- 05/02/2025
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00:00France Info Soir, l'invité Aurélien Rousseau bonsoir Aurélien Rousseau bonsoir
00:08vous êtes député place publique des Yvelines, membre du groupe socialiste à
00:12l'assemblée, ancien ministre de la santé, le budget de l'état vient d'être
00:16adopté puisque la motion de censure a échoué, c'est une bonne nouvelle ?
00:20c'est une nouvelle qui est importante parce que partout on entend du côté des
00:25associations, des collectivités, des établissements publics le fait que sans
00:29budget on n'avançait plus, il y avait des postes qu'on n'arrivait plus à
00:32recruter donc oui c'est un budget, on n'a jamais prétendu et on prétend pas
00:38que c'est un budget juste, c'est juste un budget mais c'est déjà ça et donc
00:42aujourd'hui on a franchi une étape, une étape qui était nécessaire mais ça ne
00:47veut pas dire, contrairement à ce que certains pourraient laisser penser, que
00:50tout d'un coup on ne serait sorti de l'opposition, ça n'est pas notre budget
00:54vous êtes encore dans l'opposition pourtant vous êtes un ancien ministre
00:57d'Emmanuel Macron, il n'y a pas un retour au bercail dans le fait de ne pas
01:00censurer le gouvernement Bayrou ?
01:01alors si j'avais voulu revenir au bercail
01:04j'y serais revenu sans doute autrement, non, il y a un principe de responsabilité
01:09il y a deux éléments, le premier mais on le citait, Emmanuel Langlois le citait
01:14tout à l'heure, on voit Donald Trump, on voit Elon Musk qui dit que c'est un
01:17apartheid contre les blancs en Afrique du Sud, il y a la situation internationale
01:21et puis il y a aussi une réalité qui est qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée
01:25nationale. Sauf que le groupe socialiste ne censure pas et dans le même temps
01:29vous dites que c'est juste un budget, certains de vos collègues sont
01:32beaucoup plus virulents en disant que c'est un mauvais budget, est-ce que c'est
01:35compréhensible par les français ? alors moi je dis clairement aujourd'hui
01:39on est dans l'opposition mais être dans l'opposition quand il n'y a pas de
01:43majorité ni relative ni absolue ça ne peut pas vouloir dire qu'on
01:47systématiquement on censure et ça ne veut pas dire qu'on doit priver le pays
01:52de budget et en effet on a fait le choix de rentrer en négociation, en
01:56discussion avec le gouvernement, on a obtenu des choses très concrètes sur la
02:01santé, sur l'éducation nationale, sur les EHPAD. Est-ce que encore une fois c'est
02:05le budget qu'on aurait fait ? Non. Est-ce que c'est un budget qui est marqué par
02:08son auteur qui est un Premier ministre de droite ? Oui. Mais est-ce qu'aujourd'hui on
02:13peut se permettre de ne pas avoir de budget ? La discussion collective qu'on a
02:16eu c'est qu'on ne censurait pas aujourd'hui.
02:19A l'inverse de vos camarades LFI qui vous accusent de trahison, c'est la
02:24rupture avec les Insoumis aujourd'hui ? Moi déjà le vocabulaire trahison voilà
02:29il est fini le temps des excommunications et des dragonnades,
02:33c'est insupportable, c'est pas à eux de dire qui est de gauche, le
02:38NFP n'appartient pas à Jean-Luc Mélenchon et que faisait-on que s'il
02:45n'y avait pas de majorité ? Ce n'était pas dans le programme du NFP donc on a
02:48eu une divergence stratégique mais on n'a rien rompu. Vous vous sentez toujours membre du
02:53Nouveau Front Populaire ? Le Nouveau Front Populaire c'est pas un parti, c'est pas un
02:56intergroupe, on a voulu barrer... C'était juste une élection, une alliance électorale ?
