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Philippe Grodner (Simone Pérèle) : Patrons en questions (Émission du 12/03/2024)
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12/03/2024
Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00
-Bonjour, Philippe Grodner.
00:01
Bienvenue dans "Patrons en question".
00:04
Je suis vraiment contente de vous avoir,
00:06
parce que vous représentez tout ce que j'aime.
00:09
Une entreprise familiale,
00:11
une collection de lingerie éblouissante,
00:14
un développement incroyable,
00:16
et tout a commencé avec votre mère.
00:18
-C'est exact.
00:20
1948, une jeune corsetière,
00:23
à l'époque, c'était le mot qu'on employait,
00:26
ouvrière à domicile, décide, après la Seconde Guerre mondiale,
00:29
de créer son entreprise.
00:31
L'aventure démarre.
00:32
-C'est génial. Elle avait fait des études de mode ?
00:35
-Non, nous avons juste un diplôme,
00:38
car elle était d'un milieu modeste,
00:40
et nous avons un diplôme de corsetière de 1935,
00:43
encore au bureau.
00:44
-Je crois que votre père était un bon gestionnaire.
00:47
-Il s'était marié en 1945,
00:50
et trois ans après, il a dit à ma mère,
00:52
"Au lieu de fabriquer pour les autres,
00:55
"chez toi, pourquoi tu le fais pas à ton compte ?
00:58
"Tu es assez doué dans ce métier,
01:00
"tu créeras les produits et moi, je les vendrai."
01:03
L'histoire a commencé comme ça.
01:05
-C'est une très belle aventure,
01:07
car typiquement, la lingerie féminine, etc.,
01:10
ça a évolué du corset au soutien-gorge.
01:14
Donc, vous avez une vraie sensibilité
01:17
sur la mode, sur ce qui se passe.
01:19
-Il faut être visionnaire, pour ne pas exagérer,
01:22
sans exagérer les mots.
01:24
Pourquoi ? Parce que la lingerie touche au corps de la femme.
01:28
La lingerie a un lien avec la sociologie.
01:30
-Eh oui ! -Les années 50, c'était Bardot,
01:32
puis il y a eu mai 68,
01:34
Jane Birkin. -Jane Birkin !
01:35
-On l'a dit en même temps. -C'était la chudée.
01:38
-On jetait le soutien-gorge par la fenêtre.
01:41
Il a fallu, à chaque fois, que ma mère ait ce talent
01:44
d'anticiper ces évolutions sociologiques
01:46
et adapter ses collections en fonction des modes.
01:49
C'était plus que des modes, c'était des mouvements de fond.
01:53
Aujourd'hui, on est plus à MeToo et à d'autres mouvements,
01:56
mais on pourrait même aller jusqu'à là,
01:58
même si c'est très excessif.
02:00
La lingerie est un produit que je qualifierais
02:03
de sociologique. -C'est le fureux, presque.
02:05
-C'est le fureux, mais aussi très sociologique.
02:08
-Vous avez baigné là-dedans.
02:10
Et donc, à 20 ans, parce que vous avez aimé cette entreprise,
02:14
et c'est vous qui l'avez développée,
02:16
mais à 20 ans, vos petites amies vous inspiriez
02:19
pour faire des castings.
02:20
Comment ça se passait ? -Non, malheureusement, non.
02:24
J'étais très cadré dans notre famille.
02:26
J'avais une grande sœur, j'ai toujours une grande sœur,
02:29
qui a pris un peu le rôle de ma mère,
02:31
bien qu'elle n'ait pas repris la partie créative,
02:34
mais elle supervisait tout ça.
02:36
Dans la famille, les hommes n'avaient pas le droit,
02:39
malheureusement, d'assister au casting.
02:41
C'était comme ça. MeToo n'existait pas,
02:43
mais on n'avait pas besoin.
02:45
-Ce qui me fascine complètement, combien de pays dans le monde ?
02:49
-Une quarantaine. -40 ?
02:51
-Une quarantaine de pays. -A peu près combien de boutiques ?
