- 14/06/2023
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00:11 Port de Buenos Aires, 1947.
00:14 De nombreux réfugiés descendent régulièrement des navires en provenance d'Italie.
00:18 Ici, dans le port de Buenos Aires, ce sont des immigrants italiens.
00:22 Se cachent souvent parmi eux des fugitifs allemands et des nazis d'autres nationalités.
00:27 Les migrants sont souvent les plus vulnérables.
00:31 Ils sont souvent les plus vulnérables.
00:35 Ils sont souvent les plus vulnérables.
00:39 Ils sont souvent les plus vulnérables.
00:43 Ils sont souvent les plus vulnérables.
00:47 Ils sont souvent les plus vulnérables.
00:51 Ils sont souvent les plus vulnérables.
00:55 ...
01:08 Bariloche, Argentine, 1988.
01:12 C'est une petite ville des montagnes argentines.
01:15 Pour qui vit plus ou moins clandestinement, elle a un intérêt stratégique.
01:19 Elle se trouve près de la frontière entre l'Argentine et le Chili.
01:23 Parmi les rares habitants de ces montagnes, il y a une grande proportion d'Allemands,
01:27 Autrichiens, Français, Croates, Roumains, Belges,
01:31 souvent d'anciens nationals socialistes.
01:34 La majeure partie d'entre eux est arrivée entre les années 1945 et 1955 avec leur famille.
01:41 A 10 kilomètres de Bariloche se trouve El Bolson, la frontière.
01:46 Le drapeau allemand flotte à côté de l'Argentin et du Chilien.
01:50 La nationalité de nombreux résidents de la ville ne fait aucun doute.
01:54 Le premier réfugié nazi que nous rencontrons est le Suisse William Guedand de Roussel qui a vécu à Paris.
02:00 C'est un ancien professeur de droit international à la Sorbonne,
02:03 ex-sous-directeur de la Bibliothèque Nationale pendant l'occupation allemande,
02:07 qui a surtout été un collaborateur actif de la SS.
02:11 Sur ordre du lieutenant Wilhelm Moritz, il a eu pour tâche de réprimer ce qu'ils appellent les sectes secrètes et antigovernementales.
02:18 Pour les nazis, ce terme recouvre toutes les associations secrètes, francs-maçons compris, qui opèrent sur le territoire français.
02:26 William Guedand de Roussel raconte sa fuite au départ de Gênes.
02:35 Là, j'ai été reçu par le bon curé Bruno Ventorelli.
02:45 Il a facilité mon séjour et j'ai pu trouver un bateau qui partait pour l'Argentine en passant seulement par les Canaries.
02:56 Ce bateau s'appelait le Santa Fe.
03:01 C'était un ancien liberty ship américain qui était rempli d'Italiens allant chercher fortune en Argentine.
03:10 Arrivé à Buenos Aires, je ne connaissais pas grand monde, presque personne.
03:17 La langue, je la connaissais à peu près.
03:20 J'avais appris un peu l'espagnol avec un ami à Paris pendant la révolution espagnole en 1936.
03:29 C'était Javier Condé, qui a ensuite été nommé ambassadeur d'Espagne à Bonn.
03:37 Grâce à ces quelques notions d'espagnol, j'ai pu me débrouiller.
03:42 À Buenos Aires, une personne que j'ai connue par l'intermédiaire du secrétaire du consulat argentin à Gênes, un certain monsieur Matei, m'a vivement conseillé d'aller voir à Bariloche.
04:01 Alors je suis parti avec un billet de chemin de fer pour visiter Bariloche et les environs, le circuit taux, etc.
04:10 Ça m'a plu, mais je ne voulais pas m'établir dans un endroit touristique.
04:17 Je cherchais un endroit tranquille à la campagne où je puisse vivre avec ma famille.
04:25 Port de Gênes. Dans l'église de San Teodoro, qui fait face au port d'où partaient les navires en direction de l'Argentine, nous rencontrons don Bruno Venturelli, dont nous a parlé William Guédan de Roussel.
04:47 Roussel, oui, qui a travaillé pour le ministère de la culture sous Vichy. Oui. Que vous dire ? Il s'est présenté, m'a demandé si je pouvais l'aider. Il a expliqué qu'il était ça et ça.
05:06 Il vous a donné sa véritable identité ou un nom d'emprunt ?
