Prendre connaissance des sujets liés au climat et proposer des solutions, c’est tout l’enjeu de France Audacieuse. Une réflexion sur ces problématiques est à apporter et dépolitiser le débat permettrait d’avancer à grands pas.
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00:00 Générique
00:02 ...
00:05 -Bonjour, Alexia Germont. -Bonjour à vous.
00:08 -Vous êtes avocate présidente du think tank
00:11 du cercle de réflexion France Audacieuse.
00:13 Bismarck, c'est la chaîne des audacieux.
00:15 Quelles sont les missions de ce cercle de réflexion ?
00:18 -C'est très simple, c'est participer à notre propre mesure,
00:22 à la réflexion collective, avec un prisme un peu particulier,
00:25 qui était le prisme de la société civile.
00:28 Simplement avoir des personnalités issues de la société civile,
00:32 légitimes par leur parcours,
00:33 et qui tentent de réfléchir ensemble,
00:37 non seulement sur les constats, bien sûr,
00:39 mais également sur des solutions
00:41 qui peuvent éventuellement être proposées.
00:44 Donc on est véritablement sur des questions
00:47 essentiellement économiques,
00:48 mais aujourd'hui, l'économie,
00:50 c'est pas de l'économie sans masse musculaire sociale, évidemment.
00:57 Donc ça nous permet de toucher à des sujets transversaux.
01:00 -Et notamment aux questions dont on va parler ensemble,
01:03 ce nouveau capitalisme, d'une certaine façon,
01:06 qu'il faut inventer, l'urgence climatique nous y oblige.
01:10 C'est l'économie circulaire qui doit prendre le dessus ?
01:13 -Alors, l'économie circulaire, évidemment,
01:16 est très importante dans la définition.
01:19 Ce que je trouve intéressant sur ces sujets-là,
01:21 c'est que ce sont des sujets qui, par nature,
01:24 imprègnent l'ensemble des réflexions
01:26 que nous devons tous avoir,
01:28 citoyens, mais également responsables politiques et publics.
01:32 Et ça devient finalement des sujets transversaux
01:35 qui doivent vraiment venir nourrir l'ensemble de la réflexion.
01:39 Une fois qu'on a dit ça,
01:41 c'est vrai qu'en matière de transition écologique,
01:44 très honnêtement, je vous parle de façon assez directe,
01:47 mais je trouve qu'on s'y prend assez mal, en tout cas,
01:50 dans la façon dont on parle de la transition écologique.
01:54 -C'est encore trop anxiogène ?
01:55 On n'arrive pas à la ronde désirable ?
01:57 Pourquoi ça se prend mal ?
01:59 -Je crois que, d'abord, il faut dépolitiser le débat
02:02 et qu'il y a déjà un certain nombre de travaux remarquables
02:06 qui ont été faits par des cercles de réflexion.
02:09 Je pense bien sûr au Chief Project,
02:11 que je ne connais pas par ailleurs,
02:13 donc vous voyez, c'est totalement libre
02:15 dans ce que je pointe.
02:17 Mais également, il y a eu de très fortes modifications
02:23 dans l'approche gouvernementale.
02:24 Vous avez le secrétariat général à la planification écologique,
02:28 vous avez eu le rapport de M. Pisaniferi,
02:31 qui, pour France Stratégie, également.
02:34 Donc, on a aujourd'hui...
02:35 -On a les outils, la connaissance.
02:37 Prend-on les bonnes décisions ?
02:39 -Alors, déjà, elle n'est pas partagée.
02:42 Et c'est là où je pense qu'il y a un rôle
02:44 qu'on devrait essayer de pousser.
02:46 Au sein de France Audacieuse, c'est ce qui m'intéresse.
02:49 Notamment, je trouve que les élus, par exemple,
02:52 ne sont pas utilisés "à bon escient"
02:55 pour justement faire connaître les outils objectifs
02:58 dont nous disposons aujourd'hui. Pourquoi ?
03:01 Pour mobiliser. C'est pas du tout une question de pédagogie,
03:04 parce que ça a toujours un côté un peu péjoratif
03:08 de parler de plus de pédagogie.
03:10 La réalité, c'est que vous avez toute une frange
03:13 de la population qui est immédiatement concernée.
03:15 On n'a pas besoin de travailler plus avec elle.
