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GHB, MDMA, benzodiazépines : comment lutter contre la soumission chimique ?
France Culture
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23/11/2023
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News
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00:00
6h39, les matins de France Culture, Guillaume Erner.
00:06
Bonjour Marguerite Caton.
00:07
Bonjour Guillaume, bonjour à tous.
00:09
Alors vous allez nous parler de soumission chimique.
00:11
Oui, l'affaire du sénateur Guerriot a remis sur le devant de la scène cette pratique
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délictuelle, disons-le d'emblée, qui consiste à droguer une personne à son insu ou sous
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la menace, généralement dans l'intention d'en abuser, généralement sexuellement.
00:24
Alors, pour comprendre le risque, au-delà des affaires médiatiques, nous recevons Samira
00:29
Cezar.
00:30
Bonjour.
00:31
Bonjour.
00:32
Merci d'être avec nous ce matin.
00:33
Vous êtes médecin, praticien hospitalier à l'hôpital Fernand Vidal Lariboisière
00:36
à Paris.
00:37
Vous travaillez depuis longtemps sur ces affaires de soumission chimique.
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Combien de cas recense-t-on ?
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Ça dépend des années.
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Donc c'est en fonction de la déclaration.
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Au départ, moi j'avais commencé à faire des consultations pour les personnes qui ne
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portent pas plainte.
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Et donc, ensuite, il y a eu la mise en place d'une enquête nationale à partir de 2003.
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Donc là, c'était basé sur la déclaration, je dirais, spontanée, conseillée, encouragée.
01:13
Et à partir de 2011, il y a eu la participation des analystes toxicologues, voilà, pour alimenter
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justement la base de données des cas de soumission chimique.
01:28
C'est très variable.
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Donc on ne peut pas parler d'une ampleur actuelle ou passée.
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C'est en fonction aussi des victimes qui déposent plainte ou pas.
01:38
Parce que, celles qui déclarent ou pas, celles qui se renseignent ou pas.
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Donc on ne connaît pas l'état réel du terrain.
01:48
727 signalements suspects quand même pour 2021, dit la NSM.
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Impossible, je n'ai pas vu le dernier rapport.
01:55
Mais on comprend, ça dépend.
01:57
Beaucoup de collecte.
01:58
Non mais est-ce que c'est des vraies soumissions chimiques avérées ou pas ? Parce qu'on
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collecte le nombre de dossiers parce qu'il y a des fiches de recueil.
02:09
Donc, est-ce que la fiche est bien complétée ? Et à partir des données, on va sélectionner,
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on va analyser au cas par cas, en fonction des analystes toxicologiques.
02:17
Parce que si vous n'avez pas les analystes toxicologiques, vous ne pouvez pas parler
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d'une soumission chimique.
02:21
Ce que dit la NSM, c'est que ces cas se produisent majoritairement à domicile, dans
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un cadre privé, voire dans un cadre intrafamilial.
02:29
C'est intéressant, ça sort du cliché de la drogue du violeur en boîte de nuit.
02:33
Samira Jezar, vous commencez à nous en parler.
02:35
Comment interpréter ce faible nombre de cas ?
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Je rappelle, 727 signalements suspects en 2021, 82 soumissions chimiques vraisemblables
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parmi ces signalements suspects.
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82 ? 82.
02:48
Est-ce que ça nous laisse penser que c'est très marginal et qu'on n'a pas à s'inquiéter
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ou est-ce que ça nous fait comprendre que c'est très mal documenté ?
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Je vous l'avais bien dit, il y a 82 cas sur plus de 600 dossiers qui ont été collectés
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et analysés.
03:04
Ça veut dire que des dossiers n'ont pas été suffisamment documentés parce que c'est
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un diagnostic que l'on pose.
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On confronte les données des analystes toxicologiques avec les données cliniques, avec les symptômes
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présentés par les victimes et puis surtout la chronologie des faits, le délai entre
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la consommation du produit suspect et le prélèvement.
03:28
C'est un élément qui est très important pour pouvoir faire une imputabilité, c'est-à-dire
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relier l'événement, les symptômes cliniques avec la substance qui a été consommée tout
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en sachant qu'il faut bien interroger la victime pour savoir si elle n'a pas pris
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volontairement elle de son côté un traitement ou des substances de façon volontaire pour
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essayer d'éliminer.
03:54
Vous le dites, il faut agir vite, il faut agir vite.
03:57
Il faut agir vite, oui.
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Il faut agir vite pour trouver les traces des substances.
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Est-ce que quand une victime va porter plainte, dans ce cas, est-ce qu'on pratique systématiquement
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des analyses ?
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Alors, on fait systématiquement des prélèvements.
04:09
Donc, quand elle consulte, si elle dépose plainte, donc il y a une réquisition et la
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victime est examinée dans ce cadre-là, on fait des prélèvements rapidement, des prélèvements
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urinaires et sanguins.
