Nomination du Premier ministre : la surprenante prise de parole d'Emmanuel Macron
Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:00L'autre sujet qui fait l'actualité à la mi-journée, c'est évidemment le poste de Premier ministre.
00:05Cela fait 45 jours maintenant que Gabriel Attal a présenté sa démission.
00:08Son ou sa remplaçante n'a toujours pas été nommée.
00:11Écoutez Emmanuel Macron, il a parlé sur le sujet, il a été interrogé sur le sujet en marge de son déplacement en Serbie.
00:17Croyez bien que je fais tous mes efforts, et les jours et les nuits, et que je le fais depuis des semaines,
00:24même si vous ne l'avez pas forcément vu, pour aboutir à la meilleure solution pour le pays.
00:29En tout cas, la France a un gouvernement qui gère les affaires courantes,
00:32qui a permis d'avoir des Jeux Olympiques qui ont émerveillé le monde,
00:36et j'en félicite vraiment nos athlètes, nos organisateurs, et le gouvernement,
00:40et les services de l'Etat et les collectivités,
00:42de faire l'ouverture hier de nos Jeux Paralympiques qui vont aussi éliminer le monde,
00:46et donc qui en même temps fait face aux défis, aux crises du moment.
00:49Donc je ne voudrais pas qu'on laisse s'installer l'idée que les affaires ne sont pas suivies.
00:54Après je ferai mes meilleurs efforts et je parlerai au français en temps voulu et dans le bon cadre.
00:57Voilà, Emmanuel Macron qui dit donc vouloir trouver la meilleure solution pour le pays.
01:01Alors, il est parti officiellement pour signer un contrat aussi de vente,
01:05on va le rappeler, 12 rafales à Belgrade, 3 milliards d'euros, c'est une bonne opération.
01:09Mais pourquoi ce besoin de préciser qu'il se remonte les manches,
01:13qu'il travaille, qu'il fait des efforts, Jules Torres ?
01:16C'est assez étonnant, on a besoin de se justifier.
01:18Là c'est vrai qu'il parle un petit peu pour ne rien dire,
01:20évidemment, heureusement qu'il met tous les efforts, ça fait 50 jours.
01:22Non mais j'y réfléchis jour et nuit.
01:24Je crois que c'est une réponse à une question d'un journaliste.
01:28Bon, ce sera encore pire s'il ne répondait pas.
01:30Bon, ça va, il ne fait pas non plus 3 minutes de réponse, donc c'est plutôt clair.
01:34Mais c'est vrai que ce n'est pas quelque chose qui nous étonne.
01:38C'est le rôle du Président de se retrousser les manches pour trouver un Premier Ministre.
01:42Qui va revenir cet après-midi, le Président de Serbie, qui a prévu d'autres consultations encore et encore.
01:46Oui, mais il répond aussi à tous ceux qui l'ont critiqué, y compris Laurent Wauquiez,
01:50de procrastiner, de faire durer le plaisir, si c'est un plaisir,
01:54de ne pas se presser pour nommer un Premier Ministre.
01:56C'est à ça qu'il répond à Emmanuel Macron en disant
01:58voilà, je cherche jour et nuit la meilleure solution.
02:02Après, on peut discuter de savoir si lui seul devait décider.
02:06Je veux dire, l'Assemblée Nationale a été élue après une dissolution, les Français ont voté,
02:10avec un résultat, qui est-ce qu'il est ? C'est-à-dire avec une Chambre ingouvernable.
02:14Mais il aurait pu aussi s'appuyer sur l'Assemblée Nationale pour éliminer un certain nombre d'hypothèses.
02:18Peut-être qu'il aurait moins pris sur lui les critiques,
02:22et sur table, qui fait qu'au bout de 44 jours, on n'a pas de Premier Ministre.
02:26Et l'hypothèse Bernard Cazeneuve reste d'actualité, la petite musique continue à tourner.
02:32Et, crac, Ségolène Royal qui annonce hier soir chez nos confrères de LCI qu'elle est disponible.
