L'invité du jour : "À nos Amours", une ode aux acteurs du cinéma français !

30/05/2024

Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 (Générique)

00:05 - Bonjour Gérard Lefort.

00:07 - Bonjour William, merci pour votre invitation.

00:09 - Je vous en prie, nous sommes honorés.

00:11 Vous êtes journaliste et critique de cinéma.

00:13 Vous avez officié pendant très peu de temps, une trentaine d'années, au sein du journal Libération.

00:17 Vous étiez responsable du service Culture, si je me souviens bien.

00:20 - C'est vrai.

00:21 - Entre autres. Quelle était l'idée de départ ?

00:23 Qui vous l'a proposée ?

00:25 Et pourquoi vous avez choisi la forme du dictionnaire amoureux, après tout ?

00:28 - C'est une idée de Gilles Jacob, qui comme vous le savez, a été pendant des années responsable,

00:32 grand chef, grand manitou du Festival de Cannes.

00:34 Il avait envie de faire un hommage amoureux aux actrices et aux acteurs français.

00:38 Il ne se sentait pas à le faire tout seul.

00:40 C'est passé très simplement.

00:42 Donc il a demandé mon aide et l'aide aussi de Marie Coleman, qui est co-autrice du livre.

00:48 - Ça pèse.

00:50 - Par exemple, chacun d'entre vous, tous les trois là,

00:52 avez la charge de combien de fiches sur les acteurs ?

00:57 - On se les a réparties par affinité, en disant "moi j'aime bien cette actrice, j'aime bien cet acteur".

01:02 On a battu les cartes très simplement avec Gilles, qui est un œil et un relecteur hors pair,

01:08 et un très bon écrivain d'ailleurs.

01:10 - Oui, en plus c'est vrai.

01:11 Puis c'est une bible, quand on parle cinéma.

01:13 - C'est gentil, merci beaucoup.

01:15 - Le travail est d'autant plus remarquable qu'il a fallu résumer, vous vous rendez compte,

01:18 parce qu'ils avaient des obligations.

01:20 Il faut résumer une carrière en deux, trois pages.

01:24 Parfois c'est un vrai défi, c'est infaisable.

01:26 - On a bien aimé que ce soit un défi, William.

01:28 C'est-à-dire qu'une discipline, appelons ça une discipline.

01:31 J'aime bien la discipline.

01:32 J'ai travaillé longtemps dans un journal, on me disait "tant de signes",

01:35 vous savez on compte par signes dans un journal, mais pas un de plus.

01:37 Là c'était le cas.

01:38 Alors effectivement, résumer Catherine Deneuve en moins de deux pages, passé devant.

01:43 Je crois qu'on est réussi.

01:44 - Non mais non, c'est ça, parce que je me bats à votre place,

01:46 on a envie d'en dire plus, et certains d'en dire un tout petit peu moins, non ?

01:50 - Bien sûr.

01:51 Par exemple Isabelle Huppert.

01:52 Isabelle Huppert qui est une actrice que je ne suis pas le seul, heureusement,

01:55 admire au plus haut point.

01:57 Comment on fait-on ?

01:58 Et puis surtout ne pas raconter ce qu'on a déjà lu par ailleurs.

02:01 - Oui, c'est un peu original.

02:03 - Il fallait trouver une histoire originale, je l'ai trouvé.

02:05 C'était un souvenir personnel au Festival de Cannes, il était tard le soir,

02:09 j'étais avec une équipe de collègues de Libération, on était un peu joyeux.

02:14 Et on croise une petite dame qu'on ne reconnaît pas,

02:17 qui est avec son mari, qu'on connaît encore moins,

02:19 et c'est Isabelle Huppert qui s'arrête en disant "Ah, elle est libée,

02:21 elle va passer une bonne nuit, allez, moi je vais me coucher."

02:24 J'étais avec des collègues qui ont dit "Mais c'est qui ?"

02:26 J'ai dit "Mais c'est Isabelle Huppert, il y a eu une espèce de superbe...

02:29 Ah oui, c'est elle."

02:31 - Quelqu'un de normal, c'est ça que vous voulez dire ?

02:33 - Exactement, une femme normale.

02:35 - Alors, est-ce qu'il y a des acteurs ou des actrices qui ne figurent pas

02:37 dans cet ouvrage, et qui auraient pu y figurer,

02:40 et que vous avez oubliés mais volontairement ?

