00:00Le ministère de l'Intérieur a divulgué un rapport de l'Office anti-stupéfiant sur l'état du narcotrafic en France.
00:07Et ce rapport fait beaucoup parler.
00:09Depuis hier, Paul Sujit, le trafic de drogue est décrit comme une menace existentielle pour le pays.
00:15Comment se fait-il que les termes employés soient aussi forts, Paul ?
00:19Pour plusieurs raisons, Michael.
00:20D'abord parce que le document fait état d'un territoire tout entier gangrené par ce trafic.
00:24Le rapport dit qu'il n'y a plus de zone blanche, c'est-à-dire qu'aucun territoire, y compris rural ou reculé,
00:30n'est épargné.
00:32Ça casse donc l'image d'un trafic qui resterait concentré dans les quartiers chauds ou les banlieues les plus criminogènes.
00:41Ces dernières années, le commerce de stupéfiants est devenu le plus grand marché criminel du pays.
00:46Le chiffre d'affaires estimé par les services du ministère de l'Intérieur, c'est autour de 7 milliards d'euros sur l'année 2023.
00:53Le ministre Bruno Retailleau parle d'un tsunami blanc, en référence notamment au trafic de la cocaïne,
00:58qui est clairement la drogue dont la consommation a explosé, notamment sous l'effet de sa démocratisation,
01:03puisqu'elle est accessible à des prix de plus en plus bas.
01:07Et l'expansion de ces trafics a pour corollaire évidemment une violence désinhibée de la part des narcotrafiquants.
01:12L'OFAS note que les villes sont le théâtre de guerre de territoire qui se règle systématiquement à coups de kalachnikov ou de grenades.
01:19Les trafics de drogue sont clairement aujourd'hui la cause principale des violences, ce qu'on appelle les violences crapuleuses,
01:25les violences criminelles constatées en France.
01:27Plus de 360 assassinats sur la seule l'année 2024.
01:31Et c'est une violence, comme le notent courageusement les services du ministre de l'Intérieur,
01:34qui est en partie importée, car alimentée notamment par l'immigration.
01:38Alors cette violence, elle menace désormais toute la population, Paul ?
01:42Oui, parce qu'il y a évidemment des assassinats entre bandes rivales dont on pourrait se dire qu'ils sont cantonnés finalement au seul rang des narcotrafiquants.
01:48Mais ces assassinats sont souvent exécutés sur la voie publique, sous le regard des gens, dans une volonté aussi d'effrayer le tout venant.
01:55Et les narcos sont aussi recours à des enlèvements séquestration, ce qu'on appelle des jambisations,
02:01des attaques extrêmement violentes qui ne visent pas à tuer mais à torturer l'adversaire,
02:05par exemple en ciblant les jambes pour installer la terreur, ou à ce qu'ils appellent encore des rafalages.
02:12C'est-à-dire des tirs d'armes à feu tirés dans les quartiers et qui potentiellement peuvent faire de plus en plus de victimes collatérales.
02:19C'est ce que l'on constate aussi, un travail de plus en plus amateur et donc de plus en plus susceptible de faire des victimes collatérales lorsqu'il est exécuté.
02:25Le plus moralement insupportable, c'est aussi la facilité avec laquelle ce trafic qui dévore tel un moloque ses propres enfants
02:31est proposé comme seul horizon possible à des gamins qui sont désillusionnés sur leur avenir et à la recherche d'argent facile.
02:37Ce serait à soi seul une raison suffisante pour que tous les services de l'État se mobilisent pour essayer d'éradiquer définitivement ce trafic.
02:45C'est la façon dont il est proposé comme un avenir entre guillemets professionnel, en tout cas une évolution pour des enfants de plus en plus jeunes.
02:52Et par ailleurs, la lutte contre le trafic de drogue, quand on lit ces pages, ne peut qu'être une priorité même de sécurité publique.
02:57Tout le monde est menacé par l'expansion de ce trafic.
03:01Maintenant, je vous parle de l'implication de la population et les risques pour la population civile.
03:05Il y a aussi une ambiguïté, c'est qu'à la lecture de ce rapport, on se rend compte que la consommation de drogue elle-même se répand de plus en plus dans la population.
03:13Ici, il est question de toutes les catégories sociales.
03:15Tout le monde est concerné.
03:17Au moins 3%, c'est-à-dire plus d'un million de Français, déclarent avoir par exemple consommé de la cocaïne.
03:22La lutte contre le trafic de drogue passe aussi par une moralisation de l'ensemble de la communauté des citoyens.
03:28Ce qui est désespérant, c'est qu'on se rend compte que la prison n'arrête pas du tout le narcotrafic.
03:34Bien au contraire, Paul.
03:35Oui, c'est une phrase qu'on lit au détour du rapport.
03:38La détention, disent les services, n'est plus considérée par les trafiquants comme une entrave.
03:42Le trafic se poursuit, même après l'interpellation, éventuellement le jugement des narcotrafiquants.
03:47Depuis leur cellule, on le sait, les narcotrafiquants peuvent gérer d'une main de maître des réseaux
03:51avec lesquels ils restent en contact via des téléphones cellulaires qui sont introduits clandestinement dans les prisons
03:55et dont le nombre a explosé.
03:57L'incarcération est parfois, c'est quand même terrible à lire,
04:00mise à profit pour développer de nouveaux réseaux à l'intérieur même des prisons.
04:04C'est ce qui s'est passé par exemple avec des cas récents de corruption de gardiens de prison.
04:09On voit bien donc que la réponse mise en place notamment par Gérald Darmanin
04:12avec ces fameuses prisons de haute sécurité à Vendin-le-Vieille et Condé-sur-Sarthe
04:15est une réponse nécessaire et proportionnée aux défis que pose ce trafic.
04:20Ces établissements qui sont conçus pour être inviolables
04:22et qui vont imposer un nouveau régime strict de décension
04:25sont une des réponses à déployer dans les prochains mois et les prochaines années
04:28pour essayer de couper à la tête cette hydre du trafic de narcotrafic.