03:00C'était pas une élection comme les autres, on a barré la route au Rassemblement
03:03National et les électeurs qui se sont engagés derrière nous ont joué le
03:08Front Républicain et puis on a des engagements sur le pouvoir d'achat, sur
03:12l'amélioration des services publics et nous ce qu'on a voulu faire aux groupes
03:16socialistes et apparentés c'est d'arracher une partie de ces éléments.
03:20Moi je suis pour le coup bien placé pour dire que quand on obtient que l'ONDAM,
03:24l'objectif national de dépense d'assurance maladie, donc la dépense de
03:28santé, soit augmentée d'un virgule deux milliards... Vous estimez avoir bien fait ?
03:34Je pense qu'on n'est pas... On prétend pas qu'on ait arrivé au nirvana mais ce
03:39budget est bien moins pire que le budget que présentait Michel Barnier.
03:42L'union de la gauche sera possible après ça puisque vous admettez des
03:46divergences stratégiques avec LFI ?
03:48Mais l'union de la gauche ça ne veut pas dire qu'on est tous
03:50caporalisés derrière monsieur Mélenchon et oui il y a une différence notable.
03:56Nous, nous ne souhaitons pas aller provoquer, j'allais dire, le chaos qui
04:03vient à des élections législatives anticipées et pourquoi pas le rêve des
04:07présidentielles anticipées. Je ne crois pas que les français veuillent ça mais
04:11après la gauche elle a toujours gagné. Quand la gauche de gouvernement, de
04:15responsabilité, elle a su parler aussi à la gauche radicale parce que nous nous
04:20portons des transformations réelles. On n'est pas juste là pour dire on ferait
04:24pareil, on ferait du en même temps. On est la gauche, on est dans
04:27l'opposition mais aujourd'hui on a fait un choix qui est difficile. On a fait un
04:31choix difficile. Difficile, vous admettez ? Mais bien sûr que c'était difficile, on en a
04:34beaucoup parlé, même avec les militants. Moi je vois avec les militants des
04:38Yvelines qui ont porté ma candidature. On a des débats, tout le monde n'est pas
04:43d'accord mais il faut se respecter dans ses choix politiques.
04:45Aurélien Rousseau, vous aviez claqué la porte du gouvernement à cause de la loi
04:49immigration de 2023 et aujourd'hui de fait vous vous retrouvez à laisser
04:53gouverner un premier ministre qui parle de submersion migratoire, un ministre de
04:58l'intérieur qui durcit les conditions de régularisation des sans-papiers, qui
05:01n'hésite pas à dire que l'immigration n'est pas une chance.
05:04Il n'y a pas une contradiction dans votre positionnement personnel ?
05:06Non, il n'y a pas de contradiction. Aujourd'hui on parlait de quoi ? On
05:09parlait du budget de la France. On parlait des associations de chante-tous-les-vignes
05:13qui n'arrivent pas à avoir des adultes relais ou des services civiques qui
05:18devaient arriver et qui ne vont pas arriver. Donc là on donne un budget au
05:22pays. Ça c'est le premier point. Il faut séparer les sujets. Il y a des terrains
05:26sur lesquels on peut faire des compromis, il y en a sur lesquels on ne peut pas faire
05:29de compromis et le sujet des principes, des valeurs, notamment ce que vous citez
05:33sur l'immigration, ça ne peut pas faire l'objet de compromis et c'est pourquoi à
05:37la fin de la séquence budgétaire, nous présenterons une motion de censure
05:41parce que oui, les termes « submersion migratoire », alors ça n'est pas un hasard.
05:47Tout ça ce sont des clins d'œil ou des signaux envoyés au Rassemblement
05:51national et quand on fait ça, on ne respecte pas le front
05:55républicain qui a porté la majorité des parlementaires qui sont sur les
06:00bords de l'Assemblée nationale. Cette motion de censure c'est pour vous donner bonne
06:02conscience ? Alors vraiment, on n'est pas à la recherche de la bonne ou de la
06:06mauvaise conscience. Toute décision de censure ou de non-censure, c'est une
06:12décision grave parce que le pays est dans une situation grave. Mais vous
06:16n'espérez pas renverser François Bayrou la semaine prochaine avec cette motion de censure ?
