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  • 14/06/2023

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Personnes
Transcription
00:00 [Musique]
00:13 Buenos Aires, 1946.
00:16 L'Argentine a toujours été très critique vis-à-vis du pouvoir en place.
00:20 Sans doute, la seule période d'enthousiasme populaire fut-elle à la fin des années 40 et au début des années 50,
00:26 sous la présidence de Juan Perón, accompagné de la charismatique María Eva Duarte, dite Evita.
00:33 [Musique]
00:38 Fille illégitime d'une humble cuisinière et d'un éleveur, Evita naît dans la campagne nord du pays, à Junín,
00:45 et grandit dans un milieu social défavorisé.
00:48 À 15 ans, elle part chercher fortune à Buenos Aires.
00:51 Mettant à profit sa beauté pour séduire les décideurs du pays, elle finit par remporter la faveur du plus influent d'entre eux,
00:58 Juan Domingo Perón, dont elle devient la compagne.
01:02 Le colonel Perón a été attaché militaire de l'ambassade d'Argentine en Italie et en Allemagne.
01:07 Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a ouvertement sympathisé avec les dictatures fascistes et nazies.
01:12 De juillet 39 à mai 40, il sert en Italie dans le régiment des chasseurs alpins.
01:17 De retour en Argentine, il devient chef du parti justicialiste et en 1946, président de la République.
01:24 On attribue à Perón des intérêts et connivences économiques avec les grandes industries allemandes du Troisième Reich,
01:31 qui participent à la rencontre de Strasbourg en juin 1944.
01:35 De nombreux historiens, parmi lesquels l'argentin Uki Goni et le français Pierre Fayant de Villemarest,
01:41 interprètent cette rencontre comme un échange de faveurs entre Perón et les Allemands, proches de la défaite.
01:47 Il semble qu'en 1943, Perón, alors attaché militaire à Berlin,
01:54 ait procuré à des membres du parti national socialiste des passeports argentins en blanc,
01:59 en échange de nombreuses actions des sociétés industrielles allemandes œuvrant en Argentine.
02:07 Ces passeports furent utilisés par de nombreux nazis, qui purent ainsi emprunter la nationalité argentine
02:12 et voyager librement malgré les contrôles imposés par les alliés en Argentine et ailleurs.
02:17 En se basant sur de récentes découvertes faites dans les archives de l'ex-Union soviétique,
02:36 l'historien Viktor Alexandrov soutient que la rencontre entre Eva et Juan Perón
02:41 fut programmée par les services secrets allemands,
02:44 qui opéraient en contact avec l'ambassade de Buenos Aires
02:47 et agissaient sous les directives de Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères.
02:52 Sa thèse avance que les Allemands auraient incité Eva à fréquenter le jeune Perón,
02:59 au point de développer une liaison solide débouchant sur leur mariage.
03:04 Eva Perón eut un rôle diplomatique international.
03:08 Son charme et son charisme lui assuraient une immense popularité en Argentine.
03:13 Si "Evita", comme on l'appelait affectueusement, ne passait pas inaperçue dans la presse du cœur national,
03:19 les observateurs politiques du monde entier la considéraient eux aussi avec beaucoup d'intérêt.
03:24 Son pouvoir de séduction sur les foules lui conférait un ascendant unique à ce jour en Argentine.
03:30 Jamais on avait vu de telles foules déferler dans les rues de la capitale pour l'acclamer.
03:35 Jamais le peuple argentin n'avait été vu si ému et si impliqué dans son échange d'énergie
03:42 avec une femme incarnant tous ses espoirs.
03:45 "Evita" devint l'idole des déshérités, les "desquimisados",
03:49 embrigadés dans le parti justicialiste et la Confédération nationale des syndicats peronistes.
03:57 Son secret fut d'avoir compris à l'époque la valeur de ce que l'on surnomme aujourd'hui la politique spectacle.
04:04 "Evita" connaissait le pouvoir médiatique de la presse et du cinéma.
04:08 Elle avait été animatrice hebdomadaire de radio et savait se comporter devant les micros.
04:13 1947. Eva est au sommet de sa gloire.
04:22 Son voyage en Europe reste le souvenir le plus éblouissant dans la mémoire des Argentins.
04:27 Un voyage en partie mystérieux aux multiples facettes.
04:31 Officiellement, "Evita" est parti en Espagne obtenir la reconnaissance de Franco,
04:35 puis à Rome, celle du pape, avant d'être reçue à Paris et dans toute l'Europe.
04:40 Pourtant, d'aucuns soutiennent que le vrai motif de sa tournée n'est pas tant diplomatique
04:45 que lié à des intérêts impliquant le national-socialisme.
04:49 Car à cette occasion, "Evita Peron" sert d'intermédiaire bancaire et financier
04:54 à une série de transactions plus ou moins occultes entre citoyens allemands et banques suisses.
04:59 Des transactions qui voient le transfert de fonds de l'Argentine vers la Suisse
05:04 et inversement lors du voyage retour entre la Suisse et l'Amérique du Sud.
05:08 On a beaucoup parlé du lien présumé entre le couple Peron et le trésor des nazis.
05:15 Mais quelques historiens comme Gualtiero Salvetti et Viktor Alexandrov
05:20 nient catégoriquement la possibilité que ces biens spoliés aient pu finir entre les mains du chef du peronisme.
05:26 D'autres, en revanche, mettent l'accent sur le légendaire conte suisse du couple
05:30 et prétendent pouvoir identifier avec certitude l'origine, d'une partie au moins,
05:35 de l'épargne accumulée par les Peronnes.
05:38 A l'origine de cette énigme figure justement le voyage européen d'Eva Peron entre juin et août 1947.
05:45 Certains transferts ont été effectués d'abord en Argentine, puis entre l'Argentine et quelques banques suisses.
06:04 Ces mouvements de fonds peuvent effectivement être qualifiés d'occultes.
06:08 Par exemple, Evita a fait en 1947 un voyage de quelques mois en Europe.
06:14 Elle est venue dix jours en Italie.
06:16 Elle s'est rendue notamment dans la ville de Combes, où elle a séjourné à la Villa d'Este,
06:21 un grand hôtel proche du lac de Tchernobyl.
