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00:00Mais tout d'abord, cet accord commercial dont on parle depuis dimanche soir.
00:03Et sans aucun doute, je pense qu'on peut être affirmatif, un aveu d'impuissance totale.
00:08Le gouvernement français condamné à commenter un accord commercial signé en son nom,
00:12mais apparemment sans son consentement direct.
00:14Même le Premier ministre, pourtant aux manettes, déplore la soumission dont fait preuve la Commission européenne.
00:1915% de droits de douane imposés dès vendredi à la plupart des produits européens exportés vers les Etats-Unis, on le rappelle.
00:25Sébastien Ligné, quand l'exécutif est réduit à commenter, comme vous et moi, une décision majeure comme celle-ci, qu'est-ce que ça vous évoque ?
00:32Ça m'évoque que c'est l'idéologie du macronisme qui se retourne contre son inventeur.
00:38Si vous voulez, Madame Van der Leyen n'est qu'une succursale européenne plus puissante et plus dirigiste qu'Emmanuel Macron.
00:48Mais c'est une suite directe.
00:49Il y a un lien évident, idéologique, entre l'idéologie d'Emmanuel Macron en France et Ursula Van der Leyen.
00:53Ses eurodéputés l'ont élu au Parlement européen jusqu'à preuve du contraire.
00:58Sa vision très centralisée, fédéraliste, d'une Europe puissance, d'une Europe qui décide, c'est aussi l'idéologie que porte Emmanuel Macron.
01:07C'est un peu tard, je trouve, comme réveil, de se rendre compte finalement que maintenant, en 2025, après des mois de négociations où la France a été totalement invisibilisée,
01:16on se rend compte aujourd'hui que notre propre chef du gouvernement n'est pas au courant, à l'heure actuelle, des détails de cet accord.
01:23C'est évidemment problématique, mais c'est totalement logique par rapport à la construction européenne de ces dernières années.
01:28Et donc, le réveil est trop tardif, on ne peut pas croire une seule seconde qu'Emmanuel Macron et François Bayrou soient réellement surpris
01:36ou soient réellement tentés de changer la méthode de gouvernance de l'Europe, puisque c'est exactement celle qu'ils souhaitent mettre en place à l'échelle de la France et de l'Europe.
01:44D'ailleurs, Paul Melun, est-ce qu'on peut vraiment mettre François Bayrou et Emmanuel Macron sur le même plan sur cette histoire-là ?
01:48Parce que François Bayrou est sorti directement hier en disant que c'est une soumission, c'est inacceptable, c'est indigne, c'est un jour sombre.
01:53Emmanuel Macron, silence radio encore à 13h19 mardi.
01:57Oui, on va voir s'il prend la parole sur ce sujet-là, mais vous savez, sur la notion d'européisme, ou en tout cas sur l'idéologie qui préside dans ce pays depuis plusieurs décennies,
02:07qui consiste à transférer un certain nombre des pouvoirs de souveraineté nationale vers l'échelon européen,
02:12même les gens qui défendent l'Europe coûte que coûte et vaille que vaille, et qui défendent, comme le disait Sébastien,
02:18la souveraineté européenne, la puissance européenne ou son indépendance.
02:21Mais aujourd'hui, ils sont déçus, parce que Mme von der Leyen, que ce soit du point de vue des européistes ou du point de vue des nationaux,
02:29elle est décevante, puisqu'elle a signé un deal qui n'est ni fait ni à faire, et qui, comme le dit François Bayrou, est un acte de soumission.
02:35Donc, même si je croyais à la souveraineté européenne, je vous dirais que je suis déçu, parce que c'est pas l'Europe puissante, là.
02:41C'est l'Europe à genoux, c'est l'Europe capitularde, c'est l'Europe qui capitule devant Trump,
02:47qui nous a imposé des taxations contre lesquelles nous n'avons mené aucune mesure de rétorsion,
02:52alors même que nous aurions pu dire, et nous aurions dû dire à Trump,
02:55écoutez, votre ennemi commercial, c'est la Chine, ça tombe bien, nous, si vous nous larguez en race campagne,
03:01vous nous déclarez une guerre commerciale, on va travailler avec la Chine, on va travailler avec l'Inde,
03:05on va travailler avec les pays des BRICS, parce que vous n'êtes plus un partenaire.
03:09Et en fait, ce langage de la force, qui aurait pu être un langage de la force européen, coordonné,
03:14il n'a pas été adopté par Mme von der Leyen, qui s'est couché devant Donald Trump,
03:20dans des proportions qui défient toute logique.
