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  • 16/03/2023
L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais

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News
Transcription
00:00:00 -Il est 14h sur CNews. Dans une heure,
00:00:02 l'examen du texte de la réforme des retraites
00:00:05 sera examiné à l'Assemblée nationale.
00:00:07 C'est une journée décisive pour ce texte.
00:00:10 On en parle sur CNews avec nos invités,
00:00:12 nos spécialistes, nos reporteurs également.
00:00:15 On commence par le journal
00:00:17 "Mickael Dorian".
00:00:18 -Bonjour. La réunion entre Emmanuel Macron
00:00:20 et les chefs de la majorité est terminée.
00:00:23 Outre Elisabeth Borne, les ministres Olivier Dussopt,
00:00:26 Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ou encore Gabriel Attal
00:00:29 sont présents. Selon nos informations,
00:00:32 la Première ministre envisagerait le recours au 49.3.
00:00:35 Elisabeth Borne doit encore s'entretenir
00:00:37 une dernière fois avec le président de la République
00:00:40 avant de se rendre à l'Assemblée nationale.
00:00:43 Le 49.3 est au coeur de toutes les préoccupations
00:00:45 cette journée cruciale.
00:00:47 L'intersyndicale a manifesté tout à l'heure devant l'Assemblée
00:00:51 pour dénoncer un éventuel passage en force du gouvernement.
00:00:54 Les leaders de la CGT et de la CFDT,
00:00:56 Philippe Martinez et Laurent Berger.
00:00:59 -Le 49.3, c'est la démonstration
00:01:01 qu'y compris à l'Assemblée nationale,
00:01:03 le gouvernement n'a pas la majorité.
00:01:06 Et donc, c'est un passage en force.
00:01:08 Même si le 49.3 est dans la Constitution,
00:01:11 ça représenterait pour nous un manque de respect
00:01:14 pour la démocratie.
00:01:15 -Finir par approuver une réforme sans procéder
00:01:18 par le vote des parlementaires, ça crée un vice démocratique.
00:01:22 Je rappelle que le 49.3, personne ne l'a élu.
00:01:25 Ce qu'on a élu, c'est des parlementaires.
00:01:27 On peut comprendre que cette procédure soit utilisée
00:01:30 à des moments ou d'autres.
00:01:32 C'est toujours une forme de problème,
00:01:34 mais c'est légitime.
00:01:36 Personne ne dira pas que c'est illégal.
00:01:38 Mais finir tout ce processus-là par un 49.3,
00:01:41 ce sera finalement un vrai vice démocratique
00:01:43 et ça provoquera un vrai malaise.
00:01:45 On l'a déjà entendu hier dans les cortèges.
00:01:48 -La réforme des retraites a été adoptée au Sénat.
00:01:51 Le vote a été acquis par 193 voix contre 114.
00:01:54 Sans surprise, les groupes LR, Eccentristes,
00:01:57 ont majoritairement voté en faveur de la réforme.
00:02:00 Dernière étape très attendue, dans une bonne heure,
00:02:03 maintenant, ce sera au tour du vote des députés
00:02:05 à l'Assemblée nationale.
00:02:07 Sur le front de la mobilisation, la zone de fret de Bruges,
00:02:10 au nord de Bordeaux, est bloquée depuis ce matin
00:02:13 par des manifestants.
00:02:15 Plus aucun véhicule n'entre ni ne sort du complexe.
00:02:18 Les précisions d'Antoine Estève.
00:02:20 -Une centaine de poids lourds ont été bloqués
00:02:22 à l'entrée de cette zone logistique de Bruges.
00:02:25 C'est la zone de fret de la région de Bordeaux.
00:02:28 Il y a dans les personnes qui manifestent
00:02:30 des syndicats traditionnels,
00:02:32 la CGT, force ouvrière,
00:02:33 quelques personnes de la FSU, des professeurs,
00:02:36 qui sont venus prêter main-forte à ce mouvement
00:02:39 contre la réforme des retraites.
00:02:41 Il y a aussi des comités citoyens,
00:02:43 quelques gilets jaunes, qui sont venus sur ce blocage.
00:02:46 Ils ont voté pour l'instant le blocage total jusqu'à ce soir.
00:02:49 Ca pourrait changer dans la journée.
00:02:51 Il y a encore une manifestation dans le centre-ville de Bordeaux,
00:02:55 qui est prévue.
00:02:56 Ils ont dit qu'ils étaient motivés pour aller manifester.
00:02:59 -Vous l'avez compris, les syndicats attendent beaucoup.
00:03:03 Dans les bouches du Rhône, plusieurs grévistes
00:03:05 sont rassemblés devant l'incinérateur de Fosse-sur-Mer.
00:03:08 Ecoutez l'un d'entre eux.
00:03:10 -49.3, il ne faut pas.
00:03:11 Je pense que ce n'est pas une bonne idée.
00:03:14 Le forcing, ce n'est pas une bonne chose.
00:03:16 Il a été élu avec la voix du peuple.
00:03:18 Pour moi, ce serait le début d'une révolution.
00:03:21 A quelle échelle ? On verra le peuple où il en est.
00:03:24 Il faut 2 ans de plus à se lever à 5h du matin,
00:03:26 du moins 3h30 pour attaquer à 5h du matin.
00:03:29 Les collègues qui font les nuits dans les usines,
00:03:32 dans les poubelles, ceux qui les ramassent,
00:03:34 il faut 2 ans de plus, c'est très long.
00:03:36 -L'un des grévistes de l'incinérateur de Fosse-sur-Mer
00:03:39 qui sera en direct dans la parole aux Français.
00:03:42 La plupart des raffineries françaises
00:03:44 sont également en grève.
00:03:46 Ce matin, le dépôt de carburant de Donge était bloqué.
00:03:49 L'objectif est de maintenir la pression sur le gouvernement.
00:03:53 La CGT, la grève doit se poursuivre
00:03:55 au moins jusqu'à demain après-midi.
00:03:57 C'est la fin de ce journal.
00:03:59 Les débats continuent à présent dans la parole aux Français
00:04:02 avec Lélie Mathias et ses invités.
00:04:04 -Merci beaucoup, Miquel.
00:04:06 L'émission La parole aux Français
00:04:08 est consacrée à la réforme des retraites,
00:04:10 à la contestation même.
00:04:12 Vous avez pu avoir quelques exemples
00:04:14 dans le journal de Miquel Dorian.
00:04:16 Je suis en compagnie de Mathieu Langlois,
00:04:18 d'Eric Derritte-Mathen et d'Yvan Rioufol.
00:04:21 En cette journée un peu spéciale, décisive pour le gouvernement,
00:04:24 pour reprendre le terme qu'on a beaucoup utilisé.
00:04:27 On va partir à l'Assemblée nationale
00:04:30 retrouver Elodie Huchard.
00:04:31 Bonjour, Elodie.
00:04:32 C'est dans une heure que tout va se jouer
00:04:35 avec le début de l'examen du texte.
00:04:37 -Oui, exactement.
00:04:40 Et surtout, ici, à l'Assemblée nationale,
00:04:42 les choses sont calmes pendant la pause déjeuner.
00:04:45 Mais les réunions en ce moment sont très importantes.
00:04:49 La première ministre qui est passée ce matin
00:04:51 à l'Assemblée nationale, c'est Yael Broun-Pivet,
00:04:54 la présidente de l'Assemblée nationale,
00:04:56 qui a expliqué que le compte n'y était pas.
00:04:59 Certains évoquaient cette voie d'avance,
00:05:01 mais tout est très serré.
00:05:03 Certains sont optimistes, d'autres disent qu'ils ne comprennent pas
00:05:06 comment ça peut passer.
00:05:08 La Première ministre commence à se rendre compte
00:05:11 que même si elle a voulu aller jusqu'au bout,
00:05:13 elle risquerait d'être mise en minorité
00:05:15 à l'Assemblée nationale.
00:05:17 Elle ne sera pas votée, soit forcément,
00:05:19 c'est ce qui est dénoncé comme un coup de force par les syndicats.
00:05:23 Une dernière réunion va être importante,
00:05:25 c'est ce tête-à-tête entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne.
00:05:29 Il reste peu de temps pour décider d'un recours au 49.3.
00:05:32 Encore hier, tout le monde disait qu'on voulait aller au vote.
00:05:35 On sent que la tendance a clairement changé.
00:05:38 Il y a des attentionnistes, notamment chez Horizon,
00:05:41 chez les modems, des personnes qui auraient dû voter pour.
00:05:44 Il y a des gens qui ont voté pour,
00:05:46 mais qui n'ont pas voté pour.
00:05:48 Il y a des gens qui ont voté pour,
00:05:50 mais qui n'ont pas voté pour.
00:05:52 Il y a des gens qui ont voté pour,
00:05:54 mais qui n'ont pas voté pour.
00:05:56 Il y a des gens qui ont voté pour,
00:05:58 mais qui n'ont pas voté pour.
00:06:00 Il y a des gens qui ont voté pour,
00:06:02 mais qui n'ont pas voté pour.
00:06:04 Il y a des gens qui ont voté pour,
00:06:06 mais qui n'ont pas voté pour.
00:06:08 Il y a des gens qui ont voté pour,
00:06:10 mais qui n'ont pas voté pour.
00:06:12 -Au nom de la République,
00:06:14 Emmanuel Macron va recevoir sa Première ministre,
00:06:17 Elisabeth Borne.
00:06:19 Parmi les grèves qui ont fait beaucoup parler d'elle
00:06:22 contre la réforme des retraites,
00:06:24 il y a cette grève des éboueurs.
00:06:26 Ça concerne Paris, mais aussi d'autres villes en région,
00:06:30 comme Nantes, Saint-Brieuc, Antibes ou le Havre.
00:06:33 Nous sommes en duplex avec Steve Dujardin.
00:06:36 Bonjour. Vous êtes artisan boulanger,
00:06:38 pâtissier dans le 9e arrondissement de la capitale.
00:06:42 Vous vendez les poubelles, qui continuent de s'accumuler
00:06:45 devant votre magasin, votre boutique.
00:06:48 Nous sommes en ligne, avec Sébastien Sorian,
00:06:51 opérateur alimentaire, en charge de la collecte des déchets.
00:06:54 Vous êtes dans le Sud et vous étiez ce matin
00:06:57 avec notre collègue Stéphanie Rouquier
00:07:00 en rassemblement à l'incinérateur de Fosses-sur-Mer.
00:07:03 Ma 1re question ira pour Steve Dujardin.
00:07:06 Vous avez vu que le gouvernement
00:07:08 allait ordonner des réquisitions.
00:07:11 C'est toujours pas le cas, comme je le vois derrière vous.
00:07:14 Vous vous dites que ça y est, plus que quelques heures ?
00:07:18 -Oui. Bonjour. Bonjour à vous.
00:07:20 Oui, j'espère que ça va s'arranger,
00:07:22 parce que là, ça fait quand même un petit moment que ça dure.
00:07:26 On commence à en avoir marre.
00:07:28 -Vous avez été pénalisé ? -Ca, c'est la scène
00:07:31 des décisions.
00:07:32 Vous voyez, derrière moi, au niveau de ma clientèle,
00:07:35 ça le fait pas trop.
00:07:37 Donc...
00:07:39 Il faudrait vraiment que ça cesse.
00:07:41 -Qu'est-ce qu'ils vous disent, justement, vos clients ?
00:07:45 -Bah que ça...
00:07:46 Que ça fait pas trop présentable, quand même.
00:07:49 -Oui.
00:07:51 -Y a les odeurs, y a tout ça, quoi. Y a des...
00:07:54 -Vous pensez que ça les empêche de venir acheter du pain
00:07:57 ou des gâteaux ?
00:07:58 -Bah, il y en a, oui, je pense.
00:08:00 Ils ont peur de passer à côté des boubelles
00:08:03 parce qu'ils pensent qu'ils verront des rats.
00:08:06 Ca, aussi, ça les fait fuir.
00:08:08 Y en a plein qui disent qu'ils passent pas à côté des poubelles.
00:08:12 Donc, ils passent de l'autre côté du trottoir.
00:08:15 Donc, forcément...
00:08:16 Là, il faut vraiment qu'ils prennent une décision.
00:08:19 Mme Lagou, elle ouvre un peu les yeux,
00:08:21 qu'elle arrête de rester dans sa mairie,
00:08:24 qu'elle sorte un peu et qu'elle voie ce qui se passe
00:08:27 dans Paris, un petit peu.
00:08:29 Ca commence à bien faire.
00:08:31 -Vous vous en voulez à la maire de Paris, finalement.
00:08:34 Y avait un bras de fer, finalement, entre le gouvernement et Anne Hidalgo.
00:08:38 Le gouvernement a redonné des réquisitions.
00:08:41 -Oui, il faut qu'elle retire ses oeillères,
00:08:44 Mme Hidalgo, là.
00:08:45 Si elle allait encore, je parlerais pas d'autre chose.
00:08:48 Là, il faut vraiment qu'elle prenne conscience
00:08:51 que Paris, c'est un gros bordel.
00:08:53 C'est pas la ville lumière, c'est la ville poubelle.
00:08:56 -On vous sent en colère, quand même.
00:08:59 Est-ce que vous vous inquiétez pour les risques sanitaires ?
00:09:02 Vous avez commencé l'esprit.