06:24 Elle a été accueillie de manière protocolaire par le préfet de Combes et de Milan.
06:30 Ensuite, il me semble qu'elle a reçu deux banquiers issus de la Confédération de banques,
06:36 avec laquelle elle s'était entretenue en privé pendant vingt minutes.
06:40 Un ex-directeur de banque, aujourd'hui à la retraite, et qui m'a prié de ne surtout pas citer son nom,
06:49 m'a fourni une liste de dépôts bancaires effectués entre la moitié des années 40 et celle des années 50.
06:58 Sur cette liste, figuraient des noms étranges, en relation avec l'ex-First Lady argentine et son entourage.
07:05 Cette présomption de versement effectuée auprès de banques suisses se précise le 7 août 1947,
07:15 avec la rencontre probable entre Evita et le banquier François Genot.
07:19 On estime que cette rencontre aurait permis, par l'entremise de la passionaria argentine,
07:25 un retour en Europe d'or et d'œuvres d'art de grande valeur.
07:29 Voici le trésor du bourreau de Lyon, Klaus Barbie.
07:40 Il fut retrouvé à Tucumán, au nord de l'Argentine, à la frontière avec la Bolivie.
07:47 La femme de l'ex-SS Hans Marcus, qui avait aidé Barbie dans sa cavale, cherchait à le vendre.
07:54 La force poliée comprend également des tableaux provenant du monastère de Monte Cassino, entre Rome et Naples.
07:59 Curieusement, une lettre collée à l'arrière de l'un d'eux porte la signature de Juan Perón.
08:04 Buenos Aires, avril 1952.
08:07 Quelques années après son mémorable voyage en Europe, Eva tombe malade d'un cancer à l'utérus.
08:13 Sa situation empire rapidement et elle décède.
08:16 Toute l'Argentine médusée participe au deuil national.
08:21 De son vivant, Evita galvanisait les foules de Buenos Aires.
08:24 Morte, elle ne peut aspirer à la quiétude.
08:27 C'est également le destin de nombreux dictateurs.
08:29 Car Juan Perón a décidé de faire embaumer sa dépouille par le docteur Pedro Arra pour l'exposer.
08:35 Si l'on voit pour la première fois le corps d'Eva figé à la postérité, son histoire est loin de s'arrêter là.
08:46 20 septembre 1955.
08:48 Un coup d'état du général Eduardo Lonardi renverse le régime de Juan Perón.
08:53 La dépouille momifiée d'Evita est transférée clandestinement en Italie.
08:57 Sous la fausse identité de Maria Maggi de Magistri,
09:01 elle est enterrée provisoirement dans le monumental cimetière de Milan,
09:04 où elle restera plusieurs années.
09:06 Le docteur Arra a été le premier à l'envoyer en Italie.
09:12 Il restera plusieurs années.
09:14 Voici sa tombe.
09:19 Buenos Aires, 17 novembre 1972.
09:26 A bord de cet appareil, le corps d'Eva Perón rentre en Argentine.
09:31 De nombreuses enquêtes de journalistes affirment qu'à l'intérieur du colossal cercueil,
09:36 ne repose pas seulement le cadavre de la défainte.
09:39 Il pourrait contenir aussi de l'argent et de l'or provenant du trésor des nazis,
09:44 en plein transfert entre la Suisse et l'Argentine.
09:47 Les rumeurs et hypothèses vont bon train.
09:50 Il s'agirait de fonds déposés à la banque privée Genou de Genève.
09:54 Or, on sait que François Genou avait été le banquier personnel de la famille Goering,
09:59 de Paola, la soeur d'Hitler, de Goebbels et de la fille d'Himmler.
10:05 L'homme a toujours financé et défendu Klaus Barbie, le bourreau de Lyon.
10:09 Genou aurait personnellement géré le retour partiel des biens d'Odessa,
10:14 depuis et vers l'Argentine.
10:17 Ainsi, les transactions bancaires illicites seraient faites non pas par voie télématique,
10:23 mais par le macabre secours d'un cercueil transportant une dépouille.
10:29 [Musique]
10:32 Qui était vraiment le banquier François Genou ?
10:45 Tout commence en 1933 à Lausanne.
10:48 La ville suisse située au bord du lac Léman est un lieu de villégiature pour les riches touristes européens.
10:54 Mais la période est agitée politiquement.
10:56 Sur l'exemple du Front populaire français, le parti socialiste suisse conquiert la majorité.
11:02 Aussitôt s'élève contre lui un Front national que l'on voit ici défiler dans les rues de Lausanne.
11:08 Parmi ses dirigeants, François Genou, un jeune étudiant universitaire rentré d'un voyage à Berlin,
11:15 où il a rencontré en personne Adolf Hitler et Rudolf S. dont il s'est engoué.
11:23 Diplômé d'économie en 1936 et fort d'une bourse octroyée par le journal La Suisse,
11:28 il s'engage, avant d'entrer dans la banque familiale, dans la Croisière Jaune,
11:33 un long voyage en automobile qui va le mener de Suisse en Inde.
11:37 Avec son ami Jean Bovard, il dresse l'itinéraire qui les conduira de Lausanne à Calcutta
11:42 et au retour via la Turquie, l'Iran et l'Afghanistan.
11:50 Leur parcours n'est autre que la route des feux, suivie il y a plusieurs siècles par les peuples d'Europe du Nord,
11:56 les Aryens, pour descendre jusqu'au désert de Gobi.
11:59 Au retour, ils font la rencontre souhaitée avec le nationalisme arabe.
12:04 Ils ont emporté avec eux les lettres de recommandation du colonel Ulrich Fleischhauer,
12:09 que Genou avait connu en Allemagne par le biais de Rudolf S.
12:12 Fleischhauer était alors le chef de Weltdienst, une agence de presse mondialement ramifiée
12:18 et l'organe de propagande visant à unir politiquement Arabes et Nazis.
12:22 Genou et Bovard arrivent à Calcutta où a lieu la première rencontre politique significative de leur périple avec Subha Chandra Bose,
12:39 leader nationaliste républicain et membre du parti du Congrès avec Gandhi.
