• il y a 3 mois
Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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00:00Le docteur Brigitte Mignot qui nous rejoint, bonjour Brigitte.
00:02Bonjour.
00:03Demain ce sera la journée européenne de la prostate et ce matin vous nous parlez de
00:07cette polémique autour du dépistage du cancer de la prostate et pour commencer un rappel
00:12sur ce cancer.
00:13Voilà, on va donner quelques généralités, c'est quand même le cancer le plus fréquent
00:18chez l'homme et c'est le troisième cancer en termes de mortalité.
00:23Vous allez me dire troisième en termes de mortalité après le poumon et le cancer colorectal,
00:28c'est beaucoup.
00:29En fait c'est aussi parce que c'est le plus fréquent qu'il est important en termes de
00:32mortalité et c'est aussi parce qu'il survient généralement après 70 ans, plus fréquemment.
00:39Il y a 0,5% des cancers de la prostate qui surviennent avant 50 ans.
00:44Alors il y a toute une polémique, déjà on va la situer quand même pour ceux qui
00:48ne savent pas.
00:49Elle se trouve sous la vessie, elle se trouve entre le pubis et le rectum comme on va le
00:54voir sur ce schéma.
00:56Vous voyez, on l'a mise en vert fluo pour qu'on la repère bien.
01:01Pourquoi il y a une polémique ? Pour l'instant, l'idée c'est de savoir si on fait un dépistage
01:09de masse comme on peut en faire pour le cancer du sein chez la femme, on fait un dépistage
01:13de masse à partir de 50 ans ou comme on peut le faire pour le cancer colorectal chez tout
01:17le monde.
01:18A 50 ans, on reçoit sa petite lettre, un mois après l'anniversaire, la petite lettre de
01:23l'anniversaire.
01:24Et si on faisait un dépistage aussi de masse pour le cancer de la prostate ? Il y a d'ailleurs
01:29beaucoup de personnalités qui s'en étaient mêlées, etc.
01:32Mais en fait, ce n'est pas si simple que ça, je vais vous expliquer pourquoi.
01:35De quoi dispose-t-on pour savoir si on a un cancer de la prostate ou pas ? On a ce qu'on
01:40appelle des PSA, ce sont des antigènes spécifiques de la prostate.
01:45Une simple prise de sang, ce sont des cellules sécrétées par la prostate, donc une simple
01:50prise de sang, on mesure, on sait si vous avez des PSA élevés, au-dessus de 4, et
01:56ça, ça pouvait être un moyen de dépister, et on le fait d'ailleurs quand on a un doute
01:59sur un cancer de la prostate.
02:01Après, autre moyen, le toucher rectal.
02:04Il faut savoir que normalement, une prostate, c'est petit, c'est souple, c'est lisse, c'est
02:09élastique, et quand il y a un cancer, justement, elle devient dure, mais ligneuse, elle perd
02:13toutes ses propriétés.
02:14Donc le médecin va voir la prostate et en la palpant, on voit s'il y a un problème.
02:20Mais pourquoi il y a cette polémique ? Pour plusieurs raisons.
02:23D'abord, les PSA ne sont pas spécifiques du cancer de la prostate, c'est-à-dire qu'on
02:29peut avoir des PSA élevés, mais pour une hypertrophie bénigne de la prostate, c'est-à-dire
02:34qu'en fait, vous avez juste une petite, après 50 ans, elle commence à grossir un peu, donc
02:38vous avez juste une prostate qui gonfle un petit peu, une hypertrophie bénigne de la
02:42prostate, et les PSA sont élevés.
02:43Vous pouvez avoir des PSA élevés, par exemple, tout ce qui a stimulé un peu la prostate
02:47peut entraîner une augmentation des PSA.
02:49Même le fait de faire du vélo, d'avoir stimulé sur la selle, ça peut même monter les PSA.
02:54Donc vous voyez, ce n'est pas spécifique du cancer de la prostate.
02:57Autre chose, on a fait une étude post-mortem sur des hommes de tous les âges et on s'est
03:05aperçu qu'en fait, chez 64% des hommes autopsiés, si vous voulez, ils avaient un cancer de la
03:13prostate, mais ils n'en avaient jamais entendu parler de leur vie.
03:16Ce qui veut dire quoi ? Qu'on a des formes agressives de cancer de la prostate, mais
03:21on a des formes qu'on appelle indolentes, c'est-à-dire qu'elles ne vont jamais évoluer
03:25vers des formes graves.
03:26Il ne faut pas les traiter, celles-là.
03:27Justement, c'est ça le problème.
03:28Et elles sont traitées alors qu'on ne devrait pas les traiter.
03:32C'est justement ça.
03:33Donc voilà, les principales raisons.
03:35Après, on s'est aperçu, il faut quand même savoir qu'en fait, dans le monde, personne
03:40ne fait de dépistage de masse de la prostate.
03:42Il y a deux pays, je crois que c'est Lituanie et Kazakhstan qui le font, mais sinon personne
03:46ne le fait.
03:47Et surtout, la troisième raison, et peut-être la plus importante, c'est que lorsque vous
03:52traitez, il peut y avoir des complications.
03:55Lorsqu'on va vous traiter pour un cancer, on dépiste un cancer de la prostate, on vous
04:00traite, il peut y avoir comme complication pratiquement tout le temps une âne d'éjaculation,
04:05c'est-à-dire une absence d'éjaculation, on peut avoir des troubles de l'érection,
04:08on peut avoir des douleurs pelviennes, des incontinences urinaires, donc c'est toujours
04:13bénéfice-risque.
04:14Donc, pour l'ensemble, les recommandations, ce n'est pas de dépistage de masse pour
04:19le cancer de la prostate, en revanche, des dépistages, quand vous avez des suspicions,
04:23des troubles, je vous ai mis quelques-uns des signes qui doivent vous inquiéter et
04:28faire que vous consultiez, mais l'idée, c'est surtout d'en discuter avec votre médecin.
04:33Parce que même s'il n'y a pas de dépistage de masse, on sait qu'un homme, que 50% des
04:38hommes de 50 ans ont déjà demandé des PSA parce que ça a été médiatisé, etc.
04:42Et ils le font quand même.
04:43Le problème, c'est qu'il faut en discuter, c'est vraiment une discussion, et le mieux
04:47placé pour en parler, c'est peut-être votre médecin généraliste qui vous connaît
04:51et qui va vous expliquer les bénéfices et les risques à faire ce dépistage régulièrement.
04:57Et surtout, on peut faire un suivi régulier aussi, on peut très bien, voilà, une surveillance
05:02un petit peu rapprochée, mais voilà.
05:03Donc voilà pourquoi il y a cette polémique sur le dépistage du cancer de la prostate.
05:07Merci Brigitte.