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Avec Dylan Slama, avocat pénaliste

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-10-17##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Le suspect du meurtre de Philippine refuse son extradition de la Suisse vers la France.
00:10Pour comprendre et pour savoir, nous sommes avec Maître Dylan Slamat, qui est avocat pénaliste.
00:15Bonjour.
00:16Bonjour.
00:16Donc on est bien d'accord. Ce suspect, Tahar Walida, suspect du meurtre de Philippine, a été arrêté en Suisse.
00:25Il est donc en prison en Suisse, ce qui paraît tout à fait logique.
00:29Tout à fait.
00:29Il est en prison en Suisse. La France a déposé une demande d'extradition le 9 octobre et il refuse.
00:38Il a le droit de refuser.
00:39Il a le droit de refuser. Mais c'est vrai que, tel que c'est présenté, on a l'impression que parce qu'il le refuse,
00:44alors il ne sera pas extradé. Or, ce n'est pas du tout le cas. Il a le droit de le refuser et la France a le droit d'insister.
00:50Évidemment.
00:50Voilà, exactement.
00:51Et d'ailleurs, la France va insister.
00:52Et la France va bien évidemment insister. Il y a deux types de procédures.
00:55Une procédure simplifiée qui passe par son acceptation. Donc, cette procédure simplifiée est désormais écartée puisqu'il n'a pas accepté.
01:02Il y a une procédure ordinaire qui est plus longue, mais qui devrait, je pense, aboutir.
01:06C'est-à-dire la procédure ordinaire. C'est-à-dire que le gouvernement français fait une demande officielle au...
01:12Ce qui a déjà été fait.
01:13Tout à fait.
01:14Officielle au gouvernement fédéral suisse.
01:17Et est-ce qu'il y a, entre la Suisse et la France, un accord...
01:21Oui, il y a des accords entre tous les pays occidentaux et d'ailleurs à peu près tous les pays mondiaux.
01:25Mais en tout cas, les pays occidentaux et de l'Europe continentale, il y a des accords.
01:28Mais c'est juste que comme cette demande d'extradition n'a pas été acceptée, elle va donc devoir être étudiée par le tribunal fédéral suisse.
01:34Et donc, le temps d'étudier un dossier, cela prend du temps.
01:37Alors, le tribunal fédéral suisse va étudier et ensuite c'est le ministère fédéral de la justice qui décidera.
01:44Exactement. Donc, ça va prendre plus de temps parce qu'il faut regarder le dossier.
01:47J'ai assez peu de doutes sur l'issue. Je peux me tromper, mais j'ai assez peu de doutes sur l'issue.
01:51Simplement, on passe d'une procédure simplifiée à une procédure ordinaire qui prend du temps parce que tout prend du temps.
01:57Ça peut prendre quelques mois. Je pense que ça ne dépassera pas l'année, mais ça peut prendre quelques mois.
02:01Mais de la même manière que son éventuelle condamnation à cet individu prendra non pas quelques mois, mais quelques années,
02:06y compris en France parce que la justice est lente, parce qu'il faut un, deux, trois années parfois pour obtenir la condamnation d'un individu.
02:12Donc, l'émotion, l'émotion n'a pas... Enfin, l'émotion, c'est le meurtre de Philippine.
02:17Tout à fait.
02:17— Parce qu'il sera jugé en France. Son meurtrier présumé sera jugé en France. Vous êtes bien d'accord ?
02:24— J'ai assez peu de doutes là-dessus. Et je vais même dire une parole d'avocat de la défense que je me retrouve parfois dans ce type de situation.
02:31Il est parfois difficile – donc ça va peut-être faire plaisir à ceux qui ont des envies de répression – mais il est parfois difficile
02:36d'imputer la détention qui a été exécutée à l'extérieur comme de la détention à imputer à la peine qui sera prononcée.
02:43— Exactement. J'allais vous en parler. Imaginons qu'il reste un an en prison en Suisse. Est-ce qu'en fonction de la peine,
02:49cette année-là sera déduite, comprise dans la peine infligée ?