00:09:04 Il y a quand même un enjeu sanitaire,
00:09:07 au-delà de l'esthétisme, des odeurs.
00:09:09 Mais est-ce que vous étiez inquiet ?
00:09:11 -Des odeurs, oui.
00:09:13 Oui, un peu, oui.
00:09:14 Je voudrais pas que ça rentre de partout
00:09:16 et ça cause des maladies, ces isolas.
00:09:19 Parce que là, déjà, c'est déjà bien infesté dans Paris.
00:09:22 Si ça s'amplifie, ça peut créer d'autres maladies.
00:09:26 Donc là, il faudrait vraiment qu'elle ouvre les yeux.
00:09:30 -Pour l'instant, rien n'a bougé chez vous ?
00:09:33 Y a pas eu des camions qui sont venus
00:09:35 collecter quelques sacs ?
00:09:37 Tout ne sera pas nettoyé pour ce soir,
00:09:39 malgré les réquisitions.
00:09:41 Est-ce que vous avez vu passer des camions,
00:09:44 des éboueurs qui ont été réquisitionnés ?
00:09:47 Pas encore, peut-être dans votre arrondissement ?
00:09:50 -Si on a vu, derrière nous, tout à l'heure,
00:09:52 des camions qui sont arrivés.
00:09:54 Je pense que ça va bouger, mais on attend.
00:09:57 Il y a un camion qui est passé tout à l'heure
00:10:00 dans l'autre côté de la rue.
00:10:02 -Ca commencerait peut-être à bouger.
00:10:04 Une question de Mathieu Langlois.
00:10:06 -Bonjour. J'ai une question pour monsieur Dujardin.
00:10:10 En attendant qu'il y ait une solution,
00:10:12 est-ce que vous avez mis en place une stratégie
00:10:15 à l'échelle de votre boulangerie pour limiter les déchets
00:10:18 ou est-ce que vous faites ce que vous pouvez,
00:10:21 c'est-à-dire les mettre dehors et les entasser ?
00:10:25 -On essaye de...
00:10:27 Déjà, de mettre tout en sac, de bien compresser,
00:10:30 de faire un minimum de déchets.
00:10:32 J'en ai gardé un petit peu en bas, pas beaucoup,
00:10:35 mais je les sors vraiment le soir.
00:10:37 Mais on ne peut pas les garder
00:10:39 au niveau hygiène dans la boulangerie.
00:10:42 C'est impossible. -Oui, bien sûr.
00:10:44 -On ne peut pas le faire.
00:10:46 -Vous restez avec nous, Steve Dujardin.
00:10:48 -Il n'y a pas d'autre solution que de les sortir.
00:10:51 -Vous restez avec nous.
00:10:53 On va donner la parole à Sébastien Sourian,
00:10:56 opérateur alimentateur.
00:10:57 Vous allez nous expliquer exactement votre métier.
00:11:01 Vous êtes dans le Sud, vous n'êtes pas à Paris,
00:11:04 mais vous participiez, en tout cas,
00:11:06 à un rassemblement qui était à l'incinérateur
00:11:09 de Fos-sur-Mer, près de Marseille.
00:11:11 Cette grève a pour objectif le retrait de la réforme des retraites.
00:11:15 On apprend qu'une réunion de crise a lieu à l'Elysée
00:11:18 avec les ministres et responsables de la majorité.
00:11:21 On a vu qu'E.Borne et E.Macron allaient se rencontrer
00:11:24 juste avant l'ouverture de la séance à l'Assemblée nationale,
00:11:28 mais on apprend qu'il y aura les ministres
00:11:31 et responsables de la majorité.
00:11:33 Vous avez entendu les difficultés
00:11:35 dans lesquelles se trouve cet artisan boulanger
00:11:38 qui, à Paris, essaie de faire son travail,
00:11:41 qui ne peut pas garder ses sacs, ses déchets.
00:11:44 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
00:11:46 -Bonjour, déjà. Bonjour à tout le monde.
00:11:49 Bonjour à Paris. J'ai pas retenu le nom du monsieur.
00:11:52 Désolé. -M. Dujardin.
00:11:53 -Oui, M. Dujardin, pardon.
00:11:55 Nous, nous sommes une salle
00:11:58 municipiale de traitement des déchets.
00:12:00 Nous recevons les collectes.
00:12:03 -Oui, mais alors, évidemment,
00:12:05 pour recevoir les collectes, il faut qu'elles aient lieu.
00:12:08 On le sait, près de Paris,
00:12:10 il y avait des incinérateurs bloqués.
00:12:12 Ca limite le traitement des déchets
00:12:15 si les incinérateurs sont en travail partiel.
00:12:18 C'est le but d'une chaîne, non ?
00:12:19 -Bien sûr, mais nous, nous bloquons aujourd'hui
00:12:22 un blocage sur ce que les gens peuvent travailler,
00:12:25 ceux qui veulent travailler rentrent dans les usines.
00:12:28 Il y a pas de blocage réel.
00:12:30 Il faut juste un point de rencontre pour expliquer aux gens
00:12:34 ce qui se joue aujourd'hui.
00:12:35 -Pourquoi c'était important d'expliquer aux gens,
00:12:38 de faire ces rassemblements, ces manifestations,
00:12:41 de soutenir vos collègues éboueurs ?
00:12:44 Expliquez-nous votre avis, votre point de vue.
00:12:47 -C'est simple. Aujourd'hui, on fait un mouvement de...
00:12:51 Comment on appelle ça ? De blocage, si on peut appeler ça un blocage,
00:12:54 pour pouvoir expliquer qu'à l'heure d'aujourd'hui,
00:12:57 à 5 h du matin, quelqu'un vient travailler
00:12:59 et est obligé de rester toute la semaine de journée
00:13:02 pour pouvoir avancer et continuer à travailler.
00:13:05 Et la pénibilité, les gens ne le prennent pas en compte.
00:13:08 Moi, aujourd'hui, je suis en guerre.
00:13:10 Je suis né devant mon usine depuis 5 h du matin,
00:13:13 ce coup-là, c'est 3 h 30 du matin.
00:13:16 J'ai des collègues autour de moi qui sont un peu foufous, désolé.
00:13:20 Mais c'est vrai que depuis 5 h du matin,
00:13:22 on est devant le portail, les journées sont longues,
00:13:24 les collègues travaillent de nuit,
00:13:26 les collègues travaillent de journée au milieu des poubelles,
00:13:29 et 2 ans de plus, c'est long, 2 ans de plus.
00:13:31 Est-ce qu'il ne vaut pas mieux perdre une journée que 2 ans ?
00:13:34 La question est là.
00:13:35 -Si le texte passe tout à l'heure,
00:13:37 parce qu'il y a un examen crucial, on en parle,
00:13:39 évidemment, à l'Assemblée nationale, le texte a déjà été adopté au Sénat.
00:13:42 Si jamais le texte passe aujourd'hui,
00:13:44 que ce soit par un vote favorable des députés avec une majorité
00:13:47 ou par le 49-3, s'il passe, qu'est-ce que vous allez faire ?
00:13:51 Vous continuez les blocages, les manifestations ?
00:13:54 -A l'heure d'aujourd'hui, nous avons voté un AG
00:13:58 pour voter un jour de plus de grève.
00:14:01 Nous avons voté un jour de grève de plus jusqu'à demain,
00:14:03 un autre AG qui se déroulera vers les midi.
00:14:05 On va faire au jour le jour et on verra bien ce qui se passe.
00:14:09 -Vous attendez de voir politiquement
00:14:10 quelle sera l'issue de cette journée, en tout cas.
00:14:13 Une question de Mathieu Langlois.
00:14:15 -Bonjour, M. Surian.
00:14:17 Ce n'est pas une question sur la pénibilité,
00:14:19 je partage et je suis d'accord avec vous,
00:14:22 mais ça va être une question sur la responsabilité,
00:14:24 parce qu'évidemment, on parle beaucoup du risque sanitaire,
00:14:27 et qui, à titre personnel, m'inquiète peu,
00:14:29 c'est le risque sécuritaire.
00:14:31 Quand on voit toutes les poubelles, je parle de Paris,
00:14:33 mais les autres villes, c'est exactement pareil.
00:14:36 Maintenant, on ne peut plus aller sur les trottoirs
00:14:39 qui sont déjà difficiles en termes de mobilité, de partage.
00:14:42 On voit des enfants qui sont obligés de traverser
00:14:45 entre les camions, les voitures,
00:14:47 parce qu'ils ne peuvent plus passer sur les trottoirs
00:14:50 à la sortie de l'école.
00:14:51 On voit des accès pompiers qui sont absolument inaccessibles,
00:14:55 parce qu'il n'y a que des poubelles.
00:14:57 Le risque d'incendie, je ne vous en parle même pas.
00:14:59 Donc ma question, elle est très simple,
00:15:00 c'est qui, selon vous, sera responsable en cas d'accident ?
00:15:05 -Ma réponse est très simple aussi.
00:15:07 J'ai des enfants, j'ai des poubelles aussi
00:15:09 qui ne sont pas ramassées, mais je fais avec.
00:15:12 Écoutez, je préfère.
00:15:13 Le risque sanitaire, ça fait trois ans qu'on est risqué sanitaire
00:15:17 pour le Covid.
00:15:18 -Je ne parle pas du risque sanitaire.
00:15:20 -Oui, mais la sécurité aussi, c'est pareil.
00:15:23 Dans deux ans, la sécurité du travail sera où ?
00:15:26 Deux ans de plus, une personne qui a soit 24 ans,
00:15:27 soit 55, soit 56 ans,
00:15:29 elle sera où, la sécurité du travail ?
00:15:31 À quel moment le gouvernement va prendre en compte
00:15:34 nos personnes âgées,
00:15:37 ou nos pré-retraités, ou nos avant-retraites ?
00:15:39 Qui va prendre en compte ça ?
00:15:40 Qui va se lever à 5h du matin pour aller ramasser vos poubelles ?
00:15:43 Elle est là, la question.
00:15:45 C'est bien d'avoir des personnes de 22, 36 ans,
00:15:47 mais je pense que le travail ne se fera pas pareil.
00:15:50 Alors, est-ce qu'il ne faut pas parler du jour et de la sécurité ?
00:15:52 Je suis conscient, et je suis conscient que ça embête des gens.
00:15:55 Je suis désolé.
00:15:56 Je suis désolé.
00:15:57 -Non, mais la question, c'est pas que ça embête,
00:15:59 c'est la question qui sera responsable en cas d'accident,
00:16:01 mais vous m'avez répondu.
00:16:03 -Une question d'Yves-Henri Aufort, pour vous.
00:16:04 -Le gouvernement ne sera pas responsable ?
00:16:06 Le gouvernement n'a pas été élu pour un mois ?
00:16:09 Le peuple n'est pas dans la rue ?
00:16:11 Le gouvernement s'est servi des voix, je pense, de la gauche,
00:16:15 pour pas que madame Le Pen fasse...
00:16:17 Le gouvernement s'est servi de beaucoup de choses.
00:16:20 Maintenant, il faut qu'il écoute aussi le peuple qu'il a élu,
00:16:23 ou le gouvernement, justement.
00:16:25 -Yves-Henri Aufort, pour vous, Sébastien.
00:16:27 -Oui, c'est une réflexion plutôt sur la stratégie qui est menée actuellement.
00:16:31 Il me semble que vous êtes en train de scier la branche
00:16:33 sur laquelle vous êtes assis,
00:16:34 car vous êtes en train de monter l'opinion contre vous
00:16:36 avec cette sorte de guerre des poubelles, de guerre des ordures.
00:16:39 Ça, c'est la première chose.
00:16:40 Il me semble que vous ne voyez pas que l'opinion, malgré tout,
00:16:43 commence à être désolée par ce spectacle.
00:16:45 Et la deuxième chose, et là, je voulais rejoindre
00:16:47 la réflexion qui avait été faite sur madame Hidalgo,
00:16:49 je trouve quand même que la position de la maire de Paris
00:16:51 est tout à fait irresponsable,
00:16:52 dans la mesure où elle viole au moins deux grands principes
00:16:54 du service public.
00:16:55 D'abord, la neutralité du service public.
00:16:57 -Alors, écoutez, je...
00:16:58 -Madame Hidalgo...
00:16:59 Attendez, je termine.
00:17:00 -Je me calme debout, s'il vous plaît.
00:17:01 -Je termine, s'il vous plaît.
00:17:03 Sébastien, je vous donnerai la parole, on va juste laisser Yvon
00:17:05 terminer sa phrase et je vous redonne la parole.
00:17:06 Promis, vous restez en ligne.
00:17:07 -Elle devrait respecter la neutralité du service public,
00:17:09 c'est-à-dire ne pas s'impliquer à ce point dans un conflit
00:17:12 qui devient un conflit politique.
00:17:13 Et d'autre part, elle devrait respecter également
00:17:16 la continuité du service public,
00:17:18 c'est-à-dire ne pas non plus prêter caution
00:17:20 à une interruption, précisément, du ramassage des ordures.
00:17:23 -Alors, Sébastien, je vous redonne la parole.
00:17:25 -Mais vous avez tout à fait raison.
00:17:27 C'est pour ça que nous, aujourd'hui, nous ne plottons personne.
00:17:30 Les collègues, certains collègues,
00:17:31 concernés, pas concernés, sont allés travailler.
