00:00Eh bien sur le papier, tout laisse à penser que cet entretien fera date, le lieu, l'Elysée, l'heure, 17h et dans la pièce, personne d'autre qu'ils ne seront que tous les deux, face à face et sans collaborateurs à leur côté.
00:14Durée prévisionnelle du rendez-vous, une heure environ. Les deux hommes ont beaucoup de choses à se dire, mais vous l'imaginez, il va falloir briser la glace.
00:21Alors à quoi se tend Bruno Retailleau ?
00:23Eh bien certainement pas un recadrage. Bruno Retailleau estime qu'il n'a rien à se reprocher, qu'il n'a rien dit de plus que ce qu'il avait déjà dit.
00:30Il ne croit pas au en même temps, ce n'est un secret pour personne et certainement pas pour Emmanuel Macron.
00:36L'hôte de Beauvau se rend donc à l'Elysée pour faire le point sur ses dossiers, défendre sa vision et figurez-vous qu'Emmanuel Macron se trouve dans le même état d'esprit.
00:45Le président a pour habitude de voir ses principaux ministres avant la trêve, jure l'un de ses proches au programme de leurs échanges, lutte contre les narcotrafiques, lutte contre le terrorisme et l'explosion des violences dans certains quartiers, comme si de rien n'était.
00:59Comme si de rien n'était vraiment ?
01:00Oui, jusqu'à ce qu'ils ouvrent le dossier algérien. Les deux hommes n'ont absolument pas la même approche. Le premier flic de France en a assez. Il veut un changement de ton.
01:11Il veut mettre fin à la diplomatie des bons sentiments en assumant un rapport de force pour obtenir la libération de l'écrivain Boilem Sansel, la libération du journaliste Christophe Glaze, mais aussi pour enfin parvenir à renvoyer les ressortissants algériens jugés indésirables sur notre sol.
01:27Il faut que la France arrête de se faire marcher dessus, que estime-t-on en coulisses Place Beauvau. Mais l'Elysée ne l'entend pas de cette oreille.
01:3742% des étrangers placés en centre de rétention administrative sont des Algériens. Si l'on va au clash avec l'Algérie, ce sera beaucoup plus, explique un proche d'Emmanuel Macron.
01:48Le président veut encore la méthode douce avec Alger et il attend des propositions de Bruno Retailleau.
01:55Mais justement, des propositions, Bruno Retailleau, il en a ?
01:58Absolument. Réduction du nombre de visas, long séjour, suppression des privilèges diplomatiques pour 80 hauts dignitaires, non reconnaissance des nouveaux passeports émis par les consulats algériens en France.
02:10Bruno Retailleau a une liste de mesures qu'il peut lui-même prendre en tant que ministre. Mais sur d'autres leviers, il n'a pas la main.
02:18A commencer par l'accord de 1968, Bruno Retailleau va donc encore demander à Emmanuel Macron d'y mettre fin.
02:24Même si Jacques le ministre ne se fait pas vraiment d'illusions.
02:27Oui, il veut faire valoir ses arguments, défendre sa position. Mais il le sait d'avance, la fermeté, ce n'est pas la ligne de l'Elysée.
02:35Il n'obtiendra rien d'Emmanuel Macron. La plupart de ses sujets seront traités au moment de la présidentielle, prévoit d'ailleurs un proche de Bruno Retailleau.
02:45Aujourd'hui, donc, cet entretien illustre le jeu de cette cohabitation qui ne dit pas son nom.
02:51Ce tête-à-tête au sommet relèvera du dialogue de sourds.
02:55C'est-à-dire ?
02:56Eh bien, se parler, c'est bien. Se comprendre, c'est mieux.
02:59Et entre Emmanuel Macron et Bruno Retailleau, ça n'arrivera pas.
03:02Les deux hommes ne parlent pas la même langue. Le vendéen le répète, il ne croit pas en même temps.
03:07Ce n'est pas sa langue, ce n'est pas son logiciel et ça ne le sera jamais.
03:11Alors pourquoi ne présente-t-il pas sa démission ?
03:13Parce que ce n'est pas le moment. Il n'y a pas de raison de démissionner, juge son entourage.
03:18Avant de partir, le patron des Républicains veut d'abord consolider son assise dans l'opinion,
03:22transformer son parti en écurie présidentielle, ce qui ne l'empêche pas de se projeter.
03:28Le macronisme s'achèvera avec Emmanuel Macron, anticipe Bruno Retailleau.
03:33Alors cette phrase insupporte les cadres de renaissance comme Elisabeth Borne et Gabriel Attal.
03:38Ce n'est pourtant en effet qu'une question de temps.
03:41Et c'est peut-être ce qu'il y a de plus terrible pour Emmanuel Macron.
03:44Devoir supporter en cette fin de règne un potentiel successeur qui ne lui doit rien.
03:50L'ultime constat de son impuissance, le compte à rebours est enclenché.