ZAN, Zéro artificialisation nette : le bonbon empoisonné

Europe 1

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi. Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

Transcript

00:00 - Allez, place à vous Emmanuel Ducroix, 8h47 sur Europe 1.

00:04 Emmanuel, bonjour ! - Bonjour Dimitri, bonjour à tous !

00:07 - Alors, elle a un nom de bonbon à la réglisse, la loi ZAN.

00:10 ZAN comme zéro artificialisation nette, elle a été votée l'an dernier

00:14 et voilà que ce texte est en train de se déployer et il a un goût disons très amer.

00:18 - Le but de cette loi de 2023, c'est de réduire de moitié puis de stopper d'ici à 2050

00:23 les artificialisations de sol pour des constructions immobilières ou industrielles.

00:27 Une loi qui part d'une bonne intention, éviter le grignotage des terres agricoles,

00:31 la bétonisation des sols, mais qui a été rédigée de façon totalement radicale.

00:35 Dès sa discussion, les milieux économiques, les maires ont alerté sur ses conséquences prévisibles,

00:41 et bien on y est. Un article paru sur le site de France 3 Midi Pérennée résume la situation.

00:46 Il raconte comment la loi est en train de priver Airbus et tout le secteur aéronautique

00:50 de possibilités de développement dans la région, faute d'offensivité, avec un risque de délocalisation.

00:55 - Alors le plus ironique de cette affaire, c'est que l'élu qui lance l'alerte,

00:58 le député centriste Jean-François Portarieu, et bien il a lui-même voté la fameuse loi ZAN.

01:03 - Il ne le regrette pas, il dit même qu'il en est assez fier,

01:05 mais il a tout de même posé cette question au gouvernement la semaine passée à l'Assemblée.

01:09 Je cite "Airbus a enregistré une commande exceptionnelle de 2100 appareils A320 et A321,

01:15 beaucoup sont assemblés à Toulouse. Les entreprises toulousaines du secteur

01:19 sont confrontées à un nouveau problème avec un manque de foncier disponible pour se développer".

01:24 Oh bah ça alors, si on avait pu prévoir !

01:27 L'élu devait dormir pendant les débats parce qu'il affirme à France 3

01:30 "J'alerte le gouvernement, mais aussi les entreprises de la région pour qu'elles se réveillent.

01:34 Il ne faudrait pas que dans 3 ou 4 ans, Airbus ne puisse plus construire de lignes d'assemblage à Toulouse".

01:39 Et le député Portarieu tout candide d'ajouter "d'autres ne se gêneront pas pour les accueillir,

01:44 la Chine par exemple". Bah c'est vrai ça !

01:47 Pourquoi réfléchir avant aux conséquences de son vote quand on peut s'en inquiéter après ?

01:52 D'autant que ça ne va pas aller en s'arrangeant cette affaire.

01:55 Et bien non, parce que la loi ZAN doit aller en se resserrant.

01:58 Il sera de plus en plus compliqué pour les entreprises de se développer hors des zones qui existent déjà.

02:03 Le problème pour beaucoup d'élus locaux, c'est que ces friches ont été gagnées par les villes

02:07 et que plus personne ne veut d'usines au milieu des maisons.

02:10 Ça semble donc insoluble cette histoire. Et d'ailleurs ça vaut aussi pour les logements.

02:13 Dans de nombreuses régions, on est en train de découvrir les ravages de la loi.

02:17 On ne sait plus où mettre les projets immobiliers.

02:19 - Et pour Airbus, est-ce que ça pourrait s'arranger ou est-ce qu'Airbus va partir ?

02:22 - Pour l'instant, le groupe semble pouvoir faire en réorganisant ses propres sites, mais ça aura ses limites.

02:28 Il peut aussi viser certains terrains autour de l'aéroport de Blagnac,

02:31 mais il n'est pas certain qu'il reste constructible très longtemps.

02:34 Les marges de manœuvre sont faibles, pas seulement pour Airbus,

02:38 mais aussi pour tout le secteur concerné, parce que j'ai gardé le meilleur pour la fin.

02:42 L'État prévoit des dérogations de construction sur 125 000 hectares

02:46 pour les entreprises qui portent un projet d'intérêt national.

02:49 Mais figurez-vous que le groupe Airbus, tout comme l'industrie aéronautique, n'en fait pas partie.

02:53 Ben oui, l'aéronautique c'est un de nos premiers postes d'export, ça n'est pas d'intérêt national.

02:57 Aurissant. Signature européen Emmanuel Ducrox. Merci beaucoup Emmanuel.

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