02:42 - Oui, c'était des oublis volontaires sur le principe de l'admiration.

02:45 Ceux qu'on admirait un petit peu moins, on ne les a pas pris,

02:49 on ne les a pas laissés sur le bas-côté pour autant,

02:52 mais il fallait faire des choix.

02:56 - Oui, mais en plus, ils n'ont pas le même niveau de notoriété.

02:59 Pourtant, ils sont dans le même bus pour certains.

03:03 Ce n'est pas un palmarès.

03:05 Moi, je dirais que c'est presque des lettres d'amour.

03:07 C'est un papier, mais c'est un peu ça aussi.

03:09 - C'est exactement ça. C'est des lettres d'amour et d'admiration

03:12 à des actrices et des acteurs qu'on aime du cinéma français,

03:15 si j'ose dire, des origines de nos jours, puisqu'on commence avec "Le Parlant",

03:19 avec des acteurs jeunes et nouveaux, c'était très important

03:23 qu'il y ait une sorte de parité.

03:25 Donc, on tenait à faire des conneries.

03:28 - Mais vous savez, quand on est à ma place et qu'on interroge l'un des auteurs,

03:31 vous en l'occurrence, il faut que moi aussi, je fasse des choix.

03:35 Pourquoi je parle d'Isabelle Huppert et pas trop de quelqu'un d'autre ?

03:40 Alors, je ne sais pas, moi, j'ai trouvé que je vais faire ça

03:43 avec des noms d'acteurs ou d'actrices qui se répètent dans ce dictionnaire-là.

03:48 Par exemple, Jean-Pierre Cassel, quelqu'un que j'aimais bien.

03:51 Et puis, je suis tombé sur le fils, que je connais un peu moins bien, Vincent.

03:55 Alors, ça a dû être amusant pour vous aussi de voir qu'il y a des familles d'acteurs.

03:59 - Tout à fait. Puis comme l'ordre est alphabétique, Cassel, père et fils.

04:03 Moi, j'adore Jean-Pierre Cassel, comme vous, l'acteur.

04:06 Et Vincent Cassel, je l'aime parce qu'il ne ressemble pas du tout à son papa,

04:09 même physiquement, et surtout dans son jeu d'acteur.

04:12 Il a quelque chose de beaucoup plus physique, de plus taciturne.

04:15 - Oui, mais vous remarquez qu'il danse aussi bien que son père.

04:18 - Ça, c'est vrai. On oublie que Jean-Pierre Cassel était un danseur hors père.

04:21 - Remarquable. - Et bien, le fiston a un dansé chromosome.

04:24 - Dans certains films, il danse quand il passe un obstacle.

04:27 Je me souviens de ça. C'était remarquable.

04:29 - Et puis, Vincent Cassel, c'est un cas rare de comédie à français

04:33 qui a une carrière internationale, puisqu'il a joué dans des films anglo-saxons.

04:37 Il est très bien joué. Et donc, voilà, c'est un cas...

04:40 Vous savez, il est dynastie, maintenant. C'est très spécial à la France.

04:43 - Ah bon ? - De père en fils ou de mère en fille.

04:45 Regardez Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni, puisque...

04:48 - Oui, c'est vrai. - Oui, c'est vrai.

04:50 Et alors, on se dit, la pauvre Chiara avec un papa pareil,

04:53 Marcello, et de moment... - C'est étouffant.

04:55 - C'est étouffant. Eh bien, là, c'est d'actualité.

04:57 Il y a le nouveau film de Christophe Honoré qui sort actuellement,

05:00 qui est sur les écrans en ce moment, et qui traite cette question frontalement

05:03 en disant, mais ça fait quoi d'être la fille d'eux ?

05:05 Et la réponse est magnifique, parce que Chiara Mastroianni

05:08 devient subitement une actrice qui doit rien à ses parents.

05:11 - Oui, c'est vrai. Vous avez aussi tenu à évoquer,

05:14 et vous avez raison, des acteurs disparus,

05:17 et parfois, hélas, un peu oubliés. Alors, je ne sais pas

05:21 s'il fallait en retenir 3, 4, 5... incontournables, hein,

05:24 du cinéma français, je dirais du siècle dernier, quoi.

05:28 Ça serait à peu près qui ? Ou qui joue dans un même film ? Je ne sais pas.

