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Aux Etats-Unis, comme à l'étranger, le président américain est loin de faire consensus : retrait de l'Unesco, affaire Epstein, bras de fer avec l'Union Européenne sur les droits de douanes...Quel est la stratégie de Donald Trump ? Nicolas Tenzer, enseignant à Sciences Po, spécialiste des relations internationales est l'invité de RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL Matin avec Stéphane Carpentier du 23 juillet 2025.

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Transcription
00:006h, 9h, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:04Merci de votre fidélité à RTL Matin face à l'actualité à 8h15.
00:08L'actualité c'est encore lui, Donald Trump, 6 mois déjà à la Maison Blanche
00:12et une stratégie difficile à suivre, le dossier Poutine en Ukraine,
00:15l'affaire Einstein, les droits de douane, le bras de fer avec l'Europe,
00:19il a même sorti son pays de l'UNESCO.
00:21Bref, aux Etats-Unis comme ailleurs, le président américain est loin de faire consensus.
00:25On va aller plus loin ce matin avec un vrai spécialiste enseignant à Sciences Po,
00:28c'est Nicolas Tenzer qui est en studio et en direct.
00:30Bonjour à vous !
00:31Bonjour !
00:31Spécialiste des relations internationales, vous êtes l'auteur de
00:34Fin de la politique des grandes puissances, c'est publié aux éditions de l'Observatoire.
00:39D'abord, s'il écoutait RTL ce matin, Donald Trump,
00:42il se ficherait pas mal du débat qu'on a ensemble ce matin, non ?
00:45Est-ce qu'il se fiche de tout en fait ?
00:46En fait, je pense qu'il se moque de tout.
00:48Alors de l'Europe, ça c'est tout à fait évident,
00:50c'est-à-dire qu'il ne se soucie pas de l'Europe,
00:52c'est à peine s'il sait où c'est,
00:54il ne connaît certainement pas l'ensemble des pays européens,
00:56il connaît quelques personnalités, il connaît le roi Charles,
00:59il connaît Emmanuel Macron, il connaît Merz,
01:00mais sinon, Mélanie bien sûr aussi,
01:02mais pour lui, ce sont des petits,
01:05ça n'a strictement aucune importance,
01:06ils ne savent pas en fait que l'Europe a un budget globalement
01:09et une puissance commerciale équivalente à celle,
01:12je dirais, des Etats-Unis,
01:13si on regarde l'ensemble des pays européens,
01:15y compris Royaume-Uni, Norvège,
01:17ceux qui ne sont plus dans l'UE.
01:18Ensuite, je pense que son opinion publique,
01:20il s'en moque aussi, je veux dire, aujourd'hui,
01:22en fait, il a fait une campagne dans un sens assez clair,
01:25sur le dossier Elstein,
01:26en disant, comme tous les gens du magas,
01:29c'est-à-dire, il y a une liste secrète de personnalités
01:32qui étaient dans cette histoire grave,
01:34monstrueuse même,
01:35de pédocriminalité d'Epstein,
01:38on va dire la vérité,
01:39je vous promets, vous électeurs,
01:40on va vous dire la vérité.
01:41Et puis là, depuis qu'on sait quand même
01:44qu'il y a eu des liens entre Trump et Epstein,
01:46peut-être des liens plus approfondis,
01:48d'après le Wall Street Journal,
01:49qui a sorti une lètre assez paillarde
01:51pour le 50e anniversaire d'Epstein,
01:54là, non, il ne veut absolument plus dire les choses.
01:56Et donc là, ça trouble aussi profondément
01:59ces électeurs qui avaient pensé
02:01que finalement, Trump allait montrer
02:03qu'il y avait un complot,
02:04puisque c'est une théorie de complotistes,
02:06de l'état profond, des listes,
02:07des personnalités qui allaient sortir,
02:08et que la seule qui sort aujourd'hui,
02:10c'est Trump, qui ne veut surtout pas le montrer.
02:11Il a été interrogé cette nuit,
02:12une nouvelle fois sur l'affaire Epstein
02:14que vous évoquez, Nicolas Tenzer.
02:16Il a dit, non, non, on n'en parle pas de ça,
02:17et puis il n'a pas eu de limite,
02:19il a ciblé carrément Barack Obama,
02:21l'ancien président,
02:22en le qualifiant de chef de gang,
02:24de traître,
02:24qu'il avait tenté un coup d'état,
02:26tout ça, alors qu'il était interrogé
02:27sur l'autre affaire.
02:29C'est-à-dire qu'il peut tout se permettre.