02:38Ségolène Royal, elle se fait plaisir. Honnêtement,
02:42c'est la première fois d'expérience de journaliste politique
02:46que je vois quelqu'un poser acte de candidature pour Matignon.
02:50Ça ne se fait pas. Alors après, c'est sans doute peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver à Bernard Cazeneuve.
02:56C'est genre un contre-feu ?
02:58Exactement. Là encore, en expérience de journaliste,
03:00tous les noms qu'on a avant un remaniement ou avant la nomination d'un Premier Ministre,
03:03généralement, ce n'est pas celui-là. Souvenez-vous, il y a six mois,
03:05Gabriel Attal, c'est le dernier nom qui sort du chapeau à peine un jour avant,
03:08à peine 24 heures avant, et Emmanuel Macron, il le nomme à ce moment-là.
03:12Bernard Cazeneuve, il a évidemment plein de qualités, plein d'avantages pour ce poste.
03:16Déjà politiquement, c'est quelqu'un qui vient de la gauche,
03:19qui a encore des attaches au Parti Socialiste, même s'il l'a quitté en 2022
03:22après l'accord entre l'EPS et la France Insoumise pour la NUPES.
03:26C'est quelqu'un qui ne va pas froisser la droite, contrairement à Ségolène Royal,
03:30qui est un petit peu plus à gauche, ou en tout cas,
03:33qui est décrit comme un petit peu plus à gauche que Bernard Cazeneuve.
03:36Il est de gauche sans tenir au nouveau Front Populaire,
03:38il est républicain sans être de droite.
03:40C'est Jean-Christophe Cambadélis qui dit ça.
03:42C'est vrai que Bernard Cazeneuve a beaucoup de qualités pour la situation.
03:48Il a notamment une qualité qui me paraît très importante,
03:51à la différence d'autres noms qui sont cités,
03:53c'est que c'est une vraie personnalité politique.
03:56Il a déjà été Premier ministre, même si c'était en fin de quinquennat,
03:59ce n'est pas quelqu'un qui est la créature d'Emmanuel Macron,
04:02vous voyez ce que je veux dire ?
04:03Je ne veux pas dire que les autres noms qui sont cités,
04:05qui sont des gens parfaitement respectables,
04:08qui ont dirigé des institutions ou des entreprises,
04:10ne sont pas des personnalités politiques aussi fortes que Bernard Cazeneuve.
04:14Avec Bernard Cazeneuve, je trouve qu'on entre dans une semi-cohabitation
04:19par rapport à Emmanuel Macron.
04:21Bernard Cazeneuve est un homme de tempérament, de caractère,
04:23d'intelligence et de culture aussi par ailleurs,
04:25mais ce n'est pas quelqu'un qui va se laisser faire par Emmanuel Macron.
04:29Il a suffisamment d'expérience, il a un âge suffisamment avancé
04:36pour ne pas avoir besoin de céder devant Emmanuel Macron,
04:40qui est un tempérament aussi très fort.
04:42Je pense que cet élément-là me paraît tout à fait essentiel
04:46et qu'à ma connaissance, dans tous les noms qu'on entend,
04:48à part Ségolène Royal dont j'étais un peu étonné qu'elle ait aussi tardé pour candidater,
04:52tous les autres noms qu'on entend sont des gens très compétents,
04:57mais qui n'ont pas cette personnalité politique.
05:00Vous parlez de cohabitation, mais Emmanuel Macron et Bernard Cazeneuve
05:03ne sont pas les meilleurs amis du monde.
05:05Je me rappelle qu'il a été accusé de trahison par Bernard Cazeneuve et Emmanuel Macron.
05:10Je pense que Bernard Cazeneuve, s'il veut aller à Matignon,
05:13mettra un petit peu d'eau dans son vin,
05:15mais je pense que sa sortie sur la cohabitation,
05:19il ne l'a pas dit lui-même, mais il l'a fait dire par ses proches,
05:21il a dit qu'en gros, si Emmanuel Macron me nomme Premier ministre,
05:25il faudra qu'il s'attende à une cohabitation.
