La dernière saison pour la station de l'Alpe du Grand Serre ? Réponse d'ici la fin de l'hiver

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00:00 A 7h46, vous avez la parole.

00:02 Et ce matin, on regarde vers les petites stations de ski.

00:05 « Sont-elles condamnées par le changement climatique ?

00:08 Beaucoup sont en difficulté.

00:10 Saint-Pierre-de-Chartreuse, l'Alpe du Grand-Serre, Autramp et Audre.

00:12 Faut-il les laisser mourir ces petites stations ?

00:15 Quels aveniront-elles ?

00:16 Qu'en pensez-vous ?

00:17 Faut-il au contraire les sauver même si ça coûte cher ?

00:20 Venez-nous donner votre sentiment, nous dire aussi

00:22 ce qu'elles représentent pour vous ces petites stations de ski de l'Isère. »

00:26 Et un numéro pour ceux-là, les 04 76 46 45 BFOIS.

00:30 Vous pouvez nous appeler dès maintenant pour participer à cette émission.

00:33 Et notre invitée ce matin, Coraline Saurat, bonjour.

00:36 Bonjour.

00:37 Merci d'être avec nous, présidente de la communauté de communes de la Matheysine

00:41 qui gère notamment la station de l'Alpe du Grand-Serre,

00:43 station qui a ouvert depuis trois semaines le 22 décembre dernier.

00:47 Alors, je vais être un petit peu cash, Coraline Saurat,

00:49 est-ce que c'est le dernier hiver pour la station ?

00:53 En tout cas, c'est comme ça qu'on l'a annoncé il y a quelques mois déjà,

00:57 c'est-à-dire qu'on a dit que c'était le dernier hiver d'un fonctionnement en régie

01:01 parce qu'on voit bien que le modèle est fragile.

01:03 Aujourd'hui, c'est un modèle qui est déficitaire

01:07 et la communauté de communes n'arrive plus à suivre.

01:09 Ce n'est pas spécifique à la communauté de communes de la Matheysine,

01:12 on voit bien que ce n'est pas le même au dehors.

01:14 C'est tout à fait pareil.

01:15 En tout cas, voilà, on s'attelle à voir aboutir le projet

01:19 qu'on a en discussion de délégation de services publics

01:22 avec l'unique candidat qui est à nos côtés, c'est-à-dire la SATA.

01:25 Et si ce projet n'aboutit pas, effectivement,

01:28 il va falloir qu'on se pose les bonnes questions,

01:32 à contre-cœur évidemment, mais il va falloir qu'on se pose ces questions-là.

01:35 Et on va détailler tout cela dans un instant.

01:37 On file d'abord au Standard de France Blizère

01:39 parce que vous êtes nombreux à réagir ce matin,

01:42 et notamment René, bonjour René.

01:44 Oui, bonjour.

01:45 Vous, vous nous appelez justement de l'Alpe du Grand-Serre,

01:48 racontez-nous votre sentiment, votre attachement à cette station.

01:52 Oui, l'Alpe du Grand-Serre, c'est une station qui situe

01:55 entre 1362 et 1100 mètres d'altitude.

01:59 On a de la chance d'avoir un versant nord qui tient bien la neige.

02:05 Et d'un autre côté, les équipes veulent vite réagir,

02:09 comme là pour faire du vélo.

02:11 Oui, l'année passée, on a eu un problème de neige,

02:13 et ils ont mis en route les vélos.

02:14 Et pour l'été, c'est un programme qui est aussi très intéressant

02:20 pour faire du vélo.

02:21 C'est important de la garder selon vous, la station ?

02:25 Comment ?

02:25 C'est important de la garder selon vous, cette station ?

02:28 Oui, parce que la station, elle fait vivre toute la région

02:30 du plateau Matheysin, du côté du Val Bonnet,

02:34 pour les gens qui viennent travailler avec les auborgs,

02:38 le centre de vacances, plus un peu les commerces,

02:42 les moniteurs de ski qui sont double emploi.

02:44 Les verts, ils viennent faire des...

02:46 Ils sont moniteurs l'été, ils sont bûcherons,

02:49 ou ils sont maçons des métiers qu'il faut être...