02:30Il peut tout se permettre,
02:31parce que là, évidemment,
02:32c'est une forme d'affolement,
02:33parce qu'il se rend bien compte
02:34que l'électeur de base,
02:35son électeur de base,
02:36ne le suit plus, Trump.
02:38Et donc, qu'est-ce qu'il fait ?
02:39Il attaque violemment,
02:40il attaque effectivement Obama.
02:42On sait que déjà,
02:43lors de sa première présidence,
02:45il avait repris une théorie du complot
02:48sur le faux certificat de naissance d'Obama,
02:52pour dire,
02:52oui, mais Obama,
02:52il n'est pas né aux Etats-Unis.
02:53Et s'il n'était pas né aux Etats-Unis,
02:54il ne pouvait pas se présenter à la présidentielle,
02:56ce qui est évidemment complètement faux.
02:57Et là, il l'attaque violemment,
02:58parce qu'il est affolé.
03:00Mais sans conséquence,
03:01sans conséquence,
03:02regardez même la plainte
03:03contre le Wall Street Journal,
03:04il demande 10 milliards de dollars.
03:06Ce qui est complètement absurde,
03:08du jamais vu.
03:10La moitié du pays a voté pour lui, quand même.
03:12Ben oui, c'est ça qui est inquiétant.
03:13Il a été vraiment bien élu.
03:15Autant, autant,
03:15ce n'était pas le cas en 2016,
03:17où en fait,
03:18Clinton avait gagné le vote populaire,
03:20avait obtenu plus de voix.
03:21Là, il a été bien élu.
03:23Pourquoi ?
03:24Mais on le sait,
03:24parce que d'abord,
03:25en face,
03:25vous n'aviez personne.
03:27Vous n'aviez personne.
03:28C'est-à-dire que,
03:29d'abord,
03:30en fait,
03:30Biden aurait dû se retirer beaucoup plus tôt.
03:32Kamala Harris a fait ce qu'elle a pu,
03:34mais elle n'avait pas vraiment de programme.
03:36Il n'y avait pas d'idée positive,
03:37pas de vision de l'Amérique.
03:39Et Trump, en fait,
03:40a joué sur cette absence-là,
03:43en imposant une vision de l'Amérique
03:45complètement folle.
03:47Et en fait,
03:48il y a eu un vote de rejet,
03:49je dirais,
03:50de la part des électeurs américains,
03:52de cette électorat,
03:54de la part de cet électorat,
03:55aussi anciennement démocrate,
03:57qui ne voyait pas
03:58où les démocrates allaient conduire
03:59les Etats-Unis.
04:00Et là,
04:00ils sont déçus aujourd'hui,
04:01en tous les cas,
04:02une partie de ceux qui ont voté pour lui.
04:03On a vu sur les réseaux sociaux
04:05des casquettes brûlées
04:07par rapport à les militants.
04:08Il y a des petits signes
04:09qui montrent
04:10qu'il est rejeté
04:10par ceux qui ont voté pour lui.
04:12Oui,
04:12oui,
04:13là,
04:13aujourd'hui,
04:14c'est très net.
04:14Mais c'est vraiment
04:15l'affaire Epstein,
04:16qui est le déclencheur.
04:17Ce ne sont pas les droits de douane,
04:19ce ne sont pas
04:19son espèce d'attitude
04:21très ambiguë
04:22vis-à-vis de la Russie de Poutine,
04:23ce n'est pas son attitude
04:24vis-à-vis d'Israël,
04:25non,
04:25pas du tout.
04:26C'est que là,
04:27l'affaire Epstein,
04:28c'est quelque chose de très lourd
04:29pour cet électorat-là.
04:30Oui,
04:30absolument.
04:31Président américain
04:32qui a retiré hier son pays
04:33également de l'UNESCO,
04:34l'Organisation des Nations Unies
04:36pour l'éducation,
04:36la science et la culture.
04:39Trump lui reproche
04:40d'être anti-Israël.
04:41C'est d'ailleurs
04:41la deuxième fois qu'il le fait.
04:42Il l'avait déjà fait
04:43lors de son premier mandat.
04:44Oui,
04:44c'est la troisième fois au total
04:46que les Etats-Unis
04:46se retirent de l'UNESCO
04:48puisque c'est déjà le cas
04:49sous Ronald Reagan,
04:50même si c'est un autre républicain,
04:52George W. Bush,
04:53en 2003,
04:54qui avait réintégré
04:54les Etats-Unis dans l'UNESCO.
04:55Alors,
04:56l'UNESCO,
04:56on peut bien sûr
04:57critiquer l'organisation.
04:58Il y a beaucoup de choses
04:58à critiquer.