00:17:34 Certains collègues ont fait tourner les installations
00:17:36 et il n'y a aucune installation, alors aujourd'hui, c'est arrêté.
00:17:38 -Alors, vous savez que politiquement, l'heure est...
00:17:42 Vous parliez de la réforme des retraites,
00:17:43 vous savez que, politiquement, l'heure est aux tractations,
00:17:45 puisqu'à 15h, donc dans un peu, dans trois quarts d'heure,
00:17:48 on va dire, l'examen de la réforme des retraites
00:17:50 commencera à l'Assemblée nationale.
00:17:53 Et qu'on a appris, Gauthier Lebray, vous allez le confirmer,
00:17:56 qu'une réunion dernière, réunion de crise,
00:17:59 quasiment en dernière minute, donc,
00:18:01 allait avoir lieu dans les minutes qui viennent.
00:18:04 -Oui, c'est la 3e réunion de la journée, Clélie,
00:18:08 effectivement, autour d'Emmanuel Macron,
00:18:10 avec Elisabeth Borne, la Première ministre,
00:18:11 plusieurs cadres de la majorité, mais aussi des ministres.
00:18:14 On voit Gérald Darmanin faire des aller-retours depuis ce matin
00:18:16 entre le ministère de l'Intérieur, qui se trouve à quelques mètres de moi,
00:18:18 et l'Elysée, qui est juste derrière moi.
00:18:21 Et il y a, en fait, des accords entre plusieurs cadres de la majorité,
00:18:24 entre ceux qui veulent avoir recours au 49.3
00:18:26 et ceux qui, au contraire, préfèrent prendre le risque
00:18:29 d'aller au vote. Et selon nos informations,
00:18:31 Elisabeth Borne, la Première ministre,
00:18:33 plaide, justement, pour avoir recours au 49.3.
00:18:36 On sait qu'Emmanuel Macron a dit ce matin, a dit hier,
00:18:39 devant ses ministres, qu'il voulait tout faire
00:18:41 pour éviter, justement, le recours au 49.3
00:18:43 et qu'il voulait aller au vote.
00:18:44 On verra si le président de la République prend ce risque.
00:18:47 Si sa réforme est retoquée, on sait qu'il a dit
00:18:49 qu'il voulait dissoudre l'Assemblée nationale.
00:18:51 -Bon, la fin du suspens, c'est en pas très longtemps, maintenant.
00:18:53 En trois quarts d'heure, évidemment, on reste en ligne avec vous.
00:18:57 Jean-Baptiste Gauthier, vous nous direz si vous avez
00:18:59 des informations supplémentaires.
00:19:00 Une question, justement, à Steve Dujardin,
00:19:02 qui est normalement toujours avec nous en duplex.
00:19:05 On parle de la réforme des retraites.
00:19:06 Là, on a parlé des poubelles. Vous savez que cette grève
00:19:09 des éboueurs concerne, évidemment, cette réforme.
00:19:11 Mais vous, alors, à titre personnel,
00:19:13 à quel âge avez-vous commencé à travailler ?
00:19:15 Jusqu'à quel âge comptez-vous travailler ?
00:19:18 Que pensez-vous ? Vous aussi, vous êtes concerné.
00:19:20 -Oui, moi, j'ai commencé à presque 16 ans.
00:19:26 Donc, j'ai 45 ans.
00:19:27 Donc, ça me touche aussi, mais bon, pour l'instant,
00:19:31 si on n'a pas le choix...
00:19:32 M. Macron avait bien dit qu'il allait le passer, donc...
00:19:37 -Vous avez l'air très résigné, monsieur.
00:19:41 -C'est un homme qui s'étonne aussi.
00:19:42 -Vous êtes très résigné, finalement ?
00:19:45 -Un petit peu, oui.
00:19:46 -Mais vous, vous travaillez, par exemple, deux ans de plus
00:19:50 que vous êtes, vous le disiez, artisan, boulanger, pâtissier.
00:19:53 Vous avez commencé à travailler à 16 ans.
00:19:55 Vous vous levez très tôt.
00:19:56 Il y a une certaine pénibilité aussi, quand même,
00:19:59 à votre métier, deux ans de plus.
00:20:01 Je comprends, j'entends votre résignation,
00:20:04 mais quand même, ça vous semble envisageable ou pas du tout ?
00:20:07 -Il faut dire qu'on a des métiers assez pénibles.
00:20:12 Après, il faudrait régler les cas sans la pénibilité
00:20:15 de chaque travail boulanger, maçon,
00:20:18 enfin, tous déménageurs.
00:20:21 Donc, ça leur fait quand même deux ans de plus.
00:20:24 Beaucoup pour des métiers comme nous,
00:20:26 les autres que je viens de citer aussi.
00:20:28 Donc...
00:20:29 -OK.
00:20:30 -C'est vraiment...
00:20:32 Ca va être pénible, oui.
00:20:34 -Mathieu Langlois, il y a une question pour vous,
00:20:36 monsieur Dujardin. -Vous n'êtes pas salarié.
00:20:39 Vous êtes artisan boulanger à votre courant.
00:20:41 -Non, je suis artisan, oui.
00:20:43 Ca fait 23 ans. Je suis sur Paris.
00:20:46 -Sébastien Souriant, qui est toujours également en ligne avec nous,
00:20:50 vous comprenez que, par exemple,
00:20:53 Steve Dujardin, qui fait un métier, lui, également pénible,
00:20:56 différent, évidemment, du vôtre, ça n'a rien à voir,
00:20:59 mais lui, il semble totalement résigné
00:21:01 face à ce qui se passe, justement, au Parlement.
00:21:03 Est-ce que vous comprenez ?
00:21:05 Finalement, c'est une autre sorte de réaction face à cette réforme.
00:21:09 -Je peux que la comprendre.
00:21:10 Monsieur Dujardin, je suis entièrement d'accord avec vous.
00:21:13 J'étais cuisinier pendant 10 ans
00:21:14 avant de rentrer dans un éditeur de poubelles,
00:21:16 de mouilles de déchets.
00:21:19 Donc, je comprends très, très bien monsieur Dujardin.
00:21:22 Je le comprends très, très bien.
00:21:23 Et surtout dans les métiers de, on va dire, de bouche,
00:21:26 parce que monsieur Dujardin comprendra,
00:21:27 deux ans, c'est très, très long.
00:21:29 Se lever le matin, avoir la coupure,
00:21:31 je connais très bien ce que ça veut dire.
00:21:33 Je sais très bien ce que ça veut dire.
00:21:35 Mais malheureusement, deux ans de plus,
00:21:37 est-ce qu'un boulanger va pouvoir les faire ?
00:21:39 Est-ce qu'un cuisinier va pouvoir les faire ?
00:21:41 Est-ce qu'un serveur va pouvoir les faire ?
00:21:43 Ou quelqu'un qui travaille de nuit, quelqu'un qui travaille en 3-8 ?
00:21:45 Et on peut en dire plein. On peut en dire plein.
00:21:49 Deux ans de plus, c'est très, très long.
00:21:51 -Et vous, vous avez l'impression là,
00:21:54 vous avez une revendication ou des revendications
00:21:56 qui sont très corporatistes,
00:21:57 mais vous avez quand même l'impression
00:21:58 de dépasser cette corporation
00:22:00 et de dépasser votre simple profession ?
00:22:04 -Si je penserais qu'à moi,
00:22:05 je n'aurais pas fait délégué du personnel,
00:22:07 je ne me serais pas mis dans la CGT.
00:22:08 Quand on pense qu'à soi, on ne va pas dans ce domaine-là.
00:22:12 Je pense à beaucoup de monde,
00:22:13 et surtout à mes enfants entre parenthèses.
00:22:15 Si aujourd'hui, nous, ça va être un 24,
00:22:17 demain, c'est un 70.
00:22:20 -Oui, une remarque d'Yvan Rioufol.
00:22:22 -Une remarque plus générale, je pense que je reviens
00:22:23 sur cette idée de l'exaspération de l'opinion publique.
00:22:26 Non seulement l'opinion publique risque de vous lâcher,
00:22:28 mais en plus, vous êtes en train de plaider,
00:22:30 je l'ai déjà dit ici, pour une privatisation,
00:22:32 en tout cas du service public,
00:22:34 du ramassage des ordures ménagères.
00:22:35 Et j'ai un argument supplémentaire à faire valoir,
00:22:38 c'est que j'ai lu hier que le tri des ordures ménagères
00:22:41 coûtait 124 euros la tonne par le privé
00:22:44 et 170 euros par le public.
00:22:46 Et donc, ne serait-ce qu'avec ces différences de chiffres
00:22:49 et en plus, cette différence d'efficacité,
00:22:50 parce que le privé, encore une fois,
00:22:52 je le rappelle à ceux qui l'ignoraient,
00:22:53 le privé ne fait pas grève à Paris, en tout cas,
00:22:56 je ne sais pas dans les autres villes,
00:22:57 mais je ne pense pas non plus.
00:22:58 C'est simplement le public qui fait grève, simplement.
00:23:03 Or, le public est en plus relativement avantageux
00:23:05 par rapport au régime de retraite du privé.
00:23:07 Donc, je pense que vous êtes en train de faire
00:23:09 une démonstration précisément de ce qu'il ne faut pas faire.
00:23:12 -Alors, Sébastien, je vous laisse répondre,
00:23:15 ce sera la dernière question.
00:23:17 -Alors, premièrement, on va faire simple.
00:23:18 La démonstration de ce qu'il ne faut faire ou pas faire,
00:23:20 nous, comme je vous ai dit, à l'heure d'aujourd'hui,
00:23:21 on ne bloque personne.
00:23:23 Les collègues sont allés travailler, ce qu'ils désiraient,
00:23:25 les camions sont rentrés, ceux qui sont rentrés,
00:23:27 et les trains sont arrivés, ce qui devait arriver.
00:23:29 Nous, on n'a bloqué personne.
00:23:31 Par contre, je peux vous retourner le coup de la privatisation.
00:23:35 Pourquoi ? L'État veut faire quoi ?
00:23:37 Il ne veut pas qu'on arrive à une capitalisation des retraites ?
00:23:39 L'État ne veut pas qu'on arrive à ce que nous-mêmes,
00:23:42 les Français, cotisons pour les retraites
00:23:44 pour que les grands, AXA et tout ce qui l'ensuit, se gavent ?
00:23:49 Elle n'est pas là, la réponse ?
00:23:51 -OK, vous renvoyez...
00:23:53 -Vous voyez le bière à moitié, je le bois à moitié, dis donc.
00:23:56 -Vous renvoyez au gouvernement.
00:23:57 Un grand merci à vous, Sébastien Sourian.
00:23:59 Un grand merci également à Steve Dujardin,
00:24:01 qui a été mis en duplex par les équipes Régine Delfour
00:24:04 et Pierre-François Altermat.
00:24:06 On se retrouve juste après quelques instants de publicité,
00:24:09 évidemment, pour parler de cette réforme des retraites.
00:24:11 On a appris qu'il y avait une petite réunion de crise
00:24:14 avant la séance à l'Assemblée nationale,
00:24:16 qui doit débuter à 15h, dans un peu plus d'une demi-heure.
00:24:19 Emmanuel Macron réunit sa première ministre
00:24:21 et les ministres responsables de cette réforme
00:24:24 pour décider de la stratégie à adopter à l'Assemblée nationale.
00:24:27 Restez bien avec nous sur CNews.
00:24:29 A tout de suite, on sera en direct de l'Elysée, de l'Assemblée nationale.
00:24:31 Et bien sûr, on vous donne la parole.
00:24:33 Il est 14h30 sur CNews.
00:24:38 On commence par le flash info avec Miquel Dos Santos.
00:24:42 ...
00:24:45 -Nouvelle réunion de crise à l'Elysée
00:24:46 avec les ministres et les responsables de la majorité.
00:24:49 De nouveaux échanges à une demi-heure du début de la séance finale
00:24:52 sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale.
00:24:54 Plusieurs réunions avaient déjà eu lieu dans la matinée
00:24:56 avec plusieurs ténors de la majorité.
00:24:58 Selon nos sources, la piste du 49.3
00:25:00 serait celle privilégiée par Elisabeth Borne.
00:25:03 A Nicolas Sarkozy auditionné
00:25:04 par une commission d'enquête à l'Assemblée nationale,
00:25:06 l'ancien président de la République a déclaré que, sous son mandat,
00:25:09 le nucléaire a fait l'objet d'une campagne de dénigrement
00:25:12 digne des chasses aux sorcières du Moyen-Âge.
00:25:14 L'objectif de cette commission est d'établir les raisons
00:25:16 de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique
00:25:18 de la France.
00:25:19 Enfin, un vol de voiture toutes les 4 minutes,
00:25:22 c'est ce que révèle l'Observatoire des vols Coyotes Sécures
00:25:24 pour l'année 2022.
00:25:26 Pour la première fois depuis plus de 10 ans,
00:25:28 les vols de voiture en France sont en éthéos.
00:25:30 Plus 9 %, les SUV et les véhicules hybrides arrivent en tête.
00:25:34 Sur le podium des régions les plus touchées,
00:25:36 l'Ile-de-France, l'Apaca et l'Auvergne-Rhône-Alpes.
00:25:38 ...
00:25:40 -Je suis toujours en compagnie d'Yvan Riofol,
00:25:42 Eric Derritte-Mathen, Mathieu Langlois.