05:11 Oui, oui, il m'a donné son nom et il m'a demandé de l'aider. Alors je m'en suis occupé. Ma volonté de porter assistance à certaines personnes m'a fait prendre des chemins imprévus.
05:31 Cette histoire de passeport, je ne sais pas comment ça s'est passé. Je ne sais pas, je ne me souviens pas comment... Si je connaissais le préfet, je ne sais pas.
05:43 J'agissais personnellement. J'avais quelques attaches à l'osinium qui existait encore à ce moment-là. L'osinium avait été une idée de Cecchani.
06:01 Monseigneur Cecchani était au service du pape il y a quelque temps de ça. C'était un grand homme. Le Vatican voyait d'un bon oeil que l'on essaie d'aider ces personnes à s'enfuir. On leur sauvait la vie à tous ces gens.
06:25 Et puis mon ami Costa l'a fait embarquer gratuitement. Ça a donc été un grand moment pour moi. Mais ne pensez pas qu'il y en ait eu des milliers. Il n'y en a que cinq ou six que j'ai réussi à faire partir.
06:46 Luigi Gradenigo, ancien combattant de la République sociale italienne, rapporte comment il est parvenu à fuir l'Italie à la fin de la guerre.
06:56 Autant dire la vérité. Il y avait un chaplain nord-américain, un catholique logiquement, mais qui était avec l'armée américaine, qui aidait les gens.
07:07 Ce n'était pas difficile. Je l'ai cherché un peu partout, mais je ne l'ai pas trouvé. Je suis tombé sur un ami à lui qui m'a demandé si je voulais un passeport. J'ai répondu que oui.
07:23 On est allé dans un bureau. Il a noté mon prénom, mon nom, etc. Ensuite, j'ai eu un visa de transit seulement pour l'Argentine parce que l'Argentine ne donnait pas de passeport et de... comment dit-on?
07:38 De permis pour s'installer en Argentine. Donc j'ai pris celui pour le Paraguay. Tant qu'on paye, j'ai donné 20 dollars aux consuls et les amis dans sa poche et je n'ai pas eu de problème.
07:55 C'est comme ça que j'ai embarqué. Avant de venir ici, en Argentine, j'ai passé un an ou presque au Brésil. Une fois au Brésil, j'ai connu l'Argentine.
08:09 C'est-à-dire que j'ai appris par le journal de San Paolo, auquel j'étais abonné, que le président argentin, qui s'appelait Juan Domingo Perón, avait une affection pour les Italiens.
08:22 Il avait visité l'Italie et ça m'a donné l'envie d'aller en Argentine. Je suis allé voir un vice-consul argentin. Je l'ai trouvé à Paranagua, le port des ambirons de Curitiba, dans l'état du Paraná, au Brésil.
08:42 Il m'a fourni un visa et je suis entré en Argentine avec ce passeport. Je me souviens qu'une semaine après mon arrivée, j'ai présenté mes documents et j'ai demandé de m'installer à mon nom.
08:54 Je vis donc en Argentine avec tous mes papiers en règle.
09:02 Ce dont on nous a accusé est très simple et le public est sans doute au courant.
09:09 C'est une monstruosité juridique qui se base sur la collaboration avec l'ennemi envahisseur.
09:18 Nous avions signé le pacte d'acier avec l'Allemagne. Nous étions alliés.
09:23 Nous nous sommes battus ensemble pendant trois ans et du jour au lendemain, les Allemands sont devenus l'ennemi.
09:31 -Vous avez été acquitté? -Non, non, ils m'ont condamné.
09:36 -A combien? -18 ans, parce que j'étais capitaine. La peine était établie en fonction de votre rang. En définitive, ils n'ont pu m'accuser d'absolument rien.
09:47 -Pourquoi 18 ans alors? -Parce que, avouons-le, je le méritais.
09:53 J'ai très bien connu certains combattants. Ils m'en ont passé beaucoup entre les mains.
10:00 Et j'ai vu de tout. J'ai rencontré des soldats pour qui j'avais du respect.
10:05 Finalement, et je ne le dis pas parce que je suis devant les caméras, mais je respecte les positions idéologiques des autres quand les autres respectent les miennes.
10:18 Surtout quand ces vues se fondent sur des principes patriotiques.
10:25 -Que pensez-vous de l'ouverture des archives nazies?
10:29 -Ca me fait de la peine. Je crois que ça attriste véritablement les Italiens que l'Argentine ait choisi cette voie-là.