06:19Ce que je dis, c'est qu'on va passer clairement le message à François
06:23Bayrou qu'il a fait un choix de discuter, de dialoguer quelquefois, de se
06:27confronter un peu vivement avec nous et pas d'être comme son prédécesseur
06:31l'été dans un dialogue avec le Rassemblement national, un dialogue
06:34exclusif avec l'URN. Mais si cette tentation le reprenait, nous serions là
06:39pour y mettre un terme. Le Rassemblement national justement assure
06:43vouloir de la stabilité jusqu'à la possibilité de dissoudre l'Assemblée,
06:46donc pas avant cet été. Est-ce que vous aussi vous seriez prêts à retourner aux
06:50urnes dès que possible ou vous souhaitez continuer à travailler
06:53éventuellement avec François Bayrou pour une stabilité gouvernementale qui aille
06:56au-delà de l'été ? Le sujet d'abord, le Rassemblement national, comme
07:02d'habitude, il a laissé planer les doutes sur son vote. On voit bien
07:07que ce qui le motive, ça n'est pas vraiment l'intérêt des Français, c'est
07:11de gérer un calendrier, un calendrier aussi judiciaire de Marine Le Pen, de
07:17savoir comment il peut se faufiler dans tout ça. Il attend jusqu'au dernier
07:20moment pour se prononcer. Moi, dans les grands, les moments
07:24importants, il va y avoir, est-ce que les engagements qui ont été pris par le
07:28gouvernement, et là encore, moi j'assume pleinement de revenir vers les
07:32partenaires sociaux pour renégocier la réforme des retraites,
07:35ils sont tenus et que ce dialogue avec les partenaires sociaux, il est loyal.
07:39Là, c'est quelque chose qu'on regardera très fortement. Aujourd'hui, on n'a pas
07:43signé un chèque en blanc au gouvernement. On a dit notre exil.
07:47Et pas forcément jusqu'en 2027. Là, on ne signe pas évidemment jusqu'en 2027.
07:51Aurélien Rousseau, vous avez été directeur de cabinet d'Elisabeth Borne
07:55quand elle était première ministre. Hier, Radio France et Le Monde ont révélé
08:00que l'Elysée et Matignon ont laissé Nestlé Waters commercialiser des eaux
08:04non conformes à la réglementation. Pourtant, vous, vous aviez été alerté par
08:08les autorités sanitaires. Alors, la réalité est très simple.
08:12J'étais effectivement directeur de cabinet à Matignon. Matignon, c'est un
08:17entonnoir, si je puis dire, et les décisions les plus compliquées remontent
08:21au plus haut niveau. Moi, j'ai été alerté en octobre 2022 d'une note
08:27conjointe de deux conseillers m'indiquant avec l'entête qu'il n'y avait aucun
08:32risque sanitaire, mais qu'il y avait effectivement une fraude à la
08:36qualification d'eau minérale naturelle, parce que dans certaines
08:41sociétés, ils faisaient des traitements, des filtrations de ces eaux minérales naturelles
08:47qui n'étaient pas réglementaires. Et c'est sur ce sujet et ce sujet seul
08:52donc que j'ai été saisi avec le ministère de la Santé et le ministère de
08:58l'Industrie qui étaient alignés sur la proposition qui était faite, c'est-à-dire
09:03de demander aux industriels de revenir à la norme et avec une série de contrôles
09:09qui ont été engagés. Après, nous n'avons jamais, pour ma part, je n'ai jamais été
09:16saisi d'un risque sanitaire. J'ai été patron d'une agence régionale de santé.
