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Dette publique : "Les agences de notation font très attention au climat politique", avertit le président de Fipeco
franceinfo
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29/11/2024
"Le problème de la dette publique, c'est assez largement un problème de confiance", analyse, vendredi, François Ecalle, président de Fipeco, un site d'information sur les finances publiques.
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Bonsoir à toutes et à tous, en pleine crise politique au budgétaire, voilà que l'agence
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de notation S&P, anciennement Standard & Poor's, rend son verdict ce soir sur la note, notre
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dette souveraine française.
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Bonsoir François Eccal, Président de Fipeco, Association d'information sur les finances
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publiques, ancien magistrat de la Cour des comptes.
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On va essayer d'y voir un peu plus clair ensemble en actant que nous n'avons pas de
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boule de cristal.
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Quand une agence de notation prend sa décision, évalue la dette d'un pays, elle observe
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attentivement ce qui s'y passe, là ce qu'elle voit ne va pas lui plaire ?
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Je pense que ça va l'inquiéter, donc en effet j'ai pas plus de boule de cristal
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que vous et je ne sais pas ce qu'ils vont dire, le plus probable est qu'ils ne dégradent
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pas la note de la France mais qu'ils disent qu'ils risquent de le faire la prochaine
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fois.
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Techniquement ça veut dire qu'on nous met, nous avons une perspective négative.
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C'est parce qu'on va le rappeler, il y a trois options, soit la note reste stable,
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soit elle n'est pas dégradée effectivement mais avec une perspective négative, soit
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elle est dégradée.
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Qu'est-ce qui vous laisse penser ça ?
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Le climat, les agences de notation font très attention au climat politique parce que le
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problème de la dette publique c'est assez largement un problème de confiance.
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On n'a pas de problème, un Etat comme une entreprise n'a pas de problème s'il arrive
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à expliquer à ses créanciers que tout va bien, que tout est en contrôle, etc.
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Là c'est un peu plus difficile en ce moment d'avoir ce genre de discours donc les créanciers
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peuvent s'inquiéter et les agences de notation peuvent s'inquiéter aussi.
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Donc je pense en effet que ça sera une perspective négative, ça ne changera rien.
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Ça allait être ma question, qu'est-ce qu'on s'inquiète ?
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Les marchés s'inquiètent déjà depuis quelques jours, les taux d'intérêt montent,
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donc je pense que ça ne changera rien.
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Là où ça va changer, c'est sans doute la prochaine fois parce que si en effet ils
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nous dégradent, eux comme les autres agences, on va tomber dans une autre catégorie de
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notation et là on aura un simple A au lieu d'avoir un double A et là c'est plus embêtant
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parce que beaucoup de gestionnaires de portefeuille ou des banques ont des obligations d'avoir
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des obligations d'Etat justement notées, double A, alors si c'est seulement simple
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A, ils risquent d'en acheter moins.
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Donc la prochaine fois, ça peut avoir un effet assez important sur les taux d'intérêt.
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Donc on peut avoir un sursis cette fois ?
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On aura un sursis.
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Non mais attention.
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Voilà.
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Michel Barnier, le Premier ministre, parce que tout ça se passe alors qu'il y a un
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débat pour le moins houleux sur le budget au Parlement, il met en garde contre la tempête
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que déclencherait une chute du gouvernement, notamment sur les marchés.
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Est-ce qu'il a raison d'utiliser ce terme-là par exemple ?
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Alors une tempête, je ne sais pas, mais il y a un risque en tout cas je dirais.
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Le risque, il est le suivant.
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Si les marchés aujourd'hui sont relativement calmes, les taux d'intérêt ont monté quand
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même, mais pas beaucoup, c'est parce qu'ils pensent que la Banque Centrale Européenne
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sera toujours là pour soutenir la France en cas de crise, de difficulté.
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Mais ce qu'ils oublient, ils pourraient s'en rappeler brutalement, c'est que la
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BCE ne peut intervenir normalement que si le pays en question respecte les règles budgétaires
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européennes.
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Là on fait semblant de respecter.
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Ce qui n'est déjà pas trop le cas.
