leur statut perdu qu'ils avaient à l'époque de l'Union soviétique.

00:58Et là, Trump, ça lui convient.

01:00Donc ça favorise cette espèce de condominium, si vous voulez, Etats-Unis-Russie,

01:07qui est vraiment inespérée pour Poutine.

01:11Pour nous, Européens, la situation est beaucoup moins rose,

01:14puisque nous sommes priés d'assurer nous-mêmes notre défense.

01:18Ça valide d'ailleurs, ça corrobore, ça valide a posteriori,

01:21tous les choix gaulliens en matière de défense,

01:24puisque l'obsession de De Gaulle qu'il a léguée à ses successeurs,

01:27c'était que la France ne puisse plus jamais revivre 1940,

01:31c'est-à-dire ne dépendre pas de ses alliés,

01:34puisqu'en 1940, les Français s'étaient tournés vers les Américains, vers Roosevelt,

01:39il avait appelé au secours et il n'avait rien fait.

01:42Et donc toute la stratégie gaullienne, c'était de garantir l'indépendance de la défense nationale.

01:47Ça a beaucoup ricané, vous êtes évidemment trop jeune,

01:50et même moi je le suis, pour vous souvenir de ça.

01:53Mais dans les années 60, beaucoup à gauche raillaient la bombinette,

01:57c'est comme ça qu'on s'en amène à la bombe atomique que De Gaulle voulait à tout prix avoir pour la France, la bombinette.

02:02On est bien heureux de l'avoir aujourd'hui, cette fameuse bombinette.

02:05Mais ça ne suffit pas, et la France est assez isolée,

02:08parmi les pays européens, à vouloir se donner une défense autonome pour le moment.