03:18 Il faut lui donner les solutions
03:20 pour qu'elle puisse les prendre en main.
03:22 Mais en revanche, il y a encore toute une partie de la population
03:26 pour qui ces sujets sont très lointains.
03:28 Et on voit bien, sur la partie politique,
03:30 que quand on a essayé la contrainte avec la taxe carbone,
03:35 on a eu les Gilets jaunes.
03:36 Donc, aujourd'hui, ça explique aussi
03:38 pourquoi la démarche, y compris gouvernementale,
03:41 est d'aller vers l'incitation.
03:43 -C'est ce qu'on a vu avec la loi de planification écologique
03:47 qui doit être débattue dans les prochains jours
03:50 et qui a été annoncée au Parlement.
03:52 Il y a eu des annonces du chef de l'Etat.
03:54 Est-ce qu'elles sont, pour vous,
03:56 à la hauteur de l'urgence climatique
03:58 en matière de climat et de biodiversité ?
04:00 -Je crois que surtout la façon dont elles sont retransmises...
04:04 On a l'impression d'avoir des mesures fortes individuellement,
04:08 mais sans les remettre dans la grande image.
04:12 Pourquoi on fait ça ?
04:14 Qu'est-ce qui nous attend ?
04:16 Et se dire que ce n'est pas qu'en 2024
04:18 qu'il va falloir faire ça.
04:20 Pourquoi ? Parce que, vous l'avez évidemment tous en tête,
04:24 mais il faut simplement, aujourd'hui,
04:26 qu'on atteigne -55 % de nos émissions de gaz
04:30 à effet de serre en 2030,
04:33 par rapport à ce qu'on faisait en 1990.
04:35 Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que,
04:37 maintenant, en moins de 7 ans, on doit faire plus
04:40 que ce que nous avons fait en 33 ans.
04:42 C'est ça que ça veut dire.
04:44 Et le jour où on prend conscience véritablement de l'urgence,
04:48 c'est le jour où on comprend que 80 % de l'énergie dans le monde
04:52 provient des énergies fossiles,
04:54 qu'elles, par nature, ne sont pas inépuisables,
04:57 et qu'on est déjà sur la pente descendante pour certaines.
05:00 Donc, il n'y a pas à tergiverser.
05:03 Aujourd'hui, l'urgence, elle est là.
05:05 Donc, ce qu'il faut, c'est...
05:07 Et je trouve que, de ce point de vue-là,
05:10 le secrétariat général de la planification écologique
05:13 a fait le travail, mais il faut faire connaître ce travail,
05:16 et répondre à votre question. Pourquoi on demande des efforts
05:20 aux Français ? Pourquoi on flèche ?
05:22 C'est tout simplement pour préserver l'eau et la biodiversité,
05:26 mieux se chauffer, mieux consommer, mieux produire.
05:29 Donc, tous ces secteurs-là vont devoir être déclinés,
05:33 y compris, évidemment, avec les territoires.
05:36 -Je lisais sous la plume de Cécile Cournudet
05:38 dans "Les Echos", au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron.
05:42 Le titre, c'était "Macron, l'écologie qui pense à le perdre".
05:46 Il y a eu une émission de "Le Pen".
05:48 Et je trouve que l'idée est intéressante,
05:51 parce que j'ai eu ce sentiment-là,
05:53 avec des mesures plus incitatives que sacrificielles,
05:56 et que, après, dans la République, il faisait beaucoup de politique
06:00 avec cette planification écologique,
06:03 en essayant de ne pas donner de carburant à Marine Le Pen.
06:06 -Je pense que c'est certainement une...
06:08 Vous l'avez dit, il a fait de la politique également.
06:12 Mais il a fait de la politique en se fondant,
06:14 et c'est ça qui est intéressant et qu'il faut retenir,
06:17 c'est qu'aujourd'hui, les politiques publiques
06:20 sont assises, parce que c'est compliqué,
06:23 sur des travaux qui viennent objectiver
06:25 les choix qui sont faits. -D'accord.
06:27 -Mais aujourd'hui... -Basé sur la science.
06:30 -Basé sur la science. -Beaucoup d'entreprises
06:32 font ces choix aujourd'hui. -Exactement.
06:35 Basé sur la science et basé sur une méthode.
