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Les applications de cycle menstruel - Veille sanitaire par Manon Mariani
France Inter
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17/11/2023
Des applis qui peuvent se retourner contre leurs utilisatrices.
Retrouvez la chronique "Veille Sanitaire" de Manon Mariani sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/veille-sanitaire
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😹
Amusant
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veille sanitaire est un des temps forts de notre émission. Son quart d'heure, comme
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elle aime à l'appeler, progresse effectivement, on l'a dit, de 14%. Et encore, ça c'est
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la moyenne globale. Car si on se pense sur les chiffres dans le détail, on découvre
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un magnifique +130% à Angers. Et plus spécifiquement, Angers autour du gros Bergecal, la trace
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centrale. C'est très précis, Médiamétrie. Alors Manon, on vous écoute donc pour la
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veille sanitaire. Aujourd'hui, vous nous présentez quelques applications qui vous
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inquiètent. Elles s'appellent Flo, Glo ou Clu et vous
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sont sûrement toutes inconnues. Et pourtant, elles sont devenues essentielles pour des
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millions de femmes dans le monde. Car elles permettent de surveiller leur cycle menstruel.
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Alors elles se présentent sous la forme d'un calendrier. Les utilisatrices indiquent quand
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elles ont leurs règles. Elles peuvent aussi mettre des informations concernant leurs symptômes,
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si elles ont mal au ventre, si elles se sentent fatiguées, etc. Et puis ces applications
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sont aussi utiles pour les femmes qui veulent tomber enceinte ou qui attendent un enfant.
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Elles indiquent les périodes d'ovulation et permettent ensuite de suivre l'évolution
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de leur grossesse durant 9 mois. Bref, vous avez compris le principe. Sauf que ces applications
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soulèvent plusieurs problèmes, notamment au sujet des données personnelles. En effet,
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vous imaginez les millions d'informations médicales qui y sont stockées. Dans un monde
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où le corps des femmes est encore soumis à des lois conservatrices, notamment concernant
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l'avortement, ça peut être un gros problème. Et c'est le cas.
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Oui, ça a été le cas dernièrement en Angleterre. Le média indépendant anglais Tortoise a
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révélé que les autorités pouvaient avoir accès à ces applications de suivi de cycle
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quand elles estiment qu'elles sont face à des cas de perte de grossesse inexpliquée.
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Je vous prends un exemple. Carla Foster, une Anglaise de 44 ans, a été condamnée à
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18 mois de prison ferme pour avoir pris une pilule abortive après la période autorisée.
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Là-bas, une femme peut avorter de cette manière jusqu'à 24 semaines. Elle l'a fait au
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bout de 32. Son histoire a fait le tour des réseaux et sa condamnation a suscité l'indignation
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sur X. Pour une raison spécifiquement, les autorités
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ont eu accès à son application de suivi pour confirmer leurs accusations. Un élément
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crucial qui s'est retourné contre elle et qui a servi de preuve pour l'envoyer en
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prison. Ça n'inspire pas du tout confiance ce que
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vous racontez là ? Non, pas du tout. Surtout dans des pays où
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l'avortement est illégal. Je pense évidemment aux Etats-Unis où cette loi est maintenant
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appliquée dans 14 Etats depuis l'année dernière. Et cette législation totalement
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horrible pour les droits des femmes a été en déclic pour certaines de ces applications
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menstruelles. C'est le cas de Flo, la plus populaire dans le monde avec plus de 40 millions
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d'utilisatrices. L'année dernière, l'application a mis en place un mode anonyme. C'est-à-dire
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que les utilisatrices n'ont plus besoin de rentrer leur nom ou leur mail pour avoir
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accès à l'application. Donc aucune donnée personnelle ne sera communiquée. L'entreprise
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a aussi précisé qu'elle n'avait jamais partagé des informations sur ses utilisatrices
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à quelconque autorité et qu'elle ne le ferait jamais. Après, ne jamais dire jamais
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malheureusement si ça l'aurait imposé par un juge, pas sûr qu'elle puisse y faire
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grand-chose. En fait, il faut vraiment faire très attention aux applications qu'on télécharge,
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et bien se renseigner sur ce qu'elles font de nos données et comment ça peut se retourner
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contre nous.
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Y a d'autres exemples, j'imagine ?
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Oui, en 2019, BuzzFeed a dévoilé que les applications Maya et MiaFem partageaient
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les données personnelles de leurs utilisatrices avec Facebook. Ce même Facebook accusé en
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2020 d'avoir transmis des données personnelles concernant l'avortement d'une jeune américaine.
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Et puis, il y a aussi le cas de l'application Fem. Une enquête du Guardian a montré qu'elle
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était financée par des groupes catholiques anti-choix, c'est-à-dire contre l'avortement.
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Sauf que sur le papier, rien ne l'indique. L'application présente bien ce vent comme
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une application pour toutes les femmes, etc. Mais il suffit de regarder plus précisément
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les conseils qui y sont donnés pour comprendre le message que les anti-choix cherchent à
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faire passer. L'application propose par exemple les meilleurs moyens pour éviter
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de tomber enceinte ou pour tomber enceinte. Mais elle ne mentionne jamais l'entre-deux.
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La grossesse non désirée est donc impossible avortement. Et puis, dans les conseils donnés
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par des médecins pro-life, il est dit à plusieurs reprises que la pilule n'est pas
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un bon moyen de contraception, que c'est risqué et que rien ne vaut la contraception
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naturelle de la désinformation pure et simple. Mais est-ce vraiment étonnant tout ça ? On
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vit actuellement dans une société qui retire aux femmes certains de leurs droits. Une société
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patriarcale pourtant post-MeToo mais qui vit toujours sous ce genre patriarcal. Cette même
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société qui nous impose à nous femmes d'être vigilantes de toutes nos actions, pas peur
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des conséquences. C'est triste mais ça donne des situations comme celle-ci. Une simple
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application au logo rose censée nous aider peut au final nous faire plus de mal que de
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bien.
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- On vous signale qu'on est passé de +14 à +16%. Ça n'arrête pas d'augmenter cette
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chronique. C'était la Veille Sanitaire.
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