10:38 Le problème n'est pas de mettre à disposition ces dossiers sur les nazis. De toute façon, ils sont tous morts.
10:46 -Ou alors ils sont âgés.
10:48 -D'après ce qu'on voit à la télévision, c'est des coupures de journaux, des reproductions, etc.
10:55 -C'est une escroquerie alors?
10:57 -Non, mais de toute évidence, les vrais documents qu'il pourrait y avoir ne sont pas montrés.
11:03 Ils ne pourront jamais le faire parce qu'il y a certains secrets qu'il vaut mieux garder.
11:09 -Que voulez-vous dire?
11:11 -Eh bien avant tout, il y a des services, admettons, qui, je tiens à dire, et je pèse mes mots, que la nation argentine a gardé sa dignité.
11:25 La dignité de la nation argentine qui nous a permis de venir dans ce pays.
11:32 Nous y avons trouvé un endroit qui, à cette époque, je dis bien à cette époque, en 1946-1947, avait une indépendance de pensée.
11:42 -Qui est-ce? Les services militaires?
11:45 -Vous savez, les services militaires, mais aussi ceux de la police.
11:50 Ne vous faites pas d'illusions parce que maintenant, il y a un état dans l'état et d'autres états à l'intérieur, etc. Vous voyez?
11:59 Luigi Biasuzzo est parachutiste volontaire et à la chute du fascisme, il choisit son camp.
12:05 Comme 30 000 autres Italiens, il s'engage volontairement dans la SS.
12:09 -A un moment, vous avez décidé de vous battre aux côtés des Allemands?
12:12 -Naturellement.
12:14 -Vous êtes inscrit dans la SS? Vous êtes allé voir la SS?
12:18 -J'ai juré loyauté à Adolf Hitler, oui monsieur.
12:21 -Vous partiez en mission dans les pays de l'Est en civil pour récolter des informations?
12:26 -Oui, on était en civil. On trouvait les informations et ensuite, on les transmettait.
12:31 -Vous faisiez partie des SD à cette période?
12:34 -J'étais au courant de tout ce qui se passait et j'étais avec les Allemands.
12:41 Je travaillais pour Adolf Hitler. Pour moi, c'était le mouvement le plus humaniste sur la Terre.
12:49 -Alors que les Allemands étaient encore présents au Frioul, les Cossacks y sont arrivés.
12:53 -Oui, les Cossacks, oui monsieur.
12:56 -Vous avez connu les Cossacks? Comment étaient-ils?
12:59 -Oui, je les ai connus. En ce qui me concerne, c'était des gens corrects, mais les Italiens sont bien mieux.
13:05 -Que s'est-il passé dans les camps de concentration de Palazzolo? Que faisait-on dans les camps de concentration?
13:11 -C'était comme partout ailleurs. On avait la main à l'Est.
13:16 -Expliquez-moi.
13:18 -On donnait des coups avec des ceinturons et le reste.
13:22 -Que leur donniez-vous à manger?
13:24 -De la soupe avec des bouts de plastique et d'autres choses.
13:28 -D'autres choses? Quels ingrédients par exemple?
13:31 -Eh bien, je ne sais plus. Sans doute des cochonneries.
13:37 -Mais qui donnait ça? Les Italiens?
13:39 -Les uns et les autres.
13:40 Martin Bormann devient le dauphin d'Hitler suite au départ inattendu de Rudolf Hess. Hess a été le secrétaire particulier d'Hitler.
13:47 Il s'est envolé pour la Grande-Bretagne en 1941 où il est emprisonné par la suite. Sa mort reste un mystère.
13:54 Mais la vie de Bormann ne l'est pas moins. Certains disent qu'il aurait été tué à Berlin à la fin de la guerre.
13:59 D'autres pensent qu'il s'est enfui à Moscou et qu'il est un espion à la solde des soviétiques.
14:04 Aujourd'hui, photos et documents indiquent que Bormann s'est échappé en Amérique du Sud où il est mort dans les années 1970.
14:11 Cet épisode de l'histoire et l'obscur système d'exfiltration des responsables national-socialistes vers l'Amérique du Sud sont évoqués par Pierre de Villemarest,
14:20 responsable des services d'information militaire français, dans l'immédiate après-guerre dans la zone risquée de Lindau, sur le lac de Constance, plaque tournante des nazis en fuite.