05:32 - Alors, prioritairement, Daniel Darieu. Je trouve une actrice extraordinaire

05:36 qui a commencé sa carrière avant-guerre, et qui, hélas, l'a terminée

05:39 il y a quelques années. Ça, pour moi, c'est le sommet du sommet.

05:42 Sa fille naturelle, c'est de neuf, c'est évident.

05:45 Mais dans les hommes, alors là, c'est plus compliqué, oui, voilà.

05:49 - Je ne sais pas, Rému, ça vous dit quelque chose ?

05:52 - Rému, bien sûr. Bien sûr, excusez-moi.

05:54 - On est d'accord ? - On est totalement d'accord sur Rému.

05:56 - Oui, mais alors, du côté de la jeune génération,

05:59 vous avez parlé d'eux aussi, et c'était normal de les nommer.

06:01 Est-ce qu'il y a une actrice ou un acteur, là, pour l'instant,

06:04 qui sort du lot ? - Léa Seydoux.

06:07 Je trouve qu'elle est extraordinaire. Elle aussi, on se dit,

06:09 la pauvre, elle a un patrimoine familial, parce qu'elle est la fille

06:12 de M. Seydoux, de Patey. Et non, voilà, c'est une actrice

06:16 qui est tellement polyvalente, surprenante, qui ose jouer

06:19 dans des films, on ne l'attend pas du tout, aussi bien des James Bond

06:22 que des petits films d'auteurs. Je la trouve...

06:25 Excusez-moi, bon, il ne faut plus le dire aujourd'hui,

06:28 je la trouve sublimement belle. On peut dire ça, hein ?

06:30 - Oui, oui. - C'est bon, hein ?

06:32 - Ah oui. Elle n'a pas besoin d'en faire trop. - Non.

06:34 - Voilà, ça suffit. Tiens, je vais terminer avec une question stupide.

06:38 Qu'est-ce que c'est qu'un bon acteur ou une bonne actrice ?

06:41 - Ouh là ! - Ah, je sais bien.

06:44 - Bon acteur, bonne actrice, c'est quelqu'un, ça va vous paraître paradoxal,

06:47 qui n'a aucune personnalité, qui donc peut jouer

06:50 tous les personnages et toutes les personnalités du monde.

06:53 Alors, ça vous paraît un peu paradoxal.

06:55 - Il faut ne pas avoir de personnalité pour pouvoir jouer...

06:57 - Moi, je crois, quand on regarde vraiment les grands acteurs

06:59 et les grandes actrices, qu'ils arrivent... Et puis après,

07:02 on parle de leur époque, de leur vie privée, ça nous regarde absolument pas.

07:05 Je trouve que des gens comme Catherine Deneuve ou Huyper,

07:08 c'est ça, leur force, je crois, c'est de changer...

07:11 - Vous avez raison, ces deux-là, parce qu'elles sont parfois drôles,

07:15 et l'une et l'autre, dans certains films, on ne le croit pas.

07:17 Elles sont marrantes, quoi. - Ah ben, elles sont poilantes.

07:20 Enfin, Catherine Deneuve est hilarante, par exemple, dans "Potiche" de François Ozon.

07:23 - "Potiche", irrésistible. - C'est pour lui, "Potiche".

07:26 - Ah oui, irrésistible. - Et là, elle est hilarante,

07:28 en jogging rose, en train de réciter des poèmes, enfin bon, bref.

07:30 C'est Catherine Deneuve, la reine. - Vous voulez en savoir plus ?

07:33 Il a bossé, hein, Gérard. - On en veut en savoir plus.

07:36 - Il faut tout contenir, vous voyez, en une page.

07:39 Et pourtant, c'est Guillaume Canet, il y a de quoi dire.

07:42 - Vous avez eu des réactions d'acteurs et d'actrices depuis la sortie du film ?

07:45 - Oui, quelques-uns, quelques-uns. On a toujours des réactions

07:47 de ceux qui n'y sont pas. - Ah oui, oui.

07:49 - "Mais moi, alors...", ben oui, alors... - Il faudra faire un film de...

07:51 - On explique gentiment, on fera un film de... - Ah, zut, j'ai pas la place.

07:55 Gilles Jacob, Marie Coleman, Gérard Lefort, récits publiés

07:58 chez Calman Levy et chez Grasset. Et ça s'appelle "À nos amours".

08:01 Merci de votre visite. - Merci à vous, William.

08:03 ...

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