12:45 Bose est un fervent religieux hindouiste qui lutte pour l'indépendance.
12:49 Mais ce n'est pas un non-violent.
12:51 Tous les ingrédients sont réunis pour séduire le jeune Genou,
12:55 qui lui fournira son appui concret lors de sa fuite ultérieure en Allemagne à la cour d'Hitler.
13:00 [Musique]
13:17 Genou et Bovard laissent leur auto à Calcutta.
13:20 Leur retour se fera en bateau et en train.
13:23 Ainsi, ils embarquent de Karachi pour Basra en Irak,
13:27 passent par Bagdad, traversent les ruines de la cité d'Uruk où vécu Gilgamesh,
13:32 franchissent Babylone sous protectora britannique, puis Damas, Beyrouth et Jérusalem.
13:37 En Irak, Genou visite Kirkouk où il fait la connaissance des patrons de la nouvelle Irak Petroleum Company,
13:43 née des vestiges de la Turkish Petroleum.
13:46 Le 29 octobre 1946, il rencontre Al-Farid Bekir Sedki, le chef des troupes de libération soutenues par les Allemands.
13:56 A Bagdad et dans ses alentours, les rebelles nationalistes combattent contre les Anglais.
14:00 Puis Genou se dirige vers Damas, Beyrouth et Jérusalem.
14:08 A Jérusalem également, les Arabes et les Anglais s'affrontent.
14:12 Le 28 octobre 1944, les rebelles se retrouvent à Bagdad.
14:16 Ils se battent contre les Anglais, les Arabes et les Anglais se battent contre les Arabes.
14:21 Le 29 octobre 1944, les rebelles se retrouvent à Bagdad.
14:24 Les rebelles se battent contre les Arabes, les Arabes et les Anglais se battent contre les Arabes.
14:27 Le 29 octobre 1944, les rebelles se retrouvent à Bagdad.
14:30 Les rebelles se retrouvent à Bagdad.
14:32 Le 29 octobre 1944, les rebelles se retrouvent à Bagdad.
14:35 Le 29 octobre 1944, les rebelles se retrouvent à Bagdad.
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16:20 Le 29 octobre 1944, les rebelles se retrouvent à Bagdad.
16:23 Le général Dick Kopf, chef de la section numéro 5 de l'Apver,
16:28 les services secrets du 3e Reich dont le siège est à Stuttgart,
16:31 entretient des contacts avec François Genoux qui, rentré en Suisse en 1939,
16:36 est devenu l'un de ses agents.
16:39 Tous deux solides amitiés.
16:43 Grâce à ses affaires avec les nazis et le Grand Moufti,
16:46 Genoux devient un riche banquier.
16:49 Lorsque Dick Kopf est arrêté par les américains,
16:52 Genoux lui assure un soutien logistique et juridique.
16:55 Après s'être enfui des prisons américaines,
16:58 Dick Kopf est arrêté sur le territoire français.
17:01 Emprisonné et jugé à Paris,
17:08 puis acquitté grâce à l'aide d'un défectible de Genoux,
17:12 Dick Kopf est reconverti dans le système allemand d'après-guerre.
17:15 Il devient l'un des chefs des services secrets de la République fédérale allemande,
17:19 puis, comble du paradoxe, président d'Interpol,
17:23 chargé d'enquêter sur les nazis en fuite dans le monde entier.
17:26 L'un des autres grands protégés de Genoux est Alois Brunner,
17:43 alias Georg Fischer,
17:45 qui, grâce à son aide, réussit à fuir en 1954
17:49 via le Caire, à Damas, où il trouve refuge.
17:52 Au Caire, c'est l'époque où Nasser, monté au pouvoir,
17:56 devient le leader de référence des pays arabes.
17:59 Accusé d'avoir exterminé en Grèce 100 000 juifs,
18:02 Brunner est dans le collimateur des chasseurs de criminels de guerre nazis,
18:06 Simon Wiesenthal et Serge et Beate Klarsfeld.
18:12 Pendant la guerre, Alois Brunner est basé en France,
18:15 puis en Grèce, et enfin à Vienne.
18:18 C'est là qu'on perd sa trace.
18:20 Mais Genoux, qui sait tout, lui procure de faux passeports
18:23 sous le nom d'Alois Schmaldienst.
18:25 Ils lui permettent de fuir vers la Grèce, la Turquie,
18:28 puis Beyrouth, et enfin Damas, en Syrie.
18:30 Là, il vit sous la protection du président Afez el-Assad,
18:33 chef du parti nationaliste Basse,
18:35 inspiré des principes du national-socialisme.
18:39 Ainsi, Israël recense entre 1945 et 1948
18:43 pas moins de 40 membres des anciens services secrets allemands
18:46 parmi les rangs de l'intelligence égyptienne et syrienne.
18:49 Telle fut une petite partie du parcours de François Genoux.
18:53 L'historien argentin Yorgue Kamaraza,
18:59 auteur de nombreux ouvrages sur Eva Perron et les nazis réfugiés en Amérique du Sud,
19:03 nous parle dans un nouveau chapitre du réseau Odessa
19:06 de la fuite des cerveaux en Amérique du Sud.
19:09 Ces fugitifs, ces soi-disant réfugiés de guerre,
19:13 sont fondamentalement des criminels.
19:16 Si on examine la liste de leurs noms,
19:19 on s'aperçoit qu'il y a parmi eux 15% de scientifiques.
19:22 Le reste était constitué de hauts dignitaires
19:25 qui avaient cumulé en Europe des grosses responsabilités criminelles.
19:29 Cela complique un peu la situation de l'image de l'argent.
19:37 Parce qu'en vérité, ces savants, ces scientifiques,
19:40 avaient fui aussi vers les Etats-Unis et la Russie.
19:44 Mais c'est vers l'Argentine que le plus grand nombre de criminels a été exfiltrés.
19:50 Base secrète de Dora, Allemagne, 1945.
20:01 Werner von Braun, ingénieur pionnier de l'astronautique de l'époque,
20:05 ici avec un bras dans le plâtre,
20:08 est à peine arrêté par les Américains qu'il fraternise déjà avec eux.