03:23Je ne sais même pas, aujourd'hui, on est des observateurs, on a lu ce qu'on a pu lire dans la presse,
03:27j'ai du mal à vous expliquer pourquoi Mme von der Leyen s'est faite rouler dans la farine à ce point-là.
03:32C'est comme si vous aviez acheté une voiture 30 000 euros et que vous la revendiez 10 000 euros sans négociation.
03:37C'est bizarre, on ne sait pas pourquoi elle fait ça.
03:39Je ne suis pas d'accord.
03:40Sébastien Ligné, chef du service politique de maires actuelles.
03:42Je ne trouve pas qu'elle soit fait rouler dans la farine et qu'elle ait signé cet accord par dépit ou par inadvertance.
03:47Je ne savais pas pourquoi elle l'avait signé.
03:48Je pense que tout cela est réfléchi.
03:50J'entends l'argument de dire que l'Europe aurait pu, si vous voulez, serrer le poing, montrer les muscles,
03:56mais quand, ces 15 dernières années, l'Europe a-t-elle montré les muscles ?
03:59C'est bien ça le problème.
04:00Mais est-ce que ce n'est pas un retour à la réalité aussi, un retour sur Terre ?
04:03On a dit Europe puissance, c'est magnifique, on est 27, on est unis, c'est la force, c'est génial.
04:07Est-ce que ce n'est pas un retour sur Terre ?
04:08Il y a les Etats-Unis en face, ce n'est pas la même chose.
04:10Non, mais c'est un retour à la réalité.
04:13Les gens au quotidien, les agriculteurs, les commerçants qui tous les jours comprennent la puissance de l'Union Européenne
04:19dans ses normes restrictives, dans ses surtranspositions,
04:22la réalité, au bas de l'échelle, tout le monde l'a comprise.
04:24Le problème, c'est, oui, est-ce que ça peut engendrer un retour à un peu de bon sens politique au sommet de l'État ?
04:31Je n'y crois pas, parce qu'encore une fois, ils partagent la même idéologie.
04:33Je veux bien qu'on nous explique que Ursula von der Leyen a mal fait.
04:38Moi, je pense qu'elle a fait par rapport à son idéologie.
04:40C'est cette idéologie qui a donné l'Europe dans les mains des États-Unis depuis 30 ans.
04:45C'est cette idéologie qui est en train de faire exactement la même chose avec la Turquie.
04:48C'est cette idéologie qui est en train de faire exactement la même chose avec les pays arabes.
04:52Donc, c'est le même disque que se répète.
04:54Moi, je veux bien qu'on nous explique, oui, voilà, il fallait dire,
04:57si on n'est pas d'accord, l'Europe va montrer les muscles.
04:59Mais elle ne le fait jamais.
05:01Donc, pourquoi elle le ferait maintenant face à Donald Trump,
05:03qui, certes, a des méthodes extrêmement particulières,
05:05mais qui fonctionnent dans la guerre commerciale ?
05:07Incapable de montrer les muscles l'Europe.
05:09Oui, mais si vous voulez, pour ce qui est de l'idéologie de Mme von der Leyen,
05:13il faut dire que c'est une boussole qui a indiqué dans la mauvaise direction depuis des décennies.
05:17Je me rappelle encore, au moment de la guerre en Ukraine,
05:20avant que Trump soit président,
05:22elle disait, on n'a pas besoin de défense européenne,
05:24on a l'OTAN.
05:25Quelle bêtise énorme !
05:27Et aujourd'hui, on a eu le président de la République
05:29qui nous a fait une allocution en nous expliquant
05:31qu'il fallait une défense européenne,
05:33que la France pouvait être leader de ce mouvement
05:35et qu'il fallait nous réarmer.
05:36Et moi, je trouve qu'il avait bien raison.
05:37Mais que n'a dit la Commission européenne ?
05:39Que n'a-t-elle fait pour notre défense ?
05:41Sur la guerre commerciale, effectivement, c'est pareil.
05:44On a signé des accords de libre-échange
05:46avec un certain nombre de pays du monde
05:47et de lieux du monde qui sont, à mon avis,
05:49défavorables, notamment pour nos agriculteurs.
05:52Comment cette femme peut-elle
05:54ne pas se soucier à ce point
05:56des intérêts de son propre continent ?
05:57C'est là que j'ai une différence avec Sébastien.
05:59C'est que je ne vois même pas...
06:00J'ai beau me muer, me transformer
06:02en Mme von der Leyen l'espace de quelques secondes,
06:04ce qui est un exercice très périlleux et très dangereux.
06:06Vous avez tous les talents.
06:07Je vais essayer.
