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La culture de masse fait-elle écran ? L'édito culture
France Inter
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26/09/2023
Retrouvez les éditos culture sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-culture
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Laurent Delmas, à vous ! Ce matin, une jolie question, la culture de masse fait-elle écran ?
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Il me semble que cette question aurait pu et dû traverser l'intégralité du nouveau
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livre de l'éminent professeur d'histoire Jean-François Cirinelli dont le directeur
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de thèse fut René Rémond.
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Oui, je suis un type dans le genre de Léa Salamé, je trouve pertinent de rappeler le
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nom du mentor universitaire de la personne dont vous parlez ou à qui vous parlez.
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Publié par les éditions Odile Jacob, son livre s'intitule "Le temps qui passe, la
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France qui change, écho du monde d'avant".
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On pourrait déjà longuement s'arrêter sur ce titre en forme de douloureux lamento
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nostalgique mais allons plutôt à l'essentiel comme nous y invite l'auteur qui entend parler,
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je le cite, de la prolifération des images et des sons depuis 1950.
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Et d'ajouter bonoitement que le constat paraît banal, ce qui est une belle preuve de lucidité
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exprimée dès la quatrième de couverture, laquelle contient également une question.
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Pourquoi la plupart des chansons aux tels connus au fil des décennies la relégation
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mémorielle alors que les neiges du Quilly-Montdjarro, Alexandrie, Alexandra et les lagues du Connemara
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par exemple, continuent de nourrir les bançons de bien des mariages et les programmes de
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beaucoup de karaoké ?
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Mais oui, au fait, pourquoi ne fait-on pas danser les jeunes mariés sur "Avec le temps"
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de Léo Ferré, "L'aigle noir" de Barbara ou "Nuit et brouillard" de Ferra ? C'est
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vrai ça, mais oui, peut-être, monsieur le professeur, parce qu'il s'agit ici de
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faire la fête en dansant sur du sardou avec une forme de bourrée irlandaise dont le texte
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a été écrit sur un coin de table à l'aide d'un dépliant touristique.
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Mais Cyril Nelly, j'imagine, ne parle pas que de chansons.
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Oui, oui Nicolas, en effet, en 320 pages et 49 chapitres indépendants les uns des autres,
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il entend embrasser tout le champ culturel et c'est d'ailleurs ce qui finit par poser
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lourdement problème.
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Est-il bien raisonnable, par exemple, ce dixième chapitre de deux pages qui traite, avec Perrec
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et Barthes en citation et en alibi, de la montée du matérialisme ? Peut-on autant
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s'apesantir sur "La grande vadrouille" en ne traitant qu'allusivement des questions
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pourtant plus pesantes que poser le discutable film de Marcel Offus, "Le chagrin et la pitié"
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? Mais c'est bien le risque quand on choisit le box-office et l'audimat comme seule table
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de la loi.
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Résultat chez Cyril Nelly, de nombreuses pages pas très nouvelles, il faut le dire,
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sur le film Emmanuel et rien, rien sur la censure de la religieuse de Rivette.
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Et ainsi de suite jusqu'à se focaliser sur la culture de la jeunesse étudiante,
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mai 68 oblige, mais rien, rien sur celle de la jeunesse ouvrière à la même époque.
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Il est vrai que la lutte des classes semble se dissoudre pour l'auteur dans la télévision
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de Guillux.
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Mais le plus gênant est ailleurs.
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Cyril Nelly consacre le même nombre de pages au duo Alidée-Macron et à l'affaire Mads
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Neff-Bombardier-Springora.
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50% pour des funérailles nationales qui sont finalement un non-événement, 50% pour un
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monde d'avant qui suscite le dégoût de l'impunité pédophile.
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Avec hélas, et concernant ce dernier sujet, un auteur qui fait l'éloge, je cite, "du
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temps suspendu d'avant où la quête du bonheur se faisait parfois au prix d'un
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tintonnement entre liberté d'expression et d'essence ordinaire, entre hédonisme
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revendiqué et respect humain globalement maintenu".
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J'avoue, j'ai du mal avec le respect humain que l'on devrait attribuer à Gabriel
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Mads Neff.
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Cerise sur le gâteau, il semble que le monde d'aujourd'hui soit celui d'un livre d'historien
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sans aucun index, aucune référence et aucune bibliographie.
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Pas certain que René Rémond aurait apprécié.
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et c'est signé Laurent Delmas !
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