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Van Gogh à Auvers : les derniers jours du peintre en tableaux - L'édito culture par Christine Angot
France Inter
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23/11/2023
Retrouvez les éditos culture sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts
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- Priscille Angot, jeudi, on vous écoute.
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- Sade le pervers, Céline l'antisémite, Colette la scandaleuse, Van Gogh le fou, chacun
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a son étiquette.
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Quand on voit une exposition Van Gogh, elle est là dans la tête.
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La particularité de celle du musée d'Orsay, c'est que non seulement on voit des tableaux,
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mais on vit avec lui les deux derniers mois de sa vie, de son arrivée au Verre-sur-Oise
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le 20 mai 1890 au 27 juillet quand il se tire une balle dans la tête.
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En 70 jours, il peint 76 tableaux.
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Ils sont là dans l'ordre chronologique de son arrivée au Verre jusqu'au coup de pistolet
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dans la tête.
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L'avier peint sur les toiles, il y a la date sur le cartel à côté, une note sur ce qu'il
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a vécu la veille ou ce qu'il fera le lendemain.
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70 jours, 76 tableaux, 70 journées à regarder les gens au Verre, à les peindre, à regarder
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les maisons, à les peindre aussi, à consulter le docteur Gachet, à déjeuner à sa table,
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à écrire des lettres à son frère Théo et à sa belle-soeur qui vivent à Paris avec
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leur enfant.
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5 juin.
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Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d'Alors apparussent comme
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des apparitions.
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Un siècle plus tard, les gens d'Alors, c'est nous.
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Ils s'adressaient à nous.
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Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d'Alors apparussent comme
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des apparitions, donc je ne cherche pas à faire par la ressemblance photographique mais
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par nos expressions passionnées.
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10 juillet.
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Je ne me suis pas gênée pour chercher à exprimer de la tristesse, de la solitude extrême.
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Il peint le docteur Gachet, il se peint lui-même, il peint l'église, il parle d'immenses
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étendues de blé sous des ciels troublés, d'un sous-bois, des troncs de peupliers
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violets qui perpendiculairement comme des colonnes traversent le paysage.
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Le tableau qu'il en fait est accroché à côté de la phrase.
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Ça ne l'empêche pas d'écrire à son frère.
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Je me sens ratée.
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Voilà pour mon compte.
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Je sens que c'est là le sort que j'accepte et qui ne changera plus.
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Vaguement des tableaux viennent à ma vision, mais ça me prendra du temps.
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À l'occasion d'une exposition cinq ans après sa mort, on invite Antoine Hartaud.
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Il paraît qu'il l'a traversée d'un trait, comme une flèche, presque en courant.
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Puis il a écrit « Non, Van Gogh n'était pas fou.
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Mais ses peintures étaient des bombes atomiques, dont l'angle de vision, à côté de toutes
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les autres peintures qui sévissaient à cette époque, eût été capable de déranger gravement
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le conformisme larvaire de la bourgeoisie second empire qui sévissait à cette époque.
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Le texte s'appelle « Van Gogh, le suicidé de la société ».
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Le 23 juillet, quatre jours avant sa mort, Van Gogh a écrit, mais il n'a pas envoyé
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la lettre.
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« Mon travail à moi, j'ai risque ma vie.
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Van Gogh le fou, Sade le pervers, Céline l'antisémite, Colette la scandaleuse, plus
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près de nous, Lanzmann le mégalomane.
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» Il y a une rétrospective à Beaubourg.
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La directrice de la photo, Caroline Champetier, qu'il rencontre à 22 ans sur Shoah comme
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assistante, a écrit un texte intitulé « Le geste lanzmannien », reconnaissant elle-même
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que c'était un titre un peu prétentieux, et décrit ce geste.
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« Un geste de vie, un acte, une action, une action folle, se lancer dans un travail de
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vingt ans.
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D'après elle, il n'a jamais voulu spécialement être cinéaste, il a voulu filmer la Shoah,
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prendre le risque physique, le risque intellectuel, le risque moral, l'urgence à dire, et elle
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donne la définition du mot « geste ».
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Mouvement du corps, des membres, action remarquable qui frappe par sa générosité, sa noblesse,
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ensemble de poèmes épiques au Moyen-Âge, relatant les « hauts faits » de personnages
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historiques ou légendaires.
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- Merci Christine. Wow ! Et à jeudi !
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