20:12 A sa gauche, enveloppée de fumée, se tient son obscur collaborateur,
20:16 Ronald Richter, le docteur en physique autrichien,
20:19 qui tentera plus tard de construire en Argentine des missiles,
20:23 inspirés des V2 et V3 qui avaient terrorisé Londres.
20:27 Peu à peu, les Etats-Unis se sont rendus au courant
20:33 de la découverte de la nouvelle technologie.
20:36 Peu à peu, les Etats-Unis mettent sur pied un groupe de scientifiques
20:39 triés sur le volet pour se consacrer à la recherche spatiale.
20:43 La direction de ces scientifiques, en grande partie d'anciens nazis,
20:47 est confiée à von Braun.
20:49 En Argentine, Perón salue les services de Richter pour tenter d'en faire de même.
20:58 En Argentine, le 16 août 1948, à la demande de l'ingénieur Willy Kurt Tank,
21:04 Richter est immédiatement reçu par Perón,
21:07 qui se serait laissé convaincre par ses projets de fusion nucléaire
21:10 maîtrisables en laboratoire.
21:13 "Je vous laisse carte blanche", l'avait exhorté le président.
21:17 Richter ne se l'est pas laissé dire deux fois.
21:20 En mars 1950, Ronald Richter, le docteur en physique autrichien,
21:27 déménage sur l'île argentine de Huemul, près de Bariloche,
21:31 au beau milieu du lac Nahuel Huapi, et commence à développer ses projets.
21:36 Entre-temps, il a été naturalisé argentin,
21:41 s'est vu récompensé du diplôme honoris causa de l'université de Buenos Aires
21:46 et confié des pouvoirs extraordinaires.
21:49 Une lettre signée de Perón le consacre, seul et unique représentant officiel
21:54 de l'autorité présidentielle sur l'île Huemul.
21:58 Son plan ambitieux prévoit la mise au point d'un avion de combat à réaction,
22:07 le Poulki, mais aussi de missiles dérivés des V2 et V3,
22:12 et d'une bombe atomique.
22:15 Mais Richter se consacre aussi à l'expérimentation de quelques brevets secrets
22:19 élaborés en Allemagne à la fin de la guerre.
22:22 Le projet démarre bien.
22:24 On construit les premiers laboratoires et ateliers pour assembler et tester les prototypes.
22:29 Le gouvernement argentin s'investit à fond.
22:32 On met à profit des instruments et technologies de pointe,
22:36 ainsi que le patrimoine d'expérience accumulé par Richter auprès de Von Braun,
22:40 d'abord à Pénémunde, puis à Dora.
22:43 Voici l'engin révolutionnaire sur lequel travaille Richter,
22:49 la turbine à auto-implosion de l'ingénieur Alfred Kohler.
22:53 Ronald Richter vit là son heure de gloire.
23:08 Les actualités cinématographiques l'encensent et mettent en avant ses prouesses scientifiques.
23:13 Mais les journalistes sont intrigués par sa vie privée.
23:18 L'univers de la recherche et les savants argentins voient d'un mauvais oeil cet individu parvenu en peu de temps
23:24 à drainer d'énormes budgets en concentrant les technologies de pointe allemandes.
23:29 C'est une période bénie pour les transactions effectuées par l'industrie allemande
23:35 qui souffre sur le sol germanique des conséquences de la guerre.
23:38 La terre argentine permet à l'Allemagne de faire breveter de nombreuses inventions militaires interdites sur son territoire.
23:44 Mais malgré les efforts déployés, le projet Wemmle ne débouche sur aucun résultat concret.
23:50 En 1952, suite à une erreur d'interprétation sur l'obtention de la fusion nucléaire,
23:55 Richter cesse toute activité.
23:58 Il est même interné en asile psychiatrique et déclaré faux.
24:02 Les argentins considéraient les immigrés allemands de série A et de série B.
24:07 Uki Goni est un écrivain argentin.
24:10 Ils étaient considérés d'un intérêt vital.
24:14 Voilà pourquoi on les traitait avec beaucoup d'attention en investissant de fortes sommes.
24:19 Mais les criminels de guerre nazi ne revêtaient pas la même importance.
24:22 Ils ne venaient pas en Argentine construire des avions à réaction ou autre.
24:25 Et pour eux, le traitement était différent.
24:28 Nous sommes à Jérusalem dans la dernière phase du procès d'Adolf Eichmann.
24:39 Voici Simon Wiesenthal sur des images d'époque.
24:42 Wiesenthal est le héros qui permit la capture d'Eichmann en Argentine.
24:46 Adolf Eichmann, colonel de l'ASS, artisan de la solution finale qui visait à anéantir la race juive,
24:54 avait fui vers l'Argentine grâce à l'organisation Odessa.
24:58 Né le 19 mars 1906 à Solingen en Allemagne,
25:04 il déménage à l'adolescence avec ses parents dans la région de Linz.
25:08 En 1931, il entre au parti national socialiste.
25:12 Et un an plus tard, en 1932, il intègre l'ESS.
25:16 Il lui faut 4 ans pour se spécialiser en culture et langue hébraïque.
25:20 A la fin de sa formation, il sait lire et traduire l'hébreu, et parle et comprend le yiddish.
25:26 En 1938, toujours résident en Autriche,
25:33 il reçoit l'ordre de s'occuper de la section SS en charge de la question juive.
25:38 Il agit avec une telle détermination qu'un an plus tard,
25:41 on l'envoie dans le protectorat de Bohème-Moravie pour y répéter la même expérience épouvantable.
25:47 Entre 1941 et 1942, alors qu'il arbore déjà le grade de colonel,
25:56 il se lance tête baissée dans l'application de ses projets diaboliques.
26:00 Il enferme dans les ghettos et déporte et extermine en masse dans les camps de concentration.
26:07 Des camps où, ayant interdit jusqu'aux naissances, il ordonne l'interruption de grossesse.
26:13 Eichmann reste l'un des principaux responsables de la solution finale,
26:18 à savoir l'extermination de 6 millions d'innocents.
