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Punchline - La gauche est-elle encore unie ?
Europe 1
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22/08/2024
Aujourd'hui dans "Punchline", Anthony Favalli et ses invités débattent de la gauche.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline
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Transcription
Afficher la transcription complète de la vidéo
00:00
Matignon, dans le viseur de la gauche aujourd'hui, la gauche qui bombe le torse avec deux universités d'été,
00:06
celle d'Europe Écologie Les Verts à Tours, celle de la France Insoumise à Châteauneuf-sur-Isère.
00:13
D'ailleurs, c'est là qu'on va se rendre pour commencer, à Châteauneuf-sur-Isère, du côté de la France Insoumise,
00:17
rejoindre nos envoyés spéciaux, Dunia Tengour et Olivier Gangloff.
00:21
Bonjour Dunia, on sent les dissensions naissantes avec les partenaires du Nouveau Front Populaire.
00:26
Bonjour Anthony, alors effectivement, la France Insoumise fait aujourd'hui sa grande rentrée politique.
00:34
Alors ici, l'ambiance est festive et studieuse, puisque les militants sont venus nombreux écouter des conférences.
00:41
En ce moment même, à l'heure actuelle où je vous parle, il y a une conférence de Jean-Luc Mélenchon sur le thème de la créolisation.
00:47
Et cette année, l'université d'été de la France Insoumise est loin d'être une grande fête,
00:52
puisque les enjeux de cette rentrée politique sont cruciaux.
00:55
On rappelle que la France Insoumise fait partie du bloc du Nouveau Front Populaire,
00:59
et depuis quelques jours, on sent des dissensions.
01:02
Nous sommes allés poser la question au coordinateur de la France Insoumise, Manuel Bompard, sur ces dissensions.
01:10
Et nous lui avons rappelé les derniers propos de Raphaël Glucksmann sur le fait qu'il fallait tourner la page Mélenchon.
01:17
Et je vous propose de l'écouter sur cela.
01:21
Raphaël Glucksmann, en fait, il n'a jamais été membre du Nouveau Front Populaire.
01:24
Dès le premier jour, il a pris ses distances avec cette coalition.
01:28
Et donc, ça ne me surprend pas, si vous voulez, qu'il continue en quelque sorte, en faisant ça,
01:33
à affaiblir le Nouveau Front Populaire et à faire le jeu d'Emmanuel Macron.
01:37
Parce que la question qui est posée aujourd'hui, c'est est-ce que le Nouveau Front Populaire
01:40
remporte en quelque sorte son bras de fer avec le Président de la République
01:44
pour pouvoir gouverner le pays demain, pas pour nous faire plaisir à nous.
01:47
Alors, pour l'instant, les organisateurs sont assez heureux de l'organisation de cette université d'été
01:54
puisqu'il y a déjà 2000 personnes qui sont sur place et 3200 préinscrits.
02:00
Merci beaucoup, Dounia Tengour. Merci également à Olivier Gangloff qui vous accompagne derrière la caméra.
02:05
Louis Dragnel, est-ce que c'est significatif, là, ce qui est en train de se passer ?
02:08
La réaction de Raphaël Glucksmann qui dit, voilà, il faut tourner la page Jean-Luc Mélenchon.
02:12
Il dit aussi, il faut tourner la page Emmanuel Macron par la même occasion.
02:15
Mais il faut tourner la page Jean-Luc Mélenchon. Et là, Manuel Bompard qui lui répond,
02:21
bon, c'est lui qui pose problème au sein de ce Nouveau Front Populaire.
02:25
C'est lui qui fait le jeu d'Emmanuel Macron, finalement, Raphaël Glucksmann.
02:28
La difficulté pour Raphaël Glucksmann, c'est que comme à l'occasion des élections européennes,
02:32
il avait déjà dit qu'il fallait tourner la page Mélenchon et qu'à in fine, il avait appelé à voter pour lui,
02:37
je trouve que sa parole a quand même beaucoup moins de crédit aujourd'hui qu'elle n'en avait avant ces élections législatives.
02:43
Donc, on peut se demander, voilà, aujourd'hui, quel est le poids, quel est le crédit de la parole de Raphaël Glucksmann,
02:49
d'autant plus que si on se souvient bien que soit la NUPES, puis le Nouveau Front Populaire,
02:55
globalement, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, c'est Jean-Luc Mélenchon qui a réussi à imposer cette formidable machine électorale.
03:01
Alors, il y a plein de gens qui sont choqués par tout ce qui s'y passe,
03:04
mais globalement, c'est une opération incroyable et qui a formidablement bien fonctionné,
03:10
puisque ça a été quand même globalement couronné de succès électoralement,
03:14
notamment à l'occasion des dernières élections législatives.