02:55 C'est double emploi, quoi.

02:56 Alors ça fait vivre tout un plateau.

02:58 Effectivement, et Coréline Saurat,

03:00 j'imagine que vous allez appuyer ce point-là,

03:02 présidente de la communauté de communes de la Matheysin.

03:04 À quel point la communauté de communes peut vivre

03:09 ou passe sans la station ?

03:10 À quel point elle est indispensable

03:11 au fonctionnement économique du territoire ?

03:14 Ah oui, c'est...

03:17 Pardon, René, on va laisser Coréline Saurat répondre.

03:20 Merci et bonjour, René, que je connais très bien par ailleurs.

03:23 Effectivement, la station, c'est un élément incontournable

03:26 d'attractivité sur le territoire.

03:27 Nous avons une station qui fonctionne en régie

03:30 et deux stations associatives qui sont deux plus petites stations,

03:32 Hornon et Lesignaro.

03:34 Mais c'est un des seuls éléments d'attractivité

03:37 qui nous apporte une clientèle hivernale.

03:40 C'est-à-dire qu'en Matheysin, on a les lacs,

03:42 on a les passerelles du Monténard,

03:44 on a les chemins de randonnée, etc.

03:46 Mais l'hiver, notre seul élément d'attractivité en Matheysin,

03:49 c'est la station de l'Alpe du Grand Cerf.

03:51 Et on a fait des enquêtes clientèles là-dessus,

03:53 c'est criant de vérité.

03:55 Donc demain, s'il n'y a plus l'Alpe du Grand Cerf,

03:56 effectivement, je dirais que la Matheysin

03:59 perd une part de son identité.

04:01 Ça représente 200 emplois à peu près, c'est ça ?

04:03 200 emplois induits.

04:05 Alors quand on dit induits, c'est tous les pluriactifs

04:07 qui travaillent sur la station,

04:09 mais aussi les hébergeurs qui bénéficient de la clientèle

04:12 qui vient sur la station, les restaurateurs,

04:14 les blanchisseries, enfin tout ce qui en découle

04:17 en termes de métier et de profession.

04:18 On va détailler un petit peu le plan possible

04:21 pour sauver la station.

04:23 Avant cela, on va aller dans une autre station,

04:26 à Saint-Hilaire-du-Touvert, rejoindre Pascal Lacroix.

04:29 Bonjour, Monsieur Lacroix.

04:31 Oui, bonjour.

04:31 Vous faites partie justement du collectif de bénévoles

04:35 qui gère actuellement la station.

04:36 Ça se passe comment ?

04:37 Eh bien, on vient d'avoir les autorisations

04:41 pour faire tourner la station de ski de Saint-Hilaire,

04:43 donc on est très contents.

04:44 Vous allez ouvrir ce week-end ?

04:46 Alors ce week-end, malheureusement,

04:47 on ne peut pas ouvrir parce qu'il n'y a pas assez de neige.

04:49 On a malheureusement été sonné ce week-end,

04:52 donc on n'a pas assez de neige pour pouvoir ouvrir.

04:55 Après, il y a un élan incroyable qui s'est dessiné

04:58 autour de cette station-là depuis avril dernier.

05:00 On s'est monté en association là depuis avril.

05:03 Et moi, le point sur lequel je voulais insister,

05:06 c'est qu'en fait, OK, une station de ski, c'est de l'emploi,

05:10 c'est de l'attachement à un patrimoine,

05:12 c'est un dynamique touristique,

05:13 mais c'est aussi et surtout, je trouve,

05:16 un côté humain de ces petites stations

05:18 qui jouent notamment un rôle fédérateur et convivial

05:21 super important pour les vies de village.

05:24 Un lieu où les jeunes et les moins jeunes se croisent,

05:26 discutent et créent du lien.

05:28 Donc pour moi, c'est avant tout ce point

05:29 qu'il faut mettre en avant de ces petites stations.

05:32 - J'imagine que ça, ça vous parle, Coraline Saurat,

05:34 dans la Matheysine, l'Alpe du Grand Cerf.

05:36 Et ça me permet de rebondir aussi sur un autre questionnement.