02:54
-15 filiales commerciales, une centaine de boutiques
02:58
à l'enseigne, aujourd'hui,
02:59
et 80 % de notre chiffre d'affaires à l'exportation.
03:02
-C'est très intéressant.
03:04
Vous exportez, et on est très contents,
03:06
car notre balance de commerce extérieur,
03:09
on sait ce qu'il en est, mais vous fabriquez où ?
03:12
-Nous fabriquions en France, historiquement,
03:14
mais entre nous, pas de langue de bois.
03:16
Aujourd'hui, ce n'est plus possible, depuis longtemps,
03:20
car nous sommes des industries de main-d'oeuvre,
03:22
même les Japonais n'ont pas su inventer de robots
03:25
qui fassent des soutiens-gorges.
03:27
Nous fabriquons au Maghreb et dans l'océan Indien,
03:30
mais toute la création et toutes les matières premières
03:33
sont européennes.
03:35
-En plus, on est le pays de la lingerie,
03:37
de la broderie, la dentelle de Calais.
03:39
Je crois que c'est nous qui symbolisons ça.
03:42
-Absolument, et ça le reste encore vrai,
03:44
simplement, aujourd'hui, l'assemblage du produit lui-même
03:48
compte pour l'essentiel du prix de revient.
03:50
Je dis souvent qu'il faut réconcilier
03:52
le citoyen et le consommateur.
03:54
-La citoyenne et le consommateur.
03:57
-La citoyenne et la consommatrice,
03:59
c'est-à-dire celle qui ne veut pas trop dépenser,
04:02
mais en même temps, qui voudrait qu'on fabrique en France.
04:06
-Quel est le secret de plaire ?
04:07
C'est très difficile, dans les sous-vêtements.
04:10
En plus, la femme moderne, aujourd'hui,
04:12
elle prend un truc dans son tiroir.
04:15
-Il y a deux critères fondamentaux.
04:17
Il y a effectivement ce critère du plaisir ou de la séduction,
04:21
mais il y a aussi le critère du confort,
04:23
parce qu'il y a un rôle physiologique.
04:26
Une femme porte un soutien-gorge de 12 heures par jour,
04:29
voire plus, donc il faut qu'elle soit confortable,
04:32
qu'elle l'oublie en même temps,
04:34
et selon les événements de sa vie,
04:36
selon les moments de la journée,
04:38
elle peut porter une lingerie différente.
04:40
-Vous pensez à la femme sportive,
04:43
à la femme qui s'en fiche,
04:45
à la bimbo qui ne pense qu'à ça ?
04:47
Vous les prenez en ligne de compte.
04:49
-Oui, on les prend en ligne de compte,
04:52
et j'irai plus loin aussi,
04:53
puisqu'on parlait il y a quelques minutes de sociologie,
04:56
on prend aussi les différences culturelles.
04:59
Le monde latin est beaucoup plus sensible,
05:01
par exemple, aux broderies à la couleur,
05:04
alors que le monde anglo-saxon s'en fiche beaucoup plus
05:07
et va chercher des choses pas transparentes,
05:10
pleines, beiges, noires, beaucoup plus classiques.
05:13
Selon les pays où nous exportons,
05:15
nous adaptons nos collections pour répondre à cette typologie.
05:18
-Est-ce que vous allez...
05:20
C'était un fleuron de l'industrie française.
05:24
J'ai envie de dire que c'est plus de l'industrie française,
05:27
c'est un fleuron de la mode.
05:29
Vous faites des maillots de main magnifiques.
05:32
Vous avez diversifié encore ?
05:34
-Lingerie de nuit, home wear, beaucoup,
05:36
car aujourd'hui, le cocooning,
05:38
c'est une tendance très importante dans la sociologie.
05:41
-Ca a été bon pour vous ? -Très bon.
05:43
Très bon quand on nous a laissé rouvrir nos boutiques.
05:46
C'était un peu compliqué,
05:48
encore que c'était la bonne période pour développer le e-commerce.