14:29 Et ensuite j'ai été envoyé en mission en Allemagne. Mais également là, c'est la clé de beaucoup de choses, j'étais considéré comme quelqu'un d'indiscipliné,
14:41 parce que vous savez dans les services, on a une case, on doit regarder là et pas à côté.
14:48 Moi, avec mon caractère, j'étais toujours en train de découvrir d'autres choses. Je voulais comprendre.
14:55 Et après des mois de discussion, grâce à mon ancien chef de réseau pendant l'occupation, qui était chef des services d'espionnage français en Autriche,
15:04 tout ça en 1946, 47, 48, 49, Gavignet. G-A-V-I-G-N-E-T. Jean-Ernest Gavignet.
15:15 Il a été décoré, il a été déporté. C'est justement parce que quand je suis, j'ai été dans les services secrets français basés à Lindau, au bord du lac de Constance,
15:27 mais en fait je dépendais surtout de Breguens et d'Ornbjerg où était l'entrée.
15:32 J'ai été l'entrerie avec la DGER qui maintenant s'appelle la DGSE, parce que je voulais un statut spécial.
15:40 Je voulais, moi, j'ai découvert des choses, pour résumer, je veux développer ce que j'ai découvert.
15:47 Alors j'avais découvert quoi ? Des réseaux d'évasion. Un réseau d'abord d'évasion nazi ou allemand, et ensuite j'en ai trouvé plusieurs.
15:59 Et je voulais suivre. Or, et je ne voulais pas donner mes sources, ce qui est interdit dans les services.
16:05 Vous devez donner à votre chef, mais mon chef était d'accord, parce qu'il savait pourquoi je ne voulais pas les donner.
16:11 J'avais peur qu'il y ait des fuites à Paris. Et deuxièmement, ça gênait beaucoup de monde, parce qu'en France, il y a eu 90% de faux résistants qui sont arrivés au pouvoir derrière de Gaulle.
16:27 Et il y avait aussi bien des anciens collaborateurs que des agents soviétiques. J'avais peur qu'il y ait des fuites à Paris.
16:35 Moi, nous étions, à partir du moment où il était en Autriche, on était chargé de la section anti-soviétique de la DGER, mais qui était 1%.
16:47 Quand nous étions considérés, on disait non. La preuve, c'est qu'ils nous espionnent. Ils ne sont même pas corrects avec nous.
16:56 Il n'y a pas de loyauté. Ils nous contactent pour nous espionner, mais pas pour qu'on travaille ensemble.
17:03 Et alors, du coup, quand j'ai montré à mon chef de réseau, mon chef d'antenne, enfin en Autriche, que j'avais découvert des choses précises, avec des noms,
17:15 j'ai connu par exemple le général Schmitt, qui était l'état-major de Rommel, qui partait au Moyen-Orient par des filières secrètes pour devenir le chef des instructeurs des armées arabes.
17:29 Non seulement je l'ai bien connu, mais je l'ai transporté dans ma voiture sur le lac de Constance, je l'ai emmené en Suisse.
17:37 Moi je n'étais pas un flic. J'étais... Des difficultés parce qu'on me laissait libre, mais s'il y avait une catastrophe, je n'avais aucune protection.
17:47 Quoique mon ancien chef de réseau m'aurait protégé. Il m'a protégé d'ailleurs. Mais enfin bon, c'est pas mon cas qui est intéressant.
17:56 C'est le fait que, pour simplifier, comme j'avais mis le nez dans une filière d'évasion qui passait par le lac de Constance,
18:05 parce que la Suisse était en face, ou alors on passait de là en Autriche et en Italie.
18:10 Ce document de la CIA porte sur la mort de Martin Borman. Son corps a été retrouvé inanimé sur la plage de Santa Catarina au Brésil en 1972.
18:21 L'analyse du crâne a exclu tout doute concernant son identité.
18:31 L'Allemagne était coupée en quatre. Il y avait des industries allemandes qui étaient basées en zone américaine,
18:39 mais qui avaient des filiales qui fabriquaient des produits en zone française. Or il y avait un cloisonnement.
18:46 Personne ne pouvait... Il ne pouvait pas téléphoner, envoyer des pièces de rechange. Non, c'était bloqué au début.
18:55 Moi j'ai eu l'idée, je fais une boîte d'import-export comme français, soit disant redevenue civile, et je vais voir les industriels.