26:22 La plus vaste opération de mort de l'histoire du monde
26:26 fut inspirée par les lois raciales promulguées à Nuremberg dans les années 30,
26:31 sur l'idée délirante que juifs, ciganes et homosexuels seraient des êtres inférieurs et dénués de droit.
26:39 A la fin de la guerre, Eichmann tombe entre les mains des américains.
26:44 Mais il est emprisonné sous la fausse identité d'Eichmann.
26:48 Et tandis que les alliés commencent à recueillir des informations sur sa personne,
26:52 il réussit à se faire aider par le réseau Odessa qui l'exfiltre vers l'Argentine.
26:58 Voici les premières images tournées en Argentine par les services secrets américains
27:03 pour tenter d'identifier des criminels de guerre nazis réfugiés à Buenos Aires.
27:08 Depuis la seconde guerre mondiale, les services secrets américains utilisent films et dessins comme outils internes
27:16 afin d'illustrer les déguisements probablement empruntés par les fugitifs
27:20 pour tenter d'échapper à leur identification et à leur arrestation.
27:26 La dynamique de ces arrestations nous est présentée dans un document de l'OSS,
27:30 les services secrets américains de l'époque.
27:33 Ce film pédagogique montrant les techniques utilisées depuis la guerre par les forces spéciales alliées
27:41 furent tournées pour circuler parmi les services secrets.
27:44 [Musique]
28:07 Longtemps utilisée par différents services, son impact fut fondamental pour le Mossad,
28:12 les services secrets israéliens, dans la capture d'Adolf Eichmann en Argentine.
28:16 [Musique]
28:25 Parmi les précautions prises, le masquage du visage des agents qui les empêchait de se reconnaître.
28:31 Car en cas d'arrestation et de torture, avouer l'identité de ses camarades pouvait s'avérer fatale à toute la structure.
28:38 [Musique]
28:58 Le film illustre aussi les techniques d'attaque à l'arme blanche pour juguler l'adversaire.
29:03 Ces méthodes d'assaut et d'enlèvement furent utilisées par les commandos israéliens en charge de l'enlèvement d'Adolf Eichmann,
29:09 afin de le conduire en Israël pour son procès.
29:12 [Musique]
29:27 Le cerveau de l'opération Eichmann est alors Simon Wiesenthal, devenu célèbre dans le monde entier comme chasseur de nazis.
29:34 [Musique]
29:37 Après quelques temps passé dans la banlieue de Buenos Aires, où il occupe une maison au 1429 Cali Monastero, du quartier Florida,
29:44 Eichmann, déjà en possession de papiers argentins sous l'identité de Ricardo Clément,
29:49 trouve du travail dans une grande entreprise sous la tutelle du gouvernement peroniste.
29:53 Il s'agit de la Fulner Bank, dont le siège se trouvait au 374 Avenida Cordoba.
29:59 [Musique]
30:03 La société est dirigée par le germano-argentin Carlos Fulner, déjà créateur d'une autre entreprise, la Capri, spécialisée dans les ressources en eau.
30:13 [Musique]
30:15 Eichmann trouve immédiatement dans cette société un emploi de contrôleur du niveau des courants d'eau de montagne.
30:21 Ainsi, le responsable de l'épouvantable solution finale arrive-t-il à la fin des années 50 à Tucumán, au nord-ouest du pays.
30:29 [Musique]
30:40 Mercredi 11 mai 1960.
30:43 Eichmann marche insouciant le long de la route départementale 202 qui longe les voies de chemin de fer.
30:49 Tout à coup, le poids du passé s'abat sur lui. Enlevé, il est emmené en Israël pour y être jugé.
30:57 [Musique]
31:03 Jérusalem 1962.
31:06 Voici le tribunal où l'on juge Eichmann.
31:09 La foule se bouscule pour assister à sa condamnation.
31:13 [Musique]
31:25 Après s'être défendu une dernière fois, il écoute le verdict. Condamné à mort.
31:30 Le 31 mai 1962, il est exécuté.
31:34 [Musique]
31:37 L'écrivain français Pierre Fayant de Villemarest était engagé dans la résistance en 1943 et 1944 dans les Pyrénées.
31:45 Après la guerre, il travaille pour le gouvernement français, d'abord à Vienne, puis à Berlin en tant que membre des services de contre-espionnage français.
31:54 Bormann n'est parti qu'en 49 pour l'Amérique latine parce que le sol européen devenait très dangereux pour lui.
32:03 Mais c'était un vrai roman. Avant cela, en Espagne, il profitait d'une série d'émetteurs-récepteurs radio montés en relais sur le sol français pour pouvoir communiquer sur terre et outre-mer.
32:15 Il a vécu un moment au Bavière, près de Deggendorf. C'est là que j'ai eu l'occasion de le rencontrer.
32:23 La région était truffée de petites routes de montagne étroite où les voitures ne pouvaient pas se croiser.
32:29 J'ai fait mon auto dans la forêt. À un endroit, la route finissait dans un petit ravin.
32:33 C'est là, dans la descente, que j'ai failli percuter une personne qui était en train de couper à travers bois.
32:39 J'ai pilé. J'ai arrêté net. Et je suis resté stupéfait parce qu'il faut se souvenir de l'époque.
32:48 En 47 ou 48, la guerre était encore toute proche et on avait le visage de ces gens-là bien en tête.
32:56 Le type passe, me remercie de l'avoir évité, puis disparaît dans un sentier. Et là, je reconnais Martin Bormann.
33:05 Une autre fois, d'ailleurs je le raconte dans mon livre sur les financements des nazis et des soviétiques par Wall Street,
33:12 j'ai accompagné Bormann avec ma voiture.
33:15 Rudy Rostel était l'un de nos agents qui faisait la navette entre l'Europe et l'Amérique du Sud via l'Italie.
33:22 Il ne parlait pas beaucoup. Mais un jour, il m'a contacté par l'intermédiaire de mon agent autrichien de Bregenz, Rausch.
33:32 Il m'a donné rendez-vous d'urgence dans le petit chalet que nous utilisions dans les bois de Lindau, en Bavière,
33:38 pas loin de la frontière autrichienne.