00:25:44 On part tout de suite à l'Assemblée nationale.
00:25:46 C'est dans une demi-heure que va débuter l'examen du texte.
00:25:49 Vous savez que le Sénat a adopté la réforme des retraites.
00:25:51 C'est donc au tour de l'Assemblée nationale.
00:25:53 Tous les yeux sont braqués sur l'hémicycle.
00:25:56 Et Elodie, Mickael Dos Santos le disait,
00:25:58 il y a une nouvelle réunion de crise avec Emmanuel Macron,
00:26:01 la Première ministre et les ministres responsables.
00:26:03 Est-ce qu'on peut, j'allais dire, légitimement dire
00:26:07 que là, on penche de plus en plus vers l'utilisation du 49-3 ?
00:26:10 ...
00:26:13 -Ecoutez, Clély, cette réunion surprise
00:26:15 ressemble quand même à s'y méprendre.
00:26:17 Un Conseil des ministres extraordinaire surprise
00:26:19 parce qu'on le rappelle, si le gouvernement
00:26:21 doit déclencher le 49-3, il faut qu'il ait été validé
00:26:24 en Conseil des ministres.
00:26:25 Ici, dans les couloirs de l'Assemblée,
00:26:27 on attend aussi cette décision.
00:26:28 Et c'est très drôle parce que, que ce soient les députés
00:26:30 ou parfois les collaborateurs parlementaires,
00:26:32 tout le monde nous demande si on sait, nous,
00:26:33 si le 49-3 sera utilisé.
00:26:35 Pour l'incertitude qui règne, les groupes sont déterminés.
00:26:39 Le groupe majoritaire, une partie des Républicains
00:26:41 sont déterminés à aller au vote et à voter en faveur
00:26:43 de cette réforme. Du côté de la gauche,
00:26:45 on n'a pas changé d'avis, on demande son retrait
00:26:46 et on estime qu'un 49-3 ne serait pas tolérable.
00:26:49 D'ailleurs, ça n'est pas étonnant.
00:26:50 Depuis le début, la gauche dit qu'elle est le relais
00:26:53 de l'opinion publique, le relais de la colère de la rue.
00:26:55 Et on l'a entendu, y compris dans vos émissions,
00:26:57 le 49-3 pour les syndicats, évidemment.
00:26:59 Ça ne passe pas, le suspense ne sera pas très long.
00:27:01 De toute façon, à 15h, les débats vont commencer ici.
00:27:04 À quel moment ils seront arrêtés ?
00:27:05 Jusqu'à tout moment, si le 49-3 est déclenché.
00:27:07 Elisabeth Borne peut monter à la tribune
00:27:09 et déclencher ce fameux article.
00:27:12 On se rappelle qu'encore hier, on nous disait
00:27:14 que le 49-3 était très loin, qu'il fallait à tout prix
00:27:16 aller au vote, mais il va peut-être falloir
00:27:19 se rendre à l'évidence concrètement en termes de voix.
00:27:21 Pour l'instant, on voit bien qu'il n'y a pas de majorité.
00:27:24 Le gouvernement peut essayer de compter sur sa chance
00:27:26 en se disant qu'il y a des revirements
00:27:27 en dernière minute, en se disant qu'il y aura des abstentions.
00:27:29 Mais c'est quand même un pari extrêmement risqué
00:27:32 sur cette réforme, quand même, qu'on a tous qualifié,
00:27:34 sans doute, de la plus mémorable, la plus importante
00:27:36 de ce quinquennat.
00:27:37 -Suspects politiques.
00:27:38 Merci beaucoup, Oléodie Huchard,
00:27:40 avec les images d'Olivier Gangloff.
00:27:43 On reviendra vous voir.
00:27:44 Si vous avez des informations, évidemment, vous nous rappelez.
00:27:47 On ira également à l'Elysée retrouver Gauthier Lebret.
00:27:51 Vous savez que c'est là qu'a lieu cette ultime réunion
00:27:54 entre le président de la République,
00:27:56 la Première ministre et les ministres responsables
00:27:58 de cette réforme.
00:28:00 On sera bien sûr en direct de l'Assemblée nationale
00:28:01 à partir de 15h pour suivre l'examen
00:28:04 de ce texte.
00:28:05 Nous sommes en ligne avec Karim Abbas,
00:28:07 qui est des ménageurs et qui va nous parler des effets
00:28:10 de cette réforme des retraites sur, évidemment, sa profession.
00:28:15 Et puis, nous sommes également en ligne avec Philippe Manot,
00:28:17 qui est secrétaire général, Union départementale
00:28:20 des syndicats Force ouvrière de Gironde,
00:28:22 qui a déjà participé à un rassemblement
00:28:24 en fin de matinée et qui va de nouveau participer
00:28:27 à un rassemblement ce soir. On va en parler.
00:28:29 Karim Abbas, bonjour à tous les deux déjà.
00:28:31 Karim, deux ans de plus à déménager des meubles,
00:28:35 à les porter, à les transporter.
00:28:37 Envisageable, pas envisageable ?
00:28:39 Bonjour à tous.
00:28:42 Honnêtement, c'est pas envisageable.
00:28:44 Honnêtement, pas du tout.
00:28:46 Je pense que le gouvernement ne va pas nous aider du tout.
00:28:48 Donc, on va voir le corps jusqu'où il va nous mener.
00:28:53 On va voir ce qui va se passer.
00:28:54 On va voir où cela va nous mener.
00:28:57 On va voir un peu ce qui se passe.
00:28:59 Là, devant moi, il y a des retraités.
00:29:02 Ils sont eux-mêmes, je leur ai déjà posé des questions.
00:29:05 Eux-mêmes, ils sont eux-mêmes, déjà,
00:29:06 ils me disent d'augmenter les retraites.
00:29:09 Donc, vous voyez, je ne pense pas que moi-même,
00:29:12 j'arriverai à l'âge de 64 ans pour la retraite.
00:29:15 Honnêtement, déjà, je ne travaillerai plus dans le déménagement.
00:29:18 Ça, c'est sûr.
00:29:19 À quel âge est-ce que vous avez commencé à travailler, Karim ?
00:29:23 J'ai commencé à l'âge de 18 ans.
00:29:26 J'étais intérimaire à la base, en premier.
00:29:29 Donc, il y aura ce que je vais dire.
00:29:30 Alors, petite précision avec Éric Derrida,
00:29:32 qui est en train de faire les calculs, justement,
00:29:34 parce que vous savez qu'il y a eu un dispositif de carrière longue
00:29:36 et de nouveau un vote, d'ailleurs, à ce sujet, Éric.
00:29:38 Alors, c'est un peu compliqué.
00:29:39 Donc, on compte sur vous.
00:29:40 Ce qui a été acté hier, c'est à la commission,
00:29:43 c'est qu'effectivement, si vous avez commencé, vous,
00:29:46 avant 18 ans, c'est bien ça, j'ai compris.
00:29:49 C'est dit, vous aurez le droit de partir 4 ans plus tôt.
00:29:53 Donc, 64 ans moins 4 ans, ça fait 60.
00:29:57 Mais même 60, est-ce que pour vous, c'est faisable ?
00:29:59 Est-ce que vous avez déjà quelque mal, quelque part ?
00:30:03 Honnêtement, c'est bien gentil d'enlever 4 ans,
00:30:07 mais ça ne va vraiment pas nous aider.
00:30:09 Comme je l'ai dit l'autre fois,
00:30:10 moi, je ne me verrai jamais à l'âge de 60 ans
00:30:12 récupérer un frigo ou quoi que ce soit d'autre, honnêtement.
00:30:17 Je préférerais, à l'âge de 60 ans,
00:30:19 de travailler dans un travail un peu moins pénible que le nôtre,
00:30:23 on va dire.
00:30:24 Oui.
00:30:26 Une question pour vous, Karim, de Mathieu Langlois.
00:30:29 De toute façon, on comprend tous que déménager,
00:30:32 parce qu'on l'a tous fait, mais pas à votre niveau,
00:30:34 mais déménager et même passer, je ne sais pas,
00:30:36 55 ans, ça dépend de votre gabarit.
00:30:38 Apparemment, vous avez l'air assez costaud.
00:30:41 Mais c'est sûr que de toute façon,
00:30:43 il y a un moment où le corps dira non.
00:30:46 Et est-ce que vous avez déjà, ou est-ce que dans votre entreprise,
00:30:49 il y a déjà des plans de reconversion qui sont anticipés
00:30:54 pour justement ne pas attendre de toute façon
00:30:56 d'être en grande souffrance physique
00:30:58 pour penser à un autre métier ?
00:31:01 Exactement, comme là, il y a des déménageurs,
00:31:05 on est en train de parler entre nous,
00:31:07 il y en a qui veulent changer de métier,
00:31:09 il y en a qui veulent changer carrément de métier.
00:31:11 Mais nous, si des déménageurs commencent à partir de chez nous,
00:31:15 c'est sûr que la société, là aussi, ça ne va pas l'aider du tout.
00:31:19 Vous avez quel âge, rappelez-nous, Karim, là, actuellement ?
00:31:24 J'ai 38 ans.
00:31:25 38 ans, la connexion saute un peu parfois,
00:31:28 on vous entend mal, merci de l'avoir précisé.
00:31:31 Nous sommes, alors, je vais poser une question à Philippe Manot,
00:31:34 je voulais juste vous dire aussi que nous étions en direct
00:31:36 de la salle des Pas Perdus, c'est à l'Assemblée nationale,
00:31:38 parce que dans maintenant 25 minutes,
00:31:41 l'examen de ce texte, de la réforme des retraites,
00:31:42 dont nous parlons aujourd'hui, va commencer.
00:31:46 Philippe Manot, vous avez entendu Karim Hamas
00:31:49 nous parler des difficultés de son métier,
00:31:51 nous parler de son âge, nous parler de la pénibilité
00:31:55 et de sa carrière longue, puisqu'il a commencé à travailler plutôt jeune.
00:31:59 Vous, vous battez, mais vous allez vous battre jusqu'où ?
00:32:01 Si, par exemple, le texte passe, là, d'ici, dans l'après-midi,
00:32:05 est-ce que vous allez continuer de vous battre, malgré tout ?
00:32:07 Comment ça va se passer ?
00:32:10 Écoutez, déjà, ce qu'a dit mon camarade de la CGT,
00:32:12 je partage, c'est que, plus largement, l'ensemble des salariés,
00:32:15 l'ensemble de la population rejette la réforme.
00:32:17 La preuve, d'ailleurs, le président Macron
00:32:20 a presque 15 ans, n'a toujours pas décidé comment il faisait.
00:32:23 Si cette réforme était si positive, il aurait une majorité haut la main.
00:32:27 Or, ce n'est pas le cas.
00:32:28 92 % des salariés sont contre la réforme,
00:32:31 75 % de la population est contre la réforme.
00:32:34 Donc, même s'ils avaient la légalité pour eux,
00:32:36 leur vote, de toute façon, sera illégitime,
00:32:38 parce qu'il s'oppose à la grande majorité de la population.
00:32:41 C'est la régulation sociale à tous les étages,
00:32:43 et de toute façon, en force ouvrière,
00:32:44 nous continuerons, dans le cadre de l'intersyndicale,
00:32:47 avec nos camarades de la CGT, de la CFDT, etc.
00:32:50 Donc, ce n'est pas acceptable, c'est un véritable coup de force.
00:32:53 Le coup de la légalité, par exemple,
00:32:56 le travail des enfants était légal au XIXe siècle,
00:32:58 et pourtant, les syndicalistes se battaient
00:33:00 contre une loi qui était légale.
00:33:02 Donc, pour nous, la légitimité allait du côté
00:33:04 des organisations syndicales, des travailleurs
00:33:06 qui, depuis deux mois, se mobilisent.
00:33:07 Alors, vous savez qu'il y a plusieurs options à l'Assemblée nationale,
00:33:10 d'ici une petite demi-heure.
00:33:12 Donc, soit il y a un vote favorable, soit il y a un vote contre,
00:33:14 soit il y a l'utilisation du 49-3.
00:33:17 Si le 49-3, qui est une manière de passer en force pour le gouvernement,
00:33:21 est l'option choisie par le gouvernement,
00:33:25 ce sera évidemment différent pour vous, j'imagine ?
00:33:29 Écoutez, le gouvernement, il y a une qualité,
00:33:30 il nous apprend à compter.
00:33:32 L'article 38 au Sénat, l'article 47-1, l'article 49-3,
00:33:36 c'est-à-dire, c'est le coup de force permanent.
00:33:38 C'est le contraire de la démocratie,
00:33:39 c'est le contraire de ce que pensent les citoyens.
00:33:41 Donc, de toute façon, pour nous, la mobilisation continuera.
00:33:44 D'ailleurs, depuis lundi, on a les camarades de Enedis en intersyndicale,
00:33:48 CGTFO, CFDT, qui sont à la centrale du Blayé.
00:33:51 On a les camarades de l'Éducation nationale
00:33:53 qui sont en grève le 15, le 16 et le 17.
00:33:56 On a les camarades de la DGFI, Ex-Finance publique,
00:33:59 enfin les finances publiques, les Trésors Impôts, qui sont en grève.
00:34:02 Donc, on n'acceptera pas et on ne lâchera pas.
00:34:04 Et ce soir, à 17h,
00:34:05 on sera à côté, plein centre-ville et de place tournie,
00:34:08 à côté de la permanence du député Thomas Cazeneuve du parti macroniste.