19:04 Fort de tout. Et c'est comme ça que j'avais un fonctionnement avec un pourcentage quand il y avait des affaires.
19:20 Je m'auto-finançais, si vous voulez. J'étais tellement heureux parce que je ne dépendais absolument de personne.
19:27 Mais je voulais savoir. Alors à partir de ce moment-là, d'une part, je suis en contact avec des Allemands pour qui je suis le français,
19:38 qui en a eu assez de la guerre, déçu par ce qui s'est passé en France, j'ai pas envie de rentrer dans mon pays,
19:46 je fais des affaires et je ne veux plus m'occuper d'idéologie. Mais naturellement, c'était...
19:52 Tout le monde ne partage pas la vie de Wilmar Est. C'est le cas de Simon Wiesenthal, le plus grand chasseur de fugitifs nazis.
20:01 Juif tchécoslovaque, Wiesenthal a échappé à la mort dans les camps de concentration nazis.
20:06 Il est devenu célèbre dans le monde entier en 1961 quand il a contribué à la capture d'Adolf Eichmann,
20:12 l'organisateur du génocide des juifs pendant la guerre qui vivait clandestinement en Argentine.
20:17 Il nous parle d'Odessa.
20:19 Odessa est apparue en 1946, alors que des responsables nazis étaient déjà incarcérés dans des camps ou en prison.
20:30 D'une façon ou d'une autre, ils sont parvenus à reprendre contact avec d'anciens camarades encore en liberté.
20:36 Ceux-ci ont constitué des comités d'assistance aux détenus.
20:40 Sous couvert d'aides humanitaires, ces comités font de la contrebande de lettres,
20:45 établissent des contacts entre anciens nazis, mais surtout, ils récoltent des fonds.
20:50 Tout ceci se passe officiellement, sous les yeux des alliés ignorants pour qui les nazis doivent aussi pouvoir bénéficier des organisations sociales et humanitaires.
20:59 D'une certaine façon, l'Église catholique fait connaître ces comités et se souvient tout à coup de ses devoirs humanitaires.
21:07 Si pendant le nazisme, elle n'avait pas fait grand chose pour les prisonniers et quasiment rien pour les déporter des camps de concentration,
21:14 elle se met maintenant au travail pour réparer ses omissions passées en s'occupant des détenus dans les camps de prisonniers.
21:21 Dans nombre de cas, l'aide de l'Église dépasse le cadre fixé par les comités d'assistance
21:27 et semble, à vrai dire, approcher la complicité avec les criminels.
21:31 Les principaux itinéraires de fuite pour ceci se révèlent être le fameux couloir du Vatican, à travers l'Autriche et l'Italie.
21:39 L'homme qui organise ces prises en charge est évêque et est originaire de Grâce. C'est Alois Udal.
21:46 Plus tard dans ses mémoires, il se dit fier d'avoir pu apporter son aide à tant de grands hommes du 3e Reich.
21:54 Il est difficile de comprendre les motifs qui animaient ce prêtre.
21:58 Beaucoup ne doutent pas qu'il ait agi sur un malentendu chrétien de l'amour de son prochain,
22:03 mais ça ne signifie pas que tous les chrétiens aient eu la même attitude vis-à-vis des juifs sous le régime nazi.
22:09 En effet, si 4 000 des 80 000 juifs romains ont réussi à survivre au 3e Reich, ils le doivent surtout à l'Église.
22:18 La majeure partie d'entre eux a été cachée par des religieux, quelques dizaines au Vatican même.
22:24 Il me paraît probable que l'Église ait été divisée avec d'un côté les religieux qui reconnaissaient l'antéchrist en Hitler.
22:31 Ils ont exercé la charité chrétienne envers les juifs.
22:34 Et de l'autre côté, ceux qui voyaient dans le nazisme une force de l'ordre contre la décadence des moeurs et le bolchevisme.
22:41 Les premiers ont réussi à cacher les juifs pendant la guerre. Les seconds l'ont fait avec les nazis après la guerre.
22:48 La plus grande partie des fugitifs utilisait en principe l'axe Brême-Paris.
22:53 Plus tard, la liaison principale s'est faite entre Brême et Rome, puis Brême et Gênes.
23:00 Environ tous les 40 kilomètres, il y avait un point relais, généralement organisé par 3 hommes,
23:07 qui eux-mêmes connaissaient seulement les deux étapes suivantes.