33:41 C'est là qu'on faisait l'échange et le tri de nos informations.
33:44 Après avoir reçu le coup de fil de Rostel, Rausch se précipite chez moi en pleine nuit pour aller au rendez-vous.
33:51 Nous nous attendons d'arriver au chalet sans même savoir qui nous allons y rencontrer.
33:55 Là, une porte s'ouvre et une fois que nous sommes dans la pièce, arrive un type.
34:00 Il y avait juste une lampe au plafond.
34:03 Et je reconnais Bormann, le même homme que j'avais vu quelques mois plus tôt dans la région de Deggendorf.
34:13 Il me parle comme si j'étais à ses ordres.
34:16 « Vous pouvez m'envoyer tout de suite en Suisse ? »
34:19 Je fais mine de ne pas l'avoir reconnu et je lui réponds « Monsieur, ça n'est pas aussi facile, vu les contrôles aux frontières.
34:26 Il y a quand même une surveillance effectuée par les alliés.
34:30 Pour vous obtenir de faux papiers, il m'en faudra au moins deux jours. »
34:34 Là, il me répond « C'est impossible, je dois être demain à Sainte-Marguerite. »
34:39 J'ai comme ça le temps, en 36 heures, d'avertir mes amis en Suisse en leur demandant de suivre les mouvements de Bormann.
34:46 Mais sans avertir personne, je décide, vu l'urgence, de l'emmener en voiture de l'autre côté de la frontière.
34:53 36 heures plus tard, je le prends en voiture à Lindau.
34:57 Nous passons par Bregenz, en Autriche, et nous arrivons à Sainte-Marguerite, en Suisse.
35:02 Là, je le laisse derrière la gare.
35:05 Après, il est parti définitivement en Amérique du Sud.
35:09 Alors, comment a-t-il fini ?
35:11 C'est très simple. Il était malade, il avait un cancer.
35:15 Mais il a vécu à cheval entre l'Argentine, le Paraguay et le Brésil, dont les frontières se touchent.
35:21 Buenos Aires, archive de l'État.
35:26 C'est ici que sont conservés les rapports secrets de la police sur Joseph Mengele et d'autres criminels de guerre nazis exfiltrés.
35:34 Grâce à ces documents, nous avons pu reconstituer en détail sa fuite.
35:39 Le cas de Mengele pourrait être qualifié de paradoxal.
35:43 Si l'homme ne fut qu'un capitaine d'ESS, grade relativement subalterne par rapport à celui des assassins habituellement recherchés,
35:49 c'est précisément sur sa personne que se concentrent les efforts des chasseurs de nazis.
35:54 La première fuite de Mengele remonte au début de février 1945.
35:59 Il est alors accompagné d'Irene Marie Schönbein, son amante juive, rencontrée dans le camp de concentration d'Auschwitz,
36:05 et qui serait ensuite devenue sa femme.
36:08 Mengele se rend à Gunzburg, le village bavarois au bord du Danube,
36:12 où il était né le 16 mars 1911 et où sa famille possédait une usine de machines outils.
36:18 Le village de Gunzburg est une planque idéale.
36:24 La moitié des habitants vivent du travail fourni par la famille Mengele.
36:28 Ses frères Alois et Karl sont pour ainsi dire les patrons incontestés de la région.
36:34 Là, ils vivent en sécurité jusque dans les premières années de l'après-guerre.
36:39 Nul ne semble s'intéresser aux atrocités commises dans les camps par celui qu'on a surnommé "l'archange de la mort".
36:46 Sa famille est heureuse d'avoir retrouvé le fils Prodig, diplômé de philosophie et de médecine,
36:52 et personne n'a encore pensé à citer son nom dans le processus de dénazification qui déferle sur l'Allemagne.
36:58 Mais entre 1948 et 1949, le vent tourne.
37:03 Les mouvements de population dans le pays dévasté par la guerre amènent de nouveaux visages à Gunzburg,
37:08 au point que Mengele n'est pas tranquille.
37:11 Bien qu'on ne puisse affirmer avec certitude qu'il ait été reconnu ou qu'on se soit enquis de son sort,
37:17 il est permis de penser que le médecin de la mort, spécialisé en biologie génétique et en hygiène raciale,
37:23 aurait risqué gros en décidant de fuir de nouveau.
37:26 Pourtant, Mengele n'éprouve pas de difficulté à traverser une partie de l'Europe jusqu'à Gênes, en mars 1949,
37:41 où il se procure de faux papiers.
37:43 Au port de Gênes, grâce à la Caritas, le secours catholique italien, et au père Bruno Vontorelli,
37:49 il n'a qu'à montrer sa carte d'identité au nom d'Elmuth Gregor et son passeport de la Croix-Rouge internationale numéro 100-501,
37:57 pour embarquer pour l'Argentine.
37:59 Arrivé à Buenos Aires le 20 juin, à bord du Lord King,
38:05 il fait de l'hôtel Palermo, accueillant essentiellement des immigrés, son premier logement.
38:11 Fin 1949, il déménage pour un studio loué à Vincente Lopes, dans une grande maison, au numéro 1875 de la Calais Sarmiento.
38:21 Les Allemands Otto et Bertha Pans en sont les propriétaires.
38:26 Au milieu de l'année 1951, il déguerpit de nouveau.
38:30 Cette fois, il loue un studio au 2460 Calais Arenas,
38:35 tout près de la station de chemin de fer Florida, dans la maison de Theodoro et Hierta Mapra.
38:41 En septembre 1951, se sentant en danger, il quitte l'Argentine.
38:47 Parmi les étapes de sa cavale, on trouve la Colonia d'Ignidad.
38:51 Cette ex-colonie allemande, qui existe encore aujourd'hui, a toujours conservé son statut d'extraterritorialité.
38:57 Ce territoire est un lieu de réfuge pour les habitants de la colonie.
39:02 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:06 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:09 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:12 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:15 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:18 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:21 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:24 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:27 Il est un lieu de résidence pour les habitants de la colonie.
39:30 Comme toute la colonie, le restaurant Riviera est fréquenté exclusivement par des Allemands de basse-bavière.