05:27Sauf que la majorité qui sera celle de Bernard Cazeneuve Premier ministre,
05:31sera la majorité d'Emmanuel Macron.
05:34La majorité de sa majorité, ce sera les députés macronistes,
05:39ce sera les quelques députés socialistes,
05:41et les quelques députés de droite de Laurent Wauquiez.
05:43On l'a dit, le Nouveau Front Populaire,
05:45ou en tout cas la France Insoumise et les écologistes,
05:47déposeront une motion de censure si c'est un gouvernement Cazeneuve.
05:50Donc les députés LFI, ou en tout cas la grande majorité des députés du Nouveau Front Populaire,
05:54ne soutiendront pas Cazeneuve.
05:56Donc en effet, ce sera plutôt une semi-cohabitation plutôt qu'une cohabitation.
06:00Alors Philippe, on va justement continuer à parler de cette cohabitation,
06:03avec cette sortie de Mathilde Panot,
06:05qui assure pouvoir réussir à destituer le chef de l'État.
06:09Pourquoi ? Comment ?
06:10Restez bien avec nous, on en parle dans quelques instants.
06:12Et vous pouvez réagir au 01 80 20 39 21, le numéro est non surtaxé.
06:16Europe 1, les 13h40.
06:19Du lundi au vendredi, sur Europe 1, vous écoutez Céline Giraud de 13h à 14h.
06:22Et Céline, aujourd'hui avec vous pour décrypter l'actualité,
06:24Philippe Guibert, chroniqueur politique et le journaliste politique au journal du dimanche,
06:29Et les auditeurs d'Europe 1, bien sûr, comme chaque jour,
06:31très nombreux à nous appeler pour réagir.
06:33On continue à parler de ce casting, de ce tournée manège qui continue
06:36pour le poste de Premier ministre.
06:39Opération séduction a du mal en tout cas à se conclure.
06:42Et l'hypothèse de Bernard Cazeneuve qui se précise.
06:47Et Mathilde Panot qui évidemment sort du bois.
06:50Écoutez-la, c'était ce matin chez nos confrères de France Info.
06:52Bien sûr que nous voterions une censure contre Monsieur Cazeneuve.
06:55Je vais vous le dire très clairement.
06:57Nous ferons des motions de censure contre tout gouvernement
07:01qui ne serait pas dirigé par Lucie Castet.
07:04Parce que Lucie Castet est la candidate que nous avons choisie ensemble
07:07avec le Nouveau Front Populaire.
07:09Et lorsque vous regardez l'ensemble des formations politiques du Nouveau Front Populaire,
07:13toutes ont dit qu'elles censuraient ce qui serait la continuité d'une politique macroniste
07:18et qui serait en dehors du Nouveau Front Populaire.
07:21Donc non, notre candidature c'est Lucie Castet.
07:24Et nous censurons tout autre gouvernement que celui de Lucie Castet.
07:27Mathilde Panot, chef des députés insoumis qui assure pouvoir destituer le chef de l'État.
07:35Elle assure peut-être aller sur la lune aussi.
07:37Pour destituer un chef de l'État, il faut trouver une majorité qualifiée.
07:42Et la trouver pas simplement à l'Assemblée Nationale où déjà elle n'existe pas.
07:45Mais en plus il faut la trouver au Sénat où elle existe.
07:48C'est beaucoup plus qu'une majorité, c'est les deux tiers.
07:50C'est les deux tiers, oui, c'est une majorité qualifiée.
07:52Et donc tout ça est dû à la communication politique
07:55pour montrer combien Mathilde Panot est hostile à Emmanuel Macron.
07:58Mais ça on l'avait compris a priori.
08:01Donc il n'y aura pas de destitution d'Emmanuel Macron.
08:04Il peut à un moment donné être tenté par une démission.
08:08Mais il n'y aura pas de destitution par le Parlement d'Emmanuel Macron.
08:11Pour le reste...
08:13C'est une manière d'occuper le terrain pour la France insoumise ?
