Elie Aboud, ancien député de l'Hérault

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00:00Au Liban, en ce moment, ça vous paraît peut-être loin, mais pour certains héroltés, c'est une inquiétude au quotidien.

00:06L'invité qui fait l'actu à 7h45, Anne, c'est Eliabou, ancien député de l'Hérault, d'origine libanaise.

00:11Oui, bonjour Eliabou.

00:12Bonjour tout le monde.

00:13Vous étiez au Liban il y a encore quelques jours, quand il y a eu les premiers bombardements d'Israël.

00:18Tout à fait, tout à fait, j'étais présent et je devais y être aussi avec des amis, des professeurs du CHU de Montpellier,

00:26parce qu'il y a deux projets en gestation pour le Liban.

00:29Parce qu'en plus d'être ancien député, vous êtes aussi cardiologue.

00:32Il paraît, il paraît.

00:33Vous savez, être député, ce sont des CDD.

00:36La médecine, c'est des CDI.

00:38Donc j'étais effectivement, il y a deux projets en gestation, que ce soit l'hospice à domicile avec un groupe de l'Hérault,

00:44le groupe ADEN et une convention avec le CHU pour les greffes hépatiques.

00:48Et puis malheureusement, voilà, la situation a fait que j'ai assisté à tout.

00:52Qu'est-ce qui s'est passé ? A quoi vous avez assisté ?

00:55Justement, comment ça s'est déroulé de votre point de vue à vous ?

00:58D'abord, il y a eu une saturation complète du secteur hospitalier à tous les niveaux,

01:04parce qu'il y a eu quand même des milliers de blessés.

01:06Et puis j'ai assisté, vous savez, comme j'ai dit à vos collègues de la presse écrite,

01:09moi, je n'ai pas le droit d'exercer la médecine in situ.

01:13Par contre, je les ai aidés avec la ventilation des patients.

01:18Mais c'était terrible, c'était terrible.

01:20Des CV, c'était terrible.

01:22C'est des situations que vous aviez déjà vécues ou pas ?

01:25Je l'ai vécue quand j'étais jeune, à l'âge de 16 ans, au début de la guerre civile.

01:29Mais pas comme ça, pas opérationnel comme ça.

01:32Non, tout à fait.

01:33Là, vous aviez les mains dans le cambouis, quoi.

01:36Et donc, ça a mis un terme.

01:38Vous avez dû rentrer plus tôt que prévu.

01:40Ça a mis un terme à tous les projets.

01:42Non, pas du tout. Les projets vont continuer.

01:44Moi, comme j'ai dit, je suis optimiste.

01:46Bien sûr, il y a un temps d'arrêt aujourd'hui.

01:48Il y a une crise. On verra la solution de cette crise.

01:51Et j'espère une solution rapide.

01:53Mais bien sûr, les projets vont continuer.

01:55Il n'y a aucun souci.

01:56Est-ce que vous pouvez nous expliquer qu'est-ce qui se joue en ce moment au Liban ?

01:59Qu'est-ce qui se passe ? C'est quoi cette situation, en fait ?

02:02En fait, ce qui se passe, c'est que malheureusement, malheureusement,

02:07le Hezbollah, qui est un parti lébanais, a lié le problème avec Gaza.

02:14Avec la situation à Gaza.

02:16Et la situation à Gaza est terrible.

02:18Elle est terrible.

02:19Vous savez très bien qu'on ne voit pas la solution et le vrai problème.

02:23Et là, je pense que le peuple d'Israël, les Juifs qui ont vécu une souffrance inexcusable,

02:31inacceptable de l'époque, ont le droit aujourd'hui d'avoir un pays libre et souverain.

02:38Les Palestiniens qui étaient là depuis toujours,

02:42qui n'ont rien à voir avec le génocide, avec les folies de Hitler,

02:45ont aussi le droit d'avoir un État.

02:48Et tant qu'on n'est pas dans cette logique, dans cette équation,

02:51il n'y aura pas de règlement du problème.

02:54Et puis le Hezbollah est venu lier ce problème qui date depuis maintenant des années et des années

03:01au problème de Gaza.

