• il y a 15 heures
Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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00:00Bienvenue Gilles Labranque, vous êtes dans Patron en question, je suis très heureuse de vous recevoir.
00:06Vous avez une entreprise qui s'appelle Sofrigam et c'est très fondamental ce que vous faites en fait,
00:13parce que vous faites du froid, c'est-à-dire que vous aidez au transport de tout ce qui est fragile,
00:19les médicaments surtout, et c'est quelque chose d'intéressant à double titre
00:24parce que vous avez démarré dans cette société qui était une petite boîte.
00:27Est-ce qu'il y avait déjà du froid ? Elle était petite, Sofrigam était petite.
00:31C'était déjà un marché intéressant ?
00:35Interessant non, mais il avait été développé puisqu'au départ il a été fondé par un pharmacien
00:41qui était patron d'expansion à l'époque et qui s'était aperçu qu'il y avait des problèmes de chaîne du froid
00:47déjà dans les années 80-90.
00:49Et vous êtes arrivé dans cette boîte, et moi j'aime bien ces histoires,
00:52parce qu'il y a les entreprises de famille, il y a les entreprises où on rentre un beau jour
00:56et on devient non seulement PDG, on la reprend et on développe.
01:00Et c'est un peu ce qui vous est arrivé, non ?
01:02Oui, complètement.
01:03Mais encore ?
01:04Au début, en fait, avec ma femme, on voulait revenir sur Paris,
01:08donc j'ai trouvé cette entreprise.
01:10Vous étiez où ?
01:11On était à Poitiers.
01:13Et je suis rentré comme chef de projet avec une start-up qui avait pris un projet
01:19auprès d'Alphakiten, une licence d'application, sauf qu'il leur manquait l'ingénieur pour la développer.
01:24C'est quoi une licence d'application ?
01:26Vous avez des brevets, et après vous licenciez tout ou partie du brevet,
01:32donc c'est les brevets d'application, par exemple pour aller sur le marché,
01:35en utilisant ce brevet ou en fournissant des éléments qui rentrent dans le brevet.
01:39Alors, moi qui suis un culte, qu'est-ce que ça contient un projet, tel que vous le dites ?
01:46Vous ouvrez un marché grâce à un brevet, donc avec une certaine exclusivité.
01:50Et ce brevet là, dans votre cas, c'était quoi ?
01:53C'était les brevets qui venaient du CNRS de Perpignan, à l'époque c'était ça.
01:57Donc il y avait toute une série de brevets qu'on pouvait utiliser pour mettre au point des produits
02:01qui après iraient sur un marché.
02:03Et donc une fois qu'on a le brevet, vous avez les ingénieurs qui, à partir de ce brevet, fabriquent ?
02:07Alors, ce n'est pas aussi simple que ça.
02:09Le brevet, en fait, c'est le droit de fabriquer et de vendre légalement sur un marché
02:13qui est protégé parce que vous avez le brevet.
02:15Voilà, c'est ça l'histoire.
02:17Et quelle a été votre idée ? Qu'est-ce qui a déclenché le fait de développer ça aussi vite, aussi bien ?
02:22Par quoi vous avez commencé ?
02:24Alors au départ, en fait, la technologie à l'époque n'était à la fois pas mature et le marché n'était pas là.
02:30Bon, pourtant il y avait des grands noms.
02:32Et pourtant, vous avez repris ça avec votre femme ?
02:34Alors, j'ai repris parce qu'à un moment, c'était ça où être licencié, on va être très clair.
02:38Donc la boîte allait au dépôt de bilan et j'ai convaincu l'actionnaire principal qui mettait l'argent
02:42et on a continué en lui disant on va retourner à meilleure fortune.
02:45Voilà.
02:46Et il m'a suivi.
02:48Je le remercie, même s'il n'est plus de ce monde.
02:51Et ensuite, j'ai repris l'entreprise et je l'ai racheté.
02:54Et j'ai prouvé à sa famille que ce n'était pas la danseuse de papa,
02:59mais qu'ils ont gagné de l'argent aussi grâce à nous.
03:02Et personne de la famille n'est revenu travailler chez vous ?
03:04Pas du tout.
03:05Du tout ?
03:06Du tout.
03:07C'est bien.
03:08Et alors donc, le premier produit qui a marché, c'était quoi ?