06:37 Pourquoi je vous dis ça ? Parce que je crois qu'il faut,
06:41 là où nous devons nous réinventer,
06:43 il faut pouvoir transformer cette très lourde contrainte,
06:46 c'est comme de ça dont on parle, en une formidable opportunité.
06:50 Pourquoi ? Juste pour finir là-dessus.
06:52 La formidable opportunité, c'est que ça devrait être quelque chose,
06:56 si on le dépolitise,
06:58 qui nous rassemble tous.
07:00 Parce que pris en silo, rien ne fonctionnera.
07:03 C'est pas parce que nous, en tant que citoyens,
07:06 nous ferons des efforts qu'on fait notre transformation.
07:09 -Je vais prendre un exemple concret.
07:12 On parle d'un nouveau capitalisme à réinventer.
07:14 Est-ce que ça passe aussi par la fin du secret bancaire ?
07:17 C'est ce que proposent les verts libéraux en Suisse.
07:20 -Alors, les verts libéraux en Suisse,
07:23 ce qu'il faut savoir,
07:24 ce que j'aime bien quand on regarde à l'extérieur ce qui se passe,
07:28 c'est qu'en Suisse, le mot "libéral" n'est pas un mot de tabou.
07:31 -C'est pas un gros mot. -C'est pas un gros mot.
07:34 Vous avez l'écologie libérale,
07:36 vous avez ce parti vert libéral en Suisse,
07:39 qui propose, alors qu'ils sont plutôt
07:41 sur la cartographie à droite,
07:44 dans le schéma,
07:46 et puis qui viennent parler des tabous.
07:48 En l'occurrence, pour les Suisses,
07:50 le secret bancaire, vous êtes dans les tabous.
07:53 C'est ça qui est intéressant.
07:55 On voit, justement, qu'il va falloir,
07:57 quand je vous parle de travailler tous ensemble,
08:00 c'est quoi ? C'est les investisseurs,
08:02 on est pile-poil dans ce que vous évoquez là,
08:05 avec tout le mouvement de la finance verte.
08:08 Vous êtes dans les citoyens,
08:10 avec à la fois leur parti consommateur
08:13 et puis la partie travailleur, également,
08:16 dans leur façon de revoir leur mode de fonctionnement.
08:19 Vous avez les politiques publiques.
08:21 Si on marche en ordre dispersé, rien n'arrivera à s'enclencher.
08:25 Donc, si on arrive à l'inverse,
08:28 à faire de ce mouvement quelque chose de collectif,
08:31 là, je pense qu'on peut réinventer ce capitalisme.
08:34 Mais rien que de parler de capitalisme en France
08:37 est un sujet qui est clivant.
08:39 -Un dernier mot.
08:40 Vous avez publié récemment une tribune
08:43 dans le Harvard Business Review.
08:45 Vous y pointez l'importance de l'innovation
08:48 pour développer l'économie circulaire.
08:50 Ca veut dire quoi ? Elle est sous-employée,
08:52 ou pas forcément dans la grille de lecture ?
08:55 -Oui, elle n'est pas forcément dans la grille de lecture.
08:58 C'est ça qui m'a frappée.
09:00 C'est qu'en fait, évidemment,
09:02 en matière d'économie circulaire,
09:04 pour finalement arriver à monitorer
09:07 les progrès qui sont faits,
09:08 vous avez un certain nombre d'indicateurs d'évolution.
09:12 Jusque-là, la méthode est très classique.
09:14 -Il n'y a pas d'innovation. -Non.
09:16 Donc, effectivement, pour quelqu'un
09:18 qui est un peu branché sur le secteur économique,
09:21 on se dit qu'il y a quelque chose qu'on a loupé.
09:24 C'était pour ça que j'ai écrit cette tribune,
09:26 pour dire peut-être qu'on peut aussi...
09:29 C'est symptomatique, aujourd'hui,
09:31 qu'au travers de l'économie circulaire et collaborative,
09:34 on ne s'appuie pas sur l'innovation,
09:36 qui est quand même un des critères majeurs,
09:39 parce que tout ça, sans le tissu économique
09:42 et le tissu d'innovation, ne se ferait pas.
09:44 -Merci beaucoup, Alexia Germont, et à bientôt.
09:47 -Merci à vous. -Sur Bismarck,
09:49 on passe à notre débat commerce bio ou équitable.
09:52 Les Français sont en train de choisir.