Regardez L'invité de RTL Soir du 06 septembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Célier. RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:06 Allez bonne fin de journée, place maintenant au deuxième invité de RTL. Bonsoir, on continue de vous informer avec l'invité maintenant pour
00:13 tout comprendre au coeur de l'actu. Et ce soir comment fonctionnent nos crèches privées, économies sur les repas,
00:19 manque de personnel, couches pas changées, voilà les conclusions de l'enquête édifiante du journaliste Mathieu Péris
00:26 qui était l'invité d'Amandine Bégaud à 7h50 ce matin sur RTL. Enquête qui fait déjà beaucoup de bruit. Alors est-ce qu'il y a une véritable
00:32 dérive du business des crèches privées ?
00:34 Comment cela est possible ? On va essayer de comprendre. Et alors pour ça et pour nous expliquer, Nérissa Emmanie nous rejoint en studio.
00:41 Bonsoir Nérissa. Bonsoir, bonsoir à tous. Alors avant de faire le point avec vous, ce témoignage
00:45 hallucinant d'une auxiliaire de crèche, elle travaille dans une crèche privée en Ile-de-France et préfère rester anonyme.
00:50 Le fait qu'effectivement on doit changer les enfants moins souvent pour économiser les couches,
00:55 c'est une réalité. Quand il manque du personnel et qu'on est obligé
00:58 de faire des heures supplémentaires parce qu'on ne peut pas laisser les enfants tout seul, ni nos collègues seuls,
01:03 avec 12 enfants, 15 enfants, et que c'est l'heure de partir, et bien on a quand même une conscience professionnelle, donc on reste.
01:09 Et à force de rester, rester, rester, on se fatigue.
01:12 C'est pareil quand on est malade, on gagne tellement peu notre vie qu'on ne peut pas se permettre en fait de perdre une journée.
01:17 Donc on reste aussi quand on est malade. A force de tirer sur la corde, et bien ça craque. Et effectivement il y en a qui
01:23 font des bêtises. Il faut prioriser nos actions en fait. Dans une sélection sur une journée, on est obligé de prioriser
01:28 toutes nos actions, de privilégier le collectif à l'individuel.
01:32 Et du coup c'est très compliqué au quotidien.
01:35 Alors Nerissa, vous avez recueilli pour nous ce témoignage.
01:37 On précise qu'en gros un enfant sur cinq, 20% des bébés sont en crèche privée.
01:42 Mais alors d'abord, quand on parle de crèche privée, on parle de quoi exactement ?
01:45 Alors sur le principe, une crèche privée c'est la même chose qu'une crèche publique. C'est une structure qui garde vos enfants, sauf que
01:52 dans ces crèches, ces crèches là ne sont pas gérées par des municipalités, mais par des
01:56 gestionnaires privés. Parmi les plus gros groupes assez connus, vous avez People and Baby,
02:02 Babylou, les petits chaperons rouges, pour ne citer qu'eux.
02:04 En fait ces crèches privées elles sont apparues dans les années 2000 pour faire face à la pénurie de places dans le public. Parce que dans
02:10 les crèches municipales, vous pouvez inscrire votre enfant seulement si vous habitez ou travaillez dans la commune.
02:16 Et il n'y a pas toujours de place.
02:17 Exactement. Et dans une crèche privée, ce n'est pas obligatoire. Généralement ce sont les entreprises qui réservent des places de crèche
02:24 directement pour leurs employés.
02:25 Combien ça coûte une place dans une crèche privée ?
02:28 Le même prix que dans le public. En fait c'est un tarif réglementé par la CAF.
02:32 Ça s'appelle le PSU, le prix solidaire unique. Ça dépend de votre situation
02:37 familiale, de vos revenus. Par exemple, j'ai fait une simulation sur internet. Un couple qui gagne
02:42 4000 euros net par mois et qui a un enfant à charge, il va payer
02:47 247 euros par mois pour faire garder son enfant 35 heures par semaine. Donc il y a beaucoup de critères.
02:53 Mais le prix est le même partout. Et les règles aussi au niveau sanitaire, au niveau de l'encadrement, crèche privée ou crèche publique.
03:00 C'est les mêmes règles régie par la même loi, quelle que soit la crèche.
03:03 Mais alors pourquoi on parle de dérive Néryssa ?
03:05 Déjà dans ces crèches privées, il n'y a pas la notion de service public. Contrairement aux crèches municipales où
03:11 il y a l'idée de service rendu aux citoyens puisque vous avez payé des impôts. Dans les crèches privées, c'est un peu le business qui
03:17 prime puisque 50% de leur chiffre d'affaires, c'est le paiement de la CAF. Donc pour faire simple, plus une crèche privée a de places,
03:24 de berceaux comme on dit dans le milieu, et plus elle s'agrandit, plus elle fait d'argent,
03:28 quitte à lésiner parfois sur la qualité de l'encadrement et le salaire des employés.
03:33 Dans le public, ce sont des employés de la mairie. Il y a des grilles de salaire alors que dans le privé,
03:37 malgré l'ancienneté, c'est le SMIC qui prime et qui s'applique pour toutes les auxiliaires de crèche.
03:43 - Et alors si demain, moi je quitte RTL, je décide d'ouvrir une crèche privée, comment ça se passe ? Je peux ?
03:48 - Et bien oui, vous pouvez.
03:50 - J'ai aucune compétence, c'est un vrai !