03:16
Je me permets une analyse, vous allez me dire si c'est juste ou pas selon vous,
03:20
mais Lucie Castex, aujourd'hui, elle était aux journées d'été d'Europe Écologie-Les Verts,
03:26
pas celle de la France Insoumise, alors elle va y aller samedi.
03:28
Mais est-ce que ça veut dire quelque chose, le fait qu'elle aille d'abord à celle d'Europe Écologie-Les Verts ?
03:33
Alors, évidemment, chez Europe Écologie-Les Verts, elle est très bien accueillie,
03:38
elle s'entend très bien avec Marine Tondelier, mais elle va faire la tournée, sans doute, de tous les partis.
03:43
Je pense qu'il n'y a pas un sujet...
03:45
Oui, il ne faut pas extrapoler.
03:47
Non, en revanche, le sujet est plus du côté du Parti Socialiste,
03:50
où là, pour le coup, les vieux barons du Parti Socialiste ont quand même beaucoup de mal
03:55
avec l'idée de soutenir Lucie Castex, et c'est pour ça que, d'ailleurs,
03:59
il y en a beaucoup d'entre eux qui soutiennent plutôt Bernard Cazeneuve,
04:02
l'ancien ministre de l'Intérieur et ancien Premier ministre,
04:05
qu'ils considèrent comme plus raisonnable,
04:07
comme étant quelqu'un qui a déjà gouverné, qui n'a pas des idées farfelues,
04:11
qui a une forme de classicisme de gauche, si on peut parler comme ça.
04:14
Vous êtes d'accord autour de la table ?
04:16
Il n'y a pas de malaise autour de la France Insoumise, du côté du Nouveau Front Populaire ?
04:19
Il n'y a pas de dissension ?
04:21
Mais si, il y a des dissensions.
04:22
Pardon, ça peut paraître cynique, ce que je dis,
04:24
mais si je devais préciser mon propos, c'est qu'à gauche,
04:28
c'est ça qui est exceptionnel, c'est que vous pouvez vous mettre les doigts dans les yeux,
04:31
vous arracher les cheveux pour des sujets fondamentaux,
04:34
comme par exemple la question palestinienne, le Hamas et tout ça,
04:38
et puis dès qu'il s'agit de se faire élire ou dès qu'il s'agit de faire bloc
04:42
avant des échéances politiques très importantes,
04:44
là, tout est pardonné et il n'y a aucun problème.
04:47
Et c'est ça l'alchimie incroyable de cette gauche-là, de ces gauches-là,
04:51
c'est cette capacité à s'entendre malgré tout, malgré toutes les divisions,
04:56
malgré tous les désaccords, pour l'instant.
04:58
Pour l'instant.
04:59
C'est-à-dire que je vous rejoins sur cette idée que ce Nouveau Front Populaire,
05:02
cette alliance, est une machine à gagner les élections,
05:04
mais je pense que ce n'est pas une machine à gouverner.
05:06
Mais je suis d'accord avec vous.
05:07
C'est-à-dire que cette alliance, un peu comme la Nupes,
05:10
elle va finir par se déchirer.
05:12
Vous savez, lorsqu'ils se sont liés entre eux,
05:14
on a parlé de l'alliance de la carpe et du lapin.
05:16
C'est-à-dire que finalement, cette lattelage de parties de gauche,
05:19
ils n'ont pas forcément beaucoup de choses en commun.
05:21
Et on l'a vu d'ailleurs, vous savez, sur leur fiche de programme,
05:24
il y a des sujets qui ont été complètement éludés.
05:26
La question du nucléaire, par exemple.
05:28
Qu'est-ce qu'ils ont en commun, les sociodémocrates, avec les insoumis ?
05:31
La question palestinienne aussi.
05:34
On sait qu'il y a des divergences très profondes
05:36
avec les insoumis qui sont beaucoup plus radicaux
05:38
et les sociodémocrates qui n'aiment pas utiliser, par exemple,
05:41
le terme de génocide et qui, régulièrement,
05:44
ne sont pas forcément d'accord avec les prises d'opposition de Rima Hassan.
05:47
Donc, il y a des divergences qui sont profondes, malgré tout,
05:50
au sein de cette lattelage.
05:51
Ils se sont liés pour les élections.
05:54
On peut considérer qu'un certain nombre d'entre eux
05:56
se sont assis sur leurs convictions, sur leurs valeurs,
05:59
sur leurs grandes idées de la politique pour pouvoir gagner,
06:02
pour des raisons purement électoralistes.
06:04
C'est le jeu de la politique, vous me direz.
06:06
Mais, malgré tout, ça ne durera pas sur le long terme.
06:09
Moi, je ne leur donne pas six mois.