05:40 Est-ce que ce fonctionnement bénévole, vous l'envisagez ?

05:43 Est-ce qu'il est possible pour vous à l'Alpe du Grand Cerf ?

05:47 - Je dirais que pour la taille de la station, non.

05:49 L'Alpe du Grand Cerf, c'est pas une petite station.

05:51 C'est une moyenne station, c'est 55 kilomètres de pistes.

05:55 C'est vraiment plusieurs dizaines de remontées mécaniques.

05:58 Donc c'est une grosse station qui ne peut pas,

06:01 à mon sens, fonctionner de manière peu pérenne,

06:03 en fait, sur le simple bénévolat.

06:05 Même si, bien sûr, il y a un vrai aspect humain de lien

06:10 entre les gens de la station et ceux qui souhaiteraient

06:12 la voir fonctionner ainsi.

06:13 Mais il y a un vrai modèle économique à trouver

06:15 qui fonctionne pour la station et à mon sens,

06:18 je peux me tromper, mais qui peut pas, en tout cas,

06:21 sur l'ensemble de l'exploitation du domaine,

06:23 est celui de le modèle associatif.

06:26 - D'accord. Quelles sont les pistes ?

06:28 Alors, si c'est pas un modèle bénévole,

06:29 et si le modèle actuel ne fonctionne pas

06:32 ou n'est pas pérenne, est-ce qu'il y a un entre-deux possible ?

06:35 - L'entre-deux, c'était qu'on aboutisse à notre projet

06:38 avec l'exploitant, enfin, l'institution,

06:41 la SATA, donc une délégation de services publics.

06:44 Est-ce qu'il y a d'autres possibilités ?

06:46 Il faut aussi encore exploiter ces pistes-là.

06:48 En tout cas, pour nous, l'enjeu, et je tiens à le redire,

06:51 c'est qu'on a un vrai projet,

06:54 enfin, un vrai projet de transition et d'avenir.

06:56 Et ça, tous nos partenaires publics le soulignent.

06:58 On est une des seules stations de moyenne montagne

07:00 à avoir un projet.

07:01 D'ailleurs, on a été lauréat d'un appel à projet national

07:05 sur ce projet-là.

07:07 Et le cœur de notre projet, c'est d'avoir un gros porteur,

07:09 c'est-à-dire un Télémix du bas en haut de la station,

07:14 et qui est pour nous un élément de diversification,

07:16 puisqu'il permettrait de monter des promeneurs,

07:20 des personnes en situation de handicap, des enfants,

07:22 des gens non aguerris à la montagne par le ski,

07:26 en tout cas, ou par la randonnée assez rude,

07:29 en haut de la station.

07:31 Donc, d'accéder à un espace de respiration

07:33 pour diverses activités.

07:35 Et c'est ce pour quoi on se bat aujourd'hui,

07:37 parce que finalement, pour nous,

07:39 on ne peut pas tourner assez brutalement la page du ski

07:42 et garder cette économie ski pour aller vers la diversification.

07:46 - On va retourner au standard,

07:48 parce qu'il y a beaucoup d'appels ce matin.

07:50 On prend la direction du col du Barriose,

07:52 avec Marc qui nous appelle.

07:54 Bonjour Marc.

07:56 - Bonjour, vous allez bien ?

07:58 - Oui, et votre sentiment alors du matin sur notre débat ?

08:01 - Alors moi, mon sentiment,

08:03 c'est que ces petites stations semblent nécessaires.

08:06 On constate, effectivement,

08:08 que c'est à la fois de convivialité, de mixité sociale,

08:13 et j'insiste sur cela,

08:15 parce que ça permet à des enfants ou à des jeunes

08:18 d'aller skier alors qu'ils n'accéderaient jamais

08:20 à des grandes stations.

08:22 Et il faut savoir que nous,

08:24 on a beaucoup de gens qui ont des écrans de télévision.

08:36 - Je suis désolé Marc, je vais devoir vous couper,

08:38 parce que la liaison est très difficile,

08:40 mais on entend bien en tout cas votre sentiment,

08:44 l'importance de garder la démocratisation du ski

08:48 grâce à ces petites stations.