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Après il y a un plan qui a été présenté pour dire on va revenir dans les clous, c'est-à-dire
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à 3% de déficit en 2029.
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Mais pour le moment, on donne l'impression de faire des efforts, la commission a validé
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notre programme de finances publiques, donc de ce côté-là, ça va, mais il faut aussi
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que la dette publique du pays soit sous contrôle.
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La BCE peut intervenir si c'est vraiment de la spéculation, mais si on a vraiment
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un problème fondamental de dette publique non soutenable, la BCE normalement ne peut
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pas intervenir.
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Donc je pense qu'avec un gouvernement comme celui de Michel Barnier, elle interviendra
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toujours.
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En revanche, ce que les marchés peuvent se dire, c'est qu'avec un gouvernement qui
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dit je mets au panier les règles budgétaires européennes, je ne veux plus en entendre
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parler et qui annonce des mesures que dans le reste de l'Europe on trouvera comme assez
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délirante du point de vue des finances publiques, les marchés se diront que la BCE ne peut
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pas intervenir dans ces conditions, en tout cas, elle va hésiter, même si la France
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est « too big to fail », elle va hésiter et à ce moment-là, on risque d'avoir une
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crise.
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Juste un rappel, « too big to fail », c'est un terme qu'on utilisait notamment pour
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les banques américaines littéralement trop gros pour tomber, donc il y a toujours quelqu'un
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qui vient à sa rescousse.
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Je voudrais qu'on revienne au calcul du gouvernement Barnier, parce que quand le budget a été
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présenté, il y avait 60 milliards d'euros d'efforts prévus, vous arrivez à faire
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les comptes là ? Il reste quoi aujourd'hui ?
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Alors d'abord les 60 milliards, le Haut conseil des finances publiques, il ne disait pas 60,
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c'est 42.
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Moi je pense que c'était plutôt 42, mais 42 c'est déjà beaucoup.
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Après, j'ai renoncé à suivre ce qui se passe au Parlement, ça part dans tous les
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sens, j'ai quand même nettement l'impression que ça va dans le sens d'une réduction
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de ces efforts.
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C'est-à-dire que même si on était à 42, là on commence à descendre nettement au-dessous
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de 42 parce qu'on remet en cause des mesures relativement importantes, on a remis en cause
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ce qui avait été projeté sur les retraites, sur les efforts demandés aux collectivités
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locales, sur les allégements de cotisations des entreprises, ça c'était dans les 42
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ou 60 milliards, c'était des gros morceaux, sur lesquels on est revenu en arrière totalement
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ou partiellement.
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Est-ce que spécifiquement en France, c'est politiquement très complexe de toucher à
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la dépense publique ?
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Je pense qu'on a une particularité en France qui fait qu'on a le record en matière
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de dépenses publiques en pourcentage du PIB qui remonte à très loin dans le temps
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et qui ne date pas d'hier.
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Si vous relisez Tocqueville, l'Ancien Régime et la Révolution, vous verrez que déjà
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sous l'Ancien Régime, les Français demandaient plus d'aides au roi et ils voulaient payer
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moins d'impôts.
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C'était déjà la même histoire.
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Je pense que c'est très ancien, ça a été aggravé par le « quoi qu'il en coûte »,
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même si le « quoi qu'il en coûte » était nécessaire, ça donne l'impression que
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les milliards peuvent couler à flot et qu'on peut toujours les trouver.
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L'ancien ministre de l'économie Bruno Le Maire disait que le « quoi qu'il en coûte »
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c'est fini.
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Est-ce qu'on arrive à en sortir ?
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Parce que lui disait qu'on a du mal à en sortir.
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On en est largement sortis au sens où les mesures exceptionnelles qui avaient été
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prises pendant la crise sanitaire et puis après même pendant la hausse des prix d'énergie,
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ces mesures ont quasiment disparu.
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En revanche, là où on a vraiment du mal à en sortir, c'est psychologiquement.
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C'est-à-dire que ça a effectivement donné l'impression qu'il suffisait de demander
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des milliards pour trouver des milliards et donc alors pourquoi s'arrêter ?
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On n'a pas compris en effet que ça ne pouvait être que des mesures temporaires.
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C'est ça le problème je pense.
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J'ai conscience François Heckel qu'on fait de l'éco-politique fiction, je vais dire
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ça comme ça, mais concrètement s'il n'y a pas de budget au 31 décembre 2024, que
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se passe-t-il ?
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Alors s'il n'y a pas de budget, il faut bien avoir en tête que dans une loi de finances,
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le Parlement vote des crédits limitatifs.
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C'est une autorisation de dépenser limitative.
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Vous pouvez dépenser jusqu'à un tel somme.
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Et s'il n'y a pas de budget, il n'y a pas d'autorisation.
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Donc normalement, les comptables publics arrêtent de payer, donc c'est le shutdown
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à l'américaine.
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Sauf que la Constitution prévoit que si le gouvernement voit qu'il n'y aura pas de
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budget avant la fin de l'année, il demande au Parlement une loi spéciale l'autorisant
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à lever les impôts et à ouvrir des crédits à hauteur du dernier budget voté, c'est-à-dire
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celui de 2024.
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Alors ça, ça ne changera pas grand-chose parce que finalement le projet de loi de
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finances de Barnier, c'est quasiment la même chose en termes de total de dépenses
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que la loi de finances de 2024.
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En revanche, pour les recettes, ça va changer beaucoup de choses.
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Ça veut dire ?
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Parce que cette autorisation à lever l'impôt, c'est à le lever dans les conditions précédentes.
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Ça veut dire que par exemple, l'impôt sur le revenu, son barème, ne va pas être indexé.
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Et ça, ça a des conséquences très concrètes pour les comptables.
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Ça va permettre à l'État de gagner 3 à 4 milliards.
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Mais pour ceux qui payent l'impôt sur le revenu, ça veut dire plus d'impôt sur le
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revenu.
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Ou ceux qui étaient juste à la limite d'être imposés, ça veut dire qu'ils seront peut-être
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imposés.
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Ça, mais d'un autre côté, ça veut dire aussi que toutes les mesures fiscales nouvelles
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comme la hausse du taux de l'impôt sur les sociétés ou la hausse des impôts sur les
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plus riches seront abandonnées.
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Donc du point de vue des finances publiques, ça veut dire en fait beaucoup de recettes
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en moins.
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Parce que les 3 ou 4 milliards d'impôts sur le revenu en plus, ça ne compensera pas
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les 10 à 15 milliards de recettes qu'on va abandonner.
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Et politiquement, ça serait pour le moins sensible des ménages qui rentrent soudainement
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dans le barème de l'impôt sur le revenu, d'autres qui en paient plus.
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Alors c'est vrai, parce qu'à un autre côté aussi, il faut voir qu'on doit voter
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une loi de financement de la Sécurité Sociale.
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Alors là, le problème est un peu différent parce que dans les lois de financement, les
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dépenses ont des objectifs.
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Donc les caisses de retraite vont continuer, même s'il n'y a pas de loi de financement,
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les caisses de retraite continueront à verser les pensions, mais dans les conditions prévues
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par le Code de la Sécurité Sociale.
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Et ce qui est prévu, c'est une indexation totale au 1er janvier sur l'inflation.
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Donc pour les retraités, c'est une bonne nouvelle.
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En revanche, pour ceux qui payent l'impôt sur l'avenu, c'est une mauvaise nouvelle.
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Et pour les entreprises, c'est une bonne nouvelle aussi, puisqu'ils n'auront pas
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tous ces nouveaux impôts à payer.
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Il n'y aurait pas la contribution exceptionnelle notamment de la FF.
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Mais pour les finances publiques, c'est une mauvaise nouvelle.
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Voilà la conclusion.
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Merci beaucoup François Eccal, président de Cipeco, association d'information sur
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les finances publiques anciens magistrats de la Cour des Comptes.
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On attend donc le verdict de l'agence de notation S&P ce soir et puis on attend ce
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que va donner l'examen de ce budget.
09:18
Merci d'avoir été notre invité Ecco sur France Info.
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