04:59Il y a des financements
05:00qui vraisemblablement
05:01ne sont pas très utiles.
05:04Il y a probablement
05:05beaucoup de lobbies aussi
05:06pour l'obtention.
05:07Vous avez du label
05:08de patrimoine,
05:09ville patrimoine de l'humanité
05:10ou site patrimoine de l'humanité.
05:13Il y a beaucoup
05:14de grandes conférences
05:15sur l'éducation
05:15lancées par des Etats
05:16qui ne sont pas exemplaires
05:18non plus.
05:19Mais encore une fois,
05:19l'UNESCO fait globalement
05:21un travail absolument nécessaire.
05:23Et là,
05:23en fait,
05:23Trump profite de quelque chose
05:25en disant
05:26« Mais qu'est-ce que c'est
05:27que cette organisation
05:27qui est soi-disant woke,
05:29qui est anti-Israël,
05:30etc. ? »
05:31Pour dire
05:31« Finalement,
05:32cette organisation
05:33va aussi accompagner
05:35toutes les autres organisations
05:37de l'ONU
05:37dont je me retire.
05:38Il s'est déjà retiré
05:39de l'Organisation mondiale
05:40de la santé.
05:42Il a supprimé
05:42sur le plan interne
05:44quasiment l'ensemble
05:44des financements
05:45d'aide au développement.
05:47Il va vraisemblablement
05:47se retirer
05:48d'un certain nombre
05:49d'autres organisations
05:50qui ont un rôle
05:52très important,
05:53que ce soit
05:53le programme alimentaire mondial,
05:55peut-être la FAO,
05:56peut-être d'autres encore,
05:58peut-être l'organisation
05:59du programme
06:00des Nations Unies
06:00pour le développement
06:01parce qu'ils détestent
06:02le multilatéralisme.
06:03Ils considèrent
06:04que les États-Unis seuls,
06:05c'est les États-Unis
06:06sans ces organisations
06:07internationales.
06:08Si je vous dis
06:08qu'il est ingérable,
06:09vous me répondez quoi ?
06:10Je réponds
06:11que les autres
06:12peuvent le gérer
06:12parce que regardez
06:13sur l'histoire
06:13des droits de douane,
06:14sur l'histoire
06:15des droits de douane,
06:16le sujet aujourd'hui
06:16c'est comment
06:17l'Europe va pouvoir
06:18riposter.
06:19Et l'Europe a des moyens
06:20pour riposter.
06:21Mais je ne dirais pas
06:21selon l'Europe,
06:22le Japon,
06:23la Corée du Sud,
06:25même en face,
06:25la Chine
06:26que je ne vais certainement
06:27pas défendre,
06:28je dirais,
06:28ont des moyens
06:29je dirais de dire
06:30aux États-Unis
06:31écoutez,
06:31là nous ne sommes pas d'accord.
06:32Écoutez,
06:33vous nous faites
06:34une démonstration de force
06:36mais nous sommes capables
06:37nous aussi
06:38de vous imposer
06:39notre propre force
06:41et notre propre puissance.
06:43Et d'autant plus
06:43que les États-Unis
06:44certes sont évidemment
06:45la première puissance
06:45économique mondiale
06:46mais pas nécessairement
06:48pour toujours
06:49et que Trump
06:50est en train
06:50de les affaiblir.
06:51Regardez par exemple
06:52ce qu'il fait
06:53à la science.
06:54Tout le mouvement
06:54anti-science
06:55aux États-Unis,
06:56la fuite des cerveaux,
06:58le fait qu'il ne veut plus
06:59accueillir des étudiants
07:00étrangers
07:00de qualité
07:01font que
07:03évidemment
07:03les États-Unis
07:04vont décliner
07:05sur le plan
07:06je dirais
07:07de la recherche
07:08où ils étaient
07:08les premiers mondiaux.
07:09C'était le pays
07:10qui avait le plus
07:10de prix Nobel
07:11et dans les prix Nobel
07:12les plus nombreux
07:13étaient des gens
07:14qui venaient
07:14d'ailleurs
07:15que des États-Unis.
07:16Et Trump est en train
07:17de casser tout cela
07:18et ça c'est très inquiétant.
07:20Donc ça veut dire
07:21que nous aussi
07:21nous avons des moyens
07:22de dire
07:23nous pouvons être exemplaires.
07:25C'est passionnant
07:26de vous écouter.
07:26Merci à vous Nicolas Tenzer
07:27d'être venu ce matin
07:28sur RTL Enseignant.
07:29sur RTL Enseignant.
07:30– Sous-titrage Société Radio-Canada

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