23:11 Les fugitifs se déplaçaient ainsi de façon quasi anonyme, et au final,
23:15 ils réussissaient assez habilement à passer la ligne de démarcation qui traversait alors l'Autriche et l'Allemagne.
23:22 Je ne connais qu'une autre organisation parvenue de la même manière à faire passer clandestinement en Italie et à travers l'Autriche
23:28 un grand nombre de fugitifs, pour ensuite les faire embarquer sur des bateaux.
23:33 Ce sont les transports clandestins de la Britscha, "fuite" en hébreu, grâce auxquels les réfugiés ont rejoint la Palestine.
23:40 Parfois même, les deux organisations se sont servies des mêmes points relais.
23:46 On a compris ainsi qu'une auberge des environs de Merano avait accueilli pendant la même nuit
23:51 un groupe clandestin de nazis et un autre de juifs, les uns à l'insu des autres.
23:58 Les juifs se cachaient au premier étage et les nazis au rez-de-chaussée.
24:02 Les uns comme les autres avaient pour consigne de ne pas bouger, quoi qu'il arrive autour d'eux.
24:07 Odessa a disposé également d'un deuxième itinéraire de fuite qui était particulièrement aisé.
24:13 Les fuyards passaient par Vorarlberg et profitaient du laxisme de l'occupation française.
24:20 Étant donné que les Français, malgré la beauté de leur langue, ne sont pas disposés à en apprendre une autre,
24:27 leur force d'occupation n'avait aucune idée de ce qui se tramait autour d'eux.
24:32 Tant et si bien que Vorarlberg, situé à la frontière entre trois pays, Allemagne, Autriche et Suisse,
24:38 est devenu l'eldorado des fugitifs de toutes les régions germaniques.
24:43 Il rejoignait ensuite facilement la frontière suisse via Bregenz.
24:48 Les polices autrichiennes et suisses fermaient parfois les yeux,
24:52 mais les papiers des fugitifs étaient souvent en règle,
24:54 puisque Odessa avait placé des agents dans tous les services et centres de pouvoir possibles,
24:59 lesquels bien sûr fournissaient les tampons et formulaires nécessaires.
25:03 Ce qui est particulièrement stupéfiant, c'est l'effronterie avec laquelle les nazis se présentaient devant les états-majors des armées d'occupation.
25:11 Il semble que ces hommes soient d'un genre particulier qui suscite la confiance des officiers.
25:17 La façon de se couper les cheveux, de claquer les talons, la rapidité à obéir aux ordres indiquent des affinités psychiques possibles.
25:26 Les américains étaient incroyablement doués pour se faire embobiner par les grands allemands blonds aux yeux bleus
25:32 pour l'unique raison que ce physique correspondait aux stéréotypes qu'ils avaient vus au cinéma,
25:37 alors que les vrais américains sont tout aussi fréquemment petits, bruns et d'origine italienne.
25:44 C'est seulement aujourd'hui que l'Office spécial d'investigation découvre le nombre d'ex-nazis qui se sont échappés après la guerre.
25:53 Ils se sont reconvertis sans difficulté comme agents de la CIA
25:57 pour la simple raison qu'ils avaient été formatés pour être anticommunistes sous le commandement d'Hitler.
26:03 Ils prétendaient aussi très bien connaître l'Europe de l'Est.
26:07 Par conséquent, les américains étaient disposés à oublier le fait que ces gens avaient auparavant servi Adolf Hitler
26:13 et que bien souvent, leurs mains étaient encore trempées de sang.
26:18 J'apprécie beaucoup les américains et je n'ai aucune sympathie pour les communistes,
26:22 mais cette erreur de jugement me confond encore davantage.
26:26 Les communistes sont dangereux, mais les nazis sont encore pires.
26:31 Plus j'en apprends sur les activités d'Odessa, mieux je comprends pourquoi cette organisation est restée aussi longtemps ignorée des américains.
26:39 Aux côtés des nazis, des professionnels étaient à l'œuvre, d'anciens hors-la-loi,
26:44 des membres des services de sécurité, d'ex-agents du contre-espionnage,
26:48 des hommes s'étant distingués dans l'administration du 3e Reich.
26:52 De la même façon qu'ils avaient parfaitement organisé le génocide,
26:56 ils ont parfaitement organisé la fuite des assassins.
27:00 [Musique]
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