06:11
Si jamais, par miracle, ils réussissent à faire un gouvernement
06:14
et si jamais, par miracle, ce gouvernement n'est pas censuré,
06:17
ils ne tiendront pas pour des raisons, malgré tout,
06:19
de politique interne et d'opinion.
06:21
Là où vous avez raison, c'est qu'il y en a qui veulent gouverner
06:23
et d'autres qui ne veulent pas gouverner.
06:24
Et globalement, quand vous regardez le Parti socialiste
06:27
qui a été par le passé un parti de gouvernement,
06:30
la plupart des députés aspirent à gouverner.
06:32
Leur rêve dans la vie, c'est d'être ministre.
06:34
Du côté de la France insoumise, pas du tout.
06:36
Il y a, je pense, plus de la moitié des députés
06:38
qui se complaisent tout à fait dans ce rôle d'opposition,
06:41
de trublions, d'agitateurs, voire pire, de provocateurs.
06:46
Et ça leur convient tout à fait.
06:48
Et c'est vrai que sur la stratégie à moyen et long terme,
06:51
tout les oppose. Et réellement, tout les oppose.
06:54
Et après, là où je vous rejoins aussi,
06:55
c'est qu'ils n'ont pour beaucoup d'entre eux rien en commun,
06:58
à part cette capacité à s'entendre au moment des élections
07:02
pour ne pas investir des candidats les uns en face des autres.
07:05
Et vous vous rappelez que même sur le nom de Lucie Castex,
07:07
ils n'étaient pas d'accord.
07:08
C'est-à-dire que vous aviez le Parti socialiste
07:10
qui appelait à proposer un nom issu de la société civile
07:13
et vous aviez le Parti socialiste qui voulait absolument
07:15
proposer le nom de Bélenchon ou des grands classiques
07:18
du parti de la France insoumise.
07:20
Donc, il y a des rivalités qui sont profondes.
07:22
Ils se sont entendus le temps d'une élection.
07:24
Ce qui me semble aussi symptomatique, c'est le fait, malgré tout,
07:26
qu'il y ait eu plusieurs universités d'été.
07:28
On n'aurait pas considéré qu'à ce moment du calendrier,
07:32
ils auraient pu se dire, nous allons faire une université d'été
07:35
ensemble pour montrer notre union.
07:36
Ils ne l'ont pas fait.
07:37
Ça veut dire quelque chose aussi.
07:39
Ils auraient pu faire un effort en ce sens.
07:41
C'est aussi une des faiblesses structurelles, d'ailleurs,
07:43
du NFP de 2024 qui, contrairement à la NUPES de 2022,
07:47
n'a même jamais pensé pouvoir incarner
07:49
un groupe commun à l'Assemblée nationale.
07:51
C'est aussi le signe, en effet, des divisions extrêmement profondes
07:53
qui résident entre ces parties coalisées.
07:56
D'ailleurs, on pourra rappeler,
07:58
et je pense que c'est l'une des faiblesses structurelles
08:00
de cette alliance, que si l'on rabat les résultats
08:03
des élections législatives à la proportionnelle,
08:05
on découvre que la gauche désunie des Européennes,
08:08
a récolté plus de voix que la gauche unie des législatives.
08:12
C'est évidemment une question idéologique
08:15
qui va être interrogée puisque, comme Noemi Allioual a rappelé,
08:18
sur un nombre incommensurable de sujets,
08:20
le Parti socialiste et la candidature de Raphaël Glucksmann
08:22
au cours des élections européennes
08:24
motivaient des électeurs qui étaient assurément différents
08:27
que ceux qui sont motivés par le Nouveau Front populaire.
08:29
Et d'ailleurs, la dernière chose s'agissant de Raphaël Glucksmann,
08:32
je pense qu'en fait, il est un peu pris en tonaille
08:35
parce qu'il sait à la fois qu'une majorité des électeurs de gauche
08:38
nostalgiques de la social-démocratie sont plutôt de son côté,
08:41
mais dans le même temps, il est totalement dépassé
08:43
par les cadres des autres partis qui, aujourd'hui, dominent la gauche.
08:45
Et il me semble même qu'il a été en un sens dépassé
08:47
par sa propre formation politique,
08:49
puisque l'on a vu des membres de Place publique,
08:51
qui est déjà un parti extrêmement marginal,
08:53
se rendre aux réunions du Nouveau Front populaire
08:56
en amont de l'annonce de cette proto-coalition,
08:59
alors même que Raphaël Glucksmann, publiquement,
09:01
désavouait encore le projet d'alliance avec la France insoumise.
09:05
Et donc, à partir du moment où vous avez déjà
09:07
une formation politique qui est très marginale
09:09
et qu'en plus, les membres de votre propre parti vous désavouent,
09:12
c'est un peu compliqué ensuite d'incarner une ligne singulière.
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