Passer au contenu principalPasser au pied de page
  • 06/07/2025
« Il n’est pas trop tard pour stopper ce chantier. » Samedi 5 juillet, les opposants à l’A69, controversé projet d’autoroute, qui doit relier les villes de Castres et Toulouse d’ici 2026, se sont à nouveau rassemblés à l’occasion d’une « Turboteuf » dans le Tarn, quelques semaines après un énième rebondissement dans ce dossier et la réautorisation des travaux par la justice.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00On mérite pas ça, quoi. On mérite d'être écouté par nos politiques, quoi.
00:03Enfin, la répression, c'est tout le temps comme ça, en fait, quoi.
00:05Il n'y a pas de honte à reculer, à voir qu'on a fait des erreurs, c'est pas grave.
00:08Mais ça, c'est pas possible.
00:09Est-ce qu'on roulera vraiment au jour sur l'A69 ?
00:12Après un énième rebondissement, la construction de cette autoroute hautement polémique de 53 km
00:16entre Castres et Toulouse a été relancée par la justice le 28 mai dernier.
00:21Dans les prochaines semaines, les Pelleteuses devraient donc s'activer à nouveau
00:23au grand dam des opposants écologistes qui mènent une lutte acharnée depuis des années
00:27contre ce projet qu'ils jugent dépassé.
00:30Ces derniers ont donc manifesté de nouveau dans le Tarn ce week-end
00:32en organisant une turbo-tuff.
00:34Et vous allez voir, ici, le sujet est toujours aussi explosif.
00:40L'ambiance est assez particulière dans le département.
00:42La manifestation a été interdite.
00:45Et donc, il y a de très nombreuses forces de l'ordre qui surveillent un peu partout,
00:48qui font des contrôles, qui surveillent les engins de chantier.
00:52Il faut savoir qu'ici, l'A69, c'est un sujet très sensible.
00:55Ces dernières années, on a vu des engins de chantier incendiés.
00:59Dernièrement, c'est même les opposants qui ont été visés.
01:02Les noms de plusieurs d'entre eux ont été affichés le long des routes.
01:05Et il y a même un maraîcher Billot, lui aussi opposé au projet,
01:09qui a vu ces installations vandalisées pendant la nuit.
01:11Ils ont cassé le compteur, comme on peut voir là, complètement anéanti.
01:17Ils ont volé un coude au bout qui me permet de connecter tout le reste du système.
01:22Et tordu un tuyau d'alimentation du réseau, ce qui rend le réseau inutilisable.
01:32Pour rappel, cette autoroute, c'est donc une quatre-voix qui devrait relier Castres à Toulouse d'ici fin 2026.
01:37Il y a un an, je vous expliquais les enjeux environnementaux et économiques de ce projet dans un premier reportage,
01:42que vous pouvez retrouver sur notre chaîne YouTube ou sur le site web du Hoffpost.
01:46J'avais rencontré aussi des habitants pour discuter du principal argument des promoteurs du projet,
01:51le désenclavement du territoire, et les avis étaient assez mitigés.
01:55Voici un extrait.
01:56Pour aller à Toulouse, c'est sûr que ça me servira, ouais.
01:57Ça sera plus rapide, bien sûr.
01:59Partout, il y a des trucs. Il n'y a qu'ici qu'on est en marche arrière, quoi.
02:02Non, je ne suis pas trop pour.
02:04Si jamais je veux aller à Toulouse, je ne passe pas par l'autoroute.
02:07Le prix de l'autoroute, en ce moment, ça augmente partout et ça ne va faire qu'augmenter.
02:11Vous avez besoin de faire la route, parfois ?
02:13Je le fais tous les jours. Le temps, je ne le paye pas.
02:16Pour gagner dix minutes, je ne vois pas quel est l'intérêt d'avoir une autoroute.
02:19Je vous le disais, ce chantier vient d'être officiellement relancé,
02:22car l'A69, c'est aussi une longue bataille judiciaire.
02:25Pendant des années, des associations ont déposé des recours sans succès,
02:29mais le 27 février dernier, le tribunal administratif de Toulouse a stoppé les travaux,
02:33jugeant que le projet d'autoroute portait atteinte à l'environnement,
02:36sans raison impérative d'intérêt public majeur.
02:39Ça, c'est une notion très importante dans ce dossier.
02:41Sauf que l'État a fait appel et trois mois plus tard,
02:45la justice a décidé qu'on pouvait poursuivre les travaux
02:47en attendant le jugement sur le fond, qui n'arrivera pas avant plusieurs mois.
02:51Bonjour Clémentine Baldon, vous êtes avocate spécialisée en droit de l'environnement.
02:55Pour vous, comme c'est parfois le cas dans ces grands projets,
02:57c'est un peu la stratégie du fait accompli ?
02:59Totalement, parce que plus le projet avance, plus il sera compliqué de revenir en arrière.
03:06Ça sera aussi des arguments qui vont être utilisés devant les juges,
03:09en disant que là, clairement, ça serait absurde de revenir en arrière.
03:13Finalement, les normes qui existent en droit de l'environnement,
03:16et qui sont là justement pour assurer une certaine protection,
03:19elles sont très difficilement misendables,
03:21et notamment par le fait que si on n'a pas de suspension, ça arrive toujours trop tard.
03:25Mais ce n'est pas tout. Parallèlement à cette procédure,
03:28il y a des élus du Tarn qui ont peut-être trouvé une astuce pour verrouiller le projet.