00:34:12 Et on ne lâchera pas parce que la majorité de la population,
00:34:15 la majorité des salariés est avec nous.
00:34:17 Une question pour vous, D. Riefen.
00:34:20 Une réflexion, donc.
00:34:21 J'ai déjà pointé le fait que les syndicats, malgré tout,
00:34:24 avaient échoué dans leur mot d'ordre
00:34:27 qui était de mettre à l'arrêt la France.
00:34:29 Et là-dessus, je pense que tout le monde peut être d'accord.
00:34:33 En revanche, je reconnais aux syndicats
00:34:34 d'avoir instillé plus qu'un doute aujourd'hui
00:34:36 sur la validité de cette réforme des retraites.
00:34:39 Moi, je suis de ceux qui défendent la retraite
00:34:42 et l'allongement de la durée de cotisation.
00:34:44 Mais je dois reconnaître que le débat,
00:34:47 enfin, le débat en tout cas parlementaire,
00:34:49 le débat entre les syndicats sur les plateaux de télévision
00:34:52 a montré qu'il y avait malgré tout un manque,
00:34:55 un angle mort dans la mesure où vous avez en France aujourd'hui
00:34:58 23 millions de salariés qui travaillent
00:35:00 pour 67 millions de Français.
00:35:02 Vous avez 10 millions de Français en âge de travailler
00:35:05 qui, pour des questions de chômage ou pour des questions de refus d'emploi,
00:35:08 ne travaillent plus.
00:35:09 Il faut également quand même réfléchir au fait
00:35:11 de remettre une partie de ces gens-là sur le marché du travail
00:35:15 afin d'alimenter les cotisations qui manquent.
00:35:18 C'est une affaire, c'est également une évidence,
00:35:20 qui manque à la retraite par répartition.
00:35:22 Et donc, je reconnais en effet que les syndicats,
00:35:25 malgré ces mots d'ordre qui ont été,
00:35:29 me semble-t-il, beaucoup trop optimistes,
00:35:30 ont réussi malgré tout à enclencher plus qu'un doute
00:35:34 maintenant sur cette réforme.
00:35:35 En tout cas, une réflexion peut-être même sur le travail,
00:35:37 ce que vous disiez,
00:35:38 la manière dont le travail est organisé aussi.
00:35:40 Oui, la manière dont cette réforme a été conduite.
00:35:43 Si j'avais à résumer, je pense qu'on a mis la charrue avant les bœufs
00:35:46 et plutôt que de vouloir effectivement faire cotiser
00:35:49 à tout le monde qui travaillait,
00:35:50 peut-être voir si on ne pouvait pas mettre au travail
00:35:51 ceux qui ne travaillent pas.
00:35:52 Philippe Manot, peut-être un complément à cette réflexion ?
00:35:56 Oui, un complément.
00:35:57 Je ne suis pas d'accord avec tout ce que a dit le monsieur Rioful,
00:36:00 mais je peux être d'accord sur le fait qu'on peut mettre des gens au travail.
00:36:03 Par exemple, il manque 200 000 salariés dans le milieu hospitalier
00:36:05 et dans les EHPAD.
00:36:07 Le gouvernement supprime 2 000 postes d'enseignants
00:36:09 dans le premier degré à la rentrée et n'en crée que 3 000 dans la santé.
00:36:13 Du boulot, on peut en trouver pour les infirmières,
00:36:15 les aides-soignantes dans les EHPAD,
00:36:17 où il y a un manque flagrant de personnel,
00:36:19 où il faudrait recruter massivement.
00:36:21 Ouvrons les concours d'infirmières, d'aides-soignantes,
00:36:25 ouvrons les concours de médecins, ouvrons les concours d'enseignants
00:36:28 et vous verrez que plein de jeunes chercheront à travailler
00:36:30 alors qu'on fait le contraire.
00:36:32 On va demander à des seniors d'aller bosser jusqu'à 64 ans
00:36:35 alors qu'ils sont épuisés au lieu de laisser leur place
00:36:37 à des jeunes qui ne demandent qu'à travailler.
00:36:39 C'est ça la situation.
00:36:40 Et c'est pour ça qu'il y a ce projet qui dépasse d'ailleurs le champ syndical,
00:36:43 qui touche même des gens de sensibilité
00:36:46 pas très spécialement syndicalistes,
00:36:48 mais qui disent "trop c'est trop, trop c'est trop, c'est la régression sociale".
00:36:52 Et on voit les carabistouilles qu'essaye de faire le gouvernement
00:36:55 en essayant de faire des arrangements.
00:36:58 Nous, on ne marche pas là-dedans, on ne lâchera pas le morceau,
00:37:00 quel que soit le vote.
00:37:01 Et on voit d'ailleurs que le gouvernement est en très grosse difficulté
00:37:03 et on s'en résout.
00:37:04 Je rappelle qu'il y a une ultime réunion
00:37:06 avant l'examen du taxe qui a lieu en ce moment à l'Elysée.
00:37:10 Mathieu Langlois, une question pour...
00:37:11 Vous savez que nous sommes toujours en ligne avec Karim Abbas et Philippe Manot.
00:37:15 C'est une question pour M. Manot.
00:37:17 Dans ce que j'ai entendu, j'ai l'impression que c'est un peu la rue
00:37:21 qui devrait avoir le pouvoir et qui commanderait.
00:37:24 Or, on a quand même élu un président de la République.
00:37:27 Moi, ce que j'attends de lui, c'est qu'il ait une vision,
00:37:29 qu'il ait du courage, même si je ne suis pas d'accord
00:37:31 et même si je ne partage pas ses opinions sur certains sujets.
00:37:35 Voilà, c'est lui qu'on a nommé pour mener à bien la destinée du pays.
00:37:42 Or, là, on a l'impression qu'en fait,
00:37:43 on voudrait un président qui fasse plaisir à la rue
00:37:46 ou qui entend un peu plus la rue
00:37:48 et que le 49-3, ce serait uniquement un coup de massue
00:37:52 qui viendrait donner or c'est un outil constitutionnel
00:37:55 pour continuer à faire avancer le débat politique.
00:37:59 Et là, je trouve qu'on se…
00:38:03 on confond pas mal un peu entre, évidemment…
00:38:06 Quelle légitimité, finalement ?
00:38:07 Notre vendication qui est juste et qu'on entend,
00:38:10 et en même temps, ce qu'est réellement la politique d'un pays.
00:38:14 Pour ça, c'est des gens qu'on a élus.
00:38:17 Alors, Philippe Manot, je vous laisse répondre.
00:38:19 Oui, oui, pas de souci.
00:38:21 Écoutez, pour rappel, le parti de M. Macron est minoritaire à l'Assemblée.
00:38:26 Il a perdu 100 députés. Il n'a pas de majorité.
00:38:29 Je suis désolé, les élus de la République,
00:38:31 même de point de vue syndicaliste,
00:38:32 ils doivent écouter ce que disent les citoyens.
00:38:35 L'intersyndical vient de lire à l'instant
00:38:36 un plan des députés à ne pas voter la loi.
00:38:38 Donc, ce n'est pas histoire que la rue gouverne,
00:38:41 c'est que les députés doivent refléter ce que disent la population.
00:38:45 Et pour reprendre ce qu'a dit votre journaliste,
00:38:47 il dit "le président est élu".
00:38:49 Oui, je rappelle d'ailleurs qu'au soir du second tour,
00:38:51 il avait même dit qu'il n'était pas élu sur son programme,
00:38:53 qu'il avait été élu dans des circonstances exceptionnelles
00:38:56 et qu'il s'en souviendrait et qu'il en tiendrait compte.
00:38:59 Or, il n'en tient pas compte du tout,
00:39:00 puisque, je viens de le dire, c'est vos sondages qui le disent,
00:39:02 ce n'est pas les syndicats qui disent ça.
00:39:04 93 % des salariés sont contre la réforme,
00:39:07 65 à 75 % de la population ne s'est pas écouté la rue,
00:39:11 c'est écouté sa population,
00:39:13 c'est écouté ses travailleurs, ses salariés et tous les citoyens.
00:39:17 C'est ça la problématique, et d'ailleurs la preuve qu'il est dans une impasse,
00:39:20 c'est qu'il hésite entre le vote et le 49-3, ça c'est son problème.
00:39:23 Nous, on n'est pas dans un système politique, d'ailleurs,
00:39:26 on est à l'aise puisqu'à FO, on ne donne pas de consigne de vote
00:39:28 et on n'a pas donné de consigne de vote en dernier.
00:39:30 Donc, on le rappelle, nous, on défend les intérêts des salariés,
00:39:33 et les salariés et la population, globalement, largement,
00:39:37 ne veulent pas de cette loi.
00:39:38 Donc, le rôle d'un député, le rôle d'un sénateur,
00:39:41 c'est de dire, moi, je pense que ça peut être bien,
00:39:43 mais j'entends les citoyens, j'entends les salariés qui s'opposent
00:39:46 et j'en tiens compte en votant contre la réforme.
00:39:49 Je vous donnais juste mon avis de citoyen comme vous,
00:39:52 moi, je ne suis pas journaliste.
00:39:54 Karim Abbas...
00:39:57 C'est pareil, journaliste ou citoyen, l'argumentaire serait le même.
00:40:00 La majorité de la population est contre la réforme.
00:40:03 Karim Abbas, vous, est-ce que vous pensez qu'il faut continuer
00:40:05 de vous battre, même si la réforme passe tout à l'heure ?
00:40:10 Honnêtement, il faut continuer de se battre.
00:40:12 Qu'elle passe ou qu'elle ne passe pas, il faut continuer de se battre.
00:40:15 Parce que je ne trouve pas ça normal qu'il faut travailler jusqu'à un certain âge.
00:40:18 C'est quand qu'on va profiter de la vie ?
00:40:20 Moi, vous savez, de travailler 7 à 8 heures par jour,
00:40:23 c'est la moitié d'une vie.
00:40:25 Vous vous rendez compte ? Moi, excusez-moi,
00:40:27 mais là, en ce moment, je traverse une période un peu très difficile
00:40:31 par rapport... Parce que moi, j'ai mon oncle,
00:40:34 le frère de ma mère, il est décédé, là, il y a deux mois,
00:40:38 à l'âge de 67 ans.
00:40:40 J'ai ma demi-soeur, elle vient de décéder il y a trois jours.
00:40:43 67 ans, elle vient de faire son anniversaire.
00:40:46 On va profiter de quand ? La retraite.
00:40:49 On travaille toute notre vie pour quoi ?
00:40:52 C'est ça, le truc.
00:40:54 C'est révoltant. Moi, je trouve que c'est révoltant.
00:40:57 On ne profite pas de notre vie.
00:41:00 Il n'y a pas que le travail, aussi.
00:41:02 Il n'y a pas que le travail. Il faut profiter de la vie.
00:41:05 On peut mourir à 22 ans, on peut mourir à 50 ans.
00:41:08 C'est ça, le truc. Il faut penser aussi à ça.
00:41:10 Et je pense que M. Macron et tous les autres
00:41:13 n'ont pas ce genre de calcul.
00:41:15 N'ont pas ce genre de calcul. Voilà.
00:41:17 Karim, vous restez évidemment avec nous,
00:41:21 mais on va aller retrouver Elodie Huchard à l'Assemblée nationale,
00:41:23 Gautier Lebray à l'Elysée,
00:41:25 parce qu'un Conseil des ministres est convoqué.
00:41:27 À l'instant, on est à un peu plus de 10 minutes
00:41:30 de l'examen en Conseil des ministres, Gautier.
00:41:33 Et on vient d'apprendre qu'un Conseil des ministres
00:41:36 était convoqué, ce qui laisse entendre
00:41:38 qu'un 49.3 devrait être utilisé.
00:41:40 Oui, les voitures sont en train d'arriver.
00:41:44 Les voitures des ministres qui ne participaient pas
00:41:46 aux trois réunions de ce matin
00:41:48 sont en train d'arriver ici, effectivement, à l'Elysée.
00:41:50 Un Conseil des ministres vient d'être convoqué,
00:41:52 ce qui signifie qu'Emmanuel Macron va avoir recours au 49.3
00:41:55 et qu'Elisabeth Borne devrait engager
00:41:56 la responsabilité de son gouvernement
00:41:58 pour faire passer sa réforme des retraites,
00:42:00 ce qui représente un échec sévère
00:42:01 pour le président de la République et pour son gouvernement,
00:42:04 lui qui s'était engagé à ne pas utiliser de 49.3,
00:42:07 qui disait encore hier vouloir aller au vote.
00:42:09 Eh bien, il s'est ravisé.
00:42:11 Et les voitures des ministres,
00:42:12 donc, qui, je crois, continuent d'arriver.
00:42:14 Donc, voilà, Emmanuel Macron qui convoque
00:42:16 un Conseil des ministres exceptionnel
00:42:18 pour que le Conseil des ministres autorise Elisabeth Borne
00:42:20 à avoir recours au 49.3 face, eh bien,
00:42:23 aux alternements des Républicains.
00:42:25 Il n'a pas réussi à ne pas se passer de ce 49.3.
00:42:29 -Merci beaucoup, Gauthier Lebret. On va rester avec vous.
00:42:31 On va se retrouver dans un instant.
00:42:32 Merci à Charles Baget qui vous accompagne.
00:42:34 On va aller aussi à l'Assemblée nationale
00:42:35 retrouver Elodie Huchard.
00:42:38 Mais je voulais avoir votre réaction,
00:42:40 puisqu'on vient d'apprendre qu'on s'achemine
00:42:42 finalement vers un 49.3.
00:42:44 -Ivan Rigofold. -Cette réforme des retraites
00:42:46 a révélé la grave crise de la démocratie représentative.
00:42:50 Et là, on est au cœur du noyau nucléaire
00:42:52 où l'on voit que la crise de confiance
00:42:54 oblige aujourd'hui le gouvernement.
00:42:55 Et le président de la République lui-même
00:42:57 a passé par une sorte de coup de force,
00:42:58 voire de bras d'honneur, pour reprendre une expression
00:43:02 qui avait été celle qui avait été lancée
00:43:04 par le garde des Sceaux
00:43:05 avec son geste à l'Assemblée nationale.
00:43:08 Et cela risque d'être très grave, en effet,
00:43:10 parce que cela, d'abord, c'est un échec
00:43:12 pour le président de la République,
00:43:13 qu'il avait dit qu'il voulait, quoi qu'il arrive, un débat.
00:43:15 Et ce débat n'aura pas lieu.
00:43:17 Et naturellement, cela vient dans cette atmosphère
00:43:20 très tendue où tous les Français,
00:43:21 aujourd'hui, une grande partie des Français,
00:43:23 se rendent compte, en effet, que le débat sur les retraites
00:43:25 a été un débat confisqué.
00:43:27 -Alors, vous voyez ici un des images
00:43:29 d'une manifestation qui a lieu en ce moment même
00:43:31 à l'Assemblée nationale, devant l'Assemblée nationale,
00:43:33 en tout cas.
00:43:34 Philippe Manot, je voulais également avoir votre réaction,
00:43:37 puisque on s'achemine donc vers un 49.3
00:43:40 qui sera utilisé lors de la séance à l'Assemblée nationale
00:43:44 lors de cet examen de la réforme des retraites.
00:43:48 -Ecoutez, ça confirme ce que je dis,
00:43:49 c'est que le projet de réforme est minoritaire dans le pays,
00:43:52 puisque la loi serait tellement fantastique,
00:43:55 qu'elle devrait passer haut la main.
00:43:56 Or, elle ne passe pas haut la main, c'est 49.3.
00:43:58 C'est le coup d'État permanent,
00:44:00 ça a été dit avant moi dans l'histoire,
00:44:01 mais c'est une faiblesse politique innommable.
00:44:04 C'est aller à l'encontre de la population
00:44:06 et on continuera plus que jamais pour gagner le retrait,
00:44:09 pour obtenir le retrait, parce que notre combat est légitime.
00:44:12 Le gouvernement est minoritaire,
00:44:14 il peut utiliser tous les stratagèmes qu'il veut,
00:44:16 ils ne lâcheront pas sur cette question.
00:44:18 C'est un aveu de faiblesse et ça confirme
00:44:20 ce qu'on dit depuis des mois.
00:44:22 La population, dans son ensemble, rejette,
00:44:24 ne veut pas les deux ans de plus,
00:44:25 ne veut pas l'accélération des annuités.
00:44:28 Toutes les carabistouilles qui ont été inventées
00:44:30 sur la retraite à 1 200 €, tout le monde a compris,
00:44:32 même les politologues, les analystes les plus modérés
00:44:35 ou les plus macronistes ont refusé tout ça.
00:44:38 Ça veut dire vraiment que Macron est en difficulté,
00:44:40 c'est son problème, nous, on reste sur le champ syndical,
00:44:42 le rapport de force, la grève, et ce sera 17h,
00:44:45 on sera sur les allées tournies à manifester
00:44:48 pour exiger le retrait.
00:44:49 -Merci beaucoup, Philippe Beno.
00:44:50 Merci également au témoignage de Karim Abbas.
00:44:52 On va marquer un instant de pause et puis, évidemment,
00:44:54 on se retrouve, on ira à l'Assemblée nationale,
00:44:56 à l'Elysée également.
00:44:57 Je vous rappelle cette dernière information,
00:44:59 un conseil des ministres extraordinaire
00:45:01 a été convoqué à l'Elysée.
00:45:03 On est à peine 10 minutes avant le début de la séance
00:45:06 à l'Assemblée nationale, ça veut dire donc qu'on s'achemine
00:45:09 vers l'utilisation de l'article 49.3
00:45:11 pour faire passer cette réforme des retraites
00:45:13 à l'Assemblée nationale.
00:45:15 Restez bien avec nous, à tout de suite sur CNews.
00:45:17 (Générique)
00:45:19 ---
00:45:21 -On va tout de suite partir à l'Assemblée nationale.
00:45:22 On vient d'apprendre qu'Emmanuel Macron allait utiliser
00:45:25 l'article 49.3 pour faire passer sa réforme des retraites.
00:45:28 Élodie Uchard.
00:45:29 (Propos inaudibles)
00:45:31 -Oui, exactement, je vous le disais, il y a quelques instants,
00:45:34 on sentait que la balance commençait à pencher
00:45:36 du côté du 49.3.
00:45:38 Effectivement, Emmanuel Macron a donc décidé de le déclencher.
00:45:41 Plusieurs réunions se sont succédées.
00:45:43 D'abord, une réunion en théorie entre le président de la République
00:45:45 et Elisabeth Borne, nous a-t-on annoncé,
00:45:47 aux alentours des 14h, puis avec quelques ministres,
00:45:48 et puis ensuite, tout le reste du Conseil des ministres
00:45:51 a été convoqué.
00:45:52 Certains pourront participer, d'ailleurs, en visio,
00:45:55 ceux qui ne pourront pas forcément être là.
00:45:57 Alors, forcément, au Palais Bourbon,
00:45:58 ça a fait beaucoup parler, on l'a appris, nous-mêmes,
00:46:00 à un certain nombre de députés.
00:46:01 Des députés qui se retrouvent déçus, pour l'instant,
00:46:04 quasiment dans tous les camps, du côté de la majorité présidentielle.
00:46:07 On a voulu croire, jusqu'au bout, qu'un vote réel était possible.
00:46:10 Et puis, du côté des opposants, évidemment,
00:46:12 on n'est jamais content de passer par un coup de force.
00:46:15 Alors, maintenant, le scénario le plus probable, ici,
00:46:16 à l'Assemblée nationale, c'est qu'à 15h,
00:46:18 après l'ouverture de la séance,
00:46:20 Elisabeth Borne prenne la parole pour activer l'article 49,
00:46:23 aligna 3, de manière effective devant les députés.
00:46:26 Sinon, elle peut aussi laisser passer les explications de vote
00:46:29 qui n'ont désormais plus grand sens,
00:46:30 puisqu'on sait que le gouvernement qui a tant dit
00:46:32 qu'il voulait aller chercher ce vote,
00:46:33 eh bien, finalement, passera avec le 49-3.
00:46:36 - Oui, et on voit que la salle n'est pas perdue,
00:46:37 se remplit derrière vous,
00:46:39 puisque vous l'avez dit, Elodie Huchard,
00:46:40 la séance doit commencer d'ici quelques minutes à 15h.
00:46:43 On vous retrouvera, évidemment.
00:46:44 Merci à Jean-Laurent Constantini, qui vous accompagne,
00:46:46 Yvan Rioufol, c'est sûr.
00:46:48 Donc, Emmanuel Macron active le 49-3,
00:46:51 qui est finalement une option qu'il ne voulait pas activer.
00:46:54 - Oui, non seulement il ne voulait pas l'activer,
00:46:56 mais il avait même menacé de dissolution
00:46:59 si les députés refusaient de se ranger à son lucas.
00:47:04 Et donc, les députés, malgré tout, ont résisté,
00:47:06 ou en tout cas, ont fait comprendre qu'ils allaient résister.
00:47:08 Et donc, c'est un échec pour Emmanuel Macron,
00:47:10 mais ça me semble être un événement historique
00:47:12 assez important dans la mesure où cela élargit aujourd'hui
00:47:15 le conflit qui était réduit depuis quelque temps
00:47:17 avec l'essoufflement que l'on voyait
00:47:18 à la seule question des retraites,
00:47:20 avec des syndicats qui n'arrivaient plus à mobiliser
00:47:22 au-delà de leur clientèle, si je puis dire,
00:47:25 tandis que là, nous arrivons vraiment
00:47:27 dans une crise de la démocratie.
00:47:28 - C'est ce que j'allais dire, au moins,
00:47:29 une crise politique, peut-être.
00:47:30 - Une crise plus que politique, une crise de la démocratie,
00:47:33 me semble-t-il, dans la mesure où les Français,
00:47:35 déjà dans les sondages, cela se remarquait.
00:47:37 Vous avez dans "Le Monde" d'aujourd'hui ou d'hier
00:47:39 une étude de la Fondapol qui montre
00:47:41 que les Français sont déçus de la manière
00:47:44 dont fonctionne leur démocratie,
00:47:45 à 60 %, je ne me souviens plus exactement,
00:47:47 et donc cela alimente, bien entendu,
00:47:50 cet état d'esprit de frustration
00:47:53 d'une démocratie parlementaire représentative
00:47:55 qui ne représente plus personne,
00:47:56 et il me semble que l'élargissement de ce conflit
00:47:58 pourrait être tel aujourd'hui que bien des citoyens
00:48:01 qui ne se reconnaissaient pas dans la réforme des retraites,
00:48:03 et en tout cas dans les mots d'ordre des syndicats
00:48:05 et des progressistes et des partis de gauche,
00:48:06 puissent rejoindre aujourd'hui un mouvement plus général
00:48:09 pour protester effectivement contre cette crise politique
00:48:12 qui devient une crise démocratique.
00:48:13 Oui, parce que le risque, évidemment,
00:48:15 déjà que l'abstention était importante
00:48:16 et de plus en plus importante plus les élections passaient,
00:48:19 c'est évidemment que les gens se détournent
00:48:21 de ces moyens démocratiques.
00:48:24 C'est déjà fait, on voit bien, naturellement,
00:48:26 que la défiance est telle chez les citoyens
00:48:30 qu'ils se réfugient maintenant même
00:48:32 du côté de la société civile,
00:48:33 c'est la société civile elle-même,
00:48:35 c'est-à-dire le peuple lui-même,
00:48:37 qui est appelée en renfort afin de pallier
00:48:39 l'incapacité de dialogue, en tout cas au plus haut niveau,
00:48:43 et singulièrement sur cette réforme des retraites,
00:48:45 mais qui est une réforme des retraites
00:48:46 qui est symbolique du reste de l'incapacité qu'il y a
00:48:49 à dialoguer sur toutes les autres réformes.
00:48:51 Encore une fois, la réforme des retraites
00:48:53 était tout à fait à la limite marginale
00:48:55 par rapport aux autres grandes questions
00:48:57 qui ne sont toujours pas posées,
00:48:58 ne serait-ce que la question sur l'immigration qui va venir
00:49:00 ou la question sur le nucléaire.
00:49:01 Bref, on pourrait faire l'inventaire
00:49:03 de toute cette faillite d'une sorte d'oligarchie.
00:49:06 Aujourd'hui, c'est une oligarchie, me semble-t-il,
00:49:07 qui commence à être identifiée comme telle
00:49:11 et qui est éloignée à ce point des préoccupations des Français
00:49:15 qu'elle en vient maintenant à des artifices de procédures
00:49:17 pour passer en force.
00:49:18 En tout cas, on verra sur quelle crise cela débouche.
00:49:21 Une réflexion rapide, s'il vous plaît, Mathieu.
00:49:23 En tout cas, c'est sûr que ce n'est pas une bonne nouvelle.
00:49:25 Pour le gouvernement et Emmanuel Macron,
00:49:27 c'est une évidence, mais pour nous tous,
00:49:30 ce qu'on disait déjà avant, tout à l'heure,
00:49:35 c'est qu'il n'y aura que des perdants.
00:49:37 À mon avis, on va vite en voir les conséquences et les effets.
00:49:41 Yvan Rioufol l'a un peu dit.
00:49:43 C'est-à-dire que ça va encore plus fragiliser notre démocratie.
00:49:47 Et puis, comme vous l'avez dit,
00:49:48 ça va surtout empêcher de passer à autre chose.
00:49:51 Et le pays a vraiment besoin d'avancer.
00:49:55 En tout cas, à l'instant, le chef du Parti socialiste, Olivier Faure,
00:49:58 dénonce les caprices, je cite, du président,
00:50:00 après la décision de l'utilisation du 49-3.
00:50:03 Mélodie Euchard nous l'a dit,
00:50:04 ça fait beaucoup réagir dans l'hémicycle.
00:50:07 On va être en direct.
00:50:08 Vous avez vu les images à la fois de l'Assemblée nationale,
00:50:11 de l'Elysée, où ce Conseil des ministres extraordinaire
00:50:14 a été convoqué pour pouvoir dégainer,
00:50:16 comme on dit, ce 49-3.
00:50:18 C'est institutionnel, il fallait en passer par là.
00:50:21 La séance à l'Assemblée nationale va évidemment s'ouvrir.
00:50:25 Elle devrait s'ouvrir maintenant.
00:50:26 On va être en direct de l'Assemblée nationale
00:50:28 pour voir les députés arriver.
00:50:31 Et cette séance commencée,
00:50:33 on ira également sur place retrouver nos reporters,
00:50:37 que ce soit Mélodie Euchard, Gauthier Lebray.
00:50:39 Nous sommes également devant l'Assemblée nationale,
00:50:41 où a lieu en ce moment une manifestation
00:50:44 contre cette réforme des retraites.
00:50:45 Gauthier Lebray, finalement, le président n'a pas eu le choix.
00:50:49 -S'il avait le choix, il pouvait aller au vote
00:50:55 et prendre le risque, effectivement,
00:50:57 de voir sa réforme retoquée et pourquoi pas dissoute.
00:50:59 C'est ce qu'il avait dit hier devant ses ministres.
00:51:01 Donc c'est un sérieux revers pour Emmanuel Macron,
00:51:05 puisqu'effectivement, il n'a pas réussi
00:51:07 à ne pas utiliser le 49-3,
00:51:09 alors que toute la semaine,
00:51:10 des ministres, des responsables de la majorité
00:51:12 disaient que le recours au 49-3 n'était pas à l'ordre du jour.
00:51:16 Donc effectivement, je vous le disais,
00:51:18 il y a un peu moins de 10 minutes,
00:51:19 le Conseil des ministres a donc été convoqué.
00:51:22 On a vu encore, il y a quelques instants,
00:51:24 des voitures des ministres arriver ici, à l'Elysée,
00:51:26 pour autoriser Elisabeth Borne, donc,
00:51:28 à engager une nouvelle fois,
00:51:30 une nouvelle fois, ce sera la 11e fois,
00:51:32 la responsabilité de son gouvernement
00:51:35 pour faire passer cette réforme des retraites.
00:51:37 On entend déjà, évidemment, les oppositions
00:51:39 parler de passage en force.
00:51:40 Et donc, Elisabeth Borne, qui pourrait être très fragilisée
00:51:43 par l'utilisation de ce 49-3,
00:51:45 les jours de la Première ministre à Matignon
00:51:47 pourraient être comptés.
00:51:48 -Oui, évidemment, on l'entend.
00:51:50 Merci pour ce décryptage, Gauthier Lebray,
00:51:52 avec Charles Baget.
00:51:53 On fait un point sur l'actualité avec vous
00:51:55 et sur les principales informations.
00:51:57 Un résumé de cette journée avec vous.
00:51:59 Michael Dorian.
00:52:00 -Rebonjour, Kelly. Bonjour à tous.
00:52:01 Le gouvernement aura bien recours au 49-3,
00:52:04 alors que les prises de parole doivent démarrer
00:52:07 d'une minute à l'autre à l'Assemblée nationale.
00:52:09 Un conseil des ministres immédiat, préalable au 49-3,
00:52:12 se prépare selon l'exécutif.
00:52:14 Écoutez la réaction du député Europe Écologie-Les Verts,
00:52:17 Julien Bayou.
00:52:18 -Quel est le problème d'aller au vote et de perdre ?
00:52:21 Je peux vous dire, moi, qui suis dans l'opposition,
00:52:23 ça nous arrive assez régulièrement.
00:52:24 On survit. Et je pense que ça ferait du bien au pays
00:52:26 que le président assume sa défaite,
00:52:28 plutôt que d'utiliser des artifices, des manipulations.
00:52:33 C'est certes constitutionnel, le 49-3,
00:52:36 mais ça ressemble à un braquage,
00:52:37 surtout quand on est face à l'ensemble de l'opinion,
00:52:42 à 9 actifs sur 10, l'ensemble des syndicats.
00:52:44 On voit bien qu'il n'y a pas eu de concertation,
00:52:45 il n'y a pas eu de dialogue.
00:52:46 On voit bien qu'on est très, très loin
00:52:48 de la révolution démocratique qu'il nous promettait.
00:52:49 On voit bien qu'on est très, très loin du soir du second tour
00:52:52 quand il disait "ce vote m'oblige".
00:52:54 Je sais qu'une partie de la population a voté pour moi,
00:52:56 non pas pour moi, mais contre l'extrême droite.
00:52:58 Eh bien, par égard pour la démocratie,
00:53:02 par égard pour le sentiment de cohésion sociale,
00:53:05 qu'il aille au vote et qu'il perde ou qu'il retire sa réforme.
00:53:07 -Plus tôt dans la journée, la réforme des retraites
00:53:09 a été adoptée au Sénat.
00:53:10 Le vote a été acquis par 193 voix contre...
00:53:14 -Elisabeth Borne venait de quitter l'Elysée.
00:53:16 On va rejoindre tout de suite l'Assemblée nationale
00:53:18 où la séance d'examen de cette réforme des retraites va députer.
00:53:23 On va démarrer.
00:53:25 -Finalement, elle n'a pas encore tout à fait démarré.
00:53:26 Excusez-moi, Miquel, je vous ai coupé pour rien.
00:53:29 -Il n'y a pas de problème.
00:53:30 Plus tôt dans la journée, la réforme des retraites
00:53:33 avait été adoptée au Sénat.
00:53:34 Le vote a été acquis par 193 voix contre 114.
00:53:37 Sans surprise, les groupes LR et centristes
00:53:39 ont majoritairement voté en faveur de ce texte.
00:53:43 Et la dernière étape, d'une minute à l'autre,
00:53:45 avec les prises de parole et les votes des députés
00:53:48 à l'Assemblée nationale.
00:53:49 Sur le front de la mobilisation à présent,
00:53:51 Gironde, la zone de fret de Bruges au nord de Bordeaux,
00:53:54 est bloquée depuis ce matin par des manifestants.
00:53:56 Plus aucun véhicule n'entre ni ne sort du complexe.
00:54:00 Forces ouvrières, la CGT sud,
00:54:02 mais aussi un collectif important de Gilets jaunes
00:54:04 sont à l'origine de ce blocage.
00:54:06 Écoutez Olivier Dubary de l'Union départementale
00:54:09 Forces ouvrières de Gironde.
00:54:11 -La dernière ligne droite, je ne sais pas,
00:54:13 parce que les actions ne sont pas prêtes
00:54:15 de s'arrêter pour l'instant.
00:54:17 Les salariés et les citoyens de ce pays
00:54:20 demeurent opposés à cette réforme.
00:54:22 Donc tant qu'il y a de la motivation,
00:54:24 il y aura de toute façon la continuité du mouvement.
00:54:26 C'est la conséquence de la surdité du gouvernement
00:54:29 qui fait que le mouvement risque de surdursir
00:54:31 dans ce type d'action.
00:54:33 -Et puis la plupart des raffineries françaises
00:54:34 encore en grève aujourd'hui.
00:54:36 Ce matin, le dépôt de carburant de Donjette
00:54:38 est encore bloqué.
00:54:40 L'objectif est de maintenir la pression sur le gouvernement
00:54:42 et sur l'Assemblée nationale.
00:54:44 A préciser la CGT, la grève doit se poursuivre
00:54:47 au moins jusqu'à demain après-midi.
00:54:50 C'est la fin de ce journal.
00:54:52 La parole aux Français continue
00:54:53 avec Clély Mathias en cette journée spéciale.
00:54:56 -Ce sera la parole aux députés, même.
00:54:57 Merci beaucoup, Mickaël.
00:54:59 J'ai été un peu rapide pour vous couper.
00:55:01 Je pensais que la séance commençait.
00:55:03 Elle est commencée, d'ailleurs.
00:55:04 Ça ne va pas tarder, évidemment.
00:55:06 Peut-être qu'ils attendent l'arrivée
00:55:08 de la Première ministre, Elisabeth Borne,
00:55:09 qui a tout juste quitté l'Elysée
00:55:11 pour rejoindre l'hémicycle.
00:55:13 On le sait, le Conseil des ministres a autorisé...
00:55:17 a autorisé le gouvernement à utiliser
00:55:19 l'article 49, alinéa 3,
00:55:21 pour faire passer cette contestée réforme des retraites,
00:55:25 alors que, Mickaël l'a dit, elle est passée au Sénat,
00:55:28 mais à l'Assemblée nationale, ce ne sera pas le cas.
00:55:30 Donc, le président de la République
00:55:33 n'a pas eu d'autre choix que de recourir à l'article 49-3.
00:55:36 Il a préféré ça plutôt qu'un vote négatif,
00:55:39 un vote contre cette réforme des retraites.
00:55:42 C'est intéressant à analyser, quand même.
00:55:45 Peut-on déjà parler d'une crise politique ?
00:55:47 Déjà.
00:55:48 Je pense que c'est peut-être même une crise de régime.
00:55:50 En tout cas, le 49-3 me semblait être la pire des solutions.
00:55:53 Mais l'autre solution qui aurait consisté,
00:55:56 pour les députés, à voter cette réforme,
00:55:58 était également une solution qui aurait été rejetée,
00:56:01 parce qu'il y a dans le Figaro d'aujourd'hui un sondage
00:56:03 qui montre que, dans cette hypothèse d'un vote
00:56:06 par les députés de cette réforme des retraites,
00:56:10 62 % des Français auraient considéré
00:56:12 que la démocratie n'aurait pas été respectée.
00:56:14 Donc, quoi qu'il arrive, soit le 49-3,
00:56:17 soit le vote positif, aurait été rejeté
00:56:19 et aurait été vu comme une sorte de traîtrise.
00:56:22 Aujourd'hui, je pense qu'on risque de s'acheminer
00:56:24 vers une motion de censure
00:56:25 qui pourrait être déposée par M. de Courson,
00:56:27 qui, lui, pourrait avoir cet avantage
00:56:30 de fédérer autour de lui l'ensemble de ceux
00:56:32 qui ne veulent pas se parler, c'est-à-dire aussi bien
00:56:34 la France insoumise que le Rassemblement national
00:56:37 et d'autres encore.
00:56:38 Et là, s'il y avait une motion de censure,
00:56:39 cela pourrait naturellement être très préjudiciable
00:56:42 pour la suite de ce gouvernement,
00:56:43 voire pour la pérennité du président de la République.
00:56:47 Avec cette réserve, naturellement,
00:56:48 que tous ceux qui sont descendus dans la rue,
00:56:50 malgré tout, ont voté pour le président de la République.
00:56:53 Et donc, ils sont face à leur contradiction
00:56:55 et je ne suis pas sûr qu'ils puissent aller au bout
00:56:57 d'un raisonnement qui voudrait que,
00:56:58 puisque Macron a perdu,
00:57:01 il devrait en assumer les conséquences jusqu'au bout.
00:57:04 -Alors, évidemment, vous parliez de la rue
00:57:08 et de ces mobilisations.
00:57:09 On les a suivies sur CNews,
00:57:10 des mobilisations qui se poursuivaient aujourd'hui,
00:57:12 notamment devant l'Assemblée nationale.
00:57:15 Écoutez ces quelques militants au micro,
00:57:17 Jeanne Cancard et Fabrice Elsner.
00:57:19 -C'est inadmissible.
00:57:21 Ca veut dire que, un, déjà, on le savait déjà,
00:57:23 qu'ils sont contre la majorité du pays,
00:57:25 des travailleurs, mais pas seulement de l'ensemble des Français.
00:57:27 Et maintenant, ils sont même contre leur propre Parlement
00:57:30 puisqu'ils ne s'affirment pas à la majorité au Parlement.
00:57:32 Ce gouvernement est aux abois.
00:57:34 -Ce n'est pas possible. On ne peut pas faire passer comme ça.
00:57:36 Ce n'est pas démocratique.
00:57:37 On va continuer, on sera dans la lutte jusqu'au bout.
00:57:40 -Ce qui se passe à l'heure actuelle,
00:57:41 au sein de ce gouvernement, c'est un déni de démocratie.
00:57:44 On nous crache à la figure, nous, les citoyens de ce pays.
00:57:46 Notre détermination reste la même. Ca ne changera rien.
00:57:49 Après, on verra ce que donne la motion de censure.
00:57:51 Mais quoi qu'il arrive, que le gouvernement s'est disputé ou pas,
00:57:55 ce n'est pas notre sujet.
00:57:55 Notre sujet, nous, c'est la rue jusqu'au retrait de cette réforme.
00:57:59 -C'est la rue jusqu'au retrait de cette réforme,
00:58:01 disent-ils Jeanne Cancard.
00:58:03 C'est vous qui les avez interviewés, ces militants.
00:58:05 Ils sont d'ailleurs toujours présents,
00:58:07 alors que la séance a été ouverte, puis suspendue brièvement.
00:58:11 (Brouhaha)
00:58:14 -Vous voyez en ce moment sur ces images
00:58:15 quelques centaines de manifestants qui sont là
00:58:17 depuis le début de l'après-midi,
00:58:19 qui sont venus scander, évidemment, des slogans,
00:58:21 comme vous avez peut-être pu les entendre,
00:58:23 notamment Emmanuel Macron démission.
00:58:26 Ces manifestants qui nous disent qu'ils veulent continuer,
00:58:29 poursuivre le mouvement de contestation,
00:58:31 quelle que soit la forme.
00:58:32 Alors, ils ont appris en direct à notre micro
00:58:34 que le 49.3 a été déclenché par Emmanuel Macron.
00:58:38 Forcément, pour eux, c'est un signe de déni démocratique
00:58:41 d'utiliser cet article.