03:52 - Si, c'est vrai. En fait, tout le monde peut ouvrir une crèche, vous, moi, pas besoin de diplôme.
03:57 En revanche, pour travailler directement avec les enfants, il faut des diplômes. Enfin pas toujours, mais on va y revenir.
04:02 Ce qui est sûr, c'est que vous devez nommer une directrice qui, elle, est diplômée. Au minimum, éducatrice, jeune enfant ou infirmière avec trois ans
04:10 d'expérience. Ensuite, il faut trouver un local aux normes, de préférence de plein pied. Pour la taille, comptez minimum 7 mètres carrés par enfant
04:18 accueilli, c'est pas beaucoup. Vous devez monter un dossier avec un projet pédagogique. Ce dossier, il doit être validé par les services de la
04:25 PMI. C'est très important, c'est la protection maternelle et infantile.
04:27 Elle dépend des départements. Et puis, si le projet est accepté, vous obtenez un agrément, c'est obligatoire,
04:34 et des subventions pour vous aider à ouvrir. Par exemple, dans les Hauts-de-Seine, une crèche bénéficie de 20 000 euros par place et par berceau.
04:42 Une crèche privée ?
04:43 Oui, des subventions données par la région, le département et parfois par les villes.
04:46 Et pour le personnel, on vient de l'évoquer, là aussi, on peut prendre n'importe qui ? Est-ce qu'il y a des règles ?
04:51 Alors, c'est encadré par la loi. Au niveau du profil, dans votre crèche, vous devez avoir 40 % de salariés diplômés
05:00 avec au minimum un CAP petite enfance et 60 % de non-diplômés dans la petite enfance.
05:06 Donc, jusque-là, c'était des auxiliaires de puériculture, des infirmiers, des éducateurs de jeunes enfants qui étaient acceptés.
05:12 Mais depuis cet été, vous avez un nouveau décret qui élargit la liste pour pouvoir embaucher plus de personnes.
05:18 Par exemple, si vous avez un bac service à la personne ou un brevet d'animateur, vous pouvez vous occuper d'enfants.
05:23 Avec le brevet d'animateur ?
05:24 Ça pose question quand même, parce qu'on ne s'occupe pas d'un enfant dans une poule qui a 15 ans comme d'un enfant de 2 ans.
05:29 Bon, et maintenant que Cyprien a obtenu ses subventions et son agrément pour ouvrir sa crèche,
05:34 est-ce qu'il peut décider d'embaucher Alex Vizorek qui n'a aucun diplôme en petite enfance ?
05:38 On croit qu'il n'a aucun diplôme.
05:39 Et qui est pédophobe. Mais ça, je ne le dirai pas.
05:42 Si vous ne le dites pas à l'entretien. Alors, ça passe.
05:46 Moi, j'ai appelé un directeur de crèche qui m'a certifié que oui, je pouvais être embauchée et tout un chacun pouvait être embauché.
05:52 Encore plus maintenant, vu les besoins, aujourd'hui, il suffit de suivre une formation de 3 semaines directement dans la crèche qui vous embauche.
06:01 Donc, se former sur le tas et vous pouvez travailler.
06:03 Et est-ce qu'il y a des contrôles alors ?
06:05 Oui, c'est la PMI, donc la Protection Maternelle et Infantile.
06:08 Mais généralement, avant un contrôle, elle prévient le directeur de la crèche.
06:12 Elle appelle avant et dit "Bonjour, on va venir contrôler".
06:15 Exactement. Elle prévient plusieurs semaines avant.
06:17 Et là, quand elle arrive dans la crèche, elle va regarder les normes de sécurité d'hygiène, les installations pour les enfants.
06:22 Elle va aussi vérifier les factures, les achats de repas, de couches et si le nombre d'enfants autorisés est bien respecté.
06:28 J'ai interrogé une directrice de micro crèche qui m'a dit qu'elle avait, elle, un tableau Excel à remplir chaque jour qui était envoyé directement à la PMI
06:36 pour contrôler le taux de présence et éviter les dérives.
06:38 Mais c'est loin d'être le cas pour toutes les crèches.
06:41 Cette directrice, elle, m'a parlé en moyenne d'un contrôle par an.
06:45 Mais dans certains départements, les services de la PMI, les services publics sont débordés.
06:49 Et donc les contrôles sont beaucoup, beaucoup plus rares.
06:52 D'où les dérives constatées par notre confrère, le journaliste Mathieu Pérys,
06:56 qui était ce matin l'invité d'Amandine Bégaud sur RTL et qui a donc livré une enquête assez édifiante sur ce milieu des crèches privées.
07:02 Merci pour votre travail, vous la spécialiste du sujet, Nerissa Emani, ce soir sur RTL.
07:06 Petite pause RTL, bonsoir, continue.
07:08 On est ensemble jusqu'à 20h avec Cyprien, Marion, l'homme qui n'aime pas les enfants, Alex Vizorek.
07:13 Et maintenant Isabelle Choquet qui nous rejoint également dans ce studio.
07:16 Bonsoir Isabelle.
07:17 Bonsoir.
07:18 Pour le grand match des infos pour Brio, dîner 3 partout, si je tiens bien les comptes.
07:22 Exactement.
07:23 Isabelle et Marion, suspense immense. On se retrouve dans une poignée de secondes.
07:26 RTL
07:28 [SILENCE]