03:11Une caisse isolante pour Halcon, qui est le leader mondial de l'ophtalmologie.
03:15D'accord.
03:16Une caisse isolante, qu'est-ce qu'on mettait dedans ?
03:18Des produits à très forte valeur ajoutée.
03:20J'en ai un exemple.
03:21Une caisse qui vaut 100 euros.
03:23Vous pouvez avoir 100 000 euros de marchandises dedans.
03:24Ça, c'est la pharmacie.
03:25D'accord ?
03:26Donc les rapports n'ont rien à voir.
03:28On est dans un monde où l'autorisation de mise sur marché, qui est leur mot magique,
03:32dépend d'une réglementation.
03:33D'ailleurs, tout ce qu'on fait dépend d'une réglementation.
03:35D'acheter du froid, par exemple ?
03:36Absolument.
03:37Très strict.
03:38Donc à partir de là, on doit être expert pour qu'ils fassent confiance.
03:43Vous avez fait votre caisse, ça se passait très bien.
03:45Après, vous avez fait quoi ?
03:46Après, on a pris d'autres marchés au fur et à mesure.
03:49Marchés de quoi, par exemple ?
03:50Toujours pareil.
03:51Après, ça a été GlaxoSmithKline.
03:52Après, ça a été ce qui est devenu Pfizer, parce que nos clients se sont rachetés les
03:56uns les autres.
03:57Pfizer, à l'époque, c'était Pharmacia Objen il y a 30 ans.
03:59Donc on a réussi à rester dans l'immeuble, si j'ose dire, et à ne pas faire partie
04:02de la dépouille.
04:04Et donc, vous innovez en permanence dans la chaîne du froid ?
04:06On apporte au marché, je dirais, des produits soit innovants, soit qui répondent, et surtout
04:13avec un prix.
04:14Parce qu'on ne se leurre pas.
04:15La guerre des prix existe partout.
04:17Et donc, vous faites tout ça en France ?
04:19Oui, on fait tout ça en France.
04:21Et on exporte 80 % aujourd'hui.
04:23Magnifique.
04:24Enfin, une boîte qui exporte.
04:26Vous exportez, et vous avez beaucoup de concurrents à l'étranger ?
04:29C'est un métier, en fait, c'est une niche mondiale.
04:32J'irais à ce qu'on appelle le cold chain packaging.
04:34C'est une niche mondiale qui représente 2-3 milliards et qui est dominée par des majors américains
04:40qui sont des multinationales, qui ont racheté quasiment tous nos concurrents.
04:43Et qu'est-ce qui fait la différence pour être le meilleur ?
04:46La technicité.
04:47Vous êtes très fort là-dedans ?
04:49Oui, sinon on ne serait pas là.
04:51Donc, on a effectivement 12 ingénieurs dans l'entreprise, sur une centaine de personnes.
04:56Beaucoup.
04:57Oui, mais ceci oblige cela.
04:59Bien sûr.
05:00La pharmacie a un mot, je dirais, il y a deux mots importants dans la pharmacie, c'est qualification-validation.
05:05Voilà, avec ça.
05:07Et ceux qui veulent rentrer, le ticket d'entrée est extrêmement élevé.
05:10Je ne parle pas en argent, mais en reconnaissance et en crédibilité.
05:14Et en dernière question, est-ce que le Covid, pour vous, a été un coup d'arrêt ?
05:19Ou au contraire, un facteur de développement ?
05:22Ça n'a été ni l'un ni l'autre.
05:24Par contre, les gens ont pris conscience qu'il fallait, je dirais, des chaînes du froid
05:28pour accompagner les médicaments.
05:30Le moins 70, qui est très spectaculaire, parce que c'était 0,1% du marché, est devenu important.
05:35Et donc, on a pris conscience qu'il y avait une technicité, ça nous a aidés sur d'autres marchés.
05:40On a fait France Santé Publique, par exemple, on a livré des sacoches,
05:43on a livré un certain nombre de produits pour les patients qui ne pouvaient pas se déplacer.
05:47Donc, ça nous a fait connaître, oui, un grand développement.
05:50Eh bien, écoutez, bravo.
05:51Et puis alors, avec les canicules qu'on nous annonce, à mon avis, vous avez de l'avenir.
05:54Merci beaucoup de nous avoir raconté ça et c'est tout à fait passionnant.

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