02:54— Eh bien c'est ce que je dis. Moi, j'ai été plusieurs fois confronté à ça en tant qu'avocat pénaliste de la défense.
02:58Et c'est assez difficile à faire entendre et c'est assez difficile à faire valoir. Ce n'est pas forcément automatique.
03:04— C'est-à-dire que si vous êtes condamné à 10 ans, plus ça fera 11 ans.
03:08— Exactement. Enfin exactement. En fait, tout dépend. Disons que c'est un combat. C'est un combat d'avocat.
03:12C'est un combat à mener. Parfois, on le gagne. Parfois, c'est difficile. Parfois, c'est lent.
03:16Et parfois, malheureusement, on nous dit que ce n'est pas de la détention provisoire. Donc ce n'est pas à imputer à la peine.
03:20— Mais pourquoi, selon vous, refuse-t-il l'extradition ?
03:23— Je pense qu'il le refuse parce que peut-être... C'est un conseil de son avocat. Je n'en sais rien.
03:27Peut-être lui se dit-il que c'est une manière de ralentir les choses, de préparer mieux sa défense, de savoir comment répondre.
03:33Peut-être espère-t-il... Vous savez...
03:36— Peut-être mieux traité dans les prisons suisses. — Je ne sais pas.
03:39— On n'est jamais à l'abri, je le dis, parce que ça arrive malheureusement parfois, y compris dans des dossiers très sensibles,
03:43parfois d'une espèce d'erreur de procédure qui, dans le cadre de l'extradition, pourrait lui bénéficier.
03:48Ça veut dire que plus on fait de recours, plus il y a de systèmes juridiques différents, plus il est possible qu'à un moment,
03:52il y ait malheureusement des trous dans la raquette qui aboutissent à une erreur de procédure.
03:56— Alors justement, est-ce qu'un avocat avisé en Suisse pourrait retarder son extradition sur plusieurs années ?
04:01— Oui, il pourrait le retarder. Mais après, reculer pour mieux sauter, est-ce que c'est une bonne stratégie ?
04:05Ça lui dit réfléchir. C'est un choix d'individu, aussi. C'est un choix d'individu.
04:08Il a le choix entre plusieurs possibilités. Et il est libre de choisir laquelle il préfère.
04:12Il refuse aujourd'hui cela. Sans doute, il s'estime que c'est dans son intérêt.
04:16Et si jamais les textes prévoient qu'il a le droit de le faire, c'est qu'il a le droit de le faire.
04:19Donc un droit, ça est fait pour être utilisé aussi.
04:21— Françoise, vous avez une question, non ? Françoise de Gaulle.
04:24— Non, non, je regarde ça. — Vous écoutez Maîtresse Lamarche.
04:26— J'écoute avec... Oui, vraiment, je bois vos paroles à tous les deux, d'ailleurs,
04:29parce que je n'avais pas pensé à cette question sur la détention et sur l'addition ou bien ce qu'on a soustrait.
04:35Je trouve intéressant de voir à quel point, encore une fois, le temps de la justice n'est pas le même
04:40que le temps médiatique et que le temps judiciaire.
04:42Et ce n'est pas plus mal que les émotions retombent, je pense, au moment du jugement.
04:46Est-ce que vous êtes d'accord ou pas ?
04:47— Exactement. Moi, j'ai toujours pensé que... On voit d'ailleurs dans le procès qui a lieu en ce moment
04:50dans le sud de la France que c'est très difficile lorsqu'il y a de l'émotion qui rentre dans une salle d'audience.
04:55Les magistrats et les jurés – parce que parfois, il y a les jurés civils, hein, des citoyens tirés au sort –
04:59doivent être préservés de cette émotion. Et donc c'est l'aspect positif de cette longueur de la justice.
05:04C'est que quand le procès aura lieu dans 2, 3 ans, peut-être que le soufflet d'émotion sera retombé.
05:09Et je pense que ça peut être bénéfique pour tout le monde pour que le procès ait lieu dans des conditions sereines
05:13et que la condamnation ait lieu dans des conditions sereines également.
05:15— Merci, maîtresse Lamarche, d'être venue nous voir ce matin. Françoise Decoy.

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