00:58:43 Les manifestants qui nous expliquent
00:58:45 que même si ce n'est pas par des grandes manifestations,
00:58:47 comme on a pu voir hier ou la semaine dernière,
00:58:49 ce sera par exemple des journées de grève,
00:58:51 voire de grève générale,
00:58:53 qui continueront à poursuivre ce mouvement
00:58:55 jusqu'au retrait définitif de la réforme des retraites.
00:58:58 Ils comptent rester ici,
00:58:59 à quelques centaines de mètres du Palais-Bourbon,
00:59:01 toute l'après-midi.
00:59:02 Vous voyez aussi un dispositif,
00:59:03 gendarmerie qui est assez important,
00:59:05 déployé ici pour contenir au maximum la colère,
00:59:08 puisque c'est le mot qui revient, évidemment, cet après-midi,
00:59:10 la colère des manifestants présents ici.
00:59:12 -Merci beaucoup.
00:59:15 Merci à vous, Jeanne Concard, avec Fabrice Selzner.
00:59:18 Alors qu'à l'Assemblée nationale,
00:59:20 on voit la présidente Yael Brande-Privet
00:59:22 qui a repris sa place,
00:59:24 et l'audit Huchard.
00:59:25 On l'a vu, d'ailleurs, sur CNews, une petite...
00:59:28 Ah non, on va directement à l'Assemblée nationale.
00:59:30 -La parole est à madame la Première ministre.
00:59:32 -Ouh !
00:59:34 (Applaudissements)
00:59:38 (...)
00:59:48 (La Marseillaise)
00:59:55 (...)
01:00:17 (...)
01:00:24 (...)
01:00:32 (...)
01:00:38 -Je vous remercie.
01:00:40 Je vais demander à chacun des parlementaires
01:00:43 qui brandit une pancarte
01:00:45 de bien vouloir cesser immédiatement.
01:00:47 Cela est contraire à notre règlement.
01:00:51 Et la parole est à madame la Première ministre.
01:00:53 (Applaudissements)
01:00:59 (...)
01:01:14 -Madame, s'il vous plaît.
01:01:15 (La Marseillaise)
01:01:23 (...)
01:01:35 -Donc, je vous remercie, mes chers collègues.
01:01:40 Mes chers collègues, s'il vous plaît.
01:01:42 (...)
01:01:48 Mes chers collègues.
01:01:50 (...)
01:01:57 La séance est suspendue pour deux minutes.
01:02:00 ...
01:02:04 -2, 1.
01:02:05 Voilà, un début de séance pour le moins mouvementé.
01:02:08 Vous avez vu l'arrivée de la Première ministre,
01:02:10 Elisabeth Borne, sous l'EU,
01:02:12 et qui n'a même pas pu parler, prononcer un mot,
01:02:15 puisque les députés de la NUPES
01:02:17 ont brandi des pancartes en mettant "64 ans, non"
01:02:21 et entonné la Marseillaise à plusieurs reprises.
01:02:24 Malgré les rappels à l'ordre de la présidente
01:02:26 de l'Assemblée nationale, Yael Brown-Pivet,
01:02:28 elle n'a pas pu rétablir le silence
01:02:30 et permettre à la Première ministre de s'exprimer.
01:02:33 La Première ministre doit annoncer le retour à l'article...
01:02:37 Le recours, pardon, à l'article 49.3
01:02:39 pour faire passer cette très contestée réforme des retraites.
01:02:44 On le disait en plateau, on regardait.
01:02:46 Ca se regarde comme une série, finalement, comme un film.
01:02:50 Politiquement, ce qui se joue,
01:02:52 il y a une mise en scène portée par la NUPES,
01:02:54 mais une mise en scène qui est peut-être contraire
01:02:57 au règlement de l'Assemblée nationale.
01:02:59 Il y a un jeu, en tout cas, politique.
01:03:02 -On devine ce qu'on vit, me semble-t-il,
01:03:04 un moment très fort du quinquennat d'Emmanuel Macron,
01:03:07 voire même peut-être un moment historique,
01:03:10 dans la mesure où on s'aperçoit
01:03:12 que toutes les procédures parlementaires
01:03:14 qui sont tout à fait justifiables,
01:03:16 c'est-à-dire le 49.3, mais aussi le 47.1, le 44.3,
01:03:19 enfin, tout ce qui a permis d'accélérer, de corseter le débat
01:03:22 et à montrer son inefficacité
01:03:24 dans la mesure où cela a écarté toutes les dissensions,
01:03:27 alors que, malgré tout, c'était naturellement un thème
01:03:30 qui aurait mérité d'être débattu en profondeur.
01:03:33 Et moi, ce que je redoute aujourd'hui,
01:03:36 c'est qu'avec ce coup de force,
01:03:38 je reprends bien volontiers ce terme-là,
01:03:40 ce coup de force risque d'appeler à la force en retour
01:03:44 et avec une sorte de radicalisation, voire de violence.
01:03:47 -On va continuer à en parler, mais on va aller à l'Assemblée.
01:03:49 Elodie Uschard, où même la séance va reprendre.
01:03:52 (Propos inaudibles)
01:03:58 -Effectivement, la séance va reprendre d'ici là, juste.
01:04:01 D'ailleurs, à l'instant, il y a eu 2 suspensions de séance
01:04:04 en pas moins de 13 minutes.
01:04:06 La première, parce que quand la séance a été levée,
01:04:07 les ministres hors tard venant du Conseil des ministres
01:04:10 n'étaient pas au banc, pas possible donc de commencer.
01:04:12 (Propos inaudibles)
01:04:18 -On va aller à l'Assemblée nationale.
01:04:20 (Propos inaudibles)
01:04:22 -Général, mesdames et messieurs les rapporteurs,
01:04:26 mesdames et messieurs les députés,
01:04:30 en engageant la responsabilité de son gouvernement
01:04:34 le 15 novembre 1990,
01:04:38 lors du débat sur la création
01:04:40 de la contribution sociale généralisée,
01:04:43 Michel Rocard avait eu ces mots.
01:04:47 "Dans un scrutin où chacun voterait selon sa conscience,
01:04:52 "permettez-moi de dire que je suis sûre
01:04:55 "que ces dispositions réuniraient une majorité,
01:04:59 "peut-être même une large majorité."
01:05:03 Ces mots, aujourd'hui, je les fais miens,
01:05:06 et j'ajoute que si chacun votait selon sa conscience
01:05:11 et en cohérence avec ses prises de position passées,
01:05:15 nous n'en serions pas là cet après-midi.
01:05:17 (Acclamations)
01:05:20 (...)
01:05:30 Cet après-midi, je n'ai pas envie de revenir
01:05:33 sur les échappées personnelles
01:05:36 qui peuvent faire oublier à certains
01:05:38 les positions qu'ils défendaient quelques mois plus tôt
01:05:42 avec leurs familles politiques.
01:05:45 Cet après-midi, je n'ai pas envie de revenir non plus
01:05:49 sur le comportement de ceux qui ont tout fait pour bloquer le débat,
01:05:54 qui ont refusé d'échanger idée contre idée,
01:05:57 programme contre programme,
01:05:59 et se sont contentés de multiplier les insultes,
01:06:03 les excès et les attaques.
01:06:05 Et les cris, au moment même où je m'exprime,
01:06:09 n'en sont qu'une preuve supplémentaire.
01:06:11 (Applaudissements)
01:06:12 Ce sont les mêmes qui n'ont cessé de remettre en cause
01:06:15 notre procédure parlementaire,
01:06:17 nos institutions et donc notre démocratie.
01:06:21 (Acclamations)
01:06:26 Enfin, cet après-midi, je n'ai pas envie de revenir
01:06:30 sur le mutisme de ceux à l'extrême droite de cet hémicycle
01:06:35 qui sont restés tapis dans l'ombre tout au long des débats,
01:06:40 qui ont préféré se taire, profitant en silence
01:06:44 des outrances des uns et des revirements des autres.
01:06:48 (Acclamations)
01:06:52 Mesdames et messieurs les députés,
01:06:55 ce que je veux retenir de ces derniers mois,
01:06:59 c'est que nous avons mené, depuis l'automne dernier,
01:07:02 avec le ministre du Travail, Olivier Dussopt,
01:07:06 une concertation dense avec les organisations syndicales,
01:07:10 patronales et les groupes parlementaires.
01:07:13 Ce que je retiens de ces dernières semaines,
01:07:16 c'est que nous nous sommes donnés les moyens de la discussion
01:07:20 et que vous avez passé plus de temps de débat
01:07:23 sur cette réforme des retraites
01:07:25 que sur chacune des deux précédentes.
01:07:27 (Acclamations)
01:07:32 Ce que je retiens, c'est l'engagement
01:07:34 que j'ai pris devant vous lors de ma déclaration
01:07:37 de politique générale et lors de la présentation
01:07:41 du projet du gouvernement pour les retraites,
01:07:43 toujours recherché des compromis.
01:07:47 Le temps passé à dialoguer avec les partenaires sociaux
01:07:50 et les parlementaires qui étaient attachés, comme nous,
01:07:53 à garantir l'avenir de notre système de retraite
01:07:56 par répartition, nous a permis de converger
01:08:00 autour de propositions nouvelles et d'une réforme enrichie,
01:08:04 améliorée, mais toujours équilibrée.
01:08:07 (Acclamations)
01:08:10 Hier, la commission mixte paritaire,
01:08:13 (Acclamations)
01:08:14 coeur même de la co-construction parlementaire,
01:08:18 composée de députés et de sénateurs
01:08:21 de toutes les sensibilités,
01:08:24 et où les soutiens du gouvernement ne sont pas majoritaires,
01:08:27 a construit un compromis.
01:08:30 Ce compromis n'est pas le projet du gouvernement,
01:08:33 c'est le texte du Parlement.
01:08:35 (Acclamations)
01:08:45 Ce compromis, je n'en partageais pas tous les points,
01:08:49 mais c'est le vôtre, enrichi de propositions
01:08:52 de la majorité et des oppositions des deux assemblées,
01:08:57 et adopté au Sénat ce matin.
01:08:59 (Acclamations)
01:09:01 Et le texte du Parlement, que contient-il ?
01:09:04 Ce n'est pas un compromis tiède, au contraire.
01:09:07 Ce sont des avancées pour celles et ceux
01:09:10 qui ont commencé à travailler tôt,
01:09:13 pour celles et ceux qui ont des métiers difficiles,
01:09:16 pour revaloriser les pensions des femmes
01:09:19 et mieux prendre en compte leur carrière,
01:09:21 ou encore pour augmenter les petites pensions.
01:09:24 (Acclamations)
01:09:26 Mesdames et messieurs les députés,
01:09:28 aujourd'hui, sur le texte du Parlement,
01:09:32 l'incertitude plane à quelques voix près.
01:09:36 On ne peut pas prendre le risque
01:09:38 de voir 175 heures de débats parlementaires s'effondrer.
01:09:43 On ne peut pas prendre le risque
01:09:45 de voir le compromis bâti par les deux assemblées écarté.
01:09:50 On ne peut pas faire de pari sur l'avenir de nos retraites.
01:09:54 Cette réforme est nécessaire.
01:09:56 (Acclamations)
01:10:01 Aussi, parce que je suis attachée à notre modèle social
01:10:05 et parce que je crois dans la démocratie parlementaire,
01:10:10 c'est sur votre réforme, sur le texte du Parlement,
01:10:14 fruit d'un compromis entre les deux assemblées,
01:10:17 que je suis prête à engager ma responsabilité.
01:10:20 (Acclamations)
01:10:25 Aussi, sur le fondement de l'article 49,
01:10:29 alinéa 3 de la Constitution,
01:10:31 j'engage la responsabilité de mon gouvernement
01:10:35 sur l'ensemble du projet de loi de financement
01:10:38 rectificatif de la Sécurité sociale pour 2023,
01:10:42 modifié par l'amendement de coordination
01:10:45 communiquée à l'Assemblée nationale.
01:10:48 Dans quelques jours, je n'en doute pas,
01:10:51 à l'engagement de la responsabilité du gouvernement,
01:10:54 répondront une ou plusieurs motions de censure.
01:10:58 Un vote aura donc bien lieu, comme il se doit.
01:11:02 Et c'est donc la démocratie parlementaire
01:11:05 qui aura le dernier mot.
01:11:07 - Madame la Première ministre, je vous remercie.
01:11:10 (Acclamations)
01:11:15 (...)
01:11:19 L'Assemblée nationale prend acte de l'engagement
01:11:21 de la responsabilité du gouvernement
01:11:24 conformément aux dispositions de l'article 49
01:11:26 alinéa 3 de la Constitution.
01:11:28 Le texte sur lequel la Première ministre engage
01:11:31 la responsabilité du gouvernement sera inséré en annexe
01:11:34 au compte rendu de la présente séance.
01:11:36 En application de l'article 155 alinéa 1er de notre règlement,
01:11:41 le débat sur ce texte est immédiatement suspendu.
01:11:44 Ce texte sera considéré comme adopté,
01:11:46 sauf si une motion de censure est déposée
01:11:49 avant demain, 15h20,
01:11:51 et votée dans les conditions prévues
01:11:53 à l'article 49 de la Constitution.
01:11:56 Dans l'hypothèse où une motion de censure serait déposée,
01:11:59 la conférence des présidents fixera la date
01:12:01 et les modalités de sa discussion.
01:12:03 La séance est levée.
01:12:05 (Rires)
01:12:06 Voilà.

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