09:21C'était à l'époque du Covid. J'ai géré des crises sanitaires. Jamais de là, jamais, je n'aurais mis en balance
09:27un risque sanitaire avec un intérêt industriel. Pourtant, il y a cette note que Radio France a
09:33pu consulter du ministère de la Santé au cabinet d'Elisabeth Borne qui dit qu'il
09:37faut suspendre l'autorisation d'exploitation de Nestlé et disons que
09:40ce ne serait pas acceptable de céder à Nestlé. Alors, moi je suis dans
09:45une situation où je sais ce dont j'ai été saisi. Je sais que les décisions qui ont été prises
09:53en interministériel, elles ont été validées par le ministère de la Santé.
09:57Vous en aviez parlé à Elisabeth Borne.
09:59Non, jamais je n'en ai parlé à la Première ministre parce que, je le disais tout à l'heure, c'est un entonnoir,
10:07un dossier sensible sur la note que j'ai retrouvée. Pour la regarder, je marque
10:13dossier sensible, suivre de très près la mise en oeuvre des préconisations qui sont faites,
10:18mais je considérais que je n'avais pas en parlé à la Première ministre, disons dans une journée,
10:23c'est des dizaines et des dizaines de décisions. Donc, ce qui est sûr, et la question qui a été
10:28posée après, c'est est-ce que ces filtrations elles-mêmes peuvent cacher d'autres pollutions ?
10:35Donc, il a été saisi l'ANSES, l'agence pour données scientifiquement de sécurité sanitaire pour
10:42donner scientifiquement une méthode pour repérer éventuellement des risques virologiques et quand
10:49l'ANSES a rendu ce rapport en octobre 2023, eh bien, il a été donné instruction aux ARS de mettre
10:57en place ce type de contrôle. Il y a eu une erreur d'appréciation du gouvernement dans ce dossier ?
11:02À l'heure où on se parle, à l'heure où on se parle, et je serai extrêmement prudent, moi j'ai
11:10entendu le Directeur Général de la Santé sous serment considérer qu'on était toujours dans une
11:17affaire dans laquelle il y avait eu une fraude qui ne fait pas de doute un de grands industriels de l'eau minérale.
11:21Est-ce que le gouvernement a cédé au lobbying de Nestlé ?
11:24Non, parce que des sources fermées, il y a eu des sources qui ont été fermées dans la région
11:28Grand Est, il y a une des sources de Perrier qui a été fermée en Occitanie, on n'a rien cédé,
11:34simplement on leur a, sur le strict volet de la qualification d'eau minérale naturelle qui était
11:41trop traitée pour être toujours qualifiée de naturelle, qui relève de la concurrence et de la
11:46répression des fraudes, il leur a été laissé un peu plus de temps. Il n'y avait, dans tout ce qui est
11:52remonté jusqu'à Matignon, aucun sujet de santé publique, et je le dis donc, effectivement, si
11:59aujourd'hui était avéré, ça n'est pas le cas à l'heure où on se parle. Qu'il y a eu des conséquences
12:05de santé publique, ça voudrait dire qu'il y a eu une erreur d'appréciation de ce risque.
12:10La France Insoumise saisit le procureur de la République, est-ce que ça vous inquiète, les suites de cette affaire ?
12:15Ça ne m'inquiète absolument pas, parce que d'abord, il ne faut pas s'inquiéter de la justice, il y a une
12:20commission d'enquête, et parce que par ailleurs, l'agence régionale de santé Grand Est, par exemple,
12:24quand elle a constaté ces fraudes, elle a saisi elle-même le procureur de la République. Moi, je pense que
12:30s'il y a de la clarté à faire, il faut qu'elle soit faite. Aujourd'hui, sous serment, le directeur général de la santé
12:38a dit que pour lui, il n'y avait pas de sujet de santé publique, et je crois, j'espère, que tout cela sera confirmé,
12:45parce que je n'ai pas d'éléments qui me font penser le contraire à l'heure où on se parle.
12:50Merci Aurélien Rousseau.
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