En détruisant son satellite avec un missile, l’Inde a créé des centaines de débris spatiaux dangereux.
  • il y a 5 ans
En détruisant son satellite avec un missile, l’Inde a créé des centaines de débris spatiaux dangereux.

La destruction par un missile indien d’un satellite, mercredi 27 mars, a créé plusieurs centaines de débris spatiaux, une pratique dangereuse que les grandes nations spatiales s’interdisent depuis plusieurs années. De son côté, l’Inde a tenté de minimiser le danger.

Mercredi, l’Inde a abattu un satellite en orbite basse avec un missile ASAT (antisatellite) lors d’un exercice, a annoncé le Premier ministre Narendra Modi. Avant elle, seuls les États-Unis, la Chine et la Russie avaient réussi cette prouesse technologique.

Une prouesse dont les dommages collatéraux ne sont pas minces. La destruction de ce satellite - arrivé en fin de carrière - a en effet entraîné la formation de centaines de débris. Lesquels, propulsés à une vitesse prodigieuse dans le vide spatial, constituent autant de dangers pour les objets spatiaux, dont les satellites, qui gravitent par milliers autour de notre planète.

Le Traité de l’espace de 1967 a-t-il été violé ?
Ce test militaire pourrait même avoir violé le Traité de l’espace de 1967, argue le professeur de droit spécialisé dans l’espace Frans von der Dunk, car le texte oblige les membres à informer les pays de la « gêne potentiellement nuisible » produite par leurs activités spatiales.

« Malheureusement, il n’existe pas encore de loi internationale contraignante interdisant la création gratuite de débris spatiaux », dit cet expert du droit spatial.

Mais « ce genre de tests va de plus en plus à l’encontre de la tendance et de l’esprit du droit international », poursuit-il. Depuis 2002, les grandes agences spatiales du monde respectent une sorte de code de bonne conduite qui, sans avoir de poids juridique, est appliqué. L'ONU a adopté une résolution de soutien à ces directives.

Les États-Unis ont condamné l’essai mercredi par les voix du secrétaire à la Défense et du patron de la Nasa. « Nous vivons tous dans l’espace. N’y mettons pas le bazar », a déclaré le chef du Pentagone, Patrick Shanahan.

À 300 km de la surface terrestre
L’Inde semble de facto avoir tenté de limiter le danger posé par son test.

Le Premier ministre indien a donné peu de détails mais a souligné que l’interception avait eu lieu environ 300 km au-dessus de la surface terrestre, soit une altitude relativement basse, en dessous de la plupart des satellites en orbite autour de la Terre et de la Station spatiale internationale (410 km).

Le danger n’est pas que les débris retombent sur Terre, mais qu’ils heurtent des satellites. À la très grande vitesse à laquelle ils volent, même un simple boulon peut mettre un satellite hors d’usage. Les débris resteront en orbite pendant au moins plusieurs semaines, avant de retomber sous l’effet de la gravité et de se consumer dans l’atmosphère.

Des experts semblaient considérer que la basse altitude était probablement sûre.

« Peu d’objets volent à cette altitude, c’est très bas et l’attraction terrestre est trop forte », explique Tom Johnson, d’Analytical Graphics, Inc. (AGI).

Mais l’armée américaine, qui est la source de référence, n’a pas encore confirmé qu’aucun satellite ne sera menacé.
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