08:16C'est de montrer qu'ils sont dans une opposition résolue
08:19et qu'ils ne feront aucune concession.
08:20Mais ça aussi on l'avait compris.
08:22On a compris que le LFI est tout tendu
08:25et uniquement tendu vers la candidature de Jean-Luc Mélenchon
08:28à la prochaine présidentielle qui a lieu en 2027 ou avant.
08:31C'est leur seul objectif.
08:32Leur objectif n'est pas de gouverner,
08:34n'est pas de trouver un compromis pour pouvoir gouverner.
08:37Leur objectif est de dire
08:38on veut gagner l'Unité pour avoir tout le pouvoir.
08:41Et Lucie Castex qui...
08:43Et donc ça bloque beaucoup de choses.
08:45Qui vient de quitter la mairie de Paris d'ailleurs
08:46pour être encore plus libre.
08:48Il y a un éléphant dans le salon de Mathilde Panot
08:50et elle ne le voit pas.
08:51C'est-à-dire qu'ils n'ont pas de majorité.
08:52C'est fou, ça fait deux mois qu'on en dit.
08:55Bien sûr.
08:56Et en fait le problème de la France insoumise
08:57et ça c'est depuis des années,
08:59c'est qu'ils sont dans des positions maximalistes
09:01tout le temps, sur tous les sujets.
09:03Qu'on parle de la guerre en Israël,
09:05qu'on parle de l'inflation,
09:08qu'on parle des retraites.
09:09Ils adoptent toujours la position la plus extrême.
09:12Donc évidemment, là ils invoquent l'article 68
09:15pour destituer le président de la République.
09:17Ça n'arrivera pas.
09:18Ça n'est jamais arrivé.
09:19Il faut deux tiers du Sénat.
09:22Ils ont zéro sénateur.
09:23Donc allez m'expliquer comment ils vont convaincre Bruno Retailleau
09:26d'aller destituer le président de la République.
09:28Bon courage.
09:29Et deuxièmement,
09:31Lucie Castex n'a aucune légitimité.
09:34Aucune.
09:35Elle n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale.
09:37Elle est inconnue de tout le monde.
09:40Donc moi je veux bien qu'on discute
09:42pendant des semaines et des semaines de Mme Castex.
09:45Mais aujourd'hui,
09:46personne ne l'attend.
09:47Tous les sondages qui sortent sur
09:49quel Premier ministre vous voulez,
09:50Lucie Castex,
09:51elle est dans les pas crêtes.
09:52Elle n'est même pas dans les dix premiers.
09:53Donc arrêtons un petit peu avec Lucie Castex.
09:55On va écouter François Ruffin maintenant,
09:57député de la Somme,
09:58ancien insoumis
09:59et qui siège désormais à l'Assemblée nationale
10:01avec l'écologie,
10:02à propos de cette censure.
10:03Et son déclarage est un peu différent.
10:05Le blocage, il est lui fait du président de la République.
10:07D'accord ?
10:08C'est lui qui a les cartes entre les mains.
10:10Et aujourd'hui,
10:11ils veulent nous proposer un gouvernement technique.
10:13Ça n'existe pas un gouvernement technique.
10:15Un gouvernement technique,
10:16c'est un gouvernement très politique
10:17qui propose de faire des coupes
10:18dans le budget de l'éducation,
10:19des coupes dans le budget du ministère du Travail,
10:21des coupes dans le budget du ministère de l'écologie.
10:23C'est-à-dire juste avoir une espèce de hachette
10:25pour faire des coupes, des coupes, des coupes partout.
10:27C'est-à-dire poursuivre la politique
10:28qui a été menée depuis 40 ans
10:29et qui, d'une part,
10:30ne marche pas pour le pays.
10:32D'autre part,
10:33fait monter, flamber
10:34le Rassemblement national.
10:36Voilà François Ruffin
10:38chez nos confrères de France Bleu.
10:39Il dit que la censure peut s'exercer
10:40à l'égard du gouvernement de Lucie Castet
10:42mais c'est à l'Assemblée de censurer.