06:08Mais vraiment, même si j'étais dans le cerveau
06:10de Mme von der Leyen,
06:11je ne vois pas quelle idéologie
06:12peut vous pousser à faire le mal
06:15pour votre propre continent.
06:16Puisque là, à la rigueur,
06:17elle aurait fait quelque chose
06:18dans lequel l'idéologie européiste
06:19en sortirait renforcée.
06:21Mais là, elle va accentuer la défiance
06:22contre l'Europe.
06:23C'est-à-dire que les peuples d'Europe,
06:24les peuples des États-nations de l'Europe
06:26vont se dire,
06:26mais si ça sert à ça, l'Europe,
06:28de se coucher face à un Trump brutal
06:31dans sa politique commerciale,
06:33à ce moment-là,
06:33il vaut mieux revenir aux États-nations.
06:35Donc en fait,
06:35même d'un point de vue de l'idéologie européiste,
06:38c'est une plantade totale.
06:39On va écouter une analyse très intéressante
06:41de Nicolas Bavrez.
06:42Vous connaissez, il est économiste.
06:43Il était l'invité ce matin d'Europe 1
06:44au micro de Thomas Schnell.
06:46Selon lui,
06:47cette affaire de l'accord commercial
06:49von der Leyen-Trump,
06:51c'est la première victoire du Brexit.
06:52On l'écoute.
06:53Aujourd'hui,
06:54là où c'est très préoccupant,
06:56c'est la première fois
06:57que l'Europe,
06:58dans le cœur de sa compétence,
07:00montre que l'Union,
07:01en fait,
07:02fonctionne moins bien
07:04que le cavalier seul.
07:05C'est d'une certaine manière
07:06la première victoire du Brexit.
07:08449 millions d'Européens
07:10ont donc tous aidé
07:11devant 347 millions d'Américains,
07:13mais on obtient
07:14beaucoup moins bien
07:15que 69 millions de Britanniques,
07:16puisque pour les Britanniques,
07:18les droits sont de 10%.
07:20Sébastien Ligné,
07:21on a dit
07:21que le Royaume-Uni
07:23faisait l'erreur du siècle
07:24en sortant de l'Union Européenne.
07:25Aujourd'hui,
07:26dans une affaire
07:26comme les accords commerciaux,
07:27les droits de douane,
07:28ils sont meilleurs que nous,
07:29c'est un fait.
07:30Ils ont la chance
07:31de ne pas avoir une monnaie unique,
07:32déjà,
07:32ça participe un peu
07:33à l'effort,
07:34mais c'était tellement une évidence.
07:36On se rappelle encore,
07:37mais encore régulièrement,
07:38on a des grands analystes,
07:40des experts du monde de la finance
07:41qui nous expliquent,
07:43notamment au Forum de Davos,
07:44qu'avec des chiffres
07:45plus ou moins tronqués d'ailleurs,
07:46que l'économie britannique
07:48est en chute libre,
07:49que c'était l'erreur de leur vie,
07:50que finalement,
07:51une porte de sortie
07:51pour re-rentrer à nouveau
07:53dans l'Union Européenne
07:54était encore possible.
07:55On se rappelle
07:55des débats hallucinants
07:57lors du vote du Brexit
07:58et le temps que cela a pris
07:59entre une décision démocratique
08:01et la sortie actée
08:03du Royaume-Uni
08:05et de l'Union Européenne.
08:06Tout a été mis,
08:07les entraves ont été mises
08:08en permanence
08:09sur le peuple britannique
08:11et donc on voit bien
08:12que c'est difficile
08:13de sortir de ce jou
08:14qui ressemble quand même
08:16à un jou impérialiste
08:17et c'est là où je ne suis pas d'accord
08:18avec la prise de conscience
08:19parce qu'une vraie prise de conscience
08:21au niveau européen,
08:22ça implique déjà
08:23une chose très simple,
08:24c'est revoir totalement
08:25le fonctionnement démocratique
08:26de l'Union Européenne
08:26parce qu'il y a quand même
08:27quelque chose
08:27qui est hallucinant
08:28dans cette histoire.
08:28C'est que là,
08:29on a une femme seule
08:31qui n'est donc pas élue
08:33démocratiquement directement
08:35par les peuples européens,
08:36elle est élue
08:36par l'Assemblée
08:37du Parlement européen
08:38mais personne en Europe
08:39lors des élections européennes
08:40vote pour une présidente
08:42de la Commission Européenne.
08:43Pour une simple et bonne raison,
08:44c'est que personne ne sait
08:45réellement
08:45les pouvoirs démesurés
08:47du président
08:48de la Commission Européenne,
08:49des pouvoirs qui s'accentuent
08:50d'année en année
08:51et donc oui,
08:52c'est un problème,
08:53ce n'est pas un fonctionnement
08:54démocratique aujourd'hui.