08:50 Un autre témoignage rapide avec Jean-Luc,

08:52 qui nous appelle de Champs-sur-Drac.

08:54 Bonjour Jean-Luc.

08:55 - Bonjour monsieur, meilleurs voeux pour 2020.

08:57 - Une bonne année également.

08:59 Votre sentiment, vous êtes du côté d'Outre-Améoudre ?

09:02 - Alors, mon sentiment, si vous voulez,

09:03 je ne suis plus du côté d'Outre-Améoudre,

09:05 j'habite Champs-sur-Drac, comme j'ai dit à madame,

09:08 mais le problème, si vous voulez,

09:09 c'est que ça fait quelques semaines

09:11 que j'entends parler finalement de la mort de petites stations,

09:14 et en effet, j'ai beaucoup de regrets

09:16 de savoir que ces petites stations risquent de mourir,

09:18 parce que autant que je connais, puisque je suis né là-haut,

09:21 a toujours été quelque chose, si vous voulez, un village,

09:24 que ce soit l'été ou l'hiver,

09:26 tout le monde, je pense, au niveau des communes,

09:28 a fait de gros gros efforts

09:30 pour pouvoir faire tourner, si vous voulez, cette station.

09:33 Il est vrai qu'il y a un manque de neige depuis quelques années,

09:36 et je suis très content, si vous voulez,

09:38 c'est pour ça que je me suis permis de vous téléphoner,

09:40 je suis très content,

09:41 parce que la neige est tombée il y a quelques jours,

09:42 vous le savez très bien,

09:44 et je pense que là, le plateau de Jèvres

09:45 et la station de ski, surtout d'Outre-Améoudre,

09:48 puisque c'est le village que je connais le plus,

09:49 le mariage Outre-Améoudre n'est pas si vieux que ça,

09:52 moi j'ai 76 ans, monsieur,

09:54 donc je suis content que cette neige soit tombée,

09:58 pour que les petites stations, si vous voulez,

10:00 continuent à tourner, parce qu'en effet,

10:01 j'ai vu que les messieurs dames devant moi disaient,

10:04 la mort de la station, donc c'est la restauration,

10:06 c'est le tourisme, il y a beaucoup de choses, voilà.

10:09 - Exactement, beaucoup, un poumon économique

10:12 très important pour les territoires.

10:13 Je reviens vers vous, Coraline Saurat,

10:15 présidente de la communauté de communes de Lamathézine,

10:19 combien de temps vous vous donnez,

10:20 quelle est l'échéance prochaine pour la station de l'Alpe du Grand-Serre

10:24 pour trouver justement un fonctionnement pérenne ?

10:27 - Nous avons là une réunion prévue au courant du mois de février

10:31 avec nos partenaires, quand je dis partenaire,

10:33 c'est région, état, département,

10:37 et commissariat de massif, etc.,

10:40 pour prendre une décision finalement.

10:43 Alors, évidemment, dans l'intervalle,

10:46 on va étudier d'autres scénarios,

10:47 c'est-à-dire des scénarios d'ouverture à minima

10:49 pour ne pas fermer définitivement

10:51 des scénarios qui pourraient convenir aujourd'hui,

10:54 sur lesquels le modèle économique pourrait être viable.

10:57 Donc je dirais que d'ici la fin de la saison, en tout cas,

11:01 on prendra une décision parce que ça fait deux ans et demi

11:04 qu'on est en discussion dans le cadre de la délégation de services publics.

11:08 Donc il va falloir aussi prendre des décisions,

11:12 il en va aussi de la pérennité de l'avenir

11:15 de nos commerçants sur la station,

11:18 et c'est un enjeu prégnant.

11:20 Et on suivra évidemment le dossier Ensemble sur France Bleu Isère.

11:23 Merci beaucoup Coréline Saurat d'avoir été notre invitée ce matin.

11:26 Merci beaucoup à tous les auditeurs qui ont appelé au Standard.

11:30 Vous avez été très nombreux, on sent qu'il y a un vrai attachement

11:32 à ces petites stations de l'Isère,

11:34 et ça fait très plaisir d'en parler ce matin ensemble.

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