04:22
Et ensuite, c'est le parquet qui décide de faire ou pas les analyses toxicologiques
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sur les conseils du médecin.
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Bien sûr, le médecin, il conseille de faire les analyses pour essayer de poser un diagnostic.
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Et les analyses ne sont pas faites systématiquement, sachant que c'est quand même une affaire
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judiciaire.
04:44
Est-ce que l'agresseur est connu ou pas ?
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Parce que vous allez en boîte de nuit, vous ne savez pas qui vous a agressé.
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Donc, voilà.
04:50
Et ça a un coût aussi, les analyses toxicologiques.
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C'est-à-dire, c'est très cher en fait ?
04:54
C'est très cher.
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Parce qu'on fait un screening, on cherche une molécule.
05:00
Et donc, il y a eu toute une batterie d'analyses à faire.
05:04
Et ce n'est pas remboursé par la Sécurité Sociale ?
05:08
Non, ce n'est pas remboursé par la Sécurité Sociale.
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Quand on porte plainte, c'est la justice qui prend en charge tous les frais.
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Donc, c'est pour ça qu'on conseille, on recommande à la victime de déposer plainte
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et ensuite, elle est prise en charge normalement.
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Qu'est-ce qui doit alerter les victimes potentielles ?
05:30
Des migraines, des étourdissements ?
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Quels sont les signes à repérer ?
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Les substances qui sont utilisées, ce sont ce qu'on appelle les substances psychoactives.
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Ce sont celles qui entraînent des inhibitions, qui entraînent une sédation.
05:43
La personne commence à fatiguer, à avoir une somnolence.
05:48
Parfois, elle est consciente mais elle agit de façon automatique.
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Elle répond à toutes les sollicitations, ça dépend des substances, de son agresseur.
06:00
Donc, ça peut aller de la simple sédation jusqu'au coma,
06:04
quand on ne connaît pas la quantité de produits qu'on utilise.
06:09
Et puis, vous avez…
06:12
Généralement, quand c'est en boîte de nuit, je dirais que quand on a bu deux ou trois verres d'alcool,
06:19
la vigilance baisse.
06:21
Après, on ne se rend pas compte de notre verre.
06:25
L'objectif des agresseurs, vous l'avez dit, c'est de plonger la victime dans un état un peu comateux,
06:29
disons, de faire perdre sa vigilance.
06:31
Vous parliez des substances, quels sont concrètement les produits utilisés, Samira Jezar ?
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Alors, les produits, c'est toute une palette de produits.
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Mais les substances les plus fréquentes, ou la famille la plus fréquemment utilisée,
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ce sont les benzodiazépines.
06:48
Alors, les benzodiazépines, ce sont les produits qu'on utilise pour traiter l'anxiété,
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du type Valium, Xanax et autres.
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Et pour endormir, pour insomnifère,
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en fait, l'agresseur, il prend ce qu'il a chez lui.
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Parce qu'on a tous une benzodiazépine à la maison pour traiter une angoisse ou autre.
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Et ce n'est pas le GHP.
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Quand vous avez vu l'article, il y a moins de 4% des cas sur 19 ans.
07:21
Qui sont liés au GHB.
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Qui sont liés au GHB, parce que le GHP s'élimine très rapidement.
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On n'a pas le temps de faire les prélèvements, donc on n'appréhende pas.
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Maintenant, il y a les analyses toxicologiques capillaires qu'on peut faire.
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Mais bon, c'est bien de savoir, d'avoir les analyses urinaires.
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Généralement, les cas que j'ai cités, ce sont les cas qui ont été pris en charge rapidement.
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Ce qu'on comprend quand même à vous entendre, c'est qu'en fait,
07:51
il n'y a pas besoin d'avoir recours à des drogues sophistiquées,
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que des médicaments d'usage courant peuvent faire la faibleur.
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Et qu'on est parfois dans un cadre familial, privé, donc la vigilance doit être accrue.
08:03
Oui, familial, privé, je ne sais pas comment ça a été examiné.
08:08
Donc c'est vrai que quand c'est familial, c'est familial.
08:13
Après, dans un cadre privé, ça peut être une chambre d'hôtel,
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ça peut être quelque part où on est qu'à deux, voilà, pour l'agression.
08:19
Ce qu'il faut savoir, c'est que très souvent, la victime,
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elle boit son verre qui contiendrait la substance.
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Mais l'agression, elle se fait en dehors de l'établissement de nuit.
08:29
Donc il est très important d'avoir une vigilance, finalement,
08:32
collective sur cette question de la soumission chimique.
08:34
Merci beaucoup, Samira Djezar, pour ces explications.
08:36
Vous êtes médecin praticien hospitalier à l'hôpital Fernand Vidal-Lariboisière à Paris.
08:40
Merci.
08:41
Merci à vous.
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