08:55On ne peut pas confier
08:56autant de responsabilités
08:57à une femme seule,
08:59elle a été malade
09:00quelques jours
09:01en début d'année,
09:01je me rappelle,
09:02c'est une anecdote
09:02qui résume tout,
09:03elle a été malade,
09:03elle a dû aller à l'hôpital,
09:05on a arrêté les travaux
09:07de la Commission
09:07pendant quelques jours
09:08parce que Ursula von der Leyen
09:09était malade,
09:10comme si finalement
09:11tout devait passer par elle.
09:12Tout est de plus en plus
09:13centralisé,
09:14de plus en plus vertical,
09:16je ne crois pas
09:17que ce soit
09:17un fonctionnement sain
09:18et le fonctionnement,
09:20enfin l'exemple britannique
09:21a montré que
09:22le réveil démocratique
09:24était aussi
09:24entravé.
09:25Donc j'ai peur
09:26que malheureusement
09:27le réveil implique
09:28une révolution
09:29beaucoup plus profonde
09:30que simplement
09:30quelques tweets
09:31de François Béroux.
09:32Paul Melin,
09:32est-ce que cette affaire
09:33des droits de douane
09:34c'est le début
09:35d'une désaffection profonde
09:36du peuple européen
09:37et du peuple français
09:38pour l'Union Européenne ?
09:39C'est plus que le début,
09:41c'est un prolongement
09:42je dirais plutôt
09:43de la désaffection
09:44pour les institutions
09:45de l'Union Européenne.
09:46Sébastien a raison
09:47de mon point de vue
09:47sur le côté
09:48adémocratique
09:49de ces institutions
09:50dont rappelons-le
09:52le Parlement européen
09:53ne fait même pas la loi.
09:54ils se contentent
09:55de la voter
09:56sur proposition
09:57de la sacro-sainte commission.
09:58C'est quand même
09:59une drôle de démocratie.
10:00Il n'y a pas vraiment
10:00de démocratie dans le monde
10:01où le Parlement
10:01n'a pas l'initiative
10:02de faire la loi.
10:03Donc évidemment,
10:04il y a ce problème-là.
10:05Ensuite,
10:06pour ce qui est du Brexit,
10:07l'exemple est intéressant
10:08parce que je pense
10:09que même les pays
10:10qui sont membres
10:10de l'Union Européenne
10:11vont être tentés
10:12et ils auront raison
10:13et j'espère que la France le fera
10:14d'aller négocier eux-mêmes
10:15à Washington.
10:16C'est-à-dire que,
10:17j'ai entendu d'ailleurs
10:18une prise de parole
10:18de notre ministre
10:19du commerce extérieur.
10:20Ce qui va se passer,
10:21c'est que nous allons
10:22aller voir
10:23nos grands patrons,
10:24Bernard Arnault,
10:25tous les grands patrons
10:26qui ont des intérêts
10:26dans le monde
10:27et qui sont des gens
10:27talentueux
10:28et qui savent négocier.
10:29Ils vont aller à Washington
10:30prêcher pour leur paroisse.
10:32Nous, on va essayer
10:33de voir comment est-ce
10:34qu'on peut réadapter
10:35les choses.
10:35On va peut-être
10:36réorienter notre économie.
10:38Il n'aura échappé à personne
10:39que la France commerce
10:40avec plein de pays
10:41dans le monde
10:42et que nous avons aussi
10:43à être exportateurs
10:44avec, pourquoi pas,
10:45des pays d'Afrique,
10:46des pays d'Asie,
10:47des pays d'Amérique du Sud
10:48et qu'on va réorganiser
10:50notre commerce extérieur.
10:52Et pour le moment,
10:53de mon point de vue,
10:54on n'a pas besoin
10:54de l'aval
10:55de Saint-Ursula-Vanderleian
10:57et de son haut patronage
10:59pour mener notre politique
11:00commerciale extérieure.
11:01Donc, à un moment donné,
11:02il faut aussi
11:03savoir s'affranchir des règles.
11:05On n'a pas besoin,
11:06entre guillemets,
11:06du Frexit pour ça.
11:08Moi, je ne suis pas Frexiteur.
11:09Je pense que la France,
11:11tout en restant dans l'Union Européenne,
11:12peut garantir
11:14et aller chercher ses intérêts,
11:15notamment face aux Etats-Unis
11:18et aux Etats-Unis d'Amérique.
11:19Merci beaucoup, messieurs.

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