39:36 Ils parlent, vivent et s'habillent comme les Allemands d'il y a 60 ans.
39:40 Cette colonie agricole recluse et sectaire, qui comprend plus de 3000 personnes, est très hiérarchisée.
39:48 A sa tête, le docteur Paul Schaeffer, un ancien nazi de la Waffen-SS, membre d'une communauté évangélique, et qui fut condamné en 2006 pour pédophilie.
39:59 En 1940, Schaeffer quitte l'Allemagne avec une centaine d'enfants, les premiers orphelins de guerre, et leur mère.
40:07 Avec le soutien du gouvernement national-socialiste, il s'installe à la colonia d'Inidade.
40:13 Avec les années, le nombre des orphelins et veuves de guerre augmente.
40:17 Aujourd'hui, les champs sont cultivés comme à l'époque.
40:20 La communauté vit en totale autarcie, sans contact avec le monde extérieur.
40:24 Ainsi Mengele, Bormann, Müller, le chef de la Gestapo, et certainement d'autres ex-filtrés, ont trouvé au moins quelques temps dans cette secte un refuge idéal.
40:34 Rentré en Argentine le 25 février 1954, pour la première fois, Joseph Mengele obtient des papiers argentins.
40:44 Ceci lui aurait permis l'année suivante, après la chute du péronisme, de se rendre au Paraguay.
40:50 Le 27 novembre 1956, suivant le procédé classique utilisé par d'autres ex-nazis, Mengele abandonne définitivement le nom d'Helmut Gregor, qu'il avait protégé jusque-là, pour reprendre sa vraie identité.
41:13 A Asuncion, au Paraguay, il loge en centre-ville dans le luxueux Grand Hôtel Paraguay, ancienne ferme de la famille Winter, transformée en 1920 en établissement hôtelier.
41:24 Cette famille Winter était propriétaire de la villa et des bunkers retranchés en sous-sol, sur la plage de Fuerteventura, en Espagne, où faisaient escale les sous-marins allemands U-Boat, avant de partir pour le sud de l'Amérique.
41:40 Sur ces images inédites, on voit le patron de l'hôtel en compagnie de sa femme.
41:45 Winter était très lié avec la famille d'Alfred Strussner, le dictateur d'origine bavaroise qui fut toujours l'un des premiers protecteurs de l'immigration allemande.
41:54 Argentine, la Casa Rosada.
42:07 C'est ici que nous avions rencontré à l'époque le président d'Argentine Carlos Menem, leader du parti peroniste et dauphin de Juan Perón.
42:15 L'ex-président du Paraguay, Alfred Strussner, a été destitué par une révolution. Aujourd'hui, il vit en exil avec sa famille à Brasilia, au Brésil.
42:34 La relation qui me lie à Strussner est de type personnel.
42:38 Je me souviens que l'Argentine a une grosse dette économique et politique vis-à-vis du Paraguay, en particulier les peronistes.
42:51 Je n'oublie pas non plus que le général Strussner a offert l'asile au général Perón quand il fut chassé d'Argentine.
43:00 Quand je suis sorti de prison après cinq ans passés dans différents pénitentiaires d'Argentine,
43:05 et quand je marchais dans les rues dans ces moments si difficiles de ma vie,
43:10 les gens détournaient le regard en faisant mine de ne pas me reconnaître.
43:15 Mais le président Strussner, lui, m'a reçu amicalement, comme si j'étais encore un gouverneur en exercice.
43:21 [Musique]
43:33 San Pedro, Nueva Germania, région du Pantanal au nord-ouest du Paraguay.
43:39 C'est ici que Mengele a vécu les dernières années de sa vie, à la frontière entre le Paraguay et le Brésil.
43:46 Voici sa maison. Elle arbore encore des affiches à la gloire du dictateur Strussner.
43:52 [Musique]
43:59 Nous rencontrons Adolf Brehoger, l'infirmier de confiance de Mengele.
44:03 Aujourd'hui, Brehoger vit pauvrement. Il nous raconte que Mengele a vécu ici et qu'il travaillait à l'hôpital communal de San Pedro.
44:11 Il officiait d'autre part à l'hôpital du territoire paraguayen appelé Nueva Germania.
44:16 [Musique]
44:19 Fondée par la sœur de Nietzsche en 1893, cette Nouvelle-Allemagne était une communauté d'extrémistes allemands vivant en autarcie...
44:28 ...pour éviter les contaminations raciales et cultivant la terre comme au Moyen-Âge.
44:33 Dans cette zone ultra privée vivent les Mennonites, une secte religieuse semblable aux Amish, habitués à travailler la terre.
44:41 Pour cette micro société, la course du monde s'est arrêtée en 1200.
44:46 Elle ignore jusqu'à la télévision, la voiture et la radio.
44:50 Adolf Brehoger se souvient de Mengele. Il dit l'avoir vu se comporter avec beaucoup de sincérité.
44:56 Tous deux étaient même devenus amis.
44:59 Souvent, il l'emmenait au Brésil avec sa vieille Volkswagen, au bord de la mer, où l'on mangeait mieux sur de belles plages pleines de belles filles, disait-il.
45:09 [Musique]
45:24 Un jour, Mengele s'est baigné sur une plage du sud du Brésil après un copieux repas bien arrosé.
45:30 Il a fait une hydrocution et est mort noyé, foudroyé par une attaque cardiaque.
45:35 Voici le squelette de Mengele tel que les polices brésiliennes, allemandes et américaines l'ont retrouvé après avoir localisé sa tombe en 1985.
45:44 Argentine, 1970. Retour dans la pittoresque station de Bariloche.
45:50 Voici le Grand Hôtel du Lac, l'établissement où ont séjourné notamment une multitude d'allemands ayant fui l'Europe au lendemain de la guerre.
45:59 C'est ici qu'a trouvé refuge pour quelque temps dans les années 70 le nazi Léon de Grelle.
46:05 Exilé en Espagne à Malaga, il bougeait peu de chez lui car il se sentait en danger et craignait de finir comme Eichmann,
46:12 quand bien même aucun tribunal allié ne lui reprochait des crimes de guerre.