05:52
Mais en dehors du e-commerce,
05:54
on développe beaucoup de collections maintenant pour le chez-soi.
05:57
-C'est intéressant. Au moins, il y a eu des secteurs d'activité...
06:01
-Qui ont très bien rebondi.
06:03
-Est-ce que vous avez perdu l'espoir de rouvrir vraiment de l'industrie ?
06:08
Est-ce qu'on peut, puisqu'on ne parle que de ça,
06:11
réintégrer des usines ?
06:12
Le coût de la main-d'oeuvre, effectivement, est très lourd.
06:16
-C'est compliqué,
06:17
parce que nous essayons d'intégrer un maximum de métiers en France,
06:21
mais l'assemblage, c'est très difficile de le réintégrer en France.
06:25
Nos simulations nous laisseraient à penser
06:28
que nous serions prêts de tripler le prix de vente de nos produits
06:32
si nous devions les fabriquer en France.
06:35
-Alors à quoi c'est dû, ça ?
06:37
-C'est dû au poids des salaires et surtout des charges sociales en France,
06:41
qui pèsent très lourd,
06:43
même comparé à d'autres pays européens,
06:46
dans notre prix de revient.
06:48
Nous, parce que nous sommes entreprise familiale,
06:51
on a réussi à monter ces usines à l'étranger
06:53
sans faire de plan social,
06:55
parce qu'on avait de la croissance
06:57
et qu'on l'a fait en nous développant, tout simplement.
07:01
Mais aujourd'hui, réintégrer cette partie
07:03
de la fabrication de nos produits en France,
07:06
serait nous priver d'une part de marché considérable.
07:10
-Alors quel serait, pour conclure,
07:12
votre souhait pour votre entreprise ?
07:15
Est-ce que ce serait, effectivement,
07:17
qu'il y ait une diminution très forte des charges sociales
07:21
pour vous réimplanter ?
07:23
Est-ce que ce serait une facilitation du commerce extérieur ?
07:26
Quel serait, pour vous, l'essentiel d'une réforme ?
07:30
-Je pense que le poids des réglementations
07:33
et le poids notamment des charges...
07:35
En France, c'est considérable.
07:37
Nous, on s'est développé à l'exportation,
07:40
on n'a eu besoin de personne, pas d'aide.
07:42
On y est allés, et voilà, on y est allés,
07:45
on a plutôt réussi, on s'est implantés
07:47
dans une vingtaine de pays,
07:49
et c'est pas l'Etat qui est venu à notre aide.
07:52
Par contre, quand on se compare à la moyenne européenne,
07:55
on a encore un poids de charge beaucoup plus lourd
07:58
et qui pèse sur le prix de revient global de nos produits.
08:02
Donc, si on devait agir,
08:03
je pense qu'un des leviers serait celui-là.
08:06
-Alors, vous avez droit à une réponse en oui ou non.
08:10
-Bien.
08:11
-Ce qui m'a intéressée dans tout votre parcours,
08:15
et je voudrais savoir, si c'était à refaire,
08:18
est-ce que vous pensez que le fait de travailler en famille,
08:21
d'avoir une entreprise familiale, c'est un plus,
08:24
ou est-ce que, si c'était à refaire, vous auriez diversifié ?
08:27
Donc, oui ou non, est-ce un plus que de tout faire en famille ?
08:31
-Alors, oui, définitivement, oui, c'est un plus,
08:34
parce que je continue,
08:35
maintenant que j'ai passé la main à la 3e génération,
08:38
dans la défense du modèle de l'entreprise familiale
08:41
à travers une association internationale
08:43
qui s'appelle le Family Business Network,
08:46
et qui est au service de ces familles entrepreneuriales
08:49
pour les aider à développer leurs entreprises.
08:52
-Ecoutez, c'est le mot de la fin.
08:54
Merci infiniment.
08:55
On va s'appliquer à travailler en famille.
08:58
-Merci. Je suis tout à fait d'accord.
09:00
(Générique)
09:03
---
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