03:02Donc voilà, on est là.

03:03Et puis vous savez, qui donne, ordonne.

03:08Et les Iraniens, voilà, ils sont derrière tout ça.

03:11Et Netanyahou non plus, quand même à un certain moment, malheureusement,

03:16et là je le partage avec beaucoup de mes amis Juifs en France ici,

03:20qui ne comprennent pas l'attitude du Premier ministre israélien.

03:24À un certain moment, la fuite en avant, il faut qu'elle s'arrête.

03:27Et se mettre autour d'une table et discuter.

03:29« Il ne faut pas qu'il y ait la guerre au Liban », c'est ce que disait Emmanuel Macron,

03:32qu'on a entendu il y a quelques minutes.

03:33Je pense que le président Macron a toujours trouvé les mots justes.

03:37Mais le problème, c'est la voix de la France qui m'inquiète aujourd'hui.

03:41La voix de la France partout.

03:43Vous savez, regardez ce qui s'est passé en Afrique.

03:47La dilution de ce pouvoir français.

03:49Une voix qui n'est plus écoutée, c'est ça que vous dites ?

03:51La voix, on ne va pas dire affonne, parce que j'exagère.

03:54Elle est un peu dysphonique, on va dire.

03:56C'est vrai que la géostratégie de cette région est déjà complexe.

04:01La France a toujours joué un rôle majeur, toujours.

04:05Et j'ai l'impression aujourd'hui, malheureusement, qu'elle est un peu au second plan.

04:09Même si, et tous les partis politiques, tous les régimes en France,

04:13ont une tendresse particulière pour le peuple libanais,

04:16qui est un peuple francophone, qui est un peuple francophile,

04:19qui aime la France.

04:21Comment vous suivez, justement, l'actualité au Liban ?

04:24Et dans quel état d'esprit sont les Libanais que vous connaissez ?

04:28Le peuple libanais n'est pas forcément le régime.

04:31Le peuple libanais est triste.

04:33Le peuple libanais fait une guerre qui n'est pas la sienne.

04:37Le peuple libanais a toujours subi la souffrance des autres.

04:41Rappelez-vous, les années 1970, c'est le Liban qui a reçu les réfugiés palestiniens.

04:47Rappelez-vous, il y a quelques années, c'est le Liban qui a reçu les réfugiés syriens.

04:53Et là, on entend les Libanais partent en Syrie.

04:55Certains Libanais partent en Syrie, justement, depuis...

04:57Oui, certains Libanais du Sud qui ont des connexions partent en Syrie.

05:00Mais c'est microscopique.

05:01Vous avez 2 millions de Syriens au Liban, pour 4 millions d'habitants.

05:07Imaginez-vous, en France, chez nous, il y a 30 ou 35 millions de réfugiés en France.

05:13Voilà ce que les Libanais ressentent.

05:15Et ils ont envie de finir avec tout ça.

05:17Ce n'est pas leur guerre.

05:18C'est plus grave que d'autres crises que le pays a traversées, d'après vous ?

05:22Ou vous êtes plutôt optimiste et il va y avoir une résolution du conflit assez rapide ?

05:27Je l'espère.

05:28Je pense qu'il va falloir rapidement...

05:30Évidemment, j'ai vu qu'hier aux Nations Unies, il y a eu quand même une convergence

05:36entre les Américains, les Français et certains pays arabes modérés.

05:40Il faut que Netanyahou arrête.

05:43Il faut que le Hezbollah dénoue un peu ce lien qu'il a fabriqué avec Gaza.

05:49Et puis, il y aura une solution.

05:51Mais, malheureusement, je suis un peu pessimiste.

05:54Parce que je sais qu'avant les élections américaines, le mois de novembre,

05:58il va y avoir un champ terrible, un champ militaire terrible,

06:03pour aboutir à une solution.

06:05Et on verra laquelle.

06:06Je ne la connais pas.

06:07Et vous allez évidemment suivre ça de près, Eliabou.

06:10Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin.

06:12Merci.

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