03:32En fait, cette raison impérative d'intérêt public majeur,
03:34elle peut aussi être validée au niveau politique par des parlementaires.
03:38Ce n'est pas très connu, on appelle ça une loi de validation.
03:41Elle sera bientôt débattue à l'Assemblée.
03:42Dans notre pays, le devenir des infrastructures doit revenir aux élus
03:49qui détiennent leur légitimité du suffrage universel,
03:52et pas à personne d'autre.
03:54C'est le fondement de la démocratie.
03:57Nous espérons, chers et chers collègues,
04:00que nous pourrons nous retrouver le plus nombreux possible
04:03pour soutenir et pour adopter ce projet de loi de validation,
04:08tant entendu par un territoire, par un bassin d'emploi, par un département,
04:13mais j'allais dire à certains égards, par le pays tout entier.
04:16Clémentine Baldon, cette loi de validation,
04:18elle pourra être retoquée par le Conseil constitutionnel,
04:20mais qu'est-ce que vous pensez quand même de cette manière de valider un tel projet ?
04:24Normalement, la justice, c'est vraiment ce lieu-là.
04:26On est capable de faire cette balance de manière plus objective, plus étayée,
04:32et c'est pour ça que c'est dommage de la court-circuiter.
04:34Des proies à 69 qui pensaient tout bétonner sans entrave,
04:43et là, trois mois de sursis, une fois que tout était arrêté,
04:46quel plaisir de voir que le bruit s'arrête, les fumées s'arrêtent, les poussières s'arrêtent.
04:51C'était un vrai sursis et une vraie respiration.
04:53Sur le fond, il n'y a aucun jugement de rendu pour l'instant,
04:56donc tout ce qui est fait pour l'instant, c'est avec le risque effectivement
05:00que la 69 s'arrête pour de bon.
05:03Ce serait plus logique d'attendre d'avoir un jugement sur le fond
05:06avant d'entamer ce type de projet anachronique et considère.
05:10C'est quelque chose de très alarmant et de très dangereux au niveau démocratique.
05:15Si les institutions judiciaires n'ont plus de souveraineté
05:18et qu'une partie des politiques peuvent outrepasser ce droit judiciaire.
05:26Donc là, on est chez nous.
05:33Ils nous ont laissé benoîtement le chemin d'accès.
05:36Votre maison, elle est à quelle distance là ?
05:37Elle sera à 50 mètres.
05:3950 mètres.
05:41On voyait la vallée, on la verra plus, on verra un remblai d'autoroute.
05:56Les stocks de matériaux étaient là, les bureaux étaient à la place du Trudeau
06:00et puis j'avais des stocks à la place du Ramblais.
06:04Je n'ai pas pu continuer, j'ai fermé.
06:06C'est une entreprise qui existe depuis 1880,
06:09qui s'est passée de père en fils,
06:12famille Jamm puis famille Thomas.
06:15Mon fils aurait repris.
06:16Et pourtant, l'un des principaux arguments pour cette autoroute,
06:19c'est de dire que ce sera bon pour les entrepreneurs.
06:21Voilà, pour les entrepreneurs du bâtiment, entre autres,
06:24notamment l'entreprise Jamm, c'est pas bon du tout.
06:27Ça a été la mort.
06:31La nationale sera toujours là.
06:33Il y aura une autoroute à moitié vide.
06:36Parce que cette route nationale, elle n'est pas saturée ?
06:39Ah non, loin de là, regardez, il n'y a pas de bouchons,
06:42il n'y en a jamais eu de bouchons.
06:43C'est les entrées de ces deux villes qu'il faudrait aménager,
06:46mais pas faire une autoroute entre les deux, ça ne sert à rien.
07:01Pas trop tard pour l'arrêter ?
07:03Mais non, il n'est pas trop tard, tout n'est pas encore bétonné,
07:05là ça se voit derrière, même s'il y a des ouvrages qui ont été construits.
07:07Et puis c'est même ne serait-ce que symboliquement,
07:09de stopper ce genre de projet, c'est important.
07:12Et jamais trop tard, la nature est très résiliente
07:14et elle sera capable de reprendre le dessus, il n'y a pas de souci.
07:18C'est à nous de nous calmer, de calmer nos ardeurs de développement.
07:21Et là, qu'est-ce que vous pensez de ce que vous voyez d'abord ?
07:28Et là, qu'est-ce que vous pensez de ce que vous voyez d'abord ?
07:32Et là, qu'est-ce que vous pensez de ce que vous voyez d'abord ?
07:44C'est encore cette autoroute, encore une expression antidémocratique.
07:49Voilà, c'est tout.
07:50Encore une de plus, et là j'en peux plus.
07:53On ne mérite pas ça, on mérite d'être écouté par nos politiques.
07:56La répression, c'est tout le temps comme ça en fait.
07:58Pas de honte à reculer, à voir qu'on a fait des erreurs, c'est pas grave.
08:01Mais ça, c'est pas possible.
08:02Ici, c'est des terres qui nourrissent, qui peuvent nous nourrir demain.
08:05On a besoin des terres agricoles, point.
08:06Et là, ils sont en train d'envoyer des lacrybots
08:08avec un déploiement de forces de l'ordre considérable
08:11alors que l'argent public, on n'en a plus, soi-disant.
08:14Moi, je suis atterré, atterré en fait.
08:28Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations