Vincent Marie (Bleuforêt) : Patrons en questions (Émission du 07/01/2025)

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Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

Transcript

00:00Vincent-Marie, bienvenue à Pas-Trop-En-Question.

00:03Bonjour.

00:04Vous avez le nom d'une entreprise qui fait un peu rêver,

00:07parce que Bleu Forêt, c'est une marque de chaussettes,

00:11très créative, de collants, etc., et donc on connaît bien.

00:15Mais c'est une aventure assez amusante en fait,

00:18parce que c'est une entreprise familiale,

00:20mais pas vraiment familiale non plus.

00:22C'est votre père qui travaillait, je crois, chez DIMM.

00:25Exactement. Il a travaillé chez DIMM dans les années 80 et début des années 90.

00:29Oui.

00:30Et au milieu des années 90, cette usine devait être fermée pour être délocalisée,

00:35et il s'est porté repreneur de ce site.

00:38Il a créé la société Tricotage des Vosges,

00:40et il a monté, inventé la marque Bleu Forêt.

00:43Ah, c'est bien, à cause de la ligne bleue des Vosges.

00:45Exactement.

00:46Et alors, vous voyez ça, je trouve ça merveilleux.

00:48Moi, je m'extasie à chaque fois, parce que les entrepreneurs partent de rien.

00:53Ou ils sont dans une entreprise qui va fermer,

00:55ou alors ils découvrent quelque chose qui peut marcher,

00:58ou alors c'est assez étonnant.

01:01Et donc, on a une force entrepreneuriale dont je suis très fière.

01:04Donc, à ce moment-là, votre père a tout ça.

01:07Vous êtes évidemment cursus normal Belles Etudes.

01:11Oui, normal.

01:13Et qu'est-ce qui vous pousse à reprendre ?

01:16Déjà parce qu'il me l'a proposé.

01:18Oui.

01:19Déjà parce qu'il me l'a proposé.

01:20Je n'aurais pas fait la démarche moi-même.

01:21Vous ne l'auriez pas fait ?

01:22Non, je n'aurais pas trouvé ça logique de le mettre en situation,

01:25de me proposer ou pas de me proposer.

01:27Je m'attendais de voir, mais j'avais mené ma vie avant,

01:30pour voir comment ça allait se passer.

01:31Mais quand il me l'a proposé, je me suis dit,

01:33c'est vraiment une belle aventure, une belle aventure familiale,

01:36une belle aventure industrielle.

01:38Et surtout, moi, j'ai toujours été passionné par les choses concrètes.

01:41Et l'industrie est quelque chose de très concret.

01:43On part de matières premières, on les transforme en produits finis.

01:47Il y a un savoir-faire, il y a un aspect technique

01:49que je trouve absolument fascinant.

01:51Et alors, il y a tout ça, et c'est parfaitement exact.

01:55Mais dans votre produit, il y a aussi pas mal de design,

01:58on est dans la mode quand même.

02:00Complètement.

02:01C'est-à-dire que quand Bleu Forêt a été créé,

02:03c'était une des premières marques de chaussettes

02:05qui s'adressait aux femmes.

02:07C'est-à-dire des chaussettes plus fines,

02:09avec plus de coloris, avec plus de dessins.

02:12Alors aujourd'hui, ça paraît logique,

02:13mais on était au milieu des années 90,

02:15et on a toujours cultivé ça.

02:17On a une équipe recherche et développement

02:18de huit personnes intégrées,

02:20deux stylistes complets,

02:21et on renouvelle chaque saison,

02:23comme dans le prêt-à-porter.

02:24Et vous faites un peu la mode,

02:25parce que moi je constate, c'est fou,

02:28même avec des robes habillées,

02:30les filles mettent des chaussettes,

02:32c'est assez étonnant.

02:34Donc vous avez vraiment, vous anticipez la mode,

02:37il y a un côté stylisme très présent ?

02:40On travaille bien sûr avec un cabinet de conseil,

02:43on a deux stylistes en interne,

02:45et pour nous c'est important de regarder aussi

02:47ce qui se fait dans les défilés.

02:49Et il y a des saisons où ça marche mieux que d'autres ?

02:52Bien évidemment, l'automne-hiver est beaucoup plus propice

02:55à la vente de chaussettes que le printemps était.

02:58Les couleurs, est-ce qu'il y a une année

03:01où il y a un modèle génial ?

03:03Cet hiver, par exemple, on a deux modèles

03:05qui ont extrêmement bien fonctionné,

03:07un modèle en laine avec un motif léopard,

03:09avec plusieurs teintes de léopard,

03:11et on a eu un motif jacquard

03:13en grosse laine cachemire sur jauge épaisse

03:16qui fait très pull,

03:17où on l'avait décliné avec des écrus,

03:19des brins, des gris,

03:20et qui a très bien fonctionné également.

03:22C'est très amusant.

03:23Je crois avoir vu des femmes en robe du soir

03:25avec ce genre de chaussettes.

03:27Pour parler plus sérieusement,

03:29c'est une usine magnifique

03:31qu'on a vue à l'écran il y a 30 secondes,

03:34usine magnifique dans les Vosges.

03:36Comment vous vivez ça ?

03:38Parce qu'on a une industrie qui souffre.

03:40Bien sûr.

03:41On a une industrie qui souffre en France,

03:43elle n'arrive pas à se maintenir.

03:45Dès qu'on peut,

03:46ils délocalisent leur industrie ailleurs.

03:48Ce n'est pas votre cas ?

03:49Non.

03:50Pas du tout en vie ?

03:51Non, pas du tout.

03:52Déjà, ça a toujours été une volonté,

03:54dès le départ,

03:55et on l'a perpétue,

03:56de tenir notre outil de production,

03:58de conserver un savoir-faire.

04:00Mais comme on n'a pas l'avantage pris,

04:02on est obligé d'être meilleur en qualité de produit,

04:04donc ça suppose d'investir chaque année

04:06dans le matériel de production.

04:08Donc contrairement à ce qu'on pourrait imaginer,

04:10on n'a pas des gens qui cousent à la main des chaussettes.

04:12On n'en avait pas imaginé.

04:13On a un matériel moderne,

04:15automatisé,

04:16avec une bonne productivité.

04:17Et le matériel lui-même,

04:18vous l'achetez en France ?

04:19Non.

04:20Il n'y a plus de machine-outil en France.

04:22On l'achète en Italie.

04:23Oui.

04:24On a un fourniteur italien.

04:25J'entends beaucoup parler,

04:26dans cette émission,

04:27d'Italie.

04:28Et quand vous dites

04:29qu'il faut être compétitif sur le prix,

04:31parce que vous avez des matières premières

04:33qui sont plus chères et très belles,

04:35ou parce que le coût de l'industrie

04:37est plus cher en France ?

04:38Le coût de l'industrie est plus cher en France,

04:40donc c'est important pour nous

04:42de viser plutôt le haut de gamme,

04:45de viser des matières de qualité,

04:47une création de qualité,

04:49avoir un bon savoir-faire,

04:51des finitions de qualité,

04:52et surtout un service au client de qualité.

04:55C'est-à-dire que,

04:56par rapport à nos distributeurs,

04:57on est capable de réassortir

04:58n'importe quel produit,

05:00même là, le 10 décembre,

05:01en 15 jours.

05:02Ce qui est difficile

05:03quand on prend un approvisionnement

05:04beaucoup plus lointain.

05:05Et vous exportez ?

05:07On exporte un petit peu.

05:08On est présent dans une quinzaine de pays.

05:10Ça représente un petit 20 %

05:11de notre chiffre d'affaires.

05:12Mais vous exportez par Internet, je suppose ?

05:14Non, non, non.

05:15Vous êtes des boutiques ?

05:16Non, pas des boutiques.

05:17On a des bureaux commerciaux

05:18dans une quinzaine de pays.

05:19D'accord.

05:20Des bureaux commerciaux,

05:21donc des détaillants qui vous vendent.

05:23Non, des salariés.

05:25On a une filiale à Montréal, au Canada,

05:27une filiale azurique en Suisse,

05:29un petit bureau en Suède, en Espagne,

05:32avec à chaque fois un commercial

05:34qui présente nos produits.

05:35Et alors, comme mot de la fin,

05:37qu'est-ce que vous nous promettez

05:38comme innovation ?

05:40Vestimentaire.

05:43Comme innovation vestimentaire.

05:45Aujourd'hui, il y a une tendance

05:47pour les femmes, vraiment,

05:48du mi-bas, du mi-bas chaud,

05:50et donc on essaye d'en développer

05:51quand même pas mal pour l'hiver,

05:53qui est une bonne saison pour nous,

05:54pour aller avec ses grandes bottes.

05:56On a des choses sympas en alpagas

05:58pour cet hiver.

05:59J'attends ça avec impatience.

06:00Avec grand plaisir.

06:01Merci infiniment, Vincent Henry,

06:02et je rappelle,

06:03très belle entreprise, Bleu Forêt.

06:05Merci beaucoup.

06:12Sous-titrage Société Radio-Canada

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