10:44Oui, mais il pouvait avoir tout à fait raison.
10:46Je le répète,
10:47je pense qu'Emmanuel Macron
10:48a pris une responsabilité sur lui
10:50qu'il aurait pu transférer à l'Assemblée nationale.
10:52Ça nous aurait pris une semaine
10:54vraiment à tout casser.
10:55Et c'est l'Assemblée
10:56qui aurait censuré Lucie Castet,
10:58c'est pas Emmanuel Macron.
10:59Mais bon, c'est fait.
11:00Mais quelle perte de temps pour le pays.
11:01Mais quelle perte de temps pour le pays.
11:02En tout état quo, je suis d'accord.
11:04François Ruffin a raison sur un point
11:06et tort, à mon avis, sur un autre.
11:08Il a raison sur le fait
11:09qu'il n'y a pas de gouvernement technique.
11:11Les gouvernements techniques, ça n'existe pas.
11:13Et notamment qu'on doit faire des budgets
11:15qui sont extrêmement difficiles à faire.
11:17Ce qui se pose des décisions politiques,
11:19notamment en matière d'économie ou d'impôts,
11:21qui sont des décisions hyper politiques.
11:23Donc il a parfaitement raison sur ce point.
11:25Là où il exagère un peu, à mon sens,
11:27c'est quand il dit
11:28seul Emmanuel Macron a toutes les cartes entre les mains.
11:30Bah non, il en a quelques-unes, Emmanuel Macron.
11:32Mais enfin, les partis qui sont représentés
11:34à l'Assemblée nationale
11:35ont aussi leur part de responsabilité.
11:38Voyez justement le comportement des les filles
11:40dont on parlait à l'instant.
11:42On pourrait parler du comportement des républicains
11:44qui, le moins qu'on puisse dire,
11:45n'est pas dans une stratégie de compromis.
11:47Donc tout le monde a sa part de responsabilité.
11:49Sur ce que vient de dire François Ruffin.
11:51François Ruffin, il exprime
11:53la position de la France insoumise
11:55de manière un petit peu plus
11:57souple,
11:59peut-être un peu plus intelligente.
12:03Mais en tout cas,
12:05il a une position qui est plutôt raisonnable.
12:07Mais qui, à mon avis, le problème...
12:09En fait, on a la même discussion depuis deux mois,
12:11il n'y a pas de solution.
12:12Donc, évidemment, tout le monde est obligé
12:14d'avoir une position.
12:16Le RN, là, on ne les entend pas
12:18parce qu'ils ont assumé d'être en retrait.
12:19Bon, on en pense ce qu'on veut.
12:21Mais la France insoumise doit avoir une position.
12:23LR doit avoir une position.
12:25LR, on a bien compris que
12:27Laurent Wauquiez n'allait pas se brûler les ailes
12:29parce qu'il pense déjà à 2027.
12:31Il ne va pas aller sauver le soldat Macron.
12:33Vous savez, l'hypothèse de Bernard Cazeneuve,
12:35elle est intéressante parce qu'il pourrait succéder à Jacques Chirac.
12:37En quoi ?
12:39C'est-à-dire que ce serait la première fois
12:41qu'un Premier ministre redevient...
12:43Oui, c'est vrai, vous avez raison, le rappel, c'est intéressant.
12:45À chaque fois que je pense à cette question,
12:47je me dis, pourquoi irait-il se brûler
12:49les ailes Bernard Cazeneuve pour
12:51battre son propre triste record ?
12:53Parce que c'est aussi le Premier ministre
12:55le plus éphémère de la Ve République,
12:57Bernard Cazeneuve.
12:59Il a fait cinq mois de 2016 à 2017.
13:01Pourquoi aller battre ça
13:03pour se faire censurer au bout d'une semaine ?
13:05Là, le problème, c'est qu'il va falloir des courageux.
13:07Peut-être que Mme Royal
13:09pourrait y aller.
13:11Où êtes-vous ?