46:16 Après la guerre, cultivant sa propre légende délirante, il devient une référence pour les nostalgiques nationaux socialistes.
46:23 Croix de fer en Russie, chef des SS de Wallonie, il avait eu droit aux éloges d'Hitler.
46:29 Si j'avais eu un fils, j'aurais voulu qu'il soit comme Léon de Grelle.
46:33 Le Grand Hôtel du Lac a accueilli jusqu'à leur mort une quantité d'anciens hauts dignitaires et sympathisants nazis.
46:42 Parmi eux, Wilfred von Hoven, le secrétaire personnel de Joseph Goebbels.
46:47 Elena Kodreanu, l'épouse de Corneliu Kodreanu, fondateur de la garde de fer de Roumanie, dite Légion de l'Archange Michel.
46:55 Mais aussi Christian de Lamazière, un français de la division SS Charlemagne.
47:01 Or Yacima, vice-premier ministre roumain et chef de la garde de fer.
47:05 Et Karl Gölla, l'assistant architecte d'Alberspire.
47:10 Pripke, quant à lui, gérait l'épicerie baptisée "Vienne" dans le village et s'occupait de l'école allemande locale.
47:19 Santiago du Chili, 1998.
47:31 On enterre avec les honneurs Heinrich Killinger, un ex-colonel de la SS résident au Chili depuis des années.
47:38 Miguel Serrano préside la cérémonie.
47:41 Vêtu d'un manteau de cuir noir, il fait le salut nazi.
47:45 Miguel Serrano, diplomate chilien, écrivain et poète du mysticisme nazi, fut pendant de nombreuses années l'ambassadeur du Chili en Inde, en Yougoslavie et en Autriche.
47:56 Il vivait en Patagonie dans une curieuse villa ornée de symboles runiques.
48:00 Jusqu'à sa mort en février 2009, il fut le leader du parti national socialiste chilien.
48:07 Il a écrit huit volumes de doctrines politiques et ésotériques.
48:11 Depuis plusieurs années, d'anciens et jeunes militants nazis du monde entier le vénèrent.
48:16 Il organisait souvent des congrès en Antarctique.
48:20 Sa conviction était qu'Hitler avait échappé à sa capture dans Berlin assiégée et qu'il ne s'est jamais suicidé.
48:26 Le Führer se serait échappé avec les derniers sous-marins U-Boats de Dönitz au cours d'une mission baptisée "Outre-mer Sud".
48:34 Il aurait vécu à l'extrême sud de la Patagonie et sa dépoule serait aujourd'hui enfermée dans les glaces de l'Antarctique, conquise par Dönitz en 1939.
48:43 Santiago du Chili, janvier 2003.
48:51 Voici Florentina Von Toningen, l'aveuve hollandaise de Rust Von Toningen, le conseiller de Hjalmar Schacht, trésorier d'Hitler.
49:00 C'est elle qui coordonne et dirige avec Gertrude Burwitz, fille d'Himmler, les diverses associations d'anciens combattants SS encore vivants.
49:09 L'une de ces associations s'appelle la Freiwillige, l'association des anciens combattants de la Waffen-SS.
49:19 L'autre est la Stille-Hilfe, un réseau d'entraide aux SS arrêtés, condamnés, en détresse ou en cavale.
49:30 Depuis la Seconde Guerre mondiale, la Stille-Hilfe a soutenu une multitude d'ex-nazis, parmi lesquels Erich Pripke.
49:41 Enfin, la Schwarzzone, un groupe plus restreint et moins connu, dont l'objectif est la sauvegarde du patrimoine culturel et historiographique de l'idéologie du Troisième Reich.
49:56 Tandis que le premier groupe compte de vieux compagnons d'armes nostalgiques du nazisme, le deuxième recense surtout d'anciens dirigeants du Parti National-Socialiste,
50:05 aujourd'hui épaulés par de jeunes et violents activistes ainsi que par des experts en finance et de jeunes politiciens.
50:12 Quant à la troisième association, elle se compose d'anciens membres des SS an Enerbe, un groupe lié aux racines ésotériques et mystérieuses du Troisième Reich.
50:22 En d'autres termes, à la quête délirante d'Hitler pour tenter de trouver des fondements scientifiques à ces théories racistes.
50:29 Aujourd'hui animé par de jeunes néonazis, le groupe rebaptisé dits Freiwilligen, les volontaires, organise chaque premier dimanche d'octobre en Autriche à Ulrichsberg, près de la frontière italienne, un rassemblement d'anciens combattants SS en l'honneur de l'anniversaire d'Himmler.
50:51 En 1998 et 2002, le groupuscule nazi a obtenu l'autorisation de reprendre ses manifestations.
51:20 Existe-t-il une continuité, une véritable transmission entre ces anciens combattants SS nostalgiques, de moins en moins nombreux d'une année sur l'autre, et les jeunes crânes rasés d'aujourd'hui ?
51:32 Les vieux militants prétendent que non et affichent un mépris de façade pour les skinheads.
51:39 Mais les polices du monde entier, et en particulier les forces de l'ordre en Allemagne, se tiennent en alerte permanente, car les actes antisémites et d'incitation à la haine raciale sont malheureusement en constante augmentation.
51:55 Nier nos racines et nos affinités communes est une chose aussi absurde qu'inadmissible. Il est probable que du réseau Odessa ne subsiste plus que ces pathétiques associations d'anciens combattants nazis.
52:07 Mais on ne peut s'empêcher d'éprouver un frisson d'horreur en observant la prolifération des jeunes têtes brûlées venant rendre hommage aux dignitaires disparus.
52:16 Le jour où les jeunes têtes brûlées sont encore brûlées.
52:21 Le jour où les jeunes têtes brûlées sont encore brûlées.
52:25 Le jour où les jeunes têtes brûlées sont encore brûlées.
52:29 Le jour où les jeunes têtes brûlées sont encore brûlées.
52:34 Le jour où les jeunes têtes brûlées sont encore brûlées.
52:39 Le jour où les jeunes têtes brûlées sont encore brûlées.
52:44 Le jour où les jeunes têtes brûlées sont encore brûlées.
52:50 [Musique]
53:01 [Musique]

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