13:13Mais c'est ce qu'on disait avec Philippe,
13:15c'est qu'on parle aussi beaucoup
13:17de ce gouvernement technique, mais en effet, je pense que ça n'existe pas.
13:19Et surtout, dans une assemblée comme celle-ci,
13:21fragmentée, où il va falloir aller
13:23chercher des députés de par-ci, par-là,
13:25il va falloir quelqu'un de très politique.
13:27Donc, on entend le gouverneur de la Banque de France,
13:29on entend plein de gens comme ça.
13:31Ce n'est pas possible.
13:33Si ça se trouve, vous avez raison, ce sera quelqu'un d'autre
13:35dont on ignore l'existence aujourd'hui.
13:37Mais Jules, pourquoi Bernard Cazeneuve
13:39irait-il prendre ce risque ?
13:41Tout simplement parce qu'à un moment donné,
13:43il y a des hommes et des femmes qui peuvent
13:45de temps en temps penser au pays.
13:47Bernard Cazeneuve n'est plus dans un parti politique.
13:49Je critiquais à l'instant
13:51Jean-Luc Mélenchon de ne penser qu'à
13:532027, mais je pourrais critiquer aussi Laurent Wauquiez,
13:55qui à mon avis est exactement
13:57dans la même logique. Bernard Cazeneuve, lui,
13:59considère que la situation est
14:01assez grave pour que la question
14:03éventuelle d'une nomination
14:05à Matignon
14:07se penche.
14:09Pourquoi faire ? C'est un point
14:11qu'il discutera d'une part avec le Président de la République
14:13et ensuite nécessairement
14:15dans un deuxième temps...
14:17On ne sait même pas s'ils ont véritablement échangé.
14:19Pour l'instant, il n'y a pas eu
14:21nos informations d'échanges.
14:23Il parle des intermédiaires.
14:25Ce n'est pas la même chose qu'une rencontre directe.
14:27Mais il y aura une discussion
14:29dans cette hypothèse avec le Président de la République.
14:31Puis, ensuite,
14:33une discussion avec l'Assemblée nationale
14:35à travers une déclaration de politique générale
14:37qui peut être soumise au vote.
14:39Et quand tu dis, Jules,
14:41qu'il ne pourra pas avoir de majorité, je serais plus prudent que toi.
14:43Parce qu'il y a un point dont personne ne parle...
14:45Ah non, je ne dis pas qu'il ne pourra pas avoir de majorité.
14:47Je dis qu'il pourra avoir une majorité contre lui, la censure.
14:49Non, mais qu'il ne pourra pas avoir
14:51de majorité, de soutien...
14:53Il pourra faire passer des textes, Bernard Cazeneuve.
14:55Ça, j'en suis persuadé.
14:57Il n'est pas évident que le RN, dans le contexte,
14:59ait envie de censurer un gouvernement.
15:01Il faudrait parler du calendrier, du RN...
15:03Et du programme
15:05qui serait défendu par Bernard Cazeneuve.
15:07Il n'est pas sûr
15:09que le RN
15:11ait envie, dans le contexte, de passer pour le mauvais
15:13coucheur et celui qui rajoute
15:15de la crise politique à la crise politique.
15:17Je rappelle qu'ils ont un calendrier
15:19avec un procès de Marine Le Pen
15:21qui n'est pas fictif au mois d'octobre ou du novembre.
15:2330 septembre.
15:25C'est une perspective
15:27qui, pour eux, n'est loin d'être négligeable.
15:29En tout cas, selon nos informations, la nomination de ce Premier
15:31ministre pourrait intervenir avant
15:33la rentrée des classes lundi.
15:35Donc, peut-être qu'on va avoir un week-end brûlant.
15:37C'est bien, parce que comme ça, au moins, on aura un ministre de l'Éducation nationale
15:39qui pourra faire avancer...
15:41Qui pourra visiter les classes alors qu'il n'aura pas préparé la rentrée.
15:43Après, ça nous promet des débats
15:45enflammés, encore une fois, sur l'antenne d'Europe 1.